Aux reviewers :

Thamril : Merci beaucoup. J'espère que tu aimeras la suite !

Rini : Merci aussi. Oui, c'est vrai que j'aime couper là où il ne faudrait pas, désolée !

Onarluca : Merci ; et pour ta fidélité, aussi.

Polly : Alors, dans l'ordre : le sorcier de la caverne, tu vas le découvrir dans quelques lignes. Le mystère de Poudlard… Mais il n'y a que ça, des mystères, à Poudlard ; et ce n'est pas moi qui l'ai voulu. Oui, on reverra Charlie ; James, probablement pas (pas tout de suite, en tous cas) et Sirius, à voir… En tous cas, merci beaucoup pour cette review.

Thealie : Oui, je sais, ce n'était pas très gentil. Mais je pense que ça se reproduira. Pour Lily… et bien, tu vas voir.

Mirabelle P : coucou, il y avait longtemps ! contente que tu aimes.

Mellyna Yanou : Oh, dis, ne pleure pas quand même. Personne n'est mort, ce n'est pas si triste, si ? Merci d'être passée.

Merci aussi à Black-sun, Leila et Sarah.

o

o

PARTIE II :LE SILLAGE DES TENEBRES.

o

o

o

6. Le sanctuaire.

1ère partie.

o

o

Il aurait du passer hier.

Debout derrière ses étagères crasseuses, Rogue fixait le flacon en fronçant les sourcils.

Si le môme ne se dépêchait pas, elle ne vaudrait bientôt plus rien.

Mais peut-être qu'il ne viendrait pas, finalement.

Rogue ne sortait pratiquement de la cave qui lui servait d'atelier. Il occupait l'endroit depuis la Chute, et durant ces neuf années, il n'était pas sorti plus d'une dizaine de fois, et toujours à la tombée de la nuit.

Au début, c'était son apprenti Grisend qui se chargeait de lui trouver ce dont il avait besoin. Mais Grisend avait trouvé la mort lors d'une attaque massive, deux ans plus tôt. A ce que Rogue avait compris, c'était lors de cette même attaque que Lily Potter avait été touchée par ce sort qui l'avait rendue si malade.

Et puis, quelques semaines après la mort de Grisend, le môme Potter s'était pointé à l'atelier, son petit frère muet sur les talons. Des larmes dans les yeux, il avait confirmé la mort de Grisend ; puis il avait révélé que depuis quelques années, Grisend le payait pour trouver les herbes que Rogue demandait, et qu'il avait fini par lui révéler à qui elles étaient destinées.

Ensuite Potter avait proposé son marché : il continuait à trouver les plantes, et Rogue le fournissait en remède et potions fortifiantes. Rogue - dont les bocaux étaient presque tous vides après de longues semaines passées sans les services de Grisend - avait accepté à contrecœur.

Mais jusqu'à présent le garçon - tout Potter qu'il était - avait toujours été réglo. Il avait un don pour dénicher tout ce que Rogue exigeait - et ce dernier ne se privait pas pour en abuser -et était toujours fidèle au poste, deux fois par semaine à l'atelier. Du moins jusqu'à...

Jusqu'à hier.

Il savait très bien ce qu'il s'était passé, cette fameuse nuit. Il n'était ni sourd, ni stupide, et la signification de l'absence de Potter faisait son chemin dans sa tête, lentement, à mesure que les heures passaient.

Potter ne viendrait probablement plus.

Il allait devoir se trouver un autre apprenti.

Et puis le craquement de l'escalier brisa l'épais silence. Ils étaient pourtant rares, les visiteurs, par ici. Rogue releva vivement la tête et s'écarta de l'étagère, fixant la vieille porte de bois avec une attention douloureuse.

Elle s'ouvrit dans un grincement.

Mais la silhouette qui apparut n'était pas celle d'un enfant. Il était grand, les épaules basses, l'échine courbé par la fatigue, la tristesse peut-être ? Rogue comprit aussitôt ce que cette présence signifiait.

C'était Rémus Lupin, le loup-garou. Rogue avait encore la marque d'une de ses griffes sur l'épaule droite, souvenir d'une mauvaise blague, à l'époque de Poudlard.

Il le laissait approcher en silence, se contentant de le regarder. Sûrement pas lui qui l'ouvrirait le premier.

"C'est bien ce que tu avais demandé à Harry ?", laissa tomber Lupin en tendant un sac de toile.

Rogue vérifia rapidement le contenu avant d'acquiescer. Il désigna à Lupin le flacon, sur l'étagère.

"Refais-en pour la fin de la semaine.", dit simplement ce dernier en attrapant la fiole. "J'aurais ce qu'il te faut."

Et il quitta l'atelier.

Durant une fraction de seconde, Rogue eut l'envie absurde de le retenir, de crier, de lui poser la question.

Mais il connaissait déjà la réponse.

Potter ne viendrait probablement plus.

Et il laissa partir Lupin.

o

o

o

ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo

o

o

o

"Ennervate !"

"VOLEURS D'ÂMES !"

Chaud.

Un frémissement, comme une lueur, l'électrisa brusquement et il sortit de son épaisse torpeur. Il tenta d'ouvrir les yeux, mais une douleur sourde sous son crâne l'en empêcha.

Pire que chaud, brûlant.

"VOLEURS D'ÂMES !"

Il perçut à peine la voix tant ses oreilles bourdonnaient. Elle semblait venir de très loin, déformée par la distance, un formidable rugissement réduit à un souffle rauque.

"VOLEURS D'ÂMES ! SUCEURS DE VIE ! VOLEURS D'ENFANTS !"

"Ennervate !"

Il avait chaud. Très chaud. Tout son corps était moite, sa gorge en feu.

« VOLEURS D'ÂMES … »

« Ferme-là, vieillard ! Ennervate ! »

Harry ouvrit un œil. Il ne vit que du rouge. Une fumée trouble baignait la pièce d'une lueur orangée. Il referma les yeux, mais le rouge demeurait sous ses paupières closes.

« Ennervate ! »

« Ouvre les yeux, gamin. »

Le rouge se mit à tourbillonner. Une main secoua son épaule sans douceur.

« Fais pas le con, petit, je sais que tu es réveillé. »

Rouge, rouge, rouge. Harry ouvrit les yeux.

La première chose qu'il vit fut un visage. La peau sombre, des yeux bleus si pâles qu'ils semblaient presque blancs, un homme était penché sur lui.

« Tu peux parler ? », demanda-t-il d'une voix calme.

Harry ouvrit la bouche, mais ne put produire aucun son. Prit d'une quinte de toux, il s'effondra à nouveau dans la poussière.

« VOLEUR D'ENFANTS ! POURRITURE DE… »

« La ferme ! », rugit l'homme.

Il attrapa Harry par les épaules et le redressa sans douceur.

« Je commence à perdre patience, gamin ! »

Les joues brûlantes, Harry s'efforça de calmer sa respiration laborieuse. L'homme noir devant lui et la vapeur trouble qui lui piquait les yeux l'empêchait de distinguer clairement les alentours, mais il pouvait apercevoir, aux confins de son champ de vision, une forme sombre recroquevillée dans un coin de la pièce.

Il reporta son regard sur l'homme devant lui – ami ou ennemi ? – dont les mains, raides comme du métal, pressaient ses épaules contre la roche coupante.

Harry se racla la gorge, ignorant les picotements douloureux.

« Où sont… ? »

« Tes camarades ? « , acheva l'homme à sa place. « Juste là. »

Et il s'écarta légèrement pour permettre à Harry de voir le resta de la caverne. Clignant des yeux, Harry distingua dans la fumée une forme immobile aux longs cheveux, qu'il supposa être Ginny.

« Ils reviennent à eux. Ils n'auront qu'un simple mal de tête. »

Il réaffirma sa prise sur l'épaule de Harry, plaçant son visage à la hauteur du sien.

« Combien êtes-vous ? »

Harry envisagea une seconde de mentir, s'inventer une armée de sorciers surpuissants lancée à leur recherche, mais il y renonça en croisant le regard clair de l'homme ; qu'il soit bon ou mauvais, ce type-là saurait s'il lui mentait.

« Juste nous. », fit simplement Harry.

« Mais vous êtes des éclaireurs, n'est ce pas ? Les autres vont venir ? »

Harry fronça les sourcils, tentant de se concentrer. Il avait tellement soif que la tête lui tournait, et les vapeurs brûlantes semblaient s'insinuer sous sa peau.

« Quels autres ? », articula-t-il.

« Quels autres ? », répéta l'homme, l'air stupéfait, et vaguement méfiant. « Mais le Peuple Noir ! »

« Le Peuple Noir ? »

La forme sombre dans le fond de la pièce se déplia instantanément, comme une gigantesque araignée.

« LES VOLEURS D'ÂMES ! », fit la voix grêle. « TOUS CES INFÂMES DEVOREURS D'ENFANTS ! »

« Ca suffit ! », grogna l'homme noir, et la fine silhouette se ratatina de nouveau, boudeuse.

Du coin de l'œil, Harry vit Ginny se redresser. Elle regarda lentement autours d'elle, ses yeux assombris d'inquiétude. Son regard s'arrêta finalement sur l'homme-araignée qui grommelait toujours dans son coin.

Brusquement, quelque chose grinça derrière lui ; Harry reconnut le crissement de la pierre frottant contre la pierre. Comme dans la caverne au lac, il sentit le sol trembler ; mais la pièce ne bougea pas. Une ouverture toute ronde apparut dans la roche, alors qu'un bloc de pierre coulissait lentement.

Il l'entendit avant de la voir. La voix était froide et ferme, vaguement métallique, le genre de voix qui ne souffre – ni même envisage – le refus ou la critique.

« Hector ! »

Puis elle fit un pas en avant. Et Harry distingua une silhouette immense aux longs cheveux sombres, noués en catogan. Ses vêtements étaient d'une étrange couleur, un vert changeant, qui luisait comme la peau d'un serpent.

Elle pencha son front hautain en direction de l'homme noir qui agrippait toujours le bras de Harry.

« Sais-tu ce que j'ai entendu ? », elle se pencha encore, et Harry put voir ses yeux, si sombres qu'on ne pouvait distinguer l'iris de la pupille. « Des prisonniers du monde noir. Des ennemis, ici ! Mais pourquoi ferais-tu une chose pareille, Hector ? Tu sais bien qu'on ne garde pas de prisonniers ! »

Harry essaya de ne pas trop réfléchir à ce qu'elle pouvait entendre par là. Ginny recula imperceptiblement, s'enfonçant dans l'ombre.

« Ce sont des enfants. », répondit l'homme.

« Ce ne sont pas des enfants, ce sont des monstres. Si on ne les tue pas aujourd'hui, ils reviendront pour nous égorger dans cinq ans. »

« Excusez-moi… », risqua Harry, mais elle continua sans lui prêter attention.

« Ils sont tombés bien bas, vraiment. Voilà que maintenant ils nous envoient leurs petits. »

« Personne ne nous a… », tenta de nouveau Harry.

« C'est un piège, Hector. Ils espèrent que leurs rejetons réussiront là où ils échouent. Il ne faut pas les laisser faire, il faut faire un exemple ! »

« Mais nous ne sommes pas… »

« Qu'est ce que tu veux dire ? », souffla Hector.

A ces mots, l'homme au fond de la pièce s'anima de nouveau.

« UN EXEMPLE ! EVENTREZ-LES ! DETRUISEZ-LES TOUS ! »

« Tais-toi ! », siffla Hector.

« Tu sais très bien ce que je veux dire. », lui répondit calmement la femme. « Ces monstres ne méritent pas de vivre ! »

« Mais je ne suis pas un monstre ! », s'écria finalement Harry.

Tout le monde se tourna vers lui, même l'homme-araignée.

« Nous ne sommes pas des monstres. Je n'ai aucune idée de ce que vous racontez, mais je n'ai jamais égorgé personne ! »

Les yeux noirs le détaillèrent un moment, puis s'arrêtèrent sur Ginny, qui observait la scène, figée.

« Vraiment ? », fit-elle en se tournant de nouveau vers Harry. « Dans ce cas, comment explique-tu ceci ? »

Et elle ouvrit le poing, lentement, découvrant un objet que Harry connaissait bien.

C'était la baguette magique.

o

o

o

ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo

o

o

o

Rémus ouvrit lentement les yeux. Tout droit, au-dessus de lui, il voyait le vieux plafond. Les longues fissures sinueuses faisaient comme des serpents rouges dans le soleil levant.

La pleine lune s'effaçait une fois de plus, le laissant affalé sur le sol. La fine couverture de tissus semblait adhérer à la peau de son ventre, et son bras gauche le lançait horriblement. Sous son dos, les vieilles planches râpaient ses épaules.

Il mit plusieurs minutes à percevoir une seconde présence dans la pièce. Lentement, il fit pivoter son cou. L'intérieur de la cabane défila devant ses yeux brûlants. Les vieilles poutres du plafond, les toiles d'araignée, le mur poussiéreux. Son regard s'arrêta finalement sur le vieux lit crasseux.

Là, assis en tailleur sur le matelas nu, Harry l'observait en silence.

Rémus eut un sursaut. Jamais encore il n'avait vu le petit garçon ici, il ignorait même que Harry connaissait l'endroit.

« Salut. », souffla doucement Rémus.

Harry releva les yeux, sans sourire. Il bougea doucement, se redressa, s'approcha comme pour toucher Rémus. Au dernier moment cependant, il se ravisa ; s'asseyant au bord du lit, les jambes pendantes. Rémus laissa son regard retomber sur ses chaussures. Elles étaient déchirées. Il remarqua aussi qu'il manquait plusieurs centimètres au bas de son jean. Qu'il avait donc grandi, ces temps-ci ! Un vrai petit homme, depuis l'arrivée du bébé, comme disait Lily.

C'était une pensée étrange, presque effarante, de se dire que les enfants continuaient à grandir, malgré tout ; même Harry, pourtant tout petit encore, à six ans. Comme si on attendait d'eux qu'ils se figent jusqu'à ce que leur monde reprenne son souffle ; pour qu'on puisse s'occuper d'eux quand tout irait bien.

« Salut. », répondit Harry.

Ce matin-là, il n'avait rien du petit homme de Lily, pourtant. Ce matin-là, il ne souriait pas, et ce fut une douleur de plus dans le ventre de Rémus ; parce que Harry savait toujours quand sourire – quand les autres avaient mal.

Il se força à se redresser. Laborieusement ; plaçant une main sur son ventre pour dissimuler la tâche rouge qui s'étalait sur la couverture.

« J'ai pensé que je devais venir. », fit Harry d'une voix calme, un peu vide. « Que je devais te dire, pour que tu saches. Pour que tu puisses consoler maman, aussi, parce que moi, je ne sais pas comment faire. »

« Comment faire quoi, Harry ? », demanda doucement Rémus.

« Pour qu'elle ne soit plus triste. Le bébé aussi, il pleure ; mais il ne peut pas savoir, hein ? Il ne peut pas comprendre ? »

Deux grosses larmes roulèrent sur les joues de l'enfant. Rémus sentit un froid envahir son ventre, juste sous la blessure. Quoi qu'il se fut passé, c'était grave.

« Harry, qu'est-ce que… »

« Est-ce qu'elle sera toujours triste, maintenant ? », souffla le petit garçon.

« Harry que s'est-il passé ? », pressa Rémus. « Dis-moi… »

Harry releva la tête et le regarda droit dans les yeux. Ses larmes se figèrent dans ses yeux et ses poings se crispèrent sur le vieux matelas.

« C'est papa. », souffla-t-il d'une voix à peine audible. « Il est parti. Ce matin, il est… Parti. »

o

o

o

Debout au seuil de la chambre, appuyé contre le chambranle de la porte, Rémus observait le visage immobile de Lily. On aurait dit un masque de pierre, comme ceux qui ornaient les murs de la salle des murmures, à Poudlard.

Non loin de lui, Amanda s'affairait. Regonflant un oreiller, lissant les couvertures.

« Comment peut-on les reprendre, une fois qu'ils les ont emmenés ? », murmura-t-il, sans savoir si la question s'adressait à Amanda ou à lui-même.

Amanda se redressa d'un mouvement raide, sa longue tresse grise roula entre ses épaules. Ses grands yeux luisaient de compassion.

« Oh Rémus, je suis si désolée… Pour les garçons… »

« Lily dit qu'ils vont bien… »

« Quoi ? », fit Amanda, en se tournant vers le lit.

« Qu'ils ne sont pas… Là où sont les autres. Harry va bien, il avait juste quelque chose à faire. », il baissa les yeux vers le sol, incapable de soutenir le regard d'Amanda. « Et Harry va bien… Alors Jude aussi, parce qu'il sait mieux que personne comment s'occuper de lui. »

Amanda fit un pas en avant, posant une main sur son bras.

« Rémus, tu sais que Lily… Enfin elle n'est pas toujours… »

Rémus releva vivement les yeux.

« Elle n'est pas folle. Amanda, ne dit pas qu'elle est folle, pas toi. »

Amanda secoua la tête.

« Elle est très fatiguée, et les garçons lui manquent. Je… Il n'y a pas qu'eux, tu sais… »

« Je sais, Amanda. Les rafles… »

« Non, je veux dire… », ses lèvres se pincèrent, elle hésita un moment. « Rémus, les gens… Ils sont en colère. Tu n'es pas descendu au village en pleine journée une seule fois depuis que c'est arrivé. Moi, si. Et je peux te dire, ils… Parlent. »

« On leur a pris leurs familles, leurs femmes, leurs frères, leurs gosses ! Amanda, c'est normal, qu'ils parlent ! »

Elle fit un pas en arrière.

« Mais ce n'est pas seulement ça. Rémus… Personne au campement n'a disparut. Pas le moindre môme. Et au village ils disent… des choses. Si l'Ordre les entendait, tu sais… Mais ils parlent quand même. Ils sont trop en colère pour avoir peur. As-tu seulement vu le Charlie Weasley, ces temps-ci ? », elle frémit. « Moi, oui. »

Rémus resta silencieux un long moment, détaillant le masque de pierre de Lily.

« Qu'est que tu crains ? », murmura-t-il finalement.

Elle haussa les épaules.

« Je n'en sais rien, mais j'ai un mauvais pressentiment. Il y a quelque chose de mauvais, dans cette ville. »

Rémus eut un petit rire sans joie.

« Alors ça, ce n'est pas nouveau. »

o

o

o

ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo

o

o

o

« C'est… C'est à moi. », souffla Harry.

« Ca, je veux bien le croire, » rétorqua-t-elle. « Mais ce que je voudrais savoir, c'est qui est mort, pour que tu l'ais. »

Harry sentit son souffle se coincer dans sa gorge.

« Personne ! »

« Tu essaies de me faire croire que tu es un… sorcier ? »

Il y avait un accent moqueur dans sa voix, comme si cette simple idée était totalement ridicule.

« Mais… Oui ! »

« Ne te moque pas de moi ! », ses yeux lancèrent des éclairs. « Où sont les autres ? Combien sont-ils ? »

Harry sentit la panique le gagner.

« Mais il n'y a personne d'autre. Juste nous quatre, et nous venons du village et… »

« Du village ? », répéta l'homme noir. « Attends une seconde ! », ajouta-t-il en levant une main vers la jeune femme.

« Il ment. », siffla-t-elle. « Les humains du village sont incapables de passer. Les puissances de la forêt les en empêchent. »

Elle darda Harry de son regard venimeux.

« Nous porterons cette histoire au conseil, si tu le souhaite, Hector. Mais je voterais en faveur d'une exécution publique, et je sais déjà que les autres en feront autant. »

Harry eut un sursaut au mot « exécution ». L'angoisse courut dans ses veines et le sang tambourina au-dessus de ses oreilles.

« Vous ne pouvez pas faire ça ! », se récria-t-il. « Nous ne vous avons rien fait… »

Une gifle sèche l'interrompit. Elle l'avait frappé, à la façon d'un jeune enfant insolent. Comme s'il n'avait pas été question de son exécution, et de celle de ses amis.

« Garde ta salive. », lâcha-t-elle, glaciale. « Le conseil te laissera peut-être parler. »

Et elle se releva d'un mouvement gracieux. Son regard de prédateur s'arrêta une seconde sur le visage blême de Ginny, puis elle quitta la pièce.

Hector se redressa à son tour, ses yeux s'attardant sur Harry.

« Le conseil vous jugera. Et il sera juste. S'il ordonne la mort, c'est que vous la méritez. »

Il s'éloigna, s'arrêtant une seconde devant l'homme-araignée, recroquevillé dans l'ombre.

« Toi, tu restes là, et tu les surveilles. », ordonna-t-il.

L'étrange personnage redressa la tête et lui sourit, une lueur de convoitise brillant dans ses yeux humides.

« Les voleurs d'âmes vont être brûlés ? », demanda-t-il d'une voix suave, presque servile.

Hector ne se donna pas la peine de répondre.

o

o

o

« Quoi ? »

Le regard de Ron passa de Harry à Ginny puis de nouveau à Harry en moins d'une fraction de seconde. Dans sa voix, l'incrédulité se teintait de frayeur.

« Ils veulent nous quoi ? »

Aux pieds de Harry, Jude dormait toujours. Ginny et Harry avaient décidé se mettre simplement Ron au courant.

« Elle a parlé d'un procès, d'exemples… Ils ont déjà été attaqués, apparemment ils croient qu'on leur en veut. », fit Harry.

« Que nous en avons après eux ? », s'exclama Ron. « Mais qu'est-ce qu'on pourrait bien leur faire, hein ? »

Harry haussa les épaules.

« En tous cas, il faut se tirer d'ici. », marmonna-t-il.

Il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule. L'homme-araignée n'avait pas bougé. Son visage était dissimulé par les ombres, et il était impossible de dire s'il les observait ou pas.

« Je vous l'avais dit, » grogna Ron. « Je vous l'avais bien dit qu'il ne fallait pas descendre ! Bon sang, mais ils sont complètement cinglés. »

« Ils pensent qu'on est… une sorte de monstres. », expliqua doucement Ginny.

« Le Peuple Noir. », précisa une voix nouvelle.

Une silhouette apparut derrière les pierres. Un enfant, apparemment, il semblait à peine plus haut que Ginny. Il marchait lentement, tenant précautionneusement un plateau métallique.

Lorsque l'étranger arriva à leur hauteur, Harry réalisa que c'était une fille. Elle avait de longs cheveux, et ils étaient tout emmêlés.

« C'est comme ça qu'on vous appelle. », confirma-t-elle en hochant la tête. « Vous ne le savez pas ? »

« On n'appartient pas à ton foutu Peuple Noir. », répliqua Ron.

Elle fronça le nez dans sa direction.

« Il est inutile d'être grossier. Et puis, c'est ce qu'ils racontent tous, en bas. De toutes façons je m'en moque, que vous soyez du Peuple Noir, j'ai lu dans plusieurs livres que leurs enfants n'avaient pas le droit de tuer. »

Elle posa le plateau au sol.

« C'est de l'eau. », leur dit-elle. « Elle est froide, mais vous devriez faire vite, les gobelets sont en métal. Ca chauffe très vite, par ici. »

« Pourquoi se donner la peine de nous faire boire, s'ils veulent nous tuer ? », siffla Harry.

La jeune fille parut choquée.

« Ce n'est pas parce que vous allez être condamnés que l'on doit vous maltraiter. Nous ne sommes pas des barbares, quand même ! »

« Bien sûr que non… », grinça Ron. « Vous distribuez des verres d'eau avant de couper des têtes, c'est ce que j'appelle être civilisé ! »

« Mais on ne coupe pas la tête des condamnés ! », se récria-t-elle. « Ils sont exécutés par le feu. »

« Oh, alors je ne vois pas pourquoi je m'inquiète ! », répliqua Ron, sarcastique. « On va simplement nous brûler. »

Elle le regarda curieusement, ne comprenant visiblement pas la moquerie.

« Mon frère a dit la vérité. », dit soudainement Ginny. « Nous n'avons rien fait de mal. »

La jeune fille l'observa un moment.

« C'est possible, mais je crois qu'ils s'en fiche, au fond. »

« Quoi ? », fit Ron.

« Le dernier enfant qui a disparu était le fils d'Anne et Thomas. Ils sont très aimés chez nous ; les gens sont très en colère. Ils veulent voir quelqu'un payer, peu importe qui. Il ne faut pas leur en vouloir. »

« Il ne faut pas leur en vouloir ? », s'étrangla Ron.

Harry se pencha en avant pour prendre l'un des gobelets. « Laisse-moi parler. », souffla-t-il à Ron en se redressant.

« Comment tu t'appelles ? », demanda-t-il à la jeune fille.

« Hermione. », répondit-elle.

« D'accord. Hermione, est-ce que tu sais comment on pourrait convaincre ton peuple que nous ne sommes pas du Peuple Noir ? »

Elle haussa les épaules.

« Notre conseil est très sage. Il verra la vérité. »

« Cette femme, tout à l'heure… Elle n'avait pas l'air de voir grand chose. », coupa Ginny.

Hermione se tut et les regarda un par un. Elle semblait hésiter à partir. Le silence revint un moment dans la petite caverne.

« Qu'est ce qu'il fait chaud. », souffla finalement Harry.

Il sentait le gobelet se réchauffer dans sa main. Il se pencha sur Jude et le secoua doucement.

« Jude… »

« S'il fait chaud c'est parce que nous sommes au sommet des grottes. », expliqua Hermione en suivant la scène du coin de l'œil. « Juste au-dessus des bassins de lave. »

Jude se redressa lentement, le regard inquiet. Ses yeux s'arrêtèrent sur Hermione, qu'il détailla un long moment. La jeune fille finit par détourner son visage, mal à l'aise.

Harry tendit le gobelet métallique à son frère.

« Bois-le pendant que c'est encore frais. »

Hermione hésita un moment, puis se tourna de nouveau vers Jude.

« Quel âge as-tu ? », lui demanda-t-elle doucement.

« Il a cinq ans. », répondit Harry en la regardant droit dans les yeux. « Il ne parle pas. Mais il entend tout »

Elle regardait toujours Jude.

« Les gens racontent aussi que tu prétends venir du village, dehors. », murmura-t-elle. « Est-ce que c'est vrai ? »

« Oui. »

« Alors comment tu as fait ? », elle redressa un peu la tête, comme s'il elle espérait le prendre en flagrant délit de mensonges. Son regard évita soigneusement Jude, cette fois-ci.

« J'avais une baguette magique. », répondit Harry.

Elle eut un sursaut.

« Quoi ? Une vraie baguette ? »

Elle les dévisagea tour à tour, stupéfaite. Harry acquiesça.

« Alors… », murmura-t-elle. « Alors il y a peut-être un moyen de les convaincre. »

o

o

o

ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo

o

o

o

Le breuvage était prêt, de nouveau. Rogue connaissait les instructions par cœur, depuis le temps qu'il en fabriquait pour Lily Potter. Le liquide clair reposait dans le chaudron, le faible feu ronronnant tranquillement.

Il allait bientôt manquer de chantre gris, songea-t-il en observant les bocaux.

Puis, ses yeux s'arrêtèrent sur les cœurs de feu, qui lui renvoyaient leur éclat rouge vif derrière la paroi de verre. Il les fixa un long moment, comme hypnotisé ; avant de détourner le regard d'un mouvement brusque.

Il n'est même pas capable de respecter les délais, je le savais, qu'il ne fallait pas faire confiance à un loup-garou.

Des pas retentirent dans l'escalier. Les marches craquaient et gémissaient dans l'ombre. Puis, la porte s'ouvrit dans un grincement.

Lupin ?

Mais ce n'était pas lui.

C'était John Cécrops.

« Bonsoir, Rogue. Je crois que le moment est venu de payer ta dette. »

o o

ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo