Auteur : Caramelon
Titre : Fièvre
Genre : Shonen Ai. Humour. Blague douteuse.
Résumé : pas résumable. Mais je me demande si on a déjà dit à Heero qu'il était absolument pas drôle… Mais pas du tout… Et une chose est sûre, il fera pas carrière dans le comique !
Disclaimer : j'avoue : c'est pas moi qui fait mon dictionnaire des synonymes…
Note : j'avoue, j'ai longtemps hésité. Je me suis dis, je le fais en 2 parties ou pas ? Finalement, grâce à Yat, j'ai décidé que ce serait une pitite histoire en deux parties…
Note 2 : malgré tout ce que vous pouvez ressentir à la fin… ON NE TUE PAS L'AUTEUR !
Fièvre part 1
Ils étaient « en vacances ». Enfin, c'était un bien grand mot. Disons que les mads ne leur envoyaient, pour le moment, aucune mission et les G-boys étaient bien obligés de se débrouiller eux-mêmes pour occuper leur temps libre. Temps libre qu'ils passaient à surveiller les allées et venues des soldats de Oz, surtout ceux qui rôdaient près de leur plaque actuelle, à organiser leurs couvertures, à pirater les institutions pour les uns, et surtout, ils gardaient le nez collé contre l'écran de l'ordinateur au cas où les mads décideraient de les sortir de leur retraite forcée.
Cette fois-ci, ils avaient décidé d'un commun accord de se séparer. Trowa était repartit dans les Colonies où l'attendait Catherine. Sa couverture à lui était toute trouvée : clown dans un cirque. La couverture habituelle quoi. Quatre, lui, avait rejoint une de ses nombreuses maisons secondaires, appartenant à une de ses nombreuses sœurs, sur Terre. Il avait, quelques jours plus tard, offert à Wufei de le rejoindre. Celui-ci avait finalement accepté plus par politesse, respect et égard envers Winner que par une réelle nécessité. Le chinois n'avait eu aucune envie de rester seul. Il n'y avait rien de plus déprimant que de vivre seul sans rien faire de ses journées à part ruminer sa rancœur, ses problèmes, ses regrets. Et puis, Winner était agréable à vivre. S'il avait besoin de solitude, l'arabe lui accorderait tout le temps nécessaire. Enfin, Duo avait persuadé, forcé serait plus juste, Heero de prendre ces quelques jours de répit comme des « vacances » dignes de ce nom, enfin, autant que des pilotes rebelles dans leur genre puissent en prendre… Duo l'avait carrément menacé d'activer l'autodestruction de Wing si le Perfect Soldier s'obstinait à vouloir accomplir des missions subsidiaires, prescrites par lui-même. Le japonais, acculé, avait finalement abandonné et donné raison au natté. Cependant, il s'était tout de même vengé à sa manière en les inscrivant tous les deux dans une université, puis leur louant par la même occasion deux résidences universitaires.
C'est ainsi que depuis près de deux semaines, Heero et Duo vivaient chacun dans leur petit studio, un petit 20 m², kitchenette et salle de bain, au 14ème étage d'un immeuble, en centre ville, à quelque pas de l'université.
Le japonais, ce soir-là, surfait rapidement sur Internet à la recherche d'informations très précises.
Heero se connaissait parfaitement. Aucune de ses réactions, aucunes émotions, même s'il les cachait à tout le monde, ne le surprenaient vraiment. Heero n'était pas le genre de personne à se voiler la face. Même si ça pouvait le gêner, si ça pouvait le déranger, il préférait la vérité au mensonge. Pour lui, tout était clair, tout était simple, et il lui était inutile de se poser des questions. Il savait exactement qui il était. Il n'avait aucun doute. Les doutes, les problèmes existentiels, c'étaient des entraves à sa mission. Il possédait aussi une parfaite maîtrise de lui-même.
Mais tout ça ne s'appliquait qu'à lui. S'il lui était facile de se comprendre, il lui était extrêmement difficile de deviner les autres. Si ses réactions n'avaient aucun secret, il n'en était pas du tout de même pour celles d'autrui. Un exemple parfait, son anti-thèse : Duo Maxwell. Son compagnon d'arme avait parfois des réactions diamétralement opposées aux siennes et il n'arrivait pas à comprendre ce qui les motivait.
C'était donc à cause de cette incapacité à pouvoir prévoir les réactions d'autrui que Heero surfait sur Internet, sur le comment soutirer des informations à une tierce personne sans passer par la torture. Au final, sa recherche avait apporté trois réponses.
La première était la manière dite franche. Poser directement les questions, aborder sans détour le sujet concerné. L'avantage était qu'il aurait tout de suite la réponse à ses questions. Sauf si la personne interrogée n'était pas coopérative. Et justement, elle n'était du genre à coopérer si facilement. L'individu concerné par son futur interrogatoire se braquerait aussitôt le thème abordé. Cette méthode ne donnerait aucun résultat.
La deuxième solution semblait être la préférée de Quatre. Elle se résumait en quelques mots : diplomatie, pragmatisme, patience. Trois notions absolument inconnus de son vocabulaire. Mettre en confiance son interlocuteur, cajoler sa future victime, la rassurer, faire semblant de la comprendre, de vouloir l'aider. Faire avancer les choses sans brusquer l'individu, sans qu'il prenne peur, qu'il se braque. Ne pas le froisser, le vexer, avancer pas à pas, avec patience et douceur infinie… Tout ça, c'était hors de sa portée. Et puis, en plus de ça, sa future victime était loin d'être une imbécile et elle sentirait tout de suite le piège.
La dernière solution était, à son avis, la meilleure. Elle consistait à pousser le sujet à dévoiler ses informations en le mettant dans une situation où il lui semblerait naturel d'utiliser ses renseignements. Ainsi, Heero pourrait les recueillir comme un fruit mûr. En quelque sorte, c'était une manière totalement vicieuse, détournée, manipulatrice. Mais pour Heero, même si cette méthode restait, de loin, la meilleure solution, elle nécessitait une parfaite connaissance des réactions de ladite personne, ce qui était loin d'être le cas. Cependant, il n'avait pas beaucoup de choix. D'après la personnalité de l'individu, les deux premières méthodes n'étaient même pas envisageables. Il lui fallait donc maintenant trouver un moyen de créer une situation qui pousserait cette personne à dévoiler ses renseignements.
Le japonais se déconnecta et éteignit son ordinateur. Il abaissa l'écran, l'esprit en ébullition. Toujours plongé dans ses pensées, il se déshabilla et s'infiltra avec délectation dans ses draps frais. Il éteignit la lumière de sa lampe de chevet. Il trouverait bien une solution d'ici demain matin…
Duo éteignit rageusement son réveil qui tintait, strident, depuis 10 bonnes minutes. Il se leva comme à son habitude en se frottant vigoureusement les yeux et en maudissant intérieurement le japonais d'à côté pour avoir eu l'excellente, l'intelligente, la suprême idée de les inscrire dans une université, d'être obligés d'aller suivre des cours dans des amphithéâtres pleins à craquer sur des matières dont il ne savait absolument rien et aussi intéressantes que la vie passionnante du poisson rouge dans son aquarium. Près de 3 heures, quand ce n'était pas 4 et demi, à s'ennuyer ferme, à bayer aux corneilles en faisant attention de ne pas gober les mouches, ou se faire repérer par le maître de conférence, à faire semblant de prendre des notes, tout ça, au lieu de dormir et de faire la grasse matinée…
Les cours auraient pu être captivant si, justement, cela l'avait un jour intéressé. Or, ce n'était pas le cas. Il ne voyait pas comment ses cours de macroéconomie, de microéconomie, et même de droit pouvaient l'aider à survivre. Tous ces concepts, ces notions juridiques et économiques ne servaient en rien à sa survie. Ils étaient en guerre. Tout au plus, ces cours pouvaient servir de somnifère naturel s'il n'arrivait pas, un jour, à s'endormir. Ce qui, bien sûr, ne sera jamais le cas étant donné que pour Duo, après son Deathscythe, le lit était un de ses endroits préférés où il se sentait chez lui, en sécurité. Nul besoin de somnifère ou d'assommants cours d'économie gestion pour tomber dans les bras de Morphée.
Mais ça, le japonais l'ignorait, s'il s'était jamais, un jour, préoccupé du sommeil de son compagnon d'arme… Ce qui n'était pas le cas non plus.
Donc, Duo, presque machinalement, enfila des vêtements plus traditionnels, plus conformes à son statut d'étudiant dans l'une des meilleures universités de la Terre. C'est-à-dire, un pantalon de toile noire, coupe droite, une chemise en coton léger, prune. La seule excentricité selon le standing de cette faculté restait ses cheveux longs. Heero lui avait bien conseillé de se les faire couper, prétextant que cela le rendait beaucoup trop identifiable. Un jeune homme natté aux yeux améthyste, ça ne courrait pas les rues… Ce à quoi, l'américain lui avait répondu avec son regard le plus menaçant. Ce qui n'impressionna pas le japonais qui d'ailleurs le lui rendit. Cependant, il abandonna l'idée. Il valait mieux se serrer les coudes pour traverser le plus dignement possible des « vacances », somme toutes pleines de promesses… infernales !
C'est donc avec une moue râleuse, comme chaque matin, que Duo entama son petit-déjeuner, en tant qu'accro à la sacro-sainte tartine de beurre, saupoudrée de chocolat en poudre et trempée dans un lait chaud sucré. Il écouta vaguement les informations du jour qui grésillait de son poste radio posé sur la table. Puis il rangea son bol dans l'évier qu'il remplit d'eau chaude en y versant une bonne rasade de produit vaisselle. Il contempla d'un air absent la mousse blanche monter et tourbillonner, complètement perdu dans ses pensées. Il ferma l'arrivée d'eau, éteignit sa radio et se posta devant son ordinateur portable avec la ferme intention de vérifier ses messages. Il pria secrètement le Dieu de la Mort de lui fournir du travail. N'importe quoi ! Pourvu simplement qu'il sorte de cet enfer qu'est l'université. Sauf qu'en ce moment, ladite divinité avait une forte propension au sadisme et à la torture, et ne répondit donc pas à l'appel de détresse de son protégé.
C'est avec désespoir que le natté prit son sac de cours, ne vérifiant même pas ce qu'il pouvait bien contenir puisque les cours ne l'intéressaient nullement. Il sortit de son petit studio qu'il ferma à clé et alla frapper à la porte voisine, celle appartenant à Heero. Et il attendit.
Attendit.
Attendit.
Il frappa de nouveau. Un peu plus fort cette fois. Il entendit enfin un faible cliquetis dans la serrure puis la porte s'entrebâilla légèrement. Deux iris cobalts l'observaient des pieds à la tête avec un air parfaitement endormi. Il plissa des yeux quand la lumière du couloir l'aveugla. Duo resta stupéfait. Heero, devant lui, l'air endormi, en pyjama, si le fait de porter… on va dire un caleçon, pour éviter trop de chocs psychologiques et des séquelles irrémédiables, donc, si le fait de porter un caleçon signifiait que l'on porte un pyjama. Mais plus inquiétant, Heero Yuy fatigué ! Heero Yuy qui venait de se réveiller ! C'était du jamais vu. C'était quasiment impensable ! Bien sûr, l'américain savait pertinemment que le japonais devait dormir à un moment ou à un autre, mais jamais il ne l'avait vu, justement, dormir… Heero ouvrit la porte un peu plus, dévoilant parfaitement son torse finement ciselé, finement musclé aux yeux incrédules du natté. Duo ne put que constater que le japonais était bien foutu comme les autres, c'est-à-dire, un nombril, deux tétons, des abdominaux, des pectoraux. En somme tout ce qui constituait le torse d'un homme normalement constitué, mais en mieux…
« Duo », dit-il d'une voix pâteuse.
L'américain s'arracha à contrecoeur de sa contemplation, pour poser ses yeux dans ceux du japonais, yeux qui brillaient d'une étrange lueur. Une lueur que le natté ne lui avait jamais vue. Heero s'avança un peu plus vers l'américain.
« Heu… Hee… Ro… Cours… Univ », bafouilla Duo.
Le japonais se contenta de fermer les yeux, tituba, et finalement bascula en avant. Duo, par réflexe, tenta de le rattraper dans sa chute, mais manqua sa manœuvre et servit juste d'amortisseur à un certain japonais. Le natté tomba donc lourdement sur le dos, avec le japonais dans ses bras, avec un grognement étouffé.
« Bon sang Heero ! Qu'est-ce qui t'arrive ! » s'exclama Duo.
Le japonais ne répondit rien et sa respiration se fit saccadée, erratique. Une porte s'ouvrit et une tête curieuse, avec un air ensommeillé apparut. La jeune femme regarda d'un air absent les deux corps entrelacés au milieu du couloir.
« Y a des chambres pour ça ! » maugréa-t-elle avant de claquer sa porte.
Le visage de Duo fut prit d'assaut par un excès sanguin qui entachèrent vigoureusement ses pommettes d'une belle couleur vermeil, tendant vers le cramoisi. Il se rendit compte avec un certain effarement que d'autres parties corporelles avaient eu droit à l'afflux sanguin ! L'américain repoussa de toutes ses forces le japonais toujours affalé, se disant qu'une érection matinale ne serait sûrement pas la meilleure façon de régler cette situation embarrassante. Mais il lui semblait que Heero n'était pas en état de s'apercevoir de quoi que ce soit. Allongé à côté de Duo, des perles de sueur lui roulaient le long des tempes et allaient se perdre dans la chevelure en bataille. L'américain, intrigué, passa sa main sur le front. Front d'une température anormalement élevée pour un japonais immunisé contre tout virus et toute infection en temps normal.
« Heero ! Mais qu'est-ce que tu me fais, là ? »
Le japonais ne répondit pas et essaya de s'asseoir. Voyant qu'il peinait, Duo le prit par les aisselles et le souleva. Il colla le dos du japonais contre son torse et le traîna jusqu'à l'intérieur de la chambre.
« Lâche-moi ! » grogna Heero, tandis que Duo le tirait à travers la résidence. « Je peux marcher. »
« Tu plaisantes, j'espère ! Tu m'es littéralement tombé dessus tout à l'heure ! Je ne te lâcherais que lorsque tu seras dans ton lit ! »
Le japonais grogna de plus belle, qui ressemblait plus au feulement d'un chaton blessé. Risible et pas du tout impressionnant. L'américain le remorqua jusqu'au lit défait. Il fit basculer sans douceur Heero sur le lit. Celui-ci, tremblant, tenta de remonter ses jambes qui pendaient dans le vide. Duo soupira, prit les jambes et les posa sur le matelas. Puis il contempla avec un air critique la position tordue de Heero sur le lit. Heero qui ne bougeait plus d'un pouce, haletant, cherchant un souffle d'air. Duo ne comprenait vraiment pas ce qui pouvait bien lui arriver. Il releva ses manches et repoussa d'un geste impatient sa longue natte. Puis il grimpa sur le lit. Première initiative : installer confortablement le japonais. L'américain se plaça au-dessus de Heero, un pied de chaque côté de sa tête. Le natté se baissa enfin, le prit sous les bras puis le tira vers lui en même tant qu'il reculait. Soudain, ses fesses heurtèrent le mur et il manqua de tomber en avant. Il lâcha Heero dont la tête retomba doucement sur l'oreiller. Duo remit les jambes du japonais dans l'axe du buste. Satisfait, Duo s'autorisa un soupir de soulagement. Deuxième opération : trouver ce qu'il pouvait bien avoir. Or, jamais ils n'avaient jamais été souffrants. Duo avait bien contracté quelques rhumes, disant qu'il tombait malade rien qu'en regardant Heero se balader en Sibérie en débardeur et en spandex. Hormis donc ces fameux rhumes charitables et philanthropiques de la part de Duo, aucunes maladies, infections ou virus ne pouvaient les terrasser. Donc, l'américain décida au moins de prendre sa température. Et la trousse à pharmacie se trouvait dans son studio, puisque le natté avait de plus forte probabilité de tomber malade que le japonais.
L'américain observa quelques instants le japonais qui semblait respirer un peu mieux. Il fronça les sourcils avec un air méfiant et soupçonneux. Le japonais avait l'air d'être dans un sale état, et dans l'incapacité de faire quoi que ce soit, peut-être même de se gratter le bout du nez… Aussi, avant de partir chercher sa trousse, probablement bien cachée au milieu de ses affaires, il ajouta ceci :
« Ne bouge surtout pas ! »
L'américain marcha à reculons sans quitter des yeux la forme allongée sur le lit. Il ouvrit la porte et la referma doucement derrière lui. Il se précipita ensuite dans sa résidence et se rua dans sa salle de bain. Il fouilla tous les placards, tiroirs et autres cachettes pour mettre la main sur cette trousse. Trousse qu'il trouva finalement dans son sac de cours qu'il avait toujours sur son dos (probablement pour palier à toutes sortes de migraines…) et fonça jusque dans la chambre du japonais. Duo ouvrit brusquement la porte et trouva Heero devant son ordinateur allumé.
« Mission accep… »
« Refusée ! » cria Duo.
L'américain se précipita sur l'ordinateur, jetant au passage sa trousse à pharmacie sur le lit. Le japonais posa sur lui un regard meurtrier. Regard qui manquait cruellement de conviction et acheva d'inquiéter le natté. Pour lui, voir le Soldat Parfait malade avait des allures d'apocalypse. Aussi inquiétant qu'une pluie de grenouilles ! Duo se pencha pour foudroyer le Doc J de ses deux orbes améthyste.
« Désolé J. Considérez que votre Perfect Soldier prolonge ses vacances jusqu'à son complet rétablissement ! »
« Duo… »
« Ridicule ! » s'exclama J. « Heero n'est jamais… »
« …malade ? » acheva Duo, sa voix vibrante de colère.
Il saisit le menton du japonais entre ses mains.
« Regardez ! Même un poisson qu'on aurait laissé 15 jours au soleil serait plus frais que lui ! Avantage de la chose, Heero, au moins, il n'empeste pas ! »
Il lâcha le visage de Heero et se pencha encore plus de sorte que leurs visages étaient presque joue contre joue.
« Heero n'ira pas en mission dans cet état. Et moi non plus ! »
« Duo… », grogna sourdement le japonais.
« Pas question que je te laisse seul. Tu serais bien fichu de nous faire une connerie dont tu as le secret ! Et j'avoue : te voir comme ça me fout une trouille pas possible ! Donc, nous prenons des congés supplémentaires ! »
L'américain éteignit l'ordinateur. Sa décision ne souffrait d'aucunes répliques et surtout pas par un certain japonais qui essayait de manifester son mécontentement par des soupirs agacés et des grognements. Le natté ne se laissa pas du tout attendrir, pas même impressionner. De tout façon, Heero était faible, vulnérable devant lui. Et curieusement, même si Duo avait toujours secrètement espéré avoir une once de pouvoir sur Heero, aujourd'hui que c'était le cas, il avait peur. Il ne savait pas ce qui pouvait terrasser à ce point le japonais, mais cela devait être costaud… Enfin, il se contenta de lui envoyer un regard sévère. Il pointa un doigt sous le nez du japonais.
« Toi ! Je t'avais pourtant ordonné de ne pas bouger ! »
« Duo… »
« Taratata ! Si tu veux repartir en mission le plus vite possible, obéis-moi ! »
Le japonais poussa un énième soupir exaspéré. Il se laissa traîner jusqu'à son lit comme une poupée désarticulée. Une fois installé sur lit, Duo le contempla. Il secoua vigoureusement la tête et ouvrit sa trousse à pharmacie. Première étape : prendre la température de cet idiot. Il trouva enfin le thermomètre et se figea.
« Merde », marmonna-t-il. « Un thermomètre rectal ! »
Duo grogna. Ils étaient des pilotes de Gundam, robots à la pointe de la technologie et tout ce qu'ils avaient était un thermomètre rectal ? Et les machins qu'on mettait dans les oreilles ? Cet appareil fantastique qu'utilisaient les médecins de la rébellion ? Pourquoi il n'en avait pas ? C'était vachement plus pratique, non ? Surtout qu'il ne s'imaginait pas du tout enfoncer ce truc dans les fesses du japonais ! Et en ressortir entier ! Autant physiquement, les réflexes du japonais étant meurtriers. Que psychologiquement… Bon sang ! Ils étaient en AC 195, plus à la préhistoire ! L'américain grogna de plus belle. Il fut interrompu dans ses réflexions par un froissement. Le froissement que créait Heero en se tournant sur le ventre. Duo l'observa un instant. Etait-ce une invitation ? Hum… Intéressant. L'américain secoua à nouveau sa tête. Il se retroussa les manches, se saisit du produit vaisselles et en versa une bonne rasade sur le thermomètre. Il ouvrit l'arrivée d'eau et rinça l'objet. Il s'approcha ensuite du japonais et s'assit à ses côtés. Il posa une main sur le dos de Heero, qui frissonna de plus belle.
« Heero ! Retourne-toi ! Allez ! »
L'américain l'aida à se mettre sur le dos. Le japonais le regarda sans comprendre. Duo soupira une nouvelle fois.
« Fais « Aaah » ! »
Malgré son esprit embrumé, le japonais haussa un sourcil d'incompréhension. Mais ne bougea pas plus.
« Ok, ok ! Ouvre la bouche si tu préfères ! »
« Mais, c'est… »
« Un thermomètre rectal. Je sais. Sauf que j'ai décidé qu'il allait commencer sa carrière en tant que thermomètre buccal. »
Heero n'ouvrit toujours pas la bouche.
« Ecoute ! Je viens de le laver. Il a sans doute jamais servi. Et compte pas sur moi pour te planter ce truc dans les… »
Duo remercia avec ferveur la pénombre de la chambre qui cachait entre autre, deux petites rougeurs… Et une autre partie de son anatomie qui ferait bien mieux de se mettre en veilleuse, ses interventions intempestives étant fortement inappropriées et totalement troublantes. L'américain fourra le thermomètre dans la bouche du japonais qui avait les yeux fermés. En attendant, Duo fouilla la trousse à pharmacie pour découvrir les fabuleux trésors qu'elle pouvait contenir, par exemple, le remède miracle pour Heero Yuy malade… Il trouva d'abord un tube d'aspirine. Ça c'était pour lui. Il sentait qu'il en aurait besoin… Une boite anti-rhume. Ça c'était encore pour lui, lorsqu'il s'enrhumait tout seul en voyant un Heero Yuy légèrement habillé sur une banquise. Un médicament pour la fièvre. Ca c'était une bonne nouvelle. Enfin, ça aurait pu être une bonne nouvelle si le médicament n'était pas sous forme de suppositoire… Des pommades, contre les brûlures, les inflammations, tout un tas de compresses, de pansements, de rouleaux de sparadraps, de rouleaux de bande de gaze… Bref, tout un bric-à-brac auquel Duo ne comprenait rien. Pour lui, ça s'arrêtait au strict minimum : de quoi soigner ses rhumes et ses migraines. Le reste… C'était hors de ses compétences.
Duo jeta un bref coup d'œil à sa montre. Puis il retira le thermomètre.
39,5°C.
L'américain blêmit. Déjà, Heero Yuy malade avait de quoi en effrayé plus d'un (enfin, ceux qui pouvait se vanter de côtoyer le pilote) Mais Heero avec tant de fièvre, avait de quoi faire paniquer l'américain. Néanmoins, il ne laissa transparaître aucune émotion. Peut-être parce que le japonais le regarda avec ses yeux vitreux et enfiévrés.
« Ok Heero ! Don't panic ! J'appelle Sally ! »
Il ne savait pas à qui il voulait faire croire ça, mais de toute évidence, c'était raté. Juste dire « Don't panic » d'une voix proche de l'hystérie, accompagné d'un « J'appelle Sally », n'avaient strictement rien de rassurant. Mais bon, Duo n'en était plus là. Un rhume, il aurait pu gérer. Un Heero Yuy avec pratiquement 40 de fièvre était hors de ses compétences. Et la seule chose qui lui venait à l'esprit était de déverser toute son angoisse sur Sally. En tant qu'ancien médecin militaire, elle devait savoir comment s'y prendre. Et puis il en profiterait pour toucher un mot à propos d'un certain thermomètre qui n'aurait pas du être rectal. Il alluma donc l'ordinateur du japonais, passa de multiples protections, pièges et tout le bastringue pour arriver à afin joindre Sally par webcam.
« Duo ? Je… »
« Y a urgence Sally ! Heero est malade. »
Sally le regarda, incrédule. Puis elle fit une chose à laquelle Duo ne s'attendait pas : elle éclata de rire !
« Mwahahahah ! Très drôle Duo ! Bon, écoute, je vais te laisser. J'ai du travail, moi ! J'ai pas le temps pour faire des blagues. »
« Sally ! C'est vraiment pas une blague ! »
Duo ôta la webcam et la dirigea vers Heero, toujours allongé, quelque peu assoupi, mais tremblant de tous ses membres.
« Il est comme ça depuis ce matin et sa fièvre approche des 40 ! Sally ! Je fais quoi ? »
L'américain replaça la caméra et la jeune femme put voir l'air parfaitement désespéré de son interlocuteur.
« Bien, bien. Je vois. A-t-il mal quelque part ? »
L'américain haussa les épaules en signe d'ignorance. Il se pencha vers Heero et le secoua doucement. Les tremblements du japonais s'intensifièrent et des gouttes de sueur perlaient le long de son front. Néanmoins, Heero ouvrit ses yeux. Duo se leva et se dirigea vers la kitchenette. Il saisit un torchon propre et le passa sous l'eau fraîche. Il le tordit ensuite pour l'essorer et revint vers le japonais. Il s'assit à ses côtés et lui passa le torchon mouillé sur le visage.
« Bah, tu vois ! Tu t'en sors très bien Duo. Tu as fait exactement ce qu'il fallait ! »
« Sally ! Y a une nette différence entre nettoyer des gouttes de sueur et guérir Heero ! »
Duo redirigea son attention sur le japonais. Il essaya de capter son regard. Ce qu'il fit une fois qu'il l'eut appelé.
« Heero ! Dis-moi si tu as mal quelque part ! »
Silence.
Heero Yuy, le Perfect Soldier, capable de prouesses stupéfiantes et surhumaines. Heero Yuy, capable de marcher tranquillement avec une fracture du tibia. Heero Yuy, capable de gentiment se la réduire sans pousser un cri de douleur. Heero Yuy, un être humain, enfin physiquement il ressemblait bel et bien à un être humain, capable d'endurer les pires douleurs sans dire un mot. Capable même de les ignorer. Alors, s'il avait mal ? Non, pas plus que ça…
Duo se rendit donc compte que ce n'était pas du tout la bonne question à poser.
« Ok, je reprends. Heero ressens-tu des manifestations somatiques inhabituelles pouvant s'apparenter à une certaine douleur pour le commun des mortels, dont tu ne fais visiblement pas partie ? »
Le japonais fronça les sourcils, réfléchissant.
« Oui », répondit-il d'une voix rauque.
« Où ça ? » demanda Sally. « Montre lui ! »
La main de Heero posée sur son torse descendit, descendit, dépassa le nombril et s'arrêta juste au-dessus de la jambe droite près de l'aine. L'américain saisit la webcam pour que Sally puisse voir ce que le japonais montrait. Le front de la jeune femme était traversé par une barre, un pli soucieux.
« Duo, j'aurai besoin que tu l'auscultes pour moi. Je te guiderai. »
Le jeune homme obéit. Il fit tenir en équilibre la webcam pour que Sally puisse le guider et attendit, un peu nerveux. Ça voulait dire quoi au juste, ausculter ? Il savait ce que ce mot voulait dire, mais pas ce que cela impliquait.
« Bien, dégage la zone ! Abaisse son short ! »
L'américain s'étouffa, et un nouvel afflux sanguin colora ses pommettes. Depuis le début de la journée, qui soit dit en passant n'avait commencé que depuis moins d'une heure, Duo avait clairement eu confirmation qu'il ressentait bel et bien une attirance physique pour le japonais. Au début, il avait mis ça sur le compte d'une certaine admiration, voire de l'envie. En aucun cas de l'attirance. Force est de constater que, et bien non, ce n'était pas une simple admiration. Mais bien une attirance sexuelle. Attirance bien vite refoulée par une angoisse. Qui pourrait se traduire par une forte anxiété pour la santé du japonais. Sauf qu'il ne fallait pas non plus trop le tenter. Déjà, Heero presque nu et il conservait relativement sa tête froide. Mais le déshabiller totalement, ça, c'était trop lui demander…
Voyant que Duo restait figé, Sally soupira et révisa mentalement son jugement : Duo ne ferait absolument pas un bon garde-malade. S'il n'était même pas capable de mettre ses appréhensions de côté…
« Duo ! Je te demande pas de l'abaisser totalement, mais juste un peu, du côté droit. »
L'américain soupira de soulagement. Ça, il pouvait le faire. Tant que cela restait dans le domaine de la pudeur… Avec seulement un doigt, il descendit à peine le caleçon. Puis il l'empêcha de remonter.
« Bien, appuis doucement sur la zone douloureuse. Heero, arrête-le à l'endroit où la douleur est la plus intense… »
Le japonais acquiesça. Duo, tremblant et crispé, posa une main sur le torse brûlant de Heero et commença à tâter doucement le flanc droit. Enfin, palper, c'était un bien grand mot. Cela s'apparentait plus à de timides et craintives caresses qu'un examen médical en règle. D'autant plus que l'américain évitait de trop regarder ce qu'il faisait. Pour lui, le mur face à lui avait une texture et une couleur forte intéressantes. Un espèce de crépit blanc cassé. Et pour fignoler le tableau, il s'imagina G, torse nu, en jeans, un pot de peinture dans une main, un rouleau dans l'autre, entrain de repeindre cette chambre en jaune canari, un couleur que détestait absolument l'américain. Et il évita surtout de penser qu'il avait un japonais brûlant sous ses doigts. Un japonais quelque peu vulnérable.
D'ailleurs celui-ci se tétanisait sous les caresses de l'américain. Heero grogna et saisit brusquement le poignet de l'américain. Il lui prit la main et la guida jusqu'au point où la douleur était censée être insupportable pour le commun des mortels. Duo sentit son sang bouillonner et son cœur accélérer sa cadence déjà infernale. Et il avait chaud ! Il avait l'impression de cuire dans ses vêtements. Une cuisson vapeur. Dans les cartoons des anciens temps, de la vapeur se serait échappée par son col de chemise.
Duo se secoua mentalement et se tourna vers Sally. Celle-ci fronçait les sourcils.
« A vu d'œil, je dirai que la douleur se situe au niveau de la fosse iliaque droite. Une douleur qui se diffuse apparemment au niveau de l'abdomen. 40°C de fièvre. Des nausées ? »
« De… De temps en temps », répondit Heero.
Une fois de plus, l'américain fut surpris de la docilité du japonais.
« Hum… Duo, il va falloir que tu me l'amènes d'urgence. Où êtes-vous ? »
« Dans une ville en France, Toulouse. »
« Pas bon, pas bon. Ecoute-moi Duo ! Va à Paris, puis prend un avion pour le Royaume de Sank. Un sweepers viendra vous chercher et vous conduira à la planque. »
« Pourquoi ? Toi, tu es où ? »
« Mozambique. Rendez-vous demain à Sank. »
« De… Demain ? C'est si urgent ? »
« Si c'est ce que je crois, le plus tôt est le mieux. Beaucoup de personnes meurent d'une appendicite ou d'un péritonite faute de soin. A demain. »
Sally coupa la communication, laissant un Duo complètement tétanisé. Mourir ? Heero pouvait mourir à cause d'une stupide appendicite ? Noooon ! Attendez ! On parlait bien de Heero Yuy, un homme invincible ! Combien d'ozzis s'arrachaient des touffes de cheveux en essayant de le tuer en vain ? … A vrai dire, aucun. Ils n'en avaient pas eu le temps. Un saut sans parachute d'un immeuble d'une cinquantaine d'étage et le long d'une falaise ne l'avait pas achevé. Et ce jour-là, il était blessé : quelques côtes cassées et deux blessures par balle. Signature de Duo. Une explosion de gundamnium à près d'un mètre de son joli derrière ne l'avait pas tué non plus. Ainsi que nombre de mission suicide ordonnées par un fou psychopathe, légèrement sado-masochiste sur les bords.
Alors, une stupide appendicite ? C'était juste une vaste blague !
Duo dirigea son attention vers le japonais qui se redressait doucement.
« Allez Heero ! C'est bon. Je crois que tu m'as assez foutu les chtouilles comme ça. Tu peux arrêter de faire semblant d'être malade. »
Le surnommé hypocondriaque lui lança un regard noir, comme il savait si bien le faire au temps où il n'était pas fiévreux et nauséeux.
« Je vais à Paris », murmura-t-il.
Duo resta silencieux quelques secondes et révisa quelque peu son opinion. Heero Yuy était quelqu'un de franc. Aucun tact, aucune diplomatie. Quand il avait quelque chose à dire, il le disait. Point barre. Il ne s'occupait en aucun cas de la susceptibilité de ses interlocuteurs. Et ça, Duo l'avait bien compris pour en avoir été plusieurs fois victime de la franchise décapante du japonais. L'américain l'avait toujours su droit, honnête, du moins avec ses amis. Il ne disait jamais de paroles en l'air… Et l'américain l'avait vu prêt à accepter une mission de J, malgré son état. Non, il ne devait pas faire semblant. Et oui, Heero Yuy l'invincible lui faisait une banale crise d'appendicite. Banale mais mortelle si elle n'était pas prise à temps.
« Très bien. Je t'y amène. »
Le japonais opina du chef et s'assit dans son lit avec l'aide l'américain. Il resta adossé contre le mur tentant de reprendre un peu son souffle. L'américain l'observait ne sachant pas trop quoi faire. Heero planta ses yeux fiévreux dans ceux de Duo. Il déglutit devant l'expression inquiète de l'américain, qui se mordait la lèvre inférieure.
« Duo… ? »
Celui-ci détourna la tête.
« Désolé. Je n'aime pas voir les gens malades… »
L'américain se leva. Depuis la fameuse épidémie qui a divisé la population de L2 par deux. Il avait perdu bon nombre de ses amis à cette époque. Alors oui, s'il y avait bien une chose qui le terrifiait plus que tout, c'était bien la maladie. La première fois qu'il avait attrapé un rhume après l'épidémie, il avait fallu toute sa volonté de survivre et tout son self control pour ne pas paniquer. Les autres gosses de la rue comptaient sur lui. Il avait surmonté. Il n'avait plus une peur panique de la maladie. Néanmoins, il avait toujours cette appréhension de voir ses proches tomber malade.
Et maintenant, Sally lui disait que Heero, quelqu'un qu'il considérait comme un ami, et surtout comme un être indestructible, pouvait succomber à une ridicule appendicite… Alors, oui, il avait peur. Oui, c'était peut-être stupide, il en convenait, mais si on pouvait contrôler entièrement ses peurs, alors le monde entier n'aurait plus peur de rien.
L'américain se secoua. Il fallait qu'il se concentre. Ils devaient aller Paris, pour prendre l'avion pour Sank. Ils avaient le choix entre le train et l'avion. Le transport aérien serait sans doute plus judicieux puisqu'une fois à l'aéroport parisien (il ne savait pas encore lequel) ils pourraient prendre un autre avion pour Sank. Duo se renseigna sur les horaires de vol. Il réserva ensuite deux places sur un vol Toulouse/Paris, départ dans 2 heures. Puis deux place sur un vol Paris/Sank-city. Entre les deux avions, ils auraient près de 4 heures à attendre, ils mangeraient sur place, mais ils seraient à Sank dans la soirée. Duo avertit donc Sally de l'heure de leur arrivée, sans compter les possibles retard.
L'américain se tourna vers Heero qui semblait respirer un peu mieux. Il avait les yeux fermés, comme s'il essayait de se concentrer. Et Duo comprit : s'il pouvait ignorer ou vivre avec la douleur, alors il pouvait également ignorer et vivre avec les effets d'une forte fièvre. Et Duo comprit aussi pourquoi il l'admirait tant. L'américain se pencha un peu et essuya le front du japonais avec le torchon imbibé d'eau. Heero ouvrit les yeux.
« On va y aller. Habille-toi ! Je vais préparer nos affaires. »
Herro acquiesça simplement. Duo retourna dans son petit studio pour faire ses valises avant de s'occuper de celles du japonais.
Décidément, rien ne se passait jamais comme prévu. On avait beau s'organiser, calculer pour parer à toutes éventualités, il y avait fatalement un petit grain de sable, un minuscule, ridicule et irritant petit atome de sable qui venait tout enrayer. Pourquoi rien ne se passait jamais comme prévu ? Pourquoi ?
C'était ce que se demandait Duo en cet instant. Alors qu'il était devant l'aéroport toulousain pour prendre leur avion, son stressomètre au paroxysme, ses lèvres collées contre celles du japonais.
Non, franchement, il avait tout fait pour éviter au maximum le contact avec son compagnon d'arme, mais ça n'avait strictement servi à rien…
…
Tout avait commencé lorsque Heero s'était enfin levé de son lit une fois que Duo avait fini leurs bagages. Sur le moment, même s'il avait eu l'air de quelqu'un de normal, malgré toutefois des cernes de fatigue sous ses yeux, il avait semblé évident à l'américain que, d'un, Heero serait incapable de porter le moindre bagage, de deux, il ne pouvait pas marcher sans qu'on ait l'impression de le voir tanguer (d'ailleurs, Duo, sujet au mal des rafiots de pêche, avait eu la fugace impression d'être à bord de l'un d'eux et avait commencé à ressentir les effets nocifs du tangage sur son estomac…)
Conclusion de l'histoire : Heero avait besoin, même s'il rechignait et clamait haut et fort le contraire, d'un soutien, du genre béquille. Or, ce n'était pas le genre d'objet que l'on pouvait trouver dans les armoires des deux pilotes. Ce n'était pas comme s'ils en avaient besoin. D'un, Heero, jambe cassée ou non, il ne s'en serait jamais servi. Quant à Duo, Quatre lui avait formellement interdit d'utiliser le moindre objet cylindrique et dépassant le mètre en dehors des missions. Ce qui incluait : balai, canne à pêche, bâton trouvé dans les bois, bout de bambou, râteau, pelle, pioche, faux, et bien sûr les béquilles. Tout cela à cause d'un malheureux incident dont il n'était même pas, de son point de vu, responsable… Ce n'était quand même pas sa faute si ce genre d'objet devenait des armes mortelles entre ses mains. S'ils avaient des réclamations à faire, qu'ils s'adressent à G ! Et puis, jambes cassées ou non, Duo voyait plutôt ses béquilles comme une entrave, lui, contaminé par le syndrome de la bougeotte continuelle…
Deuxième conclusion de l'affaire : Duo s'était donné le rôle de la béquille, faute de mieux. L'américain avait passé un bras autour de la taille du japonais, et maintenant le bras de celui-ci autour de son propre cou. Et cela toujours en arborant ses coups de soleil faciaux, qui n'avait cependant aucun rapport avec l'étoile, mais plutôt avec un japonais qu'il tenait dans ses bras. Certaines personnes fleurs bleues auraient comparé les rougeurs dues à sa proximité d'avec le japonais avec les rougeurs qu'arborent les vacanciers inconscients qui avaient oublié leur crème solaire. Ils auraient ainsi comparé Heero à l'astre du jour. C'est ce qu'aurait pu penser Duo s'il avait jamais été un tant soit peu sentimental… Ce qui n'était pas le cas. Il ne réfléchissait pas, et ses pensées n'avaient absolument rien de romantique. Il avait tenté, sans grand succès, de canaliser ses pulsions et surtout sa libido réveillée, et pas prête de s'endormir aussi facilement. S'il était aussi facile de maîtriser ses pulsions, alors la majorité des problèmes des êtres humains seraient réglés…
Ce fut alors rouge comme une tomate, le cœur pouvant rythmer les sauts d'un boxer s'entraînant à sauter à la corde, soutenant un japonais collé contre lui, traînant comme il le pouvait les deux bagages, que Duo sortit de l'immeuble avec le japonais. Ils montèrent dans la navette menant à l'aéroport. Le parcourt s'était fait sans incident notable. En voyant le japonais, le front collé contre la vitre, Duo s'était juré de se contenter d'être une béquille. Il en allait de sa santé mentale. Mais surtout, il ne voulait pas que Heero sente son trouble. D'un, ce n'était pas le moment de l'embêter avec ça. De deux, il n'allait pas l'embêter avec ça tout court.
Résolution qui éclata contre son gré, lors de leur arrivée à l'aéroport. Tout ça à cause d'un stupide chauffeur de bus qui devrait un peu plus s'occuper de ses fesses, et un peu moins de celles des autres. Tout ça à cause d'un chauffeur idiot qui leur avait vaguement fait remarqué qu'ils formaient « un beau couple ». Et Duo, le retour de la tomate fraîche, avait tenté de bafouiller quelque chose mais il fut interrompu par un :
« Merci beaucoup. »
De la part de Heero, qui se pressa contre le corps de l'américain, ses bras autour de son cou, juste avant de l'embrasser, comme personne ne l'avait jamais embrassé. En même temps, ce n'était pas si difficile puisque Duo n'avait jamais embrassé personne : il avait eu d'autres chats à fouetter comme… survivre par exemple. Sauf évidemment si on comptait les smacks que l'on se faisait quand on était gosse. Ces bisous baveux qui, si suffisamment traumatisant, peuvent vous dégoûter de tous baisers… Ces bisous agrémenté d'un modeste litre de salive qui vous apprenaient texto ce qu'était que « baver sur quelqu'un ».
Ajouter à cela que depuis quelques heures, l'américain avait pris conscience de son attirance envers le japonais, sans oublier le réveil de sa libido et qu'il était finalement qu'un adolescent presque comme les autres dans l'incapacité de maîtriser son désir. C'est pourquoi, Duo se dit que finalement, peu importe le grain de sable, et il attira à son tour le japonais contre lui, glissa une main sous la nuque de son compagnon pour approfondir le baiser.
C'était… humide. C'était… bizarre. Pas désagréable. Il aimait bien les sensations que cela faisait naître en lui. Il avait souvent exploré sa propre bouche avec sa langue… Qui ne l'avait pas fait ? Mais explorer celle d'un autre, c'était autre chose de… beaucoup plus sensuel. Il aimait énormément les gémissements qui arrivaient à franchir les lèvres du japonais lors de courts moments de répit. Comme s'il l'implorait. De quoi ? Duo n'avait aucune envie de le savoir.
« Duo… », réussit à glisser Heero entre deux baisers, ses mains crispées sur les épaules de l'américain.
Ce dernier se figea brusquement et écarquilla les yeux d'horreur.
Mais qu'est-ce qui lui était passé par la tête ? Qu'est-ce qu'il lui a prit de lui rouler la pelle du siècle ? A un japonais malade qui plus est ! A un japonais à qui il avait fallu près d'un bon quart d'heure pour pouvoir respirer normalement ! Et il était entrain de joyeusement l'étouffer depuis… depuis… Depuis suffisamment longtemps puisque le conducteur du bus avait déjà mis les voiles.
L'américain recula vivement, un peu trop brusquement.
« Je… Je… Dé… Désolé. »
Duo bafouilla d'autres platitudes et autres excuses minables, tête baisée, n'osant pas regarder Heero dans les yeux. Mais, de toute façon, il n'eut pas besoin de relever la tête pour poser ses yeux sur le japonais, puisque celui vacilla et tomba à genoux devant lui, en respirant comme un asthmatique en pleine crise. Le souffle coupé, les deux mains posées au sol, tête baissée, le japonais essayait de reprendre sa respiration. (1) L'américain ne savait plus quoi faire, partagé entre le serrer à nouveau contre lui et lui tapoter le dos, et entre s'enterrer profondément dans le parking de l'aéroport.
Combien de personne aurait voulu se vanter de savoir embrasser jusqu'à couper le souffle de son partenaire par son intensité ? Combien de personne aurait voulu s'en vanter ? A ce moment-là, certainement pas Duo. Nom d'un petit pois dépressif ! Mais qu'est-ce qu'il lui avait pris ? C'était juste… C'était juste quoi au juste ? Pourquoi diable cet abruti de japonais l'avait embrassé ? Il avait pas senti le danger ou quoi ? A croire que sa crise d'appendicite avait grillé ses derniers neurones ! L'américain se sentait incroyablement gêné et furieux. Et surtout qu'on ne lui sorte pas un truc du genre « T'as bien fait d'en profiter. La vie est trop courte ! » Pour lui, faites quelque chose sous prétexte que « la vie est trop courte » et vous pouviez être sûr que la vie sera justement assez longue pour vous le faire regretter !
Il en était là ce ses réflexions quand un avion passa au dessus d'eux, les ramenant à la réalité et à ce pourquoi ils étaient là.
Heero reprit le contrôle de son rythme respiratoire tandis que Duo se chargea les sacs de voyage sur le dos. Celui-ci était bien décidé à ne plus s'approcher du japonais. S'il doutait encore de son attirance envers lui, maintenant aucun doute ne pouvait subsister. Heero se releva, visiblement sans trop de mal. Il fit quelques pas et l'américain dû se rendre à l'évidence… Mieux valait se faire passer pour un couple homosexuel en lui servant de béquille que de se faire remarquer pour l'attitude du mec beurré au milieu d'un aéroport. A tout les coups, les vigiles les apercevraient et en tant que terroristes devant être discret, c'était pas vraiment indiquer d'attirer leur attention. Vigiles qui appartenaient en plus à l'organisation ozzite. Alors, c'était franchement déconseillé de se faire remarquer… Duo rengaina du mieux qu'il pouvait, et ses pulsions libidineuses, et ses appréhensions, pour reprendre son rôle de canne. Il passa donc à nouveau et avec réticence son bras autour de la taille du japonais. Celui-ci se laissa aller contre son appui et ils avancèrent vers l'intérieur de l'aéroport.
Apparemment, Heero n'avait pas l'air de se soucier le moins du monde de l'incident. Duo avait l'impression qu'il faisait carrément comme si rien ne s'était passé. Ce qui n'était pas plus mal… à son avis. Mieux valait oublier cet incident le plus vite. Mieux valait amener Heero à Sally, qu'elle le guérisse et que tout redevienne comme avant. Plus vite il serait entre les mains de Sally, plus vite Duo retournerait dans son Deathscythe. Plus vite il reprendrait ses missions, plus vite il aurait d'autres sujets de préoccupations certainement plus saines.
Il l'avait su dès le départ que ces vacances forcées étaient une sacrée mauvaise idée. Duo pensait sérieusement à secouer son saule pleureur de professeur pour lui avoir imposer cette retraite forcée. Et surtout pour avoir des explications. Depuis le début de cette guerre, ils n'avaient eu que très peu de moment de libre. Mais là, depuis près d'un mois, c'était le calme plat. Aucunes nouvelles d'aucune sorte. Pas même d'ordre de mission de surveillance. A aucun d'entre eux. Alors Duo se jura intérieurement de punir à sa façon G pour l'avoir obliger de côtoyer Heero pendant près d'un bon mois. Et surtout lui faire payer toutes les révélations qu'il avait eu, en commençant par son attirance envers son partenaire de guerre. Lui faire payer ses heures interminables dans des amphithéâtres à s'ennuyer ferme, même si à la base c'était une idée à la Heero. Mais celui-ci ne l'aurait jamais inscrit et obligé de suivre ses cours si Duo ne l'avait pas contraint à prendre des « vacances », vacances ordonnées par les profs.
Tout était absolument de la faute de ces crétins congénitaux ! Et G allait comprendre à ses dépends pourquoi Quatre lui avait formellement interdit d'utiliser de longs et fins objets. Oh oui ! Il allait comprendre ! Et s'il le pouvait, il se ferait une brochette de professeurs avec sa faux thermique. De la même façon qu'on embrochait les sangliers dans les bandes dessinées des anciens temps (celle qui racontait la vie d'un nain de jardin à moustache jaune avec des plumes sur son casque nommé Astérisque, le nain, pas le casque et celle d'un gros ahuri avec des nattes, Obélisque… qui rechignait toujours à cause d'une certaine soupe magique qu'un papi Panoramique fournissait) (2)
Duo installa Heero sur les sièges avec les bagages pendant qu'il alla récupérer leurs billets d'avion. Ils avaient encore un petit quart d'heure avant de pouvoir embarquer. Duo s'affala à côté du japonais et se demanda vaguement si l'inquiétude et le stress pouvaient tuer… Si oui, il pouvait d'ors et déjà préparer sa crémation. Il tourna sa tête vers le japonais assis à côté de lui, raide comme un i, les épaules tendues, essayant de paraître le plus normal possible. Ne sachant plus quoi faire à part prendre leur avion, et surtout, n'osant rien faire dont il ne pourrait pas prévoir les effets, l'américain ferma les yeux et se laissa aller contre le dossier, préférant laisser Heero à sa concentration.
Lâche. Oui, il l'était. Dans une certaine mesure. Si des vies étaient en jeu, il ne l'était pas. Si seule sa santé mentale était en jeu, alors oui, il préférait fuir et rester le plus loin possible de ce qui pouvait la perturber. Et il pourrait se débarrasser de son élément perturbateur dans quelques heures. Alors, il en ferait peut-être un ulcère, mais il tiendrait. Il limiterait les dégâts. C'était tout ce qu'il pouvait espérer. Et ce n'était pas Heero-rien-ne-compte-plus-que-mes-missions qui allait l'en empêcher.
L'américain ne vit pas le temps passer. En moins de temps qu'il n'en faut pour le réaliser, ils étaient déjà installé dans l'avion et attendaient le décollage imminent. Duo avait sa tête collée contre le hublot. Heero, à ses côtés, toujours aussi raide, faisait semblant de dormir. L'américain sentait bien qu'il luttait pour garder le contrôle. Il aimerait faire quelque chose pour lui, mais à son sens, il en avait déjà trop fait. Et puis sincèrement, il ne voyait pas du tout ce qu'il pouvait faire.
D'un, il n'avait pas fait d'études de médecine, d'étude tout court à vrai dire, alors, mis à part les rhumes, il n'avait aucun moyen pour soulager le japonais des effets de la fièvre. De deux, s'il pouvait éviter tout contact quels qu'ils soient, visuel ou physique, alors il le ferait. C'était une chose de constater qu'on était physiquement attiré par quelqu'un, parfois c'était encore plus dur de l'accepter. Et s'il y avait une chose que l'américain avait du mal à digérer, sans parler de l'état de santé du japonais, c'était bien cette attirance qu'il ne comprenait pas.
Finalement, le voyage jusqu'à Paris se déroula en silence, du moins entre eux. De toute manière, l'américain s'était vaguement demandé comment il aurait pu tenir une conversation normale avec la troupe d'adolescentes quasiment hystériques (à croire qu'elles n'avaient jamais pris l'avion de leur vie…) qui discutaient… non, braillaient joyeusement entre elles. L'inconvénient des classes économiques. Duo devait se l'avouer : sur le coup, il n'avait pas été assez futé.
Lorsque l'avion atterrit à un des aéroports parisiens, ils récupérèrent leurs bagages et s'installèrent à un café pour grignoter. Sauf que, comme chacun sait, être malade, ça coupait plus l'appétit qu'autre chose. Et le stress aussi, du moins dans le cas des personnes comme Duo, qui stressait rarement. Le japonais avait commandé au moins une bonne dizaine de verre d'eau glacée, alors qu'une pluie froide s'abattait sur l'aéroport et que ce n'était pas un temps propice aux boissons rafraîchissantes. Mais chacun faisait comme il voulait… Enfin, il aurait quand même pu prendre autre chose que des verres d'eau ! C'était ce que pensait le barman tout du moins.
Et en plus de cela, le japonais semblait fatigué de lutter. Ignorer la douleur, il l'avait toujours fait. Contrôler une fièvre… Etant donné qu'il tombait malade tous les 36 du mois… Non, il ne devait pas avoir l'habitude. Enfin, ce n'était pas comme si c'était la première fois. Duo savait que quand Heero était encore avec Odin, puis peu après sa rencontre avec J, il lui était arrivé d'attraper quelques virus banals, mais jamais rien de bien méchant. Et jamais rien d'aussi intense, à son avis.
L'américain meubla les silences avec son babillage habituel, mais évoquant des platitudes que, même un sourd aurait compris que le jeune homme cachait quelque chose qui le perturbait. Il avait la tête ailleurs et évitait de regarder le japonais droit dans les yeux. Tout dans son attitude démontrait qu'il évitait son compagnon. Tous les sujets de conversation bateau y passèrent : le temps maussade, les dernières innovations en matière informatique (oui, oui, entre eux, c'était un sujet de conversation banal), du goût trop amer du café (que seul l'américain avait eu la mauvaise idée de prendre, et plus jamais on ne l'y reprendrait), et, comble de l'ironie, Duo aborda même quelques sujets et concepts qui étaient passé à travers son boycottage intellectuel.
Duo et l'art de tourner autour du pot ! Duo et l'art de noyer le poisson !
Heero était entrain de boire son énième verre, Duo avait enfin avalé une troisième bouchée de son club sandwich, quand la voix sexy de l'aéroport résonna à travers les haut-parleurs afin d'annoncer que l'embarquement pour Sank-city allait commencer. L'américain, perdu dans ses pensées, revint à la réalité quand il sentit un léger coup de coude dans les côtes. Il se demanda vaguement ce que voulait le japonais quand il entendit pleinement et consciemment cette fois, l'annonce de leur embarquement. Duo soupira et cala son bras autour de la taille de son compagnon, tout cela sans lui accorder un seul regard.
Ils traversèrent le hall de l'aéroport, donnèrent leur billet d'avion à l'hôtesse qui les observaient avec un regard de travers, puis s'installèrent dans la navette. Les rangées étaient cette fois-ci de trois sièges. L'américain ordonna au japonais de s'installer près du hublot et l'américain s'assit à ses côtés. Le voyage allait être plus long que le premier et il ne savait pas si Heero allait tenir jusqu'au bout. Alors autant camoufler autant que possible le japonais s'il lui faisait une crise. D'ailleurs, le teint anormalement pâle quand on connaissait bien le japonais, inquiéta davantage son compagnon. Celui-ci se pencha vers lui.
« Tu ferais mieux de dormir Heero », lui glissa-t-il à l'oreille.
Le japonais secoua négativement la tête, obstiné.
« Pourquoi ? »
« Si je m'endors, je perdrai ma concentration… »
Duo voyait le topo. Si le japonais cessait ses efforts pour contrôler les effets de sa fièvre, il se mettrait à trembler de froid, et sa respiration s'accélèrerait. Et ensuite, difficile de passer inaperçu si une hôtesse passait par là, ou si les autres voyageurs se plaignaient du râle trop bruyant du japonais. L'américain n'arrivait pas à trouver de solution au problème. Et même longtemps après le décollage, il n'avait toujours aucune idée de concrète. Bon, ok, il devait avouer qu'en ce moment ce n'était pas la grande forme intellectuellement. Tout ce qui concernait Heero d'un peu trop près avait un curieux effet sur ses facultés mentales, s'approchant de la lobotomie. Alors tout ce à quoi il avait réfléchit afin de trouver une solution, c'était à… rien. Il s'était carrément déconnecté de la réalité. Vous savez, cet état de quasi transe, ou ce que vous voyez n'a plus d'importance, les mots n'ont plus aucun sens, et vous ne pensez à… rien du tout. Et lorsque vous revenez à la réalité, vous avez la vague impression d'avoir eu une absence, comme une courte perte de mémoire. C'était exactement ce que ressentait l'américain en cet instant.
Mais cette courte déconnection n'avait rien changé au problème : le japonais était maintenant plus proche de la rigidité cadavérique (3) que du mollusque invertébré. L'américain décida enfin de prendre les choses en main. Il apostropha une hôtesse et lui demanda si elle pouvait lui donner une couverture et prétextant qu'il était incroyablement mais vraiment frileux, et que s'emmitoufler dans une couverture était nécessaire pour qu'il puisse dormir comme un bébé. La jeune femme lui sourit et acquiesça. Elle revint quelques secondes plus tard avec une petite couverture bleue. Lorsqu'elle se retourna, Duo fit la grimace. Pourquoi est-ce qu'ils n'avaient pas les grosses doudounes, bien moelleuses, bien chaudes ? Ce n'était pas avec ce petit filtre à cigarette que le japonais allait pouvoir dormir tranquillement.
Un côté de sa personnalité, celle qui avait vécu dans la rue, criait : « Et alors ? Qu'est-ce que ça peut bien faire ? C'est toujours ça de prit, non ? Et puis sincèrement, ce gars ne dort jamais que d'un œil ! Il doit avoir de l'adn de dauphin ce type… Il ne dort jamais complètement, donc, il ne perdra pas totalement sa concentration, ne ? »
Son autre personnalité, celle qui s'était révélé lors de son court mais bénéfique passage à l'orphelinat du Père Maxwell, lui tempérait : « Allons ! Un bon geste ! C'est la dernière fois que tu le vois. Qu'est-ce que ça te coûte, franchement de faire un petit geste pour lui ? »
Et Oscar Wilde annonçait d'une voix d'outre-tombe, comme sonne le glas : « Le seul moyen de résister à la tentation, mon cher Duo, c'est d'y céder ! »
Ce à quoi, ses deux personnalités lui rétorquèrent que d'un, il n'avait qu'à se mettre dans ses baskets l'espace d'une seconde pour voir et après ils pourraient en rediscuter. De deux, c'était hors contexte. De trois, il n'avait absolument rien à faire dans cette histoire, alors il était obligeamment prié de quitter sa tête.
Et de ce gros maelstrom, Duo, du moins le corps de l'américain, n'en avait déduit qu'une chose : il se pencha vers le japonais et lui détacha la ceinture. Heero le regarda faire un peu surpris. Duo évita de le fixer droit dans les yeux et étala la couverture sur le corps du japonais et sur le sien. Il passa un bras autour du cou de Heero, il posa son autre main sur la hanche de son compagnon et l'attira un peu contre lui. Il le força à poser sa tête contre son épaule. Heero resta figé.
« Dors maintenant ! » lui ordonna l'américain.
« Duo, je ne crois pas que… »
« Tais-toi ! Profite, c'est la dernière fois… »
Oui, c'était la dernière fois tout court. Il allait peut-être fuir, mais il ne fallait pas qu'il tombe amoureux du japonais. Ce serait une erreur stratégique. Il n'avait pas commandé un amour malheureux. Et quoi de plus malheureux qu'un amour à sens unique… En fait, il n'en savait rien, et il n'avait pas tellement envie de savoir puisque aucune des deux réponses possibles ne lui feraient plaisir. Mieux valait donc mettre autant de distance possible entre eux avant que cela ne détruise ses dernières capacités psychiques.
Le japonais se lova un peu plus contre son compagnon et s'autorisa à fermer les yeux. Duo l'aida à se détendre en lui massant légèrement le cou d'une seule main. Peu à peu, il sentit Heero s'abandonner et finir par tomber dans son sommeil habituel. L'américain tourna doucement son visage et ses lèvres effleurèrent doucement la tempe de son compagnon d'arme. Seuls quelques millimètres les séparaient, et pourtant, malgré sa tentation, Duo ne pouvait se résoudre à franchir cet espace. Il ne se sentait pas près et doutait de l'être un jour. Ce qui s'était passé devant l'aéroport de Toulouse-Blagnac était et resterait à jamais un accident, un malheureux accident. Une erreur.
L'américain veilla sur le sommeil du japonais durant tout le voyage, sans un mot, sans plus esquisser le moindre geste, hormis le doux massage qu'il effectuait à la base du cou de son frère d'arme. Il s'obligea ensuite à le réveiller une demi-heure avant l'atterrissage, pour que le japonais puisse reprendre le contrôle sur lui-même, toujours blotti dans son cocon de chaleur. Ils ne se séparèrent que lorsque l'hôtesse leur demanda à nouveau d'attacher leur ceinture.
A leur sorti de l'aéroport, ils virent une camionnette noire avec deux hommes en noir aussi. Duo reconnut un des deux sweepers et conduit le japonais vers eux. Sally sortit de l'arrière du fourgon. L'américain lui sourit et lui fit signe de le remplacer. Sally l'observa intriguée.
- « Duo ? »
- « J'y vais. Je dois avertir G que je suis opérationnel. »
Il voulait surtout rejoindre Deathscythe. Son Gundam avait toujours été un refuge qui l'aidait à y voir plus clair. Et là, il avait vraiment besoin de lumière. Il leur dit au revoir d'un signe de la main, et retourna à l'intérieur de l'aéroport.
Sally regarda l'américain s'éloigner. Elle haussa les épaules et aida le japonais à s'installer à l'arrière de la camionnette. Elle allongea Heero sur un petit brancard et lui tâta le pouls. Elle l'ausculta rapidement puis planta ses iris dans ceux du japonais.
« Heero, J m'a envoyé ton dossier médical. »
Elle observa sa réaction. Aucune expression ne passa sur le visage du jeune pilote. Sally soupira bruyamment.
« Et tu as été opéré de l'appendicite à titre préventif à l'âge de 8 ans. »
Heero tressailli sensiblement.
« Alors, on peut savoir pourquoi tu fais semblant d'être malade ? »
Le japonais poussa un soupir et se releva lestement.
« Je voulais savoir… »
A suivre…
Qui est là ? Qui me parle ? Qui m'appelle ?
(1)Un jour, un de mes petits amis m'a roulé une pelle alors j'étais enrhumée, je peux vous assurer qu'il ne l'a plus jamais refait… Lui ai mordu la langue tellement j'avais du mal à respirer. Moi, méchante ? Essayez de respirer quand vous avez le nez bouché et une langue dans le gosier !
(2)Bah, vous aurez compris quoi…
(3)J'ai l'impression de digresser là. Vous vous rendez compte qu'au départ c'est censé être drôle, comique, humour, et que là, j'approche à grand pas de l'humour noir voire du cynisme ! Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
