Aux reviewers :

Désolée pour le délai, mon ordi a planté (il a fait ça souvent ces derniers temps) et j'ai mis des plombes à le réparer. En plus, je n'étais pas chez moi toute cette semaine.

A.D vs A.V : ben oui, qu'il s'en sert ! (Même s'il n'est pas très doué, au début.)

Black-sun : Merci beaucoup !

Théalie : Voui, c'était méchant, je sais. Ttes mes excuses (mais c'est pas dit que je ne recommencerais pas !)

Zag : voilà la suite ! J'espère que t'aimes toujours !

Merci aussi à Onarluca, Ielena et Leila.

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PARTIE II :LE SILLAGE DES TENEBRES.

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4.Les larmes des enfants.

3ème partie.

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« Attends, pas par là… »

Ginny attrapa son frère par la manche de son pull et l'attira à l'écart.

« Mais qu'est ce qu'il y a ? », grogna-t-il.

Elle posa un doigt sur ses lèvres et l'éloigna un peu plus. Sous le couvert des arbres.

« Qu'est ce que tu fabriques ? »

« On attend qu'ils s'éloignent. », fit-elle en désignant les autres.

La petite troupe de rescapés, ignorant leur absence, continuait à s'enfoncer dans la forêt. Jude, lui aussi, les regardait disparaître, appuyé contre un arbre.

« Mais pourquoi faudrait-il rester en arrière ? », siffla Ron, abasourdis.

« Ca y est, ils sont partis. », murmura Ginny, ignorant la question. « On y va, c'est par là. »

« Mais qu'est ce qui est par là ? », s'exclama Ron alors que Jude se glissait entre lui et Ginny.

« Les grottes. »

« Et pourquoi veux-tu aller vers les grottes ? »

Elle haussa les épaules.

« Pas moi. Harry. »

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« Ils se planquent dans les bois. », souffla Vincent.

« Quoi ? »

« Dans les bois. », répéta le petit garçon. « C'est là qu'ils sont. Les enfants du village. »

« Et bien quoi ? », grinça Drago. « Tu crois qu'on peut les rejoindre ? Sûr, tous ces gosses de résistants vont nous accueillir comme des vieux copains. »

« Si t'as une meilleure idée… »

Drago garda les yeux obstinément baissés vers le pavé sale de la rue déserte.

« C'est une idée à la con. »

« Mais si on reste là… »

Si on reste là quoi ? Risquaient-ils vraiment quelque chose, au fond ? Où bien étaient-ils inclus, par la force des choses, dans le pacte de Cécrops avec le diable ?

« Drago ! », insista Vincent.

Il revit le regard clair de Harry Potter, un peu plus tôt dans la ruelle. Pas lui qui se planquerait dans l'ombre d'un géant, Potter ! Encore moins si le géant était un beau salopard.

« Drago ? »

Plutôt le genre de Drago. Il sentit monter en lui l'envie de voir Vincent disparaître. L'effacer d'un coup de baguette magique – s'il en existait encore. Puis, de nouveau, le regard obstiné de Potter.

« Tu sais l'effet que ça fait, toi, de vendre son âme pour survivre ? », s'enquit-il à voix haute, à l'intention de Vincent.

« Quoi ? », articula l'enfant, stupéfait.

« J'ai pas trop envie de le savoir. », poursuivit-il doucement.

Vincent le dévisageait sans comprendre.

« Allons rejoindre le club des petits héros. », laissa simplement tomber Drago.

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« Qu'est ce que vous faîtes ici ? »

Sa voix jaillit dans un murmure, faible gargouillis issu du fin fond de sa gorge. Il l'aurait voulue imposante, forte et fière ; Non mais qu'est ce que vous faites chez moi ? Mais, apparemment, c'était impossible.

Bien trop la trouille, Harry.

Cécrops se dressa, un sourire moqueur au coin des lèvres. Un rictus qui ressemblait à celui de Drago. Ca le rendit moins terrifiant, juste désagréable.

Puis le sourire s'effaça.

Mais pas la lueur, dans son regard.

« Tu es venu tout seul, mon garçon ? C'était un peu stupide. »

Il était long et fin comme un serpent. Sinueux, presque ; ses yeux se plissèrent, réduits à de simples fentes.

« Où est-elle ? »

« Où est quoi ? », souffla Harry en réponse.

« Ne fais pas le malin, petit. Qu'est ce que tu en as fait ? »

Derrière l'homme, l'ouverture est toujours là. Rectangle de nuit. Qu'est ce que tu en as fait ?

Est-ce qu'il parlait de la baguette ? Comment aurait-il simplement pu savoir qu'elle était là ? Peu de chances que son père ait été en parler à Cécrops.

Le mouvement fut vif, sournois, glissant. Un éclair sans lumière ; et en une seconde, la main aux doigts blancs et glacés se referma sur son cou.

« Où. Est. Elle. », articula lentement Cécrops, détachant chaque syllabe avec une implacable froideur.

Incapable de produire un son, Harry secoua la tête. Je ne sais pas de quoi vous parler, je ne sais pas où elle est, je ne vous le dirais pas… Le message était clair : pas un mot ne sortirait de sa bouche. Par courage ou par la force des choses, difficile à savoir.

La prise sur son cou se resserra lentement. L'ultime torture, sans doutes.

Puis la main se figea. L'étau s'immobilisa. Quelque chose changeait dans l'air. Un sourire se dessina lentement sur le visage de Cécrops, pas un sourire satisfait, ni même moqueur, non ; on aurait presque dit qu'il était amusé.

« C'est bien étrange, n'est-ce pas ? Ironique, presque. », souffla-t-il à Harry. « Que ça se termine comme ça… »

Il pencha son visage sur celui du jeune garçon. Incapable de soutenir son regard, Harry ferma les yeux.

« Surtout pour toi. »

Puis tout s'arrêta. La voix, la main, le souffle s'effacèrent. Harry rouvrit les yeux.

Cécrops avait disparut.

Mais ce n'était pas forcément une bonne chose.

Non, pas vraiment.

Car à sa place se trouvait l'une des créatures des ténèbres.

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« Ginny, tu es sûre que tu sais où tu vas ? », grogna Ron en trébuchant pour la énième fois sur une racine.

« Je vais vers les grottes. », répliqua-t-elle, imperturbable.

« Mais enfin, tout est sombre, ici. Je ne sais même pas où on est. Je paries qu'on tourne en rond. »

« On ne tourne pas… »

« En plus on n'a aucune idée de l'endroit où sont partis les autres ! », poursuivit Ron, sans se laisser interrompre.

Ginny poussa un soupir exaspéré.

« On s'en fiche ! ce qui compte, c'est de retrouver Harry.»

« Oh, avec toi, il n'y en a toujours… »

« Et il a dit qu'il nous rejoindrait là-bas. »

« Que pour Harry ! »

Le regard de Jude, qui se cramponnait à la main de Ginny, passait de l'un à l'autre au rythme des réplique.

« Ce n'est pas vrai ! », siffla Ginny, dont le visage virait au rouge. « Et puis, c'est ton ami aussi, je te rappelle ! »

« Oui, mon ami. Je ne rougis pas comme une tomate quand il me dit que j'ai une jolie robe ! », se moqua Ron.

« Un jolie… ? Tu dis n'importe quoi ! Et puis depuis quand est-ce que tu mets des robes, toi ? »

Ron ouvrit la bouche pour répliquer.

« Maintenant, ça suffit ! », rugit Ginny. « Il faut qu'on aille aux grottes. Qu'est ce que tu veux faire d'autre, de toutes façons ? Tout le monde est partit. »

« Bien ce que je te… »

Son cri s'interrompit brusquement, sa voix retomba comme un soufflet. Un sourd vrombissement s'éleva, comme une nuée d'insectes. L'onde montait de la terre.

« Qu'est ce que c'est que ça ? »

Le son s'intensifia et s'enroula autours d'eux, se faisant plus aigu. Des dizaines de petites créatures s'insinuèrent dans leurs cheveux, leurs manches et leurs chaussures, leurs dents minuscules mordant dans la chair.

« Des siffleurs ! », s'écria Ron.

Jude plaqua une main sur ses yeux, l'autre toujours cramponnée à celle de Ginny.

« La lumière a du les faire sortir ! »

« Courrez ! », rugit Ron.

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Une chape de pierre et de plomb tomba sur sa poitrine, éjectant l'air de ses poumons. Un vide énorme, dévorant, envahit son estomac.

La terreur.

Inutile de courir…

La terreur et rien d'autre, la terreur qui ne laissait place à aucun autre sentiment, aucune pensée.

Cécrops avait certes été effrayant, avec ses menaces et ses doigts comme des serpents, mais Cécrops était réel. Il était humain, tangible.

L'être n'était qu'un brouillard compacte. Créé pour servir l'immense Ordre des Ténèbres, et qui s'effacerait une fois sa tâche achevée.

Il t'emmène et c'est fini. Fini, plus rien. Plus de maman, plus de Jude. Plus d'espoir.

Rien. Fini. Finifinifinifinifini

Les mots tournoyaient, sans but ni sens, dans le vide qu'était devenu son esprit.

A l'aide quelqu'un… Maman Rémus Ron n'importe qui

A sa manière, indéfinissable, absurde, presque grotesque, l'être avança.

Puis le mot surgit. Un nom auquel il n'avait plus pensé depuis longtemps, un nom qu'il n'avait jamais plus appelé depuis sa toute petite enfance, même au cœur de la nuit, quand tout était sombre et inquiétant.

Papa !

La créature s'approcha encore.

« Papa ! », un vrai cri, cette fois. Même si personne ne répondit.

Personne ne répondit, mais, dans le tumulte de la peur, Harry entrevit une autre idée, intimement liée à la première.

La baguette !

La baguette, dans le sac à dos, oubliée dans une ruelle anonyme, au cœur de Pré-au-lard.

La baguette…

L'être continuait sa lente avancée, implacable. Les secondes s'étiraient, interminables, comme le faisaient les heures depuis le début de cette nuit sans fin.

Parce que c'est pour toi, petit bonhomme, parce que ça t'appartient.

Des kilomètres les séparaient encore, Harry et la créature. Mais ça n'avait pas d'importance, aucun n'était pressé. Harry parce qu'il savait qu'il ne reverrait plus la lumière du jour, et l'autre parce qu'il savait qu'à la fin, inéluctablement, il gagnerait.

On ne lui échappait pas.

Pas tout de suite, mais quand tu en aura besoin, poursuivit la voix de son père dans un coin de sa tête.

« C'est maintenant que j'en ai besoin papa ! », cria-t-il. « T'entends ? Maintenant ! »

Il ferma les yeux pour ne plus rien voir, pour oublier, même. Pour ne pas se voir disparaître.

Mais une force inconnue, la chaleur contre sa paume et le picotement dans ses yeux le força à les rouvrir. Et son cœur fit un bond dans sa poitrine.

La baguette était dans sa main.

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La petite troupe des enfants du village s'enfonçait de plus en plus péniblement dans la forêt. Conan Treps paraissant décidé à rester en retrait, Mitchell Barnes, pour une fois, avait prit la tête.

Tout était noir autours d'eux. D'abord rassurante, l'obscurité était vite devenue aussi inquiétante que la lumière. Les plus jeune avaient reculé vers le milieu de la colonne, s'agrippant craintivement aux mains des aînés.

Mitchell n'avait aucune idée de l'endroit où il allait. Son père lui avait simplement dit de s'enfoncer le plus profondément dans les bois, et peu importait la direction.

Les petits trébuchaient de plus en plus, et leur progression ralentissait d'autant. Mitchell contournait lentement un buisson de ronces, quand deux garçons surgirent devant lui.

Le premier aurait facilement pu passé pour l'un « des leurs », avec sa figures toute sales, ses cheveux bruns en bataille et son tee-shirt déchiré ; pas l'autre.

Il n'avait pas meilleure mine, pourtant ; mais ses cheveux pâles et son regard hautain, Mitchell connaissait.

Drago Malfoy.

« Qu'est ce que tu fiches ici ? », siffla Mitchell.

« Moi ? Oh, rien ; juste une promenade. », répliqua Malfoy, sarcastique.

Mais son ton hargneux et la poussière sur ses joues démontaient son allure nonchalante.

« Et lui, il vient du campement ? », fit Mitchell en désignant le premier enfant.

« Oui ! », lança un garçon derrière lui avant que Malfoy n'ait eu le temps d'ouvrir la bouche. « C'est un des frères Gorgone. »

« Les frères Gorgones ? », souffla une fille à côté de lui.

Et la rumeur se propagea comme une traînée de poudre le long de la colonne. « Des gosses du campement ? », « Oui, Malfoy et le petit Gorgone… », « Ils sont pas avec Cécrops ? ».

« Où vous allez ? », demanda Malfoy.

Mitchell s'apprêtait à hausser les épaules et répondre qu'il n'en avait, au fond, aucune idée ; quand Conan surgit derrière eux.

« Qu'est ce que ça peut te foutre, espèce d'enfant de salaud ? », grinça-t-il, l'air mauvais.

Malfoy se raidit, de nouveau sur la défensive. Son jeune compagnon recula prudemment.

« Moi aussi, j'aimerais les éviter, ces foutus bestioles. », répliqua-t-il.

Conan fit un pas en avant, le front belliqueux. Ses intentions étaient claires, il cherchait la bagarre. Mitchell hésita à intervenir ; jamais encore il ne s'était opposé à Conan, mais Malfoy était d'avance an mauvaise posture : il ne faisait pas le poids.

« A qui tu veux faire croire ça ? », cracha Conan. « Ils ne te feront rien, à toi. Tu es l'un de ces fils de putes ! Ta putain de mère couche avec le diable ! »

Le poing de Malfoy partit, manqua. Conan, qui n'attendait que cette occasion, se rua en avant. Les deux garçons roulèrent sur le sol, se débattant pour garder le contrôle de la bataille. Mais la lutte était inégale ; Drago Malfoy se retrouva bientôt le visage contre la terre, le bras de Conan pressant fermement contre son cou.

« Tu fais moins le malin, hein ? », siffla-t-il, avec dans la voix une note de triomphe, mais sans joie.

« Lâche-moi. »

« Pas avant que tu nous dises ce que vous foutez là, toi et ton copain. »

« Lâche-moi, connard ! »

Malfoy gesticulait, tentant de s'écarter, mais Conan pesait de tout son poids sur son dos.

« On est là parce qu'on savait pas où aller ! », intervint le petit garçon, qui s'était réfugié derrière Mitchell. « On n'a pas pu rejoindre les autres… »

« Les autres ? », répéta Conan, d'une voix glaciale. Il se pencha vers Malfoy. « Pourquoi, ils planquent où, tes petits copains ? »

« Ferme-la, Vincent ! », rugit Malfoy alors que le garçon ouvrait de nouveau la bouche.

Le poing de Conan heurta sa mâchoire, et il ne pu retenir un cri de douleur. Mitchell frémit et Conan eu un sourire satisfait. Il leva de nouveau le poing, et Malfoy ferma les yeux, attendant le coup.

Qui ne vint jamais.

Conan s'immobilisa, son bras figé en pleine course. Il ne regardait plus Malfoy, mais les arbres, loin au-delà du sommet de sa tête. Sa bouche s'entre ouvrit légèrement.

« Conan ? », souffla Mitchell.

Conan ne lui accorda pas un regard.

« Les mecs ? », murmura-t-il. « Ils sont là. »

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Et maintenant ?

Le contact du bois dans sa main était réconfortant. La force, mystérieuse et palpitante, qui coulait dans ses doigts le rassurait un peu. C'était comme d'être initié à un secret aussi vieux que l'était le monde.

Et maintenant ?

La baguette pouvait-elle seulement l'aider ? Harry crispa le poing, avec une avidité nouvelle, autours du bois lisse.

Le monstre, lui, ne broncha même pas.

Papa… Qui que ce soit… Ne me laissez pas tomber maintenant !

Il devait y avoir quelque chose, un moyen. Personne n'avait encore échappé aux créatures des ténèbres, mais personne n'avait jamais eu une telle arme dans le combat.

Il était tout près, à présent. Harry pouvait sentir le froid, le froid et une étrange sensation de vide, comme un dégoût de la vie elle-même.

Spéro patronum

Il voulu reculer, mais ses jambes semblaient figées, ancrées fermement dans le plancher.

Spero patronum

Comme si des racines partant de ses chaussures avait traversé les lames de bois.

Spero patronum

Une troisième fois, les mots surgirent dans son esprit, absurdes et incompréhensibles. Sous son manteau de ténèbres, la créature amorça un mouvement.

SPERO PATRONUM !

Et cette fois, Harry comprit. Peut-être trop tard, mais il comprit.

Plus lentement encore que la créature, il tendit le bras en avant, pointant la baguette vers lui, comme un couteau aiguisé et menaçant.

« Spero patronum ! », cria-t-il.

Rien ne se produisit. Le bras se rapprocha lentement de son visage, traquant la peau, la chaleur, cherchant une prise.

« Spero patronum ! »

Une prise pour l'emporter.

« Spero patronum ! spero patronum ! Spero patronum !SPERO PATRONUM !"

Cette fois, un léger brouillard, blanc, s'échappa de la baguette pour contrer la créature. Le bras retomba, le froid s'effaça un peu.

Mais la trêve ne dura pas.

« Spero… », murmura Harry.

Sa voix se figea dans la poitrine. Le mince écran de fumée ne tarda pas à disparaître. Ses genoux faiblissaient et une profonde lassitude l'envahit. Il n'allait pas tarder à s'effondrer, le front tout droit dans la cape de la créature.

Déjà le monde palissait autours de lui. Le sol ondoyait sous ses pieds, qui pourtant lui semblaient solides comme des blocs de glaces. Il bascula en avant, son esprit irrésistiblement attiré par une brume irisée, où il distinguait à la fois la pureté de la lumière naissante et les ténèbres de la fin.

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« SPERO PATRONUM ! »

L'incantation, proférée d'une voix formidable, imposante, résonna un moment contre les murs de la petite pièce. Il sembla à Harry que la brume claire s'extrayait de son esprit pour surgir devant lui.

« SPERO PATRONUM ! »

Il put de nouveau bouger, libéré de l'étrange sortilège. Il se redressa lentement, et eut juste le temps de voir s'effacer le brouillard blanc, semblable à celui qu'il avait produit quelques secondes plus tôt.

La créature avait disparu.

A sa place se tenait le vieil homme rencontré la veille ; sa cape dorée jetée sur son épaule et une baguette magique à la main.

« Vous… », bégaya Harry.

L'homme se pencha vers lui, pliant gracieusement sa longue silhouette, et lui tendit sa main libre. Trop hébété pour réagir, Harry la saisit et l'homme le remit sur ses pieds.

« J'ai bien crut que je n'arriverais pas à temps. », lui dit-il.

« A temps ? », répéta Harry. « Mais qu'est ce que vous faîtes là ? Comment avez-vous su… ? Où est-il parti ? Et puis qu'est-ce que… »

L'homme leva une main. Haut. Ses doigts frôlant le nez de Harry.

« Du calme mon garçon. Tu ne risque plus rien. Je suis venu ici pour t'aider ; il ne reviendra pas. »

« Qui ? »

« Tu as trois questions. »

Harry fronça les sourcils, perplexe. Trois questions ? Comment ça, trois questions ?

« Je répondrait à trois de tes questions. », expliqua calmement le vieux sorcier. « Ensuite, tu t'en ira. »

Harry ouvrit la bouche pour répliquer que tout ce qu'il voulait savoir ne tiendrait jamais en trois question, mais l'homme leva de nouveau la main, implacable, alors il n'en dit rien.

Au lieu de cela il posa la question la plus évidente.

« Comment va ma mère ? »

L'homme eut un sourire.

« Elle va bien, Harry. Elle s'est endormie. Quand elle se réveillera demain matin, elle se sentira plus forte qu'elle ne l'a été toute cette semaine. »

« Qu'est ce que vous lui… »

Il s'interrompit juste à temps. Elle allait bien, pour l'instant. Peu importait pourquoi, ou grâce à qui.

« C'est vous qui m'avez envoyé la baguette de mon père ? »

« C'est ta baguette, Harry, pas celle de ton père. Je ne te l'ai pas envoyée, tu as fait ça tout seul. »

« Mais elle était restée dans le sac à dos ! », protesta-t-il, incrédule.

« La volonté est une grande puissance. Je n'ai fait que te souffler la formule, Harry. Le reste, tu l'as fait toi-même. »

Harry se laissa retomber sur le sol, appuyant son front sur ses genoux. Comment avait-il pu faire traverser tout le village à une stupide baguette en bois ? C'était ridicule !

« Ta troisième question, Harry ? », fit le vieil homme d'une voix douce.

Cette fois il ne réfléchit pas. Il posa la première question qui lui traversa l'esprit.

« Qui êtes-vous ? »

Alors le vieil homme souleva un pan de sa cape. Il en sortit un vieux sac de cuir aux lanières cassées. D'un mouvement de sa propre baguette, il le répara. Il le tendit ensuite à Harry.

« Qui je suis ? Je suis ton guide, Harry. »

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Les bruits cessèrent.

Ils venaient d'atteindre la paroi rocheuse quand, aussi brusquement qu'il avait commencé, le vrombissement aigu des siffleurs se tut.

Jude le premier s'immobilisa, Ron et Ginny étant trop occupés à chasser les derniers insectes de leurs cheveux et leurs vêtements.

Puis, lentement, leurs bras retombèrent.

« On n'entend plus rien… », souffla Ron, les sourcils froncés.

Ses mains et son front étaient couverts de minuscules écorchures, tout comme Jude. Mais c'était Ginny qui avait été la plus touchée ; un large hématome d'un violet inquiétant ornait sa tempe et une blessure sur son épaule saignait abondamment.

Jude attrapa sa main et la serra de toute ses forces. Elle baissa les yeux vers le petit garçon, inquiète. Il avait les yeux fixés au loin et respirait lentement, comme s'il cherchait à reprendre son souffle. Une goutte de sang perla d'une coupure sur son front et glissa jusque dans ses sourcils.

Le temps resta suspendu une fraction de seconde. Le vent retomba, les bruits de la nuit se turent.

Pendant une fraction de seconde.

Ils entendirent le premier cri bien avant de les voir apparaître. Un cri d'enfant. Ginny crut reconnaître la voix de Mitchell Barnes, mais c'était difficile à déterminer.

D'autres voix firent écho. Emily Dickson, Randall Jones, Daniel Pierce, et d'autre, méconnaissables.

« Tu crois que ce sont eux ? », fit-elle dans un murmure urgent.

« Il ne vaut mieux pas attendre de le savoir ! », répliqua Ron. « Viens, on se tire. »

Déjà ils distinguaient la silhouette massive de Conan qui descendait vers eux.

« Courrez ! », rugit-il. « Barrez-vous de là ! »

Ginny fila la première, entraînant Jude, vérifiant d'un coup d'œil par dessus son épaule si Ron suivait. En courant, ils longèrent la falaise, en direction des grottes, tandis que, derrière eux, les autres enfants fonçaient vers les collines.

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Elle aperçut Harry avant de distinguer leur point de repère – le grand cercle bleu, sur la roche pâle. Son visage était blâme et une longue écorchure courait le long de sa joue gauche, mais il ne lui parut pas sérieusement blessé.

Jude lâcha sa main et courut vers son frère. Ron poussa un bref soupir de soulagement à la vue de son ami.

« Ils sont derrière nous ! », lui cria-t-il.

Harry hocha la tête – j'avais remarqué, merci ! – leur faisant signe de se dépêcher. Ginny remarqua qu'il tenait quelque chose, à la main. Un fin bâton de bois – une baguette ? Peu probable, où l'aurait-il eu ?

« Il n'y a pas le choix, », souffla-t-il quand elle fut parvenue à sa hauteur. « vous devez venir avec moi… »

« Venir avec toi ? », répéta Ron sans comprendre. « Mais où ça ? »

Sans répondre, Harry leva le bâtonnet – qui finalement ressemblait de plus en plus à une baguette magique – et appuya la pointe contre le tracé bleu. Lentement, il abaissa son bras, redessinant le cercle de la pointe de sa baguette.

« Mais qu'est-ce que… », bégaya Ron.

Ils en avaient presque oublié les lueurs qui se rapprochaient derrière eux. Au fur et à mesure que Harry le suivait, le contour bleu du cercle se mettait à briller ; et, à l'intérieur, la roche se faisait plus pâle, presque comme si elle disparaissait.

« Ca marche… », souffla Harry, pour lui-même.

Bientôt, la baguette rejoignit son point de départ, et le cercle fut complet, et la roche semblait presque translucide.

« Il vaut traverser, vite ! », fit Harry.

« Traverser ? », répéta Ginny sans comprendre.

En guise d'explication, Harry appuya sa main contre la roche, tout près du cercle. Puis il poussa légèrement, penchant son corps en avant.

Son bras passa à travers la pierre.

« Vous avez compris ? », fit-il d'un ton urgent. « C'est un passage. C'est le seul moyen de leur échapper ! »

Un passage, mais pour aller où , songea Ginny en s'approchant de la paroi lumineuse. Mais bien vite, elle décida que la question lui importait peu : derrière elle, la lueur pâle avait envahit les arbres, baignant leurs feuilles avant de se heurter aux rochers.

« Qu'est ce qu'il faut que je fasse ? »

« Avance, simplement. », lui répondit Harry. « Ton corps va passer au travers. »

Elle ferma les yeux et fit un pas en avant, puis un autre, puis un troisième. Elle perçu soudain une sensation de froid, d'abord dans ses jambes, ensuite dans tout son corps ; elle comprit qu'elle avait touché la pierre.

Le froid s'intensifia, comme si un vent la traversait, puis tout cessa. Elle ouvrit les yeux.

Le même cercle bleu lui faisait face.

Elle se tourna vers la forêt. Une seconde plus tard, Ron apparut à côté d'elle, le visage très blanc et les mains tremblantes.

« Merde ! », siffla-t-il. « On est revenus au même endroit ! »

« Pas vraiment. », fit la voix de Harry, un peu plus loin.

Ginny se tourna vers lui. Il se tenait sous un grand arbre, le regard grave, Jude tout près de lui. Il se tenait sous un grand arbre, réalisa soudain Ginny, qui n'était pas là un instant auparavant, avec ses feuilles bleutées et son tronc noir.

« Où est-ce qu'on est, Harry ? », souffla-t-elle.

Il les regarda, un long moment, avant de répondre.

« On est à Poudlard. »

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