NdA (sur ce chapitre) : Mettons les choses au point en ce qui concerne Procyon : à aucun moment je ne parle de ce qu'il ressent pour sa sœur autrement que par sentiments fraternels. Il y aurait sûrement pu y avoir matière à faire virer ça à la « Angel Sanctuary » (pour ceux qui connaissent -) ) mais je ne l'ai pas fait. Procyon n'a jamais été amoureux de sa sœur, qu'on se le dise !
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Chapitre 11 : Père
L'eau teintée de rouge s'écoulait dans le lavabo, les filets de sang se mêlant à l'eau claire tandis que Severus passait ses mains sous le jet. Il les frotta longtemps après que le fluide écarlate ait été totalement nettoyé et fixa un long moment ses mains désormais propres et mouillées avant de les essuyer, son front s'appuyant avec lassitude contre le mur gris de la salle de bain.
Dire qu'il ne s'y était pas attendu aurait été un énorme mensonge, mais il n'aurait pas cru retrouver sa mère dans un tel état. Son père était venu le chercher à King's Cross et le trajet du retour s'était déroulé dans un silence total, ce qui n'avait pas déplu à Severus. Comme toujours, ils avaient utilisé le réseau de Cheminette pour retourner chez eux et une fois arrivés là, son père s'était contenté de lui dire d'aller s'occuper de sa mère, que c'était à lui de le faire et qu'ils auraient une discussion plus tard, avant de sortir de la maison.
Ce n'est pas sans appréhension que le garçon était monté à l'étage pour entrer dans la chambre de sa mère. Il n'avait pu s'empêcher d'avoir un mouvement de recul devant le corps sanglant recroquevillé sur le lit. Certaines plaies étaient encore à vif et Severus ne doutait pas que son père lui avait fait subir sa "sentence" juste avant de venir le chercher à la gare.
Sachant que son père serait furieux s'il utilisait la magie, il était allé chercher des torchons propres et une bassine pour nettoyer des plaies avant de lui appliquer quelques onguents peu puissants mais efficaces. Milla n'avait pas bougé de tout le temps de ces soins, sauf au moment où son fils s'était relevé pour partir, elle lui avait alors faiblement attrapé le bras et l'avait regardé un instant avant de laisser retomber sa main pour se recroqueviller à nouveau.
Severus se sentait mal et en colère contre lui-même, car tout cela était sa faute. S'il n'avait pas donné cet élixir à sa mère, cette correction n'aurait pas eu lieu. Certes, Iron Rogue n'aurait pas résisté au plaisir de la battre, mais ça n'aurait pas été si grave… ça ne l'avait jamais été.
Des larmes de rage s'accumulèrent au coin de ses yeux. Il était pitoyable et égoïste. Qu'avait-il espéré en donnant cette potion d'éclaircissement ? Avait-il vraiment un instant cru qu'elle deviendrait la mère qu'il n'était pas sûr d'avoir jamais eue ? Il était fatigué de tout cela, fatigué de sa faiblesse face à son père, de l'attachement qu'il avait pour une femme qui n'était plus vraiment sa mère depuis bien longtemps, de toute cette mascarade pour ne pas fâcher Iron de quelle que façon que ce soit. Severus ne savait plus où il en était, ce qu'il désirait. Il lui avait toujours semblé bien naturel de devoir un jour suivre les traces de son père sur la voie du Seigneur des Ténèbres, mais tout lui semblait si flou désormais.
Il replaça la serviette sur le reposoir et porta sa main à sa baguette, stoppant son geste à quelques centimètres, les sourcils froncés. Que ferait-il si son père lui apprenait qu'il était temps pour lui de montrer son allégeance au Seigneur ? Dans son esprit, jusqu'à il n'y avait pas si longtemps, sa baguette était déjà dévouée à ces idéaux, pourquoi toutes ses certitudes s'envolaient-elles si facilement maintenant ? Est-ce qu'il ne s'était jamais que trompé lui-même en s'assurant en son âme et conscience de la voie qu'il désirait prendre ? La vérité, sans aucun doute, était qu'il ne voulait suivre d'autres voies que la sienne, mais il était trop tôt pour savoir ce qu'il désirait réellement… et certainement trop tard pour y réfléchir.
Milla s'était endormie, tremblant jusque dans son sommeil. Ses traits étaient tirés et souffreteux, mais paradoxalement, un très léger sourire se dessinait sur ses lèvres trop fines. Severus songea un instant qu'il lui était destiné alors qu'il replaçait instinctivement une mèche humide de sueur derrière l'oreille de sa mère. Il l'observa un long moment, songeur, et ce ne fut qu'au moment où ses idées dérivèrent vers l'espoir que Milla n'ait jamais été là qu'il sortit de la pièce, effrayé par ses propres pensées.
Iron rentra tard ce soir-là, il avait certainement été manger à l'extérieur comme sa femme n'était pas en état de préparer quoi que ce soit. Severus n'avait quant à lui rien avalé depuis le midi, mais il n'avait réellement pas faim, encore moins en sachant la conversation qui ne tarderait plus avec son père.
Ils se trouvaient tous deux dans le salon, son père installé dans un des fauteuils décrépis alors qu'il lui faisait face, debout. L'homme faisait tourner entre ses doigts une petite fiole qu'il reconnut aussitôt. Apparemment, Iron n'avait pas détruit toutes les potions préparées.
- Comment as-tu pu faire cette potion ? demanda son père d'une voix calme. J'ignore même de quoi il s'agit.
- Je me suis inspiré d'autres préparations, mentit Severus.
Il lui semblait plus que risqué de parler du carnet d'Elroa Lawill vu comme son père s'était farouchement opposé à sa rencontre avec Tara.
- Tu ne cesses de t'améliorer à ce que je vois, commenta l'homme. Puis-je savoir ce qui t'est passé par la tête ?
Iron conservait un calme exemplaire et son ton restait neutre, mais cela ne faisait qu'inquiéter d'autant plus son fils.
- Je voulais… tester les effets de la potion. Mam… Mère était la seule disponible.
- Alors tu t'es servie d'elle comme cobaye ?
- Oui.
- Tu mens très mal, Severus, il faudra y remédier.
L'adolescent réprima un frisson, attendant la suite.
- J'avais osé espérer que tu finisses par comprendre quelle genre de créature ta mère était, mais je me suis bien trompé à ton sujet sur ce fait. Tu es si sensible que c'en est affligeant.
- Je ne suis pas sensible, répliqua Severus en serrant les dents.
- Soit, utilise le terme qui te plaît, ce n'est pas le souci. Puisque jusque là toutes mes tentatives pour te faire comprendre ce qu'il en était ont échoué, je vais passer à une autre méthode. Je ne te corrigerai pas, Severus. Cela fait un moment que tu n'as plus eu à subir mes coups mais cette fois, je te le dis clairement, tu n'en recevras plus jamais.
Severus se tendit, sentant que la suite n'allait pas lui plaire.
- J'espère que tu as conscience que ta mère se trouve dans cet état par ta faute, n'est-ce pas ? Sache que désormais, si j'estime que ton comportement me déplaît d'une quelconque manière, c'est elle que je punirai à ta place, nous sommes d'accord ?
- Ça m'est égal, répondit son fils qui ne pouvait empêcher ses mains de trembler.
- Nous verrons bien ce qu'il en sera, je ne faisais que t'informer. D'ailleurs, nous allons constater combien cela t'importe en l'instant.
L'homme s'était redressé dans son fauteuil et dardait désormais un regard dur et réprobateur dans sa direction. Severus sentit ses entrailles se geler. Il était facile de rester à peu près stoïque lorsqu'il connaissait le terrain sur lequel il allait s'aventurer, mais il n'avait pas la moindre idée de ce dont son père parlait.
- J'ai récemment entendu parler d'une chose que je n'ai tout d'abord pas accepté de croire en raison de son absurdité. Mais comme les échos se font de plus en plus nombreux en ce qui concerne cette affaire, je préfère l'entendre de ta propre bouche. Il semblerait que depuis déjà quelques temps et malgré mes recommandations, tu vois régulièrement Tara Milten, la fille de ma défunte sœur. J'ose espérer pour ta mère que tu as une explication plausible à cela.
Severus ne put répondre immédiatement, se demandant comment il avait pu être mis au courant de cela, puis il se souvint les remarques désapprobatrices de ses condisciples de Serpentard ainsi que de la visible activité de certains d'entre eux et se traita d'idiot. Évidemment que son père devait, à un moment ou à un autre, être mis au courant de ce qu'il faisait à Poudlard, et nier serait le mener à sa perte.
- C'est le cas, répondit tranquillement Severus bien que son cerveau fonctionnât à plein régime.
- Et cette explication ?
- Évidente, dit lentement son fils. Depuis la mort de sa mère, elle a tenté de se rapprocher de moi et je ne suis pas sans savoir l'avantage d'avoir à ses côtés la fille d'une confectionneuse qui fut aussi talentueuse que Elroa Lawill. Elle représente une source d'informations non négligeable qui m'a entre autre permis l'élaboration de la potion que j'ai donnée à mère.
Son père l'observa un long moment sans répliquer quoi que ce soit et Severus vida son esprit autant que possible pour que rien ne transparaisse sur son visage. Sa mère n'était pas la seule à risquer quelque chose si Iron décelait le mensonge et il se refusait à imaginer qu'il puisse arriver quoi que ce soit à Tara, aussi se força-t-il à ne penser qu'à leurs conversations sur les potions – fort heureusement nombreuses. L'homme parut un instant suspicieux puis hocha la tête.
- Très bien, je veux bien te croire pour cela, Severus. N'oublie simplement pas que plus tu te joueras de ma confiance, plus la correction de ta mère sera terrible.
- Je l'avais bien compris.
- Dans ce cas tu peux retourner dans ta chambre, nous commencerons demain à évaluer ton niveau.
- Très bien. Bonne nuit.
- Bonne nuit, Severus.
Les jours qui suivirent se déroulèrent au rythme des tests que lui faisait passer son père, des soins pour sa mère et de son travail scolaire. Iron paraissait très fier de lui et lui avait même assuré que si ses résultats restaient aussi probants, il ne tarderait pas à lui enseigner de nouvelles magies.
La veille de Noël, alors qu'il était penché sur un devoir de sortilège, la cloche de l'entrée résonna et il entendit vaguement son père ouvrir à quelqu'un – un homme lui sembla-t-il à la voix grave et indistincte qu'il percevait. Il hésita un instant, se demandant s'il devait descendre ou non. Son père insistait parfois pour qu'il vienne saluer ses invités, il le prévenait généralement quand il ne voulait pas le voir descendre, aussi se décida-t-il à se rendre dans le salon. Au pire, il se ferait renvoyer dans sa chambre.
La conversation lui parvint plus distinctement lorsqu'il atteignit le bas des escaliers et il eut la surprise de reconnaître la voix de l'interlocuteur de son père. Il était certes déjà venu une fois mais il ne s'attendait pas à le revoir chez lui pour ces vacances.
- Ah ! Severus ! Tu connais bien évidemment monsieur Jugson, remarqua son père en le voyant.
Severus hocha la tête et salua son professeur de défense.
- A force de nous voir en cours, je pense effectivement que c'est le cas, Iron, dit l'homme en adressant un regard perçant à Severus qui se sentit un peu mal à l'aise.
C'était étrange de voir un professeur chez soi, d'autant plus lorsqu'on savait quel genre de relations avait son père. En cours, Jugson gardait toujours une attitude plutôt neutre et impartiale mais il y avait en cet instant une lueur au fond de ses yeux qui inquiéta l'adolescent.
- S'il pense que tu ne dois pas le savoir, c'est que cela doit en être ainsi, reprit Iron en continuant leur conversation. Je serai étonné que tu remettes en question ses décisions.
- Ce n'est évidemment pas ce que je souhaite, répliqua un peu sèchement Jugson. Il n'empêche qu'étant tous deux sur la même mission, nous devrions nous connaître.
- N'oublie pas que tu n'es là qu'en tant qu'observateur, cette mission est la sienne en priorité. Si je ne te connaissais pas si bien, je dirai que tu es jaloux.
- Ne me confond pas avec Black ou Malefoy, grogna le professeur. Je reste seulement convaincu que l'efficacité la plus totale ne peut être obtenue qu'en ayant en main tous les éléments.
- Mais il ne fait jamais cela, nota le père de Severus avec un sourire narquois. Personne ne peut jamais tout savoir de ce qu'il prépare, pas même ses plus fidèles… dont tu fais d'ailleurs parti.
Jugson l'observa un instant puis son fils, un sourire narquois naissant sur ses lèvres.
- Je ne te contredirai pas sur ce point, se contenta-t-il de répondre. Alors dis-moi, mon ami, quand ce jeune garçon se joindra-t-il à nous ? D'autres l'ont déjà fait. C'est une époque où les capacités importent plus que l'expérience.
- En effet, et je ne suis pas encore totalement satisfait de ses capacités justement. Il a sans aucun doute des aptitudes aux potions et à la défense, il n'en reste pas moins que certaines choses essentielles lui manquent. Le Seigneur est par ailleurs totalement en accord avec moi. Il s'attend à certaines… dispositions de sa part.
Severus tourna vers lui un regard un peu surpris, se demandant de quoi il parlait. Son père avait, il y a longtemps déjà, pris un "échantillon de sa magie", selon ses dires. Il ignorait à l'époque ce qu'il avait pu en faire, mais il se souvenait qu'à son retour, Iron avait semblé très fier de lui.
- Je présume que tu vas devoir l'initier à plusieurs domaines.
- Je ne demande qu'à apprendre, intervint Severus, qui avait du mal à entendre parler de lui comme s'il n'était pas là.
- Mais je n'en doute pas le moins du monde, monsieur Rogue, répondit Jugson d'une voix doucereuse. Après tout, votre père est un grand adepte de notre cause et je sais que vos avis sur les Sang-de-Bourbe sont presque aussi véhéments que les siens. Vous devriez cependant prendre exemple sur lui pour modérer certaines de vos ardeurs… Sans vouloir faire la morale sur ton éducation, ajouta-t-il poliment à Iron Rogue.
- Il n'en est rien et tu n'as pas tort, reconnut l'homme en plantant un regard dur dans celui de son fils qui eût le bon réflexe de baisser les yeux.
La conversation se poursuivit entre les deux hommes mais Severus n'écoutait que d'une oreille, perdu dans ses réflexions sur Jugson. Il avait vraiment été persuadé jusqu'alors qu'il n'était pas un Mangemort, mais cette discussion lui prouvait bien le contraire. Il se demandait donc comment il avait pu berner Dumbledore à ce point et quelle était cette mission dont avaient parlé les deux hommes. De plus… s'il ne se trompait pas, de la manière dont avait tourné l'échange de paroles, il y avait une autre personne de leur camp à Poudlard. A moins qu'il ait mal interprété, car son père avait pris l'habitude – il s'en était récemment rendu compte – de discuter avec ses invités à renfort de doubles sens et de non-dits.
- Bon, ce fut un plaisir de parler avec toi mais on m'attend, lança soudain Jugson en se levant. Tu as ce que je suis venu chercher ?
- Bien évidemment.
Sous les yeux de son fils, Iron sortit d'une de ses poches la fiole de sa potion qu'il avait conservée et la donna à Jugson.
- Parfait, sourit l'homme en regardant le liquide. Le maître semblait particulièrement tenir à cette potion d'éclaircissement. Continue ainsi et ta place à ses côtés sera privilégiée mon garçon, dit-il à l'attention de Severus. Sur ce, je vous laisse.
Son père le raccompagna jusqu'à l'entrée puis revint vers son fils.
- C'est pour ça que tu as gardé cet échantillon ? demanda Severus.
- Tu te doutes bien que je n'ai pu analyser moi-même ta préparation. Elle a grandement intéressé notre seigneur. Il m'a donné l'ordre d'en conserver et qu'il la ferait chercher aujourd'hui. Mais passons ! Comme je le disais, il serait temps de passer à de nouveaux domaines magiques. Si je te laissais le choix, quelle matière choisirais-tu ?
Severus réfléchit un instant. Depuis qu'il avait reçu la lettre de son père, il y avait souvent pensé et une réflexion de Tara à propos de ces idiots de Maraudeurs revenait souvent. C'est donc avec assurance qu'il planta son regard dans celui de son père.
- L'occlumancie.
Un étrange sourire passa sur le visage d'Iron Rogue qui hocha la tête.
- Bonne réponse…
o
Sirius restait sur le pas de sa chambre, un regard méfiant posé sur un cadre qui n'aurait pas dû se trouver là.
- D'où vient ce tableau ?
- Du bureau de ton père, répondit simplement sa mère. Tu as un souci avec le fait que nous l'ayons déplacé ici ?
Elle avait demandé cela sur un ton d'avertissement et comme Sirius n'était pas vraiment d'humeur à la mettre en colère, il se contenta de hausser les épaules, se dirigeant vers la valise posée au pied de son lit.
- Laisse cela à Fanforde, nous t'attendons dans le salon.
- Excusez-moi mère mais je préfère me charger moi-même de mes affaires.
- Il est vrai que laisser ces sous-êtres toucher ce qui nous appartient n'est guère digne de nous. Je suis ravie que tu te mettes à réfléchir comme il se doit. Sois dans le salon dans dix minutes.
Elle s'en alla sans que Sirius songe à répondre quoi que ce soit, encore surpris de la bêtise dont pouvait faire preuve sa mère.
- Pas digne de nous… C'est ça, oui, grommela-t-il en ouvrant la malle pour en sortir son révéliroir. James Potter ! dit-il distinctement.
La surface du miroir se troubla pour laisser apparaître le visage de son ami.
- Bon retour ? demanda James en souriant pour masquer son inquiétude.
- Ma mère semble plutôt calme pour le moment, elle ne m'a fait aucun commentaire désobligeant et m'a même félicité, ironisa-t-il.
- Félicité ?
- Elle vit dans son utopie, commenta-t-il simplement. Enfin, je ne devrais peut-être pas trop me réjouir, je dois les rejoindre dans le salon. Ils ont l'air de vouloir entamer directement les leçons.
- Fais attention à toi, lui dit James, soucieux. Si quelque chose dérape, tu viens directement chez moi, on est d'accord ?
- Au bout de la millième fois où tu me le dis, je vais finir par le savoir, plaisanta son ami. J'y vais, je te raconterai tout ça plus tard.
Il rangea soigneusement le miroir et allait pour partir lorsqu'un soupir à la fois agacé et colérique lui parvint dans son dos. Il n'y avait pourtant personne lorsqu'il se retourna et ses yeux s'attardèrent sur la toile vide avant qu'il ne sorte.
La porte du salon était entrouverte, laissant percer les bruits d'une conversation. Sa mère dit quelque chose qu'il ne perçut pas et lorsqu'il entendit une voix familière qui n'était pas celle de son père lui répondre, Sirius franchit rapidement les quelques pas qui lui restaient pour entrer dans la pièce.
- Décidément tu t'améliores, te voilà devenu ponctuel, remarqua sa mère.
Elle marqua une pause puis poussa un soupir agacé.
- Tu as en revanche toujours autant d'impolitesse, mon fils. Qu'attends-tu pour saluer ton oncle ?
Le garçon était en effet tellement surpris de retrouver Alphar au Square Grimmaurd qu'il en était resté sans voix. L'intervention de sa mère lui permit de la récupérer mais certainement pas dans le sens où elle l'espérait.
- Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-il.
- Comment peux-tu te montrer aussi impertinent ? s'indigna sa mère en se levant brusquement du fauteuil dans lequel elle était installée. Je vais te…
Elle s'était avancée vers lui en sortant sa baguette mais son frère l'arrêta en chemin d'une main ferme.
- Allons Nocera, je ne me sens nullement offensé. Le culot de ton gamin me plaît, à vrai dire, ajouta-t-il en adressant un regard malicieux à son neveu qui fut le seul à le voir.
- Pour notre part, il ne nous sied guère ! s'éleva soudain la voix sèche de Procyon Black. L'éducation de Sirius nous concerne, tu n'as pas à en juger.
- Loin de moi cette idée, Procyon, répondit poliment bien que froidement Alphar. Après tout, comme tu le soulignes si bien, c'est vous qui l'avez éduqué, ses comportements ne sont donc que le fruit de vos efforts. Je ne faisais que vous complimenter.
- Fais attention à toi, Alphar, je te rappelle que tu te trouves en ma demeure et les règles de bienséance y sont de rigueur.
- En ce cas, je te prie de m'excuser de les avoir enfreintes par inadvertance.
Sirius passa son regard de son père à son oncle, surpris. Il n'avait jamais assisté à une rencontre entre les deux hommes et savait seulement que son père détestait Alphar, mais il ne s'attendait pas à une telle haine. Elle émanait avec tant de puissance de Procyon qu'elle en fit inconsciemment frémir son fils. Il n'avait jamais vu autant de rancœur dans le regard d'un être, pas même de sa mère, et c'était là une chose qu'il ne pouvait comprendre. Savoir que la sœur de Procyon, la défunte femme d'Alphar, était à l'origine de tant de ressentiment ne l'aidait pas à appréhender toutes les raisons de cette haine, ne pouvant imaginer son père comme un être doté d'un cœur.
- Ta mère m'a invité pour les fêtes, dit Alphar en se tournant à nouveau vers lui. Je vais rester jusqu'à Noël et je repartirai au lendemain de la veillée.
Alors c'était lui l'invité dont il s'était inquiété ? Sirius se sentit respirer plus facilement bien qu'il fût étonné d'apprendre sa présence pour plusieurs jours. Durant l'heure qui suivit, Sirius n'ouvrit pas la bouche, se contentant d'écouter la conversation comme Alphar interrogeait Regulus sur le début de sa première année. A Poudlard, il ne s'était jamais intéressé aux résultats de son frère mais apparemment, il s'en sortait bien en cours et avait d'excellentes notes. Ce renseignement n'affecta guère Sirius, qui préféra observer l'attitude de son père. Il paraissait se retenir de sauter sur Alphar et son regard posé sur lui semblait aussi dément que celui de sa femme lors de ses crises. Étrangement, il se contractait encore plus dans les moments où Alphar se tournait vers Sirius pour lui adresser un sourire ou simplement le regarder, et l'adolescent ne comprenait vraiment pas pourquoi.
- Messieurs, je vous prie de m'excuser mais je dois sortir, annonça sa mère en se levant.
- Tu ne restes pas dîner ? demanda Alphar.
- Malheureusement, j'avais déjà programmé cette soirée il y a longtemps et je n'ai pu l'annuler. Nous nous reverrons ce soir ou demain. Bonne soirée.
Elle adressa à son mari un regard d'avertissement avant de partir, sûrement pour lui rappeler qu'il ne devait pas tuer Alphar, songea Sirius. Son oncle se tourna vers lui.
- Nous ne nous sommes plus vus depuis un moment. Consentirais-tu à ce que nous nous entretenions, Sirius ?
Le garçon ouvrit la bouche pour accepter mais son père fut plus rapide.
- C'est à moi que tu dois poser ce genre de question. Je suis son père je te rappelle, lança-t-il d'une voix glaciale.
Il se leva et vint se poster derrière Sirius. L'étonnement du garçon fut total lorsqu'il posa ses mains sur ses épaules tout en fusillant Alphar du regard.
- Si tu souhaites discuter avec lui, tu attendras. J'ai à te parler seul à seul avant.
- Je n'y vois aucune objection.
- J'espère bien. Sirius, Regulus, retournez dans vos chambres et n'en sortez plus jusqu'au dîner.
Regulus acquiesça et sortit aussitôt, semblant toujours mal à l'aise en présence de son oncle, mais son frère mit un peu plus de temps à réagir, ne serait-ce que parce que Procyon ne le lâcha pas immédiatement, comme s'il n'avait pas réalisé qu'il le tenait. C'était surprenant et nouveau pour Sirius, jamais son père n'avait porté la main sur lui autrement que pour le frapper ou lui faire mal d'une autre manière. Son geste avait eu quelque chose de possessif assez déstabilisant.
Comme son cadet ne se trouvait déjà plus dans le couloir, Sirius s'autorisa à s'attarder devant le salon pour écouter les deux hommes.
- Je t'écoute Procyon, de quoi souhaites-tu m'entretenir ?
- Comme si tu l'ignorais, siffla le père de Sirius. Je n'aime guère les libertés que tu prends avec Sirius, ni ce que tu pourrais lui mettre en tête.
- Crois-moi lorsque je te dis que ces sentiments sont partagés, répliqua son beau-frère sur le même ton.
- A la différence qu'il s'agit de mon fils ! Je te vois venir Alphar, mais je ne te laisserai pas faire. Je ne te laisserai pas le détruire comme tu as détruit Gomeisa.
- Nous y revenons donc, soupira Alphar d'un ton subitement las.
- Nous y reviendrons toujours ! Espérais-tu que je te pardonnerai un jour ton crime ?
- Quand comprendras-tu que je n'y suis pour rien ?
- Ne mens pas… souffla Procyon, l'intonation menaçante. C'est toi qui l'as entraînée là-bas alors qu'elle aurait dû rester ici. Sa place était en Angleterre et non à tes côtés à faire tous ces voyages. Tu l'as écartée de tous ses devoirs, tu l'as corrompue de tes belles paroles et maintenant tu essaies de faire de même avec Sirius.
- Corrompue ? Gomeisa a changé parce qu'elle le désirait, parce qu'elle a été capable de voir au-delà de tout ce qui lui avait été appris. Je n'ai fait que lui montrer, elle s'est faite toute seule son interprétation. Et si tu prétends le contraire, ce serait toi le menteur, car tu dénierais ainsi sa perfection que tu as si souvent clamée.
- Gomeisa était la perfection, je ne cesserai jamais de le penser et de le dire puisqu'il s'agit de la seule vérité qui existe. Tu l'as abîmée, tu l'as trompée par des moyens détournés, tu as profité de mon absence pour l'atteindre !
- Ta sœur n'était pas une petite chose fragile ! C'était une femme de caractère, mais avec ta surprotection, tu n'as pas pu le voir, tu n'as pas pu la connaître ! Tout comme tu ne connais pas ton propre fils !
Il y eut un silence derrière la porte puis la voix d'Alphar s'éleva à nouveau, plus calme.
- Elle croyait en toi, Procyon. J'avais beau te dénigrer, t'insulter tout ce que je pouvais, elle se dressait toujours pour prendre ta défense. A un moment, j'ai failli y croire moi aussi, mais ta façon d'agir après sa mort n'a fait que me conforter dans mes idées. Tu es trop égoïste. Même dans l'amour que tu lui portes, tu n'as jamais été que cela.
- Comment peux-tu…
- Car si ça n'avait pas été le cas, tu aurais changé après sa mort ! cria Alphar. Tu aurais changé pour elle ! Pour elle, tu te serais corrompu, comme tu le dis si bien. Mais tu ne l'as pas fait ! Te rends-tu compte à quel point tu salis sa mémoire en osant encore prétendre l'aimer ?
Il y eut le bruit d'un verre qui explose, puis un son sourd.
- Ne remets pas en cause mon amour pour ma sœur ! hurla Procyon.
- Tu comptes me frapper ? demanda la voix acide d'Alphar. Ne te risque pas à cela. Regarde comme tu réagis. Il a fière allure, Procyon Black.
Il avait presque craché son nom et comme des bruits de pas se faisaient entendre dans la salle, Sirius préféra rentrer dans sa chambre.
Il se laissa tomber sur son lit en soupirant, un bras posé en travers de son front.
- Les choses ne tournent jamais normalement dans cette maison lorsque Alphar s'y trouve, remarqua-t-il à voix haute.
Roulant sur son ventre, il attrapa à nouveau le miroir en espérant que James serait à proximité.
- James Potter !
- T'en as mis du temps, fit la voix de son ami avant même que son visage apparaisse clairement. Alors ? Qu'est-ce qu'ils te voulaient ?
- Me présenter l'invité pour Noël.
- Il est déjà là ? s'étonna James. Qui est-ce ?
- Alphar.
Sirius vit son ami hausser un sourcil étonné puis sourire grandement.
- Ça c'est une bonne nouvelle ! s'exclama-t-il. J'étais pas très rassuré que tu retournes chez toi mais si Alphar est avec toi, tout va bien.
- Oui, enfin si lui et mon père ne s'entretuent pas.
- Comment ça ?
- Tu les verrais ensemble, il y a tellement de haine dans les paroles de mon père que ça m'a même surpris.
- Ça t'a surpris, toi ? Wahow… Quelle est la raison ?
- Apparemment Gomeisa, la femme d'Alphar et la sœur de mon père, mais je ne saisis pas vraiment comment une personne peut être à l'origine de tant de rancœur. Il s'agit de mon père, Procyon Black, comment aurait-il pu être attaché à qui que ce soit ?
Il s'était un peu énervé sur la fin de sa phrase et James l'observa un instant.
- Et toi ça va ?
- Pourquoi ça n'irait pas ? Mes parents reportent toute leur attention sur Alphar, je suis tranquille.
Il fut surpris de voir le jeune Potter hésiter.
- Alors, tu… ne ressens rien par rapport à ça ?
Sirius regarda un long moment le visage de James avant de répondre.
- Y'a pas de raisons, grommela-t-il.
James hocha la tête en soupirant.
- Ouais, excuse, c'est juste que t'as l'air un peu chamboulé, alors…
- Moi j'ai l'air chamboulé ? le coupa Sirius, stupéfait. Je ne vois vraiment pas pourquoi je le serai ! Après tout, c'est pas comme si j'avais presque l'impression de voir mon père se conduire justement comme tel, pas vrai ? Ni comme si le fait qu'il ait un cœur et qu'il soit incapable de le faire fonctionner me touche d'une quelconque manière ! Qu'est-ce que j'en ai à faire de mon imbécile de géniteur après tout ?
Il avait monté le ton de sa voix au fil de ses paroles et avait éructé la fin avec hargne, se recevant un regard exorbité de James. Il se calma instantanément et passa une main sur son visage en soupirant bruyamment.
- Excuse, je sais pas ce qui me prend, murmura-t-il. C'est juste… Je sais pas, mon père agit vraiment différemment maintenant que Alphar est là. C'est…
- Déstabilisant ? proposa James.
- Dérangeant, termina son ami, le regard dur. Je… déteste voir mon père comme ça. Ce n'est pas lui.
James sembla près de dire quelque chose mais se ravisa et Sirius lui en sut gré. Il n'était pas prêt à entendre qui que ce soit lui dire que les agissements étranges de son père faisaient naître en lui un sentiment d'espoir totalement illusoire.
- Je pense…
- Quelle idée de me placer dans la chambre d'un adolescent, souffla soudain une voix agacée et irritée.
Sirius releva vivement la tête pour tomber sur le tableau accroché à son mur, dont l'occupant était revenu.
- Je te recontacte, lança Sirius à James sans quitter le portrait des yeux. Qui êtes-vous ? demanda-t-il après avoir mis le miroir de côté.
- Étais-tu donc si inattentif à tes cours d'histoire ?
- Excusez-moi mais j'ai du mal à imaginer que vous soyez un personnage historique, remarqua Sirius avec tout le mépris dont il était capable.
- Je suis ton ancêtre, petit impertinent, Phineas Nigellus Black.
- Maintenant que vous le dîtes, reconnut le garçon, suspicieux. Celui qui était directeur de Poudlard, c'est ça ?
- Tout n'est peut-être pas perdu, commenta son aïeul d'un air hautain.
- Pas la peine de prendre de grands airs lorsqu'on n'est plus qu'une peinture à l'huile, se moqua Sirius.
- De toutes les choses que je peux détester chez les jeunes, c'est bien l'insolence qui arrive en tête, gronda Phineas avec colère. Vous vous croyez tellement supérieurs à tout alors que vous ne savez rien que c'en est écœurant.
- Hey ! Si c'est pour me faire un sermon, vous feriez mieux d'économiser votre temps. Après tout, vous devez bien savoir que les jeunes n'écoutent jamais rien, ajouta-t-il d'un ton narquois.
- Ils se laissent également trop facilement emporter par leurs sentiments, c'est pitoyable, remarqua le portrait sur le même ton, comme espérant faire réagir son descendant.
Sirius éclata de rire à cette remarque.
- Par Merlin, c'est la meilleure de l'année ! C'est bien la première fois qu'on fait ce genre de remarque à mon attention, d'habitude c'est plutôt le contraire. Navré de briser vos illusions mais premièrement, je ne suis pas le genre de gamin hypersensible que vous pensez, et deuxièmement, c'est votre technique de revirement qui est pitoyable. Heureusement que la mienne pour économiser votre temps est plus efficace.
La seconde suivante, Sirius avait lancé un sortilège au portrait qui se retrouva frappé de mutisme.
- Comme c'est dommage ! Votre portrait n'est pas protégé contre ce genre de sorts, commenta ironiquement le garçon.
Phineas Black commença par le regarder avec colère puis, assez étrangement, avec intérêt, mais Sirius ne fit pas plus attention à lui comme on frappait à sa porte. Il s'agissait d'Alphar et son neveu le regarda de haut en bas avec un air sceptique.
- Tu as l'air en un seul morceau…
- Espérons que cela durera jusqu'à la fin de mon séjour ici, répondit Alphar sur le ton de la plaisanterie.
Son regard fut naturellement attiré par le tableau qu'il salua aimablement. Phineas fixa intensément Sirius qui finit par le libérer du sortilège de mauvaise grâce.
- Phineas Nigellus Black, se présenta-t-il à l'homme.
- Alphar Doissan, enchanté.
- Un Doissan ? Voilà une bien noble famille.
- Pas tant que la vôtre, cela est certain. J'aimerai, si possible, m'entretenir en privé avec mon neveu.
- Si cela vous enchante… déclara le portrait, l'air de dire que cette requête était saugrenue, avant de disparaître du cadre.
Alphar leva sa baguette et lança un autre sort à la toile.
- Pour éviter les oreilles indiscrètes, dit-il en réponse au regard intrigué de Sirius. Toujours aussi dissipé semble-t-il.
- Je ne vois pas pourquoi je changerai, remarqua son neveu avec un sourire en coin. Et puis il me semblait que dans sa dernière lettre, Andromeda m'y encourageait…
- Loin de moi l'idée même de lire les lettres qui te sont adressées, assura l'homme.
Ils discutèrent un moment de Poudlard et des amis de Sirius jusqu'à ce que le garçon amène le sujet sur son père, faisant part à Alphar de son étonnement quant à ses réactions qu'il jugeait excessives.
- C'est vrai que n'ayant pas connu Gomeisa, tu ne peux pas vraiment comprendre ce qu'elle pouvait représenter, nota pensivement son oncle. Je pourrais t'en parler mais je ne pense pas que ça puisse…
- Je veux bien que tu m'en parles, le coupa Sirius, curieux de savoir ce que sa défunte tante avait eu de si exceptionnel.
- Dans ce cas… Laisse moi d'abord mettre un peu en place le décor. A cette époque, celle où j'ai fait mes études à Poudlard, les grandes familles de Sang-pur vivaient leur âge d'or, plus encore qu'aujourd'hui. Les noms des Black, des Doissan, des Malefoy, des Potter et des autres n'avaient jamais retenti avec autant de prestance et de puissance. Cela se sentait jusque dans Poudlard, qui était alors quasiment un terrain de confrontation des héritiers de ces puissances. Cela ne se jouait paradoxalement pas sur la magie mais sur la prestance, l'image qu'on pouvait donner de soi.
- Pour toi aussi ?
- Je faisais partie des meilleurs dans ce domaine, sourit son oncle, dans la mesure où le nom que je portais était l'un des plus notoires. Gomeisa est entrée à Poudlard un an après moi. Elle était… Elle était la famille Black poussée à l'extrême dans son physique. Andromeda, Narcissa et Bellatrix sont des femmes magnifiques à la beauté inégalable, inaccessible, celle de Gomeisa était aveuglante. Les critères de beauté ont beau changer des uns aux autres, personne n'aurait pu renier cela. Elle avait cette beauté au-dessus de tout, si parfaite qu'on ne pouvait la jalouser, juste l'admirer. J'avoue qu'étant jeune, j'étais extrêmement fier qu'elle me soit promise, même si je ne m'en sentais pas digne. Cette sensation est restée un bon moment, avant de s'atténuer et de disparaître lorsque je suis entré en septième année. Je savais déjà ne pas adhérer aux idéaux de ma famille et les Black étaient presque pires qu'elle. Tu sais, lorsque je suis revenu, après ma disparition chez les sylphes, et que j'ai appris les fiançailles de ma sœur avec Procyon Black, j'ai espéré un instant que j'aurai la possibilité de rompre les engagements de ma famille me concernant.
- Pourquoi donc ? s'étonna Sirius. Si Gomeisa était une si belle femme, tu aurais dû être heureux de l'épouser.
- Je ne connaissais pas Gomeisa. Je la voyais, nous étions dans la même maison, mais j'ignorais qui elle était réellement, je ne l'avais jamais réellement approchée. Pour moi, elle ne pouvait qu'être comme tout "bon" Sang-Pur qui se respecte : méprisante des "impurs".
- Dans la même maison ? Tu étais à Serpentard ? s'exclama Sirius, surpris.
- Qui te dit que Gomeisa l'était ? sourit Alphar.
- Mais je croyais… Tous les Black y sont passés, non ? Enfin à part Andromeda et moi, mais… Elle n'était pas à Serpentard ?
- Si, je te fais marcher, rigola Alphar. Et j'y étais effectivement moi-même. Sirius, j'ai beau avoir été un bon élève, tu sais mieux que personne que face à quiconque dans un combat magique, j'en sortirais perdant. Crois-tu que c'est par ma puissance que j'ai pu me faire autant respecter dans le monde magique ou encore faire baisser les yeux de ma sœur ?
- J'avoue que je n'y ai jamais vraiment réfléchi, grimaça Sirius. Alors tu ne voulais pas de ce mariage ? Tu n'aimais pas Gomeisa lorsque tu l'as épousée ?
- Non, je ne l'aimais pas comme on pourrait l'entendre en parlant d'amour, mais je la respectais grandement en revanche. Si nous avions eu le temps, je pense que nous aurions pu nous aimer, mais nous ne l'avons malheureusement pas eu… bien que pour ma part, j'avais déjà commencé à développer ce sentiment, reconnut-il. Je m'étais donc résigné à ce mariage en arrivant en septième année et je ne la regardais plus, j'irai même jusqu'à dire que je l'ignorai de manière ostentatoire, et c'est là qu'elle est venue me parler…
Alphar révisait une partie de sa métamorphose, ses doigts caressant distraitement la baguette qu'il tenait dans sa main gauche. Depuis que les sylphes la lui avaient offerte, il avait pris cette habitude, lorsqu'il travaillait ou réfléchissait, de faire glisser ses mains sur le bois tendre de l'artefact, la pensée de la petite sylphide ancrée en arrière-plan de tout ce qu'il faisait. Il ne fit pas attention à la porte qui s'ouvrait ni à la personne qui vint élégamment s'installer face à lui sans prononcer le moindre mot. Ce ne fut qu'un quart d'heure plus tard, lorsqu'il releva la tête du grimoire et de ses parchemins, qu'il réalisa la présence de Gomeisa Black.
Il ne put s'empêcher dans un premier temps de se perdre dans la perfection de ses traits et sa fine chevelure noir de geai, finissant par plonger dans ses yeux azur transparent traversés d'ondes bleu métallique. Réalisant soudain que c'était la première fois qu'ils se retrouvaient seuls tous les deux, il se redressa pour la jauger, attendant qu'elle parle.
- Je suis ici devant toi comme j'aurai pu l'être deux ans auparavant, mais je n'en voyais guère l'intérêt à cette époque.
- Je ne vois pas ce qui a changé, remarqua le jeune homme, se doutant qu'elle faisait allusion au départ de son frère Achernar de l'école, deux ans plus tôt.
- Almandin Kwartz, déclara-t-elle tranquillement. Il est venu me voir pour me parler de toi.
Il la regarda en se demandant si elle se moquait de lui, mais il la doutait capable d'une telle chose. Almandin Kwartz était l'une des rares personnes à être assez proches de Gomeisa Black, et il était récemment devenu le meilleur ami d'Alphar. Quatre mois plus tôt, ils en étaient en effet venus à se saouler tous deux suite à un pari stupide et, sous l'effet de l'alcool et de la première cuite que Alphar se soit prise dans sa vie, il lui avait déballé tout ce qu'il pensait réellement de sa famille. Heureusement pour lui, Almandin s'était avéré proche de ses idéaux et loin d'aller dénoncer ses pensées à tout va, il était devenu un précieux confident. Alphar avait du mal à imaginer qu'il ait pu parler de lui à sa promise, surtout ce qu'il avait pu lui raconter.
- Que t'a-t-il dit ?
- Pas grand-chose pour être honnête. Juste assez pour attiser ma curiosité et venir te proposer quelque chose.
- Qui est ?
- Je suis venue faire un marché avec toi.
- Un marché ? répéta Alphar en dissimulant sa surprise. De quel genre ?
- Les noces sont prévues pour l'année prochaine, n'est-ce pas ? Quatre ans. C'est le temps que je te donne pour me prouver que tu me mérites comme épouse.
Alphar la regarda en fronçant les sourcils.
- Ce mariage aura forcément lieu de toute manière, lui fit-il remarquer.
- Que je sois ta femme est un fait, mais j'ai assez d'estime pour toi pour penser que tu ne recherches pas uniquement cela… Il est possible que je fasse erreur.
Le garçon pesa un moment ce que la jeune fille venait de lui dire, réfléchissant à ce que cela impliquait et impliquerait dans le futur.
- Supposons que je dise oui, comment expliquer à nos parents cette attente ? Je doute que leur parler d'un marché les satisfasse.
- Un marché, certes pas, mais l'honneur de nos familles se retrouvera dans l'idée que nous confrontions nos pensées et nos caractères pour nous assurer du mérite de notre futur conjoint. Il suffit simplement de bien amener tout cela. Par ailleurs, nous aurons le soutien de mon frère, Procyon, pour cette affaire.
Le Serpentard eut une moue méprisante à la mention de ce nom. Procyon Black était parti de Poudlard trois ans auparavant, et il avait bien fait comprendre à Alphar qu'il ne le laisserait pas emporter sa chère petite sœur aussi facilement. Il ne doutait pas qu'il serait pour le recul de la date de mariage.
- Tu ne sembles en tout cas pas fermé à cette idée, remarqua la jeune fille.
- Cela me convient même totalement. J'accepte ce marché… Gomeisa.
- Tu m'en vois ravie, Alphar.
- Et elle n'avait que seize ans, commenta rêveusement Alphar. Nous nous sommes réellement donnés ces quatre ans pour apprendre à nous connaître. A tel point que si nos parents n'avaient été là, nous aurions oublié que nous devions nous marier, ajouta-t-il en rigolant.
- Vous vous êtes mariés tard suivant les critères des mariages arrangés, nota Sirius.
- A vingt-et-un ans, confirma son oncle. Et nous n'avons profité de notre état marital que trois ans avant qu'elle ne meure.
- Mais mon père dans tout ça ?
- Les origines de son attachement pour sa sœur, je les ignore totalement, mais comme je te le disais, il s'est toujours montré très protecteur envers elle et il n'a jamais failli dans son devoir de frère. Il y avait un puissant lien entre lui et Gomeisa, que même elle reconnaissait et acceptait totalement. J'étais celui qui l'éloignait de lui, celui susceptible de prendre le pas sur ce lien. En soi, c'est déjà une chose qu'il m'a reprochée avant même que je ne le comprenne, le jour où ce mariage a été arrangé. Je n'avais que neuf ans à ce moment-là, remarqua-t-il avec un sourire désabusé. J'avoue ne rien avoir arrangé dans la mesure où j'ai tout fait pour éloigner Gomeisa des influences de sa famille pour mieux lui montrer ce que je voyais. Elle est morte lors d'un de nos voyages, d'une maladie asiatique. Pour Procyon, ça faisait de moi le seul et unique responsable.
- J'ai tout de même du mal à imaginer mon père si proche de qui que ce soit, insista Sirius, sceptique.
- C'est tout à ton honneur, et pourtant… Je sais que Procyon rêvait d'avoir une fille, un peu comme s'il avait espéré remplacer Gomeisa, qui n'était plus près de lui, et cela avant sa mort. Mais après la naissance de Regulus, Nocera a refusé d'avoir d'autres enfants, il a dû se résigner.
- Mon père… désirait une fille ? demanda Sirius, sous le choc.
- Oui… Mais il a tout de même été heureux de votre naissance, ajouta son oncle, se méprenant sur la réaction de Sirius. Évidemment, il n'est pas le père idéal, mais j'avoue avoir toujours eu du mal à cerner Procyon… Bien que je ne l'apprécie pas, je reconnais qu'il s'agit d'un homme complexe.
Sirius n'écoutait plus vraiment ce que disait Alphar. Il se souvenait du Noël précédent, lorsqu'il avait appris qu'il avait failli avoir une sœur. Sur le coup, il n'avait pas compris pourquoi son père ne l'avait pas arrêté lorsqu'il s'était mis en colère, ni comment il se faisait qu'il n'avait pas reçu de punition par la suite, mais maintenant… Nocera ne lui avait sûrement jamais demandé son avis avant de prendre la potion, elle devait savoir que Procyon l'empêcherait de tuer cette fille qu'il attendait. Un bref instant, Sirius se sentit mal pour son père, se demandant quelle douleur avait pu le traverser en apprenant que cette enfant ne viendrait jamais au monde, qu'il ne pourrait reporter sur elle tout ce qu'il ressentait pour sa sœur. En même temps, il était étrange de penser que Procyon Black ait pu un jour avoir un cœur qui battait pour une autre personne et qui avait certainement cessé de le faire au fil de ces deux pertes : sa fille et sa sœur.
Les paroles d'Alphar percèrent ses réflexions et il eut une exclamation méprisante.
- Mon père ne désire qu'un héritier, rien d'autre. Ce n'est ni un bon, ni un mauvais père puisqu'il ne l'est même pas. Je ne sais pas comment je devrais l'appeler… Géniteur, ascendant, aïeul…
- N'en sois pas si sûr. Pour ma part, j'ai du mal à imaginer qu'un homme qui a à ce point aimé sa sœur ait totalement perdu son cœur… Et puis, il faut avouer que si ses idéaux sont aussi navrants que ceux de ses aïeuls, il a conservé quelque chose de la famille Black que son frère semble avoir oublié.
- Et qui est ?
- L'honneur.
- Peut-on vraiment parler d'honneur ? grommela Sirius.
- Jusqu'à preuve du contraire, Procyon ne s'est en tout cas jamais incliné devant qui que ce soit.
- Ce n'est pas mieux d'envoyer son fils le faire pour lui !
- Là serait le déshonneur de sa famille, Sirius. Si ses intentions sont effectivement néfastes, il est prêt à les sacrifier pour ne jamais avoir à passer de maître à serviteur. C'est bien là le seul point sur lequel je le respecte et la raison pour laquelle je ne m'inquiète guère en te laissant ici. Fais moi confiance, il ne te livrera jamais à Voldemort en tant que serviteur, pas plus que Nocera.
Sirius se contenta de hocher la tête, repensant à la conversation qu'il avait eue quelques jours plus tôt avec Wanda Canaris. Il ne s'était jamais autant posé de question sur son père, et pourtant…
o
Son livre d'astronomie ouvert devant lui, le menton dans la paume de sa main, Remus observait d'un air nostalgique le paysage blanc qui s'étendait du haut de la tour Gryffondor. Ses amis avaient pris le Poudlard Express le matin même et il avait été soulagé qu'ils soient tous trois bien trop occupés d'une part par le concours, de l'autre par le projet animagus, pour lui poser des questions.
Deux semaines plus tôt, le Gryffondor avait reçu une lettre de ses parents l'informant qu'une affaire de famille les retiendrait pendant les vacances. Apparemment, une tante de son père était tombée grièvement malade et il était temps de penser à l'héritage. Le problème était qu'à l'instar de sa femme, John Lupin avait plus ou moins coupé les ponts avec sa famille depuis un certain moment pour des raisons que Remus n'avait jamais très bien compris. Par égard et respect, John n'avait cependant pu refuser l'invitation pour les fêtes, mais voulant éviter à son fils de subir les pressions de sa famille – qu'il s'en voulait déjà d'infliger à Théia – il lui avait expliqué qu'il préférait le savoir à Poudlard et, si possible, chez un de ses amis.
Il avait vraiment semblé peiné dans sa lettre mais Remus comprenait qu'il ne cherchait aucunement à l'éloigner pour autre chose que par souci de son bien-être. C'est donc le cœur un peu lourd mais compréhensif qu'il lui avait répondu qu'il comprenait parfaitement et qu'il verrait s'il pouvait demander à aller passer les fêtes chez un des Maraudeurs. Il n'avait pas totalement menti, c'était juste qu'il n'avait pas eu le temps de leur demander… A vrai dire, Remus ne voulait surtout pas les embêter durant cette période, surtout qu'une pleine lune été prévue, il ne pouvait pas leur imposer cela.
Pour palier à toutes questions au moment de se rendre en gare, Remus leur avait dit que pour des raisons familiales particulières, il ne rentrerait chez lui que deux jours plus tard, par portoloin, et ses amis avaient accepté facilement cette explication qui n'était au fond qu'un demi mensonge.
Remus n'avait pas l'habitude de passer les fêtes seul, ni de se retrouver sans personne à Poudlard, ayant été accoutumé à la présence de ses amis, mais il ne regrettait pas ce qu'il avait fait, ne voulant pas que les autres s'inquiètent pour lui ou finissent par le convaincre de venir chez eux – ce que James n'aurait sûrement pas manqué de faire.
Avec un faible soupir, il se remit à son travail tout en songeant vaguement qu'il ne lui faudrait pas oublier d'envoyer ses cadeaux pour Noël. Il ne travaillait pas depuis longtemps lorsqu'un cri lui perça les tympans, une masse trop bien identifiée atterrissant sur son dos.
- Remus ! Désolée pour le retard, j'étais allée faire un tour et j'ai pas vu le temps passer !
- Quel retard ? Je t'attendais pas, soupira le garçon. Qu'est-ce que tu fais ici ? Je croyais que tu rentrais pour Noël.
Tara secoua la tête.
- Hin, hin ! Je suis là pour toute la durée des vacances ! Ce qui fait qu'on va passer Noël ensemble ! Génial, non ?
Remus était bien tenté de répondre non mais préféra lui adresser un regard incrédule.
- Comment savais-tu que je restais pour Noël ?
- Je t'ai vu marquer ton nom sur la liste de ceux qui restaient dans le dos de tes amis. Ça m'étonnerait qu'ils soient ravis d'apprendre que tu leur as caché ça.
- Ils n'ont pas à le savoir, répliqua un peu sèchement Remus.
- Tu n'as pas tort. Bon, tu vas m'incendier du regard toutes les vacances ou tu fais un effort pour me supporter ? demanda joyeusement la jeune fille.
Le Gryffondor la regarda un instant puis détourna les yeux en rougissant, un peu honteux de son comportement. Il s'était promis de changer d'attitude mais ce n'était pas si aisé à faire. Par certains moments, il lui semblait très facile de parler avec elle, il en venait même à apprécier sa compagnie, mais par la suite, il en revenait au point de départ sans vraiment en comprendre la raison. Tout s'embrouillait tellement lorsqu'il essayait de réfléchir à quoi que ce soit…
- T'as pas l'air dans ton assiette.
Redressant la tête, Remus remarqua qu'elle s'était rapprochée pour plonger son regard noir dans les siens. Il ne répondit pas immédiatement, n'ayant pas l'habitude de voir ses yeux d'aussi près. Ses iris ne semblaient pas avoir de fond et, d'une manière assez étrange, ce noir d'une perfection presque irréelle calma le flot de pensées désorganisées qui l'assaillait, éclaircissant son esprit.
- Rien de grave, répondit-il en souriant. Un peu de fatigue, c'est tout. Excuse-moi, c'est vrai que je ne suis pas très… aimable avec toi, mais j'essaie de faire des efforts.
- Oui, j'ai vu, sourit Tara. Et je ne t'en veux certainement pas. Après tout, ça me change un peu des autres, rigola-t-elle. Alors c'est d'accord ? On passe les vacances ensemble ?
Elle lui adressait une petite moue suppliante et Remus rigola doucement.
- Je veux bien essayer si tu promets d'être un peu moins… volubile.
- Mmmh… D'accord, je vais essayer ! accepta joyeusement la Gryffondor. On va dans le parc ? Hein dis ?
- Ça va être dur, soupira Remus, plus amusé qu'exaspéré. Je préférerai avancer ce devoir d'astronomie avant, répondit-il.
- D'accord ! On le fait ensemble et après on y va ! Je vais chercher mes affaires.
- Attends ! Tu…
Mais Tara avait déjà disparu dans les escaliers et il se laissa retomber sur sa chaise en soupirant. Malgré lui, un sourire apparut sur son visage. Finalement, si Tara décidait de rester avec lui, il risquait de passer un Noël plus animé qu'il le pensait.
Il réalisa vite que Tara pouvait se calmer en faisant ses devoirs comme elle le faisait en cours. Bien sûr, elle avait tendance à chantonner de temps à autres et à parler avec un entrain démesuré, mais à part ça, elle avançait vite et bien. Ils avaient à peu près le même niveau dans cette matière, Remus en savait juste un peu plus qu'elle sur un niveau de culture générale de par son père, et ils en arrivèrent vite à la fin en s'entraidant.
Remus était en train d'écrire sa conclusion alors que Tara – qui écrivait plus vite que lui – feuilletait vaguement un de ses livres d'astronomie moldu, qu'il avait plus par loisir que pour les cours. Il ne fit pas vraiment attention lorsqu'elle s'arrêta sur une page et la caressa en esquissant un sourire entre tendresse et incertitude.
- Cygnus, murmura-t-elle plus pour elle-même qu'autre chose.
La plume de Remus ripa sur le parchemin et il redressa vivement la tête vers elle.
- Pardon ?
- La constellation du cygne, dit Tara en montrant la page. C'est ma préférée, mon identique, d'une certaine façon, ajouta-t-elle sans même le regarder, observant le dessin qui accompagnait le texte.
Remus l'observa un moment avec surprise, considérant qu'il se sentait lui-même proche de cette constellation sans vraiment savoir pourquoi. Il la regardait toujours avec incrédulité lorsqu'elle releva les yeux vers lui.
- Qu'y a-t-il ?
- Rien, c'est juste que… Il posa également son regard sur le dessin de la constellation puis se sentit particulièrement stupide. Rien, laisse tomber.
Il effaça sa rature et finit d'écrire sa dernière phrase.
- Voilà, on va pouvoir…
Il s'interrompit en voyant l'étrange sourire que lui adressait Tara, semblant lire en lui comme dans un livre ouvert. Bizarrement, cette inspection ne le mit pas mal à l'aise, bien qu'il s'interrogeât. Elle ferma finalement le bouquin et se leva vivement.
- Oui, on va pouvoir aller dans le parc ! On va se changer. Rendez-vous ici dans dix minutes, d'accord ? A tout de suite !
Dehors, le ciel était aussi blanc que le sol et une fine neige tombait tranquillement sur le manteau déjà bien épais. Tara s'élança dans la poudreuse en riant et en tournant sur elle-même, comme une enfant particulièrement heureuse, et cette vision si fraîche et joyeuse réchauffa Remus plus qu'il ne l'admettrait jamais. Il avait toujours considéré Tara comme l'un des plus grands paradoxes qu'il ait connu. Avec son innocence et sa gaieté déjà légendaires, beaucoup la voyait comme une petite fille exubérante et dynamique, mais Remus avait toujours senti en elle quelque chose de douloureux et de grave, tout en contradiction avec ce qu'elle montrait. Il n'y avait pas vraiment de raison à cela, peut-être même se trompait-il, mais c'était l'impression qu'elle lui donnait, la sensation qu'elle combattait jour après jour quelque chose qui aurait pu la faire sombrer si elle avait été différente, si elle n'avait pas été si forte. C'était après tout la raison pour laquelle il avait du mal à la supporter...
- Ma grand-mère disait que les flocons de neige étaient des étoiles mortes qui venaient trouver leur sépulture sur terre pour continuer à émerveiller les hommes, dit soudain Tara qui avait cessé de tourner pour lever son visage vers le ciel en fermant les yeux.
- Je n'ai jamais entendu cela, remarqua Remus. Mais c'est une belle image…
Tara se tourna vers lui avec étonnement.
- Vraiment ? Moi je trouvais que ça rendait les étoiles bien trop prétentieuses et l'idée de me promener sous leurs cadavres ne me ravissait pas vraiment.
Remus la regarda en écarquillant les yeux, ne s'attendant pas à une réplique de ce genre. L'adolescente éclata de rire en réponse à son air ahuri et vint l'attraper par le bras en le tirant.
- Allez viens ! On va faire un tour sous cette pluie de cristal !
- Pardon ?
- Ça, c'est de ma mère ! L'hiver était sa saison préférée ! Pour elle, c'était la véritable saison de l'amour, où les sentiments éclataient au grand jour. C'est ça la neige, ce sont les cœurs de cristal qui se sont exprimés et ont envoyé sur le monde une parcelle d'eux-mêmes, leur bonheur à son paroxysme. La pluie de cristal, c'est toute la fraîcheur d'un véritable amour qui nous englobe, si pur et si blanc qu'il réfléchit les rayons solaires avec plus de puissance que le soleil ne les envoie sur Terre.
- Vous avez le sens des allégories dans ta famille, commenta Remus en la regardant de biais. Mais c'est quand même étrange de penser que l'hiver est la saison de l'amour. C'est le printemps normalement.
- Peut-être… Moi, ma saison préférée est l'automne, mais je n'en fais pas celle de l'amour. Mais je comprends pourquoi ma mère pensait ça de l'hiver. Comme elle disait elle-même : « C'est la saison parfaite pour se réchauffer. »
- Comment ç…
Remus pila net et rougit furieusement en comprenant les paroles de Tara.
- Elle… Ta mère t'a vraiment dit ça ?
- Ben oui pourquoi ?
Le garçon la fixa un moment, comme s'attendant à ce qu'elle réalise la portée de ses paroles mais cela n'arriva pas et il frotta son front avec lassitude. Évidemment, vu la fille, la mère ne devait pas avoir beaucoup de tabous.
- Pour rien, ce n'est pas grave. On continue ?
Ils marchèrent pendant un moment en se frayant un chemin dans la neige. Comme Remus le pensait, elle était vraiment bavarde et parlait de tout et de rien, mais il se prit bien vite dans son flot de paroles et ils discutèrent réellement pour la première fois, bien que les sujets restèrent banals.
Parce qu'ils passaient, contre toute attente, un bon moment et qu'ils n'avaient pas très faim, ils s'installèrent sur un rocher qu'ils séchèrent de sa neige, Remus allant jusqu'à promettre à Tara qu'il irait faire un tour aux cuisines si la faim les prenait plus tard.
- Dis Remus, pourquoi t'as pas dit aux autres que tu rentrais pas pour les fêtes ? Je suis sûre que James ou Peter auraient été ravis de t'accueillir.
Passant outre le fait qu'elle n'ait pas cité Sirius, il grimaça légèrement.
- Disons que… je ne suis pas très facile à vivre en ce moment, répondit-il prudemment. J'ai tendance à avoir l'esprit un peu embrouillé.
Ce qui n'était pas tout à fait faux.
- Tu restes avec moi pourtant.
- Bien sûr, je n'ai jamais été facile à vivre avec toi, répondit-il sur le ton de la plaisanterie.
Tara éclata de rire.
- Un point pour toi. Mais je ne désespère pas de te faire changer d'avis à mon sujet !
- C'est tout à ton honneur, s'inclina Remus.
Il se reperdit peu après dans ses pensées alors que Tara était partie sur un exposé au sujet des Mystiques Hystériques. Le thème lui rappelait l'aventure du Wonder de cet été et le fait que lui et ses amis n'avaient jamais pu savoir exactement quel avait été le rôle des filles dans tout ça. James avait été bien trop occupé à se pavaner à ce sujet, Sirius par son frère et Peter pas assez curieux pour qu'aucun des trois ne songe à chercher plus avant. Quant à Remus, il devait avouer que l'histoire lui était un peu passée au-dessus de la tête durant les mois précédents. Il s'apprêtait à parler lorsqu'il réalisa que Tara s'était tue, mais avant qu'il puisse s'interroger de son silence, il reçut une boule de neige en plein sur la joue droite alors que la jeune fille éclatait de rire.
- C'est malpoli d'ignorer son interlocuteur ! chantonna-t-elle, visiblement fière d'elle.
- Et c'est indécent de parler…
Une autre boule de neige vint le percuter en pleine face.
- … autant…
- Mais je ne parle pas en ce moment, remarqua innocemment Tara.
Avec un discret mouvement de baguette dans son dos, Remus recouvrit de neige la jeune fille, qui le regarda avec surprise.
- En effet, tu ne parles pas, sourit-il en faisant tourner sa baguette dans ses mains.
Tara répliqua et une bataille de boules de neige entrecoupée de rires s'engagea entre les deux Gryffondor jusqu'à ce qu'ils s'écroulent côte à côte dans la neige, le souffle difficile entre leurs éclats de rire. Ils restèrent silencieux un moment lorsqu'ils se furent calmés, Remus s'étonnant de s'être aussi facilement laissé prendre au jeu avec une fille qu'il était censé ne pas particulièrement apprécier.
- Je te trouve toujours aussi insupportable, tu sais ? remarqua-t-il.
- Je n'en doute pas, je le suis, rigola Tara.
- Tu as le mérite d'être réaliste.
- Serait-ce une chance que tu m'accordes là ?
- Va savoir, je peux être si lunatique, grimaça-t-il en plaisantant à moitié.
- Et bien au moins je suis prévenue ! Ne t'inquiète pas, sois le autant que tu le veux, j'en prendrai toujours compte.
Remus tourna les yeux vers elle, près de lui demander pourquoi elle s'accrochait à ce point aux gens – il songeait notamment à Severus et le temps qu'il avait fallu pour qu'il l'accepte – mais finit par se détourner sans rien dire.
La jeune fille éternua et se redressa brusquement, claquant des doigts.
- Bien que j'aime être dehors, nous sommes tous les deux trempés, remarqua-t-elle.
- Alors rentrons manger, sourit Remus en se levant à son tour.
Comme Tara s'était mise à courir, il fit de même et ils franchirent la distance jusqu'au château en faisant une course dont Remus sortit largement vainqueur.
- Pas très galant, nota Tara avec amusement bien qu'elle soit essoufflée.
- Je l'avais bien dit que j'étais difficile à vivre, répondit-il avec un clin d'œil en lui faisant signe de le suivre.
Tara s'exécuta sans qu'il voit son sourire réjoui. Le garçon ne savait pas trop ce que cela donnerait par la suite, vu les réactions pour le moins contradictoires qu'il avait depuis un certain temps, mais il savait en revanche que si toutes les vacances se déroulaient sur le modèle de cette matinée, il profiterait de chaque seconde.
A suivre…
Chapitre 12 : Epreuve de DCFM ! Maintenant, à savoir ce que je vais en faire… ;-)
RAR :
AndromedaLN : *Eno, toujours écroulée de rire sous son bureau, se relève avec difficulté* Excuse-moi pour la rar mais c'était trop tentant :-P Et pis avoue que tu l'as un peu cherchée, lol. KikadikeWandaetSiriusallaientêtreensemble ? O.o Pas moi en tous cas -) Par ailleurs, Wanda n'est pas une pimbêche prétentieuse, merci bien ! *regard assassin de l'auteur qui n'aime pas qu'on insulte ses persos, d'abord !* Bieeeeeeeeeeeeeeeen ! Tu sais pour Alphar, je suis fière de toi ! Contrairement à une certaine autre personne… -.- 'fin bref ! Et vi, "sylphide" s'écrit bien comme ça, sauf que comme la langue française est ainsi faite que lorsqu'on parle de peuple, le masculin prend le pas sur le féminin (saleté de langue sexiste que j'aime malgré tout lol), on dit les "sylphes". Merci bien bas pour Sirius, comme je savais que vous l'attendiez, j'ai qd même essayé de faire ça bien ! Et je ne vois pas du tout ce que tu reproches à sa requête envers Wanda *sifflote* Allez ! Y'a encore plein de Sirius dans ce chapitre, heureuse ? Evidemment que Sirius et James sont bons, McGo a dit elle-même qu'ils faisaient partis des meilleurs élèves de Poudlard, alors forcément… C'est vrai que j'aurai dû mettre Lily dans les cinq également, mais en même temps, comme j'ai déjà dit que je tenais pas vraiment compte du tome 6, je peux la mettre où je veux (pour info, elle a la sixième place pour l'épreuve de potion, talonne de peu, donc). Euuuh… Je ne m'avancerai pas trop vite en ce qui concerne Regulus, ma chère LN, certes il est pour le moment un pleurnichard dans les jupes de sa mère, mais ce n'est point un con. Mais si Lola est là ! *regard angoissé* Si si, je te jure ! C'est juste que… euh… ben elle a du travail mais elle est là ! Et pis ce chapitre est là sans que HPA soit là, nan ? Donc c'est bon, je me débrouille, et donc… voilà quoi… *prie la déesse – pk ce serait tjs un dieu d'abord ? – des auteurs de fanfic*
Ilys : *réflexion intense même que les pauvres neurones qui ont pas l'habitude du tout du tout du tout émettent des plaintes grinçantes* Bon, ça va, t'es pardonnée pour la dernière fois, mais que ça se reproduise plus hein ! T'as quand même pu recevoir mon lien vers les images de « Gravitation » ou pas, au fait ? O.o Si c'est non, j'vais essayer de retrouver… si je retrouve effectivement, erf ! SURPRIIIIIIIIIIIIIIIIIISE ! Elle était génial ta surprise ! Ah ? Je t'ai pas dit que j'avais tout lu et que j'avais – presque – tout compris même si c'est en anglais ? Bon ben je te le dis, comme ça ma review est plus longue et on en reparle sur msn tt à l'heure lol. Soit dit en passant, génial le système des « petit 1, petit 2… » ça permet de pas se perdre -) Alors je réponds en conséquence ! :-P Petit 1 : héhé ! T'as pas tord pour le style manga, la pauvre Wanda qui se fait harceler par Sirius. Heureusement qu'elle se laisse pas faire ! Quoi qu'il faut avouer que c'est un ch'ti peu pour ça que Sirius s'en prend à elle, mdr ! Bé vi elle lui a foutu une claque (bien méritée d'ailleurs, comme tu le fais si bien remarquer) et puis Sirius doit être un peu maso paske avouons qu'il s'y attendait… Pas bête l'idée de l'embrasser assez, mais si j'avais fait ça, j'en connais (dont toi) qui m'auraient lynchée :-S. Petit 2 : euuuuuuuuuuuuuuuuuuuh… dsl, très sincèrement, de briser tes illusions, mais Dilys Derwent n'a rien à voir avec toi… ni avec moi d'ailleurs, vu que le perso a été inventé par JKR ! Elle apparaît dans le tome 5, elle a été guérisseuse avant de devenir directrice de Poudlard et a un autre cadre à Ste Mangouste. Elle est au courant pour l'Ordre et l'aide avec la participation d'un autre portrait de directeur dont j'ai passablement oublier le nom et qu'il faudra que je retourne voir… Sorry, mauvaise lectrice de HP ! lol. Petit 3 : cf. petit 5. Petit 4 : MDR ! Comme le dis Sirius, c'est pratique la nuit d'être lumineux. Et pis l'avait qu'à pas être aussi nul en potion c't'idiot aussi ! Petit 5 : … * prend une profonde inspiration* … *prend une seconde profonde inspiration* … Tu sais… je me doutais que tu ne savais vraiment pas quand on parlait sur MSN… *ton trèèèèèèèèèèès calme* Alors donc… en ce qui concerne Alphar… son rôle… que tu aurais dû trouver qqs chapitres plus tôt… mais que tu n'as pas trouvé… *deviens de plus en plus rouge*… C'EST L'INTERMEDIAIRE AVEC LES SYLPHES, HE, BANANE ! *explose (au cas où on l'aurait pas remarqué)* Dans le MDP, les sylphes aident les sorciers et je dis à un moment donné qu'ils ont offert une arme contre Voldemort lors de la première guerre (dont ils se servent contre les vampires dans le MDP), mais sont pas venus leur offrir leurs services comme ça, lol. Alphar se sert de l'histoire qui lui est arrivée en Amazonie et où il a rencontré Libéselle (l'une des sylphes apparaissant dans le MDP) pour entrer en contact avec eux sous la demande de Dumbledore. (cf. chap.2 de la 2de année pour cette histoire). Groumph… Bon, ok, t'es pardonnée paske ça fait un moment que t'as lu le MDP quand même -) (petite note : y'a un fantôme qui a justement perdu le sien et qui en recherche un, de boulet -P). J'ai évité la crise de nerf par rapport à Chrno en m'imaginant ce que ça aurait été si ça m'avait arrêté à l'avant-dernier chapitre ou encore un avant. Dans ces conditions, j'ai pu rester très zen, lol. Moi aussi ze te fais plein de grooooooooooooooooooooooooooooooooooooos bisouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuus ! Et je suis heureuse d'être là. PS : faudra que j'aille voir le film alors, lol.
darriussette : Ooooh ! C'est méchant pour Sirius ! Pourquoi tu veux pas l'aimer, le pauvre ? Héhé ! Moi je sais pour la relation entre lui et Wanda, mais vous vous saurez pas ! Nananananére-euh ! (oui, je sais, je peux être très puérile lol) En fait je sens que je vais bien m'amuser avec leur relation, même si ça ne finit pas très bien… Mais je me fais des spoilers toute seule, j'avoue, pour embêter mon monde -P Je pense de même que toi en ce qui concerne la relation entre Sirius et Remus et je ne les voyais pas du tout proches dés le départ (d'où leurs relations actuelles). Ça va s'améliorer évidemment, mais n'oublions pas qu'un jour ou l'autre, Sirius va croire que Remus est le traître ! (bien à tord) donc… Je ne peux pas en dire plus sur la manière dont tout cela va évoluer du côté de Remus, j'vais éviter de trop me spoiler quand même, lol. Il va y avoir d'autres séquences Tara/Dumbledore, c'est certain, mais j'ignore s'il y en aura bcp. Celle du chapitre précédent a été écrite texto, sans que je l'ai programmée, alors tout est possible ! Et vi ! Remus n'est pas vraiment une lanterne en potion, bien que littéralement parlant, c'est lui qui brille le plus à la fin de l'épreuve, lol. L'histoire des badges, faudra encore vous armer de patience, mais elle se rapproche à grands pas ! Et nan ! Severus n'aura sûrement pas vraiment l'occasion d'écraser les Maraudeurs. A deux contre un, forcément… -.- Et t'as vu ? Il est là le samedi ce chapitre ! :-P
: Je fais culpabiliser tous mes lecteurs, moi, va falloir que je m'en inquiète, c'est mauvais pour le commerce… Ne t'inquiète pas, je t'en veux pas du tout, c'est juste que je me demandais où tu étais passée. Après tout, je sais ce que c'est que d'avoir bcp à faire et un chapitre qui nous tape sur le système… lol. J'étais un peu soucieuse pour les potions avant de l'écrire. Je me disais : « Les autres, ok, c'est de l'action, mais je vais en faire quoi de ces chimistes en herbe ? » Finalement, ça c'est mieux passé que je ne l'avais craint et je me suis bien amusée à l'écrire, j'ose donc espéré que ça en a été de même à la lecture -) Héhéhé ! Ce passage entre Wanda et Sirius a fait mouche comme je l'espérai, j'me suis bien marrée à l'écrire (Sirius a un peu moins rigolé mais ce maso savait quelle serait sa réaction, donc…) Et merci pour la scène dans la salle de classe ! Celle-là aussi je me suis amusée à la faire :-P En effet, il y a des robes dans l'histoire (et je ne l'ai pas dit même si je ne l'ai pas caché), maintenant, plus qu'à trouver ce qu'elles vont en faire. Allez ! c'est pas trop compliqué à deviner -) Bon courage pour l'auto-école ! (perso, ça me saoulait d'y aller… lol) Au fait, j'ai bien reçu ton mail mais je ne sais pas quand je pourrais y répondre, quant à ton nouveau chapitre, j'irai le lire d'ici peu *sautille de joie* car l'url n'a pas marché sur ff alors je l'ai eu avec le mail uniquement. Pas de soucis pour les fautes d'ortho de le dernière review vues celles du chapitre 10 (erf !) bisous !
lola : Oooooooooh ! ma pauvre mamour ! :-( Je suis de tout cœur avec toi ! FIGHT ! Tu vas y arriver ! *sors ses panneaux de supporter de Lola* VIVE LES VACANCES ! Courage ! Plus que deux semaines et tu les as ! Je crois en toi ! bisous bisous ! et vite qu'on se revoit ! -)
