Chapitre 14

« Merci de nous avoir fait signe, déclara l'apparent chef des Dolletiens lorsqu'ils revinrent à la ville. Nous n'aurions pas tenu beaucoup plus longtemps.

- Avez-vous eu des pertes ? demanda Chad.

- Nous avons quelques blessés graves, mais personne n'est mort, grâce à vous. Merci encore

- C'est à nous de vous remercier, répondit-il poliment. Nous n'aurions pas pu réussir sans vous.

- Les monstres auraient fini par attaquer ici aussi, sourit le chef à la modestie du jeune homme. Et c'est vous qui nous avez prévenu du danger. »

Après un salut militaire réglementaire, les deux chefs se serrèrent la main chaleureusement, puis les SeeDs prirent le chemin des portes la ville. À leur grande surprise, ils n'eurent pas à payer la location de la voiture. Après quelques explications du concessionnaire, ils comprirent que ce dernier était de la parenté du chef des soldats, et qu'une bonne partie de la ville leur était reconnaissante de l'avoir protégée durant l'assaut, et certains avaient entendu parler de la folie des monstres.

« On ne prend pas le train ? demanda Thomas.

- Les communications entre Dollet et Galbadia doivent être un peu réduites au vu des derniers événements, expliqua Chad. Et à moins d'attendre trois jours qu'un train vienne et de devoir subir un interrogatoire serré avant de pouvoir enfin embarquer, la voiture est une meilleure solution. D'autant plus qu'il sera plus simple d'éviter des barrages de l'armée avec ce 4x4…

- Pas con… »

Thomas se chargea de la route en direction de la fac de Galbadia, permettant à Chad de récupérer quelque peu des combats. Otant sa veste de cuir, il put apercevoir une auréole de sang commençant à sécher sur son t-shirt blanc, autour de l'endroit où la balle avait ripé sur ses côtes.

« Est-ce que ça va ? demanda Cassandra, assise à côté de lui.

- Ce n'est qu'une égratignure, répondit-il.

- J'aimerais quand même voir si ça ne s'est pas infecté » déclara-t-elle, admirant intérieurement le stoïcisme de son héros.

Ce dernier soupira, puis enleva son t-shirt, et Cassandra regarda un instant, fascinée et rougissante mode ptites étoiles dans les yeux : on le corps musculeux du jeune homme, puis elle observa la blessure.

De son côté, Jessie avait décidé d'ignorer Chad, fâchée par son manque de réaction lorsqu'elle s'était inquiétée pour lui et l'avait aidé à remonter sur la plate forme de la tour, et ne lui avait plus rien dit depuis. Elle était assise à l'avant, à côté de Thomas. Néanmoins, elle ne put s'empêcher d'observer le corps athlétique du noir en déviant le rétroviseur droit.

Dehors, la pluie tournait à l'orage, la foudre frappant le sol au gré de son humeur.

À l'arrière, la rousse avait décidé de désinfecter la plaie, pas tellement parce qu'il y avait de grands risques, mais surtout parce qu'elle était si près de Chad qu'elle voulait faire se prolonger le moment. Alors qu'elle s'appliquait à soigner le jeune homme, un éclair frappa le sol juste à gauche du véhicule. D'un sursaut, Thomas vira un coup à droite, sortant de la piste, mais y revint très vite. Bousculée par le coup de volant, la jeune femme à l'arrière se retrouva allongé sur les jambes de Chad, et passa du rose léger au rouge sur son visage.

« Est-ce que ça va ? » lui demanda Chad en l'aidant à se redresser.

Elle hocha la tête en guise de réponse, puis déclara qu'elle avait terminé, avant de se murer dans un silence, exaltée par ce qui venait de lui arriver.

Jessie avait observé la scène, agacée par les agissements de l'autre fille, et aussi un peu par son audace, car elle trouvait la position que dans laquelle elle s'était retrouvée n'était pas tout à fait naturelle.

Chad remit son T-shirt, et observa l'état de son blouson. L'impact de la balle avait, comme il le pensait, été un peu absorbé par l'épaisseur du cuir. Toutefois, il estima avoir eu de la chance, et il devrait peut-être renforcer cet équipement par une doublure un peu plus résistante.

Thomas conduisait un peu plus lentement que d'habitude, en raison du temps, lorsqu'un nouvel éclair le fit faire un écart, et Cassandra fut à nouveau bousculée, mais pas du côté de Chad.

« Tu pourrais au moins faire un peu attention, cria-t-elle au conducteur, devant elle.

- Désolé, répondit-il.

- Tu n'as pas à t'excuser, déclara Jessie à Thomas. Et tu conduirais peut-être mieux par ce temps, toi ? lança-t-elle ensuite à la rousse.

- Moi au moins, je ne ferais pas des écarts de route juste à cause de petits éclairs, répliqua-t-elle en foudroyant la lancière du regard.

- Pourtant, ça n'a pas l'air de t'avoir gêné, la première fois…

- Attache ta ceinture, coupa Chad d'un ton neutre, avant qu'elle ait pu répliquer quelque chose qu'elle aurait pu regretter. Au moins tu seras un peu moins secouée. »

Cassandra s'attacha alors, et s'enferma dans un silence boudeur, autant à cause du sarcasme de Jessie que de l'indifférence du noir à sa droite.

L'orage finit par se dissiper aux environs de la forêt qu'il fallait traverser pour attendre la fac, et Thomas roula un peu plus vite, même s'il resta prudent lors de la traversée de cette forêt sur une route boueuse. Par chance, ils ne s'embourbèrent à aucun moment, et ils arrivèrent à la tombée de la nuit.

Se présentant à l'accueil, on leur dit qu'il était trop tard pour rencontrer le proviseur, Martine, mais qu'ils pourraient le voir dès le lendemain. En attendant, on leur alloua deux chambres doubles pour la nuit, et c'est ainsi, après un repas pris en compagnie des autres élèves de l'école, y compris des filles qui observaient toutes le beau gosse venu d'ailleurs qu'était Chad, qu'ils purent prendre un repos bien mérité après une telle journée.

Lorsqu'il se réveilla, Chad aperçut le réveil qui affichait 5h. Il se leva alors, pour aller faire ses exercices quotidiens tout en visitant un peu la fac. Il eût alors la surprise de voir toute l'activité qu'il régnait à cette heure-ci, comparé au calme de la BGU. Il croisa d'autres élèves qui couraient, et même certains professeurs, qui avaient plus l'air de sergents recruteurs de l'armée que d'autre chose, en train de surveiller des élèves en pleines séries de pompes.

« Ça vous apprendra à ne pas respecter le couvre-feu ! » crut-il en entendre crier un.

Lui-même alla faire quelques pompes dans son coin, et il ne fut pas surpris, par contre, de voir des filles en survêtements, certainement sensées s'entraîner à cette heure matinale, venir s'agglutiner autour de lui pendant ses exercices.

C'est partout pareil…

Elles lui posèrent des questions, alors qu'il ne s'arrêtait pas de s'exercer, en répondant toutefois avec courtoisie. Toutes ces questions portaient sur d'où il venait, comment il s'appelait, et, bien sûr, s'il était libre.

Une fois son entraînement matinal terminé, il alla prendre une douche. Thomas, qui partageait la chambre de Chad se réveilla lui aussi, réveillé par des coups à la porte. On lui annonça que l'entrevue avec Martine se déroulerait d'ici une heure. Au retour du noir de la douche, il le lui annonça avant d'aller à son tour faire sa toilette. Pendant ce temps, Chad se dirigea vers la chambre des filles, afin de les en informer. Il frappa à la porte, avant d'entrer sans attendre de réponse. Et il tomba sur une Jessie en serviette de bain en train de se brosser les cheveux, venant tout juste de sortir de la douche. L'apercevant en retour, elle eût tôt fait de lui lancer violement sa brosse en lui criant « Sors ! » Il esquiva de justesse le projectile, et referma la porte.

La brune avait été mal à l'aise lors de cette soudaine irruption du chef, et s'était empressée de le faire sortir, avant qu'elle ne rougisse de trop. Reprenant contenance, elle alla récupérer sa brosse, puis réajusta sa serviette, histoire de lui rendre la monnaie de sa pièce.

Le SeeD était resté devant la porte, attendant qu'on lui ouvre enfin. Lorsque cela se fit, il put apercevoir une Jessie, toujours enroulée dans sa serviette, mais sensiblement baissée, laissant apparaître un décolleté assez important. Elle était appuyée contre le cadre de la porte d'une manière un peu aguicheuse.

« Qu'est-ce qu'il y a ? lui demanda-t-elle avec le sourire.

- Notre rendez-vous est dans une heure, déclara-t-il, ses yeux plantés dans ceux, verts de la jeune fille, impavide.

- Très bien, répliqua-t-elle en croisant les bras pour attirer l'attention du jeune homme sur une partie plus basse de son anatomie. Je pensais bien que ce n'allait pas être à dix heures…

- Toujours aussi perspicace, à ce que je vois, commenta-t-il.

- Ouais, répliqua-t-elle, outrée que son stratagème n'ait pas fonctionné. À tout à l'heure… »

Elle allait refermer la porte, lorsque Chad se retourna pour ajouter :

« Au fait, ce n'est peut-être pas très galant de regarder à cet endroit, mais ce n'est pas aimable non plus d'en faire trop. »

Il avait dit ça sur un ton de plaisanterie, avec un petit sourire en coin. Elle eut un léger sourire contrit, puis referma la porte. Furieuse qu'il ait déjoué son plan, elle n'aperçut pas tout de suite que Cassandra était sortie de la salle de bain un peu auparavant, assez pour entendre la dernière remarque du noir.

« Alors comme ça, on essaie de me piquer mon Chad ? lança-t-elle, frustrée.

- Je n'ai pas vu 'propriété de Cassandra Danis' marqué sur son front » répliqua-t-elle froidement, retournant à la place qu'elle occupait avant pour finir de se coiffer, passant devant la rousse.

Celle-ci en profita pour arracher la serviette de sa rivale, qui se cacha instinctivement les parties intimes. La menue en profita pour gifler la brune, qui vacilla.

« Petite garce » grogna-t-elle, avant de faire fi de sa pudeur pour sauter sur sa rivale, toutes griffes dehors.

Perdant à son tour sa serviette, l'autre poussai un cri aigu devant l'attaque de la brune, puis elles tombèrent toutes les deux sur le lit derrière elle. Elles se griffèrent, se tirèrent les cheveux, roulèrent et tombèrent sur le sol, alternant entre position de dominée et de dominante, et se firent mal à des endroits où elles savaient que ça ferait mal (1). Finalement, lorsque toutes deux furent bien égratignées et eurent perdu quelques cheveux, Jessie apposa sa marque en giflant Cassandra bien plus fort qu'elle ne l'avait fait.

« Un joli bleu pour toi », triompha-t-elle.

Poussant un dernier cri, mais de panique à l'idée d'avoir une partie de son beau visage virant au violet, elle prit la fuite vers la salle de bain où elle resta enfermée bien longtemps pour cacher cet hématome sur sa joue et toujours plaire à son Chad chéri.

Jessie retourna s'asseoir à sa place, et pansa aussi un peu les coups de griffe qu'elle avait reçu, se recoiffa, s'habilla, puis se maquilla un peu, avant de sortir de la chambre.


(1) lalalala je ne préciserais rien lalala…