- III –
« - Franchement Draco… tu fais beaucoup d'histoires pour rien. C'est juste un peu de pâte – et aromatisée s'il te plait ! »
« - Mais qu'est-ce que j'en ai à battre de ta pâte, crétin. Tu ne vois pas que je m'emmerde à récurer les fonds de chaudrons, complètement cramés par tes chers amis Wistily et Londubat… J'en ai plus que marre de toi ! C'est clair ? Je ne veux plus t'entendre encore une fois m'adresser la parole, ou rien qui puisse me faire penser à toi. Je veux que tu me foutes la paix ! »
Merde. Et moi qui avais pensé que cela le détendrait. C'est pas que je suis un grand timide, mais avouer sa flamme à l'homme que l'on s'est efforcé de détester durant plus de 6 ans, il faut plus que du courage ; c'est vraiment de l'inconscience.
Mille mercis à Ron pour sa qualité de préfet. Des cinquième année – de toute évidence d'origine moldue – avaient introduit dans Poudlard des substances dites illicites. De la beuh, du hasch, et d'autres noms dans ce genre… bref ajoutez à cela les bouteilles de gnole – 35 ans d'âge s'il vous plait – et du Whisky Pur Feu, ça fait une sacrée dose de désinhibiteur.
Je vais tout casser. Rien ne peut me résister. Sauf Draco peut-être…
Minute. Le but, c'était tout et surtout Draco. Sinon pas la peine d'avoir raccourci sa durée de vie d'une bonne année si ce n'est pour avoir gain de cause – même si je crève face au plus cruel Lord Noir que toute l'Histoire ait connu, je me paierai Draco Malfoy, quoiqu'il arrive.
« - Potter, ça pue le cramé… »
Re-merde – sous l'alcool et la drogue, mon cerveau est franchement vulgaire… j'ai un ça franchement pas commode…
« - Malfoy, le jour où t'auras la preuve que tu as fait un jour – je dis bien un jour – la cuisine, tu pourras à la rigueur me demander quelque chose. Mais pour l'instant, le maître cuistot, ici, c'est moi. Alors boucle-la et retourne donc vers tes jolis chaudrons. D'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi Rogue ne te le fait pas faire plus souvent. C'est vraiment une activité digne des Malfoy… »
Ca y est. Les mauvaises habitudes sont de retour. Je me remets à l'insulter alors qu'il faudrait faire l'inverse. Ç'avait pourtant bien commencé. Je m'étais même permis de le snober en lui étalant ma science. Mais chasser le naturel, et il revient au galop…
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Lalalalalère… Franchement, je ne suis pas mécontent de moi… J'ai réussi l'impossible. Caser ces deux petits imbéciles de Potter et de Malfoy. D'accord, ce n'est pas encore « on a conclu dans le foin », mais je suis sûr que ma petite entreprise va se solder par une victoire retentissante – et qui sait ? Ramener peut-être quelques brebis galeuses dans le droit chemin, style Malfoy Senior, ou bien encourager de grands timides à se jeter enfin à l'eau – les deux auxquels je pense ont eu un grand coup de foudre quand ils avaient 11 ans, mais impossible de rabaisser leur foutu orgueil, surtout pour un…Près de 30 ans qu'on attend qu'ils arrêtent leur petit jeu stupide de se détester – il serait grand temps d'ailleurs. Si jamais je meurs, qui pourra arranger le coup entre eux deux ?
Je doute que le problème soit du côté de Remus. Il est si gentil… d'ailleurs, personne n'y est insensible – y compris quelques septième année... vraiment folles.
Mais c'est que la grande chauve-souris est limite stupide par moment…
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Hum… je m'aime vraiment. Franchement, existe-t-il un plus bel homme sur la planète que moi ? Même le petit cul de Remus Lupin – pourtant fort joli, c'est indéniable – n'arrive pas au niveau de perfection du mien.
Je suis un vrai canon de beauté. Sans compter la beauté intérieure. Je bas tout le monde.
Hum… je m'aime. Je l'ai peut-être déjà dit ? Je m'aime !
Et j'aime aussi martyriser mes élèves. Surtout Potter l'Infâme, Potter l'Elu de mon cul, Potter le futur Monsieur Malfoy en puissance…Potter, le fils de cette enflure de Potter Senior, meilleur ami de Remus Lupin, qui a toujours refusé que je m'approche de trop près de son loup-garou préféré…
Et en plus, je vais avoir une tarte délicieuse au lemon… il ne me manque plus qu'un bon roman à dévorer pour parfaire le tout… il ne manquera plus qu'un bel Apollon pour finir la soirée en beauté.
Ah, je suis si fantastique…
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Potter l'Incompris, Potter le Solitaire, Potter Celui-Qui-Devra-Nous-Sauver-D'une-Mort-Certaine-Si-Nous-Laissons-Faire-Ces-Idiots-Du-Ministère-A-La-Place-De-Gens-Compétents-Du-Style-Le-Vieux-Fou-Albus-Dumbledore…
Potter, mon meilleur ennemi…
Et dire que je me suis promis de lui dire toute la vérité ce soir. De ne rien oublier. De ne rien omettre.
Dire que je n'ai jamais embrassé les idées de Voldemort.
Dire que je n'ai jamais voulu faire parti du groupe des Mangemorts.
Dire que j'ai accepté car je n'en pouvais plus de tous les Endoloris lancés par ma chère Tante Bellatrix.
Dire que je ne pouvais plus m'asseoir, m'allonger, sous peine de souffrances inhumaines.
Dire que son combat est juste.
Dire que je voudrais en faire partie.
Et lui dire que je l'aime.
Mon petit Draco, là, tu tombes dans le pathétique le plus total, alors arrête… on va pleurer dans les chaumières à ce train-là.
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« - Cher Albus, s'il vous plait, arrêtez pour une fois de jouer les entremetteurs… Ils sont assez grands pour se débrouiller tout seul… Ce sont des personnes responsables… »
« - Ma chère Minerva, cela fait plus de trente ans que l'on attend qu'ils se déclarent leur flamme, alors je crois que c'est à moi de prendre mes responsabilités. Imaginez un peu que l'on n'ait rien fait pour les deux petits collés de ce soir. Je m'en serai voulu toute ma vie. »
Et bien moi, cela fait bien quarante ans que j'attends pour me jeter à l'eau. Avec la bonté et Albus, c'est toujours pareil ; on en donne plein pour les autres, et on n'est même pas foutu d'en garder un peu pour soi, un peu pour son entourage.
Mais je me suis promis de le demander en mariage si jamais sa folle entreprise avec ces aveugles de Malfoy et Potter réussissait.
« - Ça réussira, j'en mets ma main à couper ! »
« - Qu'y a-t-il ma chère Minerva ? Bien sûr que je vais réussir. D'ailleurs, je doute que l'on puisse espérer goûter de la tarte au citron ce soir. Mais j'ai prévu de quoi vous contenter. »
Hein ?
« - Sorbet Lemon Curd Suprême… rien que pour vous. »
Vu le regard très légèrement lubrique de Dumbledore, je crois que je ne vais, finalement pas, avoir besoin de me forcer pour aller lui parler…
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Après avoir réglé les quelques petits problèmes rencontrés avec le four moldu – bien que je doute qu'il ait un jour servi de four – j'en suis réduit à une extrémité, ma foi, pas si désagréable que ça…
Il est nécessaire, d'après la recette de cet éminent chef qu'est Severus ServilusRogue, d'effectuer une cuisson à blanc de la pâte – si laborieusement préparée, car elle n'attendait que Draco Malfoy - et son petit bout de nez superbe. Or, ce qui devait me servir de four a rendu complètement l'âme. Et hors de question de le faire cuire sur le feu.
Il n'y a plus qu'une solution : le sauna.
« - Potter, aurais-tu la bonté de m'expliquer pourquoi tu as allumé tous les foyers possibles de cette pièce, et que tu as cloisonné toutes les issues. Cela va devenir un véritable four. »
« - C'est normal. C'est le but. »
« - Quoi ? Mais tu es vraiment cinglé ! On va cuire ! »
« - Je te l'ai déjà dit. C'est le but. »
« - Tu es un vrai malade, Potter. Tu ne le savais pas ? »
« - Draco Malfoy, écoute-moi une bonne fois pour toutes. Je suis le chef ici. Tu n'es qu'un misérable avorton qui récure les chaudrons. Alors tu laisses faire le chef. J'ai besoin de faire cuire cette super bonne pâte – et tu es vraiment stupide de ne pas l'avoir goûtée. On ne jette pas une si bonne pâte. C'est un vrai sacrilège… »
« - Abrège. »
« - Bref. Il faut que je la fasse cuire. Et ce qui m'aurait servi de four est HS. »
« - Et alors ? Franchement, tu n'as pas besoin de 18 feux pour la cuire. Un seul suffit…Pfff »
« - C'est là où tu te trompes ! »
Je sens que je suis en train de l'exaspérer. Mince, il n'a jamais ouvert un bouquin de cuisine ? Le pauvre… il ne sait sûrement pas comment s'amuser. Faudra que je pense à lui apprendre comment confectionner des gaufres, avec cette bonne pâte ni trop liquide, ni trop épaisse, parfaite pour couler le long du bras de manière malencontreuse et …
« - Potterius Cretinus est prié d'atterrir rapidement ! »
« - Bref, je ne peux pas la faire cuire sur un vulgaire feu de bois. Il faut la sécher à l'air chaud. Voilà pourquoi j'ai tout calfeutré et tout allumé. Histoire de ne rien perdre de la chaleur, et ainsi, arriver à un croustillant sans égal… »
Grand blanc.
Je vois Draco me regarder avec des yeux… mon Dieu, qu'ai-je encore dit ?
Rendez-vous à Noël pour la suite des aventures ...Je vais vous faire un beau cadeau...
