Aux lecteurs/reviewers.
Toutes mes excuses pour le retard. Je n'ai pas eu une minute à mois depuis la rentrée et je n'ai recommencé à écrire qu'au début des vacances de Noël.
J'espère que ce chapitre vous plaira, et que vous n'avez pas encore tout à fait oublié cette histoire.
J'espère aussi que tout le monde passe de bonnes vacances.
Joyeux Noël à tous !
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PARTIE II :LE SILLAGE DES TENEBRES.
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6. Le sanctuaire.
2ème partie.
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« Il faut que tu récupères cette baguette. »
Harry se redressa vivement.
« Quoi ? »
« C'est la seule solution. » répliqua Hermione.
« Mais on ne sait même pas où elle est ! »
Il coula un regard en direction du vieil homme.
« Et puis comment sortir d'ici ? »
« Qu'est ce que tu veux en faire, de cette baguette ? », demanda Ginny à Hermione.
« J'ai lu ça dans un des livres d'Hector. Il existe un sort que le peuple noir ne peut accomplir. Il faut être humain pour pouvoir le faire. »
« Donc si Harry leur fait ce tour de magie, ça leur prouvera qu'il est humain, c'est ça ? », comprit Ron.
« J'espère, oui. », murmura Hermione.
« Et c'est quoi, ce sort ? », s'enquit Ginny.
Harry sentit son faible espoir retomber. Il y avait peu de chances pour que ce soit Lumos.
« Le sort du Patronus. », répondit Hermione.
« Le quoi ? »
« Un sort de protection. »
Spero patronum… Le sortilège du vieil homme, celui qui repoussait la créature des ténèbres ?
« Je crois que je sais ce que c'est. », murmura Harry, alors que Jude le considérait gravement. « Mais comment récupérer la baguette ? Tu pourrais aller la chercher, Hermione ? »
La jeune fille eut un sursaut.
« Pas question ! Voler un objet sous la garde des guerriers, c'est un crime grave ! »
« Et nous griller vivants ! », s'exclama Ron. « Ce n'est pas un crime grave, peut-être ? »
La forme sombre au fond de la salle remua doucement, le tissu de ses vêtements bruissant contre la pierre. Ron pâlit et baissa la voix.
« Tu peux bien faire ça, non ? », souffla-t-il à Hermione.
« C'est impossible, je te l'ai dit. », répliqua-t-elle. « Je me ferais prendre tout de suite et… »
« Mais alors qu'est ce que tu veux qu'on fasse ! », intervint Ginny.
« On ne peut pas la récupérer maintenant, mais je peux peut-être m'arranger pour que vous l'ayez au procès », répondit Hermione. Elle se tourna vers Harry. « Tu sais faire ce sort ? »
Harry songea à la maigre fumée qui était sortie de la baguette, la nuit précédente.
« Non. », répondit-il.
« Non ? »
« Je n'ai pratiquement jamais fait de magie. »
La jeune écarquilla les yeux.
« Tu as une baguette et tu n'as jamais fait de magie ? »
Harry haussa les épaules.
« Je l'ai depuis quelques jours, c'est tout. »
« Qui te l'a donnée ? »
« Mon père. »
Le regard de Jude, rapide comme celui d'un faucon, se tourna brusquement vers lui. Mais, fidèle à son habitude, le petit garçon ne souffla pas mot.
« J'ai déjà essayé le sort du Patronus », poursuivit Harry. « mais je n'ai fait apparaître que de la fumée. »
« On est foutus. », marmonna Ron, en laissant retomber l'arrière de son crâne contre la paroi rocheuse.
Hermione grimaça.
« De la fumée, ce n'est déjà pas si mal. D'après ce que je sais, il ne se passe rien du tout, la première fois. »
« Et la deuxième ? », grogna Harry. « Parce qu'apparemment je ne vais pas vraiment avoir le temps de m'entraîner ! »
Ginny s'affala contre son frère, la mine pâle.
Hermione le considéra un moment, se mordillant la lèvre.
« Si ça peut t'aider, le truc, c'est de penser à un souvenir heureux. »
« Un souvenir heureux ? », répéta-t-il, incrédule.
« C'est ça, Harry ! », ricana Ron. « Pense à tous ces moments où tu n'étais pas enfermé dans une caverne sinistre en attendant de te faire griller comme une volaille. »
Harry vit les yeux d'Hermione s'étrécir. Elle se tourna vers Ron dans un mouvement brutal.
« J'essais de vous aider, je te signale. Je ne vous ai rien demandé, moi ! Si vous ne voulez pas de mon aide alors vous n'avez qu'à… »
« Non ! », se récria Harry, foudroyant Ron du regard. « On veut que tu nous aides, je te jure ! Je suis sûr que Ron est désolé… »
Il coula un regard vers son ami, mais celui-ci se contenta de hausser les épaule, visiblement pas d'humeur à présenter des excuses.
« D'accord. », soupira Hermione. « Je serais au procès demain matin. Tu auras la baguette. »
Elle se redressa, apparemment pressée de s'en aller. Elle regarda Harry et Jude une dernière fois.
« Je suis sûre que tout ira bien. »
Et elle s'éloigna, en faisant un léger détour pour éviter leur sinistre gardien. Ron suivit sa progression d'un œil morne.
« Je ne sais pas pourquoi, » marmonna-t-il. « mais ça ne me rassure pas vraiment. »
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Rémus sortit du couvert des arbres, descendant la colline d'un pas lent qui trahissait sa fatigue. Il cligna des yeux dans la lumière encore pâle : ça faisait près de quarante-huit heures qu'il n'avait pas vu le soleil, confiné dans la pénombre de la chambre de Lily.
Malgré l'heure matinale, l'air était déjà brûlant et avait cette senteur des mois d'août, un mélange de poussière et d'herbe sèche. Rémus emprunta le mince chemin. Celui qui serpentait entre les herbes hautes pour achever sa course dans un jardin à l'abandon, en contrebas. Ce chemin, il l'ignorait, Harry l'avait emprunté en sens inverse en compagnie de son frère, de Ron et de Ginny Weasley, une sensation de sourde panique lovée au creux du ventre, quelques nuits plus tôt.
Cette impression de mort et d'abandon qui baignait les environs semblait plus présente encore dans ce minuscule jardinet. Rémus eut une brève pensée pour Molly Weasley, pour l'époque où quelqu'un ici se donnait encore la peine de planter quelques fleurs.
Lily aussi aimait les fleurs, autrefois, se souvint-il. Quand, enceinte d'Harry, elle avait été clouée au lit durant plusieurs semaines par des vertiges, James lui avait apporté une rose chaque jour. Même si les roses, c'était Sirius qui s'était chargé de les dénicher, en plein mois de février.
Peut-être en faudrait-il, dans la chambre aux volets clos. Mais James n'était plus là pour les apporter, de toutes façons.
Rémus traversa la petite cour et frappa à la porte de la cuisine. Personne ne répondit.
Il tourna doucement la poignée et poussa le battant. A l'intérieur, l'air était sombre, épais et, malgré la canicule de l'été, froid. Rémus la connaissait bien, cette atmosphère glaçante ; c'était l'emprunte d'un deuil. Peu importait la saison, les fantômes ne se réchauffaient jamais.
Une lumière brillait dans la cuisine, la lueur pâle et vacillante d'une bougie jetait ses ombres changeantes sur les murs du couloir. Rémus s'avança lentement.
Charlie était assis, les coudes posés sur la vieille table de bois, le menton dans les mains, des parchemins couverts d'une écriture obscure étalés devant lui. Quelques bouteilles de verre, vides ou presque, hantaient le coin le plus sombre de la pièce, et son teint pâle et ses yeux cerclés de rouge sombre évoquaient de nombreuses nuits blanches. Pourtant, la lueur dans ses yeux n'avait rien de confus ; il y avait quelque chose de décidé dans l'expression, sinistre, de son visage.
« Bonsoir. », murmura-t-il à l'intention de Rémus, sans lever les yeux.
« En fait, le soleil vient de se lever. », répondit celui-ci.
« Oh. », souffla Charlie.
Il releva finalement le menton. Ses cheveux roux - bien trop longs pour un garçon convenable, avait coutume de marmonner Mme Milson – retombaient sur ses épaules en mèches désordonnées. En silence, il suivit Rémus du regard alors qu'il s'asseyait sur la chaise en face de lui, écartant les parchemins sans même y accorder un regard.
« Comment vas-tu ? »
C'était stupide et banal, mais il n'avait rien trouvé d'autre.
« super. », répondit le garçon, sarcastique.
Rémus grimaça, et Charlie haussa un sourcil.
« C'est ce qui t'amène ? Les gens du village racontent que je ne tiens pas vraiment la forme ? Ou peut-être qu'ils disent que je pète les plombs… »
« Je n'en sais rien. », répliqua Rémus. « Je ne suis pas sortis depuis deux jours. »
« Même pas pour… », il hésita. « C'est Lily, c'est ça ? ».
Rémus acquiesça.
« Ce sont tous des ordures. », souffla Charlie.
Rémus le regarda, fixement.
« Tu n'es pas le seul, tu sais. », murmura-t-il.
Charlie eut un ricanement sinistre.
« Je ne suis pas le seul ? Alors c'est parfait, je ne vois pas de quoi je me plaindrais. », il se pencha au-dessus de la table, son visage à la hauteur de celui de Rémus. « Mais c'est peut-être mieux, t'as raison. Maintenant, les gens commencent à changer. »
« Ce ne sont pas les premières rafles… »
« Ouais, je sais, on pleure puis on oublie, c'est ça ? Et s'ils crient, s'ils ont envie de tuer tout le monde, si des gosses comme Conan Treps, Jordan et Matt Stanes tabassent les petits du campement dans les ruelles déserte, c'est juste pour penser à autre chose ? Regarde un peu, Rémus ! »
« Charlie, je ne crois pas que ce soit au campement qu'il faille… »
« Ils étaient là, tu sais ? Harry, et Jude. Je ne sais pas ce qu'ils fichaient dehors après le couvre-feu, mais ils étaient là. C'est moi qui les ai envoyés dans cette foutue forêt, avec Ron et Ginny. C'est moi, t'entends ? Alors dis-le-moi, dis-le maintenant, que personne ne fait rien de mal, et que t'as pas envie de m'en collé une ! »
Rémus crispa sa mâchoire. Au point de sentir un goût de sang lui envahir la bouche. Il ne répondit rien, et la rage de Charlie retomba comme un soufflet. Ils se contemplèrent en silence un long moment. Chacun cherchant sans oser se l'avouer qui était vraiment le coupable.
« Qu'est ce que tu fais ? », souffla finalement Rémus, désignant les parchemins sur la table.
Charlie haussa les épaules.
« Ce que j'aurais du faire il y a des années. »
« Et qu'est ce qui t'en empêchait ? »
Les yeux d'aigles de Charlie s'étrécirent.
« Tu le sais très bien. »
« Ouais, je sais bien. C'est plus facile de faire n'importe quoi quand il n'y a personne pour regarder. »
Les poings de Charlie se crispèrent sous son menton et Rémus devina plus qu'il ne vit les ongles s'enfoncer dans la chair pâle de ses paumes. Une douleur qui en fait taire une autre ; c'était l'histoire de beaucoup de gens, par ici.
« Ce n'est pas n'importe quoi. C'est ce qui aurait du être fait il y a des années, et tout ça ne serait pas arrivé. »
« Probablement pas, non. », répondit calmement Rémus. « Parce que nous aurions disparu depuis bien longtemps. »
Charlie se leva si vivement que sa chaise se renversa. Et dans ce silence, ce vide ambiant, le bruit qu'elle fit en heurtant le carrelage parut presque choquant. Son front avait quelque chose d'effrayant, tantôt blanc, tantôt sombre dans le tremblement de la bougie. Rémus se dit soudain que son « bonsoir » de tout à l'heure n'était peut-être pas si déplacé, finalement.
« Peut-être… », son regard vrilla celui de Rémus. « Peut-être que ça vaudrait mieux. Ils ont atteint les limites, Rémus, il faut que ça s'arrête. Ils nous prennent tout, à chaque fois, encore et encore. Nous ne sommes que des enfants terrifiés des… Larves ! Une larve, c'est comme ça que je me sens, après toutes ces années. J'ai peur de parler, peur de penser de… », il appuya ses deux poings sur la table, se penchant en avant. « De respirer plus fort que les autres, mais tu sais quoi ? Au fond ça n'a pas d'importance, parce qu'on a beau retenir sa respiration, il vienne quand même. »
Mais cette détermination mortelle abandonna son regard alors qu'il murmurait ces derniers mots. Ce n'était encore qu'un gamin, se souvint Rémus. Un gamin un peu plus vieux que ceux dont il avait l'habitude, mais un gamin quand même. Un garçon qui avait déjà l'œil trop brillant et la bouche amère de ces vieillards qui se risquent parfois dans les tavernes après le couvre-feu.
Il faut que ça s'arrête.
L'éternel fardeau de ceux qui n'y croient plus. Peut-être James, quelque part dans cette aube qui prenait déjà des allures de crépuscule, le ressentait-il aussi.
Ou peut-être que James était mort.
« Peut importe ce qu'on veut ou ce qu'on ne veut pas. », souffla-t-il. « Si on se lève, on disparaît. On ne meurt même pas, ce serait un luxe ; on disparaît. »
« Peut-être que je préfère ça. », répliqua Charlie.
« Mais tu n'es pas tout seul, ici ! »
Et Charlie éclata de rire. Un rire vacillant, comme la bougie, hésitant entre les aigus et les graves, qui partit se perdre entre les bouteilles vides.
« Dans ce trou à rats, Rémus, », grinça-t-il finalement. « on est toujours tout seul. »
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Harry n'avait même pas l'impression d'avoir fermé les yeux quand Hector, l'homme noir de la veille, l'éveilla d'une secousse. Clignant des yeux pour chasser les images troubles du sommeil, il fixa ses compagnons, hébété, pendant quelques secondes.
C'était donc bien réel ? La chaleur était toujours là, étouffante. Le fond de sa gorge lui semblait fait de papier de verre.
« Levez-vous. », ordonna Hector, impassible.
Ron se redressa le premier, ses joues plus blanches que la craie. Ginny suivit, le front bas, des mèches de cheveux s'échappant de ses tresses.
Et Harry se leva à son tour. Les murs paraissaient onduler sous ses yeux, comme sous l'effet de vapeurs brûlantes, et ses jambes vacillèrent.
La main de Jude se glissa dans la sienne. Elle lui sembla étrangement fraîche, dans cette grotte suffocante, et Harry retrouva son équilibre. Il échangea un regard avec son frère.
« Tout ira bien. », articula-t-il en silence.
Jude fit un signe de tête à peine perceptible. Il glissa sa main libre dans la poche de son short et en ressortit quelque chose qu'il tendit à Harry.
Surpris, celui-ci reconnu l'un des deux cailloux blancs offerts par Jude quelques jours auparavant. Il aurait pourtant pu jurer que les pierres s'étaient trouvées – tout comme la baguette et le couteau de Lily – dans le sac à dos qu'on lui avait confisqué, probablement la veille lorsqu'il était encore inconscient.
Néanmoins, il accepta l'objet sans poser de question, pressant un peu plus fort la main de son frère.
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L'homme – le juge - qui leur faisait face paraissait énorme à Harry. Il était grand et gros, avec épaules de bûcheron et une épaisse chevelure grise. Il se tenait debout sur une haute estrade, ce qui le rendait encore plus imposant.
Harry, qui était loin d'être grand, se sentit soudain minuscule.
On les aligna, tous les quatre face à l'estrade, dos aux quelques personnes réunies dans la salle. En entrant, Harry y avait aperçu la jeune femme de la veille, et l'homme-araignée, mais pas Hermione.
Un homme, au front pâle et aux yeux cernés, contourna Jude pour rejoindre le juge sur son estrade.
Aussitôt, un vague malaise s'installa sur la scène. Tous les regards qui, mi-angoissé mi-furieux, n'avaient pas quitté les quatre enfants terrifiés, convergèrent soudain vers cet être à l'aspect maladif qui venait de se hisser à la hauteur du gigantesque juge.
« Thomas… » , souffla Hector. « Tu es sûr que… ? »
Mais l'homme – Thomas – redressa la tête. Et, malgré les ombres sur son visage, une lueur décidée brillait dans ses yeux.
« Je suis sûr. », dit-il simplement.
Harry ignorait qui était cet homme, mais il sentait chez lui quelque chose qu'il connaissait bien, quelque chose qu'il avait pu sentir chez bien d'autre au cours de son enfance – la colère. Cette douleur sourde qui pousse, inévitablement à rechercher la vengeance. Et ça ne pouvait pas être bon pour eux.
Mais où était donc Hermione ?
« Parfait. »
La voix du juge était à l'image de sa personne. Profonde et puissante, elle fit vibrer l'air jusqu'à l'autre bout de la caverne.
« Ne perdons pas de temps. Vous savez pourquoi vous êtes ici, créatures du peuple noir ? »
« Nous ne sommes pas des créatures… » intervint Harry.
BAM ! D'un coup de poing sur la table de bois, le juge le fit taire. A côté de lui, Jude eut un sursaut.
« Ce n'est pas ce qu'on te demande, jeune homme. »
Harry se tut, décontenancé.
« Et bien ? Réponds à la question. Sais-tu de quoi on t'accuse ? »
Il y eut quelques rires dans la salle.
Apparemment, il ne passait pas seulement pour un monstre démoniaque, mais également pour un attardé mental.
« Non. », marmonna-t-il. « Non je ne sais pas. »
Un frémissement parcourut la salle, derrière lui.
« VOLEUR D'ÂME ! », rugit une voix devenue familière. « ILS MENTENT LES V… »
BAM ! Un nouveau coup. Jude sursauta de nouveau, et, à droite de Harry, Ron déglutit avec difficulté.
« Ca suffit ! Quiconque parlera sans y être autorisé sera exclus de cette salle, compris ? Et toi… », il se tourna vers Harry. « Tu veux me faire croire que tu ne sais pas de quoi tu es coupable ? »
Harry hésita. Il ne savait pas vraiment. On lui avait parlé de créatures monstrueuses, de kidnapping, de la baguette, de mensonges, de …
« Ne réponds surtout pas à ça ! », s'écria une voix nouvelle.
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« Qu'est ce qu'il y a encore ? », gronda le juge.
N'y tenant plus, Harry risqua un coup d'œil par-dessus son épaule. Tranquillement, le menton haut et la démarche lente, Hermione remontait l'allée centrale.
Harry reprit sa position initiale et croisa le regard de Ron. Il nota que, malgré toutes les critiques qu'il avait pu émettre la veille sur l'intervention de la jeune fille, son ami semblait un peu rasséréné.
« Hermione, mais qu'est ce que tu fais ici ? », siffla Hector, d'un ton le plus bas possible, craignant sans doutes qu'un nouveau « BAM ! » ne le foudroie sur place.
Mais la jeune fille l'ignora superbement. Sûre d'elle, elle se planta devant le juge, juste devant Jude.
« Mademoiselle Granger. », grogna celui-ci sur un ton qui n'était sûrement pas de bon augure. « Pourriez-vous avoir l'amabilité de me dire ce que – par le diable ! – vous fabriquez ici ? »
« Je suis leur avocate. », affirma la jeune fille.
A cette déclaration, un nouveau frémissement parcourut la salle. Mais, cette fois, il se rapprochait plus de l'hilarité que de l'indignation générale.
Le juge poussa un profond soupir, qui fit frémir la roche.
« Hermione. », commença-t-il d'une voix excessivement calme « Tu ne peux pas être leur avocate. »
« Et pourquoi ? »
« Mais pour un tas de raisons. Et puis ce n'est même pas un procès ; le conseil examine simplement la situation pour… »
« … Décider s'ils sont ou non coupables ? », acheva-t-elle à sa place. « Pour moi, ça ressemble vraiment à un procès ! »
Le rire se tut. Une onde de choc parcourut l'assemblée. Cette petite n'a vraiment aucune éducation…
« VOLEURS D'ÂMES ! PAS DE PROCES POUR LES… »
Aucune, aucune éducation !
« LES VOLEURS D'ÂMES ! BRÛLEZ-LES… »
Aucune aucune…BAM ! BAM ! BAM !
« CA SUFFIT ! »
Le front du juge était rouge brique. A côté de lui, Thomas parcourait l'assemblé d'un regard vaguement dégoûté.
Les petits yeux furieux du juge se vissèrent sur Hermione, qui ne baissa pas la tête.
« Tu ne peux pas être leur avocate pour la simple et bonne raison que, pour avoir un avocat, il faut être humain ! »
Un murmure approbateur se fit entendre dans l'assemblée. Mais bien sûr, c'est l'évidence même…
« Mais nous sommes humains ! », s'écria Ron.
L'assemblée, le juge, Thomas et Hermione se tournèrent vers lui d'un seul mouvement, l'air courroucé. Ron se tut aussitôt.
« Qu'ils soient humains ou non, », répliqua finalement Hermione. « ce n'est pas justement ce que l 'on cherche à prouver ? »
« On cherche à prouver s'ils sont oui ou non coupable de s'être introduit illégalement dans notre sanctuaire avec de mauvaise intentions ! ce qui, à mon avis, ne fait aucun doute. »
Nouvelle vague d'approbation dans l'assemblée.
« Mais s'ils étaient humains, ce ne serait pas un crime, d'être entré ici ? », intervint Hermione.
« Mais qu'est ce que ça peut faire ? », rugit le juge, visiblement exaspéré. « Puisqu'ils ne le sont pas, humain ! »
Sa patience semblait fondre aussi sûrement que les couleurs sur les joues de Thomas.
« Pouvez-vous le prouver ? », demanda Hermione d'une voix calme.
Cette fois, l'assemblée n'objecta pas.
« Est-ce que peux le… », balbutia le juge.
Pour la première fois, il semblait décontenancé.
« Moi, je peux prouver le contraire. »
La salle entière marqua une pause, le temps que l'apparente absurdité de cette déclaration ne pénètre les esprits.
Hector fut le premier à réagir.
« Toi, Hermione ? Allons, ne soit pas… »
Dans le dos de Harry, les murmures avaient repris de plus belle. Elle dit qu'elle peut le prouver… La petite ferait n'importe quoi pour se faire remarquer… Heureusement que ses parents ne sont pas là pour voir cela, ils en mourraient de honte…
BAM ! BAM ! BAM !
« SILENCE ! », rugit le juge, un doigt pointé sur l'assemblée. Il se tourna vers Hermione. « Quant à toi, jeune fille, tu devrais apprendre à réfléchir avant de parler. Et, surtout, tu devrais quitter cette salle avant d'avoir de gros ennuis. »
Mais Hermione fit un autre pas en avant. Son nez atteignait à peine le bord de l'estrade.
« Je vous dis que je peux le prouver. », s'entêta-t-elle. « Hector, tu as ce que je t'ai demandé ? »
Le regard du juge convergea aussitôt vers Hector.
« De quoi s'agit-il ? »
Hector, à présent le centre de l'attention générale, plongea sa main dans sa poche et en ressortit la baguette.
Un « Oh ! » choqué résonna dans la salle.
« Monsieur le juge, qu'est ce que ça veut dire ? », s'écria une voix glaciale.
D'autre voix lui firent écho.
BAM !
« Elian ! Veuillez vous rasseoir ! »
Mais, à la vague de mouvements derrière son dos, Harry compris que la dénommée Elian ne se rasseyait pas.
Le bruit de ses pas, décidés, résonna fièrement dans la caverne alors qu'elle remontait l'allée centrale à son tour. Elle vint se placer à côté du juge, face à Hermione, et Harry reconnu la jeune femme aux cheveux noirs de la veille.
« C'est moi qui ai confisqué cette arme aux accusés, monsieur. », affirma-t-elle.
Et, malgré le « monsieur » poli, il n'y avait aucune trace de soumission dans sa voix.
« Ce n'est pas une arme ! », intervint Harry.
« Bien sûr que si ! », rugit Elian. « Et une des plus puissantes, qui plus est ! »
« Suffit, Elian. », grogna le juge. « Mademoiselle Granger, pourrais-je savoir ce que vous aviez l'intention de faire avec ça ? »
« Prouver qu'ils sont humains. », répliqua-t-elle.
« Comment ? », s'étrangla-t-il. « Vous êtes en train de me dire que vous comptiez les laisser s'en servir ? »
« Ça leur appartient. »
« Parce qu'ils l'ont volée ! », intervint Elian.
« Et qu'est ce qui vous le dit ? », protesta Hermione.
Elle regarda le juge, puis Hector, puis Elian, avant de revenir sur le juge.
« Monsieur, c'est le seul moyen de savoir. Elian est là, je suis sûre qu'il y a d'autres guerrières, armées, dans la salle. S'ils ont de mauvaises intentions, ils n'iront pas bien loin… »
« Je ne crois pas que… »
Hector fit un pas en avant.
« Monsieur, », intervint-il. « Ce sont des gosses. »
Il est bien temps de prendre notre défense…, souffla une petite voix dans la tête de Harry.
Le juge les observa, de nouveau. Harry poussa légèrement Jude en avant, conscient que le jeune âge de son petit frère ne pourrait qu'attendrir.
« En admettant que j'accepte, », soupira-t-il finalement. « vous êtes bien d'accord qu'il n'y aurait… »
« Il n'en est pas question ! », coupa une voix nouvelle.
Thomas, l'homme à droite du juge, qui était resté silencieux jusque là, se leva.
« Je refuse. », siffla-t-il d'une voix froide. « Je refuse que l'on confît cette arme à des criminels. »
« Mais rien ne nous dit que ce sont des criminels ! », protesta Hermione.
« Et rien ne te dit qu'il ne te tuera pas à l'instant où tu lui donneras cette baguette. », répliqua Thomas.
« Je ne saurais même pas comment faire ça. », murmura Harry.
Vif comme un aigle, Thomas se tourna vers lui. Harry croisa un regard fiévreux, empli d'ombres inconnues, étranges.
Rémus a ses yeux là quand il se réveille.
L'homme avait le regard de Rémus, alors peut-être y avait-il une chance ?
« Si on demandait à l'ordure qui a tué mon fils, c'est peut-être ce qu'il nous dirait. », il regarda Hector. « Parce que mon fils aussi, c'était un gosse. »
Ils sont en colère, avait dit Hermione. Ils sont en colère comme ils le sont là-bas, au village.
« Je n'ai pas tué votre fils. Je n'ai tué personne. », souffla Harry.
Mais Thomas ne parut pas l'entendre.
« Ils ne l'ont pas emmené », murmura-t-il, comme pour lui-même. « Ils ne l'ont pas emmené comme les autres. Ils l'ont tué. »
Le silence retomba. L'assemblée entière retenait son souffle. Même le juge semblait à court d'arguments.
Alors, sans faire le moindre bruit, Jude lâcha la main de Harry et fit un pas en avant, face à Hector. Levant la tête vers son visage, il tendit la main, paume ouverte, vers lui. Hector parût hésiter, regarda le juge, Hermione, Harry. Puis, comme personne ne semblait vouloir lui répondre, il plaça la baguette dans la main du petit garçon.
Un frémissement parcourut la caverne alors que Jude refermait ses doigts sur le manche de bois. Elian se tendit comme la corde d'un arc, et Harry la devina prête à réagir au moindre faux pas de Jude. Tentant de détourner son attention, il prit de nouveau la parole.
« Chez moi aussi, il y a des attaques. C'est en voulant leur échapper, qu'on a atterrit ici. », fit-il en regardant Thomas.
Thomas ne répondit rien. Jude glissa la baguette dans la main de son frère.
Maintenant ou jamais…
Il regarda ses amis, puis Hermione qui, se mordillant nerveusement la lèvre, semblait avoir perdu de sa confiance.
Puis il se concentra sur un souvenir heureux.
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« Vous le lui avez donné, n'est ce pas ? »
Rogue se redressa d'un mouvement brusque, surpris. Le bocal de verre lui échappa et les cœurs de feu, rouges et chatoyant comme la braise, se répandirent sur les dalles sombres.
« C'est impossible… », murmura-t-il.
Le visage du vieil homme s'éclaira d'un sourire. Sa longue cape dorée luisant dans la pénombre.
« Je ne le répèterais jamais assez, Severus : quand on parle de magie, rien n'est impossible. »
« Mais comment… »
Rogue ne put achever sa question.
« Vous auriez du vous en douter, pourtant. », répondit l'étranger. « Le jeune Potter vous l'avait dit, qu'il avait croisé un fantôme… »
« Mais… Je ne pensais pas… »
Mais le vieil homme l'interrompit, levant sa main droite.
« Je suis navré, Severus ; mais il y a des choses plus importantes, et j'ai très peu de temps. »
Calmement, il répéta sa question.
« Le lui avez-vous donné ? A John Cécrops ?»
Rogue baissa les yeux.
« Oui. Je n'avais pas le choix. »
Le vieil homme perdit son sourire.
« Il est à Poudlard, donc. Ou bien il a envoyé quelqu'un. »
Rogue releva vivement la tête.
« Comment cela se pourrait-il ? »
« Vous lui avez confié une plume de phœnix, Severus. »
Rogue le regarda sans comprendre.
« De quel phœnix croyez-vous qu'il s'agisse ? »
« Le… Le vôtre ? »
Le vieux sorcier acquiesça.
« Et… Qu'est ce que ça veut dire ? »
« Cela veut dire que John Cécrops – où l'un de ses hommes – est entré à Poudlard, et ceci de la même façon que Harry Potter. Et ça veut aussi dire que Harry court un grave danger. »
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