La vie continue

Il ne se rappelait que trop bien les circonstances de sa mort. Quel idiot il était! Elle avait eu bien raison. Tout avait été de sa faute. Il aurait dû y penser. L'imbécile! Il ne l'avait pas fait. Il n'avait pensé à rien. Il avait beau se traiter de tous les noms, il n'y avait rien à faire. Elle ne reviendrait jamais. Seulement qu'en pensant ces quatre petits mots, il avait senti leur poids, plus lourds que le béton, tomber au milieu de son ventre. Il dût s'agripper à deux mains sur la balustrade pour éviter de tomber lui aussi, tant ces lourdes paroles le déstabilisaient.

Harry n'avait pas réfléchi aux gestes qu'il commettait. Pas plus maintenant qu'auparavant. C'est pourquoi il était là.

Il l'avait aimée, certes, mais de son côté, il n'y avait jamais eu de passion, seulement qu'un fort attachement. Lorsque cette lueur s'était éteinte, il était aller chercher son réconfort dans les bras d'une autre. Il l'avait trouvé. Pour un temps. Lorsque disparaîtrait cet intérêt, il irait assouvir sa soif de plaisir dans les bras d'une autre. Puis d'une autre, encore. Il jonglait avec les femmes, il le savait, bien qu'il n'eût jamais osé formuler cette pensée clairement.

C'était vrai, pourtant. Il avait trompé une autre fille lorsqu'il avait commencé à sortir avec Cho. Puis, c'était Cho qu'il avait trompée. Avec il ne savait trop combien d'autres filles. Avant, il avait aimé Hermione, d'un désir éphémère, comme toutes les autres. Il pouvait bien leur raconter toutes les fadaises qu'il voulait, il les avait toutes à ses pieds.

Maintenant, il se détestait pour cette raison. Il se rappelait la lettre de Cho dans ses moindres détails. S'il n'avait pas dit ces imbécillités à Hermione, peut-être Cho serait-elle encore vivante, peut-être même auraient-ils tous pu continuer à vivre leur mensonge.

Après le suicide de Cho, Hermione, qui ne savait rien de leur liaison, n'avait pu continuer ainsi, à vivre dans les faussetés d'Harry. Elle aussi s'était suicidée. Harry savait très bien qu'il aurait pu, n'importe quand, rejoindre son autre maîtresse, sans que jamais sa vie n'en soit changée. Cependant, il n'avait plus voulu. Il avait causé la mort, le suicide de deux de ses amantes, il se doutait bien qu'il venait d'être pris à son petit jeu.

Son petit jeu de dominos. Les pièces étaient déjà toutes alignées, il avait déjà donné la poussée. Une à une, les pièces tombaient, en faisaient tomber d'autres, et une à une elles tomberaient, jusqu'à ce que tombe la dernière. Et Harry était cette pièce, la pièce maîtresse du jeu. Il n'avait absolument pas l'intention d'attendre que la pièce devant lui, le dernier mensonge avant le gouffre, le précipite dans l'abîme.

Il n'avait pas besoin qu'un mensonge l'engloutisse. Il pouvait y mettre fin lui-même. Il avait créé le mensonge qui le menait à sa perte. Ne restait plus qu'à quitter le navire avant qu'il ne s'enfonce davantage. On dit que les rats quittent le navire lorsqu'ils sentent qu'il va couler. Harry était peut-être un rat.

Un rire sans joie ne parvint pas à franchir sa gorge, y restait coincé comme un boulet de canon.

Sa perception tactile le retrouva, il sentait ses membres, il sentait la balustrade à laquelle il s'agrippait. Il sentait sa poigne, ses jointures blanches à force de serrer le garde-fou.

La tour d'astronomie offrait une vue imprenable, le soir, sur le ciel, et le jour, sur les parcs. À cette heure où d'un instant à l'autre allait poindre l'aube, on ne pouvait rien voir du sol. Dans le firmament étoilé, le grand chasseur Orion le fixait d'un œil brillant.

Mais Harry n'avait cure de l'étoffe céleste, ni de rien d'autre, d'ailleurs. De son pas leste, il enjamba la barrière, bandant ses triceps par-derrière, de façon à ce qu'il soit face au vide angoissant, mais qu'il puisse se retenir avec le garde-fou. Angoissant, le vide l'était peut-être, mais libérateur, aussi.

C'est avec l'ultime et douce pensée que tout était fini qu'Harry Potter se laissa tomber dans le vide accueillant. Une légère brise s'emporta dans ses robes, devenant bourrasque sifflante, faisant glisser dans l'air humide le corps de celui que l'on qualifiait à tort de sauveur.

.NIF

Puisque je ne commettrai pas la stupidité de continuer une histoire minable qui s'achève dans la mort des trois seuls personnages impliqués, et ainsi les ressusciter, ce qui ne dénoterait aucun respect ni pour la cohérence textuelle, ni pour moi-même, vous devriez logiquement conclure que c'est la fin de ce petit mélodrame, de cet épisode psychotique de mon cerveau (qui maintenant crie grâce!), et qu'il n'y en aura plus d'autres. Par "autres", j'entends des suites de cette histoire débile sans queue ni tête, et d'autres mélodrames.

Voici venu le touchant moment de mon discours sur ma cote de popularité (ou publicité et marketing). Le mélodrame et la romance sont des genres que j'honnis dans le monde étrange qu'est la fan fiction. Malheureusement, c'est aussi la preuve que je suis contraire à toute forme de majorité dans cette société, puisque c'est le genre le plus populaire. Je vous pose donc mon dilemme: dois-je renier au bon goût, à mes principes, mon talent (certains, d'ici, je le vois, préparent leurs projectiles: tomates, œufs, etc) et ma santé mentale dans le non moins honorable but d'avoir des reviews, ou dois-je persister (et signer), quitte à ce que jamais l'on ne retrouve, sous des tonnes de poussière, mon œuvre entière (bon, c'est plutôt discutable, je l'admets, mon œuvre…)? Si quelqu'un a une solution qui se tient debout (seule, il va sans dire) un tant soit peu, qu'il me la donne, et gentiment je ne lui donnerai rien.

Si vous ne saviez pas encore que tout ceci n'était pas important à l'histoire que vous venez de lire, sachez-le maintenant. La stupidité court, très vite, même. De plus, elle est malheureusement contagieuse.

Bloody yours,

-Ajariel the Bloody- (Fuck you all, I killed Santa Claus)