Auteur : Yami Flo
Genre : Angst, Drama, Violence, Gore, Suspence (dans un certain sens), souvenirs de guerre.
Disclaimer : Les personnages de cette histoire sont la propriété de Masashi Kishimoto. Yanagi Ikuko, Yôtaro, Yamato, Miho etHyuga Kojiro sont de ma création.
Chapitre 2 : Le Massacre De Kaho
C'était une petite maison comme une autre. Elle n'était pas construite dans un style particulièrement traditionnel, comme l'étaient les demeures des grands clans de Konoha, mais elle reflétait plutôt un foyer chaleureux où règnent les rires et la bonne humeur. Qui aurait pensé, en la voyant, qu'elle abritait la demeure de l'un des membres les plus prisés du service de Torture et Interrogation de la Feuille ?
Elle se tenait devant, incertaine de devoir déjà rentrer et perdue dans ses pensées. Près d'une journée s'était écoulée depuis son retour à Konoha, mais entre la rédaction du rapport, la visite à l'hôpital et quelques dossiers à classés au QG, elle n'avait guère eut le temps de rentrer chez elle.
Ikuko avait quitté la tenue d'ANBU, sans aucuns regrets, pour un kimono aux teintes pastelles. Elle soupira pour la forme. Elle n'appréciait pas particulièrement les missions ANBU mais ce n'était pas comme si elle avait le choix. En temps de guerre, chaque ninja devait être mis à profit. Et si les interrogatoires devaient être menés sur le terrain, et bien…
Ce n'était pas qu'elle détestait partir en mission, non. Après tout, les deux coéquipiers qui lui avaient été adjoints pour l'instant lui étaient sympathiques et le trio marchait bien. En fait, elle était pleinement satisfaite de garder un œil sur Morino Ibiki. Le gosse lui avait été confié, après tout. Mais elle avait ses réticences. Et si elle ne revenait pas ? Que deviendraient son mari et son fils sans elle ? Elle secoua la tête, laissa ses longues mèches brunes retomber sur ses joues.
Yamato était chuunin, largement capable de se défendre. Et Yôtaro était aspirant, il était débrouillard et n'était nullement concerné par le conflit…Pour l'instant. Mais viendrait un jour où elle le verrait partir à son tour au combat, en mission,…Comme elle. Comme son père.
Secouant la tête pour clarifier ses pensées, Ikuko poussa finalement la porte de la maisonnette, non sans avoir au passage, évité le piège destiné aux intrus. On ne pouvait jamais être trop prudent, après tout, et c'était un système d'alarme comme un autre.
-Je suis rentrée, indiqua tranquillement Ikuko en ôtant ses sandales dans l'entrée.
Une porte claqua, et des pas précipités se firent entendre. Un petit garçon brun lui sauta dans les bras. Rieuse, Ikuko l'attrapa par la taille et le serra contre lui. Yanagi Yôtaro avait dix ans, presque onze, mais, parfois, il paraissait bien plus jeune aux yeux de sa mère.
-Bonsoir Maman !
-Bonsoir, Yôtaro-kun, sourit-elle doucement. Ton père est-il là ?
C'était la question qui la taraudait le plus. Yamato était-il rentré ? Il n'avait pas voulu lui dire où il partait avec le reste de son équipe, et l'Hokage n'avait pas non plus laissé filtrer un seul mot à ce sujet. Et il suffisait d'un rien pour que l'inquiétude se mette à la ronger.
Mais une voix familière balaya toutes ses craintes.
-Ici, ma chérie.
Yanagi Yamato sourit paisiblement à sa femme, arrivant à pas lents pour la saluer. Ikuko fronça les sourcils en voyant le bras en écharpe de son époux. Elle reposa Yôtaro au sol, et marcha droit sur le blessé, l'air inquiète.
-Que t'est-il arrivé, s'enquit-elle en observant le bandage ?
-Rien de grave, s'empressa de la rassurer Yamato. Je n'ais pas fait suffisamment attention, et j'ai pris un shuriken dans le bras.
-Et tu appelles ça rien ! Yamato…
-Iku-chan, ne fais pas une scène devant le petit, fit paisiblement Yamato, pas plus inquiet que cela devant la mine renfrognée de sa conjointe.
Le regard des deux adultes convergea immédiatement sur leur fils qui, un sourcil levé en signe d'étonnement, les regardait en se grattant la nuque.
-Je crois que je vais sortir jouer avec les copains, dit-il lentement. Histoire que vous régliez vos problèmes.
-Ce n'est pas nécessaire, Yôtaro-kun, fit son père. Il n'y a aucun problème entre nous.
-Mouais, c'est ça, et moi, je suis le Yondaime ! Si vous devez vous hurlez dessus, attendez que je sois dehors, hein, marmonna le gosse en attrapant ses chaussures.
-Yôtaro, s'offusqua Ikuko !
Le gamin se mit à rire.
-Tu sais que je t'aime, M'man. Surtout, ne vous entretuez pas pendant mon absence.
Il enfila ses chaussures à la hâte et se précipita dehors, pressentant des problèmes pour sa petite personne s'il s'attardait trop longtemps.
-Et pas le droit aux jutsu dans la maison, cria Yôtaro en passant la porte !
Il y eut une minute de silence. Puis deux. Un ange passa, tandis que les deux adultes se dévisageaient sans mot dire. Finalement, Yamato secoua la tête et brisa le silence pesant qui s'était instauré.
-Ton fils est un sale gosse, annonça tranquillement Yamato en prenant le chemin de la cuisine.
-C'est drôle, trancha Ikuko, amusée malgré son air agressif, chaque fois qu'il fait une chose remarquable, c'est notre fils, mais qu'il fasse une remarque sur notre vie de couple ou une bêtise, et c'est seulement le mien. N'est-ce pas étonnant ?
-Vraiment ? Je n'avais pas remarqué, gloussa Yamato. En tout cas, il est intelligent. Il sait éviter les ennuis.
-Ici, peut-être, mais pas à l'académie.
-Ah, ça.
Yamato prit place à table. Sans rien dire, et comme elle en avait l'habitude lorsque son mari et elle évoquaient des sujets importants, que ce soit leur journée, leurs dernières missions, leurs soucis, Ikuko prépara une tasse de thé pour Yamato. Elle n'en buvait, pour sa part, que très rarement.
Au bout d'un moment, elle posa la tasse de porcelaine emplie du liquide encore brûlant devant son époux. Celui-ci l'accepta avec reconnaissance et respira à plein poumon l'arôme délicat du mélange.
Ikuko se contenta de le regarder faire pendant quelques secondes, avant de finalement prendre la parole.
-Alors ?
Pour Ikuko, cette simple annonce voulait tout dire. Alors qu'est-ce qui ne va pas ? Alors, comment t'es-tu blessé ? Alors, qu'as-tu fais ces derniers jours ? Alors, qu'as-tu à me dire ? Elle n'avait pas besoin de longues sentences pour demander à son époux ce qu'elle voulait.
D'abord, Yamato ne dit rien. Il se contenta de boire une nouvelle gorgée de thé, fermant les yeux, comme si le simple geste pouvait suffire à mieux le savourer.
-Ce goût est unique. Tu as ajouté de nouvelles herbes ? J'espère ne pas me retrouver malade au milieu de la nuit…
-Yamato, cesse de faire l'idiot ! Je ne drogue que mes victimes, pas la famille et tu le sais !
Yamato se contenta de hausser un sourcil et de reposer la tasse sur la table. Il avait aux lèvres un petit sourire qui avait le don d'exaspérer son épouse, surtout dans les circonstances présentes.
-Eh bien, eh bien, quel tempérament, ma chère. Tu es vraiment sur les nerfs, ce soir. Peut-être devrais-tu boire quelque chose ? Attends, je vais te servir une tasse…
-Yamato, gronda-t-elle, menaçante…
-Tu as passé une dure journée, constata-t-il, ou plutôt, une dure soirée.
Ikuko soupira. Dans le fond, voulait-elle vraiment savoir ce qu'avait fait son époux pendant les…six derniers jours ? Six jours en mission…Néanmoins, elle pressentit qu'il ne dirait rien avant un moment.
-Mission ANBU, murmura-t-elle, interrogation d'un traître. Une grande pointure du pays, et ça n'a pas été simple.
-Tu as tué quelqu'un, demanda Yamato, finissant de boire son thé avec calme.
-Oui. Deux hommes qui voulaient nous prendre à revers. Mercenaires. Ils n'avaient aucune chance de nous vaincre et je savais que je devais les éliminer pour qu'ils ne donnent pas l'alarme. Mais cela m'a mise mal à l'aise…
-Tu es trop sensible, soupira Yamato. Il faut tuer pour survivre dans le monde où nous évoluons, tu le sais.
-Certes. Mais pourtant…
Il y eut une pause. Ikuko repensait aux dernières 48 heures comme s'il s'agissait de son premier meurtre, ce qui était pourtant loin d'être le cas, pendant que Yamato se plongeait dans ses propres pensées. Il jeta un regard en coin à Ikuko. La jeune femme brune avait l'air un peu…non, elle n'était pas perdue, mais elle était définitivement mélancolique. La guerre commençait à peser sur tous les esprits.
-Le village de Kaho, finit-il par dire.
Yanagi le regarda fixement. Est-ce que par hasard, Yamato laissait tomber ses réticences à la mettre au courant ? Si vite ? Ce n'était pas franchement un bon signe. Cela voulait dire que quelque chose s'était mal passé, ou pire.
-Quoi ?
-Le village de Kaho. C'est là où ils nous ont envoyés.
-Depuis quelque temps, nous étions sans nouvelles d'un avant-poste placé à Kaho, un village reculé près de la frontière Nord. Hokage-sama s'en est inquiété et il a décidé d'envoyer une équipe là-bas pour se rendre compte de la situation. Nous étions sept à nous y rendre.
Yamato se tut. Ikuko, comprenant que les choses étaient graves, farfouilla dans un placard, jusqu'à trouver une bouteille de saké. Silencieusement, elle en versa une coupe à son mari qui, les yeux mi-clos, la tête renversée en arrière, semblait ne même pas se rendre compte de sa présence. Finalement, il reprit la parole.
-Je ne peux pas dire exactement ce qui s'y est passé, parce que je n'étais pas là pour le voir, mais…ce fut un véritable massacre…Quand nous sommes arrivés sur les lieux…Il y avait des cadavres partout. Certains étaient démembrés, d'autres en charpie, même pas identifiables. Des charognards étaient déjà passés par-là, et d'autres erraient encore dans les ruines toujours fumantes. J'entendais des corbeaux croasser de partout. Il y avait une tête, aux orbites vides, plantée sur une pique devant le village. J'ai vu les cadavres de gosses complètement dépecés. Des gosses ! Pas plus vieux que trois ans ! Et l'odeur…C'était écoeurant. Plusieurs d'entre nous n'ont pas pu s'empêcher de vomir. Nos camarades de la Feuille étaient là, eux aussi. Quatre ninjas jounin, tous morts, décapités, lacérés,…On ne les a reconnu qu'à l'examen de leurs vêtements et à leurs uniformes. Nous avons dû tout brûler, pour ne pas laisser de traces.
-Mais, ce n'est pas le rôle des effaceurs de cadavres, interrogea Ikuko, les mains toujours posées sur les épaules de son mari ?
Secrètement, elle priait pour que le récit s'achève. Elle n'aimait pas le sang, elle le haïssait. Son travail à elle était propre, au moins. L'empoisonnement ne faisait pas saigner, il ne créait pas de plaies, et les drogues n'étaient pas toujours mortelles. Parfois, elle en venait à se demander pourquoi elle avait choisi les Interrogations au lieu d'une carrière médicale…
Yamato secoua la tête, dégoûté. Une de ses mains vint se poser sur celle de son épouse.
-On leur a fait parvenir un message dès qu'on a pu, mais cela n'a servi à rien. La réponse a été négative. Ils n'ont pas le temps pour cela, d'après eux. Ils sont trop occupés à traquer les traîtres potentiellement dangereux pour leur régler leur compte, voir à chercher des corps ennemis. Et c'est aux sous-fifres que revient la tâche de se débarrasser des corps des victimes innocentes.
-…Pourquoi raser un village ? Et surtout, qui, murmura Ikuko ?
Yamato soupira. Il n'avait aucune idée de l'identité des responsables, en dehors du fait qu'il s'agissait probablement de ninjas ennemis – l'inverse eut été étonnant – mais il avait une bonne idée du motif.
-Un exemple, souffla-t-il.
-Quoi ?
-Un simple exemple. Ils veulent nous faire savoir qu'ils sont forts et qu'ils peuvent nous écraser comme bon leur semble. C'est un message destiné à nous faire paniquer, rien de plus.
-Et rien que pour dire cela, il leur a fallu provoquer un carnage ?
Yamato haussa les épaules. Ikuko retira ses mains, mais vint s'asseoir sur les genoux de son époux. Un acte d'affection auquel elle se laissait rarement aller. Mais, entre la présence de Yotaro et leurs nombreuses missions, ni elle ni Yamato n'avait vraiment de temps pour une vie sentimentale développée. Parfois, il pouvait se passer des semaines sans qu'ils ne puissent se voir.
Posant sa tête contre l'épaule de son mari, elle ne put s'empêcher d'ajouter une remarque.
-C'est ignoble comme pratique.
-Comme beaucoup d'actes commis en temps de guerre, soupira Yamato. Nous sommes mal placés pour faire la morale à qui que ce soit, tu ne trouves pas ? Après tout, nous aussi avons notre lot d'atrocités…
-Et ta blessure ?
-Le chemin du retour. Nous sommes tombés dans une embuscade. Rien de très dangereux, s'empressa-t-il d'ajouter devant l'air paniqué de Ikuko. Ils n'étaient pas assez puissants pour nous inquiéter. J'ai été le seul blessé, d'ailleurs.
-Idiot ! Quand apprendras-tu à prendre soin de toi ?
-Mais je prends soin de moi, Iku-chan. La preuve : je suis revenu en vie, rien que pour toi.
Ikuko ne put retenir un léger rire. C'était une remarque futile et pourtant, elle lui faisait tellement de bien. Elle aimait Yamato comme il était, un peu trop décontracté et pourtant si sérieux. L'homme qu'elle aimait. Le père de son enfant…
-Hum…J'ai une bonne idée de comment passer le temps, sourit malicieusement Yamato en tendant une main vers la ceinture du kimono de sa femme.
-Yamato ! Et si Yôtaro rentrait et qu'il nous entendait ?
-Eh bien, il aura fait un pas de plus dans son éducation.
Et malgré les dernières nouvelles, malgré les blessures aussi bien mentales que physiques de son époux et d'elle-même, Ikuko se surprit à rire.
Un rire nerveux, tremblant, mais un rire tout de même. Et, d'une certaine façon, cela faisait du bien. Elle laissa Yamato la prendre tendrement par la main et le laissa la guider jusqu'à leur chambre.
Elle avait vraiment besoin du réconfort apporté par son époux…
