Disclaimer : à Rowling l'argent et ses persos (Gwendoline la Fantasque est mentionnée dans le tome 3), à moi mes propres persos, prière de ne pas y toucher sans mon consentement. (encore que j'imagine peu de personnes écrire sur cette époque, mais sait-on jamais…)
Titre : Gwendoline la Fantasque
Autrice : Mephie
Rating : G
Genre : Humor/Romance
Note : Je sais, je suis affreusement en retard… Mais au moins je sais quoi mettre dans chacun de mes 15 chapitres maintenant ! Tout plein de réjouissances.. Niark niark… Mais vous, vous saurez tout au compte goutte ! Peut-être que j'irai plus vite si j'ai plus de review… Je sais pas…o
§
Chapitre 5 : Troubles
Deux semaines plus tard…
« Vingt-huit lieues à pieds, ça use, ça use,
Vingt-huit lieues à pied, ça use les sorciers ! »
- Latro, hurle plus fort, surtout, le bataillon de soldat stationné à l'autre bout de la ville n'a pas bien entendu tes paroles ! railla Aurore en lui administrant une tape sur la tête.
- Alors ça, Mademoiselle, ça va se payer ! s'écria le voleur en se lançant à sa poursuite.
- Pourquoi a-t-il fallu que je perde à la courte paille et que je me retrouve dans cette diligence avec vous deux ? gémit Gwendoline pendant que les deux autres tournaient autour d'elle sur le chemin.
- Allons ma grande, s'amusa Latro, ce n'est pas Aude qui va te piquer l'affection de La Fouine…
- Je ne vois absolument pas de quoi tu veux parler, répliqua l'Anglaise pendant qu'Aurore pouffait de rire. Et maintenant, reprenez votre sérieux et allons au relais avant que cette diligence ne parte sans nous !
§
L'aube blanchissait à peine la campagne lorsque Lord s'installa dans sa diligence en partance pour Paris. Au rythme des cahotements du véhicule, il passa en revue les instructions de la lettre de son père : discrétion, meurtre et réussite. Rien de bien nouveau, l'originalité n'était pas ce en quoi croyaient les Malfoys.
Ainsi donc, la cible était une Metamorphmagus. Quel gâchis ! Peut-être lui demanderait-il de prendre son apparence avant de laisser Lady la supprimer, cela lui ôterait peut-être ses envies de fratricide. Ce n'était pas comme s'il était obligé de laisser Lady la supprimer… Non, c'était plutôt le respect d'une « coutume » : lui repérait la cible et l'amenait dans un piège et elle l'exécutait. Ils étaient complémentaires, comme le voulait Père. Et comme on ne contrariait pas Père, ils travaillaient « ensemble ». Ou plutôt Lord traquait la proie, l'amenait dans la gueule du loup, non sans avoir laissé un mot à la sœurette pour lui faire savoir où se trouvait la susnommée gueule du loup. C'était un modus operandi qui ne souffrait aucune incartade. Mais il respectait la volonté de Père, non ?
Le jeune homme soupira et passa la main dans ses longues boucles blondes. Aussi blondes que celles de Lady. Tout comme ses yeux étaient aussi bleus que ceux de Lady. Tout comme sa mine hautaine égalait celle de sa sœur. Alors pourquoi avaient-ils envie de se sauter à la gorge à chaque fois qu'ils se voyaient ? Pourquoi n'avait-il pas pu rester dans la même ville qu'elle ?
Ah oui. C'est vrai. Ils étaient des Malfoys. Et des bâtards de Malfoy, qui plus est. Donc condamné à faire des pieds et des mains pour plaire plus que l'autre à la Famille. Et pour être intégré au détriment de l'autre à la Famille une fois sa valeur prouvée. Et son dévouement. Non, il ne fallait pas oublier son dévouement. Merlin, il revoyait encore Père le lui seriner :
« Un bâtard de Malfoy n'est rien d'autre qu'un Scroutt à Pétard sans son dévouement à la Famille. Et cela parce que la Famille reconnaît son Sang et que le dévouement à la Famille coule dans les veines d'un vrai Malfoy. »
Lord secoua la tête. Il aurait pu trouver autre chose qu'un Scroutt à Pétard pour sa comparaison.
§
Pendant ce temps, une autre diligence roulait à tombeaux ouverts vers Paris...
« La petite diligenceuh
Sur les beaux chemins de Franceuh
S'en allait en cahotant,
Voyageurs toujours contents !
« Lorsque la côte était dureuh,
Tous descendaient de voitureuh
Et poussaient allègrement
Car c'était le règlement ! »
- Latro, c'est toi qui va descendre de voiture si tu n'arrêtes pas de chanter ! Et en marche encore ! s'exclama Gwendoline en le fusillant du regard.
§
« La rue de la Lanterne ? Oh mais c'est très simple ! assura le boulanger. Il vous suffit de prendre à gauche à l'intersection que vous voyez là-bas. Vous continuez jusqu'à l'auberge de la Mère Michelle, puis vous prenez à droite. Après la draperie, vous arriverez à un carrefour où vous prendrez à gauche, puis encore à gauche juste avant le cordonnier Allart, c'est un vieil ami, et si vous avez des problèmes de bottes, je peux vous assurer qu'il vous réparera ça pour pas cher, dites simplement que vous venez de ma part. Une fois sorti de chez Allart, vous continuez jusqu'au bout de la rue et une fois face à la cordonnerie Bayart – un concurrent d'Allart, un vrai voleur ! – vous tournez à droite après la draperie Corbusier, puis c'est la première à gauche, après la courée des Trois Bossus vous prenez la rue en face de vous et… »
Figg jeta un coup d'œil assez circonspect au bonhomme. Peut-être était-ce un espion déguisé prévenu de sa venue par l'alliance Malfoy-Black qui cherchait à l'embrouiller ? La journée risquait d'être rude, mais Figg était confiant : son sixième sens était toujours présent quand il se trouvait dans une mauvaise passe.
« … et à gauche encore, mais la deuxième, parce que la première c'est un cul-de-sac, et puis à partir de là, il ne vous reste qu'à longer la rue jusqu'au bout, elle croise votre rue de la Lanterne. »
L'Auror fixa un moment son interlocuteur. Il fallait aller où, déjà, après avoir trouvé Bayart ? Peu importait, il valait mieux redemander par la suite à un individu moins… suspect. C'est donc avec un grand sourire – les Français semblaient être mis en confiance par les personnes souriantes – qu'il remercia le boulanger et s'en fut dans la direction indiquée.
§
« Lord ? »
Pas envie de bouger… Bien au chaud…
« Lord, tu dors ? »
Dormir…Tais-toi…
Un courant d'air froid chatouilla la nuque du petit garçon de huit ans lorsque sa sœur jumelle repoussa légèrement les couvertures pour se glisser à ses côtés.
- Père ne m'aime pas, tu sais… Et il ne t'aime pas non plus…C'est pour ça que je suis là, chuchota la fillette en se pelotonnant contre son frère.
Ses petits bras entourèrent le cou pâle si semblable au sien.
Mains froides… Pas une bouillotte, Lady…
- C'est pour ça que je fais ça, termina-t-elle.
Une corde enserra soudain la gorge du petit garçon.
Mal ! Respirer…- Laisse-moi faire Lord… Tu n'auras pas mal longtemps… Je me suis exercée sur les petits chats…
Mal ! Arrête !
L'enfant se débattait tant bien que mal, empêtré dans les couvertures, contre sa sœur.
- C'est seulement comme ça que Père m'aimera… Tu comprends ?
D'un violent coup de pied, le garçonnet fit culbuter sa sœur au sol qui renversa un chaise au passage. Les larmes coulant librement sur ses joues blêmes, Lord s'escrima à ôter la cordelette de soie encore nouée autour de son cou.
- Pourquoi ? Pourquoi tu t'es pas laissé faire ? explosa Lady.
Alertée par le bruit, leur gouvernante arriva en trombe dans la pièce et se figea d'horreur en voyant la marque rouge sur la gorge de l'enfant.
- Monsieur ? interrogea-t-elle, son regard passant du garçonnet au cou meurtri à la fillette ulcérée de rage sur le plancher.
- Monsieur ?
La voix de la gouvernante semblait étrangement rauque… masculine…
Lord ouvrit brutalement les yeux pour se retrouver nez à nez avec son cocher.
- Nous sommes aux abords de Paris, Monsieur. Où Monsieur désire-t-il se rendre ?
- La rue de la Lanterne », murmura le jeune homme en se radossant à son siège.
Etait-ce un présage ou le résultat de l'évocation des tendances fratricides de sa sœur ? Les deux sans doute. Toujours est-il que ce rêve, reflet d'un des pires souvenirs de son enfance, n'était plus venu le hanter depuis plusieurs années. Alors pourquoi maintenant ?
§
Une heure plus tard, Figg était prêt à s'arracher les cheveux. Il avait trouvé la Mère Michelle, qui lui avait d'ailleurs servi un excellent repas. Il avait aussi trouvé Allart, qui s'était pratiquement jeté sur lui pour le déchausser quand il avait passé le seuil de sa boutique, mais qui avait eu la bonté de le relâcher après avoir compris qu'il ne fallait à son visiteur et non potentiel client qu'un peu d'aide pour trouver cette satanée rue de la Lanterne. Et puis il y avait eu cette bourrique de bonne femme de drapière qui, à coup sûr, l'avait envoyé dans la mauvaise direction.
Il était sûr qu'il aurait du prendre une carte de la ville, mais est-ce que Maugrey lui avait laissé le temps ? Non monsieur, il était trop occupé à lui tanner les oreilles avec cette « situation plus que désespérée » dans laquelle se trouvait Skia. Alors le voilà donc au beau milieu de la Courée des Trois Massues. C'était pourtant bien ce nom-là que lui avait donné le boulanger, mais il n'y avait pas de rue en face de celle d'où il arrivait. Mais pourquoi avait-il suivi les indications d'un espion ??!! Avec un soupir, il entra dans la première taverne qu'il trouva et questionna la patronne.
Quelques secondes plus tard, il repartait au pas gymnastique de là d'où il était venu : une jeune fille ressemblant plus ou moins à Skia – ou plutôt Gwendoline, puisque c'était le nom qu'elle portait – avait demandé les mêmes renseignements que lui.
Quand enfin Maugrey arriva devant chez le contact indiqué, il se figea. Cette enseigne… Non, Maugrey n'aurait pas osé l'envoyer chez…
- Bienvenu chez Phénix Lockhart ! Que puis-je pour votre service ? s'enquit un homme aux cheveux blonds cendrés d'une trentaine d'années aussitôt que l'Auror eût passé le pas de la porte.
- Je … cherche une robe pour ma fille, Gwendoline, répondit le sorcier, en souhaitant que le Supérieur des Aurors n'aie que des Cracmols pour descendants, et ce, jusqu'à la vingt-huitième génération.
Le visage du couturier passa de la mine enjouée à celle de conspirateur d'opérettes.
- Oh je sais exactement ce qu'il vous faut ! Si nous passions dans l'arrière boutique ? pépia-t-il en allant d'un pas leste fermer portes et fenêtres qui donnaient sur la rue.
Le vieux sorcier leva les yeux au ciel. Le bonhomme ne se donnait même pas la peine de demander qui il était… Ce qui était tout de même un comble puisqu'il était censé attendre une blonde et bondissante jouvencelle, et non un vieil homme tel que Figg. Cette journée allait décidément être très rude !
- Je dois dire que je suis particulièrement stupéfié par vos dons ! commença le couturier. Moi qui m'attendait à voir une tendre jeune fille ! Laissez-moi vous dire que j'ai connu le véritable Erwan Figg en personne, et vous en êtes un parfaite réplique de ce vieux dragon ! J'ai bien failli m'y laisser prendre ! Vous croyez que vous pourriez m'apprendre à être Métamorphmagus ? J'aimerais assez jouer moi-même les mannequins pour mes créations, voyez-vous, mais ma femme ne cesse de protester, mettant en avant mon évidente virilit
Figg se contenta d'examiner la main manucurée du blond qui se perdaient dans ses mèches soigneusement coiffées, tentant de comprendre ce qu'il venait de lui débiter. Lui ? Un Metamorphmagus ?
- Au risque de vous décevoir, Lockhart, je suis le vieux dragon original, coupa-t-il. Maintenant arrêtez de déblatérer pour rien, vous perturbez jusqu'à mon troisième œil, et pourtant Merlin sait qu'il se planque bien.
- Tout simplement extraordinaire, ma chère ! Je me croirais revenu à mes années d'apprenti Auror ! s'extasia Lockhart.
- Années qui, je vous le rappelle, se sont trouvées brutalement raccourcies du fait de votre tentative de détournement de produits saisis par les forces aurorales, grommela l'autre.
Le sorcier blond tiqua tout en tenant des bandes de tissus devant le visage de l'Auror :
- Ah, vous savez ça aussi ? Sûrement que Figg voulait être sûr que je sache que vous étiez bien… qui vous êtes. Mais concernant cette affaire, je tiens à préciser que ce n'étaient que des produits bien innocents dont je prévoyais de faire des lotions pour éclaircir le teint de jouvencelles telles que vous ! Enfin peut-être pas telles que vous puisque vous êtes une Auror, ou quelque chose qui s'en rapproche – la missive de Maugrey n'était pas très claire à ce sujet – mais tout de même…Ruban ou dentelle pour la décoration de la robe ?
- Lockhart, ça suffit, j'ai eu une journée particulièrement éprouvante ! Et ces fameux produits n'étaient autres qu'un mélange d'aubeline, de cardaprome, de gingembre et de ginkgo qui auraient plutôt eu tendance, une fois macérés à ce que la personne qui aurait reniflé cette mixture infâme adoptât non seulement le teint cadavérique, mais aussi tout ce qui va avec, à savoir la rigidité, le manque de respiration et j'en passe, et des meilleures !
- Tut tut, ma chère enfant ! Cela aurait donné un peu de vitalité au commerce des cosmétiques pour nos amis les vampires : de nos jours, les écrivains moldus ne croient plus ces pauvres êtres quand ils viennent leur proposer d'écrire leur vie. C'est fou ce qu'un peu de pâleur pourrait accomplir…
- Lockhart, par la barbe de Merlin, pourquoi me mesurez-vous la taille ?
- Mais voyons, douce Gwendoline, il vous faut bien des vêtements pour votre séjour à Paris ! Et toute demoiselle se doit d'avoir une robe de bal, je suis formel ! En ce qui concerne les robes de tous les jours, elles n'ont pas forcément à être trop près du corps, puisqu'il vous faudra garder quelques armes par-ci, et d'autres petites fioles de poisons par-là… J'ai tellement rêvé d'être Auror que j'en connaît la panoplie sur le bout des doigts ! Et j'ai adapté vos robes en fonction… Je m'y suis mis dès après avoir appris votre venue. Mais la robe de bal, c'est autre chose ! Vous serez une vraie petite princesse… ma plus belle œuvre ! J'en ai rêvé depuis si longtemps !
Le couturier essuya discrètement une larme qui coulait le long de sa joue. Cette fois, Figg eut peur pour de bon. Se reculant le plus possible du maniaque du tissu, il brandit sa baguette, mais n'eut pas le temps de prononcer la moindre petite formule avant qu'un Stupefix ne l'atteigne en pleine poitrine.
Les yeux ronds, Lockhart fixa la femme blonde qui se dressait devant lui, derrière l'Auror stupefixé.
- Mirabelle chérie, la salua-t-il avec un sourire penaud. Déjà rentrée ?
- Qu'est-ce que tu as encore fait pour qu'un client ressente encore le besoin de sortir sa baguette ? cingla Mirabelle Lockhart, seule membre de la gente féminine qui s'était trouvée suffisamment autoritaire pour avoir su convaincre Phénix Lockhart qu'elle était digne de l'épouser et pour être capable de réprimer les idées les plus folles de son … impétueux mari.
- Mais rien… C'est juste que cette petite, fit-il en désignant Figg qui était toujours figé, refuse de me laisser prendre les mesures pour sa robe de bal. C'est la Metamorphmagus dont je t'avais parlé… Et elle joue rudement bien son rôle, pas vrai ? Mais un peu trop quand même : elle s'obstine à me dire qu'elle est ce vieux dragon de Figg, mon ancien instructeur, tout ça parce qu'elle a pris son apparence !
- Admettons, accorda sa femme. Je veux bien croire que cette personne est la jeune fille dont tu m'avais parlé. Mais lui as-tu seulement donné le mot de passe, comme le Supérieur des Aurors te le recommandait dans sa lettre ? Ou se peut-il que dans la conversation, tu aies oublié de mentionner ce léger détail crucial pour un Auror ?
- Eh bien… , commença son mari en entortillonnant nerveusement son mètre autour de son index.
- Je vois, soupira-t-elle, puis elle se tourna vers l'Auror figé. Le mot de passe est « Le Père Fouettard vient de Serpentard ». Maintenant, tu le défiges, Phénix.
- C'est vrai ? Je peux ? questionna le blond, des étoiles dans les yeux.
- Pourquoi tu ne pourrais pas ? répliqua Mirabelle, l'empêchant de saisir sa baguette au dernier moment, suspectant quelque chose.
- Eh bien… J'ai eu une défense de jeter un sort, quel qu'il soit, à un membre du corps auroral il y a quelques années. Je croyais que cette défense s'étendait aussi aux Aurors qui étaient en mission à l'étranger, mais puisque tu viens de m…
- Je ne veux même pas savoir pourquoi tu as eu cette interdiction, soupira Mirabelle. Mais je suis désolée de te décevoir, l'interdiction vaut aussi ici, de par le pacte signé en 1187 entre les Conseils des Sorciers de France et d'Angleterre suite aux programmes d'échange mis en place entre Hogwart et Beauxbâtons. »
Boudeur, le couturier remplaça sa baguette par son mètre qu'il avait enroulé autour de son cou.
- C'est pas juste ! Enfin, je peux au moins prendre les mesures maintenant qu'elle se tient tranquille.
Mirabelle se tourna vers Figg :
- Je suis désolée de l'inconfortabilité de cette posture, Mademoiselle, mais j'ai quelques problèmes avec ma baguette depuis que mon mari a tenté d'y apporter quelques modifications esthétiques… De fait, je ne l'utilise qu'en cas d'extrême urgence… Je ne voudrais pas vous voir pousser des rubans de soie dans les oreilles, ce qui est déjà arrivé par le passé alors que j'essayai l'Enervatum sur ma sœur. Il va donc vous falloir rester figé jusqu'à ce que l'énergie du sortilège se résorbe. Mais par respect de la bienséance, je prendrais moi-même vos mesures.
- Mais Mirabelle chérie… tenta Lockhart.
- Pas de mais, Phénix, ou je demande à ma mère de venir passer quelques jours à la maison.
Le couturier lui remit aussitôt mètre, parchemin et encre, et sortit avec diligence de la pièce.
Figg, toujours figé, en était à sa trente-sixième malédiction à l'encontre de Lockhart et de l'ensemble de ses descendants sans exception aucune.
Un remue-ménage extraordinaire sembla avoir lieu dans la pièce où avait disparu le couturier, et quelques secondes plus tard, celui-ci fit sa réapparition dans la pièce, l'air fâch :
- Mira chérie, tu aurais pu faire attention en entrant, tu as laissé rentrer un chat et j'ai eu toutes les peines du monde à chasser ce monstre de la boutique.
§
Silencieusement, Lord sortit de la ruelle sombre et tortueuse où il avait quitté sa forme féline d'Animagus. Cet idiot pomponné l'avait pris pour un vulgaire chat de gouttière ! Et d'après la conversation qu'il avait entendue, il avait suivi le programme des apprentis Aurors… Pas étonnant qu'il ait été mis à la porte ! Ils n'auraient même pas du le recycler en agent de liaison !
Cependant, songea le jeune homme en se frayant un passage dans la foule populaire pour rejoindre sa diligence, il en avait vu assez pour se faire une idée sur le personnage. En ce qui concernait l'Auror fraîchement arrivé d'Angleterre, c'était une autre affaire. Son nom se rattachait à l'un des fleurons de la brigade aurorale anglaise. Mais se faire surprendre par une simple femme…
D'un autre côté, le quiproquo lui avait donné une idée : pourquoi ne pas aiguiller cette chère Lady sur une fausse piste ? La connaissant, elle voudra sans doute mesurer les talents de Metamorphmagus de la jeune Gwendoline. S'il lui assurait que ce Figg était bien la Metamorphmagus, il y aurait du divertissement en perspective !
Dans sa diligence filant dans la nuit tombante, Lord se permit d'esquisser un sourire machiavélique.
§
Dans la Très Noble et Très Ancienne Maison des Black, les trois membres de la Famille résidant encore dans la vieille demeure finissaient leur dîner en compagnie d'Anguitia et de ses enfants.
Bérénice soupira discrètement. Les visites d'Anguitia n'étaient jamais de bon augure, mais qu'est-ce qui pouvait empirer la situation, alors que son Père avait condamné à mort sa fille benjamine ? La jeune fille observa subrepticement le visage réjoui de Lord Black. Il y avait assurément quelque chose qui couvait.
Finalement, le maître de maison repoussa son assiette et enjoignit à Sobby qui attendait les ordres à ses côtés de remplir les flûtes de champagne. Oui, il y avait définitivement quelque chose qui se préparait, se dit Bérénice en voyant que ses nièces avaient même droit à un verre de jus de pomme chacune.
-Ma chère Stella, ma fière Anguitia, il est temps je pense d'annoncer le fruit de nos tractations de l'après-midi, commença son père.
Au-dehors, un roulement de tonnerre fit trembler les vitres, et dans son sillage, une pluie battante commença à s'abattre. Impressionnée, la petite Morrigane s'agita sur son siège. Entendant l'enfant gémir, Lord Black lui décocha un regard glacial. Nul n'interrompait le chef de Famille lorsqu'il se lançait dans un discours. Morrigane sembla se le tenir pour dit, et son grand-père continua alors sur sa lancée :
- Après discussion avec Claudius Flint concernant le désagrément de la perte de la fiancée de son fils, nous sommes tombés d'accord… Bérénice, tu es la future Lady Flint !
La flûte de champagne lui en tomba des mains. La jeune fille fut tentée de suivre le même chemin et d'aller se cacher sous la table pour échapper aux sourires satisfaits de ses parents et sœurs mais elle se dit que cela ferait sans doute trop de peine à ses nièces qui étaient venues l'embrasser et la féliciter.
- Eh bien, ma chère sœur, avec quelle émotion tu accueilles cette nouvelle, s'amusa Anguitia, le regard fixé sur les joues maintenant ivoirines de sa cadette. Qui eût soupçonné que tu vouais des sentiments inavoués pour le mâle Nero ?
- Qui l'eût soupçonné, en effet ? Moi-même, j'ignorai jusqu'à maintenant à quel point les sentiments qu'il m'inspire me… ravagent, souffla Bérénice, sardonique. Ma robe est trempée, quelle maladroite je fais… Avec votre permission, Père, je vais me retirer pour me rendre un peu plus présentable.
Le sorcier lui répondit d'un signe de tête et se replongea dans la contemplation de son verre ; mais avant qu'elle n'ait atteint la porte, la voix désagréable de sa mère l'interpella :
- Tu ne demandes pas quand auront lieu tes fiançailles, ma fille ?
La jeune fille se raidit et se retourna lentement, se sentant étrangement détachée de cette réalité qui venait de la frapper de plein fouet, et promena son regard sur le spectacle qui s'offrait à elle. Dans le tic-tac lancinant de l'horloge qui lui parut désormais égrener les secondes qui lui restait à vivre, il lui sembla découvrir une autre facette de sa Famille. Ils étaient là, tous trois, à l'affût. Des hyènes, songea-t-elle immédiatement. Et au moindre faux-pas, ils se jetteront sur elle pour la dévorer.
Un frisson lui parcourut l'échine tandis qu'une vieille histoire de Sally lui revenait en mémoire : les monstres nocturnes existaient, simplement, ils revêtaient des masques pour tromper les enfants. Simplement, au lieu de se cacher sous le lit, là où on s'attend à les voir, ils se cachent dans les autres chambres. Avec horreur, Bérénice s'aperçut que ses nièces calquaient leur attitude sur celle des adultes… Ces mêmes nièces qu'elle avait bercé sur ses genoux…
Vivement, elle se secoua ; ce n'était pas le moment de paniquer. Et sa voix ne trembla presque pas quand elle répondit à sa mère.
- Quand célèbrerons-nous mes fiançailles, Mère ?
- Eh bien, Bérénice, tu dois comprendre que ce jeune homme doit te faire sa cour, il serait malséant de précipiter les choses et de laisser libre bride aux ragots les plus dégradants…, commença Stella Black d'une voix onctueuse. Mais d'un autre côté, Nero faisait sa cour à …
Dans le silence polaire qui suivit, nul ne prêta seulement attention à la petite Morrigane qui redécorait allègrement sa robe à l'aide du verre de jus de pomme qu'elle avait enfin réussi à saisir sans que sa mère ne la rattrape au dernier moment.
- Tu te fiances dans deux semaines, se reprit Lady Black d'un ton sec. Et tu seras mariée dans huit mois.
- Bien, Mère, acquiesça docilement Bérénice, les jointures des mains blanches à force de tenter d'étrangler un coin de sa robe. Puis-je me retirer ?
- Ton père t'en a donné l'autorisation il y a un moment à peine, serais-tu sourde ? claqua la voix mordante de sa mère.
§
« On est arriv ! On est arriv ! On est arriv ! » scandait joyeusement Latro tout en sautillant sur son siège pour mieux voir les paisibles maisons parisiennes assoupies dans la nuit noire de cette fin d'octobre.
N'y tenant plus, Gwendoline le saisit par la ceinture et le rassit de force à sa place alors qu'il se penchait de tout son long sur son voisin pour mieux voir passer une escouade de soldats. Avec un sourire d'excuse pour le voisin, qui était en l'occurrence un vieux notaire aux lèvres pincées d'indignation devant le sans-gène du jeune voleur, la jeune Anglaise, la mine sévère, lui fourra une pomme dans les mains :
- Mange ça, ça t'occupera ! Et cesse un peu de t'agiter !
Avec un énorme sourire, Latro mordit dans le fruit avec appétit, et , le regard étincelant, lui dit :
- Che savais bien que tu allais finir par craquer et m'en donner une !
- On ne parle pas la bouche pleine, jeune impertinent ! répliqua la sorcière.
§
Une heure plus tard, le jeune homme s'étalait avec un soupir de satisfaction sur le lit de la chambre d'auberge qu'ils avaient louée pour eux trois.
- Ah Paris… Capitale de la France… A moi les petites Parisiennes ! se réjouit-il.
- Latro, appela Aurore d'une voix doucereuse.
- Voui ma toute belle ? fit-il en roulant de côté sur l'énorme matelas de façon à se retrouver face à elle.
- Sors de ce lit.
Le sourire du voleur baissa d'un cran.
- Quoi ?
- Tu l'as entendu, mon vieil ami : sors de ce lit, nous avons sommeil, intervint Gwendoline.
- Mais pourquoi ?
- Ecoute, t'es bien mignon, mais si on a pris cette chambre pour trois, c'était parce qu'il n'y avait pas d'autres chambres à prix abordable. Donc, tu es un gentleman, comme vous dîtes, vous les Anglais, et tu nous laisses le lit. Tu peux prendre une des couvertures si tu veux, offrit la jeune française.
- Si vous me l'aviez dit, je vous aurais aidé à payer moi, se lamenta-t-il en prenant malgré tout la couverture tendue.
- Sois honnête, tu n'aurais rien pu proposer qui aurait pu changer cette décision, remarqua Gwendoline. Tu as dépensé tout l'argent que tu avais gagné à la taverne pendant notre arrêt à Tours.
- Mais depuis je me suis refait une santé, moi.
Gwendoline rouvrit brutalement les yeux dans la pénombre qui maintenant régnait dans la chambre :
- Tu as fait comment exactement ?
- Bah j'ai piqué la bourse du notaire dans la diligence bien sûr ! »
§
§
A suivre…
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Réponses aux reviews
Mélisandre : Contente que tu aimes Lady ! C'est vrai que j'ai lu les Enfants de la Terre d'Auel, mais le coup de l'écorce de saule se retrouve un peu partout, vu que c'est l'un des principaux composants de l'aspirine. Et enfin, voilà la suite ! Merci de ta review !
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Pandore : la philosophie au féminin, c'est toute ma vie ! o Et voilà la suite !Ton soutien est indéfectible… Merciiiiiiiiii !!!
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Caraman : Roman fantastico-dynastique ? Pourquoi pas, lol ! Voilà la suite, en ce jour du 10 octobre… m'étais gourrée de mois ! Merci de la review !
