Demoiselle Altanien : 'La vérité libère' :-) Après oui il leur sera sûrement difficile d'être patients. Mais on savoure d'autant plus qu'on a dû attendre avant d'avoir quelque chose.

La rodeuse : Quel soulagement ! N'est-ce pas ? Bonne lecture. Merci pour tes reviews.

Gaia666 : Oooh merci ! C'est trop gentil :-) Je suis heureuse qu'elle te plaise tant. Je te souhaite une bonne lecture alors et merci d'avoir posté une tite review. Ca fait toujours très plaisir !

Violette : Ah Violette ! Tes reviews me feront toujours rire. Tu m'en donnes des idées ! Les séparer encore quelques années... Nan j'arrête, ne t'inquiète ça ne sera pas aussi long, enfin pas tout à fait. Découverts par Pitchfork ? Une autre grande idée ! :-D Aller, bonne lecture, bisous !

CrazyMarie : Il était temps, non ? Bonne lecture et merci de ta fidélité (on se croirait au JT) :-D

Zaika : Lol c'était un wow bien expressif. Merci !

Le.temps.des.cerises : Eh oui et voici le chapitre 16/18 qui arrive... Profite bien de la fin !

Mandragora : Un grand grand merci ! Je dois avouer que j'aime bien ce chapitre... moi qui généralement déteste ce que je fais lol. Je te laisse découvrir la réaction de ce cher Severus... ¤Agite bien le cocktail détonant amour, obligations, raison et sentiments et le sert bien pétillant¤

ze1telotte : 1,2,4,5 oui parfaitement lol. Mais nan tes reviews ne m'embêtent pas ! Quelle idée ! Au contraire. Merci !

Pour bidibou... (je me souviens jamais de son pseudo lol) non ce n'est pas moi sous une autre identité, je n'ai malheureusement pas son humour.

7 jours une éternité ? Je n'en ai jamais entendu parler... à découvrir donc.

Tyto27 : Eh bien comme Violette l'a suggéré, Pitchfork les a peut-être vus. Nan aller je dis rien, je te laisse voir si c'est bien trop beau ou pas lol.

Elfie : Eh bien j'ai vu que tu lisais cette fic grâce aux réponses aux reviews /s/2641407/2/ Et comme je la lis également et que je l'aime beaucoup, vala.

Chuis contente que le chapitre t'ait plu. Bonne semaine !

Mitea : Je ferai peut-être une suite, mais pour le moment j'ai une autre histoire en cours. Je ne suis pas sûre de la publier mais je veux vraiment l'écrire jusqu'au bout, ça me fera toujours de l'entraînement. Comme le dit JKR il faut écrire, même si on jette après l'important est d'écrire, écrire, écrire, jusqu'au jour où on ne jettera plus.

Hermy : C'est vrai que je pourrais uploader plus souvent, mais comme là on en est presque à la fin j'avoue préférer prendre mon temps... M'en veux pas hein ;-)

Chapitre XVI : Double jeu

Où la vigne et le lilas blanc se tiennent compagnie ,

symboles d'ivresse et d'innocence.

Vers sept heures et demi du matin, Hermione se dirigeait depuis la Grande Salle vers les cachots, elle serait un peu en avance, mais cela importait peu. Elle savait qu'elle ne devrait pas lui parler des événements de la veille, mais elle voulait néanmoins essayer. Elle frappa et fut invitée à entrer par sa voix grave. Il n'était pas seul. En face de lui était assis un petit homme chauve vêtu d'une cape vert émeraude.

- « Ah Miss Granger, approchez. » Severus se leva et le petit homme en fit de même. On ne pouvait lire aucune expression particulière sur le visage de Severus – Hermione était toujours impressionnée du détachement qui pouvait s'opérer sur sa physionomie. Son ton n'était pas froid, mais relativement distant, juste assez pour ne pas éveiller des soupçons. « Miss Granger, voici Mr Otis (1), inspecteur du ministère. » Ils se saluèrent. « Mr Otis est ici pour inspecter les professeurs de Poudlard tour à tour. Lorsqu'il aura terminé d'inspecter mon cours il viendra vous poser quelques questions. » Hermione acquiesça et Severus lui donna ses instructions pour la préparation qu'elle aurait à faire. Elle lui répondit par un 'Entendu professeur' respectueux et sortit du bureau. Ils étaient comme parvenus à un accord, ils ne reparleraient pas de ce qui s'était passé la veille et feraient semblant d'être indifférents l'un à l'autre jusqu'à ce que le stage prenne fin. Ce serait dur, mais déjà moins douloureux que de se poser toutes ces questions qui les avaient torturés depuis la rentrée.

L'inspection se passa bien, autant pour Severus que pour Hermione qui réussit à parler de Severus comme elle aurait parlé de tout autre professeur. Puis Hermione alla en cours et resta travailler longuement à la bibliothèque universitaire. Lorsqu'elle revint à Poudlard il faisait déjà très tard, mais se doutait que Severus ne devait pas dormir. Elle frappa à la porte de son bureau, mais visiblement il n'y était pas. Il devait être dans ses appartements et Hermione ignorait où ils se trouvaient. Tant pis, elle lui remettrait son rapport à la première heure le lendemain matin. C'est donc ce qu'elle fit et il ne tint pas compte du retard. Il y a encore quelques jours il aurait trouvé une réplique cinglante, mais visiblement même Severus Snape avait ses faiblesses.

Une semaine passa ainsi, sans qu'ils ne changent leur comportement outre mesure tout en essayant plus ou moins de s'éviter pour ne pas être tentés d'agir autrement à un moment donné. Il était déjà huit heures et quart et Hermione n'était toujours pas là. Severus commença à s'impatienter. Qu'elle n'aille pas croire que parce qu'il était plus correct envers elle, elle pouvait se permettre d'arriver en retard. Il attendit encore un peu puis se leva.

- « Diantre ! Où est cette femme ? » Heureusement qu'ils étaient un mercredi, jour où il n'avait aucun cours le matin.

Il monta aux appartements d'Hermione et frappa. Elle ne répondit pas. Il essaya tout de même de tourner la poignée, la porte s'ouvrit. Il entra. La pièce était plongée dans la pénombre, tous les rideaux étaient fermés. Aurait-elle eu une panne de réveil ? Il avança dans le salon; elle n'y était pas. Il ouvrit délicatement la porte de la chambre. Elle était allongée dans son lit, immobile. La bougie sur la table de nuit avait entièrement fondu, à côté était posée une enveloppe moldue. Severus avait l'impression qu'Hermione ne dormait pas, sa respiration n'était pas profonde ni très régulière. Il referma la porte derrière lui par précaution et l'appela doucement. Elle ne répondit pas. Il fit le tour et s'agenouilla près de la tête du lit.

- « Hermione ? »

Elle ouvrit les yeux et lui sourit, mais son sourire était triste.

- « Il est presque déjà huit heures et demi... » Elle ne réagit pas. « Hermione, que se passe-t-il ? » Elle renifla, comme si elle venait de pleurer longuement. Severus se releva et alla ouvrir le rideau à moitié. Il retourna auprès d'elle, ses yeux étaient rouges et gonflés, des traces de larmes avaient séché sur ses joues. Elle ne pleurait pour ainsi dire jamais, que lui était-il arrivé ? Il reporta alors de nouveau son attention sur l'enveloppe moldue. Il interrogea la jeune femme du regard. Elle se redressa dans son lit et prit l'enveloppe. Elle commença d'une voix à peine audible

- « J'ai reçu cette lettre cette nuit. Elle est de Mel... »

- « Mel ? Vous l'aviez appelée dans votre sommeil quand je vous soignais. »

- « C'est bien possible... Melany est ma tante, la très jeune soeur de mon père, son unique soeur. Ils ont toujours été très liés. Elle n'a que trente ans, alors nous étions assez proches, même si je n'ai jamais vraiment su comment elle avait pris le fait que je sois sorcière. Lorsque mes parents ont été tués, elle m'a tenue responsable de leur mort et elle est partie en souhaitant ne jamais me revoir. Je lui ai écrit depuis, souvent, pour prendre de ses nouvelles... elle n'avait jamais répondu. Mais là elle m'a écrit. Elle m'a écrit pour me dire qu'elle ne répondrait jamais à mes questions, qu'elle ne comptait pas me dire ce qu'elle faisait de sa vie, avec qui, comment... elle m'a juste écrit pour me dire qu'après quatre années elle attendait toujours mes excuses. Mais je lui ai déjà dit à quel point je m'en voulais, mais que je ne pouvais que m'excuser de ne pas avoir été là. Ca ne lui a pas suffit. Elle veut entendre que c'est entièrement de ma faute, comme si j'avais été celle qui les avait tués. Je ne peux pas m'excuser de quelque chose que je n'ai pas fait ! »

- « Vous n'avez pas à vous excusez de quoi que ce soit. Cessez donc de lui écrire pour avoir des nouvelles qu'elle ne donnera jamais ! Si elle vous traite de la sorte c'est qu'elle ne mérite pas que vous vous donniez toute cette peine. Je sais que vous ne l'oublierez pas, mais cessez de vous raccrocher à elle, d'espérer arranger les choses. Tournez cette page. »

Hermione ne répondit pas et Severus vint s'asseoir à côté d'elle sur le lit. Elle se blottit contre lui, à la manière d'une enfant qui désirait ardemment être consolée, être pardonnée d'une bêtise et aimée. Elle se recroquevilla dans ses bras et petit à petit Severus la sentit s'apaiser. L'avoir ainsi dans ses bras de nouveau... sentir sa peau contre la sienne, ses cheveux sous son menton, son parfum de muscade et de miel... Tous deux profitèrent de cette étreinte, bien qu'elle fût trop brève. Bientôt ils se séparaient et Severus lui demanda de se préparer. Il l'attendrait dans son bureau.

Severus sortit des appartements d'Hermione et essaya de rendre son visage inexpressif, de calmer sa respiration et d'empêcher ses mains de trembler... Et c'est donc un Severus de nouveau distant qui accueillit une Hermione apparemment indifférente dans son bureau vingt minutes plus tard.

Quelques jours s'écoulèrent sans anicroche et Severus et Hermione se noyaient dans le travail pour ne pas trop penser l'un à l'autre. Tard un soir, il vint frapper à sa porte. Hermione ouvrit et haussa les sourcils d'un air surpris en le voyant.

- « Miss Granger, je voudrais que vous m'aidiez à cueillir des plantes cette nuit dans la Forêt. »

- « Bien professeur, j'arrive tout de suite. » Hermione revêtit sa cape, y glissa sa baguette, puis ouvrit un placard et y prit un canif. Son père le lui avait offert quand il avait vu qu'elle avait besoin d'un petit couteau pour les cours de potions. Elle caressa le manche en bois et mit le canif dans la poche de sa cape. Elle entendit alors Severus pousser une légère exclamation de surprise. L'instant d'après il était à côté d'elle et observait le contenu du placard.

- « Que sont toutes ces fioles ? »

- « Des potions que je me suis amusée à élaborer ou à dériver... »

Il la regarda d'un air admiratif, puis reporta son attention sur les fioles.

- « Potion hydrique ? »

- « Certains malades souffrent d'une déshydratation intense et leur donner régulièrement à boire ne suffit pas toujours. Cette potion permet de régénérer le stock d'eau d'un corps humain dans sa totalité. Il suffit juste de doser selon le poids, la taille et l'âge. »

- « Impressionnant... Et ce baume là ? »

- « Pommade contre l'eczéma. J'avais tout essayé, je n'arrivais pas à m'en débarrasser. Puis j'ai inventé ce baume aroma et depuis plus rien. »

Severus sembla vouloir la questionner sur ses différentes inventions, mais dit :

- « J'aimerais que vous me parliez de tout cela un jour Miss Granger, cela m'intéresse au plus haut point. Néanmoins, nous ferions mieux d'y aller, il se fait tard. »

Ils sortirent donc des appartements et du château, et se dirigèrent vers la Forêt Interdite. Hermione se rapprocha automatiquement de Severus et il sut que ce n'était pas parce qu'elle était effrayée, elle ne l'était pas le moins du monde, mais parce qu'ici elle se sentait à l'abri des regards. Il lui dit :

- « Certains professeurs aiment se promener la nuit dans la Forêt, nous resterons donc professeur et stagiaire. De plus, ce travail s'inscrit dans le cadre de votre stage. » Il put l'entendre soupirer, mais elle ne protesta en rien. Il lui expliqua quelles plantes ils cherchaient et chacun s'attela à sa tâche. « Essayez de prendre le plant avec les racines dans la mesure du possible, je les planterai dans ma serre. » Il possédait en effet une serre privée où il élevait des plantes rares ou chères pour ne pas avoir à les acheter. « Et si vous trouvez de la bonnefeuille appelez-moi. »

- « De la bonnefeuille ? Il y en a ici ? »

- « Elle est dure à trouver, mais oui il y en a. »

Lorsqu'ils trouvèrent tout ce dont Severus avait besoin, ils rebroussèrent chemin et retournèrent au château. Hermione suivit Severus dans les cachots, pensant qu'ils déposeraient leurs trouvailles dans son bureau. Néanmoins, ils dépassèrent son bureau et s'enfoncèrent plus profondément dans les cachots faiblement éclairés. Elle ne demanda pas où ils allaient et le suivit en silence, marchant de ses longues et élégantes foulées à ses côtés. Ils s'arrêtèrent devant le portrait d'une sorcière aux cheveux noirs et aux yeux verts émeraude. Celle-ci haussa un sourcil parfaitement ciselé et Severus prononça le mot de passe : « Semper eadem. » (2) Il n'avait même pas baissé la voix, visiblement le fait qu'Hermione connaissât le mot de passe ne le dérangeait pas.

- « Baudelaire. » murmura-t-elle et il lui sourit brièvement. Le tableau pivota et ils entrèrent dans une antichambre, puis dans un salon fort spacieux, aux murs clairs et aux rideaux bordeaux qui pendaient de chaque côté de fenêtres magiques. On voyait de la neige tomber par les carreaux et Hermione se douta que Severus pouvait choisir quel temps il voulait voir à travers les fenêtres. Visiblement il devait s'agir de ses appartements. Elle s'était attendue à le voir vivre dans des appartements froids, décorés de vert et de noir. Ils étaient en fait chaleureux et confortables et seuls les fauteuils étaient couverts d'un riche tissu vert foncé. Le reste était écru et bordeaux, comme dans sa maison du bord de mer. Ils passèrent près d'une autre pièce et Hermione vit par la porte ouverte qu'il s'agissait d'une bibliothèque aux étagères regorgeant de grimoires anciens. Son regard brilla et elle aurait voulu y entrer, mais suivit Severus qui continuait son chemin. Ils passèrent près de sa chambre où de nouveau tout était écru et bordeaux, sauf le lit à baldaquin vert foncé. Finalement ils arrivèrent dans la dernière pièce à laquelle menait le couloir. La différence de température fut saisissante. Hermione se sentit frissonner et une légère brume s'échappa d'entre ses lèvres lorsqu'elle expira. Il n'y avait plus de parquet, mais un sol de pierre. Dans le fond de la pièce se trouvait un vivarium où divers serpents rampaient au milieu de pierres et de végétaux. Contre les murs de la pièce étaient alignées maintes étagères où étaient entreposés des jarres, des fioles et des bocaux de diverses sortes. Le restant de la pièce était occupé par deux serres : une où un froid encore plus glacial semblait régner et l'autre qui semblait renfermer une atmosphère tropicale.

- « J'élève mes plantes rares ici : plantes vivaces et d'hiver, et plantes tropicales. »

- « Pourquoi fait-il si froid ? »

- « Pour mieux conserver les ingrédients dans les étagères, ils sont assez sensibles à la chaleur, et pour les serpents. Ceux-là ont besoin de ressentir les saisons, donc j'ai instauré un atmosphère hivernale pour quelques mois. Vous pouvez poser les fleurs sur cette table là. » Hermione remarqua alors une table dans un coin de la pièce et alla poser tous les plants qu'elle avait arrachés dessus.

Ils sortirent aussitôt de la pièce et pénétrèrent à nouveau dans la douceur de l'appartement.

- « Si vous n'arrivez pas à vous lever pour huit heures nous ferons quelque chose de plus rapide demain matin. »

Hermione regarda sa montre, il était près de trois heures du matin. Elle n'avait vraiment pas vu le temps passer. Severus la raccompagna à la porte sans rien ajouter. Elle voulut lui dire quelque chose, mais il la coupa en lui souhaitant bonne nuit et elle s'en alla sans mot dire.

Le lendemain matin, Hermione se rendit au bureau de Severus vers neuf heures. Severus se leva pour la saluer poliment et lui donna le programme de la matinée. Alors qu'Hermione se préparait à s'en aller, Severus la retint :

- « Lorsque j'ai vu avec quel intérêt vous considériez ma bibliothèque cette nuit, je me suis dit qu'en lire quelques ouvrages devrait vous plaire. » Il lui tendit un lourd grimoire relié de cuir bordeaux et Hermione l'accepta avec un sourire de gratitude et d'extase. Ils échangèrent un regard complice et Hermione alla préparer sa potion dans son cachot attitré alors que Severus reprenait la correction de copies en attendant son premier cours à 10h.

Hermione, qui souffrait toujours d'insomnie, dévora le grimoire en quelques nuits à peine et prit une quantité impressionnante de notes. La nuit où elle acheva sa lecture, elle hésita longuement et finalement décida de ne pas écouter sa raison...Elle savait que Severus était très matinal. Aussi, alors que le château était encore endormi, Hermione se glissa hors de ses appartements et descendit en silence dans les cachots. Elle dépassa le bureau de Severus, tourna à droite, suivit un long corridor plongé dans la pénombre, prit à gauche puis descendit quelques marches et suivit un autre interminable couloir. Son coeur battait si fort qu'elle craignait qu'on ne l'entende. Elle arriva enfin devant le portrait de la jeune femme aux yeux verts et à la chevelure d'ébène. Celle-ci considéra Hermione un instant et ses lèvres s'étirèrent en un sourire malicieux. La femme n'était pas vraiment belle, du moins ses joues étaient creuses et ses traits prononcés, mais elle avait quelque chose... un charme que plus d'un mannequin lui aurait envié.

- « Je me demandais quand vous vous décideriez à venir... »

- « Pardon ? »

- « Ce cher Severus n'a pas prononcé le mot de passe à voix haute devant vous par hasard. D'habitude il me le souffle du bout des lèvres. »

- « Oh. » Hermione garda le silence un instant puis donna le mot de passe. Le portrait pivota et Hermione entra dans l'antichambre des appartements de Severus. Elle frappa à la porte pour le prévenir de son arrivée. Elle l'entendit qui l'invitait à entrer et elle pénétra dans le salon. La pièce était plongée dans une étrange obscurité : les rideaux étaient ouverts et la pièce n'était éclairée que par une faible et grise lumière qui perçait au travers de la pluie qui tombait drue derrière les fenêtres magiques.

- « Je viens dans un instant ! » l'entendit-elle lui crier. Elle reporta alors son attention dans la direction d'où sa voix lui était parvenue. Il était dans la salle de bain. La porte était seulement entre-ouverte et il croyait apparemment qu'il ne pouvait être vu. Il se trompait. Hermione rougit malgré elle. Elle avait déjà connu des hommes, mais en le voyant elle eût l'impression de poser ses yeux sur un homme torse nu pour la première fois. Elle avait toujours cru qu'il était maigre, mais visiblement cet effet venait avant tout de ses habits sombres et de son ossature aristocratique, car même s'il était très fin, il n'en était pas moins musclé et plutôt bien bâti, bien qu'il le soit de façon sèche. Et elle avait toujours cru que les hommes perdaient en muscles très vite après la quarantaine. Ou bien elle s'était trompée, ou bien il était une exception saisissante. Elle se sentit hypnotisée et son regard suivit son moindre mouvement. Ses bras étaient minces mais forts et elle se mit à rêver qu'elle y était blottie. Sur son avant-bras gauche s'étalait la Marque des Ténèbres, large et noire. Elle n'était plus animée comme du vivant de Voldemort, mais elle était bel et bien là, elle n'avait pas disparu. Les marques que nous laissent nos actions passées ne s'effacent jamais, pensa-t-elle. A cet instant, il passa une chemise et Hermione sortit de sa transe contemplative. Elle alla s'asseoir dans un fauteuil d'où elle ne pourrait le voir. Elle avait commencé à s'imaginer comment ce serait de partager une nuit de tendre amour et de passion fiévreuse avec lui, et alors qu'elle y pensait elle avait l'impression de s'interroger sur une première fois, sur sa première fois, comme si elle se sentait redevenir innocente et pure à la seule pensée de ses bras lovés autour d'elle et de son corps fondu dans le sien. Elle essaya de vaincre rapidement la rougeur de ses joues, et l'instant d'après Severus sortait de la salle de bain. Elle se leva et lui tendit timidement le grimoire qu'elle était venue lui rendre. Elle se sentait soudain très impressionnée de se trouver devant lui, il lui semblait plus grand et plus imposant qu'auparavant.

- « Je sais que j'aurais pu vous le rendre tout à l'heure dans votre bureau, mais... enfin je... » Elle ne savait que dire et alors qu'elle ouvrait la bouche pour formuler une piètre excuse, Severus s'approcha d'elle et posa un doigt sur ses lèvres rosées. Elle retint sa respiration. Allait-il... pourraient-ils... ferait-il fi de toute prudence ? Severus se pencha alors vers elle et l'instant d'après ils partageaient à nouveau un baiser à la fois tendre et passionné. Hermione se pressa contre lui, posant ses mains sur son torse dont elle devinait les muscles au travers du fin tissu de sa chemise, et il entoura sa taille de ses bras. Ils se perdirent dans leur étreinte et bientôt toute leur raison les abandonna. Hermione passa ses mains sous sa chemise pour caresser son dos tandis qu'il caressait ses formes féminines. Il détacha la pince qui maintenait ses cheveux bouclés et ceux-ci retombèrent sur ses épaules. Il commença à embrasser son cou et ses épaules et Hermione fut parcourue de délicieux frissons. L'ange de l'amour les enveloppa de ses ailes d'ivoire. (3) Mais soudain ils furent interrompus par des coups frappés à la porte. Severus eut l'air glacé d'effroi. Il fixa Hermione un instant : ses lèvres étaient rouges, tout comme ses joues, sa respiration était haletante, elle était décoiffée, son regard brillait et il manquait deux boutons à son chemiser. Tout les trahissait. Severus ramassa la pince, saisit Hermione par le bras et l'entraîna vers un placard où il l'enferma après lui avoir fait signe de rester silencieuse. Il se passa de l'eau glacée sur le visage, reboutonna sa chemise légèrement ouverte et alla ouvrir.

- « Professeur Moses, entrez je vous en prie. »

- « Bonjour Professeur Snape. Je ne dérange pas j'espère. »

- « Non du tout. » mentit-il. « Je finissais de prendre ma douche. »

- « Je ne vais pas m'imposer bien longtemps, je venais vous demander si vous accepteriez de me prêter un de vos livres de Magie Inca. »

- « Oh mais bien sûr professeur. »

Ils allèrent à la bibliothèque, mais Hermione les entendait toujours. Elle essayait de ne pas bouger au cas où le placard grincerait. Elle sentit alors quelque chose monter le long de sa jambe. Elle mordit sa lèvre presque jusqu'au sang pour réprimer l'envie qu'elle avait de crier, et se tint immobile et droite alors qu'elle n'avait qu'une envie : sortir en courant de ce placard. Elle bougea légèrement la jambe pour chasser l'insecte et le placard grinça bruyamment. Elle mordit sa lèvre encore plus fort et ferma les yeux. Elle essaya de se concentrer sur ce qui se passait à l'extérieur de sa cachette.

- « Et comment va notre petit protégé ? » demanda le Professeur Moses.

- « Il s'est remis assez vite de ses blessures et même s'il est encore convalescent j'ai pu le mettre dans le vivarium avec les autres. Ils l'ont accepté très rapidement. »

- « Excellent. »

Hermione fronça les sourcils. Elle détestait quand Moses disait 'excellent'. Dumbledore le disait si souvent qu'à ses yeux personne maintenant n'avait le droit d'utiliser cette expression.

- « Bien, je ne vais pas vous déranger plus longtemps dans votre préparation à une nouvelle journée chargée. Nous nous verrons au petit déjeuner. »

- « Très bien, à plus tard Professeur. »

Hermione entendit la porte se refermer derrière le professeur Moses et n'attendit pas plus longtemps. Elle bondit hors du placard et s'agita frénétiquement dans tous les sens, le corps saisi de tremblements incontrôlables, mais elle sentait toujours la petite bête se promener sur sa jambe. Elle ne se soucia pas du manque de cérémonie de son geste et souleva le bas de sa robe jusqu'à sa cuisse. Elle chassa l'araignée d'un revers de main et à cet instant elle entendit Severus partir d'un bref éclat de rire. Elle l'entendait rire ainsi pour la première fois. Elle remit sa robe correctement, rougissant en pensant qu'il l'avait vue se ridiculiser, qu'il l'avait vue en bas... mais au lieu de se vexer elle rit avec lui. Lorsqu'ils furent calmés, Severus lui dit :

- « Je vous promets de nettoyer ce placard plus souvent à présent. »

- « Bien. Mais j'espère tout de même ne pas avoir à y retourner... »

Ils se regardèrent un instant. Ils avaient failli être surpris. Ils avaient leur leçon. Ils brûlaient tous deux d'être à nouveau dans les bras de l'autre, mais aucun n'esquissa le moindre pas vers l'autre. Hermione lui sourit tristement et dit :

- « Je ferais mieux d'y aller... »

Severus hocha la tête. Hermione se dirigea vers la porte. Alors qu'elle passait près de lui, elle déposa un tendre baiser sur sa joue et l'instant d'après elle disparut derrière le portrait. Severus soupira. Son désir devenait ardent, presque douloureux. Après son décès, il avait essayé de se consoler par de nombreuses aventures sans lendemain. Il était le genre d'hommes qui parvenait toujours à ses fins et il avait connu d'exquises créatures, mais jamais il n'avait ressenti l'extase et le frisson, la douceur et la force qu'il avait connues dans les bras de son aimée. Et à nouveau la puissance et la pureté d'un amour à partager le touchait de sa main de velours. A nouveau il sentait qu'il pourrait se perdre dans les bras d'une femme chérie et ardemment désirée, qu'il pourrait atteindre des cieux qui semblaient pourtant inaccessibles. Il l'aimait et il voulait lui donner tout l'amour que son coeur pouvait donner, il voulait la combler et l'emmener avec lui vers un éden de sens et de sentiments.

I lost all faith in my god, in his religion too
I told the angels they could sing their songs to someone new
I lost all trust in my friends
I watched my heart turn to stone
I thought that I was left to walk this wicked world alone

Tonight I'll dust myself off
Tonight I'll suck my gut in
I'll face the night and I'll pretend
I got something to believe in

(Bon Jovi – Something to Believe In)

(1) Mr Otis est un personnage d'Oscar Wilde, dans la nouvelle Le Fantôme de Canterville. Simple clin d'oeil, comme pour William Wilson.

(2) Poème de Baudelaire

(3) Quand il y a un moment de silence pesant on dit « un ange passe ». Là je voulais une expression qui marquerait un moment de bonheur intense partagé, une expression qui me permettrait de passer la description (mais non pas par flemme). Je n'ai rien trouvé de mieux. Si vous avez des idées...