Black-sun : je n'y avait pas pensé… Une gorgone est une créature mythologique dont l'aspect et le pouvoir correspondait bien à la personnalité de Michael Gorgone (qu'on verra plus tard), et j'ai appelé son petit frère Vincent parce que c'est le premier prénom qui m'est passé par la tête.
Zag : Poudlard, pas encore. Mais il va finir par y atterrir.
Lady Lyanna : Tu risque de ne pas aimer la fin de ce chapitre là non plus…
Théalie : Ce que le vieil homme a dit à Harry c'était les passages en italique. Quand à qui il est… J'imagine que tout le monde a comprit. Et non, Rémus ne l'a pas entendu. Il aurait sûrement réagit, sinon.
Alienor : Merci beaucoup !
SamaraXX : merci à toi aussi.
Merci aussi à Onarluca (artemis), Leila et Ryatt.
o
o
o
PARTIE II : LE SILLAGE DES TENEBRES.
o
o
o
La barricade tremblait ; lui, il chantait. Ce n'était pas un enfant, ce n'était pas un homme ; c'était un étrange gamin fée. On eût le nain invulnérable de la mêlée. Les balles courraient après lui, il était plus leste qu'elles. Il jouait on ne sait quel effrayant jeu de cache-cache avec la mort ; chaque fois que la face camarde du spectre s'approchait, le gamin lui donnait une pichenette.
o
Victor Hugo, Les Misérables.
o
o
o
4.Les larmes des enfants.
1ère partie.
o
o
Il te faudra partir…
Ce n'était pas vraiment partir, résonna Harry debout au seuil de la chambre de sa mère, c'était partir pour revenir, partir pour sauver sa mère, pour rendre le monde un peu meilleur.
Une pensée soudaine le figea : était ce que son père avait pensé ou ressentit, quand il était parti cinq ans plus tôt ? Et la fois d'avant ? Et celle d'avant ?
En silence dans le couloir, Harry jura aux murs gris qu'il reviendrait. Puis il entra dans la chambre pour affronter la première épreuve, et sûrement pas la plus facile : dire au revoir.
Elle semblait si fragile dans le grand lit, petite et pâle comme un enfant souffrant. A pas de loup, il s'approcha de l'oreiller.
"Maman ?"
Les lèvres de Lily remuèrent légèrement dans son sommeil. Lentement, elle tourna la tête vers lui et ouvrit les yeux.
"Maman ?"
Lily esquissa un sourire il le lui rendit, un peu hésitant.
"J'ai fait un drôle de rêve, Harry."
Sa main glissa le long du drap, effleurant les doigts de son fils.
"Je rêvais de toi."
Il se pencha en avant et appuya son front contre le sien. Il était frais et le contact était agréable, après toutes ses inquiétudes.
"Et toi, tu étais là aussi ?"
"Bien sûr, mon ange, je suis toujours là.", elle ferma les yeux. "Je te regardais, et toi, tu étais heureux. Tu étais heureux parce que tu avais accomplit quelque chose de fantastique."
"Et… Qu'est ce que c'était ?" souffla t'il.
Lily eut un petit rire, léger, plein de tendresse. Elle rouvrit les yeux et le regarda.
"Je pensais que tu pourrais me le dire, mon chéri. Moi, je ne sais pas."
Il prit sa main et la serra dans les siennes. Fort.
"Je ne sais pas non plus…", souffla-t-il. "Mais bientôt je te raconterais."
Il la regarda dans les yeux.
"Je vais te sauver, maman. Je vais trouver, et je te guérirais."
"Si quelqu'un peut le faire, mon chéri, c'est bien toi.", murmura-t-elle d'un ton un peu lointain en effleurant sa joue.
"Et je reviendrais, je reviendrais très bientôt."
Elle fronça légèrement les sourcils.
"Mais de quoi est-ce que tu parles, Harry ?"
Il prit une courte inspiration, ne cherchant même pas à retenir ses larmes. Il fallait juste lui expliquer.
"Il existe un endroit… Je sais où aller, je crois, pour trouver de quoi te guérir. C'est compliqué, mais je peux y arriver."
Elle se redressa légèrement, effrayée.
"Non Harry, tu ne peux pas ! Tu ne peux pas t'en aller…"
"Si !", pressa-t-il. "Si je peux, je peux y arriver, je te le jure…"
Mais elle secoua la tête, éperdue.
"Non, non il ne faut pas. C'est trop dangereux, bien trop dangereux…"
"Maman, tu ne comprends pas, il le faut… Il le faut ou bien… Ou bien tu vas mourir.", acheva-t-il piteusement.
Elle le dévisagea un long moment, comme si elle le découvrait brusquement ou comme si elle cherchait à graver se traits dans sa mémoire.
"Tu veux aller là-bas, n'est ce pas ? Tu veux que je te laisse partir ?"
Il acquiesça.
"Mais tu seras tout seul… Sans moi, ni Rémus… Des gens pourraient te faire du mal, Harry ! Et tu veux t'en aller ? "
Il acquiesça encore.
"Et Jude ?"
Et les enfants… Dis, James, est ce que tu penses à tes enfants ? Que vont-ils devenir ? Jude n'est qu'un bébé, et Harry est encore si petit…
"Rémus… Rémus est là. Et je fais ça… Pour Jude aussi."
Pour eux, pour qu'ils soient en sécurité. Pour que tout aille bien de nouveau, Lily.
"Alors dis-moi, Harry…", ses yeux étaient pleins de larmes. "Pourquoi serait-ce à toi d'y aller ?"
Il ferma les yeux, serrant plus fort encore sa main glacée. Quand il les rouvrit, elle était toujours là, bien réelle.
"Parce qu'il n'y a personne d'autre.", répondit-il calmement.
Et il avait raison.
Elle acquiesça, lentement, les lèvres tremblantes.
"Tu veux aller là-bas.", répéta-t-elle. "Est-ce que… Est-ce que tu reviendras ?"
"Oui."
"Alors… Alors vas-y. Vas t'en. Où tu veux, si tu y crois… Si tu y crois assez fort, vas-y."
"D'accord maman…", murmura-t-il, comme si ça avait été elle, et non lui, qui en avait fait la demande. "D'accord, j'y vais."
Lily gardait les yeux clos, sans doutes par peur de le voir disparaître, de garder pour le restant de sa vie l'image de son dos qui s'éloignait.
"Emporte tout ce que tu veux.", poursuivit-elle. "La nourriture, les couvertures, prends tout, on se débrouillera. Mais, Harry…"
"Quoi ?"
"Ne vas pas… Ne vas pas dire au revoir à Jude, s'il te plaît. Ne vas pas voir ton petit frère."
Ses yeux étaient toujours fermés, pourtant il était sûr qu'elle le voyait.
"D'accord.", souffla-t-il. "D'accord."
Il se pencha en avant et embrassa son front pâle.
"Je reviendrais.", promit-il une dernière fois.
Elle acquiesça, sans répondre.
"Je… Je t'aime.", bégaya-t-il.
Alors elle rouvrit les yeux.
"Reviens. Contente-toi de revenir, rapporte tout ce que tu veux, mais reviens. Et s'ils te font du mal…", ses yeux se brouillèrent. "S'ils te font du mal, je les retrouverais."
"Au revoir.", dit-il tout bas.
Et il s'éloigna. Il quitta la pièce.
Une fois dans le couloir, il marqua une pause devant la porte du réduit qui servait de chambre à Jude. Pendant de longues secondes il fixa le panneau de bois sombre, étudiant les bosses et les fissures, jusqu'à les connaître par cœur, comme une carte de route.
Puis, les poings sur les yeux, il se détourna et repartit en courant vers la chambre mansardée.
o
o
o
Il récupéra le vieux sac à dos de cuir, coincé entre son lit et le mur, qui avait jadis appartenu à son père. Il le secoua pour faire partir la poussière, puis tira un moment sur les lanières et les coutures pour en tester la solidité. Mais il finit par abandonner : de toutes façons, il n'avait pas d'autre sac, alors il faudrait bien que celui-ci fasse l'affaire.
Il y glissa quelque vêtements, sa vieille couverture qui ne prenait pas trop de place, un gros morceau de savon et les deux cailloux blancs que Jude lui avait donné trois jours plus tôt. Puis il descendit dans la pièce de vie et y prit quelques de conserve - des légumes qui lui semblaient le moins mauvais à déguster froids - du pain et du jambon. Il y ajouta une boîte d'allumettes et le couteau de Lily.
Et là, il hésita. Il savait qu'il aurait besoin d'une autre chose. Qu'il restait encore quelque chose à emporter. Une dernière chose.
Papa lui avait dit… Quand il avait six ans…
Il posa le sac sur la table et contourna le four à pas de loup, comme s'il craignait qu'un œil - un œil sinistre auquel rien n'échappait - ne fut braqué sur lui.
Rappelle-toi bien, Harry
La lourde planche était toujours appuyée contre le mur, comme depuis de nombreuses années. Il la poussa - elle était bien trop lourde pour qu'il tente de la soulever. Avec ses mains, d'abord, puis quand il se fut enfoncé trois échardes dans les doigts il utilisa son épaule.
Il ne faut s'en servir qu'en dernier recours
La planche coulissa lentement, en grinçant horriblement sur le plancher, et révéla une petit pièce ronde, dans laquelle trônait un unique meuble, un secrétaire.
Parce que ce sera ta dernière chance.
o
o
o
Papa avait dit… Quand il avait six ans…
Harry descendit les marches avec précautions, pour ne pas réveiller sa mère, qui s'était endormie d'épuisement, et le petit frère nouveau-né, qui sommeillait dans le vieux berceau de Harry qu'on avait installé dans la chambre.
"Papa ?"
Du couloir il n'apercevait personne, dans la cuisine. Son père était là depuis trois jours - il était arrivé la veille de la naissance du petit frère - et Harry avait encore du mal à se faire à sa présence.
"Par ici, Harry."
La voix venait bien de la cuisine. Le petit garçon contourna la table en silence.
"Papa ?"
Il aperçut l'ouverture, dans le mur. La planche qui - du plus loin qu'il se souvenait - avait toujours été appuyée contre la pierre avait été posée au sol, sur le planché de bois.
L'ouverture découvrait une petite pièce qui ne comportait qu'un seul meuble, un petit meuble bas. Son père était assis là et tenait quelque chose dans ses mains.
Harry s'approcha à petits pas, et son père lui sourit. Un sourire qui ramena plein de vieux souvenirs, des souvenirs de sa toute première enfance, quand pour lui tout allait bien, et quand la présence de son père à la maison n'avait rien de surprenant.
Son cœur se gonfla soudain d'une tendresse presque étrangère, et il rendit le sourire. Tout va bien, avait dit sa maman, tout va bien tant que papa est là.
Son père s'accroupit devant lui, de manière à ce que leurs regards se trouvent à hauteurs égales, comme s'ils avaient fait la même taille.
"Comment va t'on l'appeler, ce petit frère ?" murmura-t-il sans perdre son sourire.
Harry haussa les épaules en signe d'ignorance. Cette question-là, ce n'était pas la sienne
"Ta maman veut l'appeler Jude. C'est un peu étrange, non ?"
Un peu étrange peut-être, songea Harry, mais joli tout de même. Et puis le bébé lui-même avait un air un peu étrange, avec ses grands yeux sombres, sa peau transparente et ses joues fragiles.
"Qu'est ce que c'est, ça ?" demanda Harry en désignant l'objet dans les mains de son père.
Le visage de son père redevint sérieux. Il étudia Harry un moment, avec la même nuance dans le regard que Mme Milson le jour où il avait proposer de porter les listes à la mairie.
"Ca, c'est quelque chose dont il faudra que je te parle, mais je ne suis pas sûr de pouvoir le faire maintenant."
"Parce que je suis trop petit ?" s'enquit Harry.
Après tout ça n'avait rien d'inhabituel, il entendait ça souvent.
"Ouais." Soupira James.
Malgré tout, il ouvrit le petit coffret qu'il tenait entre ses mains. Retenant son souffle, Harry se pencha un peu plus, son front effleurant le menton de son père.
Dans le petit écrin, il y avait un morceau de bois. Un bâton fin et élégant, qui brillait d'un éclat chaud dans la faible lumière. Il dégageait quelque chose d'étrange et d'attirant et Harry, du haut de ses six ans, sentit qu'il voyait là quelque chose d'extraordinaire, même s'il ne comprendrait que bien plus tard ce dont il s'agissait réellement.
Il leva les yeux vers James, interrogateur.
"Petit bonhomme…" soupira son père, et Harry sourit - c'était un surnom qu'il aimait bien, un surnom qui lui rappelait des rayons de soleils, des arbres majestueux et des balançoires de bois. "Je ne te dirais pas ce que c'est, tu comprendras plus tard, tout seul, et alors tu sauras à quel point ça peut être dangereux. Et souviens-toi, Harry, il ne faudra pas y toucher avant ce jour-là, tu comprends ?"
Il n'en était pas sûr, mais il acquiesça néanmoins.
"Et même alors, il ne faudra l'utiliser qu'en dernier recours, seulement si c'est ta dernière chance."
Harry fronça les sourcils.
"Mais alors…" murmura-t-il, hésitant. "Alors si c'est si grave, pourquoi tu me le montre ?"
James referma l'écrin doucement.
"Parce que c'est pour toi, petit bonhomme, parce que ça t'appartient. Pas tout de suite, mais quand tu en auras besoin."
Harry hésita longtemps avant de poser la question, il savait que la réponse ne serait pas celle qu'il voulait.
"Et toi, ce jour-là, tu seras où ?"
Et son père n'essaya même pas de mentir.
"Je ne sais pas, peut-être loin."
Il attira Harry contre lui, et le petit garçon respira son odeur contre son cou, un odeur différente de celle de sa mère, et qui rappelait un peu la forêt, à la fois rassurante et pleine de secrets.
"Dis," souffla James. "Il te plaît ce nom ? Jude ?"
Harry fit oui de la tête contre son épaule, et James retrouva son sourire.
"Alors c'est comme ça qu'on va l'appeler, d'acc ?"
o
o
o
Harry ne prit pas la peine d'ouvrir le petit écrin, il était évident que personne n'y avait touché depuis que son père l'avait caché là. Sa mère et Rémus ignoraient probablement son existence.
Il le glissa dans la poche sur le côté du sac et resserra la lanière de cuir.
Ce fut quelques minutes plus tard, alors que, aux prix de gros efforts, il avait replacé la planche de bois, qu'il entendit des pas.
J'aurais du le prévoir…
Il se retourna. Jude, pieds nus au seuil de la pièce de vie, fixait d'un regard incrédule le vieux sac de cuir qui trônait sur la table.
"Ca," souffla-t-il en le désignant d'un doigt tremblant. "ça veut dire que tu t'en vas ?"
o
o
o
ooooooooooooooooooooooooooooooooooooo
o
o
o
L'heure du couvre-feu était passée depuis au moins trois bonnes heures, et dehors la nuit palpitait de cette impatience qu'elle avait parfois, quand l'angoisse figeait l'air et quand des souffles étrangers voyaient le jours, oppressants, presque rageurs.
C'était l'une de ces nuits, John Cécrops le savait, on le prévenait toujours.
Il était assis dans la grande salle de la mairie, celle qu'on appelait la Cour des pierres, à cause des douze piliers de pierre blanche du haut desquels des loups de marbre le fixaient, l'unique chandelle jetant un éclat glacé à leurs regards.
Il était assis à même le sol, malgré le froid qui lui saisissait les cuisses a travers le tissu léger de son pantalon. Le contraste avec l'air chaud et crépitant était presque agréable.
Il ignorait qui ce serait, mais peu importait. Ca ne tomberait pas sur le camp, de ça il était certain. Il y avait là-bas bien trop de "potentiels" pour qu'ils ne prennent le risque de s'y attaquer. Mais ce qui pourrait être ennuyeux, ce serait que la maison de Lily Potter soit attaquée. C'était tout à fait possible, Lily était en sursis depuis bien trop longtemps ; et son entêtement avait beau être un sérieux problème, la maladie finirait sans doutes par affaiblir sa volonté.
Et il y avait toujours les deux gamins.
Que l'aîné soit réduit en cendres ne le dérangeait pas le moins du monde, non, celui-là était plutôt un problème, il semblait aussi obstiné que sa mère et paraissait bien trop indépendant pour lui être d'une quelconque utilité. L'autre, par contre…
Plus jeune et plus fragile, certainement beaucoup plus influençable. Et s'il était, comme le prétendait ce petit loqueteux de Drago, stupide au point d'être incapable de parler, il ne serait pas bien difficile de le manipuler.
Oui, décida t'il, si Lily résistait trop longtemps, ou si elle survivait trop longtemps, il la tuerait, et utiliserait l'enfant. Harry Potter ne pourrait pas grand chose pour l'en empêcher, s'il était assez fou pour essayer. Il était peut-être de taille à foutre des peignées à Drago, mais ça s'arrêtait là.
Parfait, soit Lily, soit le gosse.
Enfin, songea t'il en se tournant vers les fenêtres ouvertes sur la nuit, c'était si les Potter n'étaient pas les cibles, ce soir.
L'air bruissait autours de lui. Un frémissement confus, électrique, qui s'élevait de partout.
Crécrops souffla la chandelle.
Et c'est parti !
o
o
o
ooooooooooooooooooooooooooooooooooooo
o
o
o
La nuit se referma sur eux, entêtante et toute-puissante. Harry sentit la main de Jude frémir dans la sienne. L'air était chaud et les lanières du sac laissaient une drôle de sensation contre ses épaules.
Son cœur battait à tout rompre. C'était la première fois qu'il se trouvait hors de chez lui passée la tombée de la nuit. Il brisait là - et Jude également, par la force des choses - l'ultime interdit.
"Harry…", souffla Jude. "Où est-ce qu'on va ?"
"On va voir Ron.", répondit Harry. "Et ensuite, je te ramène à la maison. Tu ne devrais même pas être avec moi en ce moment."
"Mais après," s'entêta Jude. "Après tu vas faire quoi ? Et pourquoi est-ce que tu vas voir Ron en pleine nuit ?"
"Parce qu'il ne faut pas qu'on me voit."
"Qu'on te voit faire quoi ?" insista-t-il, la voix tremblante. "Où tu vas aller ?"
Harry retint sa respiration. Ca n'allait pas, ça n'allait pas du tout. Ce n'était pas comme ça qu'il avait planifié les choses. Il était simplement censé dire au revoir à Lily ; laisser un mot pour Rémus, expliquant tout ce qu'il était possible d'expliquer ; prévenir Ron, parce qu'il était quand même son meilleur ami ; puis s'évanouir dans la nuit, et - si tout se passait comme prévu - revenir avec ce qui pourrait sauver sa mère.
Il n'y avait, réalisa t'il, aucune place dans son scénario pour Jude.
"On y est."
Il passa le vieux mur de pierres, entraînant Jude derrière lui. Le petite cabane se dressait devant eux, elle penchait légèrement vers le sud, comme ces arbres à l'abris des mur qui cherchent à échapper aux ombres. Elle était tout en bois, et le minuscule jardin était envahit par des herbes folles que nul n'avait jamais prit la peine de couper.
"Qu'est ce qu'on fait chez Ron ?", souffla Jude.
"Il faut que je lui parle, viens."
Ils traversèrent le jardinet et contournèrent la maison, l'un derrière l'autre.
La porte-fenêtre de la chambre que Ron partageait avec sa petite sœur ne fermait plus depuis bien longtemps. Dans un coin le bois vermoulu s'effritait sous la main. Harry tira doucement le volet, qui céda dans un faible grincement.
« Ron ? »
Il se glissa dans la pièce à pas de loup. La chambre était longue et étroite, un peu comme un couloir. Le lit de Ron faisait un masse sombre de l'autre côté, près de la porte.
Contournant en silence le lit de Ginny, Harry s'approcha de son ami.
« Ron… », souffla-t-il en secouant son épaule.
Ron poussa un grognement et se tourna vers le mur.
« Harry… », murmura Jude qui l'avait rejoint.
Harry se pencha vers Ron et le secoua plus fort.
« Harry, il y a quelque chose de bizarre… », fit Jude.
« Mais qu'est ce qu'il se passe… », grogna Ron.
Il ouvrit péniblement les yeux et fronça les sourcils en distinguant la silhouette penchée sur lui dans l'obscurité.
« Qu'est ce que… »
Il se redressa brusquement, clignant des yeux.
« Harry ? Et Jude… »
« Il faut que je te parle. »
« Maintenant ? Mais… Et le couvre-feu ? Bon sang, si jamais on vous a vu… »
« Ron c'est urgent. Il fallait que je te prévienne. Il va falloir que tu fasses attention à Jude pendant quelques temps. Malfoy pourrait avoir envie d'en profiter… »
« D'en profiter ? », répéta Ron sans comprendre. « Mais de quoi ? »
Harry sentit Jude tirer doucement sur sa manche. Il se tourna vers lui, le petit garçon semblait étrangement pâle.
« Quoi ? », articula Harry en le regardant.
« Et d'où sors-tu ce sac ? », poursuivit Ron. « Harry, où est-ce que tu vas ? »
« Je vais te le dire. », répondit Harry. « Mais tu dois me promettre de… »
« Harry ? »
Harry et Ron se retournèrent d'un même mouvement. Seul Jude garda les yeux rivés sur la fenêtre.
Ginny se redressa lentement dans l'ombre.
« C'est bien toi que j'ai entendu ? », murmura-t-elle. « Qu'est ce que tu fabriques ici en pleine nuit ? »
« Il fallait que je parle à Ron. Ecoutez, je n'ai pas le choix, je… »
Jude tira de nouveau sur son bras, plus violemment, cette fois.
« Mais qu'est ce qu'il t'arrive, à la fin ? », grogna Harry.
« Chut ! Ecoutez… », souffla Ron.
Le bruit était léger, il semblait lointain. C'était comme un souffle, le son du vent comme amplifié par un écho.
Le bruit d'une tempête qui approchait.
« On dirait… », murmura Ginny.
« Un orage. », souffla Harry.
« C'est une attaque ! », s'exclama Ron. « Harry tu n'aurais jamais du sortir… »
« La fenêtre… », hoqueta Ginny. « Vous l'avez fermée ? »
Harry sentit son sang se glacer. Il fouilla désespérément dans sa mémoire, avait-il fermé cette foutu porte-fenêtre ?
Jude se rua vers l'autre bout de la pièce.
« Ne le laissez pas s'approcher des vitres ! », rugit Ron, tandis que Harry se levait derrière lui.
Jude tira sur la poignée et le volet se referma dans un claquement.
« On dirait que ce n'est pas par ici… », murmura Ginny en les rejoignant.
Jude s'était figé contre le volet, l'oreille collée contre le bois.
La rafale sembla s'apaiser un peu, dehors. Mais, soudainement, un bruit nouveau se fit entendre. On aurait dit une rumeur, un chuchotis impérieux qui montait du village.
« Qu'est ce que c'est que ça… », gémit Ginny.
Et le souffle se mua en clameur. De loin en loin, un cri perçait dans le lointain. Harry sentit le bras de Ron trembler près de lui. Jude fit quelques pas en arrière, regardant le volet comme s'il avait été sur le point de prendre feu.
Et, brusquement, la lumière, blafarde, presque verdâtre, envahit la fenêtre. Elle se coula dans les fentes, envahit chaque interstices entre le bois et la pierre, à la façon d'une nuée d'insectes. Tout comme elle avait certainement envahi le village, réalisa Harry.
Et il comprit.
« C'est pas une attaque, les gars… », souffla-t-il.
Son souffle se coinça dans sa gorge et il ne put achever.
Ginny se tourna vers lui, son visage pâle et ses yeux écarquillés.
« Ce sont des raffles. »
o
o
ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo
