Chapitre 15

Une nouvelle fois au garde-à-vous, mais devant le proviseur Martine, Chad, accompagné de son équipe, expliqua leur présence à la faculté de Galbadia.

« Mm… fit-il. Je dois d'abord vous dire que ceux que vous cherchez sont passés par ici, et que je leur ai transmis les nouveaux ordres de la part de Cid Kramer. Vous deviez sûrement déjà être en route à ce moment. Ils sont allés à Deling City, accomplir une mission de grande importance. »

Alors que Chad allait ouvrir la bouche pour poser une question, Martine continua :

« Ils auront pour objectif d'assassiner l'ambassadrice que Winzer Deling vient de nominer. La prêtresse Edea. »

Apparemment, cette déclaration fit son petit effet sur les coéquipiers du noir, qui s'agitèrent un peu.

« Cid Kramer m'a aussi transmis des ordres pour vous, devinant certainement que ma faculté serait votre première destination. (Ils firent un nouveau salut) Ce soir, un défilé sera organisé en l'occasion de la nomination d'Edea, et toute la population de Deling City et des environs sera présente pour y assister. Vous allez assister vos camarades dans leur tâche, en leur permettant de prendre la fuite dans l'agitation que vous provoquerez parmi la populace. Je vous laisse le choix de la stratégie et des moyens à employer. C'est tout. Rompez. »

« Assassiner la sorcière ? s'exclama Thomas lorsqu'ils sortirent du bureau. Ils sont devenus cinglés ?

- Comment ça ? demanda Jessie, qui paraissait tout aussi perturbée.

- Tuer une nécromancienne ne se fait pas juste d'un coup de fusil. Elles ont de grands pouvoirs magiques qui les protègent.

- Ils ne les ont quand même pas envoyés au casse-pipe, s'insurgea la brune du pessimisme du blond. Ils ont certainement trouvé un moyen de pallier à ça.

- N'empêche, déclara Chad. Ça me paraît quand même étrange… »

Ils remontèrent dans le véhicule, après avoir refait le plein. 'On ne sait jamais' avait déclaré Jessie avec un regard étrange vers son chef. Puis ils partirent en direction de la capitale Galbadienne, avec le noir au volant, ce qui ne lui empêcha pas de faire part de son début de plan à ses camarades.

Jessie observa le soleil qui se couchait à l'horizon, puis ferma les yeux à son tour, alors que les derniers rayons lui caressaient le visage.

À quelque distance de la ville, le SeeD s'arrêta, et dut réclama les armes de ses camarades. Ainsi, il enroula un pistolet, un nunchaku et son katana dans une bâche qui traînait dans la voiture, et alla le cacher dans un buisson bordant la route. Avant de repartir, Thomas demanda :

« Tu es sûr qu'il vont nous contrôler ?

- Quasiment certain, répondit-il. Quatre jeunes gens dans une voiture immatriculée à Dollet peuvent aussi bien être de nouveaux partisans à la cause de Deling que des assassins venus pour les éliminer, lui ou la sorcière. On risque même de subir un interrogatoire, alors il faut que nous ayant une raison crédible, et la même pour tous, de préférence…

- Et tu n'as pas d'arme, toi ? lança la rousse à Jessie, d'un air moqueur.

- Je l'ai toujours sur moi… » répondit-elle sur le même ton en agitant son poignet où se trouvait son bracelet.

Et effectivement, ça ne rata pas. A l'entrée de la ville, les soldats les firent sortir du véhicule les mains sur la tête, les fouillèrent, puis les emmenèrent passer un interrogatoire. Ils déclarèrent tous être là pour voir la sorcière, convaincus du bien qu'elle pouvait apporter en tant qu'ambassadrice de Galbadia, et qu'ils comptaient s'engager dans l'armée, après le défilé du lendemain. Les quatre SeeDs avaient convenu de cette version sur le chemin. Ils continuèrent de les interroger chacun leur tour une bonne partie de la journée, espérant en faire craquer un pour donner une autre raison de leur venue, mais personne ne céda.

Lorsqu'ils entrèrent enfin dans la ville, le soleil était déjà bien avancé à l'ouest, et les quatre SeeDs se dirigèrent vers le centre ville, et ils eurent quartier libre jusqu'au soir, où ils se retrouveraient dans un restaurant pour discuter de leur plan.

De son côté, Chad décida en premier lieu d'aller s'acheter un nouveau t-shirt avec un peu de sa première paie. Par la suite, il continua un peu de déambuler dans les rues, et trouva une paire de mitaines en cuir noir, sobres, comme il les appréciait. Observant sa main et la mitaine (1) qui se trouvait dessus, il constata qu'elle se faisait vieille et craquelée, et il s'offrit cette petite fantaisie.

Ensuite, il resta un instant devant la vitrine d'une forge. Il aurait bien aimé y entrer et se défouler un peu sur un morceau de métal chaud, mais cela amènerait le forgeron à lui poser des questions sur sa provenance. Or, il était en mission et devait se faire discret. Haussant les épaules, il s'apprêtait à reprendre son chemin, lorsqu'il croisa Thomas.

« Je crois que les filles se sont un peu disputées, déclara le blond

- Comment ça ?

- J'ai entendu des cris provenant de leur chambre, ce matin. J'espère que ça ne posera pas de problèmes pour la mission…

- (Les filles…) Laissons-les se débrouiller entre elles, répondit-il d'un soupir. Si jamais ça ne va vraiment pas, on avisera…

- Tu as raison, admit Thomas.

- Bon, je pensais aller reconnaître les lieux, si ça t'intéresse… »

Jessie se promena au gré des rues qui se présentaient devant elle. Elle était un peu troublée par le comportement de Chad ces derniers jours, et ne savait plus où se mettre. D'abord, il avait un peu plaisanté avec elle lors de leur combat pendant la sortie 'baby-sitting', puis il avait été distant, voire froid pendant toute la mission, jusqu'à tout à l'heure. En plus, il semblait plus s'intéresser à Cassandra qu'à elle, et en même temps, il avait l'air de vouloir entretenir un semblant de relation avec elle.

Tous ces événements avaient fait qu'elle ne savait plus du tout où elle en était avec ses sentiments vis-à-vis de lui. À chaque fois qu'elle regardait dans ses yeux, elle n'arrivait pas à discerner ce qu'il pensait vraiment d'elle, tellement son regard était indifférent, voire vide, en permanence, comme s'il pensait toujours à autre chose.

Elle continuait de se poser des questions lorsqu'elle rentra dans une personne qui s'était arrêtée.

« E… excusez-moi, babilla-t-elle, confuse.

- Ce n'est rien, répondit une voix qui lui était familière. Tiens ? Jessie ? »

Elle leva son regard pour voir qui était cette personne qui la connaissait. Il était blond et portait une longue veste blanche avec un motif rouge en forme de croix sur le bras. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle reconnut…

« Seifer ?

- Qui d'autre ? sourit le jeune homme. Que fais-tu ici ?

- Je… hésita-t-elle. Je viens voir le défilé. »

Le félon leva un sourcil suspicieux, faisant un peu bouger sa cicatrice. Il l'invita à aller dans un endroit plus calme. Ainsi se retrouvèrent-ils dans un bar tranquille à cette heure-ci.

Après avoir commandé un rafraîchissement, Jessie ne sut pas quoi dire, et à peine quoi penser. L'apparition inopinée de son ex petit ami semait encore plus la confusion dans son esprit. Seifer lança la discussion.

« Alors ce vieux grigou de Cid admettrait-il sa faiblesse face au plan de Deling ?

- Je ne sais pas, mentit-elle. On m'a envoyée ici pour voir ce qui se passe, mais je ne sais pas ce que je vais faire…

- Tu ne sais pas ?

- Oui, souffla-t-elle, le regard fixé vers la table où ils étaient assis. Je ne savais plus quoi penser, quand je t'ai vu à la télé. Que s'est-il passé pour que tu fasses ça ? demanda-t-elle, presque suppliante.

- Ça ? ça n'a plus d'importance, déclara-t-il. Je suis le Chevalier de la sorcière, maintenant.

- Chevalier ? demanda-t-elle en levant le regard vers lui, n'étant pas certaine de le comprendre.

- Oui. Edea m'aidera à réaliser mon rêve… »

Son rêve. Elle se souvint de l'époque où ils étaient sortis ensemble. Il lui avait souvent parlé de ses ambitions, même que c'était une des raisons qui l'avait poussée à le quitter : il était trop égocentrique. Il lui avait parlé de ses rêves de puissance et de gloire.

« La puissance et la gloire, dit-elle évasivement. Mais que compte-t-elle faire ?

- Je ne peux pas te le dire, mais si tu viens avec nous, tu pourras aussi avoir le pouvoir » déclara-t-il, exalté.

Prenant le silence de Jessie pour un consentement, Seifer s'approcha de son visage et lui offrit un long baiser. En profitant un instant, la jeune fille finit par le repousser.

« Non, dit-elle. Je ne veux pas te suivre. C'est ton rêve, pas le mien.

- Tu vas rester à suivre les ordres d'imbéciles toute ta vie, alors, déclara-t-il amèrement.

- Reviens avec nous, le supplia-t-elle subitement.

- Et je refuserais un avenir de gloire pour me retrouver à faire le serf ? s'exclama le blond en retour.

- Mais je ne veux pas que tu te fasses tirer dessus ! » cria-t-elle, désespérée.

Restant un instant silencieux face à cette information divulguée par la brune à son corps défendant, il répondit froidement :

« Alors c'est pour ça que tu es ici. Pour tenter de nous éliminer… »

Jessie se rendant compte de la gravité de son action, mais ne pipant mot, il prit cela pour un aveu :

« Tu me déçois. » dit-il finalement, puis il s'en alla sans aucune autre forme de procès, ni regard pour la jeune femme qui avait de nouveau posé un regard perdu sur la table.

Seifer sorti du bar, une larme naquit au bord de l'œil droit de Jessie, puis creusa un sillon le long de sa joue, tomba, pour enfin finir sa course sur la surface travaillée de la table. Nombre d'autres larmes suivirent le même chemin. Elle s'en voulait pour cette déclaration, et plusieurs pensées l'assaillirent en même temps. Ne parvenant pas à les ordonner, elle continuait de pleurer.

« Tout va bien, mademoiselle ? vint lui demander un serveur, obéissant au règlement à propos du bien être des clients.

- Qu'est-ce que vous pouvez avoir comme questions stupides ! » lui cracha-t-elle, avant de se lever et de sortir à son tour du bistrot.

Se frottant la tête quand à la réaction de la jeune femme, il comprit enfin la décision du patron de faire payer les clients au moment de la commande. Il finit par se reprendre, ainsi que les deux boissons que leurs deux clients avaient à peine touchées.

Ce fut une Jessie plus confuse qu'avant de rencontrer Seifer, et avec les yeux rouges, qui sortit du bâtiment. Elle continua de marcher le long des rues, reprenant peu à peu le cours de ses pensées. Elle s'en voulut tout d'abord d'avoir insinué la raison de la présence des SeeDs ici, ce que le blond avait tout de suite compris. Ensuite vint tout naturellement la question de la conséquence de ses actes. Elle passerait certainement devant le conseil de discipline, une fois de retour à la BGU. Mais Chad ? Qu'allait-il dire ?

Tu me déçois…

Se remémorant les dernières paroles de Seifer, elle voulut alors de tout son coeur que le noir ne lui dise jamais la même chose. Surprise par cette pensée, elle s'arrêta de marcher, et comprit qu'elle avait fait un choix. Avec sa déclaration dans un premier lieu, elle avait renoncé définitivement à Seifer, car il avait su semer le doute sur ses sentiments pour lui au moment de son baiser.

Puis par cette pensée. Elle avouait d'elle-même, sans Camille pour le lui tirer du nez, qu'elle aimait Chad. Même si cela n'était venu que par des choses simple, la manière dont il lui avait sauvé la vie à Dollet, son duel avec lui à Balamb, ses deux danses durant le bal, et enfin…

Notre combat contre tous ces monstres… Attends, j'ai dit 'notre' ?

Désormais, elle en était sûre. Son cœur appartenait bel et bien au jeune homme à la peau bronzée par les rigueurs de la forge. Elle eut un nouvel instant de panique, son esprit revenant sur la situation actuelle, puis elle décida de ne rien dire, quoi qu'il arrive, autant pour ne pas gâcher ses chances avec Chad que pour ne pas être renvoyée de la BGU. Elle reprit sa marche, se dirigeant vers le restaurant, espérant que les garçons ne soient pas encore arrivés, et qu'ils n'arrivent pas avant que ces yeux aient repris une couleur un peu plus normale, car même si elle avait des lunettes de soleil sur elle, cela ne ferait pas très futé de les porter à l'intérieur du bâtiment.


(1) oui bon, le gant sans doigt, ça s'appelle une mitaine, je ne le savais pas, au début. Alors merci à ma Wilwarin pour la précision.

Je sais, j'avais dit que je serai plus régulier. Mais vous savez, les cours, tout ça... Enfin bon, quatre nouveaux chapitres aujourd'hui.

À la prochaine.