Auteur : Yami Flo

Genre : Angst, Drama, Souvenirs, Mort, Légères touches d'Humour (vu le contexte, faut le faire...)

Disclaimer : Les personnages de cette histoire sont la propriété de Masashi Kishimoto. Yanagi Ikuko et Hyuga Kojiro sont de ma création, par contre.

Chapitre 3 : Kojiro

Le soleil luisait. Haut et fort, il éclairait de ses rayons brûlants tout Konoha. Ikuko avala nerveusement sa salive et posa le bouquet qu'elle venait d'apporter sur la pierre tombale. Les mots semblaient la narguer. Elle crispa les poings. La vie était si injuste…

Elle pouvait toujours l'entendre rire et plaisanter. Elle se souvenait encore de leur première rencontre, comme si elle s'était déroulée la veille. Parfois, il lui semblait que c'était le cas.

C'était un jour comme aujourd'hui, sans vent et sans nuages. Une journée véritablement magnifique.

Il était jeune et assez beau, malgré ses yeux blancs, caractéristiques de son clan. Ce qu'on retenait le mieux chez lui, c'était son sourire éclatant. C'était étonnant, surtout lorsqu'on connaissait un peu les Hyuga.

-Salut ! Vous devez être Ikuko-chan ?

-Yanagi-san, je vous prie, répondit-elle froidement. Hyuga Kojiro, je présume ?

-Tout juste. Ravi de faire équipe avec vous.

-Le plaisir n'est pas réciproque, malheureusement, marmonna Ikuko entre ses dents.

-Oh, allez, détendez-vous. Tiens, je sais, vous êtes libre ce soir ?

-Je suis mariée et mère de famille, laissa-t-elle tomber platement.

-Déjà ? Mince alors…Je pourrais toujours éliminer votre époux et vous faire la cour après ?

-Vous tenez à ce que je m'énerve ?

-J'ai dit une bêtise ?

-Vous tenez vraiment à ce que je vous réponde ?

Extérieurement, elle semblait placide et même légèrement irritée. Intérieurement, elle se retenait pour ne pas rire. Si on lui avait dis un jour qu'elle se ferait draguer par un membre du clan Hyuga ayant dix ans de moins qu'elle au minimum, elle aurait hurlé au fou.

Comme quoi on ne pouvait jamais être sûr de rien.

-Comment ont-ils pu tomber assez bas pour engager un clown comme vous dans les ANBU ?

-C'est une question existentielle, je dois le reconnaître, répliqua pensivement le jeune homme. J'ai droit à un joker ?

-Oh, soyez sérieux une minute, voulez-vous ?

-Seulement si vous acceptez de me tutoyer, sourit-il de toutes ses dents.

Elle se figea. Il jouait à l'imbécile uniquement pour qu'elle le tutoie ? Non, il devait y avoir autre chose. Enfin, elle verrait bien.

-Cela pourra peut-être se faire…Si vous effacez tout de suite ce sourire stupide de votre visage !

-Génial, de tous les partenaires possibles, il fallait que je tombe sur la vieille rabat-joie de service. Formidable. Tout bonnement formidable…

Vieille ? Rabat-joie ? Pour qui se prenait-il, cet imbécile ?

-Tu veux que je t'empoisonne ? C'est ma spécialité, après tout…

-Nous sommes passés au « tu », donc je considère que nous tenons le bon bout.

-…Je te déteste.

-Et moi, je t'adore, Iku-chan !

-Ne m'appelles pas comme ça !

Elle inspira profondément.

-Salut, vieux. Ca faisait longtemps, n'est-ce pas ? Je t'ai ramené des fleurs. Oh, je sais que tu préférais les camélias, mais vu le prix qu'en demande les Yamanaka, j'ai laissé tomber l'idée. Et puis, je n'étais pas vraiment d'humeur à prendre des lys ou des chrysanthèmes. C'est trop triste et solennel. Tu avoueras que les narcisses sont de belles fleurs tout de même et je crois me souvenir que tu aimes bien le jaune…

Elle fit une courte pause pour souffler avant de reprendre.

-Ibiki va bien. Ce môme apprend plein de choses de la part des vieux membres de la brigade. Je parierais tout ce que tu veux qu'un de ces jours, il les dépassera tous et finira par les diriger, moi y compris. Tu lui manques un peu, je crois. Bon, vous n'étiez pas les meilleurs amis du monde mais tu étais son partenaire, un camarade de la Feuille. Je crois qu'il a tout de même reçu un choc. Moi ? Je vais plutôt bien, si on considère les faits. J'en ai pour un mois de repos forcé, histoire que mon bras se soigne convenablement. Hokage-sama peste sans arrêt après l'absence de Tsunade-hime. On ne peut pas franchement lui donner tort sur ce point…

-Yanagi-san, fit quelqu'un dans son dos ?

Elle ne se retourna pas. Elle savait qui était là. Lentement, un homme vint se placer à ses côtés, sans quitter la pierre du regard.

-Je me demandais qui pouvait venir aussi souvent fleurir sa tombe. Les membres de notre clan ne sont guères démonstratifs dans leur affection, j'en ai peur. Je savais qu'il avait quelques amis dans les rangs des ANBU, mais vous…C'est tout de même une surprise.

-Vous me pensiez insensible ?

-Certainement pas. Vous ne me faisiez juste pas l'effet d'être quelqu'un de très attaché à Kojiro.

-Et pourtant, je l'étais. Je le trouvais énervant, bavard, impertinent, trop malin pour son propre bien, mais…Je l'aimais bien. D'une certaine façon, je veux dire. Et vous, Hyuga-sama ? Que pensiez-vous de lui ?

Le Hyuga hocha la tête en signe de dénégation.

-Vous pouvez m'appeler Hizashi, Yanagi-san. Hyuga-sama, c'est bon pour mon frère, pas pour moi.

-Vous êtes cependant le chef de la bunke.

-C'est une façon de voir les choses. Disons simplement qu'être le frère jumeau de l'actuel chef de clan me donne plus d'influence que mes pairs. Mais au final, je reste un oiseau en cage.

-Kojiro n'avait pas l'air de se sentir enfermé, en tout cas…

-Kojiro était un cas spécial. Je l'ai vu s'épanouir comme peu d'entre nous le font. C'était un bol d'air rafraîchissant dans la maison. On ne pouvait pas lui reprocher de manquer à ses devoirs et il avait toujours le sourire aux lèvres. Je dois avouer que, pour certains membres du clan, son absence laisse un vide.

-Pas seulement à vous…

Cela lui rappelait cette nuit où ils étaient allés prendre un verre ensemble. Une mission réussie, la première depuis longtemps, et ils avaient voulu fêter ça entre eux, « sans Morino dans les pattes », avait précisé Kojiro…

C'était un de ces soirs comme elle les aimait, simplement à savourer un verre au coin d'un bar, avec son coéquipier. Elle aurait voulu que le petit Ibiki se joigne à eux, mais il était trop jeune pour boire de l'alcool. Quant à Yamato…

Elle soupira intérieurement. Elle ne voyait plus son époux que par intermittence. Les missions s'enchaînaient à une vitesse folle et elle ne se souvenait plus de la dernière fois où elle avait vraiment passé un bon moment avec lui…

On pénétrait maintenant dans l'époque la plus sombre du conflit. Quelques jours auparavant, on lui avait appris le décès d'un gosse du clan Uchiha. Obito, si elle se souvenait bien. Ecrasé par une pierre…Il y avait des façons plus joyeuses d'y passer. Le môme avait donné un de ses Sharingan à son coéquipier avant de passer l'arme à gauche.

C'était un comportement admirable. Un dernier sacrifice pour s'assurer que les siens pourraient s'en tirer. Vaguement, elle se demanda si elle aurait elle aussi le courage de réaliser un coup d'éclat comme celui-ci. Probablement pas.

-Tu es bien le seul membre du clan Hyuga que j'ai vu heureux d'appartenir à la branche cadette, Kojiro.

-Ah ? Fit-il. Ben, tant pis pour les autres alors !

Le jeune Hyuga avait son fameux sourire aux lèvres. Ikuko secoua la tête avec agacement.

-Comment fais-tu ? Tout ceux que je vois sont amers et toi, toi…

-Je ris, je souris, je plaisante et je casse une image de ronchon légendaire ?

-On va dire ça, acquiesça Ikuko. Pourtant, votre vie n'a rien d'enviable. Vous êtes plus prisonniers du reste du clan que vous n'en faites parti. Alors, pourquoi ?

Il y eut un petit instant de silence entre eux. C'était confortable. Juste la musique diffusée par le poste de radio, le bruit du gérant faisant la vaisselle dans un évier, le chant des insectes nocturnes…

Finalement, Kojiro se décida à répondre.

-Parce que j'aime ma vie, voilà tout.

-Oh ?

-Bien sûr. Je me fous pas mal d'être un simple sous-fifre dans la famille, je sais ce que je vaux, je sais ce que je veux et du moment que je n'interfère pas avec la branche principale et ne ramène pas la honte sur le clan, alors j'ai la paix.

-C'est une vision bien réduite des choses.

-Mais c'est la mienne, Iku-chan. Pour moi, appartenir à la bunke n'est pas une fatalité, plutôt une sorte d'épreuve que nous devons surmonter pour être en paix avec nous-même par la suite. Il suffit de trouver un équilibre entre ce que nous sommes, ce que l'on attend de nous et ce que nous pouvons faire pour y parvenir.

-C'est fou comme tu es un vivant exemple de cet équilibre, railla-t-elle.

-Oh, ça va, hein, grogna-t-il. J'suis ce que je suis et tant pis pour ceux à qui cela ne plaît pas !

-Amen pour ça, conclut-elle en levant son verre.

Hizashi avait l'air grave. Il n'imposait pas par sa présence autant que le faisait son jumeau, mais on ne pouvait lui dénier du charisme. Ikuko se surprit à l'écouter de toute son attention.

-Peut-être qu'il se considérait comme libre. Mais au final, il n'a eu que celle de choisir sa mort.

-Choisir sa mort ? Vous appelez cela une liberté ?

-Pour nous autres membres de la branche cadette…Oui, c'est une forme de liberté comme une autre. Notre seul moyen de nous rebeller contre le sort. Ce que disait Kojiro n'était peut-être pas faux. Il nous faut accepter notre sort si nous voulons vivre. Mais notre vie est dans une cage. Il est mort, certes, mais il a eu ce qu'il désirait le plus. Il est libre.

Ikuko ferma les yeux. C'était cela, la mentalité des Hyuga ? Elle ne savait pas vraiment quoi en penser.

-Vous êtes des gens très étranges, dans cette famille, finit-elle par dire.

-C'est possible.

-J'ai appris que vous comptiez vous marier.

-C'est tout à fait exact.

-Dans ce cas, veuillez recevoir mes plus sincères félicitations. Ce sera probablement un très beau mariage. Je suis certaine qu'il aurait voulu y assister…

Hizashi eut un petit sourire.

-Merci, Yanagi-san. Cela me touche beaucoup. Voudriez-vous prendre un verre avec moi ? Si vous avez le temps, bien entendu…

-…Pourquoi pas ? Je n'ai rien de mieux à faire, après tout.

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Et un nouveau chapitre, un ! Bon, la fin n'est plus très loin...Deux ou trois chapitres maximum.

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