Alors, je viens de découvrir que ff. net a crée une option de réponse aux reviews. Mais j'avoue que je suis difficile : elle ne me plait pas. En fait, la réponse est envoyée sur votre boîte e-mail, et moi j'aimais beaucoup l'idée de regrouper les réponses, comme parfois elles se complètent les unes les autres. De plus, ça ne fonctionne que pour les reviews de membres de ff. Donc comment je fais ? Je prends le risque de continuer comme ça ou je vous envoie des mails ?

Gaia666 : C'est frustrant les interruptions, non ? Je dois vraiment être cruelle... mais comme tu dis c'est l'histoire et la scène me plait assez comme ça.

Demoiselle Altanien : C'est surtout mes pauvres personnages qui vont avoir besoin de chance, on dirait que je leur ai collé la poisse à ces deux-là.

Tyto27 : Vala j'ai révélé une petite partie de la vie de Severus...

En fait, JKR avait sous-entendu qu'il avait connu l'amour. On ignore si c'est l'amour de sa mère, d'une amie, d'une femme... personnellement je me suis plue à imaginer qu'il avait connu le bonheur conjugal :-D

Azuline : Pour Ron et Pitchfork je garde le secret, niark.

CrazyMarie : Je vous fais toujours attendre une semaine pauvres lecteurs... Mais là en plus la fin se rapproche, alors ça vous force à savourer :-P

Mandragora : J'ai changé le titre oui et je m'interroge toujours dessus. Que du français, pas que du français, un titre court, un titre long... Il me pose des problèmes.

Pour le stage de Hermione, elle en a un de septembre à décembre, puis de février à mai (il me semble lol). Elle fait son stage le matin et va en cours l'après-midi. Resteront les soirées pour avoir des loisirs.

Ze1telotte : Oui oui Hermione aura des examens, en janvier (première session).

Violette : C'est juré je n'ai pas rit... enfin pas trop, juste à la fin.

Le placard oui j'avoue c'était facile, vraiment un grand classique, mais je n'ai pas pu résister, c'était trop tentant, surtout le coup de l'araignée. Je voulais que Hermione ait l'occasion de se ridiculiser un peu devant Severus la pauvre; car j'estime qu'il y a des personnes devant lesquelles on doit accepter le fait que l'on soit ridicule. Je voulais qu'elle rit avec lui, qu'elle sente qu'elle peut partager jusqu'au ridicule.

Si j'ai prévu quelque chose... bah euh je sais pas trop :-P Disons que ma cruauté a des limites, donc tu peux espérer qu'enfin tout soit vraiment beau sans l'être trop pour être vrai... On ne sait jamais.

Elfie : Ah tant mieux si l'expression plaît, je doutais un peu... Et je ne te remercierai jamais assez pour tes reviews, pour tous tes compliments.

Chapitre XVII : Histoires anciennes

Où les spectres d'anciennes amours fleurissent en pâles myosotis,

criant « ne m'oubliez pas ! »

- « Pardonnez-moi professeur... »

- « Oui Miss Granger ? »

- « J'aurais besoin de partir un peu plus tôt demain matin, disons une demi-heure plus tôt pour être sûre de ne pas arriver en retard en cours de botanique. J'ai une lettre moldue importante à poster en ville. »

- « Très bien. La potion que j'ai prévu de vous donner à préparer ne devrait pas vous prendre toute la matinée. Dès que vous aurez terminé, vous viendrez me remettre vos flacons et vous pourrez y aller. »

- « Merci beaucoup professeur. »

Severus hocha de la tête pour lui dire que ce n'était rien. Une lettre moldue ? Alors qu'il s'interrogeait sur la nature de cette lettre, Hermione lui donna le devoir qu'elle était venue lui rendre. La lettre s'était justement empêtrée dedans, Hermione l'ayant rangée peu cérémonieusement dans son sac. Severus put lire qu'elle était adressée à « Melany Granger». Il tendit la lettre à Hermione.

- « Je pense que ceci ne fait pas partie du devoir... »

- « Oh, merci. » Elle regarda l'enveloppe et la fourra à nouveau dans son sac. Le plus vite elle s'en débarrasserait, le mieux ce serait. Au vu de son expression, Severus put dire que Hermione n'avait certainement pas mâché ses mots envers sa tante. Ils se souhaitèrent rapidement bonne nuit et Hermione sortit du bureau.

La journée du lendemain passa comme toutes les autres, mais lorsqu'Hermione vint au bureau de Severus le soir, il lui dit :

- « Je sais que vous rentrez chez vous le week-end, mais j'aurais besoin de vous demain pour faire quelques courses pour l'école. »

- « Très bien professeur, je rentrerai chez moi dimanche. »

Il la remercia et ils se séparèrent. Le lendemain matin, Hermione vint manger à la Grande Salle un peu plus tard que d'habitude et la seule place qui restait à la table des professeurs à laquelle elle mangeait toujours se trouvait entre Jade Sinistra et Severus. Elle les salua poliment et s'installa entre les deux anciens Serpentards. Elle se servit à manger alors que Jade la questionnait sur le fait qu'elle restât à Poudlard un week-end. Severus répondit à sa place :

- « Miss Granger viendra avec moi à Londres pour renouveler le stock des ingrédients. »

- « Ah le renouvellement bi-annuel. Bonne chance Miss Granger. » lui dit-elle d'une voix légèrement ironique, mais amusée. Durant sa scolarité, Hermione avait toujours regardé Jade Sinistra comme la jumelle de Severus Snape : deux êtres froids et sarcastiques, qui semblaient cacher des secrets douloureux et qui cultivaient l'aura de mystère qui les englobait ; mais là où Severus se montrait cynique et partial, Jade était compréhensive et juste. Hermione s'était souvent demandée s'ils étaient amis, mais visiblement ils se contentaient d'être de bons collègues, ce qui était déjà beaucoup dans leur cas.

- « C'est aussi terrible que ça ? »

- « Disons que c'est long et qu'il vous traînera dans toutes les apothèques qui existent à Londres. »

- « Rien d'insurmontable en somme. » répondit Hermione. « Du moins, je l'espère. » ajouta-t-elle de peur d'avoir été trop directe envers un professeur.

Severus lui dit de se dépêcher de manger, aussi dix minutes plus tard étaient-ils dans le hall.

- « Ah, je viens de me dire : nous aurons peut-être besoin d'aller du côté moldu. Il nous faut nous changer. »

Hermione monta donc échanger sa cape pour un manteau et un bonnet et redescendit aussitôt. Severus arriva l'instant d'après, à la place de ses robes et de sa cape il avait revêtu un pantalon et un pull noirs, de même qu'un long manteau, noir bien entendu. Hermione ne put s'empêcher de sourire légèrement, ces vêtements lui allaient très bien. Ils sortirent du château et transplanèrent au Chemin de Traverse dès qu'ils eurent franchi les barrières anti-transplanage.

- « Nous commencerons par la Grande Apothèque. C'est eux qui ont le plus de choix dans les ingrédients de base. »

Lorsqu'ils eurent acheté tout ce dont ils avaient besoin en matière de foies de rat, de pinces de scarabées et autres ingrédients courants, ils se dirigèrent vers l'apothèque où ils s'étaient heurtés il y a déjà plus d'un an. Alors qu'il repensait à leur rencontre, Severus se dit qu'Hermione avait changé depuis, et surtout au cours des derniers mois. Elle n'était plus aussi maigre, et bien que son teint fût pâle il n'avait plus la blancheur maladive d'avant. Et il savait qu'intérieurement aussi le changement opérait.

Ils entrèrent dans l'apothèque et saluèrent le gérant. Celui-ci reconnut immédiatement Hermione et fut surpris de la voir avec Severus Snape, il se souvenait bien de leur échange.

- « Professeur Snape. Miss. Que puis-je pour vous ? »

- « Je viens renouveler le stock de l'école. Miss Granger, voici la liste. Je voudrais que vous choisissiez les ingrédients. Ce travail fait partie de votre stage. »

Elle acquiesça et prit la liste qu'il lui tendait. Elle se mit à choisir les ingrédients de la meilleure qualité possible et à chaque fois qu'elle se retournait vers lui en le questionnant du regard il lui donnait son approbation par un bref hochement de tête. Une fois tous les ingrédients choisis, Severus paya et ils sortirent du magasin.

- « Nous avons encore une apothèque à voir, puis nous irons du côté moldu. »

- « Pourquoi devons-nous aller du côté moldu professeur ? »

- « J'ai besoin d'acheter quelques 'ingrédients' dans une pharmacie pour mes travaux personnels. »

- « Oh mais oui ! Je me souviens ! Vous aviez écrit un mémoire à ce sujet, l'utilisation que l'on peut faire dans des potions de certaines molécules extraites par les moldus pour la fabrication de médicaments. »

- « Vous l'avez lu ? »

- « Oui, en sixième année. Il m'a passionnée ! »

- « En sixième année. Déjà intéressée à l'époque ? »

- « J'ai lu plusieurs de vos publications en sixième et septième années, ce n'est pas étonnant que vous soyez un Maître aussi important et que vous apparteniez à tant d'assemblées. » Hermione le vit grimacer légèrement et rit. Certainement aurait-il préféré éviter un certain nombre de réunions de ces dites assemblées.

Ils se dirigèrent vers la dernière apothèque, mais Hermione s'arrêta net.

- « C'est Pitchfork. Dans l'apothèque. Il est hors de question que j'entre... »

- « Oh si vous allez entrer. » Il la saisit par le bras et la poussa à entrer dans l'échoppe.

Ils attendirent leur tour en silence, et quand il eût terminé Pitchfork se tourna vers la sortie et donc vers eux.

- « Tiens ! Severus, quel plaisir ! »

- « Kiaran, cela fait bien longtemps. » Ils se serrèrent cordialement la main.

- « Oui, bien longtemps. Ah Miss Granger. Vous lui faites des heures sup' Severus ? »

- « En effet, j'ai demandé à Miss Granger de venir avec moi pour le renouvellement des stocks de l'école. »

- « Bien bien, fort bien. Et comment se passe le stage sinon ? »

- « A la perfection. Miss Granger est une élève plus que brillante. Ce genre d'élèves ou de stagiaires donnent un peu de sens à notre métier. »

- « Oui, oui... cela est vrai... » Pitchfork semblait méditer ces paroles. Il finit par les saluer et s'en alla. Severus fit un regard entendu à Hermione qui disait 'vous voyez...' et ils s'occupèrent de leurs achats avant de se diriger de nouveau vers le Chaudron Baveur.

Dès qu'ils furent passés du côté moldu, Hermione se rapprocha davantage de Severus. Celui-ci y resta froid un instant, Hermione pouvait même sentir qu'il était tendu, mais après quelques minutes il lui offrit son bras et Hermione l'accepta promptement. Ils entrèrent dans la première pharmacie qu'ils trouvèrent. Ils firent la queue, puis quand ce fut son tour Severus s'occupa de ses achats pendant qu'Hermione allait regarder les rayons. Elle fixait le rayon dentaire d'un air lointain lorsqu'elle entendit :

- « Mione ? » Elle releva la tête. Près d'elle se tenait un grand et assez bel homme d'environ 35 ans aux cheveux bruns, au regard sombre et au sourire discret mais précieux.

- « Jason ! »

Ils se sourirent et s'étreignirent. Hermione remarqua qu'il portait une alliance :

- « Mes félicitations ! Elle est française ? »

- « Toujours aussi observatrice ! Oui, et nous nous sommes définitivement installés en France. Nous sommes venus passer une semaine de vacances à Londres. Oh Hermione c'est bon de te revoir ! Quelle coincidence ! » Il était incroyable qu'ils aient choisi la même pharmacie, au même instant... Ces derniers temps, le quotidien d'Hermione semblait fait d'heureux hasards et de coincidences. « Que deviens-tu ? » lui demanda-t-il alors.

- « Eh bien, j'ai repris mes études. »

- « C'est merveilleux ! Et tu étudies quoi ? »

- « La chimie. Je voudrais travailler dans un laboratoire de recherches. »

- « Tu retrouves tes ambitions, c'est bien. Et les amours ? »

- « Je suis avec... » et elle lui montra Severus qui s'entretenait avec un pharmacien.

- « Je reconnais bien tes goûts là. » lui sourit Jason. « Et quel âge a-t-il ? »

- « Il est un peu plus âgé que toi si c'est à ça que tu fais allusion. »

Il rit. Ils bavardèrent encore un moment, puis Jason dut s'en aller. L'instant d'après Severus se tenait aux côtés de Hermione.

- « Qui était-ce ? »

- « Jason, mon ex. » Elle éclata de rire en voyant Severus se décomposer. « Il est venu passer une semaine de vacances à Londres avec son épouse. »

- « Oh. Bien, allons-y. »

- « Vous avez tout ce qu'il vous faut ? »

- « Oui, le pharmacien m'a causé quelques problèmes au sujet de certains médicaments, mais ça s'est arrangé. »

- « Rien d'illégal au moins ? »

- « Non, un peu de rhétorique fait l'affaire. »

- « Oui... » Et si quelqu'un avait l'art d'obtenir ce qu'il voulait c'était bien lui.

Ils sortirent de la pharmacie et Severus lui offrit de nouveau son bras, sans que Hermione n'ait à l'y pousser.

- « Et ce Jason, c'était lui votre histoire d'amour ? »

- « Oui, nous nous sommes aimés un an, puis il a voulu partir en France et je n'ai pas voulu le suivre. Notre histoire s'est arrêtée là. J'étais encore trop déstabilisée après la guerre pour penser à long terme et lui, à 31 ans, voulait déjà avoir des projets. »

- « Et il y en a eu d'autres ? »

- « Vous êtes bien curieux tout à coup. » Elle rit. « Je n'ai aimé personne d'autre après lui... et avant vous. J'ai juste trompé ma solitude ou ma douleur de temps en temps. »

- « Comme moi apparemment. » dit-il simplement.

Hermione n'osa pas le questionner et reprit :

- « Jason est donc parti travailler en France alors que moi je suis restée à Londres à faire des petits boulots. J'ai été caissière, puis j'ai pu travailler quelques mois chez un photographe et quand il a pris sa retraite je me suis retrouvée hôtesse d'accueil dans un hôtel. Le salaire était assez bas et le travail plutôt ingrat. J'ai fini par en avoir assez de cette vie minable et j'ai décidé de faire face à mon passé et de cesser de fuir. Je suis revenue chez les sorciers pour m'y établir définitivement. Le jour où nous nous sommes heurtés dans l'apothèque était le premier que je passais dans le monde sorcier depuis l'hiver où s'est finie la guerre. Au départ j'ai cherché un travail, puis j'ai décidé de vivre de mes économies à Gringotts pour me consacrer à mes études. »

Ils retournèrent à Poudlard après s'être promenés un peu dans le Londres moldu. Severus n'était pas à l'aise, car comme il le lui rappela en lui disant qu'il était temps de rentrer : elle était encore sa stagiaire. Ils descendirent à son bureau pour ranger ses achats, puis à ses appartements. Ce n'était pas comme s'il avait besoin d'aide, mais tous deux avaient là un prétexte pour rester un peu plus longtemps ensemble. Severus donna le mot de passe au portrait.

- « Je n'avais jamais réalisé : c'est fou ce qu'elle ressemble à Jade Sinistra. »

- « Elles ont un air de ressemblance c'est vrai, mais de caractère elles étaient tout autres. »

- « Vous connaissiez personnellement la femme du portrait ? »

- « C'était mon épouse. »

- « Oh. Votre...? Je... Severus pardonnez-moi ! »

- « Ce n'est rien voyons. Dumbledore était tombé sur son portrait chez le peintre qui s'est occupé du sien et il avait cru que j'aimerais l'avoir. Il l'a fixé sur ma porte et depuis le portrait est resté, par habitude. »

- « Elle avait un charme et une élégance particuliers... »

- « Oui. Oh elle était la vie-même. » Il se tut, mais reprit après un instant de silence : « Nous avons été mariés trois ans. Nous étions heureux ensemble, mais les temps étaient durs. La première guerre, mon travail d'espion... Nous nous étions rencontrés lors d'une de mes missions avec les Mangemorts. Elle avait compris en me voyant que j'agissais à l'encontre des autres : elle m'a vu cacher un petit garçon que nous étions venus tuer avec ses parents. Elle s'est glissée discrètement jusqu'à moi et m'a dit de lui confier l'enfant. Elle a disparu avec lui et personne n'a jamais su que j'avais agi contre mes ordres de mission. Nous nous sommes croisés quelques jours plus tard et à partir de là nous ne nous sommes plus quittés. Elle est tombée malade la troisième année de notre mariage. La maladie était incurable. J'ai passé plusieurs mois à veiller sur elle et à soulager ses souffrances comme je le pouvais, puis elle s'est éteinte, peu de temps après notre troisième anniversaire. »

Hermione ne dit rien, mais serra très fort la main de Severus dans la sienne. Après un instant de silence il reprit :

- « Le portrait la représente assez bien, je dois l'avouer, mais comme tous les portraits elle se contente de répéter des phrases qu'elle disait souvent de son vivant et d'aller se promener dans les toiles du château. Elle m'a laissé à la porte un bon nombre de fois. » Ils rirent. « L'entendre répéter ces accroches me fatigue un peu, mais je me suis habitué à avoir son portrait ici. »

- « Quelles genres de phrases dit-elle ? »

- « Lorsqu'elle était adolescente, ses amies la surnommaient 'la marieuse'. Apparemment elle n'avait pas son pareil pour aider des couples à se former, elle voyait toujours qui irait avec qui. Alors elle a tendance à donner des conseils de coeur ou ce genre de choses. » S'il l'avait rencontrée à cette époque, il l'aurait sûrement méprisée pour ce stupide penchant romantique, mais la femme qu'il avait rencontrée lors de cette mission avait une attitude grave et sérieuse qui lui correspondait, un caractère qui à la fois lui ressemblait et le complétait, l'équilibrait.

- « Ah oui je vois, elle me l'a fait à moi aussi. »

- « Vraiment ? »

- « Oui. Elle me demandait pourquoi je n'étais pas venue plus tôt, elle disait que si vous aviez prononcé le mot de passe à voix haute devant moi ce n'était pas pour rien. Elle nous voyait visiblement ensemble. »

- « Peu de temps avant qu'elle ne meurt, elle m'a dit : 'Ne ferme pas ton coeur. Je veux que tu aimes de nouveau un jour.' » Elle l'en savait capable, contrairement à lui, elle savait qu'il avait un coeur. C'était comme s'il ne pouvait qu'aimer qu'un être à la fois, laisser une seule personne découvrir qui il était au-delà de son cynisme, de son attitude froide et sarcastique, mais il pouvait aimer. Il faisait souffrir les autres, les méprisait ou les traitait avec indifférence, les gardait à distance pour s'en protéger, mais il savait également accorder une place d'importance à un être particulier ; quelqu'un qui ne lui demanderait pas d'être différent, mais qui lui permettrait de l'être, qui lui en donnerait les moyens sans même s'en rendre compte. Cela avait été le cas de Lily Evans, de son épouse, et maintenant d'Hermione.

- « C'était très noble de sa part... Comment s'appelait-elle ? »

- « Mélusine. »

- « Mélusine... c'est un si joli prénom. »

- « Oui, et elle le portait très bien. »

Ils discutèrent encore un moment, puis Hermione alla chercher ses affaires afin de rentrer chez elle pour le restant du week-end.

The sky above won't fall down
See no evil, in all directions
Resolution of happiness
Things have been dark for too long

(Goo Goo Dolls – Don't change)

Petite note : Maintenant vous connaissez l'histoire de Mélusine Snape et j'attire donc votre attention sur la réaction de Severus lorsqu'il a lu « The Raven », d'Edgar Allan Poe, chez Hermione. C'est juste parce que rien (ou presque lol) de ce que j'ai écrit n'a été écrit par hasard et que je ne voulais pas que ce clin d'oeil passe inaperçu.

« Severus s'installa dans 'son' fauteuil près de la table basse et regarda quel livre elle lisait. Il sourit en voyant que c'était le recueil des poèmes de Poe. Elle avait laissé son marque-page à « The Raven ». Il lut le poème, le regard étrangement brillant, puis reposa le livre » (chap. X)

Je vous mets le poème en français (traduction de Charles Baudelaire)

Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais, faible et fatigué, sur maint précieux et curieux volume d'une doctrine oubliée, pendant que je donnais de la tête, presque assoupi, soudain il se fit un tapotement, comme de quelqu'un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre. « C'est quelque visiteur, – murmurai-je, – qui frappe à la porte de ma chambre ; ce n'est que cela et rien de plus. »

Ah ! distinctement je me souviens que c'était dans le glacial décembre, et chaque tison brodait à son tour le plancher du reflet de son agonie. Ardemment je désirais le matin ; en vain m'étais-je efforcé de tirer de mes livres un sursis à ma tristesse, ma tristesse pour ma Lénore perdue, pour la précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore, – et qu'ici on ne nommera jamais plus.

Et le soyeux, triste et vague bruissement des rideaux pourprés me pénétrait, me remplissait de terreurs fantastiques, inconnues pour moi jusqu'à ce jour ; si bien qu'enfin pour apaiser le battement de mon cœur, je me dressai, répétant : « C'est quelque visiteur attardé sollicitant l'entrée à la porte de ma chambre ; – c'est cela même, et rien de plus. »

Mon âme en ce moment se sentit plus forte. N'hésitant donc pas plus longtemps : « Monsieur, dis-je, ou madame, en vérité, j'implore votre pardon ; mais le fait est que je sommeillais et vous êtes venu frapper si doucement, si faiblement vous êtes venu frapper à la porte de ma chambre, qu'à peine étais-je certain de vous avoir entendu. » Et alors j'ouvris la porte toute grande ; – les ténèbres, et rien de plus.

Scrutant profondément ces ténèbres, je me tins longtemps plein d'étonnement, de crainte, de doute, rêvant des rêves qu'aucun mortel n'a jamais osé rêver ; mais le silence ne fut pas troublé, et l'immobilité ne donna aucun signe, et le seul mot proféré fut un nom chuchoté : « Lénore ! » – C'était moi qui le chuchotais, et un écho à son tour murmura ce mot : « Lénore ! » Purement cela, et rien de plus.

Rentrant dans ma chambre, et sentant en moi toute mon âme incendiée, j'entendis bientôt un coup un peu plus fort que le premier. « Sûrement, – dis-je, – sûrement, il y a quelque chose aux jalousies de ma fenêtre ; voyons donc ce que c'est, et explorons ce mystère. Laissons mon cœur se calmer un instant, et explorons ce mystère ; – c'est le vent, et rien de plus. »

Je poussai alors le volet, et, avec un tumultueux battement d'ailes, entra un majestueux corbeau digne des anciens jours. Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s'arrêta pas, il n'hésita pas une minute ; mais avec la mine d'un lord ou d'une lady, il se percha au-dessus de la porte de ma chambre ; il se percha sur un buste de Pallas juste au-dessus de la porte de ma chambre ; – il se percha, s'installa, et rien de plus.

Alors, cet oiseau d'ébène, par la gravité de son maintien et la sévérité de sa physionomie, induisant ma triste imagination à sourire : « Bien que ta tête, – lui dis-je, – soit sans huppe et sans cimier, tu n'es certes pas un poltron, lugubre et ancien corbeau, voyageur parti des rivages de la nuit. Dis-moi quel est ton nom seigneurial aux rivages de la nuit plutonienne ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

Je fus émerveillé que ce disgracieux volatile entendît si facilement la parole, bien que sa réponse n'eût pas une bien grand sens et ne me fût pas d'un grand secours ; car nous devons convenir que jamais il ne fut donné à un homme vivant de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre, un oiseau ou une bête sur un buste sculpté au-dessus de la porte de sa chambre, se nommant d'un nom tel que – Jamais plus !

Mais le corbeau, perché solitairement sur le buste placide, ne proféra que ce mot unique, comme si dans ce mot unique il répandait toute son âme. Il ne prononça rien de plus ; il ne remua pas une plume, – jusqu'à ce que je me prisse à murmurer faiblement : « D'autres amis se sont déjà envolés loin de moi ; vers le matin, lui aussi, il me quittera comme mes anciennes espérances déjà envolées. » L'oiseau dit alors : « Jamais plus ! »

Tressaillant au bruit de cette réponse jetée avec tant d'à-propos : Sans doute, – dis-je, – ce qu'il prononce est tout son bagage de savoir, qu'il a pris chez quelque maître infortuné que le Malheur impitoyable a poursuivi ardemment, sans répit, jusqu'à ce que ses chansons n'eussent plus qu'un seul refrain, jusqu'à ce que le De profundis de son Espérance eût pris ce mélancolique refrain : « Jamais – jamais plus ! »

Mais le corbeau induisant encore toute ma triste âme à sourire, je roulai tout de suite un siège à coussins en face de l'oiseau et du buste et de la porte ; alors, m'enfonçant dans le velours, je m'appliquai à enchaîner les idées aux idées, cherchant ce que cet augural oiseau des anciens jours, ce que ce triste, disgracieux, sinistre, maigre et augural oiseau des anciens jours voulait faire entendre en croassant son – Jamais plus !

Je me tenais ainsi, rêvant, conjecturant, mais n'adressant plus une syllabe à l'oiseau, dont les yeux ardents me brûlaient maintenant jusqu'au fond du cœur : je cherchai à deviner cela, et plus encore, ma tête reposant à l'aise sur le velours du coussin que caressait la lumière de la lampe, ce velours violet caressé par la lumière de la lampe que sa tête, à Elle, ne pressera plus, – ah ! jamais plus !

Alors, il me sembla que l'air s'épaississait, parfumé par un encensoir invisible que balançaient les séraphins dont les pas frôlaient le tapis de ma chambre. « Infortuné ! – m'écriai-je, – ton Dieu t'a donné par ses anges, il t'a envoyé du répit, du répit et du népenthès dans tes ressouvenirs de Lénore ! Bois, oh ! bois ce bon népenthès, et oublie cette Lénore perdue ! » Le corbeau dit : «Jamais plus ! »

« Prophète ! – dis-je, – être de malheur ! oiseau ou démon ! mais toujours prophète ! que tu sois un envoyé du Tentateur, ou que la tempête t'ait simplement échoué, naufragé, mais encore intrépide, sur cette terre déserte, ensorcelée, dans ce logis par l'Horreur hanté, – dis-moi sincèrement, je t'en supplie, existe-t-il, existe-t-il ici un baume de Judée ? Dis, dis, je t'en supplie ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Prophète ! – dis-je, – être de malheur ! oiseau ou démon ! toujours prophète ! par ce ciel tendu sur nos têtes, parce Dieu que tous deux nous adorons, dis à cette âme chargée de douleur si, dans le Paradis lointain, elle pourra embrasser une fille sainte que les anges nomment Lénore, embrasser une précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore. » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Que cette parole soit le signal de notre séparation, oiseau ou démon ! – hurlai-je en me redressant. – Rentre dans la tempête, retourne au rivage de la nuit plutonienne ; ne laisse pas ici une seule plume noire comme souvenir du mensonge que ton âme a proféré ; laisse ma solitude inviolée ; quitte ce buste au-dessus de ma porte ; arrache ton bec de mon cœur et précipite ton spectre loin de ma porte ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

Et le corbeau, immuable, est toujours installé sur le buste pâle de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre ; et ses yeux ont toute la semblance des yeux d'un démon qui rêve ; et la lumière de la lampe, en ruisselant sur lui, projette son ombre sur le plancher ; et mon âme, hors du cercle de cette ombre qui gît flottante sur le plancher, ne pourra plus s'élever, – jamais plus !