CrazyMarie : Ce chapitre était en effet là pour réhumaniser les personnages à leurs propres yeux, car ils vivaient depuis longtemps avec le souvenir des actes « abjectes » qu'ils ont perpétrés. Je voulais qu'ils réussissent enfin à le sortir d'eux et à en parler, ce qui les rapprochera dans le même temps.
Azuline : J'avoue, j'ai (trop) tendance à voir Ron comme un personnage étroit et pas très dégourdi. Heureusement il s'améliore, mais du coup dans mes fics il n'a pas souvent le beau rôle. Dans mon ancienne fic je le faisais évoluer et mûrir, mais là ça n'entre pas trop dans le cadre de la fic. Tanpis pour lui et désolée Mrs Rowling.
Mandragora : Je vois que ce chapitre t'as fait de l'effet. C'est la thématique classique des apparences : ne sont pas toujours amis et ennemis ceux que l'on croit...
Mitea : Merci j'ai corrigé ! C'était vraiment une faute de 'vitesse', comme j'ai ajouté ce bout de phrase à la dernière minute avant d'uploader. Je me fais honte, je sais bien qu'on écrit ce mot « fainéant », de « faire néant ». Merci de me l'avoir signalé !
Je suis heureuse que tu « voies » et que tu aimes de plus en plus ce qui se passe dans la fic. Merci !
Elfie : Merci, merci, pour tout ! J'espère que tu aimeras la suite !
Violette : Le pire c'est que j'adore les Weasley ! Enfin Molly, Ginny, Bill, Charlie et les jumeaux. Ma bon on ne sait jamais comment les gens vont réagir suite à une tragédie. Beaucoup dressent des barrières, un méchanisme de défense, en repoussant tout ce qui leur rappelle cette tragédie. C'est donc le comportement que j'ai choisi pour les Weasley, même si ce n'est pas trop celui auquel moi-même je m'attendrai de leur part. En fait il me fallait une Hermione seule, et j'allais quand même pas tous les tuer :P.
Oui c'est vrai qu'ils sont trop vieux, je m'en suis mal sortie. Je modifierai peut-être. Quant aux autres professeurs tu verras...
Koconut : Oh merci ! Bonne lecture ;-)
Ze1telotte : Tu ne crois quand même pas que je vais répondre à cette question ? :P Où serait l'intérêt de la fic si tu connaissais la fin ?
Sae : Comme toujours merci pour tes compliments, ils me vont droit au coeur :-)
Je te laisse lire ce que j'ai dit à Violette sur les Weasley, mais il est aussi vrai que dans la vie même les amitiés les plus profondes peuvent se briser. On dit même que les chagrins d'amitié sont plus durs à guérir que les chagrins d'amour.
Temps.des.cerises : Nan ça ne m'em-bête pas, je me sens juste un peu bête. J'aurais dû penser que certains voudraient savoir de quel livre il s'agissait.
Je suis heureuse que tu ais aimé ce chapitre : à mes yeux il est le pivot de la fic, le chapitre qui explique toute l'histoire. L'un des plus importants donc.
Hermy : Merci beaucoup ! Bonne lecture :-)
Chapitre XII : Confidence
(Aussi bien le sens français et que le sens anglais : « confiance »)
Où
la glycine ploie enfin sous le poids de ses fleurs mauves,
symboles
de confiance réciproque.
Hermione se réveilla dans les bras de Severus. Elle était allongée contre lui, il avait passé un bras autour de ses épaules et un bras autour de sa taille. Elle inspira profondément. Oh elle pourrait passer sa vie dans ses bras, sentir la chaleur de son corps, son odeur d'herbes et de citron, sa respiration dans son cou... Elle avait toujours cru que sa peau blanche devait être glaciale, mais c'était tout le contraire. Elle le sentit bouger légèrement, sentit sa main caresser doucement sa taille. Elle ferma les yeux et sourit... Soudain, il cessa. Severus se réveillait et sentait le corps chaud et fragile de Hermione dans ses bras. Il se mit à caresser doucement sa taille, puis réalisa son geste. Il ouvrit les yeux et vit que Hermione ne dormait plus. Elle était éveillée et était restée sans bouger dans ses bras... pourquoi ? Pourquoi n'avait-elle pas fuit ? Il ne voulait pas le croire... et pourtant quelque part il savait.
- « Quelle heure est- il ? » demanda-t-il d'une voix rendue rauque par la nuit.
- « 8h20. »
Severus grogna.
- « Je dois être à Poudlard un peu avant 9h. »
Hermione se leva aussitôt.
- « Vous savez où est la salle de bain. Je m'occupe du petit-déjeuner. »
Severus alla donc se doucher et se raser pendant que Hermione préparait du café et des tartines, et surtout pendant qu'elle essayait d'apaiser la rougeur de ses joues. Son esprit bouillonnait, elle voudrait lui dire tellement de choses, lui demander tellement de choses... mais quand Severus vint à la cuisine, Hermione se sentit refroidie par son regard. De nouveau ce masque... Comme elle aimerait briser ses défenses, ses mécanismes, faire tomber ce masque une fois pour toutes et pénétrer son âme et son coeur.
Ils mangèrent pratiquement en silence, puis Severus lui dit :
- « Nous nous verrons au mariage de Remus et Tonks je présume... »
- « Oh, vous irez ? »
- « Oui, Lupin m'a invité. » Le Maraudeur n'avait jamais renoncé à se rapprocher un tant soit peu de lui.
- « Nous nous y verrons alors, je ne manquerais ça pour rien au monde. »
- « Bien... au mariage alors. » Il se leva et Hermione fit de même. Elle aurait voulu le retenir, le serrer dans ses bras, juste une fois, juste un instant... mais elle se contenta de le raccompagner à la porte et de le regarder disparaître, encore une fois.
Les mois passaient lentement, semblables à des années. Hermione étudiait plus que jamais, mais malgré cela elle trouvait le temps long et avait hâte d'être au 12 mai, date du mariage. Ce jour n'était plus si lointain, mais Hermione avait l'impression qu'il n'arriverait jamais.
De plus, plus la fin de l'année et les examens approchaient et plus Pitchfork essayait de la déstabiliser. Les cours magistraux et les travaux pratiques de Potions étaient devenus une torture quasi quotidienne et Hermione devait lutter de toutes ses forces pour réprimer l'envie qu'elle avait de lui mettre la tête dans le chaudron en TP. Elle rentrait tard le soir, mangeait rapidement et étudiait ses cours jusque tard dans la nuit. Elle lui montrerait, elle lui montrerait de quoi elle était capable, elle lui montrerait qu'elle n'avait que faire de son harcèlement. Elle brillerait aux examens, elle se placerait parmi les meilleurs. Elle serait la meilleure. Elle lui montrerait.
Néanmoins, plus les examens approchaient et plus Hermione doutait. Elle commençait à avoir de réelles difficultés à supporter les remarques de Pitchfork. Elle devenait tendue, nerveuse, elle sursautait au moindre bruit et ses idées noires revenaient au galop. Les cauchemars s'intensifièrent, de même que le feu qui la dévorait de l'intérieur. Elle voulut attraper la main que Severus lui tendait, échapper à la torture du doloris... et alors elle hurla pour de vrai. Hermione tomba à genoux, essaya de respirer, mais la douleur était atroce. Il lui fallut une minute pour comprendre ce qui était arrivé. Le cauchemar lui avait semblé tellement réel, comme si elle y était et devait réagir... Non, ce n'avait pas été un cauchemar, mais davantage une vision, ou une transe. Elle s'était levée dans son sommeil, telle une somnambule, elle avait reculé, reculé, comme si son tortionnaire était vraiment là en face d'elle, puis elle s'était retournée pour s'enfuir et avait voulu saisir la main de Severus... et son bras était passé à travers la vitre. Elle fixa son bras ensanglanté, horrifiée par ce qui venait de se passer. Elle devait avoir rassemblé toutes ses forces... toutes ses forces pour lui échapper. Sa joue brûlait, son bras la lançait. Elle savait que là-bas, dans sa cellule, Malefoy aussi avait revécu ce soir-là, les tortures qu'il lui avait infligées... elle trembla, se recroquevilla sur elle-même en ramenant son bras meurtri contre sa poitrine. Des larmes se mirent à couler et elle ne put plus bouger, elle était prostrée, tellement horrifiée et terrifiée qu'elle n'arrivait pas à revenir à la réalité. Pattenrond lui donna un petit coup de patte affectif et se frotta contre ses jambes. Elle sourit alors au chat orange à travers ses larmes et se releva. Elle descendit au bureau où elle entreposait ses potions. Elle versa une potion cicatrisante dans une bassine et plongea son bras dedans. Elle retint un cri de douleur et s'agrippa fermement à la table. Elle attendit le temps nécessaire et retira son bras. Les plaies n'avaient pas entièrement cicatrisé, alors elle replongea son bras dans la potion. Elle attendit plus longtemps, mais de nouveau elle constata que la potion n'avait pas eu tout l'effet qu'elle aurait dû avoir. Elle sécha son bras et le banda. Elle devrait peut-être faire une nouvelle potion... mais elle ne le fit pas et décida de confier la guérison de son bras au temps, comme un moldu aurait dû le faire.
Parfois, quand Hermione rentrait chez elle le soir et ne voyait aucun sens à sa vie elle se disait qu'elle aurait mieux fait de se laisser se vider de son sang... mais à chaque fois qu'elle pensait au suicide elle revoyait le visage de Severus, comme ce matin où elle s'était réveillée dans ses bras, comme cette nuit où il s'était penché sur elle pour la soigner... et elle continuait donc à vivre, même si elle avait le sentiment d'être spectatrice de sa vie et non pas actrice.
Fatiguée d'avoir jardiné longuement, Hermione rentra dans sa maison, se doucha et alla lire dans le salon. Demain, demain elle le reverrait enfin et elle espérait qu'il laisserait de nouveau tomber son masque. Vers une heure du matin, Hermione entendit quelqu'un frapper à la porte. Intriguée, elle posa son livre, se leva et alla ouvrir.
- « Severus ? »
- « Bonsoir, j'ai vu de la lumière et j'ai pensé venir vous saluer, comme vous ne dormiez apparemment pas. »
- « Entrez ! C'est gentil d'être passé. Vous prendrez quelque chose ? »
- « Juste un verre d'eau merci... » Elle lui servit un verre d'eau pétillante et ils s'assirent.
- « Vous étiez en train de travailler ? » demanda-t-il en voyant des parchemins et des livres ouverts sur la table.
- « Non, je lisais un peu. Je reprendrai mon travail après le mariage. »
Hermione n'était pas à l'aise, Severus semblait essayer de la sonder. Il sentait en effet que quelque chose n'allait pas. Elle fuit son regard en baissant les yeux. Elle savait qu'elle devait avoir l'air plus pâle que d'habitude, plus tendue aussi... oh oui elle le réalisait à présent : elle était éteinte. Elle jeta un coup d'oeil nerveux à son bras et tira sur sa manche pour être sûre que l'on ne voie pas la bande. Severus releva son geste et se promit de vérifier s'il s'agissait d'un simple tic nerveux ou de quelque chose de plus sérieux.
- « Alors, dites-moi comment cela se passe avec le professeur Pitchfork. » L'effet fut immédiat. Hermione sursauta et répondit d'une voix légèrement tremblante :
- « Eh bien... mm... il est d'humeur de plus en plus massacrante au fur et à mesure que les examens approchent... enfin, c'est sa façon de nous mettre la pression j'imagine, donc on fait comme si de rien n'était. »
Severus ne supportait pas d'entendre sa voix trembler, il ne supportait pas que qui que ce soit ose la faire trembler. Il s'était si souvent moqué du courage et de la noblesse d'âme des Gryffondors, mais dans le cas d'Hermione il en avait été admiratif. Et il ne supportait pas que l'on fasse trembler cette jeune femme qui un jour avait été si forte, et qui quelque part l'était toujours; il fallait juste qu'elle s'en souvienne. Il se promit de lui dire tout cela un jour.
Pour une fois ce fut Severus qui fit les frais de la conversation, alors que Hermione ne l'interrogeait que très brièvement sur son trimestre. Elle était heureuse de le revoir, mais terriblement nerveuse à la fois. Il finit par s'en aller pour que chacun puisse aller dormir :
- « Je passe vous prendre vers 10h ? »
- « Ca sera parfait ! A demain alors. »
- « Oui à demain, enfin à tout à l'heure. Bonne nuit. »
- « Bonne nuit Severus. » Elle lui sourit et il sut par ce sourire qu'elle allait déjà mieux, que sa présence l'aidait. En d'autres occasions il se serait dit qu'il était bien prétentieux de penser de la sorte, mais avec Hermione il savait.
Severus, qui avait revêtu d'élégantes robes vert foncé pour le mariage, vint frapper chez Hermione vers dix heures moins le quart. Il pouvait entendre une vive agitation à l'intérieur : peut-être n'était-elle pas encore prête ? Finalement, elle lui ouvrit : son épaisse chevelure était coiffée en des boucles légères, elle s'était maquillée avec discrétion et élégance, elle portait son pendentif argenté... mais elle était encore en peignoir, qui plus est en peignoir blanc, ce qui contrastait avec ses habituelles robes noires.
- « Bonjour Hermione, vous n'êtes pas encore prête ? »
- « J'ai... » Severus crut pendant un instant que Hermione allait fondre en larmes. Il l'interrogea du regard et alors elle décida de tout lui dire. Elle lui expliqua le cauchemar qu'elle avait eu il n'y a pas si longtemps, comment elle s'était blessée le bras, le fait qu'elle ne réussisse pas à le soigner, et qu'elle ne voulait pas aller au mariage ainsi de peur qu'on ne l'interroge.
- « Ce n'était pas un rêve ni un accident comme un autre je pense. » lui dit-il. « Ils sont liés à un flux magique important et quelque chose doit faire que vous ne pouvez pas vous soigner vous-même. » Severus préféra ne pas lui dire qu'en plus de cela il la soupçonnait de ne pas vouloir guérir, inconsciemment, ce qui pourrait inhiber le processus de guérison.
Ils allèrent au bureau où Hermione gardait ses potions. Elle retira la bande et Severus pansa les plaies qui n'avaient cicatrisé que très lentement. Bientôt il ne restait plus que de fines traces blanches à peine visibles. Hermione le remercia et monta s'habiller. Lorsqu'elle redescendit, Severus ne put cacher son admiration, elle brillait dans ses yeux d'onyx. Hermione portait une longue robe en organdi bordeaux, sans manches et légèrement décolletée. Elle moulait sa délicate silhouette et mettait en valeur les courbes de son corps féminin. Severus réalisa alors pleinement à quel point elle avait grandi, changé... la jeune écolière était loin, partie à tout jamais et là devant lui se tenait une femme qu'il souhaitait apprendre à aimer... Il ne put se retenir de lui faire un compliment :
- « Hermione, vous êtes magnifique ! » Cette fois, il ne se maudit pas pour avoir parlé de la sorte.
- « Merci. » Elle rougit et accepta le bras que Severus lui offrait. Elle prit son sac à main, une cape légère pour la soirée et ils sortirent de la maisonnette. Elle lui dit alors :
- « Severus, je tenais à m'excuser pour tout à l'heure : je ne voulais pas avoir à transformer ma robe pour lui donner des manches longues et les cicatrices n'étaient pas illusionables... »
- « Vous avez bien fait de tout me dire. Vous auriez même dû m'en parler avant. »
Ils ne dirent plus rien et transplanèrent au mariage de Remus et Tonks.
- « Hermione, Severus ! Quel plaisir ! Merci de tout coeur d'être venus. » les salua chaleureusement Remus, qui accueillait tour à tour ses invités. Il ne sembla pas surpris de les voir arriver ensemble, Severus menant Hermione à son bras. Néanmoins Remus devait bien avouer qu'il n'avait jamais cru qu'il les verrait ainsi un jour. Pourtant, maintenant qu'il les voyait côte-à-côté, il ne pouvait s'en montrer surpris : ils avaient dû se découvrir dans la promiscuité de leur voisinage, ils étaient tous les deux des êtres vifs et intelligents, des êtres torturés par leurs actes et leur passé, qui devaient donc se comprendre mieux que quiconque. Hermione avait dû trouver en lui un homme cultivé et intelligent qui était à la hauteur de sa soif de connaissance, et Severus avait dû trouver une interlocutrice vive et intéressante, une jeune femme mûre et réfléchie. Hermione semblait aller mieux et Severus semblait prendre plus soin de lui : ses cheveux n'étaient pas gras et ses dents étaient beaucoup moins jaunes. Ce changement tenait au fait que Severus ne passait plus ses journées et ses nuits dans des vapeurs de chaudrons pour s'occuper. A présent il passait les vacances hors de ses laboratoires, et dans l'année il sortait plus de ses appartements qu'avant. Remus se doutait néanmoins qu'Hermione ne devait pas être étrangère à ce changement.
De nombreux invités fixèrent le 'couple' d'un air surpris. Visiblement personne n'aurait imaginé les voir ensemble, et encore moins en bons termes. Certains se disaient que finalement ils iraient bien ensemble, d'autres se demandaient si Hermione avait toute sa tête.
Arthur et Molly avaient été invités eux aussi. Bien que gênés de la revoir après l'avoir laissée sans nouvelles, ils vinrent saluer Hermione. Celle-ci fut cordiale, mais en rien chaleureuse, et ils se quittèrent rapidement. Hermione voyait qu'ils regrettaient, qu'ils voulaient se racheter et revenir vers elle, mais elle, elle n'en avait plus envie, elle avait appris à vivre sans ses amis du passé.
Severus aussi fut salué par des connaissances et Hermione fut ravie de les rencontrer et d'être présentée à eux. Elle avait l'impression d'être une reine tant Severus était courtois envers elle et tant il la mettait en avant, il ne la laissait pas s'effacer derrière lui. De plus, jamais elle n'aurait cru qu'il avait tant de relations, lui qui était si froid et cynique envers tous. Elle était la seule à le connaître sous son masque. Même sa cousine Katatonia ne semblait pas le connaître au-delà de l'image qu'il donnait de lui.
Le temps leur sembla long, ni l'un ni l'autre n'était bien à l'aise en société - bien qu'ils n'en laissent rien paraître - mais finalement la cérémonie débuta et ils se sentirent mieux. Après que les invités eurent offert leurs félicitations et présents au couple, tous furent placés pour le déjeuner. Hermione et Severus étaient bien sûr côte-à-côte, et en face d'eux était assis un ancien collègue de faculté de Remus avec son épouse. La conversation fut vive et intéressante et Hermione ne vit pas le temps passer.
Vint ensuite le moment du bal et tous deux se renfrognèrent légèrement. Néanmoins, lorsque Severus invita Hermione à danser tous deux pénétrèrent un monde auquel personne d'autre n'aurait pu accéder. Chaque danse était un nouvel échange de sensations, une nouvelle découverte de l'autre. Leurs parfums se mélangeaient et leurs corps se fondaient l'un dans l'autre. Hermione aurait voulu se serrer encore plus contre lui, mais n'osa pas. Lui aurait voulu l'embrasser, mais tâcha de dominer ses émotions. Ce n'était ni le lieu ni le moment et il se remettait à douter : peut-être qu'elle, elle ne voulait pas, peut-être dansait-elle avec lui uniquement parce qu'ils étaient venus ensemble pour ne pas paraître ridicules en venant seuls. Parfois il croyait savoir, il croyait deviner la réciprocité de leur attirance, à d'autres moments il n'y croyait plus, il ne voyait pas comment, il ne voyait pas pourquoi.
Ils purent partir en fin de soirée. Severus raccompagna Hermione chez elle et celle-ci lui proposa d'entrer, mais il refusa et rentra chez lui. Hermione travailla un peu avant d'aller se coucher, tandis que Severus lisait ; tous deux essayaient de chasser les images de la journée de leur esprit, de ne pas resasser toutes ces questions qui les préoccupaient.
Hermione travailla toute la matinée, elle n'osait pas aller chez Severus, pourtant elle mourrait d'envie de le voir encore un peu avant qu'il ne reparte à Poudlard. Elle mangea son lunch sans grande conviction, plus occupée à repenser aux événements de la veille, à ce qu'elle avait ressenti à ses côtés... Alors qu'elle avait finalement trouvé le courage d'aller lui rendre visite, on frappa à la porte. Elle alla ouvrir. C'était lui.
- « Je pensais aller vous voir justement... » avoua-t-elle. Il lui sourit, du sourire discret mais sincère qu'il lui réservait, et répondit :
- « Il fait un temps très agréable, alors je pensais que j'arriverais peut-être à vous sortir de vos livres... »
Elle lui rendit son sourire et mit ses chaussures. Lorsqu'elle sortit, au bras de Severus, elle comprit pourquoi il trouvait le temps aussi agréable : un vent frais soufflait de la mer et une légère brume s'attardait depuis le matin au pied des falaises. Elle inspira profondément l'air marin et poussa un soupir de satisfaction.
- « J'aime tellement vivre au bord de la mer ! Je n'aurais pas pu trouver d'endroit plus agréable où vivre. »
Severus ne répondit pas et ils se promenèrent en silence. Lorsqu'ils arrivèrent au bout des falaises, Hermione lui proposa :
- « Et si nous descendions sur la plage ? »
- « Je n'aime pas tellement me promener sur la plage. En fait, je n'y suis descendu qu'une fois depuis que j'habite ici. »
- « Ah oui ? Tiens... mais pourquoi ? »
- « Je n'aime pas la plage. » répondit-il simplement.
- « Alors que vous vivez sur la côte ? J'avoue que je ne comprends pas trop... »
- « Vivre sur la côte, entendre le bruit des vagues, sentir le vent de la mer... tout cela me plaît, c'est là que l'on sent vraiment la puissance de la nature, que l'on sent à quel point nous sommes insignifiants... mais je déteste le sable. »
Hermione ne crut pas que le sable en était la raison, ou du moins la seule raison, mais elle n'osa pas insister et un silence pesant s'installa. Severus le rompit après quelques instants :
- « Quand j'étais petit, j'avais... peur de l'eau. » avoua-t-il, une part de lui à contre-coeur, l'autre néanmoins le poussa plus avant : « Et beaucoup de choses dans ma vie ont été associées à ça et... je ne peux pas être plus clair, pardonnez-moi. »
- « Ne dites plus rien, je ne voulais pas vous pousser à la confidence ou... » Ell s'interrompit. « J'ai été maladroite... » Elle était consciente d'avoir poussé Severus à parler de quelque chose qu'il n'aurait aimé partager avec personne.
- « Non, vous n'y êtes pour rien... peut-être que... peut-être que je voulais que vous sachiez... Personne n'en a jamais rien su, mais vous... » Il se tut, il allait trop loin.
Hermione ne sut jamais où elle trouva le courage d'agir ainsi, mais à cet instant-même elle se tourna vers Severus et se serra contre lui. Elle le sentit lui rendre son étreinte, sentit ses doigts caresser son dos et sa nuque... Puis tout s'arrêta. Ils se défirent doucement l'un de l'autre et reprirent leur chemin en silence, un silence recueilli.
And
the moments that I enjoy
A place of love and mystery
I'll be
there anytime
Mysteries
of love
Where war is no more
I'll be there anytime
(Beth Gibbons & Rustin Man – Mysteries)
