Merci à Claclou et Wallen qui ont fait de superbes dessins de ma fic!XD (vous pouvez voir ceux de Wallen sur son LJ, et ceux de Claclou apparaîtront bientôt sur un site que nous allons faire… je vous tiendrai informé dans ma bio:D)

Un énorme merci aussi à Wallen (encore he he) et Ange, qui ont relu ce chapitre il y a déjà… pas mal de temps…TT et à Vilya pour l'avoir corrigé!;o) et à vous tous pour avoir reviewé…merci merci merci…

Je réutilise pour ces RAR la méthode de Fénice! J'espère que vous ne m'en voudrez pas…;oD

Shetane trouve que Julia et Sirius auraient faits un beau couple… c'est sur que ça aurait donné quelque chose d'intéressant, mais de malheureusement assez déjà-vu (Sirius avec une Serpentard blasée, ça fait classique…).

Oui les études c'est important, et le reste aussi!;o) merci de le comprendre si gentiment! (Shétane) Et merci à Sam, Gred et Moonchild de ne pas m'en vouloir pour le retard et/ou de compatir à mes études:o)

Mis Marsh en X? he he qui sait? (mirtille)

Le retour de Beth!XD je vais essayer de me dépêcher pour la suite en espérant le finir avant Juin… (sinon ça va aussitôt être reporté à fin Juillet…ça serait dommage!TT).

Cla.remus trouve X attachante… je ne suis pas sure d'avoir compris pourquoi…mdr

Les twin's, toujours là à me faire rire avec leurs reviews en forme de dialogue!;oD

Etincellet peut remercier le travail de mes beta-readeuses! J'espère que l'intrigue n'est pas trop 'complexe'… et c'est un paradoxe, mais je déteste aussi les filles pourri-gatées! He he :o)

Sinwen Periedhel s'impatiente pour la suite pendant que Joomy invoque ma compassion…

Chibee me fait rougir!#;o)#

Lélou aime les points de vue alternatifs! Merci!

Kitou, nouvelle revieweuse, n'aurait jamais pu subir le ridicule de Borgia sans s'enfuir… et ça se comprend!

Sam est une fan des Parfois, et est très patiente! Remmuuuuus…..

Tiguidou, fidèle au poste, est enthousiaste! Et ça fait toujours plaisir….:D

Moonchild s'inquiète de l'influence Rachelienne… Mais je te rassure: elle n'aura jamais plus qu'une vague copie de l'originale… le vrai, je te le laisse! En partage avec Remus.. he he ;oD

Phylo et Linoa2112 demandent des plus longs chapitres… je vais essayer! Celui-là fait plus de 20 pages, j'espère qu'il satisfera l'appétit de loup de Phylo…:D

Kikou224 se pose des questions sur les sentiments de Rachel…

Patacitrouille, Lousya et wenny78 ont enfin la suite! (non non je n'oublie pas cette fic!)

Werewolf, que je n'ai pas vu sur msn depuis pas mal de temps! (désolée, j'y vais jamais…TT) mais qui est toujours là! Merci!;o) et contente que Carmen t'inspire de la compassion plus que de la répulsion… pour la suite… oh j'ai du mal à croire qu'elle arrêtera un jour d'être pathétique sans le savoir!;o) he he

Unna, qui n'en veut pas à l'auteur pour l'attente! Et qui honore celle-ci en pensant que certaines des répliques vont devenir cultes… (je n'en demande pas tant, mais un gros merci quand même!XD)

Flofol-œil dit merci, et je l'en remercie!;o)

Joyeux anniversaire avec beaucoup de retard à Alieonor!;oD

Merci à Angelina et CC Johnson, toujours là!;oD

XAngel s'inquiète pour la suite… je publie toujours sur en premier, mais je poste parfois des extraits dans mon LJ thebbw…XD et j'espère que tes amies ne m'en veulent plus…é.è

Bienvenue à Jenima, nouvelle revieweuse!;oD et… non Maddie n'est pas X. Pour le reste…

J'espère qu'Angelina Johnson passe une année agréable en première S! (les meilleurs…. He he he he). Je viens juste de finir le bac blanc:D c'est pour ça que je peux enfin poster en toute tranquilité… j'espère que je suis quand même pardonnée? é-è

Gody, qui s'énerve contre Remus et contre X:D et qui est toujours aussi wonderful…;o) par contre, c'est rare que je lise des fics en français maintenant…TT j'ai plus le temps…é-è (j'ai déjà plus le temps d'écrire… rrraaaah…) mais j'essaierai de passer un de ces 4!;o) laquelle de tes fics sur Remus me conseille-tu en priorité?

Cassiopée veut savoir si Remus/Carmen et Rachel/Sirius va évoluer… bientôt, bientôt…

Jamesie-cass a rattrapé son retard en reviewant tous les chapitres! (dans mes bras…)et est aussi intriguée que les autres par X… On se demande bien pourquoi! Ok pour 'riddikulus'!;oD

Click la magnifique aime Lily mais l'imagine moins machiavélique… Pour Kelly, je reste bouche-cousue… Mais tu as raison de penser qu'il faut bien Lily et Rachel pour contrebalancer l'influence de X!;oD et de rien pour avoir mentionné tes dessins! C'est moi qui te remercie! Merci!

Pitite maraudeuse, nostalgique, qui me suit depuis le début! (merki!). Pas besoin d'avoir peur, je finirai cette fic!;o) mais ça fait plaisir que tu t'inquiètes… malheureusement, je n'ai pas su du tout suivre ton défi des vacances de Février…TT je n'avais pas tant écrit que ça…é-è désolée…ç-ç

Llewella veut la suite… A tes ordres!;oD

Fée Fléau, qui hésite sur l'identité de X… et je suis complètement d'accord: ça fait longtemps qu'on a pas eu de nouveau chapitre…XD mais je ne peux rien dire vu le temps de mes updates…é-è gros bisous!;o)

Alisa Adams a une bonne idée de ce que je 'subis' avec la term….;o) et est toujours aussi volontaire pour un déshabillage de Remus! on va bien s'entendre…

Le Saut de l'Ange parle en faveur de Remus/Hermione… Et j'ai fait la promesse d'en écrire un dès que j'ai le temps!;o) j'ai déjà quelques idées he he… (mais il ne faut pas être pressé…TT)

Merci à tous!XD autant aux anciens qu'aux nouveaux… c'est toujours très motivant!;oD

Mais je ne vais pas vous faire attendre davantage…

MON CAPRICE: UN MARAUDEUR…

Chapitre IX:
Absence et Conséquences

'Carmen Borgia au réveil. Moment unique.'

Point de vue de Maddie Bones, préfète de sixième année à Serpentard.

Assister au réveil de Carmen Borgia est un privilège strictement réservé aux Serpentards (filles) de sixième année. Et ce n'est pas plus mal.

Ou, Comment Casser Le Mythe.

Non j'exagère. Ce n'est pas si horrible que ça… Disons, pour parler plus poliment, que quand elle se réveille, l'air grognon, en marmonnant des trucs incompréhensibles qui rappellent plus le langage des phoques que celui des humains, elle n'est pas au mieux de ses capacités. Avec encore les marques de l'oreiller sur la joue et se frottant sans conviction les yeux… Sans prix. J'imagine que les garçons arriveraient sûrement à trouver à sa tenue 'négligée' un je-ne-sais-quoi de sexy, mais Carmen n'est pas de cet avis. Son miroir non plus.

"SOIT TU TE REVEILLES COMPLETEMENT, SOIT TU TE RENDORS! MAIS NE PASSE PAS DEVANT MOI AUSSI DEBRAILLEE! TU ME FAIS HONTE!"s'exclame son reflet avec une grimace tragique, avant d'ajouter d'une voix plus perfide: "Et comme je sais que tu vas opter pour la première solution, une bonne douche me semble un judicieux conseil…"

Le reflet de Carmen la réprimande toujours vertement, ressassant en boucle les même conseils, faisant lever au ciel les yeux de l'original.

J'ai la chance d'avoir un réveil plus en douceur: je me lève cinq minutes avant les autres pour pouvoir passer rapidement par la salle de bain sans être bousculée par mes camarades. A commencer par Lenslow qui, pour une raison mystérieuse, me déteste. J'ai pris pour sage –et lâche- habitude de l'éviter.

Carmen revient de la douche quelques minutes plus tard. Elle se sèche nonchalamment les cheveux avec sa baguette et en profite pour inspecter ma tenue, tel un général vérifiant ses troupes.

"Jolie coiffure. Mais tu ne devrais pas mettre une jupe verte avec une chemise de la même couleur. Tu n'as qu'à mettre ta longue jupe noire. Et associe avec ta cravate grise. Elle ira très bien."

Je rougis. De honte essentiellement. J'ai beau savoir qu'elle a raison, je n'aime pas particulièrement qu'on critique continuellement mes goûts. C'est déjà assez vexant d'être prise pour une attardée par les trois-quarts de l'école, mais ça l'est encore plus quand c'est la fille qui partage ton dortoir depuis cinq ans qui le pense. Mais je n'ai pas assez de courage pour exprimer mon courroux légitime à haute voix.

"tu en penses quoi?"

Je sors de ma torpeur et regarde les deux chemises que me présente Carmen, la mine grave. Les deux sont vertes, et à part l'encolure, sont identiques. J'examine néanmoins les deux hauts avec sérieux.

"Mmmm… Celle-là. Avec l'encolure en U…Oui définitivement celle-là."

Dix minutes plus tard, Carmen Borgia sort, arborant fièrement un pull gris clair par dessus sa chemise ainsi qu'une jupe plissée. Et par contraste, des lèvres rouges sang et des boucle d'oreilles aux formes bizarres.

Plus aucune trace d'oreiller, les yeux parfaitement réveillés, prête pour une nouvelle journée…

Cette fille n'est pas humaine.

Point de vue de Carmen Borgia, un peu plus tard dans la journée

Long. Ennuyeux. Vide…

Le cours de potion dispensé par mon bien-aimé Cocteau (qui ne manque pas de me jeter des regards courroucés toutes les trois minutes cinquante, comme de coutume) m'a rarement paru aussi peu digne d'intérêt. Ce n'est pas que je n'aime pas les potions. En temps normal, j'adore…Ca n'a rien de compliqué, il suffit de se concentrer et de faire quelques minimes calculs pour mettre les ingrédients au bon moment. Le problème c'est que Lupin sèche.

Oui. Vous m'avez bien entendue. Aussi courageux soit-il, le préfet s'est débiné…

L'absence du seul mec intéressant de cette classe n'a pas l'air de perturber plus que ça Cocteau, et je me demande même un instant s'il l'a remarqué –crime impardonnable entre tous! A moins que l'impassibilité du prof face à cette absence regrettable vienne du fait que Lupin soit l'actuel détenteur du record du nombre de potions ratées et de chaudrons explosés… (même si pour ce dernier je pense que la participation de Black et Potter n'est pas qu'une rumeur…)

Avez-vous déjà essayé de vous empêcher de penser à quelque chose? De freiner votre esprit? Depuis le début de l'heure j'essaie de me convaincre que son absence ne me concerne pas, et depuis le début de l'heure, mon esprit s'obstine à ne penser qu'à ça.

D'ailleurs je ne suis pas la seule à être perturbée par son absence. Le petit groupe des Gryffondoriens, plus soudé que jamais, discute à voix basse. Ils affichent tous des mines inhabituellement graves, et mon agacement –inquiétude?- ne fait qu'augmenter. Je déteste être en proie aux doutes, c'est bien normal…

Je prends quelques notes sur la potion et comment en gérer ses effets selon la concentration d'yeux de fourmis, mais mon esprit est ailleurs.

"qu'est-ce qui peut provoquer ce petit pli de contrariété entre tes deux jolis yeux ma petite Arsenic?" souffle Brad en replaçant affectueusement une mèche derrière mon oreille.

Je me rends compte, avec un temps de retard, de la mine contrariée que je dois afficher et mon visage se détend aussitôt.

"Je me demandais juste depuis combien de temps tu ne m'avais pas taquiné et je m'inquiétais de ce froid soudain. Est-ce que j'ai raison ou je me fais seulement des films?"

Le regard de Brad dérive légèrement, en évitant le mien. Si facile de dévier la conversation… je me sens soudainement gênée de mentir par omission à Brad… avant de me donner une claque intérieure. Je n'ai jamais eu de scrupules de la sorte, pourquoi cela arriverait-il maintenant ? Comme pour répondre à ma question, un visage se présente à mon esprit et je pâlis légèrement.

"Tu es pâle… tu veux que je t'accompagne à l'infirmerie?" demande Brad avec un soupçon d'inquiétude en passant un bras autour de mes épaules.

"non ça devrait aller…"

Je ne peux pas lui dire. Il se moquerait sans doute de moi… me charrierait… Cela fait deux mois -depuis ce bel Italien pendant les vacances- que je n'ai pas de petit copain. Pas le moindre petit flirt innocent à part un ! Il y a de quoi s'inquiéter… Et je n'ai vraiment pas envie que Brad me charrie là-dessus. On a son honneur ou on ne l'a pas!

"tu me caches quelque chose Carmen… je le vois à ton regard fuyant! N'essaie pas de m'éviter…" commence à me taquiner Brad avec un sourire moqueur. Je prends une mine agacée qui ne fait qu'augmenter son amusement.

"C'est l'absence de ton cher petit lion qui te met dans cet état? Parce que…"

Je lui envoie un coup de pied. La cloche sonne au même moment et étouffe le rire sonore de Brad. J'en profite pour me faufiler vers la sortie aussi rapidement que je le peux.

Naturellement, c'est toujours dans ces moments où la fuite devient quasi vitale qu'une autre -stupide- personne décide de passer la porte -ridiculement étroite- en même temps que vous. Je me tourne vers le fautif avec des yeux assassins.

"Oh! Pas la peine de me donner de ce regard noir, Borgia… Tu devrais savoir que ça ne marche pas sur moi..." me susurre Sirius Black le bien nommé avec un large sourire moqueur. "Mais pas galanterie j'accepte quand même de te laisser passer…"

Je soupire en levant les yeux au ciel, mais ne peux m'empêcher de laisser échapper un petit sourire.

"Merci…" dis-je d'une voix faussement cajoleuse. Le sourire de Black s'intensifie encore.

°0OoO0°

En entrant dans la salle d'Arithmancie, deux options s'offrent à moi. La classe est à moitié vide –ou à moitié remplie, selon les points de vue- et il reste de nombreuses tables libres.

Brad est installé vers le fond de la classe, à droite, derrière Maddie et devant deux Serdaigles qui rougissent en le regardant. En temps normal, j'irais m'asseoir à côté de lui, mais aujourd'hui c'est différent. Vu l'intérêt prononcé de Brad pour l'arithmancie, il ne va pas trouver d'autre occupation que de me taquiner sans fin en parlant des nombreuses qualités lupiniesques –comme si je ne les connaissais pas déjà- et en me demandant plus ou moins sérieusement si j'ai avancé. Réponse à laquelle, malheureusement, je ne peux répondre oui en toute bonne foi…

Devant, Lily est entrain de sortir ses affaires. Je meurs d'envie de m'installer à côté d'elle. Je sais que Lily est une des seules gryffondors de son année à aller à cette option –l'autre est une fille de son dortoir, particulièrement cruche et sans intérêt, et que Lily a l'air d'apprécier autant que moi. Et je pourrais ainsi lui demander, dans le cours de la conversation, si elle sait où est passé Lupin… L'air de rien…

Le problème, c'est que je sais pertinemment que je n'arriverai pas à lui demander l'air de rien des nouvelles du –trop- mystérieux préfet. Lily étant très loin d'être une imbécile, elle a déjà dû remarquer mon manège et, la connaissant, doit s'en amuser énormément… Et je suis presque sure qu'elle serait aussi discrète que Brad sur mes échecs successifs…

'D'humeur morose aujourd'hui…'. Oui. Ca m'arrive aussi… 'je ne pensais pas que la non-présence de Mr Lupin te perturberait à ce point-là…' continue mon esprit d'une petite voix perfide…

Après avoir coupé le son de mon subconscient, je décide –avec sagesse- de tout simplement m'asseoir à une table toute seule.

Deux heures en solitaire, à regarder défiler des équations au tableau et à entendre la voix monotone du prof, au moins aussi endormi que le reste de la classe … Mon esprit vagabonde, et finit par tomber. Tomber sur qui? Oui, vous l'avez bien deviné…

Ca en devient perturbant, une obsession pareille… je pense presque moins à lui quand il est là… Pourquoi est-ce que je m'intéresse autant à lui déjà? Certes il est mignon mais… c'est une donné bien subjective. Et tout d'un coup, dans cette salle endormie, j'en viens à me poser la question existentielle: 'Qu'est-ce que Lupin a de si attirant?'… Eh! Que celui qui ne s'est jamais posé de questions idiotes en cours me lance le premier sort!

Je commence donc à gribouiller sur une marge un vague portrait. Le privilège d'être seule en classe c'est qu'on peut dessiner tranquillement ce qu'on a envie, sans que quelqu'un regarde par dessus votre épaule… Ce qui s'avère très avantageux quand vous décidez de vous lancer dans la tâche –difficile- de dessiner le plus de Remus Lupin possibles, dans différentes positions.

Une mâchoire. Une forme vague de visage. Quelques traits pour situer le corps, assis sur une table. Le nez… non pas comme ça. Un peu plus… comme ci… non, finalement, comme ça. Oui, définitivement comme ça… La bouche… pleine; les lèvres plutôt pâles, presque de la même couleur que sa peau, et douces. Jamais gercées, j'en suis sûre… les yeux… regardant droit dans ma direction. Pas fuyant… j'ajoute un très léger trait sur les lèvres pour lui donner un petit air moqueur. Un autre trait pour un sourcil un peu plus relevé que l'autre. Les cheveux… je me concentre, les sourcils froncés pour essayer de les faire de la bonne longueur. Plutôt longs, tout en restant une coupe courte, des mèches qui tombent un peu dans tous les sens... Finalement, la mâchoire est un peu trop pointue. Un coup de gomme. Une mâchoire un peu plus large, bien dessinée…

Je continue, dessine une chemise, à moitié ouverte. Une cravate desserrée… un sourire me vient aux lèvres et je continue, faisant de moins en moins attention au monde autour de moi.

Deux heures. Deux heures à dessiner des petits Remus Lupin sur des bouts de parchemins. La moitié sont complètement ratés et je les détruis aussitôt. D'autres… et bien au final, aucun ne me satisfait vraiment. En essayant d'embellir encore ses traits, j'enlève le charme du propriétaire… le premier est encore celui que j'ai le mieux réussi, avec ce regard amusé –railleur?

Je sens ma nuque chauffer, et par un mystérieux pressentiment, je comprends que le prof est entrain de me regarder avec insistance. Je lève la tête au ralenti pour m'apercevoir que j'ai raison. Je soutiens son regard avec un charmant sourire –du moins je l'espère- et il détourne les yeux, l'air visiblement courroucé, avant de reprendre son cours.

Je retourne à mon dernier dessin et lui jette un coup d'œil critique. Je sais que pour le rendre plus réaliste je devrais ajouter quelques défauts mais… ça me fait mal au cœur. Bizarrement, j'ai presque l'impression de commettre un sacrilège en avouant que son visage n'est pas parfait.

Au moment même où cette pensée me vient à l'esprit, je me réveille et me secoue aussi mentalement que physiquement –m'attirant les regards curieux de quelques élèves. Voilà que je tombe dans le romantisme le plus guimauve!

Du coup, ma main, poussée par une verve que je ne reconnais plus… hem… pas la peine de rigoler, c'était du second degré… ma main disais-je, commence, légèrement hésitante, à poser quelques touches. Je me concentre et essaie de me rappeler des petits détails… Son regard est un peu plus sombre… il a souvent des cernes, plus ou moins marquées… A traits d'abord fins et hésitants, puis de plus en plus marqués, j'ajoute des cernes. J'épaissis les sourcils et donne à sa robe un air un peu plus usé, bien que propre.

Je contemple mon œuvre.

Dé-sas-treux… J'ai l'impression d'avoir tout gâché. Les traits sont trop nets, trop accentués, et on dirait une caricature… Lupin n'a pas l'air aussi cynique dans la vie réelle! Et où est passé son regard rassurant? honteuse, je range le tout dans mon sac, en me jurant de prendre le modèle en photo dès la prochaine rentrée, quand j'aurai récupéré mon appareil –confisqué par Rusard depuis que j'ai essayé de le prendre en photo pour 'garder un souvenir'.

Non sans mal, j'essaie de suivre le reste du cours. Lily me lance de furtifs coups d'oeil, et quand je range mes affaires, elle s'approche de moi.

"Salut! Pas l'air dans ton assiette aujourd'hui?"

"Un peu fatiguée… la pleine lune sûrement…" ajoutai-je dans une veine tentative d'humour.

Lily se tend légèrement avant de sourire.

"Je voulais savoir… est-ce que tu pourrais me passer tes cours de potion? C'est pour Remus. Je n'ai pas eu le temps de tout prendre, et Potter, qui devait s'en occuper, pense que Remus s'en tirera très bien avec un résumé oral…"

La mine agacée de Lily me prouve aussitôt que son avis diffère.

"Bien sûr… je n'ai pas tout pris, mais l'essentiel y est."

Je commence à fouiller dans mes affaires et à faire un double de mes cours.

"Qu'est-ce qu'il a?"

J'essaie de dire ça dans la suite de la conversation, l'air impassible, mais le grand sourire de la préfète m'annonce que j'ai lamentablement échoué.

"Tu connais Potter, Black et compagnie…" grogne-t-elle "hier ils ont été près du saule cogneur, pour une de leurs blagues idiotes, et Remus s'est fait embroché." Je dois paraître alarmée car Lily ajoute aussitôt "enfin ne t'inquiète pas, il va mieux! Mais il devra rester à l'infirmerie au moins deux jours, si ce n'est plus… j'espère juste qu'il sera remis pour le match!"

"J'espère aussi. Histoire qu'il voit en direct ce qu'on va vous mettre!" ajoutai-je, mue par un soudain patriotisme serpentardesque. "Tu vas le voir, là? Transmets-lui mes meilleurs vœux de convalescence en passant!"

"je n'y manquerai pas…"

Le sourire éblouissant de Lily quand elle part dans la direction opposée ne me convainc pas totalement de son innocence, mais je hausse les épaules.

Ainsi, il était près du Saule Cogneur hier? J'ai toujours eu raison de prendre les gryffondors pour des imbéciles…

Je soupire et me dirige le plus lentement possible vers la grande salle, en espérant que Brad aura déjà fini de manger. Sans conviction.

Point de vue de Maddie Bones, préfete, sixième année, Serpentard

J'écoute, à moitié endormie, le cours d'arithmancie, oubliant au fur et à mesure les remarques du prof. J'ai l'esprit trop occupé à ressasser les même problèmes, qui peuvent se résumer en deux mots: Davies et Borgia. Enfin, Brad et Carmen, mais j'ai toujours un peu de mal à les appeler par leur prénom…

Brad ne s'est pas installé à côté de moi en arrivant. Il ne s'assoit que très rarement à côté de moi, je le sais bien, mais je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir le cœur gonflé quand il m'a dépassée pour s'asseoir derrière moi. Je n'ose même pas me retourner de peur de devoir lui faire face.

Bizarrement, autant Brad est la personne qui peut me mettre le plus à l'aise, autant c'est aussi celle qui peut me faire le plus douter. Je ne sais pas quoi penser.

Je préfère que notre relation reste secrète car je n'ai pas envie que tout le monde le sache. Brad est populaire au collège, même parmi les non-serpentards, et je ne pense pas qu'être remarquée juste parce que je sors avec lui me rendra la vie plus facile. J'entends d'ici les gens… "c'est sur, elle a du l'ensorceler. Elle n'a rien de spécial, mais elle est à Serpentard, elle doit être bonne en potion… Je ne vois vraiment pas ce qu'il pourrait lui trouver autrement!" "un tel gâchis… un mec aussi séduisant et charismatique que Brad qui finit avec une fille complètement invisible et sans intérêt…"

Pourtant… Pourtant, je me sens vexée qu'il ne veuille pas non plus rendre tout ça public. Je sais qu'il doit avoir honte de moi mais… ça n'est pas très agréable d'y penser comme ça.

"Pssst! Maddy! Miss Bones! Magdallen Bones!"

Je ne me retourne pas. En fait, je ne bouge plus, comme si par mon manque de mouvement je pouvais me rendre invisible. Mais n'est pas Serpentard qui veut, et Brad Davies est certainement l'un des plus têtus. Et c'est ainsi que je me retrouve avec une boulette sur mes genoux. Le prof croise mon regard à cet instant-là et je n'ose pas la prendre. Brad si. Il se lève, se penche par-dessus la table, récupère le parchemin sur mes genoux, et me le met dans la main.

Je suis maintenant d'une couleur rouge pivoine.

Pourquoi, pourquoi? suis-je tombée amoureuse d'un fils de scroutt-à-pétard pareil?

J'ouvre le parchemin d'une main tremblante.

Ca fait trente-deux minutes et cinquante secondes que tu regardes le prof l'air rêveur.
Je suis jaloux.

Je rougis. Un deuxième parchemin arrive sur mes genoux, que je m'empresse de prendre, de peur qu'il se lève à nouveau pour me le donner 'en main propre'.

Ce soir, 23h

Ce n'est pas une question, tout juste une information. Je brûle le parchemin, un sourire niais aux lèvres.

Point de vue de Sirius Black, sixième année, gryffondor:

"Tiens, Remus, tu devineras jamais qui je viens de voir!" dis-je en en entrant dans l'infirmerie. Remus lève la tête de son bouquin, l'air vaguement intéressé derrière ses cernes.

"Non mais mes dons prémonitoires me soufflent que je vais le savoir bientôt."

"Borgia."

Remus me fixe un moment avec un air blasé avant de se replonger dans son bouquin.

"Je ne sais pas comment tu fais pour rester insensible à de si jolies jambes! Non, vraiment! En plus tu lui as tapé dans l'œil, ça se voit comme le nez au milieu de la figure de Snivellus!"

Remus soupire et lève à nouveau les yeux de son bouquin, agacé:

"Sirius… Cette blague sur Rogue n'est plus drôle… Si tant est qu'elle l'ait jamais été… Ne te sens pas obligé de faire référence à lui à chaque phrase! Ça me coupe l'appétit rien que d'y penser… Et pour Borgia… qu'est-ce que tu veux que je te dise! Ce n'est pas avec une paire de jambes que je veux sortir… Je me demande parfois si je ne suis pas le plus humain d'entre nous deux, tu sais? Le fait que tu puisses te transformer en chien ne te donne pas une excuse pour avoir la même libido insatiable, tu sais?"

"Qu'est-ce que tu veux dire par là?" demandai-je, pas vraiment sûr de vouloir écouter une des longues explications farfelues de Remus.

"Le propre de l'homme est de ne pas forcément céder à ses pulsions, de réussir à les canaliser pour dépasser ce stade d'animal qui se fait contrôler complètement par ses instincts… Et tu peux dire tout ce que tu veux, Borgia est séduisante, mais elle n'a pas le charme des filles simplement jolies… je préfère de cent fois une fille comme Rachel ou Lily avec laquelle j'arrive à discuter plus d'une demi-heure sans bailler, qu'une fille comme Borgia qui préfère s'entendre parler plutôt qu'écouter. Et puis… je ne vois même pas pourquoi je me justifie!" grogne le loup-garou d'un air excédé "entre toi et Lily qui n'arrête pas de me taquiner j'ai l'impression d'être pris au piège! Pourquoi voulez-vous absolument me caser avec elle? Je ne suis pas un gamin, une marionnette avec laquelle on fait joujou… Si tu as envie de sortir avec Rachel, fais-le, au lieu d'essayer de me caser pour avoir bonne conscience de sortir avec mon ex!"

Je déglutis, l'air soudainement sérieux. Ne jamais taquiner un loup-garou vers la pleine lune. 'Tu devrais t'en souvenir depuis le temps, Sirius!'

"J'étais juste venu te taquiner, pas la peine de prendre la mouche…"

L'allusion à Rachel m'a fait monter le rouge aux joues et je regarde Remus d'un air venimeux. Le visage de Remus se fend d'un large sourire et il éclate de rire. Un lycanthrope dans la semaine de sa transformation est aussi lunatique qu'une femme enceinte, c'est bien connu…

"Et si on arrêtait de se chercher sur des âneries pareilles? Je te promets que j'arrête de te charrier avec Rachel si tu arrêtes de vouloir me mettre mal à l'aise en parlant de Borgia…"

Je soupire. Vaincu.

"Remus? Je t'ai apporté les cours du matin!"

Lily arrive,et pose les cours sur la table de chevet avant de faire un sourire à la ronde et de s'installer sur le fauteuil près de Remus.

"La matinée s'est bien passée? Tu t'es bien amusé pendant qu'on trimait en cours?"

"Bah… Comme d'hab… j'ai dormi…" avoue Remus avec un petit sourire.

Habituel, effectivement. Si, le reste du mois, Remus est plutôt un lève-tôt, les jours de pleine lune, quinze heures de sommeils par jour deviennent un minimum…

"Au fait, j'ai croisé Borgia tout à l'heure…"

Remus la coupe d'un grognement en se rentrant dans les couvertures et j'éclate de rire. Lily, comme si de rien n'était, reprend sa phrase:

"je disais donc, Borgia te fait transmettre ses meilleurs souhaits de convalescence. Nous avons fait courir le bruit que tu étais tombé sur le saule cogneur, hier...Ou plutôt, qu'il t'était tombé dessus à la suite d'une blague qui aurait mal tourné. Et elle t'a même, dans un élan de bonté et de générosité, copié ses notes de potion… "

Nouveau grognement de la part de Remus.

"Normalement c'est pas James qui s'occupe de la potion?" demandai-je en m'efforçant de ne pas grincer des dents trop fort. Je n'aime pas quand Lily tente de le court-circuiter.

Lily hausse les épaules.

"Si, mais Borgia –tout comme moi-même- a estimé que ses notes seraient certainement plus exactes, vu que Potter s'obstine à penser qu'il n'a pas besoin de cours pour avoir des bonnes notes…". Reniflement agacé.

"C'est une gentille attention de sa part…" ironisai-je.

"Remus n'aura qu'à regarder les cours de Borgia et Potter pour la potion… Deux prises de notes valent mieux qu'une."

J'entend clairement Lily marmonner "surtout que Potter a l'air de s'être lancé dans l'écriture et l'invention de hiéroglyphes…", mais je décide de ne pas relever.

"Je ne vois vraiment pas ce que tu as contre Carmen… Elle est sympa, pas hypocrite, et très jolie…Et intelligente." Relance Lily en fronçant les sourcils comme devant un enfant en faute.

Remus soupire.

"Lily, dis-moi vraiment: que reproches-tu à James?"

"De me prendre pour une équipe de Quidditch à vaincre… De se pavaner comme un coq… D'intimider les autres, particulièrement les plus faibles… d'avoir une tête plus grosse qu'une citrouille, et tout aussi bien remplie…de ne pas pouvoir s'empêcher de draguer toutes les filles pas trop moches de Poudlard…"

Remus stoppe Lily avant qu'elle ne continue la longue énumération des défauts de James (qui semble bizarrement grossir à chaque fois). J'ai envie de répliquer quelque chose, mais Remus me lance un regard d'avertissement.

"C'est exactement ce que je reproche à Borgia. Elle ne me prend que pour un petit préfet de Gryffondor, avec lequel faire marionnette et se prouver ô combien elle est magnifique. Merci bien. D'ailleurs, pour tout t'avouer, je n'ai rien contre Borgia. Je la trouve même plutôt marrante, dans son genre… mais elle ne m'intéresse tout simplement pas. Et ça n'arrange rien que vous ne cessiez de me parler d'elle de manière hypocrite, vous savez? J'ai l'impression que vous vous êtes tous ligués pour m'envoyer à l'échafaud."

Quant à moi, je pense que Remus n'a pas totalement tort, quoi qu'en puisse dire Lily.

"Jolie comparaison pour Borgia…" réplique Lily avec une moue. "Tu la sous-estimes,Remus… je suis sûre qu'au fond elle t'apprécie vraiment. Au fond. Bien caché… Ca fait quand même deux mois qu'elle n'a pas eu de petits copains… Je ne sais pas si tu te rends compte de ce que ça représente…surtout pour elle! Elle mûrit. Tu devrais lui donner une chance au lieu de continuer à la voir comme la fille-à-papa qu'elle était en quatrième année! Tout le monde a le droit de changer."

"je serais presque prêt à sortir avec elle rien que pour te prouver qu'elle me plaquerait au bout de quelques jours…" rétorque avec agacement Remus "Et Lily… s'il te plait… n'essaie pas de te justifier quand tu dis ne pas t'intéresser à james. Ca te rend encore moins crédible."

Lily pique un fard, les yeux exorbités. Elle a dû oublier comme moi de ne pas chercher un loup-garou dans la phase pré-lunaire…. Elle ouvre la bouche pour répliquer, avant de rencontrer le regard de Remus. Elle hoche la tête en riant.

"Tu m'as presque eue Lupin…"

Au moment de partir, Lily agite discrètement sa baguette, et devant mon air interrogateur, elle chuchote en souriant:

"Sortilège d'allégresse. Ca devrait le rendre plus aimable, à défaut de pouvoir lui faire manger des carottes… N'oublie pas de lui en lancer un nouveau demain matin, ça ne dure pas éternellement…"

Parfois Evans m'agace, mais là, je l'adore.

Point de vue de Remus Lupin, préfet de gryffondor, sixième année

et loup-garou lunatique une semaine par mois

La journée pré pleine lune est certainement la plus longue et la plus ennuyeuse du mois. Car malgré ce que ne cesse de répéter Sirius, rester cloîtré dans une infirmerie avec pour seule compagnie Pompom et des friandises n'a rien de bien réjouissant. Les moments où des amis viennent sont les seules pauses auxquelles j'aie droit. Tout le reste du temps je pense.

Au début, je profitais de cette journée pour méditer sans fin sur mon sort. Essayer de voir un peu plus clair dans mon avenir… Le moment me semblait propice. Avec James, Sirius et Peter, j'ai appris qu'aucun moment n'était propice pour se morfondre sur sa condition… Du coup, moins préoccupé par un avenir qui ne peut pas être si noir que ça, je me retrouve une fois par mois à réfléchir durant toute la journée, à moitié somnolant, de cas plus tordus les uns que les autres.

Aujourd'hui, je ne sais par quel cheminement douteux, j'en suis venu à réfléchir sur l'influence du sourire des gens. Je vous vois sourire avec condescendance, mais je vous assure, je ne délire pas! Malgré la croyance populaire, les loups-garous avant une pleine lune n'ont pas de crises de lupinium delirium, à voir du sang humain partout, etc… Une très forte envie de ne rien faire, si ce n'est dormir, et un affaiblissement des muscles, je vous l'accorde, mais mon esprit garde toute sa clarté. Enfin du moins j'en ai l'impression.

Je crois que j'ai commencé à penser à Lily. Lily est quelqu'un qui sourit presque tout le temps –si ce n'est quand James essaie de l'impressionner- et c'est de là, j'en suis sûr, que vient son succès auprès de nombre de gens. Lily est appréciée… Quand elle croise quelqu'un, elle ne peut pas s'empêcher de sourire, un grand sourire amical auquel l'autre personne ne peut s'empêcher de répondre. Le contact est toujours plus facile avec quelqu'un qui semble apprécier votre compagnie, et qui est de bonne humeur, qu'avec quelqu'un de renfermé, ou pire, méprisant.

Par comparaison, le sourire de Carmen Borgia ne provoque pas du tout ce sentiment de complicité qu'apporte celui de Lily. Je sais, il y a des discussions plus intéressantes, mais ne levez pas les yeux au ciel. Je m'explique.

Quand Borgia sourit, ce n'est pas pour mettre à l'aise les gens, c'est pour les attirer. Elle y arrive très bien d'ailleurs. Elle aime être admirée, adorée… pas appréciée. Car on n'aime pas forcément les gens qu'on admire… Borgia préfère de cent fois qu'on l'envie, la déteste, la jalouse, plutôt qu'on lui soit indifférent.

Borgia sourit tout le temps. Quand elle parade parmi les élèves, c'est un petit sourire suffisant, légèrement narquois, fier. Quand elle dit bonjour à quelqu'un, son sourire devient plus sensuel. Le pire est sans doute quand elle essaie de séduire, et où ses lèvres –belles et pleines, rendons à Carmen ce qui appartient à Carmen- restent un excellent moyen de persuasion.

C'est peut-être pour ça que tout le monde est d'accord pour trouver Carmen particulièrement attirante, mais que beaucoup moins –surtout parmi les filles, c'est vrai- la trouvent attachante.

Je n'ai jamais vraiment compris comment deux filles différentes comme Lily et Borgia pouvaient s'apprécier. Lily ne s'intéresse pratiquement pas aux garçons, et préfère de loin s'occuper des affaires des autres, donner des conseils… Borgia se fiche complètement des affaires des autres. Chacun pour soi. Et elle est connue pour être sortie avec à peu près tous les mecs ayant un minimum de charme, de un an plus jeune à cinq ans plus vieux, passés par Poudlard dans les cinq dernières années. Ca ne fait pas tant que ça quand on y songe, vu les effectifs réduits de l'école, mais c'est quand même un record.

J'imagine qu'elles se respectent. Elles ne marchent pas sur les plates-bandes l'une de l'autre, et ne jouant pas sur les même créneaux, elles n'entrent jamais en concurrence…

Mais jamais je n'aurais pensé que Lily, qu'elle apprécie ou pas Carmen Borgia, s'allierait avec elle contre moi.

Cruelle déception.

Point de vue de Brad Davies, préfet de Serpentard, sixième année

"Je parie deux gallions que Julia va gagner."

"t'es suicidaire? Borgia lui a déjà mangé la moitié de ses pions… dix gallions sur Borgia!" s'exclame avec assurance Rosier.

Je hausse les épaules. Rosier n'a manifestement pas compris les règles du jeu d'échecs, car s'il avait un rudiment de connaissance, il saurait que Julia peut gagner en trois coups. Ou peut-être pense-t-il que Carmen ne peut pas perdre en étant si jolie. Ca aurait pu marcher avec un mec, un joli sourire et un regard appuyé aurait vaincu tous les fous, les cavaliers et les pions… mais Julia est plus difficile à déconcentrer, surtout lorsqu'elle joue aux échecs.

"Merci de ta confiance, Rosier! Et Brad… je te retiens! Tu pourrais miser sur moi de temps en temps!"

Carmen affiche une petite moue boudeuse absolument adorable avant de se reconcentrer sur le jeu.

"Pourquoi miser sur toi alors que je sais que tu vas perdre, mon petit cyanure en sucre?" susurrai-je en battant des paupières.

Je reçois pour toute réponse un des pions noirs. Mais comme Carmen lance aussi bien qu'elle joue aux échecs, je n'ai même pas besoin de me baisser pour l'éviter

"Echec."

Julia a un petit sourire en coin en direction de Rosier, qui vient de grimacer. Carmen fronce des sourcils avant de déplacer un pion.

Deux coups plus tard, comme prévu, elle admet sa défaite, et Rosier me tend les dix gallions avec un grognement.

"Pourquoi je ne gagne jamais contre toi?" grimace Carmen en se carrant dans son fauteuil.

"Parce que tu veux absolument me manger mes pions, au lieu d'établir une stratégie. Ce n'est pas un jeu de dame, Carmen!" rétorque avec amusement Julia en rangeant le jeu.

Carmen répond quelque chose en souriant, mais mon esprit est attiré ailleurs. Maddie semble en plein devoir de DCFM, deux fauteuils plus loin. J'hésite, et lance un coup d'œil furtif à Carmen avant de me diriger vers elle.

"Hello Maddie-jolie!"

La dite Maddie sursaute avant de rougir comme une enfant prise en faute.

"Excuse-moi, je ne t'avais pas entendu arriver!"

"je peux m'asseoir?"

Ce n'est qu'une question rhétorique, et je n'attend pas le hochement de tête approbateur de Maddie pour m'asseoir à côté d'elle.

"Tu as besoin d'aide?"

"Ca devrait aller… J'ai presque fini…"

Maddie évite mon regard et rougit dès qu'elle le croise par inadvertance. Je sais que je la mets mal à l'aise à rester auprès d'elle alors qu'il y a du monde autour de nous, mais j'adore ce petit jeu du chat et de la souris. Et les rapides regards furtifs qu'elle lance aux alentours pour voir si personne n'a repéré mon petit manège sont vraiment amusants.

"Tu peux relire voir si je me suis trompée?"

Je ne peux pas résister à ces grands yeux gris implorants et je prends la feuille de parchemin dans ma main droite laissant traîner l'autre sur ma cuisse. Mon autre main ne reste pas longtemps célibataire d'ailleurs. Je sens rapidement une petite main froide se glisser dans la mienne. Je sursaute et regarde Maddie, qui me sourit d'un air moqueur.

Je sais que personne ne peut voir nos mains soudées, cachées par la table, et qu'en faisant ça Maddie ne craignait rien, mais je suis réchauffé quand même qu'elle ait osé.

Et puis, son petit sourire redevenu timide est tellement attendrissant.

Et en bas, dans la marge, en tout petit…

Où?

Point de vue de Peter Pettigrow, sixième année à gryffondor

Comme tous les soirs de pleine lune, la tension est à son comble. Rachel, Lily et moi disputons une partie acharnée de bataille explosive, pendant que James et Sirius somnolent. Ce sont eux qui se fatigueront le plus cette nuit, et –comme avant un long voyage- ils font le plein d'énergie. Moi j'aimerais plutôt en perdre… Je suis une boule de nerfs, comme à chaque fois…

Surtout que ce soir, si le loup nous le permet, nous avons prévu d'aller de l'autre côté du parc, dans un coin que nous n'avons pas encore eu le temps d'explorer…

"NAN!" hurle avec désespoir Lily.

"Et si, he he!" ricane Rachel avec un sourire victorieux.

Pour ceux qui n'ont pas vu la scène, Rachel vient de gagner la carte 'Mage' de Lily (la plus importante du jeu de la Bataille de Merlin…). Et comme Lily et Rachel entrent très facilement dans le jeu…

Deux minutes plus tard, c'est à mon tour de crier de rage, quand ma Harpie se fait récupérer par Lily, qui pousse un cri de victoire.

"Vous pouvez arrêter de hurler? Vous attirez toute l'attention de la salle sur nous…" grommelle sans conviction Sirius.

Lily roule des yeux en montrant d'un large geste du bras le chaos de la salle commune.

"Tu crois vraiment qu'ils se soucient de nous? Dors au lieu de raconter des âneries…"

Lily soupire encore une fois en battant les cartes.

Plus qu'une heure…

Point de vue de Remus Lupin, sixième année, préfet de Gryffondor

Plus qu'une heure.

Le stress monte. Je me suis déjà transformé des dizaines de fois auparavant, mais chaque pleine lune est différente. Même si, au final, elles se valent toutes…

Je croque une chocogrenouille avec anxiété. J'essaie vainement de relire un des cours. Sans succès.

Plus qu'une demi-heure.

Madame Pomfresh entre, et à son petit signe de tête, je sais que c'est l'heure. Je me lève presque avec soulagement. L'attente est le pire des fléaux.

Dehors, la nuit commence à tomber. Je jette un dernier regard en arrière, vers le château aux multiples fenêtres illuminées, avant de m'engouffrer dans la cabane hurlante.

Le trac me noue l'estomac, et j'ai une soudaine envie de vomir.

Lendemain de veille

Point de vue de Carmen Borgia, Serpentard, sixième année

J'y vais? Ou j'y vais pas… J'ai vraiment envie d'y aller… mais d'un autre côté si j'y vais, il va peut-être le prendre mal… il peut être si grognon parfois!

Non je n'y vais pas. Je me rendrai plus ridicule qu'autre chose. Et je n'ose même pas penser à la tête de Brad… non c'est décidé. Je reste en cours.

…

Mais… si jamais il se sent seul… à l'infirmerie… peut-être appréciera-t-il ma présence?

…

Je me retrouve devant un dilemme d'apparence insoluble.

"Arrête de gigoter sur ta chaise, tu me donnes mal à la tête…" chuchote Brad à mon oreille avant de me pincer les côtes pour me faire sursauter.

Je grommelle quelque chose d'intraduisible en lui jetant un regard furieux avant d'essayer de retourner à mon cours. Sans succès.

"Miss Borgia? Ca ne va pas bien? Vous êtes pâle…"

… Moment d'incertitude…

"Oui, je ne me sens pas très bien…Est-ce que je peux aller à l'infirmerie? " demandai-je avec un sourire faible.

C'est décidé, j'y vais.

"Un préfet?"

Brad se lève aussitôt pour m'accompagner, mais le prof lui lance un regard narquois.

"Vous pouvez vous rasseoir Mr Davies. Vous aussi Miss Evans. Miss Vance? Pouvez-vous accompagner votre condisciple à l'infirmerie s'il vous plait?"

Emeline Vance, préfète de Serdaigle, se lève, avec un sourire moqueur en direction de Brad qui marmonne quelque chose dans sa barbe inexistante. Je la suis, en essayant d'avoir l'air la plus malade possible. La mine sceptique des élèves me fait douter de ma réussite.

"Alors comme ça, tu ne te sens pas bien? J'espère que ce n'est pas contagieux…"

Emeline Vance n'a pas l'air très convaincue, et son sourire est plutôt railleur.

"Non, ça doit pas être contagieux,j'ai dû attraper froid hier… Les cachots ne sont pas très bien chauffés tu sais."

Emeline roule des yeux.

"Je ne suis pas si idiote que tu sembles le penser, tu sais. Tout le monde dans la classe a dû remarquer que tu étais malade depuis que Lupin est à l'infirmerie. Coïncidence, coïncidence?"

Son regard moqueur et son petit toussotement sceptique n'arrive pas à me mettre mal à l'aise. Pas totalement.

"Oui, complète coïncidence." Rétorquai-je avec assurance.

Je m'étonne que mon nez ne grandisse pas plus, mais après tout ce n'est qu'à moitié faux! J'ai dû attraper quelque chose pour me sentir si patraque… Lupin ne peut en être la seule cause, c'est sûr.

"Si tu le dis…"

Mais son ton laisse clairement entendre 'qu'on ne la lui fait pas'. Merlin emporte les Serdaigles et leur don pour tout deviner!

"Ca y est on y est. Bonne visite!"

Et sur un dernier sourire, Emeline Vance me laisse.

J'essaie de ne pas faire de bruit en entrant. Peut-être dort-il encore, après tout, il reste un Griffondor… et pour rester aussi longtemps à l'infirmerie, il doit être dans un sale état! Je frémis. Déjà qu'il est souvent malade…

L'infirmerie est vide. Il n'y a qu'un rideau au fond, autour de son lit. Je m'en approche, et en route j'essaie de reprendre contenance. Je vérifie en passant devant une glace que je suis parfaite, et je lève le rideau…

… Pour le trouver entrain de lire ses notes et de manger des écailles-de-sirènes™

Je m'attendais à le voir gravement blessé, avec des bandages partout… imaginez ma déception! Il semble à peine fatigué… Quelques cernes sous les yeux et de la pommade verdâtre à la vue peu réjouissante sur quelques parties du visage… et c'est tout! Il y a bien sûr de nombreuses fioles autour de lui, et je sais que Pomfresh est efficace mais… je suis dépitée. J'espérais pouvoir le réconforter un peu… lui panser maladroitement une blessure… et j'arrive trop tard! Maudite soit Mme Pomfresh et ses soins trop efficaces!

"Ah c'est toi! Bonjour!"

Tiens il semble de bonne humeur… Qui a dit que les séjours à l'infirmerie étaient désagréables?

"Oui je ne me sentais pas très bien, le prof m'a emmené voir Pomfresh, mais je ne la trouve pas. Et toi ça va?"

J'essaie d'avoir l'air le plus naturelle possible en m'asseyant sur le bord du lit. Il grimace et se redresse pour me laisser plus de place –charmante attention. Il a quand même l'air de souffrir en se redressant… peut-être que les potions ne font pas tout finalement!

"Bah… ça pourrait aller mieux, mais mis à part quelques courbatures, je m'en sors bien! Pompom est efficace…"

Il grimace un sourire et je lui souris aussitôt, instinctivement.

"Tu veux que je t'apporte quelque chose? Du jus de fruit ou…"

"Non merci, c'est gentil."

Dommage…

"Tu veux que je t'aide à te mettre de la pommade ou à te replacer?" tentai-je encore avec espoir.

"Non, Pomfresh s'en est déjà occupée" il me sourit "mais merci quand même. Une prochaine fois peut-être!"

…

Un blanc se forme dans mon esprit… il est aimable avec moi! De bonne humeur! Et… il n'est pas contre que je lui applique de la pommade –et plus si affinités! Un nouveau monde plein de délices s'ouvre à moi… Et dire que j'avais songé ne pas venir! Alléluia…

"Tu peux me passer le sac d'écailles-de-sirènes s'il te plait? Là, juste derrière toi…"

Je me réveille. Ca n'est pas le moment de faire un faux pas et de le décevoir alors qu'il est de si bonne humeur! Je lui passe le sachet avec un sourire niais jusqu'aux oreilles.

"merci, tu en veux un?"

Je sais maintenant à quoi ressemble le paradis… Aurais-je enfin atteint mon but? Je suis sur le point de répondre par l'affirmative quand madame Pomfresh entre, brisant complètement le charme.

"Miss Borgia, qu'est-ce qui vous amène encore? La dernière fois c'était pour une poussée d'acné incongrue, c'est ça?"

J'entends Lupin s'étouffer de rire derrière…

Discussion Gryffondorienne

Point de vue de Sirius Black, sixième année à Gryffondor

fauteur de trouble et brise-cœur à ses heures

Lily regarde Carmen sortir de la classe avec un sourire victorieux tandis que James ricane lourdement. De nombreux chuchotements se font entendre dans la classe et le prof peine à ramener l'ordre, ce qui surexcite encore plus les élèves. Je n'ai aucun mal à imaginer les discussions et ragots qui sont entrain de fuser… J'ai le pressentiment que Remus ne va pas en être enchanté.

Je m'en amuse intérieurement. On dirait un poulailler… j'ai une pensée de compassion pour le prof, mais qui s'estompe bien vite.

Au moment où je me replonge dans un état de somnolence proche du coma, un petit bout de parchemin arrive sur ma table. Je relève la tête pour croiser le regard anxieux de Lily.

'Tu as pensé à lui jeter un petit sortilège d'allégresse ce matin?'

Je lui lance un large sourire moqueur en me carrant dans mon siège.

'Tu verras bien, jolie Lily…'

Prochain chapitre: Maddie se rebelle, Carmen se reprend, Remus sourit, Lily cède, James gagne, Sirius s'enfonce, X se fait encore plus petite…