L'Homme Qui Devait 3 Milliards

CHAPITRE 3: L'homme qui murmurait à l'oreille des Macheumeuneu

Le doux mois d'octobre avait étendu ses ailes automnales sur Cyber Poudlard 2000. Un manteau de feuilles rouges et or avait recouvert le paysage, un soleil timide faisait étinceler la rosée matinale, quelques oiseaux gazouillaient encore joyeusement...

…et Hermione regardait avec effarement l'immonde bâtisse métallisée, sans fenêtre, bourdonnante et fumante, qui perdait de l'huile sur l'herbe alentour.

-Mais où est le château? Et... ce cube?

Elle regarda avec circonspection le visage de Dumbledore, gravé sur la façade de métal, qui faisait des clins d'œil à tout va. Elle se décida enfin à appuyer sur la toute nouvelle et très moderne sonnette… et se secoua la main : elle venait de se recevoir une légère décharge électrique.

Quelques secondes plus tard, le visage méfiant et ridé d'Albus apparut dans l'embrasure de la porte automatique :

-Non, messieurs les Huissiers de Gringotts, grogna-t-il. Je vous ai déjà dit que je ne vous laisserez pas entrer, et…

Il aperçut Hermione, et se ravisa :

-Miss Granger! Quel bon vent vous amène?

Hermione jeta un coup d'œil surpris à la tenue de cosmonaute du futur du directeur.

-Eh bien… commença-t-elle, quelque peu décontenancée. Je... j'étais venue voir ma fille, Hermina. Je suis sans nouvelle depuis la rentrée, et tous les hiboux que je lui ai envoyés me sont revenus, étrangement…

-Votre fille? répéta le directeur sans comprendre.

Mlle Peele, qui s'était glissée à ses côtés comme à son habitude, lui susurra quelque chose à l'oreille, et il réalisa:

-Mme Weasley ! s'exclama-t-il avec un grand sourire. Ou plutôt devrais-je dire : MADAME LA MINISTRE !

Il se précipita sur la main d'Hermione, qu'il secoua chaleureusement avec sa moufle spatiale:

-C'est un réel honneur pour un humble directeur comme moi de vous accueillir dans ma pauvre et modeste école démunie de tout!

Le sourcil d'Hermione se leva :

-Démunie?

-Regardez! fit le directeur en désignant le cube sur lequel son visage en relief leur souriait. Nous avons du vendre le château pierre par pierre, et nous avons dû renoncer aux fenêtres!

-Aux fenêtres! Mais... c'est affreux! compatit la Ministre.

-Je ne vous le fais pas dire, Mme Weasley! soupira Dumbledore.

Mlle Peele posa sa main sur son cœur et eut l'air affligée.

-Croyez bien que c'est pour moi une honte d'instruire vos enfants dans des conditions aussi déplorables! reprit Albus. Par ailleurs, je me suis laissée dire que vos affaires étaient particulièrement florissantes cette année...

-Oui, c'est vrai, admit Hermione, gênée.

-Il en est ainsi: la vie amène son lot de malheur pour les uns, et de bonheur pour les autres... Mais ne parlons pas de tout ça! Venez partager notre misérable repas qui sera bien frugal, je le crains.

La sorcière rougit:

-Je ne voudrais pas abuser...

-Allons, allons, poursuivit le vieil homme d'une voix brisée par l'émotion. Cela vous rappellera sans doute quelques souvenirs heureux, de l'époque où Poudlard était florissant. Bien sûr, tout cela a bien changé… Mais qui peut-on blâmer, si ce n'est le Destin et la Fatalité?

Hermione eut une larme à l'œil.

-Allons, allons, Mme la Ministre, reprenez-vous: il vous faut être forte, affirma Albus.

-Mais ce cube est si… laid ! affirma Hermione.

-Et encore, vous n'avez pas vu l'intérieur... s'affligea Dumbledore.

Mlle Peele hocha la tête: à la lueur du jour, ses yeux en amande semblait presque dorés.

-Si je peux faire quoi que ce soit... commença Hermione.

Dumbledore sauta sur l'occasion:

-Eh bien OUI! s'écria-t-il. En vérité, une petite subvention serait la bienvenue!

L'ex-Gryffondor sortit de son sac à mains son chéquier estampillé « Gringott's » :

-Bien sûr, après tout ce que vous avez fait pour moi par le passé, ce n'est que justice. De combien avez-vous besoin? demanda-t-elle.

-Oh, pas grand-chose... badina Albus, d'un air angélique qui le rendait plutôt louche. Disons... 3... Milliards?

Hermione manqua de s'étrangler:

-3 MILLIARDS DE GALLIONS!

-Et six noises, s'il vous plaît, ajouta Dumbledore.

Il se tourna vers la porte mécanique qui venait de se refermer derrière lui:

-Tiens, c'est étrange, ça aurait dû se rouvrir tout seul en détectant notre présence...

Il se tourna vers Hermione et Mlle Peele :

-Rassurez-vous! Je connais le code digital qui débloque toutes les portes!

Il pianota sur un petit clavier à droite de la porte, et attendit... attendit... attendit... Puis, il se tourna vers les dames et s'inclina en signe d'excuse, avant de se mettre à tambouriner comme un forcené sur la façade d'acier:

-OUVREZ MOUAAAAAA!

OoOoO

-NAAAN! NAAAAAN! brailla Lucrécius, en sueur.

Il se retourna, et vit que l'horrible personnage de la peinture d'art moderne le poursuivait à travers les couloirs, en passant de tableaux en tableaux.

-MACHEUMEUNEU! MACHEUMEUNEU! hurlait l'horreurd'une voix cruelle.

Lucrécius se redressa en sursaut. Il était dans son lit.

-Ah! Ce n'était qu'un rêve!

Il faisait nuit noire... ce qui ne changeait rien à la chambre, vu qu'il n'y avait nulle fenêtre.

Lucrécius se leva et se dirigea vers la salle de bains. Au lavabo, il se remplit un verre d'eau et se regarda dans le miroir. Le verre tomba à terre et se brisa.

-MACHEUMEUNEU! beugla le personnage du tableau en le pointant du doigt difforme, avant d'esquisser un sourire ignoble.

-GWAAAAAAA! hurla Lucrécius.

Il tendit sa baguette sur le miroir:

-Cracbadaboum!

Le personnage s'extirpa tant bien que mal du miroir, et se mit à le poursuivre, en hurlant "Macheumeuneuuu! " d'une voix gutturale. Alors qu'il gagnait du terrain, Lucrécius trébucha…et tomba de son lit, tout frissonnant.

-Un cauchemar... encore... murmura-t-il.

Il se dirigea d'un pas titubant vers le lit de son grand frère et s'y engouffra:

-Drago, j'ai fait un cauchemar, je peux dormir avec toi? demanda-t-il, tout frissonnant.

Drago se tourna vers lui, et Lucrécius fit un bond en arrière:

-MACHEUMEUNEU! beugla le portrait qui se tenait à la place de son grand frère.

-GWAAA! hurla Lucrécius en ouvrant les yeux, pour de bon cette fois.

-Encore le cauchemar du Machemeuneu ?... fit la voix ensommeillée de Junior.

Lucrécius se précipita sur le lit de ce dernier.

-Celui en mise en abîme, gémit-il. J'peux dormir avec toi?

Drago Jr soupira :

-Va voir ce qu'il veut, ensuite il te laissera tranquille, maugréa-t-il dans un demi-sommeil.

Il se retourna dans ses couvertures.

Lucrécius eut l'air désespéré.

Finalement, il se saisit de sa baguette et sortit de la chambre d'un pas hésitant.

OoOoO

-Macheu meu neu.

Lucrécius, tremblant de peur dans le pyjama rayé noir et jaune officiel de Cyber Poudlard 2000, s'approcha du tableau qui le regardait fixement.

-Je... je sais que tu veux me dire quelque chose et que tu ne peux pas parler... dit-il d'une voix peu assurée.

Le tableau s'enthousiasma… ou du moins sembla s'enthousiasmer :

-MA CHEU MENEU!

Lucrécius sursauta.

-C'est bien ça... Donc je... je t'ai apporté un crayon et du papier... Tu sais écrire?

Le tableau sembla heureux:

-Macheumeuneu!

Lucrécius lui tendit le parchemin et le crayon qu'il avait dans les mains. Le portrait s'en saisit tant bien que mal, et gribouilla quelque chose dessus, tout en marmonnant: "Ma cheu meu neu... Ma cheu meu neu... Ma cheu meu neu...".

-MACHEUMEUNEU! décréta-t-il enfin.

Il tendit le parchemin au jeune garçon.

Lucrécius le prit d'une main tremblante, tant par la peur que par l'émotion, et mit ses lunettes.

-Enfin! Je vais savoir ce que tu voulais me dire de si important!

-Macheumeuneu! confirma le portrait.

Lucrécius lui sourit et regarda la feuille.

-Ma... cheu meu neu... Macheu meuneu... Macheu meu neu! MA CHEU MEU NEU! lut-il.

Il sembla abattu.

-Tout le poids du désespoir vient de s'abattre sur mes pauvres épaules... soupira-t-il avant de s'en retourner vers les dortoirs.

Sur le chemin, il rencontra Lucie, qui tenait à la main un pot de miel.

-Je viens de badigeonner Potter de miel, et Toyle et Gambas l'ont jeté dans une fourmilière! dit-elle. Et toi, qu'est-ce que tu fabriques?

Le jeune Serpentard soupira :

-Je viens de parler au Macheumeuneu. Je crois qu'il est simple d'esprit.

-Tu devrais écrire une tragédie! ricana Lucie.

-C'est déjà fait... soupira Lucrécius. Tu veux que je t'en lise un bout?

-Vais me coucher... décréta Lucie, en partant à reculons.

OoOoO

Les jours passaient à Cyber Poudlard 2000, et, malheureusement, se ressemblaient.

Lucrécius évitait désormais le tableau du Macheumeuneu, tant qu'il le pouvait.

Rogue avait caché le bon de commande du robot-professeur sous son oreiller métallique ( l'oreiller de fer était désormais la norme des toutes nouvelles chambres du cube), en espérant secrètement qu'Albus l'oublierait en trouvant une autre lubie technologique.

Et la chaleur du cube augmentait à mesure que les notes des élèves des 4 maisons dégringolaient dans les bas-fonds, grâce à l'incompréhensible cours de la gracile Mlle Peele.

Un soir, au dîner...

-Vous ne mangez pas, Mlle Peele! Vous ne mangez jamais rien!... fit observer Dumbledore.

Melle Peele sembla outrée.

-Oh, je comprend! s'exclama le directeur. Quand on a une ligne aussi parfaite que la vôtre, on veut la garder!

Madame Pomfresh repoussa ses moules-frites gorgées d'huile. Depuis l'arrivée de la jeunette, elle accusait 10 bons kilos de trop. Elle se servit un verre de cognac à la place et le vida d'un trait.

Non loin, à la table en fer blanc des Hyper Serpentard 2000, Junior observait la vélane.

-Ah, il n'existe pas de plus parfaite créature en ce bas monde... soupira-t-il, les yeux rêveurs.

Lucie tiqua:

-Qu'a-t-elle de plus que moi? pesta-t-elle.

-Le charme, très chère, le charme! répondit Junior sans quitter des yeux Melle Peele.

-MAIS J'AI DU CHARME! grogna Lucie, ce qui découvrit son appareil dentaire.

-La blondeur, la féminité, l'assurance, la grâce, une dentition parfaite...

-ASSEZ! rugit Lucie.

-Erf erf erf erf erf! ricana Toyle en la pointant de son doigt sale, boudiné et graisseux.

Lucrécius posa une main compatissante sur l'épaule de la jeune fille:

-Pour te consoler d'être aussi invisible aux yeux de mon frère, je vais te lire un passage de ma dernière tragédie, que j'ai intitulée tout simplement: "Lucinde".

Il prit une voix pompeuse:

"LUCINDE

Ah! Cruel Artadrago! Je t'en dirais assez pour te tirer d'erreur:

Hé bien! Connais donc Lucinde et toute sa fureur!

J'aime! Les dieux m'en sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc

Ont allumé le feu fatal à tout mon sang!

Ces dieux qui se sont fait une gloire cruelle

De séduire le cœur d'une faible mortelle!

CORYPHÉE

Ô habitants de Poudlard, ma patrie,

Regardez tous: c'est Lucie!

Voyez quel tourbillon d'horribles catastrophes l'a engloutie!

L'affliction sous sa griffe l'a saisie!

ARTADRAGO II

Madame, pardonnez, en rougissant j'avoue

Que la honte d'être aimé de vous

Ne peut soutenir votre vue.

Voilà la vélane. Je m'en vais."

-MACHEUMEUNEUH! cria Lucie, toute rouge.

Lucrécius glapit et tomba du banc en fer blanc.

Lucie se leva, pointa sa baguette sur lui... et se reprit:

-Lève-toi et suis-moi. J'ai une idée.

OoOoO

-Mmmh! pleurait le petit Barry Potter, bâillonné et pendu par les pieds au dessus d'une des toilettes Transken XP édition familliale que Dumbledore avait fait installer un peu partout dans le cube.

-"Si c'est faux, au prochain arbre tu seras pendu vivant tant que famine te dessèche, et si c'est vrai cela m'est égal que tu m'en fasses tout autant. Je chancelle en résolution, je commence à soupçonner le double jeu de l'ennemi qui monte semblable à la vérité: « Ne crains rien jusqu'à ce que la Forêt Interdite arrive à Poudlard ». Et voilà la forêt qui va vers Poudlard. Armée! Armée! Sortez!" lisait Lucrécius d'une voix monocorde, assis sur un tabouret en face du pauvre malheureux...

...Trois longues heures plus tard:

-"Et c'est ainsi que ce petit garçon que personne n'aimait devint en grandissant l'empereur Lucrécius M. Caesar Premier du Nom"…

Potter pleurait à chaudes larmes. Lucrécius referma son manuscrit.

-Merci de m'avoir écouté. Mais nous avons encore une longue nuit à passer ensemble, Potter, fit-il d'une voix glaciale. Pas d'inquiétude: je suis insomniaque.

Il tira de son sac un autre manuscrit plus gros que le précédent, et commença à lire sur un ton morne, en détachant chaque mot:

-"Ô Richesse! Ô Trône Royal! Ô Science qui a su l'emporter sur la Magie !"

Barry gémit de plus belle…