Auteur : Caramelon

Titre : Fièvre

Résumé : Ben apparemment, Heero, il est pas si malade que ça…

Disclaimer : c'est pas moi qui est inventé le stylo bille.

Note : cette partie sera certainement plus courte et concernera le point de vue de Heero…

Merci à tous ceux qui m'ont laissé une review pour la première partie. Je ne me souviens plus si j'ai répondu à tout le monde. Donc un gros bisous à Moonfree, Shinnomeg, Yuya chan, Sharleen rose, Didou, Lu, Youkai, Kitty, Fegnass, Didilove, L'ange Déchu, Echizen D Luffy et Sailor Sayuri.

Un Très joyeux Noël à tous! Zib

Part 2

« -Je voulais savoir… »

Heero reboutonna sa chemise sans accorder un seul regard à la doctoresse.

« -Savoir quoi Heero ? »

Le jeune pilote resta silencieux. Certes il avait eu sa réponse et pourtant, cela ne l'enchantait pas. Il avait tout fait pour avoir ses informations et il en était fier. Il ne regrettait rien même s'il avait dû mentir et jouer la comédie. Et pourtant, une pointe de culpabilité le taraudait et lui laissait le goût amer de la victoire.

Sally l'observa assez énervée. Elle s'était fait un sang d'encre pour lui. Elle avait tout laissé tomber, son poste, sa mission. Elle l'avait déléguée à un soldat moins gradé et ayant moins d'expérience qu'elle. Elle lui faisait confiance mais il y avait certaines situations que son remplaçant n'avait jamais vécues et elle n'était pas sûre qu'il réagisse de la bonne façon si la mission venait à se compliquer. Alors oui, Sally était sacrément en colère. Et elle voulait au moins savoir pourquoi Heero Yuy, et on parlait bien de Heero Yuy le soldat qui faisait passer ses missions avant tout, pourquoi Heero Yuy avait mis sa propre mission en péril. Elle voulait ses explications et elle les aurait coûte que coûte. Il ne sortirait pas de cette camionnette tant qu'il n'aurait pas donné les raisons de ses agissements.

« -Et Duo, il est dans le coup ? »

« -Ne lui dit rien du tout ! » la menaça le japonais.

Son regard d'habitude inexpressif s'était enflammé. Les sourcils froncés, la mâchoire crispée, son aura était clairement menaçante et Sally préféra ne pas en toucher un seul mot, pas même une syllabe, pas même une onomatopée, au principal concerné. Mais ça ne lui disait toujours pas pourquoi une telle mauvaise blague.

« -Je vois. Il n'est pas au courant. Pourquoi ? Pourquoi tu as fait ça Heero ? Tu te rends compte que je risque de griller ma mission pour des conneries ! »

Le japonais haussa les épaules. Il n'avait rien demandé à Sally. Si elle avait un problème, elle n'avait qu'à s'en prendre au principal responsable : Duo. Le japonais se sentit mal en pensant à son compagnon d'arme. Il l'avait trompé. Il lui avait menti alors que ce que l'américain détestait le plus au monde, c'était bien les mensonges. Qu'on se joue de lui. Qu'on abuse de lui. Ce que Heero avait fait sans aucun regret, sans aucun scrupule. Et il ne comprenait pas pourquoi il éprouvait de la culpabilité.

« -Heero ! Réponds-moi ! »

« -J'avais besoin de savoir. »

« -Savoir quoi bon sang ? »

Le japonais darda son regard le plus froid et le plus noir sur la jeune femme.

« -Ca ne te regarde pas ! »

Sally rougit de colère. Elle serra des poings. Sincèrement, elle commençait à en avoir plein les bottes de leur comportement à tous ! Ses pilotes de Gundams, aussi prétentieux que leurs mentors, ces scientifiques fous, diablement trop intelligents ! D'abord Wufei qui la traitait comme une faible femme, un boulet en toutes circonstances, qui soutenait ferme que les femmes, leur place était derrière les fourneaux à faire la popote pour leur homme en surveillant les mouflets ! Ensuite Heero qui ne faisait confiance qu'en ses propres capacités et n'acceptait de faire que des missions à accomplir seul. Trowa, dont elle avait l'impression qu'il la snobait constamment ! Duo qui refusait catégoriquement tous ses ordres, qui défiait son autorité. Et Quatre qui la voyait comme un membre de sa famille et donc jouait le frère qui « se sacrifie pour pas que tu aies à le faire » !

Bon, d'accord, elle devait admettre qu'elle exagérait. Pour Wufei, c'était sa façon de s'inquiéter pour elle. Pour Heero, c'était sa façon de protéger ceux qu'il considérait comme sa nouvelle famille : si une mission dérapait, lui seul en faisait les frais, et personne d'autre. Pour Trowa, c'était sa façon d'être avec tout le monde et il n'était pas du genre snob. Pour Duo, elle ne savait pas trop : de toute façon, il n'en avait toujours fait qu'à sa tête, alors, ce n'était pas parce que les ordres venaient d'elle qu'il allait les appliquer. Quant à Quatre, c'était sincère, il l'aimait beaucoup. Et c'était réciproque.

Mais ce qui l'enrageait tout de même, c'était qu'aucun d'eux ne la voyait comme un soldat ! Elle faisait partie des forces rebelles. Elle savait aussi se battre et ses hommes la respectaient énormément. Et pourtant, avec eux, elle avait toujours l'impression de devoir constamment faire ses preuves et cela n'aboutissait jamais à rien. Elle avait la sensation que jamais ils ne la respecteraient en tant que soldat. Et virant féministe, cela l'enrageait au plus haut point, si bien qu'elle avait bien envie de se la jouer à la Wufei et de crier « A l'injustice ! »

Le japonais descendit du brancard. Sally refoula sa rancœur et sa colère, et poussa un long soupir résigné.

« -J'espère Heero que ça en valait le coup », souffla-t-elle, vaincue.

Et là, elle ne savait pas si c'était due à la pénombre qui les enveloppait, ou bien, si elle avait aspiré contre son gré des vapeurs hallucinatoires (en ces temps troublés ce ne serait pas étonnant), mais elle avait eu l'impression que les lèvres du japonais s'étaient légèrement courbées vers le haut. Le temps que l'information lui parvienne dans sa totalité, le temps qu'elle se secoue mentalement pour mieux regarder, le visage du japonais était redevenu aussi expressif qu'une lampe halogène.

« -Oui », répondit-il d'une voix basse. « Pour moi, ça en valait le coup. »

Sally hocha la tête et tapota l'épaule du japonais.

« -Tant mieux, tant mieux. Et je vais te dire, y avait plutôt intérêt. Maintenant, si tu n'as plus besoin de moi… Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ? »

Heero sortit de ses bagages son ordinateur portable et l'alluma.

« -Heero ? »

« -Le retrouver. »

C'était tout ce qu'il voulait. Bien sûr, l'américain ne serait jamais au courant de sa supercherie. Enfin, peut-être un jour. Lointain. Très, très lointain. Le jour où le japonais serait absolument sûr que l'américain lui pardonnerait de lui avoir menti. Surtout qu'il l'avait mis face à une de ses plus grandes peurs. Ce n'était pas intentionnel au départ. Sincèrement, Heero ignorait que Duo ne supportait pas de voir les personnes qu'il aimait, malades et dans son cas, en danger de mort.

« -Duo ? »

Le japonais la regarda du coin de l'œil. Puis haussa les épaules.

« -Je vois », continua Sally.

Elle se dirigea vers les portières arrières de la camionnette et les verrouilla. Au son du cliquetis que fit la serrure, Heero releva précipitamment la tête. Il fronça les sourcils et Sally vint s'asseoir face au japonais.

« -Ecoute-moi bien Heero. Je te laisserai pas sortir d'ici tant que tu n'auras pas répondu à mes questions. Et si c'est exactement ce que je pense, tu auras besoin de mes lumières. »

Heero haussa un sourcil, moqueur.

« -Oui, Môssieur ! Tu auras besoin de moi pour te mettre les points sur les i. Résumons. Tu as fait semblant d'être malade pour que Duo te dise quelque chose. Je me trompe ? »

Heero secoua négativement la tête. Il n'avait vraiment pas envie de s'expliquer. Il avait ses raisons. Elles étaient justes de son point de vue. Et il n'avait vraiment pas envie de les dévoiler à Sally. Non pas qu'il ne lui faisait pas confiance, mais tout simplement parce que ça ne la concernait pas. C'était entre lui et Duo. Et il souhaitait que cela reste ainsi.

Cependant, Sally ne semblait pas vouloir lâcher prise. Et elle avait bien l'intention de lui tirer les vers du nez, qu'il le veuille ou non. Parce qu'elle connaissait suffisamment Heero et sa connaissance des relations sociales compliquées pour deviner qu'il venait ou qu'il allait commettre une bourde monumentale.

« -Je me trompe ? » répéta Sally.

« -… Non. »

« -Bien. Et tu avais vraiment besoin de faire semblant d'être malade ? Duo est ton ami, Heero. Je suis persuadée que si tu lui avais simplement demandé, il te l'aurait dit. »

« -… Non. »

« -Comment ça, non ? »

« -Il aurait fui. »

Heero savait que Duo était comme ça. Il fuyait ses problèmes. Il fuyait tout ce qui pouvait le perturber. Un peu comme lui, le Soldat Parfait. Sauf que lui se contentait de les ignorer. Donc, d'une certaine façon de les fuir. Heero savait qu'ils étaient là, et ils faisaient comme si ça ne le dérangeait pas.

« -Comment peux-tu être certain qu'il allait fuir ? »

« -Parce qu'il fuit ce qui le dérange. Et ce que je voulais savoir l'aurait dérangé. »

C'était d'ailleurs ce qu'il avait fait une fois que Heero avait été entre les mains de Sally. Il était partit précipitamment, comme s'il voulait s'éloigner le plus vite possible de ce qui le troublait, c'est-à-dire lui, Heero Yuy.

« -Bon supposons qu'il aurait effectivement fui pour ne pas répondre. Pourquoi avoir fait semblant d'être malade Heero ? Je veux dire, il y avait bien d'autre moyen que ce coup tordu et foireux ? »

Heero se renfrogna. Il commençait sincèrement à être agacé par l'interrogatoire de la jeune femme. Généralement, il n'aimait pas beaucoup qu'on lui critique ses méthodes. Il avait toujours fait pour le mieux et avait toujours réussi ses missions. Enfin… il se savait qu'il n'était pas infaillible et le surnom de Perfect Soldier était peut-être un peu trop poussé. Ok, il arrivait à faire des choses que les autres ne pouvaient ou ne voulaient pas faire. Ok, il était le plus déterminé dans le groupe. Ok, c'était lui qui était le plus zélé. Mais bon, il n'était pas dispensé de commettre des erreurs. New Edwards était un bel exemple. Et s'il savait qu'il n'était pas parfait, il devait au moins avouer qu'il était quand même un bon soldat. Même ses ennemis comme Zechs Merquise le reconnaissaient. Donc, il n'aimait pas beaucoup qu'on le critique sur le plan militaire. Parce que s'il n'essayait pas d'être ce soldat si parfait qui lui avait valu le surnom de Perfect Soldier, si les autres se rendaient finalement compte de sa faillibilité, qu'il était du reste comme eux : pas meilleur, alors, s'il n'était ce soldat-là, il serait quoi pour eux ? Pour lui ?

Tout le monde pouvait se déterminer par des divers qualificatifs : je suis ceci, je suis cela. J'aime ceci, j'aime cela. Les gens se représentent toujours par leurs qualités et leurs défauts (plus souvent les qualités que les défauts d'ailleurs) et se définissent toujours par ce qu'ils aiment. Et Heero se définissait comme un soldat. Discipliné. Déterminé. Sans faille. Sans faiblesse. Et si les autres se rendaient compte qu'il n'était pas comme ça, alors, il aurait dû s'avouer que lui-même n'était comme ce qu'il croyait être. Alors, il aurait été quoi ? A la fin de cette guerre, il aurait été quoi ? C'était inévitable : le soldat en lui allait un jour ou l'autre disparaître. Parce qu'un soldat ne vivait qu'en temps de guerre et pour la guerre. Une fois la paix instaurée, une chose qu'il désirait ardemment, il n'aurait plus besoin d'être un soldat. Et il devait bien l'avouer, cette perspective l'effrayait un peu. Toutefois, comme tout ce qui pouvait le perturber, il ignorait cette peur. Il savait qu'elle était là et vivait avec. De jour en jour, il appréhendait de moins en moins son avenir. Lorsqu'il serait temps d'y penser, il y penserait. Pourquoi s'angoisser pour une chose inévitable ? Parce que justement elle était inévitable ? Après la guerre, il ne serait certes plus un soldat, mais il commençait à entrevoir l'idée qu'il pourrait être autre chose. Il ne restait plus qu'à définir quoi. Et ça, il ne savait toujours pas. Mais il aurait le temps d'y penser, hein ?

« -C'est la seule idée qui me soit venu à l'esprit », répondit Heero avec réluctance après un moment perdu dans ses pensées.

Sally garda le silence pendant quelques secondes. Elle venait de prendre conscience qu'à ce niveau-là, elle ne pourrait plus rien lui tirer. Il fallait maintenant qu'elle aille au fond des choses. Parce que la question qui la taraudait depuis le début était : mais qu'est-ce qu'il voulait savoir ? (1) Et maintenant, ayant l'esprit un peu plus clair et non rougit par la colère, elle pensait que cela devait être capital. Heero n'avait jamais mis les autres en danger, ne les avait jamais trompé de la sorte pour un caprice égoïste.

« -Savoir quoi Heero ? Qu'est-ce que tu voulais tant savoir ? »

Le japonais détourna la tête pour éviter le regard perçant de Sally. Il se sentait assez mal à l'aise.

« -Savoir pourquoi il… »

Il soupira et ancrant ses yeux cobalts dans ceux de Sally.

« -Ces derniers temps, il agit… bizarrement. Je ne pense pas qu'il ait remarqué son étrange comportement. »

Heero se remémora les dernières semaines. Il s'était vraiment rapproché de l'américain. Plus de conversations. Plus de contacts physiques. Au début, il s'était dit que c'était tout à fait normal. L'américain était un grand bavard. C'était sa façon à lui de rester en contact avec le monde extérieur. De ne pas se replier sur lui-même. De ne pas se fermer au monde. Et c'était aussi une personne tactile. Il avait besoin de toucher les personnes qui l'entouraient, juste pour s'assurer qu'elles étaient bien là, et vivantes. Et ça, Heero l'avait bien compris. L'américain ne se doutait même pas que le japonais le comprenait bien plus qu'il n'y paraissait. Mais bon, il fallait pas non plus exagérer : Heero était quand même bien loin de le connaître et les réactions de l'américain restaient à ses yeux, parfois, totalement incompréhensible. Dès leur première rencontre, Heero l'avait observé. De loin et discrètement. Au début, c'était parce qu'il ne lui faisait pas confiance et qu'il voulait le jauger. Puis, il avait fait de même avec les autres. Et aujourd'hui encore il les observait. Il avait ainsi appris quelques petites choses sur la personnalité de ses compagnons d'arme. Il n'était pas non plus aussi insensible qu'ils le croyaient. Sans leur faire remarquer, il faisait attention à eux. Mais Heero n'était suffisamment à l'aise avec les relations sociales pour établir une relation plus profonde avec ses frères d'arme. Mais ce n'était pas parce qu'il les observait qu'il les connaissait. Et il avait encore du mal à prévoir les réactions des autres. Certains diraient qu'il était égocentrique et qu'il ne faisait pas suffisamment attention. D'autres diraient qu'il manquait juste d'empathie, qu'il ne pouvait pas se mettre à la place des autres. Lui dirait qu'être à leur place, ce n'était pas son rôle et qu'il n'avait pas la prétention de pouvoir le faire. Et il dirait aussi que son manque d'empathie était dû à un manque d'expérience des relations sociales. Après tout, avant de connaître les pilotes de Gundam, il n'avait côtoyé de « près » qu'un ancien tueur à gage qui cachait bien des mystères et un vieux savant fou à l'esprit suffisamment large (et très tordu) pour s'y perdre en essayant de le sonder.

Et pendant ces petites vacances forcées, Duo et lui étaient devenus plus proche qu'avant. Oh ! Il n'y avait pas non plus de différences fondamentales. Ils n'en étaient pas encore là, mais Heero l'avait tout de même bien senti. Et il avait fallu qu'il compare l'attitude de Duo envers lui et envers les autres. Même s'il était toujours aussi bavard, il était moins tactile. Envers les autres. Il s'était d'abord dit que c'était plutôt normal. Ce n'était pas parce que Duo semblait être une personne sociale qu'il faisait confiance tout de suite. Puis il s'était avéré que Heero se trompait. Ce n'était pas un manque de confiance ni même le fait qu'il était moins à l'aise avec les autres. Non, c'était juste un traitement de faveur. Duo, lui-même, le lui avait dit : Heero restait sa victime préférée, puis lui avait joyeusement ébouriffé sa tignasse, la seule chose chez lui rebelle à toute discipline.

Alors Heero avait enfin comprit. Il en avait mit du temps. Et puis pour sa défense, pour lui, ça ne tombait pas sous le sens, il n'y avait même pas pensé. Il s'était dit qu'il y penserait plus tard. Heero avait enfin comprit que Duo l'aimait bien. Que cela allait au-delà de la simple relation entre deux compagnons d'arme. Que Duo ne l'estimait pas simplement en tant que soldat. Mais bel et bien autrement, peut-être en tant qu'ami. Ami, aussi loin que remontait les souvenirs de Heero, il ne se souvenait pas d'avoir eu des amis. Il n'en avait pas eu le temps. Et cela ne lui avait pas manqué. On ne ressentait que le manque par l'absence. Ce qu'on n'avait pas connu ne pouvait pas nous manquer. On pouvait le chercher mais le désir n'était pas là. Et en définitive, on ne cherchait que le désir. Le désir de désirer ce qui pourrait nous manquer plus tard lorsqu'on l'aurait perdu (2). Et le désir d'avoir un ami, Heero l'avait vite occulté. Il n'avait pas le temps. Et pourtant, malgré lui, sans même qu'il s'en aperçoive, Duo avait fait de lui quelqu'un de plus proche qu'un compagnon d'arme. Peut-être un ami. Ou peut-être autre chose. Parce qu'à la réflexion, Duo n'était pas aussi… affectueux avec les autres. Pas même avec Quatre. Mais bon, ce n'était pas comme si l'américain avait que ça à faire. Quand ils étaient tous ensemble, c'était en général pour préparer une mission collective et Duo avait autre chose à faire que d'ébouriffer les cheveux des autres, d'embêter les autres, plaisanter à propos de tout, faire des insinuations douteuses et se moquer gentiment des autres. Non, il ne faisait rien de cela. Il restait professionnel même s'il n'était pas le meilleur. Avec Quatre, il s'occupait de remonter le moral des troupes quand il était au plus bas. Alors non, contrairement à une certaine légende, Duo savait rester à sa place : il respectait trop ses camarades et en même temps il ne les connaissait pas assez pour pouvoir se mêler de leurs affaires, de leurs histoires personnelles. Il savait qu'il y avait un temps et une heure pour aborder ce genre de sujet. Et ce n'était certainement pas pendant la préparation de mission imminente, pas en plein milieu d'une guerre.

Par contre, en temps de paix ou en temps de vacances forcées… Duo en avait bien profité. Heero avait été assommé de questions personnelles auxquelles il n'avait parfois aucune réponse. En même temps que l'américain, en réfléchissant à ses réponses, il avait appris des choses sur lui-même. En discutant avec Duo, il avait pu confronter ses propres opinions parfois étriquées à celles de son compagnon d'arme. Ils avaient échangé, ils avaient parfois changé d'opinion, pliant sous le poids des arguments de l'autre. Heero avait acquis une plus large ouverture d'esprit. Ils avaient beaucoup rit, surtout Duo à vrai dire, puisque chez lui, le rire était une arme. Rire pouvait rendre un ami joyeux ou apaisé. Rire pouvait déstabiliser un adversaire. Le rire de Duo l'avait détendu, il ne pouvait pas le nier. Et ce mois en compagnie de l'américain lui avait rapporté cette part d'insouciance adolescente. Mais il lui avait fait prendre conscience de cette nouvelle relation qui le liait à l'américain. Sauf qu'il ne savait pas trop de quoi il s'agissait. Ami ? Au minimum. Plus qu'ami ? Peut-être. Mais quoi exactement ? N'aimant pas la confusion, Heero avait décidé de savoir de quoi il retournait.

« -Je voulais juste savoir si Duo m'aimait », lâcha-t-il.

Sally le dévisagea, incrédule. Voyant qu'il ne semblait pas plaisanter, elle rougit de colère.

« -Non mais, ça va pas bien ? Mais qu'est-ce qui t'arrive Heero ? Tu as fais semblant d'être malade juste pour savoir si Duo t'aime bien ? Je n'ai JAMAIS rien entendu d'aussi… STUPIDE ! Bien sûr que Duo t'aime bien. Tu es son ami. Et au cas où tu en douterais, je le suis aussi. Et Quatre ? Et Wufei ? Et Trowa ? Tu vas leur faire un coup tordu pour savoir s'ils t'aiment ? »

Heero secoua la tête en signe de négation alors qu'il fronçait les sourcils.

« -Non Sally. Duo m'aime tout court je crois. »

Pour le coup, la jeune femme se figea.

« -Tout court ? Comment tu… ? Tu crois ? »

Oui, il le croyait. Du moins, l'attitude de Duo le laissait entendre. C'était ce qu'il avait supposé. C'était l'hypothèse qu'il voulait vérifier. Et la seule façon de vérifier sa théorie avait été de mettre Duo dans un état d'anxiété. Heero savait que les gens avaient tendance à s'inquiéter pour les personnes qu'ils aimaient, surtout si elles étaient en danger de mort. Au début, Heero voulait juste faire croire à une forte fièvre. Il n'avait pas de maladie bien précise en tête. Enfin, faire croire, ce n'était pas tout à fait exacte. Il avait juste fait en sorte que les battements de son cœur s'accélèrent, entraînant ainsi une circulation du sang plus rapide et augmentant la température corporelle. Et comme le sang circule plus vite, la respiration devait elle aussi être plus rapide (3). Puis lorsque Duo lui avait demandé s'il avait mal quelque part, l'idée d'une appendicite avait surgi dans son esprit. Une appendicite, c'était bénin si on la prenait au sérieux et si elle était rapidement soignée. Très rapidement. En tout et pour tout, une opération d'une dizaine de minutes aujourd'hui (4). Une infection qui pouvait devenir meurtrière. Assez meurtrière pour que Duo la prenne au sérieux. Assez pour qu'il s'inquiète et que ses sentiments les plus profonds à son égard fassent surface. Même si l'américain n'en avait pas encore conscience.

« -Je ne sais pas s'il m'aime tout court. Mais en tout cas, il éprouve une attirance. »

« -Pour toi ? »

Heero hocha simplement la tête, assez agacé.

« -Tu en es sûr ? »

Le japonais poussa un soupir agacé avant d'acquiescer de nouveau. Oui, de ça, il en était sûr. Duo avait pensé l'avoir assez bien dissimulé, mais il s'était trompé. Il l'avait observé consciencieusement. La moindre de ses réactions.

Tout d'abord ses frissons. A son simple contact, Duo se tendait et tremblait sensiblement. C'était tellement minime, tellement infime comme tremblement que Heero aurait très bien pu ne pas les remarquer s'il ne s'était focalisé sur les réactions physiques de l'américain. Les frissons lorsque Duo le soutenait contre lui. Les frissons au moindre contact fortuit.

Puis la gêne. Chaque fois que Duo avait essayé de fuir le contact. Heero n'y avait pas vu de dégoût. Il y avait vu de la peur mais aussi de l'envie. Mais la frayeur avait prit le dessus. De la gêne lorsque Duo l'avait « ausculté » : il s'était juste contenté de l'effleurer, le nez en l'air, complètement obnubilé par le mur. De la gêne, beaucoup de gêne après qu'ils se soient embrassés. Duo l'avait clairement fui, l'avait évité. Evité tout contact. Comme s'il en avait peur. Comme s'il avait l'impression que ce n'était pas correct. Qu'il n'en avait pas le droit. Comme s'il avait peur de succomber à nouveau. Comme si le toucher une nouvelle fois était quelque chose de trop difficile, et pourtant, il y avait été obligé. Parce qu'il devait l'aider. Il y avait vu aussi de la culpabilité. Beaucoup de culpabilité. Mais pas de regret. A moins que Duo l'ait très bien caché. Parce qu'après tout, Heero n'avait pas pu tout voir. Il devait contrôler sa fièvre et sa respiration à ce moment-là.

Ce baiser. Pour Heero, c'était sa preuve. Lorsque le chauffeur de bus les avait gentiment charrié, ça avait été sa chance. Il s'était dit : pourquoi pas ? De la réaction de Duo, il saurait. Mais il ne s'était pas attendu à ça. A ce que Duo l'embrasse en retour aussi… désespérément. Il avait abdiqué. Duo avait fini par laisser tomber : ses barrières, ses inhibitions. Ce baiser avait laissé une drôle de sensation, un sentiment d'inassouvi, sur les lèvres du japonais. Comme si Duo, en prenant le contrôle, lui avait transmit tout son désir refoulé qui le torturait depuis qu'il avait prit conscience de son attirance. Une douleur dont Heero était finalement la cause, dans tous les sens du terme.

Mais malgré cela, malgré cette impression de désespoir, il y avait eu une certaine tendresse. Une certaine déférence. La façon dont sa langue avait caressé la sienne. Au début, Duo y était allé avec toute la fougue de la jeunesse, avec tout son désir. Puis il y était allé plus doucement, prenant juste le temps de le savourer. Heero avait été si surpris qu'il en avait perdu le souffle. Il ne s'était jamais imaginé… Pas à ce point-là.

Puis Duo l'avait évité. Heero l'avait senti perdu. Et malgré cela, il était revenu vers lui. Il s'était soucié de lui. Encore. Il l'avait recouvert d'une couverture, il l'avait collé contre lui, juste pour qu'il puisse dormir. Heero avait été sincèrement touché. Jamais personne n'avait été aussi… tendre même si les gestes de Duo étaient assez brusques. Mais cela trahissait surtout sa nervosité. Odin Lowe, celui qui s'était occupé de lui, n'était pas du genre affectueux. Du moins, il avait rarement de gestes tendres, et la plupart du temps, c'était juste une gentille tape sur la tête ou sur les épaules. Ou bien Odin lui ébouriffait les cheveux. Quant à J, il n'était pas du genre affectueux. Il avait pris soin de lui, mais d'une manière tout à fait différente. Mais jamais personne ne l'avait pris dans ses bras. Et il n'avait pas pu refusé l'offre de l'américain.

Grâce à tous ses détails, petits ou grands, Heero avait compris que Duo lui portait une grande affection et était attiré physiquement par lui. Il avait envisagé une telle conclusion, mais il devait avouer que la voir se confirmer le… troublait.

« -Ok Heero. Et maintenant quoi ? Maintenant que tu sais, tu vas faire quoi ? »

« -Le rejoindre. »

« -Et tu vas lui dire quoi ? »

Heero lui lança un regard noir, genre « ça ne te regarde pas ». Mais Sally ne se laissait pas faire et le fusilla du regard en retour. Le japonais abdiqua. De toute façon, il savait qu'elle ne le lâcherait pas tant qu'il n'aura pas tout craché. Et puis, au point où il en était… Autant tout avouer.

« -Je ne sais pas Sally. J'aviserai sur le moment. »

« -… »

« -… »

« -Heero, tu veux mon avis ? Il va te tuer. »

Le japonais esquissa un sourire ironique.

« -Je t'assure, il va réellement te tuer ! »

« -Et pourquoi ça ? »

« -Parce tu l'as trompé. Tu ne le sais peut-être pas mais Duo a peur des maladies. Je l'ai soigné d'un rhume un jour. Je ne dirai pas qu'il était paniqué mais presque ! Tu trouveras ça certainement irrationnel, et stupide, mais il n'empêche qu'il a peur d'être malade et que les gens auxquels il tient soient malades. Et voilà que pour savoir s'il tient à toi et à quel point, tu le mets face à une de ses grandes phobies. Et d'après le peu que j'ai vu, il a fait preuve d'une grande force de caractère pour ne pas flancher. Alors au cas où tu en douterais encore : oui, il tient vraiment à toi. Suffisamment pour essayer de surmonter sa phobie. Suffisamment pour avoir l'esprit clair et s'occuper de toi ! Et toi, tu l'as trompé. »

Sally scruta le visage du japonais pour savoir si son petit sermon avait porté ses fruits, c'est-à-dire, culpabiliser Heero pour sa tromperie. Celui-ci avait la tête baissée. Pourtant, Sally avait l'impression qu'il n'avait toujours pas l'once d'un remord.

« -Tu dis que je l'ai trompé. Qu'est-ce qui le prouve ? »

La jeune femme leva les yeux au ciel, tout du moins, vers le plafond de la camionnette dans laquelle ils étaient enfermés depuis au moins une demi-heure !

« -Qu'est-ce qui le prouve ? Laisse-moi réfléchir… Tu as été opéré de l'appendicite à l'âge de 8 ans. Tu n'as pas plus de fièvre que moi. Tu n'es pas plus malade que moi. Quoi d'autres… ? »

« -Et qui le sait à part moi ? »

« -Moi ! »

« -Et à part toi ? »

« -Le docteur J ! »

« -Et à part lui ? »

« -… personne. »

« -Et ça restera comme ça ! Le docteur J, je m'en occupe. Si j'apprends que Duo est au courant ma supercherie, je saurai que ça viendra de toi, Sally. »

Heero lui lança son regard le plus meurtrier. La jeune femme fronça les sourcils.

« -C'est une menace Heero ? »

« -Un conseil. »

« -Je vois, dans le genre : chaudement recommandé. »

Heero ne prit même pas la peine d'acquiescer. Elle avait compris, c'était tout ce qu'il lui importait. Heero n'était pas au courant de la phobie de Duo. Et il était désolé de l'avoir mis dans une situation pareille. Ce n'était franchement pas voulu. Alors si quelqu'un devait lui avouer ce qu'il avait fait et pourquoi, ce serait lui, Heero, qui le lui révèlerait.

Sally le dévisagea quelques instants.

« -Alors rassure-moi : est-ce que tu vas lui dire que tu sais ? »

« -Je ne sais pas. Sûrement. »

La jeune femme commença à sourire.

« -Et à part ça, tu vas lui répondre quoi ? »

Heero releva la tête, interdit. Répondre ? Répondre quoi ? Et à quoi ? Voyant la lueur d'incompréhension dans les yeux cobalts du japonais, le sourire de Sally se fit plus triomphant.

« -J'en étais sûre que tu aurais besoin de mes lumières ! Heero… Tu ne peux pas aller le voir et lui dire que tu sais ce qu'il éprouve pour toi. »

« -Pourquoi pas Sally ? Il avait l'air préoccupé d'éprouver ce genre de sentiment. Si je lui dis que ça ne me dérange pas, il… »

« -Heero, Heero, Heero », l'interrompit Sally en secouant la tête. « Tu comptes aller le voir, lui dire que tu sais et ajouter que cela t'es égal ? Dis-moi Heero, est-ce que tu tiens à Duo ? »

« -… »

« -Parce que je vais te dire : fais ce que tu as préparé de faire et tu ne verras plus jamais Duo ! Je ne sais pas si tu te rends compte Heero, mais c'est… humiliant. Si Duo acceptait aussi bien cette attirance qu'il a pour toi, il serait certainement venu avec toi jusqu'à la clinique. Il n'aurait pas fui. Mais si toi, tu te ramènes comme une fleur en lui disant que tu sais, tu peux être sûr que tu perdras Duo. Pense à sa fierté Heero ! »

Le japonais réfléchit quelques instants. Il devait bien avouer qu'elle n'avait pas tort. Il n'y avait pas pensé. Mais c'est vrai que si un jour il éprouve une attirance pour quelqu'un, qu'il fasse tout ce qui est en son pouvoir pour cacher cette attraction, et que cette personne vienne lui dire un jour qu'elle sait, il se sentirait dénudé, dégoûté et humilié.

« -Qu'est-ce que je dois faire alors ? »

« -Tu ne peux pas te contenter d'aller le rejoindre et lui dire que tu sais. Si tu choisis cette option Heero, il te faudra y répondre. »

« -C'est-à-dire ? »

« -Ce que toi tu ressens pour lui. »

« -J'en sais rien. »

Sally se massa les tempes. Si en plus il n'y mettait pas du sien, elle n'allait jamais s'en sortir !

« -Et bien il faut que tu saches Heero ! Un conseil. Tant que tu ne sais pas, ne lui en parle surtout pas ! Et si tu sais, eh bien… ça dépend. »

« -De quoi ? »

« -De ta réponse Heero ! Si tu éprouves la même chose, y a pas de problème, fonce ! Quoiqu'il faudrait certainement que tu lui laisses un peu de temps, le temps qu'il accepte votre attirance réciproque. Bref, tu verras le moment venu. Mais si ta réponse est négative… prend des cours de diplomatie avec Quatre ! Parce qu'à ce niveau-là, il n'y a que lui pour t'aider… »

Heero haussa un sourcil.

« -D'autres questions ? »

Le japonais secoua la tête.

« -Bien. Tu as ta réponse ? »

Réponse à nouveau négative.

« -Ca ne m'étonne pas. Ecoute Heero ! Je te conduis à l'hôpital. De toute façon, pour une crise d'appendicite, c'est une journée de repos. Normalement plus, mais en temps de guerre… Alors prends cette journée pour y réfléchir ! »

Heero opina du chef. Sally déverrouilla les portes de la camionnette et en sortit. Elle fit signe au japonais de la suivre et tous deux s'installèrent devant : Sally derrière le volant et Heero, côté passager. La jeune femme fit démarrer son véhicule et sortit du parking de l'aéroport. Elle soupira alors qu'elle parcourrait les rues de Sank-city.

« -J'arrive pas à y croire ! Mettre une mission en péril pour une histoire de cœur ! Heero, celle-là tu nous l'as jamais faite. Et crois-moi quand je te dis que ça me surprend de ta part… »

« -Pas ma faute. » répliqua le japonais avec une petite pointe d'agacement.

Sally lui jeta un coup d'un œil en biais avant d'esquisser un sourire ironique.

« -Bien sûr Heero. Ça doit certainement être de ma faute. Après tout, j'y ai cru à ton mensonge. »

Heero haussa les épaules.

« -C'est la faute à Duo. »

« -Mais bien sûr ! Il sera encore plus ravi d'entendre ça. Heero, tout ce qui arrive est de ta faute. Pas la peine de la rejeter sur les autres. »

Heero détourna la tête regarda par la vitre les maisons accolées qui défilaient à un rythme soutenu. Il savait ce qu'il disait, et tout était la faute de Duo. Heero, à la base, avait prévu de faire semblant d'être fiévreux pour évaluer la véritable nature des sentiments de Duo à son égard. Et ceci parce qu'il avait le temps de le faire. Parce qu'ils étaient en vacances forcées ! Sauf qu'à cause de Duo, la mission que J lui avait ordonnée, était annulée, ou confiée à un autre pilote. Parce que Heero avait eu l'intention de l'accepter et simuler une rémission spectaculaire. Duo aurait dû y voir que du feu. Ce n'était pas la première fois que les capacités de guérison du japonais en étonnaient plus d'un. Mais Duo était revenu trop tôt, et sans même le consulter, sans même lui demander son avis, ainsi que celui de J, il avait refusé que le japonais fasse la mission et avait ordonné qu'ils prennent tous les deux une semaine de vacances supplémentaire. Autant dire qu'il avait prévu vraiment très large. Et que cela s'était avéré, à la fin, tout à fait inutile puisque le jour même Duo était redevenu opérationnel après avoir déposé son colis auprès de Sally. Et Heero n'avait pas du tout l'intention de se rouler les pouces pendant toute une semaine sans aucune raison alors que ses camarades reprenaient le combat.

Ils arrivèrent enfin à la clinique. Sally alla prévenir les chirurgiens que l'opération de Heero était annulée. Elle leur expliqua qu'il s'agissait d'une erreur de diagnostic. Elle serrait des poings et injuriait mentalement le japonais alors que les chirurgiens la sermonnaient pour son manque de discernement et pour leur avoir fait perdre du temps. C'était très en colère qu'elle rejoignit le japonais au réfectoire de l'hôpital ou il avalait quelque chose de plus consistant que le maigre sandwich de l'aéroport.

« -Heero, je considère que tu as une dette envers moi ! » grogna la jeune femme en s'asseyant face au jeune homme.

Celui-ci se contenta d'hocher la tête.

« -J'ai réfléchis. » dit soudainement Heero.

« -Déjà ? Tu as fait vite. Je peux savoir ce que tu as décidé ? »

Le japonais acquiesça. Oui, il avait fait vite. Oui, il avait vite trouvé sa réponse. Il avait toujours été comme ça. Il réfléchissait vite, prenait en compte la vision globale de la situation et agissait dans la seconde. Un atout indispensable pendant les batailles.

Tout ce qu'il savait, c'était qu'il avait aimé. Les moments de tendresse, la façon dont Duo avait pris soin de lui. C'était pour lui, assez inhabituel, mais tellement agréable. Savoir que quoiqu'il arrive, il y avait quelqu'un près de soi pour aider et dans le meilleur des cas, pour le protéger. C'était ce que Duo avait fait. Et savoir qu'ajouter à ça, il avait dû surmonter une de ses peurs… Heero commençait (enfin !) à culpabiliser d'avoir eu des œillères, de n'avoir penser qu'à son objectif et pas aux moyens et surtout aux sentiments de l'américain. Même si ironiquement, c'était ce qu'il avait voulu savoir. Mais il n'avait pas pensé une seule seconde que cela aurait pu l'affecter. Pas une seule seconde que l'américain n'était pas lui, Heero. Qu'il avait une autre façon de fonctionner. Oui, Heero commençait à se sentir coupable.

Mais malgré tout, il ne regrettait pas ce qu'il avait fait. Parce qu'il avait découvert des choses. Des choses nouvelles et agréables. Des choses qu'il avait aimées. Qu'il s'était surpris à aimer. Duo l'aimait beaucoup. Duo était attiré par lui. Et il ne pouvait pas le nier, cela lui faisait extrêmement plaisir. C'était si bon de se sentir aimer, désirer. Et Duo aimait et désirait quelqu'un qu'il n'était pas… encore. Pour le moment, il n'était qu'un soldat. Du moins, il croyait n'être qu'un soldat. Alors Heero était quand même soulagé de savoir que Duo voyait quelqu'un d'autre en lui.

Depuis leurs vacances forcées, Heero avait aussi développé une certaine affection pour l'américain. Il l'avait toujours respecté en tant que pilote. Il n'avait pas cherché à le connaître et à l'apprécier plus que nécessaire. Juste un tout petit peu plus qu'une simple connaissance. Juste un tout petit peu moins qu'un ami. Et pendant ce mois ensemble, Heero avait sciemment franchi cette barrière. Pour lui, Duo était au moins un ami. Il ne savait pas s'il était plus qu'un ami. Quant à savoir s'il le désirait… Il se sentait bien dans ses bras, entouré par son affection. Mais c'était peut-être parce qu'il n'avait jamais connu ça que ces instants lui avaient paru si précieux et si forts. C'était peut-être pour cette unique raison qu'il appréciait Duo. Uniquement parce que l'américain l'aimait et le désirait.

Heero ne pouvait pas dire au jour d'aujourd'hui s'il aimait Duo pour ce qu'il était ou pour ce qu'il lui apportait. Il lui fallait beaucoup plus de temps. Oui, beaucoup plus. Et une journée, même en y réfléchissant intensément, ne suffirait pas.

« -Je vais le rejoindre. »

Sally hocha la tête avec un petit sourire satisfait.

« -Pour les missions Sally. Je ne lui dirai rien tant que je n'en saurai pas plus moi-même. Je sais que je l'aime beaucoup, mais ce n'est pas suffisamment clair pour savoir si c'est réciproque ou pas. »

« -Sage décision. » approuva la jeune femme.

Heero hocha rapidement la tête et se leva en posant ses mains sur la table. Sally le regarda avec un petit sourire.

« -Mais un jour, je lui dirai. »

Il se retourna et sortit du réfectoire. La jeune femme retint un petit éclat de rire. On pouvait dire que ces pilotes de Gundam lui en avaient fait voir de toutes les couleurs.

« -Bonne chance Heero Yuy. »

Owari


Fini ! Nan ! J'ai dit FINI ! Quant à la possibilité d'une séquelle… Ben, à voir, selon l'inspiration. Mais je ne crois pas qu'il y en aura une dans l'immédiat.

J'espère que vous aurez aimé cette suite tant attendue et qu'elle vous aura pas trop déçu.

Zib à tous !


(1)Question que, j'en suis sûre, tout le monde se pose encore…

(2)Dixit mon ancien prof de philo qui, faut bien le dire, me faisait trop marrer et de par sa simple présence occultait son discours philosophique. Donc, il est possible que j'ai zappé le truc et que ce ne soit pas ça.

(3)Techniquement, ça doit pas être possible. Mais bon, dans l'anime, il réussi à contrôler son rythme cardiaque ainsi que ses ondes alpha juste pour faire croire à l'Alliance qu'il était encore dans le coma. Alors accélérer simplement les battements de son cœur, pfff ! Quelle rigolade ! Et pour le reste, c'est juste des réminiscences de mes cours de bio datant sans doute du collège, c'est dire !

(4)A mon époque, c'était une demi-heure, mais je crois qu'aujourd'hui, ça va beaucoup plus vite. A l'époque, ils m'ont ouvert au scalpel et tout, aujourd'hui, c'est juste un petit trou avec une petite caméra. Hop ! On coupe le bidule moche et le tour est joué !