Disclaimer : à Rowling l'argent et ses persos (Gwendoline la Fantasque est mentionnée dans le tome 3), à moi mes propres persos, prière de ne pas y toucher sans mon consentement. (encore que j'imagine peu de personnes écrire sur cette époque, mais sait-on jamais…)
Titre : Gwendoline la Fantasque
Autrice : Mephie
Rating : PG-13 (Lord et Lady commencent à être un peu trop tarés pour les plus jeunes).
Pairing : Vous verrez bien, je ne vais tout de même pas tout vous dire quand même ?? Les paris sont ouverts !
Genre : Humor/Romance
Petit rappel : Amelia Black Skia (Auror) Gwendoline Gwennie
§
Interlude
Mephie : Bien, tout le monde est là ? Paaarfait ! Lord et Lady, c'est à vous de jou… Lord ! Lâche tout de suite ta sœur ! Lady, pose-moi ce couteau !!!
Lord : C'est elle qui a commencé dans le chapitre précédent ! L'a essayé de m'étrangler dans mon rêve !
Lady : Et c'est bien dommage que je t'ai raté… Tu me laisses réessayer ? Cette fois jte louperai pas ! Prooooomis !
Mephie : Mais arrêtez, zallez faire peur aux lecteurs ! Lockhart, rangez-moi ce sourire idiot, vous n'apparaissez pas à l'écran dans ce chapitre ! Et cessez de zyeuter le pauvre Figg comme ça, il a eu assez d'émotions au dernier chapitre ! Lordichou, tu y vas maintenant, et suivez tous le script !
Latro : Et si on a pas envie ?
Mephie : Je te zigouille à la faux, je te recolle les plaies avec une lame chauffée à blanc et je te nomme ancêtre de Goyle ! D'autres questions peut-être ?
Latro : Où est le script ? Il me faut le script ! Quelqu'un a vu le script ???
Mephie : Silence ! En place… et ACTION !
§
Chapitre 6 : Révélations
« Soeurette ! Je suis de retour ! lança joyeusement Lord en apparaissant soudainement dans la chambre de sa jumelle dans un « pop » sonore.
La camériste de celle-ci poussa un cri d'effroi en voyant ce grand jeune homme au sourire insolent surgir de nulle part, mais d'un geste vif, sa maîtresse la réduisit au silence.
-Tu peux disposer, Lisette, je finirai de m'habiller, la congédia Lady, tout en fixant son frère d'un œil assassin. Je m'occupe de monsieur mon … frère. Tu éviteras à l'avenir de jouer de ta forme Animagus pour t'introduire chez moi, grinça-t-elle une fois que la domestique ait disparu.
-Allons ma chère, protesta-t-il en s'asseyant sans cérémonie sur une chaise basse, pourquoi employer un ton aussi venimeux ? Père serait tellement déçu de t'entendre…
-C'est lui qui t'envoie ? questionna la jeune femme, les mains crispées sur la robe qu'elle s'apprêtait à enfiler.
-Oui ma tendre petite sœur, mais tu sais, tu ne devrais pas en faire une montagne, tu es en train de froisser cette magnifique dentelle… Mais je m'interroge : je ne peux que constater que tes jupons et ton corsage sont des plus attrayants, pourquoi donc les cacher là-dessous ?
Pour toute réponse, en proie à la plus noire des colères, elle lui envoya à la tête une fiole posée peu avant sur sa coiffeuse qu'il esquiva agilement :
-Tu n'as pas le droit, Lord ! Cette fille est MA proie, tu entends ? Et cette fois, tu ne t'en mêleras pas ! Père n'a pas écrit que je devais m'assurer de ton concours pour cette affaire !
-Certes, ma douce Lady, certes. Il n'a pas ordonné que nous travaillions ensemble, mais il nous a donné pourtant la même mission, si ce que je déduis de tes hurlements est exact… continua-t-il en lui faisant enfiler la robe de force.
La jeune fille se débattit avec les différentes couches de tissu avant que sa tête ne ressorte enfin par le col, échevelée et rouge de colère.
« Mais, fit-il avant qu'elle ne puisse lui cracher quelque injure au visage, d'un ton menaçant à son oreille en saisissant les lacets du vêtement et en les tirant brusquement de sorte à lui couper le souffle, il se trouve que j'ai une diligence d'avance sur toi, ma douce… Et comme je suis bon prince, j'accepte de partager mes informations, finit-il en laissant dériver ses mains sur les hanches fines de sa sœur.
-Tu sais, Lord, j'ai toujours su que tu fantasmais sur moi, souffla Lady d'un ton moqueur en rapprochant sa bouche de celle de son jumeau. Mais malheureusement pour toi, mon frère, tu ne m'auras jamais ! Et ne crois pas me bluffer, termina-t-elle en s'écartant brutalement de lui, je sais très bien que tu partages ce que tu sais uniquement parce que Monsieur ne veut pas salir ses jolies mains.
-Ta mythomanie ne trouve son égal qu'en ton esprit acéré, ma douce, railla Lord. Il faudrait que je sois fou pour te vouloir, Lady, tu es pire qu'une mante religieuse, toujours à trancher la tête de ton amant dans le délice le plus total sitôt ton plaisir acquis. Par contre, je ne me suis jamais caché de mon dégoût pour le sang : cette horrible substance s'imprègne dans les tissus les plus délicats et y laisse des traces indélébiles, c'est comme la rouille – je les soupçonne d'ailleurs d'être un peu cousines germaines. Et de toute façon, il me faut bien admettre que ce que tu crées quand le sang d'autrui coule est particulièrement raffiné, un niveau que je n'égalerais jamais, même si je le désirais du plus profond de mon âme.
-Si tu reconnaissais aussi aisément devant Père ton incapacité à te délecter de la défaite de tes adversaires, tout serait beaucoup plus simple pour moi, soupira la jeune femme avec une moue enfantine tandis qu'elle arrangeait ses cheveux.
Le jeune sorcier s'employa négligemment à dompter les mèches folles de sa jumelle, s'arrangeant pour que les deux mèches de devant, rendues par ses soins plus claires que le reste de la chevelure, se démarquent nettement. Les mêmes yeux couleur d'océan glacé se croisèrent dans le miroir auxquels les jumeaux faisaient face :
-Je me délecte de la défaite de mes ennemis sans éprouver le besoin de les vider de leur sang, Lady ; contrairement à tout ce que tu pourras toujours croire, je suis et resterai toujours le digne fils de mes ancêtres.
-Allons allons Lord, ne parle pas de gens que tu ne pourras jamais comprendre ni égaler, se moqua sa sœur en se retournant vers lui. Mais passons, il ne sert à rien de nous disputer à nouveau. Dis-moi ce que tu as appris et laisse-moi m'occuper de la suite, comme d'habitude.
Lord fit une mimique outragée :
-Comment cela, ma tendre petite sœur, pas le moindre s'il te plaît ? Je suis profondément meurtri d'un tel manque de politesse…
-Tu finiras réellement et physiquement meurtri si tu ne parles pas de suite, mon cher frère, cingla la jeune femme d'un air mauvais.
-Très bien, je parle, céda le jeune homme, mais je rapporterai ton manque évident de civilité et de coopération à Père. Je disais donc que j'avais quelques informations que tu n'avais pas… Mais, s'interrompit-il soudain, peut-être auras-tu l'extrême amabilité de me servir à boire ?
La sorcière se leva brusquement, menaçante, mais, avisant la lueur moqueuse qui dansait dans les yeux de son frère, elle se ravisa et tandis qu'elle se recomposait une attitude, une carafe de vin et deux flûtes lévitèrent doucement vers la table basse à laquelle ils s'étaient assis. Sur un haussement de sourcils éloquent de son hôte, elle se décida à faire le service.
-Exquis, commenta-t-il après une gorgée de vin. Tu vois, ce n'est pas tant la couleur carmin qui me dérange dans le sang, mais plutôt son odeur. Oui, une odeur vaguement écœurante, presque métallique, elle ressemble à ton parfum d'ailleurs, glissa-t-il dans l'ombre d'un sourire. Mais le vin, c'est autre chose : le fruit de la vigne, porteur de l'ivresse bienheureuse…
-Epargne-moi tes considérations métaphysiques, coupa sa sœur. Et pour la dernière fois, dis-moi ce que tu sais.
-Ma pauvre Lady, tu ne sauras donc jamais solliciter quelque chose avec gentillesse… Et pourtant, ce n'est pas faute de te demander… Je m'inquiète beaucoup pour toi, ma tendre petite sœur… , s'apitoya le jeune homme avant lancer un coup d'œil significatif à son verre maintenant vide.
-Lord, commença la sorcière sur un ton menaçant, j'en ai plus qu'assez de tes manières ! Je…
Il soupira, puis un sourire angélique apparut sur ses lèvres :
-La Métatraîtresse est arrivée à Paris et se trouve chez son contact, Phœnix Lockhart. Elle se fait passer pour un vieil Auror ronchon.
-Et où est l'embrouille ? questionna la jeune femme en fronçant les sourcils. J'aurais pu trouver tout cela moi-même, et tu le sais.
-L'Auror pour lequel elle se fait passer est un des grands noms du corps auroral britannique, Erwan Figg. C'est à lui que Père doit plusieurs perquisitions effectuées à la Maison familiale de Londres. Je sais que tu ne rêves que de laver les affronts faits à la Famille, alors il m'a semblé utile de t'empêcher de courir après cet Auror. Un mirage qui se serait avéré beaucoup plus dangereux qu'il n'en avait l'air.
-Tu me sous-estimes, Lord. Attention, cette attitude pourrait te coûter très cher un jour, s'amusa Lady.
-Je ne te sous-estime pas, bien au contraire : tu te serais déguisée en je ne sais quelle femme et aurait tenté de l'aguicher, sûre de tes charmes. Si le vrai Figg y aurait succombé, notre petite traîtresse, quant à elle, n'aurait pas eu ce genre de penchants – du moins j'ose l'espérer.
La jeune sorcière haussa un sourcil interrogateur à cette dernière remarque :
-Aurais-tu un faible pour cette intrigante ? C'est bien la première fois que tu manifestes un tel intérêt à une femme.
-Que veux-tu, ma douce, soupira-t-il en lui saisissant la main avant de déposer ses lèvres sur le poignet nue de sa sœur, j'ai vu quel monstre tu étais devenu en grandissant, et j'ai dans l'idée que les femmes en général peuvent avoir reçu la même éducation. Il est donc normal pour moi de brandir lances d'acier et masses d'armes empoisonnées autour de mon pauvre cœur… Elle n'est rien d'autre pour moi qu'une cible, Lady… Mais dis-moi, toi qui étais si certaine des sentiments incestueux qui habitaient selon toi ma cage thoracique, tu me sembles bien empressée à m'accuser d'infidélités… Serais-tu jalouse ? Non, fit-il en lui agitant son majeur sous le nez alors qu'elle s'apprêtait manifestement à protester violemment, pas de réponse précipitée, tu pourrais la regretter amèrement par la suite… Sur ce, je te laisse, finit-il, puis il s'esquiva hors de la pièce avant même qu'elle ait pu réagir.
Restée seule, Lady laissa éclater sa colère. Comment avait-il osé ? Le miroir de la coiffeuse explosa en milles éclats. Et pourquoi le serpent de la jalousie dévorait maintenant aussi cruellement son cœur ? Elle allait tuer cette fille, la faire gémir et supplier d'abréger son supplice. Lord était son frère, son jumeau, son double, son autre elle-même, son complémentaire : elle aimait être fourbe, admirer ses mains ensanglantées de l'agonie de ses victimes ; lui était le petit ange de glace qui lui apportait docilement son repas même s'il n'était pas aussi immoral qu'elle, elle l'avait observé rester sain d'esprit. Il était sa chose, elle savait comment il fonctionnait, et plus d'une fois elle s'était amusée à observer avec une délectation perverse la manière dont il interprétait chacune de ses paroles, chacun de ses actes pour découvrir s'il devait ou non se méfier d'un verre qu'elle lui tendait ou tout simplement du prochain ivrogne en apparence inoffensif qui tenterait de l'aborder…
Lord était calculateur et minutieux, mais ne faisait le mal que lorsque cela lui était ordonné ou quand il estimait que sa vie était menacée ; bien différent en cela de sa sœur qui pour sa part baignait allègrement dans la corruption en tout genre… Et elle le verrait s'abaisser au niveau d'une traîtresse à la Famille ? Avec la chance qu'elle avait, il en tomberait amoureux et s'opposerait alors à Père pour la protéger.
Lady se figea. N'était-ce pas ce qu'elle cherchait depuis tout ce temps ? Le moyen de se débarrasser de son jumeau. Pourquoi ne le voulait-elle plus tout d'un coup ? Parce que Lord est à moi ! hurla une voix au fond d'elle-même. Elle ne le partagerait avec aucune autre, elle le possédait comme elle avait possédé le jeune chaton que Père lui avait offert pour ses sept ans : elle seule pouvait le faire obéir, le plier à ses désirs et à ses fantaisies, elle seule pouvait recevoir les coups de griffes du jeune félin qu'elle s'obstinait à considérer comme des marques d'affection, et elle seule. Il est à moi, petite traîtresse, et toi, tu vas mourir ! On ne s'approprie pas mes jouets !
§
Pendant ce temps, Lord s'éloignait à grands pas de l'hôtel particulier de sa sœur. Quand il s'agit de femmes dans ma vie, elle ne marche pas, elle court ! songea-t-il avec satisfaction. Maintenant que Lady est persuadée que Figg est la Méta, occupons-nous donc de la charmante Gwendoline…
§
Couchée sur le ventre au beau milieu de la chambre qu'elle avait louée en compagnie d'Aurore et Latro, Skia écrivait avec application :
« Ci-gît Amelia Black, fille reniée de la plus Noble et plus Pure Famille de Sorcier, Metamorphmagus incomparable, Auror par esprit de contradiction et détentrice du diplôme de la plus 'insupportable des sales gosses qu'ait jamais vu l'Académie aurorale' décerné en multiples exemplaires par Erwan Figg. Requiescat in pace. »
Nan. Trop long. Et puis Père n'acceptera jamais qu'on mentionne mon appartenance à la Famille.
D'un geste vif, la jeune sorcière effaça ce qu'elle venait de rédiger.
« Ci-gît Skia, Auror dévouée, elle tenta de sauver la banque Gringotts… Mais si, vous savez, cette banque régie par les Gobelins qui a fait faillite parce que la susnommée Skia a grillé sur un bûcher alors qu'elle devait en sauver des agents gringottiens en France. Franchement, y sont fous ces Français ! »
Nan. Même si on arrivait à ramener son corps – ou plutôt ses cendres en Angleterre, le vieux Gringotts en ferait une affaire d'honneur que d'aller les remettre aux Black par pur sadisme, tout cela parce qu'elle n'aurait pas réussi. Et elle n'aurait pas son épitaphe.
Avec un soupir, elle fit à nouveau disparaître les quelques lignes dont elle avait recouvert le parchemin : jamais elle n'aurait cru qu'il était si difficile de s'auto-épitaphier. Dire qu'elle avait commencé par ça parce que la rédaction de son testament lui avait paru beaucoup trop ardue…
Le bruit de la porte qui s'ouvrait interrompit ses lamentations.
« Gwennie ! Je suis de retour ! s'écria joyeusement Latro, les bras chargés de paquets. C'était franchement inhumain de ta part de nous envoyer faire les boutiques en plein Paris ! J'ai du mettre en fuite au moins une douzaine de voleurs à la tire avant même d'arriver chez ton couturier. Aurore y est restée d'ailleurs, elle a eu envie de s'acheter de nouvelles toilettes.
-Tu m'en diras tant… marmonna la jeune fille, toujours résolument allongée sur le plancher.
-Oh, mademoiselle broie du noir ? s'inquiéta le voleur. Raconte à tonton Latro ! exigea-t-il en papillonnant des yeux à quelques millimètre du visage de la Metamorphmagus, mais celle-ci le repoussa résolument avant d'écrire soudain furieusement sur son parchemin.
« Tu m'écris un poème ? questionna-t-il en essayant alors de le lui subtiliser.
Grognant pour toute réponse, Gwendoline fit voltiger sa baguette de sa main gauche au-dessus de sa tête, bâillonnant et ligotant le jeune bavard sans même cesser d'écrire.
Au bout de quelques minutes, elle y mit le point final d'un air satisfait et, ayant relu le petit texte tout en mordillant doucement le bout de sa plume, elle se tourna vers Latro, toujours incapable de bouger ou de parler, mais dont les yeux lançaient maintenant des éclairs depuis les lattes de plancher sur lesquelles il s'était effondré.
D'un moulinet de baguette, elle fit disparaître cordes et bâillon.
« Latro, tu me feras bien une faveur, pas vrai ?
-Une faveur ? UNE FAVEUR ? Et pourquoi, s'étrangla-t-il, pour m'avoir ligoté et bâillonné pendant plus d'une heure sur un plancher froid et humide ?
-Allons, ne dramatise pas, protesta la jeune fille en lui tendant toujours son parchemin, ça n'a duré que cinq minutes à peine… Et le plancher n'est pas humide ! Je veux simplement que tu lises ceci et que tu signes.
-J'veux pas ! Et ce sera de ta faute si j'ai une pneumonie, bougonna le jeune homme.
-Et moi, j'ai besoin d'un témoin, alors tu poses tes mirettes là-dessus et tu signes !
-Un témoin ? C'est… notre contrat de mariage ? s'enquit-il, les yeux en cœur.
Pour toute réponse, elle lui administra une claque sur le crâne.
-C'est mon testament.
Interloqué, il la fixa un instant. Calmement, Gwendoline soutint son regard.
-Et puis réfléchis un peu, idiot ! Si c'était un contrat de mariage entre nous, tu ne serais pas sollicité comme témoin, dit-elle doucement.
Toujours muet, Latro fixait maintenant le parchemin.
-Ton testament, hein ?
-Tu meurs d'envie de savoir qui je suis réellement depuis que tu me connais, tu ne laisserais tout de même pas passer cette chance ? continua-t-elle.
Sans un mot, il leva la main pour saisir le papier et, prenant une grande inspiration, il le prit et en commença la lecture :
Moi, Amelia Black, alias Auror Skia, alias Gwendoline etc (pour une liste complète, s'adresser au Supérieur des Aurors Magnus Maugrey), fille troisième née reniée de Lord Corax Black et Lady Stella Malfoy Black, Metamorphmagus saine de corps et d'esprit…
-Par les moustaches de ma grand-mère ! Tu es… Tu es la fille de… de…
-Oui, je sais, ça fait un choc, moi-même j'ai bien cru ne pas m'en remettre à ma naissance, fit-elle, pince-sans-rire.
-Forcément, ça m'explique aussi pourquoi tu m'as jamais dit être une Meta… Sûr que ton père aurait pas apprécié que tu fricotes avec la pire des racailles… Et comme il y a peu de Meta de nos jours…
-Je confirme, Latro, il a pas apprécié, confirma la jeune Black, un rien contrariée.
-Ah oui, c'est vrai, tu écris là qu'il t'a reniée… Bizarre que personne n'en aie entendu parler, une telle affaire aurait du avoir des échos même de l'autre côté de la mer du Nord !
-C'est assez récent, mais ne nous attardons pas sur ce détail, tu veux bien signer et attester de la validité de ce testament quand il sera ouvert ? redemanda-t-elle, voulant en finir au plus vite.
-C'est vrai que tu me lègues ton kriss? Et pourquoi pas aussi tes Serpoignards ?
Amelia leva les yeux au ciel et compta mentalement jusqu'à dix. Pas craquer… Pas craquer… Trop tard !
-Latro ! s'écria-t-elle, si tu as fini de faire le zouave alors qu'on parle de mon testament, tu pourrais peut-être me le signer et clore sur le sujet, non ?
-Non.
-Bien ! Alors tu prends cette plume et… Quoi ?
-Je veux savoir pourquoi tu as rédigé ton testament, dit posément le voleur. Et je ne signerai pas avant. Et c'est mon dernier mot.
La jeune Meta soupira et alla s'asseoir à ses côtés sur le lit.
-Je vais passer sur le bûcher, Latro. Je sais bien que c'est idiot : je suis une sorcière, et je connais sur le bout des doigts le sort de Gèle-Flammes au point de pouvoir le lancer sans baguettes, les yeux fermés et les mains attachées derrière le dos, mais il y a toujours cette petite voix qui me souffle « et si tout ne se passait pas comme prévu ? ».
La chevelure blonde de « Gwendoline » retrouva pendant qu'elle parlait leur teinte brune propre à la jeune Black. Si Latro fut mis mal à l'aise par le phénomène, il ne le montra pas. Au contraire, il passa un bras réconfortant autour des frêles épaules de la jeune fille.
« Il y a des gens que j'aime, mais je n'ai jamais pris le temps de le leur dire : ma sœur Bérénice, elle m'a toujours protégée, tu sais. Notre elfe de maison Sally ; c'est elle qui m'a élevée si on peut dire. Et elle a toujours gardé fidèlement mes secrets, même si à cause de moi elle a été souvent punie. Et puis il y a Maugrey aussi, il m'a donné ma chance… Et même Figg, mon instructeur, même si c'est un acharné dans son genre et qu'il a un caractère pire que le mien, et c'est pas peu dire…
Elle renifla sans oser regarder le voleur qui resserra son étreinte.
-Je suis certain que ce Figg sera ravi de savoir que tu penses à lui dans tes dernières volontés et que tu demandes que je sois réhabilité en Angleterre. Si je me souviens bien, c'est lui qui a failli m'attraper : je lui dois un bain glacé dans la Manche…
Amelia rit doucement :
-Oui, je sais. Il était assez furieux comme ça, mais moi… j'étais contente qu'il ne t'aies pas attrapé.
-Moi aussi j'étais content qu'il ne m'ait pas attrapé ! Mais tu aurais pu me prévenir ! rétorqua gentiment le voleur.
-Mais j'avais quand même essayé de te prévenir ! Mais bien sûr, tu préférais essayer d'estimer ce qui pesait dans ma bourse plutôt que de faire attention à ma conversation…
-Je proteste, Madame ! Jamais je n'ai seulement pensé à voler une associée ! Et c'est bien ce que tu étais à l'époque, avant de devenir l'agent Skia, membre du corps auroral d'Angleterre…, fit Latro, une pointe d'amertume dans la voix. Ou plutôt devrais-je dire 'avant de redevenir' l'agent Skia, membre du corps auroral d'Angleterre…
-J'étais en mission, Latro. La bande de coquins que tu fréquentais alors avait fait de vilaines bêtises. Je t'ai utilisé, c'est vrai, mais j'en ai autant souffert que toi.
-Hey, tu n'as pas eu à sauter dans la mer pour échapper à une bande d'Aurors mangeurs de chair fraîche de jeune voleur !
-C'est vrai, j'ai juste reçu un Doloris en pleine poire à mon retour à la maison parce que mon père s'était aperçu de mon absence et que je me refusais à toute déclaration, commenta cyniquement Amelia. A choisir, je me serais bien enfui avec toi, quitte à faire la traversée de la Manche à la nage !
Ils restèrent un moment silencieux, l'une bouleversée par la révélation qu'elle venait de faire et l'autre essayant d'analyser ce que cette même déclaration révélait de la vie de la Meta. Finalement, Latro se saisit d'une plume et signa avec application le parchemin. D'un mouvement de baguette identique, ils scellèrent le tout dans une enveloppe de pure magie. Il la lui tendit ensuite avec un sourire forcé :
-Et maintenant fillette, tu as une dette envers moi. Et je sais déjà comment tu vas me la payer !
La mine réjouie du sorcier déplut soudain fortement à Gwendoline, en particulier lorsqu'il lui saisit le menton et la força à lever son visage vers le sien :
« En guise de paiement de ta dette, je te demande de rester en vie ! »
« Bonjour, bonjour !
Interdits, Latro et Gwendoline restèrent immobiles pendant quelques secondes, clignant à peine des yeux. Puis se rejetèrent vivement en arrière avant de lancer un regard noir aux deux arrivantes.
-Vous pourriez tout de même nous aider, fit Aurore, un monceau de paquets dans les bras si élevé qu'elle ne pouvait pas seulement voir où elle allait.
Aussitôt, Latro la débarrassa et fourra tous ses achats sur le lit où il était assis quelques minutes plus tôt. Aude entra à son tour, toute autant chargée que sa cousine.
-Vous êtes seules ? s'étonna Gwendoline en la voyant repousser du pied la porte pour la refermer.
-Oui, moi aussi je suis ravie de te revoir, Gwennie ! s'exclama Aude en la serrant un instant dans ses bras avant de s'écarter tout aussi vite et de farfouiller dans les paquets en continuant à babiller. La diligence que je devais prendre avec La Fouine a eu un petit accident – elle a versé dans un fossé – du coup, nous avons du nous séparer, parce que les voyageurs de notre diligence ont alors été répartis dans d'autres diligences qui partaient pour Paris ou plus loin. Donc, La Fouine n'arrivera pas avant ce soir. En ce qui me concerne, à peine avais-je mis un pied à Paris, que je croisais Aurore, qui m'a montré cette magnifique boutique où tu l'avais envoyé prendre quelques petites choses pour toi. Et je tiens à te dire que ce Phœnix Lockhart ne risque pas de tenir très longtemps dans cette ville : il est d'une naïveté ! Mais je dois dire que ses tenues sont tout simplement divines !
-Vous n'avez pas mentionné que vous veniez de ma part au moins ? s'inquiéta la Meta.
-Tu l'avais interdit à ma chère cousine, je ne vois pas pourquoi je l'aurais fait… répondit distraitement Aude en exhibant joyeusement un robe de l'un des sacs et en la collant contre elle. Regarde-moi cette merveille !
-Disons que vous êtes des voleuses et que vous auriez pu vous imaginer que j'avais certains passe-droits chez ce monsieur dont vous auriez pu profiter.
-Voyons, Gwennie ! s'écria Aurore, la mine outragée, tu nous sous-estimes ! Avec Latro, on a regardé le parchemin que je devais présenter à Lockhart : il s'agissait d'une simple liste de vêtements et de tes mensurations. Si Latro a surtout été intéressé par cette dernière partie, pour ma part j'ai été bien déçue de voir qu'il n'y avait que cela… Après tout, cet homme est anglais, tout comme toi, tu aurais pu le connaître et avoir quelque faveur auprès de lui, mais le sort en a voulu autrement ! J'ai donc du payer argent comptant toutes mes commandes… soupira-t-elle tragiquement.
-Heureusement que grâce à la petite fortune que tu nous as donné en échange de ce qui se trouvait dans la bourse de l'archevêque, on avait les moyens ! Sinon, on aurait du braquer ce bel idiot et tu n'aurais jamais eu tes commandes. Franchement, Gwennie, ça ne se fait pas de payer un artisan en même temps que tu passes commande, même si Aurore était censée tout récupérer quelques heures après…
La jeune Meta leva les yeux au ciel :
-Eh bien excusez-moi, mais j'avais cru comprendre que je pouvais vous faire confiance. Après tout, nous allons sauver des Templiers ensemble, alors je m'étais dit que peut-être vous auriez à cœur de veiller sur mes intérêts, d'autant plus que je vous ai promis une petite fortune en échange de votre aide.
Les deux cousines eurent un regard de connivence, et le même sourire complice flotta sur leurs lèvres :
-A ce sujet, commença Aude, on pourrait peut-être te torturer jusqu'à ce que tu craches le morceau et nous dises où se trouve cette petite fortune, comme tu dis… Qu'est-ce que tu en penses ?
-J'en pense que vous n'êtes pas blondes pour rien : de vraies petites pestes qui tentent de m'inquiéter par tous les moyens mais qui échouent lamentablement ! répliqua la Meta.
-Tu peux parler, Gwennie, tu es aussi… Aude s'interrompit brutalement, les yeux ronds. Tu es brune maintenant ?
Latro se figea, mais l'Auror eut un léger sourire : toutes rusées qu'elles étaient, les deux cousines étaient malgré tout facilement manipulables, Morgane soit louée !
-Mon nom n'est pas Gwennie, dit-elle en s'affairant autour des achats d'Aurore.
-Mais Gwendoline fait tellement… paysanne assorti à ta tête, grimaça Aude. Maintenant que te voilà brune, tu fait presque aristocrate, ça durcit tes traits. Tu as utilisé quelle sorte de teinture ? Le résultat est tout à fait intéressant !
-Je ne m'appelle pas non plus Gwendoline, déclara calmement la Meta en admirant l'une de ses nouvelles tuniques. Pas mal, ce contact fait vraiment dans le détails quand il s'agit de sa couverture ! C'est un couturier hors pair !
-Heureusement que tu t'appelles pas Gwendoline pour de vrai, ça te va franchement pas ! assena Aude alors que sa cousine fronçait les sourcils, cherchant à comprendre.
Latro sembla sur le point d'éclater de rire, mais un regard noir de la jeune Auror le convainquit de se retenir.
-Comment ça 'heureusement' ? Latro ??
-J'ai rien dit, c'est pas moi ! couina le voleur en voyant les yeux de Skia virer au bleu-tempête-océane-en-prévision-attention-ça-va-secouer.
-Laisse le pauvre chéri tranquille, il n'a rien dit, c'est La Fouine qui m'a mis la puce à l'oreille quand il t'a nommé Skia alors qu'il me parlait de toi, commenta Aude. Alors, tu es qui en définitive ?
-C'est une longue histoire entre elle et moi, commença aussitôt à jacasser Latro. Skia est l'amour de ma vie, mais aussi la fille cachée du Ministre de la Magie d'Angleterre. Vu son père, jamais nous n'aurions pu nous marier comme nous le désirions tant, alors, gentleman – tu me connais – j'ai décidé de partir en exil en France afin qu'elle m'oublie et trouve l'homme digne d'elle… Mais, continua-t-il en levant théâtralement les mains au ciel, le sort a voulu qu'elle trouve en elle la force de s'arracher aux griffes de son terrible géniteur et vienne me rejoindre en… Skia ma douce, tu as un tic nerveux ?
Les lèvres de la jeune Meta tremblaient en effet spasmodiquement.
-Le… Ministre de la Magie… mon… père… réussit-elle à articuler.
-OOOOh la pauvre chérie est toute retournée rien qu'à l'évocation de son terrible paternel… fit Latro en accourrant la prendre dans ses bras.
N'y tenant plus, Skia explosa de rire.
-Muldoon ? haleta-t-elle, mon père ?… » Un autre fou-rire la prit. « Oh le pauvre !!! Je ne sais pas qui je dois plaindre de cette comparaison : mon père ou Muldoon !!!
Les deux Françaises fixèrent le couple d'un œil dubitatif, tandis que Latro levait les yeux au ciel et que Skia essuyait les larmes de rires qui coulaient sur ses joues.
-C'est bien la dernière fois que je mens pour toi, Skia, marmonna-t-il.
-Excuse-moi, fit la Meta en tentant de reprendre sa respiration, mais… - elle pouffa à nouveau – c'est trop drôle ! Tu imagines la tête de Muldoon si j'allais le voir et que je lui disais « Je suis ta fille ! » ? Il passerait par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel et finirait en apothéose par une crise cardiaque ! Remarque, ça serait une bonne idée, comme ça, Figg aurait une raison en moins de me tirer l'oreille toutes les deux secondes ! Il ne sait pas le sentir !
-Quand tu dis Figg, tu ne parles tout de même pas de cet Auror anglais que Latro voue à tous les diables au moins trois fois par jour quand il est de mauvaise humeur ? questionna Aurore qui tentait de reconstituer le puzzle d'informations qu'elle venait d'avoir.
-Si, c'est cela même ! acquiesça Skia joyeusement. Il a été aussi mon instructeur. Je suis une Auror, et mon nom d'agent du corps auroral d'Angleterre est Skia. Je suis actuellement en mission commanditée par le Ministre de la Magie et le propriétaire de la banque Gringotts, un Gobelin nommé Maltheus Gringotts. Ma mission consiste à retrouver les agents gringottiens qui ont infiltré les Templiers et de les ramener sains et saufs en Angleterre, et ce pour la bonne et unique raison qu'ils ont planqué les fonds de la banque Gringotts avant de se faire emprisonner avec le reste des Templiers, afin que Fifi ne fasse pas main basse dessus.
-Fifi ? demanda Latro.
-Le roi Philippe le Bel, répondit Skia comme si cela allait de soi. Oh et pendant que je suis dans les confidences, je dois vous dire que je suis aussi une Metamorphmagus, ce qui explique mon changement de 'teinture'. Bien sûr, Latro savait que j'étais une Auror vu que j'ai infiltré sa bande alors qu'il sévissait en Angleterre et qu'il a du quitter le pays à cause de moi. Des questions ?
Pendant que Latro secouait vigoureusement la tête en signe de dénégation, les deux cousines quant à elles gardèrent un silence stupéfait.
-Bon, pendant que vous vous remettez du choc, je vais essayer toutes ces jolies choses, décida l'Auror. Latro, si je te prends à essayer de regarder derrière ce paravent, j'étrenne mes Serpoignards sur tes augustes fesses, pigé ?
Ce ne fut que cinq minutes plus tard que les hurlements commencèrent.
-Tu as osé nous dénoncer à une Auror ?!!!
-Tu m'as menti pour une fausse blonde ?!!!
-Euh… Du calme les filles, Skia n'en a pas après vous, fit Latro d'une petite voix. Et puis, Aurore, à l'époque où je vous l'ai présentée, elle était vraiment blonde !
-Laisse-les hurler, Latro, faut que ça sorte. En attendant que l'orage passe, tu peux m'aider à nouer ce truc ?
Skia sortit posément de derrière le paravent, se débattant avec son col.
-Hum, Skia, tu peux me dire pourquoi tu t'es habillée en curé ? interrogea Latro.
-Et tu peux me dire comment tu fais pour devenir un curé aussi sexy ? demanda Aurore sur le même ton, les yeux ronds comme des billes.
Aude soupira :
-Tu baves ! dit-elle à sa cousine. Viens là, Skia, j'ai la main pour ce genre de chose !
-Je ne veux même pas savoir comment ça se fait ! lança Latro en se tournant d'un air résolument bourru vers la fenêtre. Aurore, tu pourrais éviter de baver sur une fille ? C'est franchement frustrant pour moi !
-Voyons Latro, c'est pas sa faute si je suis plus joli garçon que toi ! le taquina l'Auror. Aurore, puisque tu t'y connais en homme, j'ai besoin d'un conseil : les yeux, je les garde bleu ou ils sont mieux en bruns ?
-Tu as déjà les cheveux châtains presque bruns, jaugea la blonde, mais en même temps, en bleu ça le fait pas… Essaie en vert ?
-Vert ? Bonne idée ! s'enthousiasma la Meta.
-Voilà pour le col, mademoiselle ! fit Aude en se reculant. Mais je suis dans l'obligation de te dire qu'aucun curé ne sera jamais aussi beau, change-moi un peu tout ça si tu veux être crédible.
Docile, Skia s'exécuta, creusant ses joues, faisant apparaître des rides autour de ses yeux et blanchissant quelques uns de ses cheveux.
-Aude, tu n'es pas drôle ! bouda Aurore.
-Mais voyons, elle éveillera moins les soupçons si elle prend cette apparence plus âgée. Je dirais même qu'il lui faudrait des traits un tantinet plus sévères, histoire d'impressionner les gardes, expliqua sa blonde cousine. Parfait ! Et maintenant, on peut savoir le pourquoi de ces révélations ?
-C'est simple, exposa l'Auror, j'ai déjà failli perdre un ami en l'embarquant dans une sombre sans lui dire qui j'étais. Il n'est pas question que cela se reproduise.
-Est-ce que c'est un moyen détourné de me dire combien tu es désolée pour le bain glacé dans la Manche ? demanda Latro.
-J'expose un fait, mon cher Latro, tu en fais ce que tu veux. Ce qui compte maintenant, c'est que je sache si vous êtes toujours de la partie ?
-En ce qui me concerne, j'en suis toujours ! assura le jeune sorcier.
Skia lui lança un regard blasé :
-J'en suis ravie, mais ce n'était pas à toi que je posais la question, jeune homme. Tu savais tout cela depuis longtemps. Aude ? Aurore ? Quelle est votre décision ? Parce que sans vouloir vous presser, l'exécution est pour dans une heure, il faudrait faire l'échange avant le passage sur le bûcher. »
Les deux cousines s'observèrent nerveusement. Si elles étaient prises, elles seraient exécutées pour collaboration avec un espion, vues les relations tendues entre la France et l'Angleterre aussi bien dans le monde sorcier que dans le monde moldu.
« Je lui fais confiance, les filles, intervint doucement Latro.
-Vraiment ? Pourquoi ça ne me rassure pas ? ironisa Aurore. Oh oui, je sais ! Parce qu'elle t'as déjà trahi une première fois ! Parce qu'elle joue sur tous les tableaux avec toi et La Fouine ! Parce qu…
-Aurore, ce n'est pas le moment de nous faire une crise de jalousie aiguë, coupa Aude. Tu ne crois pas que c'est risqué pour elle de tout nous avouer ? » Elle soupira. « Je te suis, Skia. Et de toute façon, tu ne nous as pas menti sur une chose : il y a vraiment une fortune au bout de cette aventure. On t'aidera à récupérer les agents gringottiens ; on leur fera cracher le morceau, et on se partagera le magot, de sorte que si par la suite tu nous vends aux autorités en tant que voleuses, on s'arrangera pour que tu sois accusée de recel avec nous, c'est bien compris ? Ce n'est pas de la confiance, c'est un accord d'intérêt commun. On est d'accord ?
-Je peux vous laisser les parts de la famille Black et de la famille Malfoy dans tout ce qu'on doit récupérer, mais rien d'autre. ET ce n'est pas négociable, répondit Skia.
-Et pourquoi les familles Black et Malfoy en particulier ? interrogea aussi sec Aurore.
Une lueur inquiète passa dans le regard de Latro, mais Skia ne broncha pas.
-Disons que j'ai certains droits. Je ne m'attendais pas à m'associer avec quelqu'un et pouvoir repartir avec la totalité de l'argent. Et comme ces deux familles commencent sérieusement à prendre trop de pouvoir en Angleterre, c'est faire d'une pierre deux coups.
En espérant que je réussisse cette mission et que je n'échoue pas entre les griffes de Père, sinon ç'en sera fini de mes rêves de vie libre ou de vie tout court…Et je suis sûre que Maugrey et Figg diront que j'ai bien fait. Muldoon se contentera alors de remercier publiquement Père et Oncle Lacertus, de sorte qu'ils ne pourront pas opérer de représailles sans être immédiatement soupçonné. Je suis trop géniale ! Note pour plus tard : emmener Bérénice avec moi une fois déclarée majeure prématurée ; il n'est pas question qu'elle reste dans cette maison de fou, surtout si elle tombe en ruines. Et je m'arrangerai pour libérer les elfes de maison, ça fera des pieds à Père et Mère ! Nyark, je suis machiavélique ! Finalement, le Grand Sachem avait raison, je tiens bien quelque chose des Blacks, songea l'Auror.
-Et cette part représente combien ? s'enquit Aude.
-Le quinzième de l'ensemble, plus ou moins. Comme je vous l'ai dit, c'est à prendre ou à laisser. Si vous pensez me duper par la suite, je vous conseille d'y réfléchir à deux fois : le kriss que vous avez déjà eu l'occasion de voir à ma ceinture ne me quitte pas, et m'a été offert par un Maître de Lame pour me récompenser de ma maîtrise de cette arme. Après tout, comme vous me l'avez dit, il s'agit d'un accord d'intérêts communs et non de confiance.
Soudain, dans le silence qui suivit la déclaration de Skia, la porte s'ouvrit en grand. Aussitôt, les quatre sorciers pointèrent leurs baguettes sur l'intrus.
-J'ai raté quelque chose peut-être ? fit La Fouine.
§
Une heure plus tard, en pleine place de Grève avait lieu l'exécution tant attendue par le bon peuple parisien. Très tôt, les plus futés des sujets avaient pris soin de s'installer bien en face du bûcher qui commençait à être monté, de manière à ne pas perdre une miette du spectacle. Depuis, la foule n'avait cessé de grossir : il s'agissait tout de même de la première flambée de Templiers que la ville connaissait ! Les suivantes seraient peut-être négligeables, mais celle-ci était assurément à ne pas manquer.
D'un pas solennel, Skia monta lentement sur le bûcher, bréviaire en main, baguette soigneusement cachée dans sa manche de manière à pouvoir la prendre en main d'un geste simple et vif, et la mine sombre à souhait. Silencieusement, elle adressa une prière fervente à Morgane, lui conseillant de sauver ses fesses si jamais les choses tournaient mal, sous peine de perdre une fervente admiratrice ; puis elle s'approcha du premier des cinq condamnés.
« Pardonnez-moi, mon père, car j'ai péché… Mais je suis innocent ! Jamais je n'ai adoré le démon !
Bon, apparemment, il ne faisait pas partie du lot de sorciers gringottiens. Mais ça ne coûtait rien d'essayer !
-Pour plus de facilité dans le monde moldu ? fit Skia, haussant un sourcil.
Le Templier la regarda avec des yeux ronds, fronçant les sourcils.
-Je vous demande pardon mon père ?
Définitivement pas l'un de nos candidats… Pourtant, il y a trois agents de Gringotts parmi ces gaillard d'après la liste volée par Aude et Aurore.
-J'ai dit 'je vous pardonne vos péchés, au nom du fils, du père et du sain d'esprit' ! répliqua Skia en affichant une mine mi-bienveillante, mi-inquiète. Cela sembla calmer le bonhomme, bien qu'il restât franchement anxieux.
On le serait à moins ! Quand je pense qu'on a prévu de libérer seulement les sorciers et de laisser les moldus… Je ne pourrai jamais les laisser…Serrant les dents, elle passa au suivant.
-Pour plus de facilité dans le monde moldu ? chuchota-t-elle à nouveau.
Les yeux du condamné semblèrent s'illuminer.
-…. pensez à la banque Gringotts du coin de la rue ! murmura-t-il avec empressement. Vous ne pouvez pas savoir combien je suis content de vous voir ! Les deux suivants sont également des sorciers. Qu'avez-vous prévu pour nous sortir de là ?
-Contentez-vous de m'effacer ce sourire de votre bobine ! On le repèrerait à dix lieues ! Quand vous sentirez vos cordes tomber au sol, vous me suivez, moi et personne d'autre ! souffla la Meta.
Remarquant la mine stupéfaite du premier homme qu'elle avait 'confessé' et qui apparemment avait suivi leurs chuchotements, Skia s'empressa lui lancer un sort de silence en faisant mine de rattraper son bréviaire alors qu'il lui glissait des mains. Elle avança ensuite vers les trois hommes suivants.
Et zut pour le plan, je ne peux pas laisser des innocents périr.
-Je suis envoyé par la banque sorcière Gringotts, expliqua-t-elle rapidement, pour vous sauver. Nous savons que vous n'êtes pas coupable. Quand vos liens se desserreront, vous me suivez, quoi qu'il arrive ! Même et surtout vous si vous tenez à la vie, insista-t-elle à l'adresse du dernier condamné, qui hocha la tête avec empressement : au point où il en était, il aurait suivi Satan lui-même jusqu'en enfer si cela pouvais lui éviter le bûcher.
« Bien, allez en paix, mes fils ! »
Sur ces mots, Skia lança discrètement au petit bois prêt à être enflammé un sort de Gèle-Flammes et passa devant le bourreau. Celui-ci la retint par le bras :
« Vous en bénissez plusieurs à la fois maintenant ?
-Thérapie de groupe ! affirma le « curé » avant de se dégager d'un mouvement sec et, toisant le bourreau d'un air hautain que n'aurait pas renié Lord Black, elle s'apprêta à s'éloigner du lieu de l'exécution, mais un hurlement retentit dans la foule :
« Le curé est des leurs ! Jamais un homme de Dieu n'aurait donné l'absolution à des adorateurs du Diable ! Qu'on le brûle !
Figée, Skia chercha du regard son accusateur. Ou plutôt son accusatrice. Aurore.
Autour d'elle, la foule commença à s'agiter : allait-on faire rôtir un pseudo prêtre en plus de ces mécréants de Templiers ? Mais c'était jour de bonté du Seigneur !
Des gardes apparurent comme par miracle autour de Skia et la saisirent. Au même moment, elle distingua un mouvement sur la droite : Aude arrivait avec le curé qui était censé recueillir les dernières paroles des condamnés et qu'ils avaient assommé tantôt afin que la Meta prennent sa place.
Le chef des gardes échangea rapidement quelques mots avec le pauvre prêtre qui semblait encore à moitié dans les vapes, et eut un regard mauvais en direction de son « remplaçant ». A son ordre, les soldats qui retenaient Skia la firent remonter sur la plate-forme et l'attachèrent solidement aux côtés des Templiers.
Une fois qu'ils furent descendus, le feu fut mis sous les pieds des malheureux, tandis que la foule voyait les flammes se propager avec des cris de joie. Prise d'une sueur froide, l'Auror enjoignit à ses compagnons de bûcher de garder leur calme mais de ne pas oublier de faire semblant de sentir la chaleur, tandis qu'elle tentait désespérément d'appeler dans sa main sa baguette coincée dans sa manche par les cordes qui enserraient ses bras.
Quand les flammes glacées commencèrent à lui « lécher » les chevilles, elle se remémora soudain que si elle ne pouvait appeler sa baguette à venir dans sa main à l'aide de la magie sans baguette, cette même magie sans baguette – qu'elle maîtrisait somme toute assez bien, grâce en soit rendue à Figg qui l'avait littéralement harcelée pour qu'elle se perfectionne dans cet art – pouvait très bien desserrer les cordes.
Aussitôt, elle donna le signal convenu à Latro, priant pour que le jeune sorcier la regardât en ce moment. Lorsque les sorts fumigènes fusèrent, elles désartibula rapidement les cordes, priant pour que les poteaux auxquels ils étaient tous les six attachés ne disparaissent pas ou ne se fendent pas par la même occasion. Sitôt libre, elle prit le premier prisonnier qu'elle avait confessé par le bras et le traîna avec elle, les quatre autres s'empressant à leur suite. Dans la cohue et la fumée, nul ne s'aperçut de leur fuite, ni ne vit Aurore et Aude disparaître prestement.
Promptement, Skia emmena ses protégés derrière une arcade où les attendait La Fouine, engoncé dans une large cape et le visage recouvert d'une capuche afin de se protéger les yeux, le nez et la bouche de la fumée qui prenait à la gorge. Sans un mot, il leur passa à tous d'énormes cape qu'ils enfilèrent sans poser de question et dont ils rabattirent les capuchons sur leurs visages. Puis, prenant la main de Skia, il s'élança dans les ruelles où le plus grand désordre régnait toujours : on venait de découvrir l'évasion des Templiers et du faux prêtre.
Le jeune homme blond les emmena de ruelles en ruelles pour finalement arriver à une petite église. S'engouffrant dedans au pas de course, il s'assura en jetant un coup d'œil derrière lui que tous avaient suivi sans qu'on les ai remarqué. Précaution inutile d'ailleurs car la foule était trop occupée à fuir le feu présumé à l'origine de toute la fumée qui avait envahie les rues.
« La Fouine ! Tu crois franchement que nous planquer dans une église est indiqué ? s'écria Skia, hors d'elle et hors d'haleine. Tu devais nous emmener à…
-Je sais ce que je fais, petite demoiselle ! l'interrompit-il brutalement. Mets un bandeau sur les yeux de tes potes. Même les sorciers ! Et ne pose pas de question, on a pas le temps pour ça !
-Et je les sors d'où, les bandeaux ?
-Pour l'amour de Circé, tu es une sorcière oui ou non ?! cingla le blond en lui lançant des cierges au vol.
Se sentant stupide, elle les rattrapa agilement et les métamorphosa en bandeaux. Une fois les cinq Templiers dûment aveuglés, La Fouine saisit sa baguette et, d'un mouvement de poignet, fit jaillir du sol une des énormes dalles de pierres, démasquant ainsi deux cercueils de bois vermoulus nichés dans une excavation creusée sous la dalle.
-Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Quand j'ai dit de trouver un endroit où faire le mort après notre évasion, je ne pensais pas forcément à un truc dans le genre d'un caveau, fit Skia.
-Laisse faire l'expert », se contenta de répondre le jeune sorcier. Il leva à nouveau sa baguette et le fond du caveau pivota doucement vers le bas, révélant une issue qui s'enfonçait dans la terre. « Si mademoiselle veut bien se donner la peine, fit-il en esquissant une courbette.
La Meta leva les yeux au ciel puis aida leurs protégés à descendre.
« Où est-ce qu'on va ? geignit l'un des moldu, pas rassuré pour deux mornilles.
-On va faire le mort, répondit d'une voix sépulcrale La Fouine qui était derrière lui à son oreille.
-Si tu veux mon avis, et même si tu ne le veux pas d'ailleurs, tu as passé beaucoup trop de temps avec mon voleur de vieil ami, commenta l'Auror.
Ils continuèrent à progresser dans l'étroit boyau encore un moment avant d'arriver à une galerie beaucoup plus grande, beaucoup plus humide et beaucoup plus…
« Hyaaaargh ! Mais c'est quoi ça ???!!! hurla Skia alors qu'une main squelettique saisissait la robe de curé.
-Allons Skia, une grande fille comme toi, se moqua Latro, un squelette dans les bras dont l'une des mains osseuses était venue se balader dans le cou de la Meta. Ne me dis pas qu'Oscar ne te plait pas…
-Mais d'où tu sors, toi ? répliqua la sorcière en rejetant loin d'elle la main d'une squelette d'une tape sèche.
-D'une autre galerie, bien sûr ! répondit Aurore cachée dans l'ombre de Latro.
-Oh toi, je te retiens ! s'exclama Skia. Si je n'avais pas su que tu suivais notre plan tout à l'heure, j'aurais bien cru que tu rêvais de me voir griller !
-Mais c'est le cas, Gwennie ! Toute notre mise en scène m'a permis de réaliser mon fantasme, c'est tout !
-Aurore, arrête un peu de faire le clown, intervint Aude. Ce n'est pas comme ça que tu réussiras à la prendre par surprise dans un coin sombre un de ces jours.
-Moi non, mais Cissa saura sans aucun doute, elle ! répondit la blonde en brandissant son poignet gauche autour duquel son petit reptile s'était enroulé.
Bon, puisque tout le monde est là, on va pouvoir avancer ! décida La Fouine. Latro, tu lâches ton squelette, Aurore, tu cesses d'exciter ce serpent, et Aude, tu passes en tête puisque tu as une torche, ça économisera nos baguettes. Si les dents de nos amis Templiers pouvaient cesser de claquer, ça nous arrangerait aussi ! En avant, marche !
-Eh bien mon cousin ! s'étonna Aude. Quel fermeté ! Est-ce parce que tu cherches à impressionner une certaine demoiselle ?
-Je ne vois absolument pas de quoi tu parles ! répliqua La Fouine en pressant le pas. Et maintenant, silence ! Les veilleurs sont sensés abattre les intrus, et je ne tiens pas à me faire canarder.
La petite troupe avança en silence parmi squelettes et rats d'égout, le bruit de leurs pas feutrés couverts seulement par les sifflements enchantés de Cissa, laissée en liberté par sa maîtresse, qui se régalait de la vermine.
Au bout d'un petit moment, Aude annonça qu'elle voyait de la lumière au bout du tunnel.
-Ne va pas vers la lumière, pas vers la lumière !!!! fit Latro d'une mine faussement terrifiée.
-Très amusant, vraiment très amusant, soupira Aude d'un air affligé. Mes amis, annonça-t-elle d'une voix plus forte en atteignant l'endroit d'où venait la lumière, bienvenu à la Cour des Miracles !
A suivre…
§
RaR :
Oyez ! Oyez ! Tout d'abord un Joyeux Noël (en retard, mais bon !) et une Bonne Année (à l'avance, histoire de pas la souhaiter en retard comme le Joyeux Noël !) à tous !
Ensuite, je présente mes humbles excuses : ce chapitre a mis 2 mois à arriver… Désolée, mais y a une multitude de partiels qui avaient pris rdv avec moi et je ne pouvais pas me décommander… Et je ne peux même pas me consoler en me disant que maintenant y en a plus, puisque j'en ai encore environ une dizaine du 6 au 12 janvier. Tout ce que je peux promettre, c'est de mettre le prochain chapitre en ligne entre le 12 et le 28 janvier maximum !
Petite note :Dans ce chapitre, tous les persos ne sont pas présents, mais il fait tout de même 14 pages au lieu des 10 habituelles, alors vous préférez des chapitres longs où il n'y a pas tout le monde ou des chapitres beaucoup plus longs mais qui arriveront plus tard avec tous les persos ?
Mélisandre : Lord te plaît ? Super, il est mon chouchou dans cette fic ! Je me suis aperçue par contre que Latro faisait plus clown, alors j'ai tenté de le remettre dans le droit chemin, mais il a la tête dure, lol ! J'espère que cette suite t'a plu ! A plus !
Pandore : Ahhhh l'effet belle-mère… Il est tellement efficace mdr ! Vala la suite, et n'oublions pas notre cri de ralliement pour la fin : CHAUSSETTEUH !
Tabasco : merci de tous ces compliments , vais rougir, mais n'arrête surtout pas lol ! Moi aussi je me suis demandée pourquoi elle était passée 47 fois sur le bûcher… Et ça a donné cette fic !
Chimgrid : Oui, j'avoue que dans les deux premiers chap, je plantais le prologue en long, en large et en travers ! Enfin, tu sais ce qui s'est passé pour le premier passage sur le gril… euh je veux dire le bûcher, alors ? Qu'est-ce que tu en dis ?
Pretresse schtroumphique : Kikoo ! Comme tu l'as dit, ma fic fait un peu outsider dans les fics HP, c'est parce que j'en ai eu assez de retrouver toujours les même persos et les mêmes situations dans toutes les fics que je lisais. Apparemment, j'ai réussi à faire quelque chose d'origine, contente moi !!!
§
La dentelle va-t-elle mieux à Figg que la soie ? Que va faire Lord à Skia ? Cissa aura-t-elle une indigestion ? Vous le saurez dans le prochain chapitre !
