Merci pour la review Lord Ma! C'est toujours un honneur que d'être lue par toi! Dans ce chapitre, les retrouvailles, tant attendue...enjoy! ;'p Pourquoi Gabriel est-il devenu Camus? Pourquoi Milo ne se souvient-il pas d'une partie de sa vie? ENFIN les réponses!

Fixant mes mains tremblantes, je me demandais comment j'avais fait pour survivre au poison de mon maître...et comment ce dernier avait perdu la vie.La seule chose dont je me souvenais à peu près était que j'avais hérité de l'armure du Scorpion, car j'y étais le seul aspirant et vu que mon maître était décédé, j'étais en droit de la porter...

Et Gabriel, pourquoi se faisait-il appeler «Camus» et qu'était-il devenu après cela?

C'était décidé, dès que je rentrerai au Sanctuaire, je demanderai à Aiolia de plus amples informations à ce sujet...mais j'avais la désagréable sensation qu'on m'avait caché quelque chose...

Brusquement, je senti un cosmos se rapprocher de la maison.Sourcils froncés, mâchoire sérrée, j'étais prêt à accueillir l'intrus.Qui cela pouvait-il bien être? Personne n'avait connaissance de cet endroit.Sauf...

La mince porte de bois s'ouvrit en grinçant et je découvris un visage famillier.

Austère, inexpressif et pourtant terriblement captivant.On aurait dit un ange...ou plutôt le fantôme d'un ange déchu...

«Gabriel...» murmurais-je en tremblant.

Mon interlocuteur se tendit presque imperceptiblement et il ôta son chaperon noir, qu'il déposa soigneusement sur le porte-manteaux à quelques mètres de moi.Il était vêtu d'une longue tunique grecque brodée aux manches et au col.Un ras de cou sombre mettait en valeur son cou d'albâtre, me donnant l'envie de le dévorer de baisers brûlants...

D'une voix desanimée, il nia:

«Gabriel est mort depuis bien des lustres...tout comme Lénor.»

Il sembla m'ignorer quelques instants, fermant les yeux de contrariété.Parce que le fait que je me souvienne de tout était un problème pour toi, Camus.Cela voulait dire que tu avais des comptes à me rendre.Un milliard de questions croisèrent mon esprit à cet instant, mais étrangement, je restai silencieux, fasciné que j'étais par ta beauté glaciale.Au bout d'un instant de contemplation, je décidai d'engager la conversation, sachant pertinament que tu ne le ferais pas:

-«Camus...soufflais-je.

-J'ai senti le cosmos d'un chevalier, mais il paraissait tourmenté.Cette aura si particulière, oscillant entre Ombre et Lumière, ça ne pouvait être que toi, Milo...me confia t-il en restant debout face à moi.

-Je ne t'ai pas vu partir ce matin...je ne savais pas que tu viendrais ici.

-Je l'ignorai également.J'avais dans l'idée d'aller en Sibérie, mais finalement, je me suis retrouvé ici, inconsciemment.Alors, j'ai décidé de m'y arrêter, avant de sentir ta présence.

-Si tu avais réalisé plus tôt que j'étais là, je suis certain que tu aurais passé ton chemin.

-Probablement, répondit-il sans crainte de me peiner.

-Je savais que tu voulais m'éviter...mais tu es venu ici pourtant, en sachant que je pourrai y être.

-Tu te trompes.Ta présence ici m'est égale.Je ne voulais juste pas te déranger ou interrompre ma solitude.

-Mais tu es tout de même entré, sachant pertinament que c'était moi.Ca ne pouvait être que moi...je suis le seul en dehors de toi à avoir connaissance de cet endroit et tu le sais.

-Oui, et alors? Où veux-tu en venir? Sembla t-il s'impatienter.

-Tu savais, n'est-ce pas? Tu m'as menti en me disant que tu avais tout oublié...pourquoi? Demandais-je en tremblant.

-Je vois que tu as retrouvée la mémoire...eh bien, que puis-je te répondre? Je pensais juste que ce serait mieux pour nous deux, si tu ne te souvenais de rien.

-Que veux-tu dire?

-Ca aurait faussées nos retrouvailles.Tu te serais senti obligé d'aller vers moi au vu de notre passé commun.

-Tu n'y es pas.Tu étais mon ami, je serai forcément allé vers toi, mais pas par pitié.

-Ca aurait été pire.Nous autres les Saints d'or, ne devons pas nous attacher.Nous ne sommes plus des enfants, Milo.Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts.Le passé ne compte pas, il faut le laisser derrière soit.

-Pourtant, tu n'as pas changé.Tu es exactement le même que dans mes souvenirs.Si distant, si froid...énonçais-je en croisant les bras; «L'Histoire a la fâcheuse manie de se répèter».Toi et moi, réunis en ce lieu plus de cinq ans après l'obtention de nos armures respectives.Que devons-nous en conclure? Questionnai-je, sans même me réfèrer à notre dernière nuit ensemble...

-Hasard, tout simplement.

-Drôle de hasard en effet, que tu sois passé par ici pour te rendre en Sibérie! Ce n'est pas exactement sur ta route, sauf si on veut faire un petit détour d'un bon millier de kilomètres...argumentais-je plus sévèrement.

-Ton maître...il a dit la même chose.

-Hu? A propos de la distance titanesque et de l'océan qui sépare la Grèce de la Sibérie?

-A propos de l'Histoire qui se répète sans cesse...

-Je sais.Il avait l'habitude de dire ça pour justifier toutes sortes de faits...ça n'avait pas vraiment de sens pour moi, jusqu'à il y a peu de temps...»

Et je te regardais intensément, me noyant dans l'azur de tes yeux.L'Histoire se répètait pour moi aussi...qui t'avais aimé sincèrement, comme un adolescent naïf et innocent...à présent, bien que je n'aurai su dire si je t'aimais, j'étais attiré par toi.Aiolia avait raison, je me mentais à moi-même, tellement c'était évident.Je voulais te possèder et qu'une flamme de déraison s'allume dans tes yeux vides, rien que pour moi.

-«Ton maître...a dit cela juste avant sa dernière étincelle de vie.

-Quoi? M'étonnais-je en me levant en sursaut.

-J'ai assisté à ses derniers instants.Il tenait ma main...en agonisant, exposa t-il sans état d'âme.

-Je...je ne me souviens que de la fin de notre combat...alors, j'ignore ce qui s'est passé après cela.Camus, tu veux bien...me raconter, s'il te plaît? Suppliai-je presque.

-Hum...»

Cela n'avait pas l'air de l'enchanter, mais il posa une main sur mon bras.J'en eu la chair de poule et lentement, il m'invita à m'asseoir à côté de lui, sur ce lit où nous nous étions étreints avec passion dans le passé...

-«Tu as le droit de savoir, Milo.Cela fait trop longtemps qu'on te cache la Vérité.

-Camus, de quoi tu...

-Ton maître, en sentant le cosmos d'Orion sombrer dans les abysses de l'Hadès s'est précipité au Temple du Verseau, te laissant quasi pour mort.Plus rien ne comptait pour lui, si ce ne fut rejoindre Orion.Pensait-il encore pouvoir le sauver? Je ne saurai le dire, mais quand il arriva, il était déjà trop tard.Orion...mon maître...avait rendu son dernier souffle de vie.Il était couché sur un lit de cristaux glacés et son teint si pâle avait viré au bleuté...J'étais à bout de souffle, à demi gelé aussi.Le combat avait été très difficile, mais ce corps étendu face à moi était la preuve inébranlable de ma victoire.

-Ca a dut être horrible pour toi...devoir tuer ton maître de tes propres mains...»

Et à cause de moi...pensais-je.

-A vrai dire...je n'ai rien ressenti.Aucune peine, ni par opposition aucune satisfaction.Je savais que ce moment viendrait un jour.Je m'y étais préparé...

-A tuer ton maître?

-Non.A prendre une vie, pour sauver la mienne.Le destin a voulu que ce soit mon maître le premier.Mais Délos...en voyant mon maître ainsi décédé s'est penché sur le corps, l'a serré dans ses bras et l'a cajeolé avec tendresse.C'est là que j'ai compris que la nature du lien les unissant était plus fort que tout.Même la Mort, toute puissante soit-elle, ne pourrait briser ce lien.Les voir ainsi...c'était étrange...ton maître était aussi délicat et tendre avec le corps, qu'il l'aurait été si Orion était encore en vie.Quelque part en moi, cela m'a touché, m'a ému...surtout quand ton maître pleura, comprenant que jamais Orion ne se relèverait, que jamais Orion ne pourrait le pardonner de leur dispute...

-Alors, tu étais au courant...

-Oui.Durant notre combat inattendu, mon maître m'a tout raconté à propos de la mort d'Aquarius Elias et de ses sentiments pour Délos.Tu sais, dans la traddition des Saints du Verseau, nous devons rester «purs», car notre corps appartient à la Déesse Athéna.Nous n'avons donc aucun droit dessus et encore moins d'en faire cadeau à un homme...Mais ton maître s'est opposé à cette dictature incensée et il a voulu en lièbrer mon maître.Grand mal lui en a pris.Il s'est interposé entre deux chevaliers qui devaient s'affronter officiellement et en a assassiné l'un d'eux.De plus, il l'a caché durant des années à Orion.

-Mais il l'a fait par Amour! Il voulait délivrer Orion de cette coutume stupide! Saga disait que «Les habitudes sont faites pour être changées»! C'en est la parfaite illustration.

-Je sais...je ne dis pas que c'était mal, mais mon maître ne lui a pas pardonnée cette «trahison».Pourtant, sans Délos mon maître aurait peût-être été tué par Elias, dans un accès de rage.Je pense qu'Orion sait qu'il lui était redevable quelque part et c'est sans doute cela qu'il n'a pas accèpté, plus que la mort d'un maître qu'il méprisait.Il se savait dépendant de Délos...»

Tout comme je suis dépendant de toi, Camus.Tout comme je ne vis qu'à travers et pour toi quand tu me regardes.Et je ferai tout pour que tu me regardes, quite à me damner, quite à devoir te monopoliser...quite à ce que tu me détestes.

-«Dépendant de Délos, hum? Mais les Saint d'or ne doivent pas s'attacher, ce sont tes propres mots.Alors il se sentait coupable quelque part, coupable de cette faiblesse, de ce lien si fragile et pourtant trop fort pour être rompu, qui menaçait de les perdre lors d'une bataille...pensais-je à voix haute.

-Ils étaient voués l'un à l'autre et cette dévotion les a détruit.Ton maître a pris Orion et s'est blotti conte lui, serrant sa main si froide...comme s'il pouvait encore lui apporter un peu de chaleur.Et là, les larmes aux yeux, mais restant digne et majestueux, il m'expliqua que de tous les animaux de la planète, le seul ayant la notion de suicide était le scorpion.Je compris que les blessures que tu lui avais infligées n'étaient pas mortelles, mais qu'autre chose allait pourtant lui apporter le repos éternel.Moi.

-Camus, tu as...

-Si tu avais vu comme ses yeux m'imploraient...personne n'aurait pu être insensible à cela.Le voir couché aux côtés de son amant, prêt à le suivre même par delà la Mort...c'était d'une poésie indescriptible.Mais je n'avais plus la force de lui accorder ce repos...j'avais déjà tout donné lors de mon combat contre Orion.Alors Délos prit ma main...la même douce chaleur se dégageant de lui, que de toi et j'ai fermé les yeux.Peu à peu sa main à commencer à geler, puis son bras...et enfin, je les ai enfermés tous les deux dans ce cercueil de glace.Délos n'était pas arrivé à temps pour sauver celui qu'il aimait, alors il voulu mourir avec lui, ne pas l'abandonner, ni physiquement, ni spirituellement.Il n'avait pas peur et je pu lire le soulagement dans ses pupilles alors que la glace allait les lier pour l'éternité...

Mais je ne me sentai pas triste, au contraire je me sentai soulagé pour eux et investi de la plus sérieuse des missions: ma toute première en tant que chevalier d'or du Verseau.Peu m'importaient les règles de la chevalerie à cet instant, je voulais juste offrir une sépulture descente à mon maître et quoi de mieux qu'un cercueil de cristal, où tout le monde pourrait être témoin de leur union sacrée, aux côtés de la personne qu'il avait innondée d'amour? Juste avant que ses yeux ne se ferment pour toujours, Délos me confia que tu n'étais pas mort...même si je ne sentais plus ton cosmos.Je pouvais encore te sauver...et il m'expliqua brèvement comment je devais m'y prendre.La dernière chose qu'il dit fut: «Rien ne me séparera plus jamais de celui que j'aime, j'en souhaite tout autant à Milo, mais cela...toi seul peut en décider.» Scorpio Délos n'était plus, mais l'expression détendue et heureuse gravée sur son visage me fit comprendre qu'il avait retrouvé Orion dans l'autre monde...et que plus rien ne les séparerait jamais.»

Il y eut un long moment de silence après ces poignantes révelations.Mon maître était aussi passionné...l'apanage de notre signe, sans doute.Mais son sacrifice donnait vraiment ses lettres de noblesse et tout son sens au mot «Amour».Quelques larmes salées virent s'écraser au sol.Je n'étais pas vraiment quelqu'un qui montrait ses émotions, mais cela ne signifiait pas que j'étais insensible non plus.Camus restait la tête haute et digne, comme si ce tragique événement lui était égal.Mais je le devinais surtout profondément choqué, comme en témoignaient ses mains crispées sur le tissu de sa toge.Nous avions été impuissant l'un comme l'autre, incapables de sauver ceux qui nous avaient sauvés de nous-même durant toutes ces années...

-«Après...je n'ai pas réfléchis, je me suis précipité sous la pluie battante, te cherchant du regard.Tu étais étendu sur le marbre détrempé et tu respirais encore très faiblement...serrant vaillament quelque chose, contre vents et marrées.A mon contact, tu ouvris la main et j'y vis les reliques d'un flocon.Tu as toujours été trop sentimental, Milo...je te relevais lentement le haut du corps et je blottissais ta tête contre mon épaule.J'étais complètement mouillé par la pluie, mais cela m'était égal.J'ai écarté quelques mèches de ton front, je savais ce que je devais faire pour te sauver.Ton maître...sa dernière volonté était que tu vives.Il m'a expliqué comment faire.

-Alors, c'est toi qui...m'a porté secours? En conclus-je.

-Il n'y avait personne d'autre.Et personne d'autre capable de faire le nécessaire pour te secourir surtout, te justifias-tu; J'ai fait appel à mon cosmos...mon aura blanche et non dorée au contraire de celle des autres chevaliers d'or.Je devais geler le poison dans tes veines pour éviter sa propagation déjà bien avancée.Je savais que cela me demanderait une force inouïe et une dévotion totale.Mais je ne pouvais pas t'abandonner comme ça...tu étais...»

Il se tu tandis qu'il paraissait chercher ses mots.

-«...c'était mon devoir chevalier qui l'exigeait.Un Saint n'abandonne jamais un frère d'arme.»

Camus...ton excuse était aussi bancale qu'une table à trois pieds.Je n'étais pas un frère d'arme à cette époque, vu que je n'avais pas encore le statut de chevalier.Je ne sais quelle obligation morale te poussa à me sauver ce jour-là, mais tu le fis...et bien plus encore.

-«Je devais faire baisser la température de ton corps de manière à geler le poison à même tes veines, mais ton maître m'avait prévenu que je devais être très prudent et surveiller la moindre des réactions de ton corps.Si tu étais trop faible, cela aurait pu te tuer et je priais Athéna que ce ne soit pas le cas.Nous étions parfaitement immobiles sur le parvis de mon temple et la pluie formait comme un rideau cristallin atour de nous.J'allais tout faire pour que tu ne meurs pas, je l'avais promis à Délos.Normalement, une fois le poison stoppé, il finirait par se dissiper de lui-même au bout de quelques temps.C'est pour cela qu'on avait jamais aucune preuve des assassinats de ton maître...on croyait toujours à une mort naturelle.Alors je devais me concentrer le plus possible et croiser les doigts.Je fis le vide autour de moi et te serrai fort dans mes bras.Ta peau se faisait de plus en plus pâle.Ce genre de pâleur morbide et mortuaire qui vous fait froid dans le dos.Je faisais tout mon possible pour contrôler mon cosmos de manière à ne pas te faire mourir de froid, mais cela me demandait énormément d'énergie...sans bien m'en rendre compte, nous aurions finalement très bien pu mourir toi et moi ce jour là.

Je pense que ton maître avait volontairement ommis de me le dire pour ne pas que je prenne peur...tu tremblais dans mes bras et pourtant, tu était brûlant de fièvre...un changement de température trop brusque pouvait te plonger en hypothermie.Tu étais si fragile, si faible à cet instant, comme une poupée de porcelaine inerte dans mes bras et que j'aurai eu peur de casser.Mais ma peur de te faire du mal, de ne pas réussir à te ramener alors que j'étais moi-même à bout de forces, m'empêchait de mener à bien l'opération délicate.Ton corps se gela...enfin...des cristaux s'étaient formés tout autour de toi...et ta température corporelle avait cruellement chutée.

Je me rappelais de ce que Saga m'avait dit à mon arrivée au Sanctuaire, que mon cosmos glacial pouvait aussi faire le Bien.Et il avait eut raison.N'allais-je pas sauver ta vie, grâce à lui? Je comprenais enfin...et pour te réchauffer, te ramener à la vie en quelques sortes, je me suis placé sur toi...me serrant contre ton torse, l'oreille posée contre ta poitrine pour m'assurer que ton coeur battait encore.Cette mélodie rassurante m'apaisa tandis que mes dernières forces semblaient aspirées hors de mon être.Il n'y avait pas d'autre solution.Je fermai les yeux, épuisé...n'étant pas sûr de les rouvrir un jour...»

Il me gratifia d'un regard brillant à faire fondre même la calotte glacière...Camus, même caché derrière ton masque de gel, tu ne me trompais pas.Et j'étais en train de fondre...pour toi...

-«Quelques heures plus tard, je ne savais pas ce qui était arrivé entre temps, mais je me suis souvenu très bien d'avoir perdu connaissance.J'étais allongé sur le lit de mon temple...et Shura se tenait à mon chevet.La première chose qu'il me dit fut que j'étais «fou»...selon ses propres mots, d'avoir «essayé de te sauver la vie»...il prit ma température en décrètant que je n'étais pas en danger, et soupira en m'épongeant doucement le front.Il n'avait jamais été du genre très locace...mais me confia que tu étais tiré d'affaire et qu'il nous avait trouvés à demi-morts de froid et d'épuisement, l'un contre l'autre...et que le Pope avait ordonné qu'on t'amène d'urgence à son palais...Après...nous ne nous sommes plus revus...jusqu'à mon retour au Sanctuaire, il y a moins d'une semaine.

-Pourquoi es-tu parti, si subitement?

-Tu te souviens de l'incident dont je t'ai parlé et qui m'avait poussé à quitter le Sanctuaire? Eh bien, c'est celui-là.Le Pope m'a immédiatement convoqué afin que je prenne mes fonctions de chevalier du Verseau...il m'a convaincu de retourner en Sibérie, car rester au Sanctuaire serait trop compliqué pour moi...à divers niveaux.Il proposa donc de me confier un disciple, aspirant à l'armure de Bronze du Cygne: Isaak, bientôt un suivit d'un autre: Hyoga.Il était désireux de m'éloigner de la Grèce pour que je puisse faire mon deuil et que je me change les idées en me focalisant sur l'apprentissage de mes élèves.

-Alors...nous nous sommes séparés comme cela, sans même un aurevoir, après tout ce que nous avons fait l'un pour l'autre...et en nous retrouvant, nous avons été comme deux étrangers.»

Je baissais mélancoliquement la tête et fixais le avais-je pu oublier tout mon amour pour toi? Et comment avais-tu pu me le cacher, Camus? Pourquoi? Je croyais compter pour toi, mon bel ange des glaces...Après tout, tu avais faillit mourir pour moi, comme plus tard le jeune Shun le fera pour Hyoga.

Toi, tu restais imperturbable, comme toujours.Ce que je venais de te dire ne semblait pas te peiner plus que cela.Parfois Camus, je te maudissais pour ta froideur, pour ton insensiblilité.La tristesse, comme bien souvent chez moi, se mua en colère.J'étais en colère contre toi de m'avoir caché tout cela.Que tu le veuilles ou non, tu faisais partie de ma vie!

Mais ma rage m'aveuglait et rendait mon esprit encore plus confus...trop de choses m'avaient échappées pendant mes années de servitude au Sanctuaire.J'avais perdu mes souvenirs, ma mère, Saga, mon maître, toi et même moi...j'avais l'impression que ma tête allait exploser!

-«Pourquoi, Camus? Pourquoi ai-je oublié toutes ces choses...pourquoi mes souvenirs m'ont-ils fuit?

-Milo, tu accordes trop d'importance aux évènements du passé.Tu devrais tirer une croix dessus car ce temps est bel et bien révolu.Ce qui compte, c'est le futur et le moment présent.

-Le futur? Comment peux-tu parler de futur possible, alors que notre vie peut s'arrêter du jour au lendemain! Nous sommes des soldats, entraînés à mourir s'il le faut.La seule chose que nous savons faire, c'est nous battre sur commande! Hurlais-je.

-C'est pourquoi il faut profiter de notre vie.Pour ne pas avoir de regret...

-Comme ce soir-là...c'est pour ça que tu es venu me voir en pleine nuit, hein? Pour ne pas regretter, si mourrais le lendemain, hein? Tu t'es servis de moi...Compris-je, desespéré.

-Exactement.C'était la seule raison.J'étais curieux et égoïste, confessa t-il sans aucune tendresse.

-Tsss...je ne comptais pas pour toi, alors...j'étais un jouet...juste un pantin de plus pour toi.Si ce n'avait pas été moi ce soir-là, tu aurais pris ton pied avec le premier venu, mais tu vas me dire que j'ai eu la chance de me trouver sur ta route!»

J'étais au bord de la crise de nerf, vidé mentalement et moralement.Je ne savais plus quoi penser...m'étais-je trompé à ce point sur toi, Gabriel? Non...Camus.

Pourtant, tu restais à mes yeux l'adorable enfant qui avait sauvé mon chien de la noyade ce jour là.Mais aujourd'hui...on aurait dit que tu essayais volontairement de me faire du mal.A quelle fin?

Restant égal à lui-même, Camus ne cillia pas.Il se contenta juste d'ajouter:

-«Calme-toi.Ce qui est fait, est fait.Pas la peine de revenir dessus Milo.Ce fut agréable pour toi comme pour moi, nous en avions besoin tous les deux, alors ne te victimise pas et va de l'avant.

-Alors tu voudrais que je tire une croix sur tout ça, maintenant que je me souviens enfin? Désolé, mais c'est trop simple.Je ne veux pas oublier! Pas maintenant...et je ne regrette rien non plus.Si c'était à refaire, je ne changerai rien.

-Tu as pourtant déjà oublié une fois...Me reprocha t-il presque.

-Que veux-tu dire? Ce n'est pas comme si je l'avais fait exprès! C'était indépendant de ma volonté! M'emportais-je.

-Hum...

-Quoi? Camus, ne joue pas à ça avec moi! Si tu as quelque chose à dire, ou plutôt, si tu sais quelque chose, tu dois me le dire cette fois!»

J'étais implorant, desespéré.Et Camus soupira en venant enfin s'asseoir à côté de moi.Me transperçant du regard, il énonça calmement:

-«Très bien, je vais t'expliquer.Il existe à priori trois raisons plausibles aux troubles, voir aux pertes momentanées de mémoire: la première, est le classique choc traumatique au crâne.Mais, je ne pense pas que ce soit ton cas.Je n'ai jamais eu vent d'une blessure à la tête te concernant.Et il aurait vraiment fallut que le coup soit très fort pour te faire oublier tant de choses.Ensuite, il y a l'hypothèse d'un sort, une malédiction qu'on t'aurait jetée.Cela viendrait alors d'un chevalier, mais cela me paraît fort peu probable.Tout d'abord, parce que je ne connais aucun chevalier possèdant ce genre de pouvoir et ensuite, parce que tu es tout de même un Saint d'Or.Il faudrait que ton détracteur ait au moins la même force que toi et en dehors d'un autre chevalier d'or ou du Grand Pope, c'est impossible.Et enfin...l'hypothèse qui je pense, est la cause de tout cela...ce serait que tout ait été provoqué par toi.

-Comment ça? M'étonnais-je.

-Eh bien, il a été scientifiquement prouvé que suite à un traumatisme psychologique au même titre que physique par exemple, une personne pouvait inconsciement effacer une partie de ses souvenirs, surtout si ceux-ci sont douloureux.

-Un peu comme une sorte de...refoulement? Compris-je.

-Oui, c'est le même principe.Tu rejettes si fort tes souvenis, qu'une partie de ta vie n'existe plus et tu finis par l'oublier.Ce pourrait être ton cas, puisque tu as plutôt une bonne mémoire normalement et que la simple évocation de faits ayant attrait à ton passé a su réveiller ces souvenirs enfouis au fond de toi.»

Je passais une main dans mes cheveux en fixant le sol, confus et surpris.Voir même boulversé par les révélations de Camus.Mon ange blanc avait raison...j'avais du nier si fort mes souvenirs pour ne pas devenir fou de chagrin que je les avais complètement chassés de mon esprit.La mort de mon maître, celle d'Orion...le poison coulant dans mes veines et le départ de Gabriel et Saga...tout cela avait du ête terriblement difficile à gérer pour moi étant adolescent.Alors javais sans doute du préfèré prétendre que rien de tout cela n'était arrivé et au force de me bercer d'illusions, j'avais fini par en oublier ce qui avait fait de moi ce que j'étais.J'étais tellement concentré, absorbé par ma tâche de chevalier et assassin, que je n'avais pas voulu prendre le risque de laisser une faille psychologique...peût-être était-ce aussi, ma capacité à refouler qui faisait que chaque soir je n'étais pas torturé par le visage de ceux dont j'avais pris la vie?

-«Tout s'explique maintenant...

-Hum...oui, mais ça n'est toujours qu'une hypothèse et ça ne résoud pas le problème...j'ai noté qu'il y a deux choses jusqu'ici dont tu ne sembles pas te rappeler...du tout.Tout d'abord, ce que je t'ai raconté à propos de la mort de Délos.

-Oui, mais ça tombe sous le sens, puisque je ne me rappelle pas avoir été au courant.N'oublie pas que j'étais inconscient à cause du poison quand c'est arrivé.

-Certes.Mais on a du t'en informer lorsque tu as hérité de l'armure du Scorpion.Tu sais que les armures ne se transmettent que lorsque le précédent Saint du signe meurt.

-Peût-être ne m'a t-on pas donné les détails de sa mort? Proposais-je sans conviction.

-Tu les aurais demandés ou tu aurais cherché à savoir, fatalement.On t'aurait sans doute menti, mais au moins, tu aurais une explication à fournir.»

Je me mordis la lèvre, tandis que Camus me regardait avec insistance:

-«Non, je ne me souviens de rien...rien du tout, pas même d'avoir appris la mort de Délos.C'est dingue...comment ai-je pu oublier quelque chose d'aussi important?

-Ce n'est pas si grave.Au moins, ne t'aies-tu pas inventés de souvenirs saugrenus et un passé illusoire pour combler ce vide.

-C'est vrai.Mais je pense que ma tâche de chevalier d'or y est pour beaucoup.Nous avons tous quelque chose de fêlé en nous, alors je suppose que quelque part, je ne déroge pas à la règle, c'est peût-être même un critère de recrutement chez les Golds, m'efforçais-je de sourire.

-C'est vrai que notre rôle ne nous donne pas droit à l'erreur, alors je pense que nous mettons tous notre passé entre parenthèses d'une manière ou d'une autre, comme tu l'as fait.

-Peût-être oui...peût-être aussi ai-je éliminé mon passé pour qu'il ne m'entrave pas...comme une adversaire gênant...pensais-je, en levant la tête vers le plafond.

-Hum...tu devrai peût-être te reposer un peu, tu ne crois pas? Tu as eu une journée...difficile, me conseilla t-il en se levant.

-Attend! Tu ne m'as pas dit...quelle est cette autre chose dont je ne me souviens pas, me rappelais-je, essayant de le retenir en lui attrapant le bras.

-C'est sans importance et j'ai du dire cela par négligence.» m'assura t-il en s'éloignant.

Evidemment, je savais qu'il cherchais encore à me dissimuler quelque chose, mais après tout, je n'avais pas les moyens de le faire parler pour le moment, ni la force de me disputer avec lui.Sa présence me rassurait, je ne voulais pas prendre le risque d'hausser le ton et de le voir fuir.Camus évitait toujours les conflits, alors je savais à quoi m'en tenir avec lui.Il était sur le point d'aller se coucher, puisque notre entretien était terminé.Mais je n'avais pas envie de passer la nuit seul.Si je voulais le retenir, je devais feinter, d'abord en attirant son attention:

«J'ai froid...» articulais-je lentement et avec mélancolie.

Le Verseau se retourna vers moi, d'un air intrigué.Ca y est, j'avais trouvé le bon crénau avec lui...et je comptais bien l'exploiter:

-«Mais, il ne fait pas froid pourtant, nia t-il en revenant vers moi.

-Je sais mais...»

Je laissais volontairement ma phrase en suspend et fixai tristement le sol, d'un regard de chat esseulé.Je devais vraiment faire pitié à cet instant et je m'y appliquais comme un acteur en pleine performance...Camus ne cessa de me regarder avec surprise, méfiance presque.Savait-il qu'à cet instant il venait de se muer en une proie terriblement excitante pour moi? Je ne voulais plus penser à mon passé.Je voulais fuir, fuir la douloureuse réalité et je comptais bien profiter de mon congé imposé.

Mon cher Français s'approcha prudement de moi, avec une certaine réserve, comme s'il préssentait ce que je préparais.Il chercha des yeux quelque chose et fouilla rapidement dans la petite commode de la chambrette, me tournant le dos.Il en sorti une chaude couverture de laine et me la plaça délicatement sur le dos, me maternant comme une seconde mère en s'asseyant à mes côtés...

Maman...pourquoi m'as-tu abandonné?

Mon regard se troubla et mon air triste n'avait plus rien de faux maintenant.Penser à ma mère, bien que je n'en n'ai que d'excellents souvenirs, me rendait toujours anormalement...anéanti.C'était déjà arrivé quand nous avions fait référence à la mère de Hyoga.Pourquoi?

Le français remarqua que quelque chose n'allait vraiment pas cette fois et il caressa mon dos avec légèreté et compassion.Cela me fit un bien fou, même si ce n'était pas grand chose, venant de Camus c'était énorme.Un frisson électrique me parcouru l'échine et je dévisageai d'un air affligé mon compagnon.Nous nous regardâmes, nous défiant des yeux, essayant de percer les secrets de l'autre et sa carapace émotive.Cette alchimie entre nous était quasi-mystique, inexplicable...après m'avoir observé longuement et visiblement inconforté par mon regard inquisiteur, il se releva finalement.Mais je pouvais sentir qu'il était inquiet pour moi, alors je tentais le Diable...

«Reste...» Sussurai-je, en un soupir tourmenté.

«Reste...»

Exactement ce que je dirai en découvrant ton corps sans vie à la fin de la bataille du Sanctuaire, mon ange...

J'étais effrayé, même si je n'en laissais rien paraître.J'avais si peur d'essuyer un refus, venant de l'être le plus important de ma vie.

Camus se figea sur place, comme une statue de glace, puis se retourna lentement.Mes yeux étaient implorants, ils parlaient mieux que n'importe lequel des mots.Il me fixa intensément, avec méfiance cependant, mais finalement...il revint vers moi, mais...

...se dirigea vers une sorte de meuble, que j'avais prit à tord pour un petit buffet, à droite du lit.Camus se pencha et il sorti un petit tabouret qui se trouvait en dessous.nsuite, il releva une sorte de petite planche de bois et souffla l'etouffante poussière qui parasitait le mobilier.Je découvris avec stupéfaction que ce meuble s'avèra être en réalité un piano.Sans savoir pourquoi j'étais émerveillé de la découverte de Camus...c'était fascinant.Il me fit signe d'approcher et je le rejoignis timidement.D'un geste du bras, il m'invita à prendre place:

-«Mais, Camus...je ne sais pas jouer de piano, protestais-je.

-C'est mon maître qui a fait amener ce piano ici, quand il a appris qu'on me l'enseignait à ma venue au Sanctuaire.

-Vraiment?

-Je l'ai étudié à partir de trois ans jusqu'à environ...six-sept ans, avant mon arrivée en Grèce.Je venais d'une famille relativement aisée alors, il était de bon aloi d'exercer une matière artistique.

-Ah oui? Je l'ignorai...enfin, je suppose que cela explique ta grâce, puisque tu es de noble lignée, souris-je.

-Veux-tu que je t'apprenne à en jouer un peu? Proposa t-il, en ignorant mon compliment.

-Je veux bien, oui.»

Si ça pouvait lui faire plaisir et me permettre de passer un peu de temps avec lui, alors j'étais prêt à faire n'importe quoi.Il commença à jouer quelques notes et me demanda de les reproduire.Le piano émettait encore un son très mélodieux malgré son ancienneté et je m'appliquais à reproduire cet air...sans succès.Mes doigts n'étaient pas assez caressants avec les touches et le son produit ressemblait à un verre brisé.Je serrai la mâchoire et plissais les yeux, tant cela me dépliasait.

Mais Camus ne cillia même pas sous cette torture auditive et resta d'une patience d'ange.Devant mon manque cruel de talent et ma maladresse, il posa ses mains sur les miennes.Je sursautais légèrement, surpris.Sentir ses paumes si douces et fraîches sur ma peau...cela avait l'effet d'un inavouable aphrodisiaque sur moi.Le rouge me montait incontrôlablement aux joues et doucement, Camus entreprit de me guider, avec le plus grand sérieux le caractérisant.Mes doigts glissaient à présent sans effort sur les touches lisses et mon cher ange hôcha de la tête, tandis qu'il quittait mes mains en me faisant comprendre que je devais continuer.Il alla chercher un autre tabouret et s'asseyit à mes côtés.Alors, il commença à jouer, pendant que je répètais les même notes avec de plus en plus d'aisance.Cette musique...je la connaissais...il s'agissait de la «Sonata du Clair de Lune» de Beethoven.

Cette mélodie lyrique et mélancolique était d'une profonde beauté, à vous en arracher des larmes d'admiration, surtout quand c'était Camus qui jouait...Ce concerto était la chose la plus magnifique à laquelle j'avais assisté...je me sentais à présent totalement détendu et ne voulais pas troubler ce silence des voix, pour laisser place à ce langage des coeurs.Envoûté que j'étais, j'observais les mains habiles de Camus caresser presque sensuellement les touches.C'était un véritable virtuose, ce dont je n'avais jamais douté et le choix de cette mélodie reflètait la profondeur de son âme.

Pour la première fois de ma vie, j'avais l'impression de voir autre chose que le jeune homme froid qu'il était d'habitude.C'était comme s'il m'avait ouvert son coeur, en me faisant découvrir quelque chose d'intime et de précieux pour lui.Il était si soigneux, si méticuleux et souple...cela me rappela quel amant potentiel fantastique il était, empreint de douceur et de fermeté.Je frisonnais en fermant les yeux et me remémorais cette nuit que nous avions passés ensemble...mon corps s'en souvenait encore et mon coeur l'avait pourtant oublié...