Chapitre 13
Il était 17h lorsqu'ils débarquèrent à Dollet. Le pilote du navire leur annonça qu'il resterait là trois jours, après quoi il repartirait, laissant les quatre jeunes gens se débrouiller pour rentrer. La milice venant aux nouvelles, le groupe leur expliqua la situation, ainsi que leur mission. Les soldats se montrèrent très compréhensifs envers la cause des jeunes SeeDs, d'autant plus que certains d'entre eux les avaient reconnus, les ayant vu ou ayant combattu avec eux l'avant-veille. Ils leur expliquèrent qu'ils connaissaient un chemin connu d'eux seuls qui accédait à l'arrière de la tour, mais il était très escarpé. Ils proposèrent aussi d'effectuer une escarmouche en avant de la tour, afin de leur laisser l'accès relativement libre. Au nom de l'équipe et de la BGU, Chad accepta leur offre généreuse et les remercia, et c'est ainsi qu'un petit contingent de soldats volontaires accompagna nos quatre héros sur le chemin de la tour satellite.
Une fois le pont traversé, le soldat qui leur avait parlé du chemin leur servit de guide, pendant que les autres attendraient un petit moment avant d'attaquer. Ils sortirent du chemin, passant à travers buissons et autres végétaux, avant de tomber sur un sentier bien entretenu, quoique assez discret pour ne pas être repéré depuis la voie en amont. C'est alors que quelques difficultés se présentèrent. Ils eurent à passer sur une corniche, et le guide passa en premier, suivi de Jessie. Chad allait passer, lorsqu'il entendit Cassandra se plaindre derrière lui.
« Je ne peux pas passer ça !
- Allez, insista Thomas. Ça n'a pas l'air très long.
- Mais j'ai le vertige, idiot ! cracha-t-elle.
- …
- Si tu passes entre nous deux, on pourra toujours te soutenir s'il y a un problème, proposa le noir.
- D'accord, si tu le dis » sourit timidement la rousse envers Chad.
Thomas poussa un léger soupir. Ce n'était pas gagné, entre lui et elle…
La troupe poursuivit son chemin, Chad suivant donc Jessie, suivi de Cassandra, qui avançait à petits pas, et enfin de Thomas.
La corniche se prolongea bien plus longtemps que l'avait pensé le blond, les faisant passer au dessus d'une mer se fracassant sur quelques rochers épars. La rousse réussit à ne pas regarder en bas, motivée par la vision de la nuque du noir qu'elle avait devant lui. Lorsqu'ils regagnèrent la terre ferme, le guide s'arrêta, et Cassandra devina très vite, comme le reste du groupe, ce qu'allait être la suite.
« Il faut grimper ici, déclara le soldat, comme s'y attendaient les quatre. La tour est juste au dessus.
- Je ne pourrais pas monter ça, fut sur le point de pleurer la jeune infirmière.
- (Je l'aurais parié) Alors attends-nous ici, proposa gentiment Chad.
- Dans ce cas, je reste ici aussi, renchérit le guide, qui ne se sentait pas de taille à grimper, d'autant plus qu'il commençait à pleuvoir, ce qui rendrait la grimpée encore plus pénible.
- Merci, répondit Chad. Dans ce cas, nous ferions mieux d'y aller tout de suite, tant que c'est encore un peu sec » rajouta-t-il en direction de ses deux autres camarades.
Ils commencèrent alors leur ascension, Chad et Jessie étant habitués aux activités physiques intenses, et Thomas compensant son inexpérience par sa légèreté et son agilité. Ils grimpèrent ainsi sur bien quinze mètres, et ce ne fut qu'une fois en haut que les bruits de la bataille parvinrent à leurs oreilles. Le combat se déroulait à une centaine de mètres, et semblait aux SeeDs que les Dolletiens avaient beaucoup de mal à tenir face à une supériorité certaine de Galbadia. Le groupe se hâta alors de pénétrer dans la tour, liquidant d'un coup vif de katana le garde qui se trouvait à l'entrée.
Une fois dans l'ascenseur, Chad déclara :
« Il faut réussir à leur faire signe une fois en haut. Je ne voudrais pas qu'ils meurent tous pour nous…
- Tu as raison, répondit Jessie. Mais qu'est-ce qu'on peut faire ?
- Tu pourrais essayer de faire pivoter l'antenne depuis le terminal, avant que je ne le fasse sauter, proposa Thomas.
- Bonne idée, admit-elle. Je vais voir ce que je peux faire. »
Lorsqu'ils arrivèrent en haut, ils tombèrent sur une petite équipe de soldats qui les regardèrent un instant, médusés, avant de passer à l'attaque, stimulés par leur chef. Après quelques passes d'armes à l'avantage complet des SeeDs, il ne restait plus que l'officier, qui les regardait, l'air mauvais.
« Je m'occupe de lui, annonça Chad aux deux autres. Chargez-vous de votre travail.
- Okay, répondirent les deux autres en chœur, faisant confiance en la force de leur chef.
- Alors comme ça tu crois pouvoir me battre à toi seul, railla le survivant.
- Vu la qualité de tes subordonnés, oui » répondit sereinement le noir.
L'officier éclata alors de rire.
« Une dernière volonté, avant que je ne te tue, petit guerrier ?
- Fais-moi voir tes yeux… » répondit-il
Un rictus sur le visage, le soldat jeta son casque au loin, montrant au jeune homme ses deux yeux noirs.
« Monseigneur est-il satisfait ? se moqua-t-il.
- Pas du tout. Je vais t'offrir une mort sans trop de souffrances, déclara-t-il avant de se mettre en garde.
- Petit prétentieux, siffla-t-il. Tu vas souffrir. »
Le Galbadien le visa de son fusil mitrailleur et tira une rafale. Rôdé au combat contre les armes à feu, Chad esquiva une partie des projectiles, en dévia une de sa lame, mais une dernière balle lui effleura les côtes. Avant que l'autre n'ait pu tirer une deuxième fois, le SeeD fit voler l'arme d'un coup de sabre, et le soldat dût reculer, déconcerté par la vitesse de son adversaire pour dégainer son arme blanche, puis il chargea.
Le noir para, s'amusant presque à combattre. Après un petit moment, las, il fit prendre le même chemin que le fusil à l'épée de son adversaire.
« Rends-toi, si tu veux vivre. » déclara-t-il.
L'autre ne daigna pas répondre. C'est alors que Chad se rendit compte qu'il était dos au bord de la plate-forme, et se retourna juste à temps pour voir le Galbadien foncer doit sur lui. Il lui rentra violement dans le ventre, lui faisant lâcher son katana, puis les deux passèrent outre le rebord de la surface métallique.
Pendant ce temps, Jessie avait réussi à pirater le terminal, et l'antenne se mit à pivoter. Elle se redressa alors et se retourna pour voir où en était le combat. Elle aperçut alors les deux adversaires chuter de la tour.
« Chad ! » cria-t-elle, se précipitant vers le rebord.
La première chose qu'elle vit en regardant en bas fut le corps de l'officier, gisant dans une mare de sang, diluée peu à peu par la pluie, tel un pantin désarticulé. Puis elle aperçut Chad, qui se balançait, s'étant rattrapé d'un bras à une barre située juste sous la plate forme. Il réussit à poser son autre main sur le rebord, juste devant Jessie, qui l'aida à grimper.
Il marmonna un bref 'merci', récupéra son arme, puis observa la bataille qui se déroulait en contrebas. Certains soldats, dans les deux camps, avaient remarqué le mouvement de l'antenne, et les Dolletiens commencèrent à battre en retraite, alors que certains Galbadiens revenaient maintenant vers la tour, comprenant que l'attaque n'avait servi que de diversion, et présageant le pire pour la tour.
« Tu as bientôt fini, avec ton explosif ? lança-t-il à Thomas, comme si rien ne s'était passé.
- Je viens juste de finir » répondit-il.
L'ascenseur, qui était resté en haut jusque là, repartit en direction du rez-de-chaussée de la tour.
« Il était temps, on risque d'avoir de la visite. Sur combien de temps est la minuterie ?
- Trois minutes, répondit Thomas.
- Alors on va prendre une autre voie pour descendre » déclara Jessie, avisant un câble près de l'endroit où elle se trouvait.
Le câble fixement attaché, les trois descendirent l'un à la suite de l'autre le long de cette échappatoire. Malheureusement, le câble ne s'avisa pas assez long, et il restait bien dix mètres entre le bout de la corde et le sol.
Thomas, qui se trouvait au dessus des deux autres usa alors de sa magie, en lançant un triple sort de lévitation.
« Ça ralentira au moins notre chute, déclara-t-il.
- J'espère que tu as raison.»commenta Chad, premier à sauter.
Effectivement, le noir chuta bien plus lentement qu'en temps normal, un peu déstabilisé de voir les gouttes de pluie toucher avant lui le sol avant lui. Certains soldats n'étaient pas montés dans l'ascenseur, et étaient ressortis de la tour. Ils eurent tôt fait de différencier le jeune homme d'un arbre à travers la pluie qui tombait dru. Il les repoussa, le temps que ses deux camarades le rejoignent.
« Combien de temps dure ton sort ? demanda-t-il une fois que le blond eût atterri.
- Quelques minutes.
- Bien. Commencez à reculer vers la paroi. »
Les deux autres surent de suite ce qu'il avait en tête.
Thomas et Jessie sautèrent en aval, priant pour que le sort dure assez longtemps pour arriver jusqu'en bas. Chad les suivit peu après, laissant derrière lui quelques soldats ne voulant pas risquer stupidement leur vie en descendant sur ces pierres désormais ruisselantes d'eau de pluie.
Les deux premiers se posèrent à côté de Cassandra et du guide sans aucun problème, et Chad fut à un petit mètre du sol lorsque l'enchantement se dissipa. Il retomba un peu lourdement.
Thomas regarda sa montre, avant de déclarer :
« Dix, neuf, huit, sept, six, cinq… »
Sur la tour, les soldats avaient observé les trois jeunes gens s'échapper.
« Quatre… »
Certains soldats observèrent la plate forme, cherchant la raison d'une telle intervention en haut de la tour.
« Trois… »
L'un d'entre eux aperçut le compteur sur la borne de commande.
« Deux… »
Il voulut avertir ses camarades, et se retourna pour fuir la bombe.
« Un… »
Il fut le seul à l'avoir remarqué, les autres le regardant un instant, se demandant brusquement ce qu'il faisait…
… Ils ne le surent jamais. L'explosion les souffla, certains étant transpercés de morceaux de métal incandescents.
Presque tous ceux qui se trouvèrent sur la tour à cet instant périrent.
« Allons nous en. » déclara Chad, puis ils repartirent dans l'autre sens, sans piper mot.
Ils repassèrent par la corniche dans le même ordre. Quand Cassandra glissa sur une pierre, menaçant de chuter, elle se fit rattraper par les deux bras, chacun tenu par un des jeunes hommes. Elle ne remercia que Chad, ignorant superbement le blond, qui rumina ses pensées.
