Disclaimer : cette histoire est basée sur celle de madame J K Rowling et la quasi-totalité des personnages lui appartiennent.
Merci pour vos reviews et merci à Opalina, une fidèle lectrice. Je suis bien contente que tu apprécies le personnage d'Eridan. Quant aux liens qu'elle peut avoir avec certains personnages, tu es sur la bonne voie mais encore loin d'avoir tout trouvé.
Maintenant, place à l'action !
Chapitre 8 : Hallow-Hydres.
En cette veille d'Halloween, Harry sortit de l'entraînement de Quidditch dans un état qu'il ne parvenait pas à définir. Il était content parce que son équipe était prête à disputer le premier match de la saison contre les Serpentards et qu'elle avait de grande chance de gagner. Mais l'approche d'Halloween lui rappelait aussi la mort de ses parents, quinze ans plus tôt.
Harry était donc plutôt sombre lorsqu'il franchit le portrait de la grosse dame quelques minutes après Ron et Ginny.
Qu'est-ce qui ne va pas ? lui demanda Hermione un peu inquiète. L'entraînement ne s'est pas bien passé ?
Non, tout va bien de ce côté là, répondit Harry alors que Ron redescendait de son dortoir.
Alors qu'est-ce qui ne va pas ? insista Ron. Tu as été songeur pendant tout l'entraînement, ça ne te ressemble pas...
Ta cicatrice te fait mal ? Tu as encore rêvé de Voldemort ? demanda Hermione.
C'est juste que demain, ça fera exactement quinze ans que mes parents seront morts....
Ron et Hermione restèrent silencieux, le regard chargé de compassion. Harry se laissa tomber dans un fauteuil près de la cheminée dans laquelle brûlait un énorme feu. Harry tourna ses regards vers les flammes rougeoyantes qui crépitaient joyeusement dans l'âtre. Ses pensées s'envolèrent vers la vie qu'il aurait pu avoir si quinze ans plus tôt une espèce de malade à face de serpent n'avait pas tué ses parents à cause d'une prophétie faite par une folle d'un autre genre. Il aurait eu des parents, il aurait pu mieux connaître son parrain et même Rémus, peut être même aurait-il eu un petit frère ou une petite sœur. Il ne serait pas le célèbre Harry Potter, le Survivant ! Juste un simple sorcier...Tout serait différent !
Harry s'efforça de chasser ses tristes pensées de son esprit et se tourna vers ses amis qui étaient jusque là restés silencieux.
Il ne faut plus y penser, commença Hermione. Et puis, le château est toujours bien décoré pour Halloween...
Et il y a toujours un superbe repas ! renchérit Ron. On s'est toujours amusé ce jour là...
Sauf le jour où on a assisté à l'anniversaire de mort de Nick Quasi Sans Tête, le contredit Hermione.
C'est vrai, approuva Ron. Je n'aurai jamais crû pouvoir être aussi dégoutté par de la nourriture !
Et c'est ce jour là qu'à eu lieu la première attaque du basilic !
Et en première année, on a eu un troll pour Halloween.
En troisième, Sirius a attaqué la grosse dame le soir d'Halloween.
Et en quatrième année, tu as été nommé champion de Poudlard dans le tournoi des Trois Sorciers...
En fait, c'est vrai qu'il s'est toujours passé quelque chose à Halloween, accorda Hermione. Mais au moins, on ne s'est jamais ennuyé...
Harry finit par sourire devant les efforts de ses amis pour lui remonter le moral. Oui, si Voldemort n'avait pas tué ses parents quinze ans plus tôt, tout aurait été différent mais il y avait une chose qu'il ne regrettait pas et qu'il ne regretterait jamais : ses amis !
Les trois amis retrouvèrent Eridan dans la grande salle. Ils n'avaient pas la moindre idée de ce qu'elle avait fait pendant que Ron et Harry étaient à leur entraînement de Quidditch mais plus personne ne posait de question. Non pas parce qu'ils pensaient qu'elle leur mentait, Harry était persuadée qu'en règle générale elle leur disait la vérité, mais ce qu'elle leur disait les embrouillait plus qu'autre chose. Et Harry n'avait pas envie de l'entendre dire par exemple qu'elle était allée voir le professeur Rogue. Ce qui n'était d'ailleurs pas un mensonge, en effet il l'avait souvent croisée dans les quartiers des Serpentards ou même sortant du bureau du professeur Rogue alors que lui-même s'y rendait pour ses cours d'occlumencie. Mais par contre, il ne la croyait pas quand elle disait que c'était pour des questions de cours, à propos de l'option de magie ancestrale. Harry avait décidé de ne plus s'occuper de tous les mystères qui entouraient leur nouvelle amie et de lui faire confiance. En espérant qu'il ne se faisait pas une erreur...
Pourquoi installent-ils des citrouilles ? demanda Eridan, un air réellement étonné sur le visage.
Harry, Ron et Hermione se tournèrent vers elle, encore plus étonnés qu'elle.
Elles font partie des décorations pour Halloween, expliqua Hermione.
Halloween ?
Tu ne sais pas ce qu'est Halloween ?! s'écria presque Ron.
Devant l'air de la jeune fille, Hermione expliqua :
Tous les 31 octobre, c'est la fête des morts. Les enfants moldus se déguisent en sorcières, fantômes, vampires, monstres... et vont frapper aux portes pour réclamer des bonbons sinon, ils font des farces. C'est une vieille tradition irlandaise. On disait que cette nuit-là, les morts se promenaient librement et qu'on se déguisait pour les effrayer. Du moins, c'est l'une des versions... Et chez les sorciers, cette fête est très importante. Il n'y a pas de fête des morts en Amérique du Sud ?
Si, si bien sûr mais ça ne s'appelle pas Halloween et ils n'utilisent pas de citrouilles. De toute façon, là où j'étais, on ne faisait aucune fête. Les professeurs disaient que c'était du temps perdu et que ça ne nous ferait pas progresser...
Vous ne fêtiez pas Noël non plus ? demanda Ron, horrifié.
Non. Aucune fête.
Ça ne devait pas être amusant !
Pas vraiment...
Les yeux d'Eridan devinrent de ce bleu triste qu'ils prenaient généralement quand la jeune fille évoquait son passé. Harry lui jeta un regard. Il se demandait vraiment ce qu'elle avait pu vivre dans cette école en Amérique du Sud, ou ailleurs. C'était l'un de ses nombreux secrets et peut être celui que Harry aurait le plus voulu découvrir. Peut être aurait-il pu l'aider, la consoler, effacer de son regard cette tristesse qui lui serrait le cœur.
Alors tu dois trouver que Poudlard est beaucoup mieux ! s'exclama Ron, sortant Harry de ses pensées.
La jeune fille sourit.
J'ai hâte de voir comment on fête Halloween...
Et tu verras, il se passe toujours quelque chose le 31 octobre !
Harry se rembrunit en entendant la dernière phrase de Ron. Il se passait toujours quelque chose mais c'était toujours quelque chose qui sur le coup les mettait plus en danger qu'autre chose. Qu'allait-il se passer cette fois-ci ? Qu'est-ce qui allait encore leur tomber dessus ?
Harry pensait encore à cela quand ils rejoignirent la salle commune de Gryffondor. Il ne parvint pas à se concentrer sur ses devoirs et il laissa Ron et Hermione aller se coucher. Il savait pertinemment qu'il ne parviendrait jamais à s'endormir. Il était bien trop obnubilé par ce que leur prévoyait le lendemain, par le fait que ses parents étaient morts quinze ans auparavant, par le fait qu'il ne les connaîtrait jamais, que les gens qui l'approchaient mourraient, qu'il devrait combattre et tuer Voldemort...
Le regard perdu dans les braises rougeoyantes, il se sentait atteint d'une profonde mélancolie. Pourquoi ne pouvait-il pas être un adolescent comme les autres ? Qu'avait-il fait pour mériter tout cela ? Pourquoi ne pourrait-il jamais connaître les bras réconfortants de sa mère, le regard empli de fierté de son père ? Pourquoi ? Pourquoi ? Tant de questions et si peu de réponses... Et dehors la froide nuit de cette fin d'octobre ne faisait rien pour améliorer son humeur. La lune et les étoiles étaient cachées par de gros nuages noirs, comme une menace qui planait sur lui.
Harry se secoua. Il ne fallait pas qu'il se laisse sombrer ! Pour tous ceux qui croyaient en lui ! Harry décida d'aller chercher le journal de Sirius. La dernière lettre qu'il avait lue, ou plutôt vécue, avait été écrite par son père et racontait comment ils avaient découvert et vécu le secret de Rémus Lupin.
Harry se réinstalla devant le feu et ouvrit le journal à la lettre suivante. Les maraudeurs étaient toujours en troisième année et Sirius racontait le match Gryffondor contre Serpentard. Harry appréciait toujours les matchs de Quidditch, d'autant plus lorsque son père et Sirius y participaient. En effet si Harry savait que son père était un très bon poursuiveur, Sirius ne lui avait jamais dit qu'il jouait comme batteur, une place qui lui convenait à la perfection d'après Harry. De plus les matchs contre les Serpentards du temps des maraudeurs n'avaient rien à envier à ceux dans lesquels jouaient Harry depuis sa première année et Harry trouvait très intéressant d'assister au match comme s'il était aux côtés des joueurs, sur un balai. Mais Harry vit tout de suite que quelque chose était différent. Sirius s'intéressait particulièrement aux joueurs de Serpentard ou pour être tout à fait exact, à une joueuse qui jouait au poste de batteur. Une fille dans l'équipe de Serpentard c'était déjà étrange, une fille comme batteur ça l'était tout autant alors les deux ensembles ! Mais une autre chose étrange c'était que Harry ne parvenait pas à voir la fille en question, il ne pouvait que percevoir sa silhouette et son nom était comme gommé de la lettre ainsi que plusieurs phrases.
Harry continua sa lecture. Le match se déroulait avec ses habituelles brutalité, tricheries, insultes et les deux équipes étaient à égalité. A un moment, le gardien de l'équipe de Serpentard, traita l'attrapeuse de Gryffondor de Sang-de-bourbe. Cela déclencha de vives réactions chez les Gryffondors mais surtout, le gardien se prit un cognard dans la figure, manquant tomber de son balai. Et il n'y avait aucun doute sur la provenance du cognard ni sur le fait que c'était intentionnel. En effet, Harry vit la jeune Serpentard brandir sa batte, et l'entendit en menacer une seconde fois le gardien s'il osait répéter cette insulte devant elle. Mais son étonnement ne s'arrêta pas : il s'aperçut que les Serpentards obéissaient à la jeune fille, semblant la craindre particulièrement. Tout cela tourna à la faveur des Gryffondors qui gagnèrent deux cent trente à cinquante mais il fallait reconnaître qu'ils avaient été aidés par la jeune batteuse qui à partir de l'insulte avait joué contre son équipe.
Harry lança plusieurs sorts pour essayer de savoir à quoi ressemblait la jeune fille mais ce fut en vain. Pourtant, il n'y avait pas grand chose qui l'intéressait plus à ce moment là, surtout quand il vit que la jeune fille s'accusait d'avoir transformé ses camarades de maison en ver (elle avait été la seule épargnée) dans le seul but, avoué, de faire perdre des points à la maison verte et argent alors que c'était la vengeance qu'avaient concoctée les maraudeurs !
Harry trouvait étonnant que Sirius parle d'une Serpentard sans l'associer immédiatement au pire à des mangemorts, au mieux à des crétins sans cervelle. Il s'était en effet aperçu que Sirius, étant jeune, avait une certaine tendance à mettre tous les Serpentards dans le même panier et il n'y avait guère que Rémus qui essayait de lui prouver, et à James et Pettigrow, qu'il ne fallait pas généraliser.
Harry sortit de sa lecture avec de nouvelles questions et de nouveaux mystères. Et Harry était bien décidé à découvrir ce que lui avait caché son parrain.
Il croisa le regard d'Eridan. Harry avait pris l'habitude de voir la jeune fille lorsqu'il descendait lire le journal de Sirius alors que tous les autres dormaient. Il n'y avait pas une fois où il ne l'avait pas vue, à croire qu'elle ne dormait jamais, du moins jamais dans son lit ! Elle lisait toujours un de ces énormes grimoires qu'Harry ne savait pas où elle trouvait et ils s'ignoraient généralement chacun à un bout de la salle, lui près du feu et elle de la fenêtre.
Qu'est-ce que tu lis ? demanda-t-il, brisant leur habituel silence.
La jeune fille se leva pour s'asseoir près du feu. Harry s'étonna une fois de plus. Etait-il si facile de s'apercevoir qu'il avait envie, besoin de parler ?
Harry se pencha sur le livre. Les pages, en parchemin jauni, avaient été écrites à la main dans un alphabet qui lui faisait un peu penser à l'alphabet grec.
C'est un livre sur la magie originelle, écrite dans la langue des anciens sorciers.
Et c'est quoi la magie originelle ?
On raconte qu'il y a très longtemps, au temps des premiers sorciers, la magie blanche et la magie noire n'étaient pas séparées. Il n'existait qu'une seule forme de magie d'une puissance inimaginable et qui serait largement supérieure à la magie blanche et la magie noire actuelles. C'était une magie qui se faisait sans baguette. Mais un jour, les deux plus grands sorciers de cette époque se sont disputés à propos de ce qu'on devait ou ne devait pas faire en magie. Ils avaient tous les deux des conceptions opposées, ils décidèrent donc de se séparer et du même coup, ils scindèrent la magie en deux branches. Mais cette séparation aurait affaibli la magie et aurait ainsi obligé les sorciers à utiliser des baguettes magiques pour canaliser leur magie...
Cette histoire date du temps des fondateurs de Poudlard ?
Non, elle est beaucoup plus ancienne. Enfin, c'est une légende rien ne prouve qu'il y a jamais eu une seule magie.
Il y a des sorts dans ce livre ?
Oui, mais comme je ne sais pas comment se prononce cette langue, je ne risque pas de réussir à les lancer.
Et il y a des gens qui savent comment ça se prononce ?
Personne à ma connaissance. Tu penses bien que si quelqu'un le pouvait, il se dépêcherait d'utiliser la magie originelle puisqu'elle est sensée être plus puissante que tout !
C'est donc un livre dangereux ?
La jeune fille hocha la tête.
Où l'as-tu trouvé ?
A la bibliothèque.
Devant l'air dubitatif de Harry, Eridan ajouta :
Dans la réserve. Le professeur Rogue a écrit un mot à la bibliothécaire pour que je puisse y accéder quand je le souhaitais...
Pourquoi a-t-il fait cela ? Et ne me dis pas que c'est pour tes cours de magie ancestrale !
Peut être qu'il a juste voulu me donner un coup de main...
Harry la regarda d'un air ahuri. Rogue voulant donner un coup de main à quelqu'un, c'était déjà aberrant, alors à une Gryffondor !
Et ça consiste en quoi exactement la magie ancestrale ? Je parie qu'il n'y a que des Serpentards à part toi !
Nous sommes trois en cours, les deux autres sont effectivement des Serpentards.
Sous le regard interrogatif d'Harry, elle ajouta :
Les deux autres sont Drago Malfoy et Callista Prince, la fille qui est en métamorphose. En cours de magie ancestrale, on apprend surtout à se passer de baguette magique et à faire des sorts ou des potions mixtes.
Ce qui signifie ?
Il faut mêler des enchantements et des potions, ou des enchantements et des métamorphoses... Cela permet de jeter des sorts non seulement plus puissants mais aussi assez loin du programme scolaire...
C'est de la magie noire ? la coupa brutalement Harry.
Je t'ai déjà dit qu'il n'y avait aucun mal à apprendre la magie noire, ce qui peut l'être en revanche c'est la manière dont tu t'en sers ! D'ailleurs, je pense que tu devrais apprendre la magie noire, cela te permettrait de mieux connaître tes ennemis ! Mais non ce n'est pas vraiment de la magie noire. En grande majorité, ce qu'on appelle magie ancestrale est une forme de magie qu'on n'a pas réussie à classer. Ni en magie blanche ni en magie noire ! C'est d'ailleurs pour cela qu'on appelle ça de la magie ancestrale, en référence à la légende de la magie originelle.
Il y a beaucoup de personnes qui savent se servir de la magie ancestrale ?
Non très peu. C'est très difficile. Mais tu aurais pu y arriver, c'est dommage que tu n'aies pas pris cette option...
Je crois que c'était préférable. Rogue et moi, ce n'est pas vraiment l'amour fou !
Eridan sourit, franchement amusée.
Ça, c'est parce que vous êtes aussi butés l'un que l'autre ! Et puis, parfois la haine est la seule chose à laquelle on arrive à se raccrocher...
Harry lui jeta un regard étonné. Il supposait qu'elle parlait de Rogue, et non pas de lui, mais cela signifiait qu'elle en savait probablement plus que lui sur leur professeur de potions. C'était troublant, et un peu vexant. Après tout, elle était sensée n'être arrivée à Poudlard que depuis deux mois et elle semblait déjà en savoir plus que lui qui y avait passé cinq ans et deux mois !
Harry chassa ces pensées de son esprit. Il avait décidé de ne plus s'inquiéter des mystères qui entouraient Eridan. Et il avait eu suffisamment de mal à convaincre ses amis de ne pas chercher à les découvrir ! Il n'allait pas revenir sur sa parole !
Tu as un surnom ?
Eridan lui jeta un regard plus qu'étonné. Il fallait avouer que Harry venait de passer du coq à l'âne mais Harry s'en fichait. Il avait bien le droit lui aussi de paraître un peu mystérieux !
Pas à ma connaissance du moins. Pourquoi ?
Je peux t'en trouver un ?
La jeune fille eut l'air un peu inquiet mais elle hocha la tête en signe d'assentiment. Harry réfléchit quelques secondes. Il n'avait jamais pensé à lui donner un surnom avant qu'il n'énonce cette idée. Mais soudainement, cette idée lui avait plu. Il avait eu envie d'être le seul à pouvoir l'appeler d'une certaine manière. Ainsi, ce serait comme s'ils partageaient quelque chose, à défaut de partager ses secrets !
Eryn ! Ça te convient ?
La jeune fille hocha la tête, l'air soulagé. Harry se demandait bien pourquoi. Il ne lui semblait pourtant pas qu'on put craindre un surnom. Enfin, quand on savait que la grande majorité des sorciers craignaient le seul nom de Voldemort... C'était seulement qu'il n'aurait jamais crû cela de la part d'Eridan. Mais peut être s'était-il trompé, peut être avait-il mal interprété son expression. Après tout, la plupart du temps, son visage restait indéchiffrable.
Le lendemain matin, quand Harry se réveilla dans son lit, il eut une sorte de pressentiment. Il allait se passer quelque chose. Et quelque chose de mal ! Il en était persuadé. Pourtant, quand Ron émergea enfin de sous ses couvertures, Harry s'efforça d'adopter un ton enjoué. Il ne voulait pas inquiéter ses amis sur ce qui n'était peut être dû qu'à un mauvais rêve. Pourtant, il ne pouvait pas nier que depuis quelques jours sa cicatrice s'était davantage fait sentir. Il avait immédiatement travaillé ses exercices d'occlumencie ce qui lui avait permis de ne pas avoir trop mal ni de plonger dans l'esprit de Voldemort mais il lui restait une étrange et confuse impression. Une sorte de joie cruelle qui lui glaçait les sangs !
Dépêche-toi, Harry ! s'écria Ron, manifestement pas pour la première fois.
Harry finit donc de se préparer et rattrapa Ron juste derrière le portrait de la grosse dame. Ils retrouvèrent les filles dans la grande salle.
Le courrier n'est pas encore arrivé ? demanda Ron.
On peut savoir pourquoi tu es si pressé ce matin ? finit par demander Harry qui commençait à sentir poindre l'exaspération.
J'attends le journal !
Harry et Hermione fixèrent Ron comme s'il venait de dire que Rogue se promenait en tutu dans l'école.
Tu quoi ? demanda Harry.
Pourquoi veux-tu le journal ?
Les nominations pour le poste de ministre de la magie ont eu lieu hier. Je veux connaître les résultats, si mon père...
Le reste de sa phrase fut noyé dans les bruissements d'ailes des hiboux qui arrivaient de tous les côtés. Deux d'entre eux déposèrent la gazette du sorcier à chacune des deux filles. Hermione poussa un cri en attrapant le journal. D'autres cris lui répondirent dans toute la salle. A tel point qu'Eridan, contrairement à son habitude, posa les yeux sur la une. Ses yeux brillaient de rage quand elle posa le journal devant les garçons. Il y avait eu une attaque de Voldemort sur Azkaban. Tous les mangemorts qui y étaient détenus s'étaient échappés, tous les autres prisonniers, les nouveaux gardiens et les aurors qui s'y trouvaient également avaient été tué dans l'explosion qui avait totalement détruit la célèbre prison.
Machinalement, Harry passa sa main sur sa cicatrice. Alors c'était pour cela qu'elle s'était réveillée ? Voilà donc ce que préparait Voldemort ! Harry entendait Hermione qui lisait l'article à haute voix pour une bonne partie de la table des Gryffondors. Au-dessus de ce qui avait été la prison d'Azkaban flottait la marque des ténèbres, en dessous il n'y avait plus que des débris et des corps, étonnamment reconnaissables. Ensuite l'article citait les noms des mangemorts qui s'étaient évadés : Nott, les frères Lestrange, Crabbe, Jugson, Dolohov, Macnair, Avery, Rookwood, Mulciber, Malfoy.
A ce dernier nom, Harry releva la tête et chercha Drago Malfoy du regard. Il s'attendait à le trouver entourer des autres enfants de mangemorts, l'air goguenard et victorieux. Il fut étonné de l'apercevoir encore plus pâle qu'à l'habitude. Il ne parlait à aucun de ses camarades de maison et avait tout sauf l'air victorieux. En fait, et si Harry ne le connaissait pas, il aurait dit qu'il avait l'air catastrophé, comme si la pire chose qu'il pouvait imaginer venait de lui tomber dessus. Harry ne comprenait pas ce que cela signifiait. En juin dernier, Malfoy lui avait juré qu'il vengerait ce qu'il avait fait à son père et que de toute façon, son cher père ne resterait pas longtemps en prison. Et voilà que maintenant qu'il était libre, il ne semblait pas du tout content. Harry haussa les épaules. De toute façon, il s'en fichait de Malfoy. Ce qui importait c'était qu'il y avait désormais onze mangemorts de plus en liberté. Bien sûr, il s'y attendait mais cela ne l'empêcha pas de soupirer. C'était la première attaque de Voldemort depuis qu'il était officiellement de retour. Cela ne signifiait plus qu'une chose, maintenant les attaques allaient se succéder. Et dire qu'il était le seul à pouvoir vaincre Voldemort !
Harry se sentit fixé. Il releva la tête et croisa le regard d'Eridan.
Ils ne l'emporteront pas, répondit-elle simplement mais fermement, s'attirant ainsi les regards de tous ceux qui les entouraient.
Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Neville. Maintenant, même s'ils sont à nouveau arrêtés, il n'y a plus d'endroit où les enfermer...
Peut être qu'enfin le ministère créera une prison qui ne dépendra pas pour fonctionner de gardiens aussi peu sûrs que les détraqueurs.
Hermione hocha la tête.
Cette fois-ci, la guerre a vraiment commencé, murmura Harry.
Il aperçut les visages terrifiés de ses camarades. Parvati et Lavande étaient serrées l'une contre l'autre, tremblantes, les mains devant la bouche pour étouffer leurs cris, Dean avait passé un bras protecteur autour des épaules de Ginny mais il ne pouvait s'empêcher de lancer des regards inquiets à Seamus, Hermione et Ron s'étaient imperceptiblement rapprochés, Neville avait serré le poing sur sa nouvelle baguette que contrairement à ce qu'il avait craint sa grand-mère avait été fière de lui offrir... Et dans les yeux d'Eridan brillaient la colère et une froide détermination. A ce moment là, Harry se dit qu'elle devait être un adversaire redoutable et qu'il valait mieux ne pas l'avoir pour ennemie.
Toute la journée, les élèves ne firent que parler de l'attaque de Voldemort et les professeurs ne leur tinrent pas rigueur de leur manque d'attention. Certains, comme le professeur Flitwick, n'essayèrent même pas de faire cours, préférant discuter avec les élèves et les rassurer en leur disant que Poudlard était le lieu le plus sûr de toute l'Angleterre.
Lorsqu'ils croisèrent les Serpentards, Harry aperçut les sourires victorieux et arrogants de Crabbe, Goyle, Nott et d'un certain nombre d'autres élèves. Mais il ne vit pas une seule fois Malfoy. Harry entendit dire un peu plus tard que Malfoy n'était pas bien et qu'il se trouvait à l'infirmerie.
Mais Harry oublia totalement Malfoy et ses bizarreries quand il se rendit dans la grande salle pour le dîner. La salle était entièrement en orange et noire, les énormes citrouilles sculptées diffusaient une lumière vacillante et un peu inquiétante, des toiles d'araignées qui scintillaient comme si elles étaient gorgées de rosée décoraient les murs de la grande salle et un peu partout se trouvaient de petites tables en bois qui n'étaient décorées dans aucune des couleurs des quatre maisons. Comme tous les élèves, Harry après avoir exprimé son enthousiasme par une quelconque onomatopée se tourna vers la table des professeurs. Le professeur Dumbledore se leva, révélant un déguisement de télétubbies, du moins c'est ce qu'Hermione leur raconta. Elle dut même expliquer ce que c'était pour ceux dont les parents étaient sorciers. Harry observa les autres professeurs : le professeur Flitwick souriait dans son déguisement de lutin, le professeur McGonagall réussissait à garder l'air sévère dans son déguisement de Catwoman, Hagrid faisait un troll très amusant (genre Hébus dans Lanfeust de Troy), le professeur Androji n'était pas visible et le professeur Rogue avait l'air furieux ce qui le rendait très convaincant en vampire assoiffé de sang.
Harry se tourna vers ses amis, ne sachant pas s'il devait rire ou croire que leurs professeurs avaient définitivement perdu la raison.
Chers élèves, commença Dumbledore, suite à la demande de la préfète de sixième année de Gryffondor, miss Granger, les élèves pourront prendre leur dîner selon leurs affinités et non pas en fonction de leur maison...
Harry et Ron se tournèrent vers Hermione.
Tu ne nous avais rien dit ! lui reprocha Ron.
C'était une surprise, murmura la jeune fille. Ça vous plaît ?
C'est une bonne idée, répondit Eridan. Ça permettra peut être de rapprocher les élèves sans se soucier de leur appartenance...
Hermione parut ravie et elle le fut d'autant plus quand des élèves de différentes maisons vinrent la féliciter pour son idée.
Et j'ai pensé que des déguisements égayeraient cette soirée, continua Dumbledore. Aussi, vous allez tous vous déguiser ! Travesto !
Aussitôt, tous les élèves se trouvèrent affublés de déguisements tous différents les uns des autres. Harry éclata de rire en voyant Ron en pompier, Hermione en Athéna et Ginny en feu-follet.
Arrête de rire ! s'écria Ron. Ce n'est pas drôle ! Et puis, regarde-toi !
Harry fit apparaître un miroir et s'observa des pieds à la tête. Il portait un costume de mousquetaire qui lui aurait sans doute beaucoup plus plu s'il ne devait pas porter une perruque de longs cheveux bouclés. Harry se renfrogna.
Qu'est-ce que je te disais, se moqua Eridan. Rogue et toi vous avez décidément beaucoup de points communs, tu fais exactement la même tête que lui !
Harry fut d'abord vexé puis il prit le parti d'en rire et se tourna vers la jeune fille pour voir en quoi le sort de Dumbledore l'avait déguisée. Elle portait un masque noir qui lui couvrait la moitié du visage, mettant en valeur ses yeux incroyablement verts. Elle était vêtue de noir des pieds à la tête dans une matière souple et une coupe ample qui donnait un effet de légèreté, portait une cape noire qui semblait piquée d'étoiles, des fils d'argent se mêlaient à sa chevelure brune, une épée scintillante était fièrement accrochée à sa ceinture et des serpents d'argent ceignaient ses bras comme des bracelets. Harry ouvrit des yeux comme des soucoupes. Si le déguisement accentuait la beauté de la jeune fille, il renforçait encore plus son côté mystérieux.
Tu es déguisée en quoi ? finit-il par demander quand il eut retrouvé l'usage de sa langue.
La jeune fille haussa les épaules. Ils se tournèrent tous les deux vers Hermione mais celle-ci ne put pas les aider.
En Enya Noctae, dit Ron.
Les trois autres se tournèrent vers lui.
C'est l'héroïne d'un roman très connu chez les sorciers, expliqua Ginny.
Hermione parut très intéressée, elle demanda même à Ginny si elle pouvait lui prêter les romans et les contes typiquement sorciers qu'elle possédait. Harry, Hermione et Eridan leur demandèrent de leur raconter l'histoire d'Enya Noctae, qui était manifestement une héroïne aussi connue chez les sorciers que Hercule Poirot ou les personnages du Seigneur des anneaux chez les moldus.
En fait, c'est une histoire un peu bizarre et qui est composé de plusieurs tomes. Mais comme l'auteur a disparu avant de terminer le dernier tome, il y a des tas de choses qui restent inconnues. Sinon, en gros Enya Noctae est une jeune fille étrange et disposant de puissants pouvoirs. Et Enya Noctae n'est pas son véritable nom. Quand commence l'histoire, on sait juste qu'elle est orpheline et qu'il s'est passé quelque chose d'horrible dans son enfance mais on ne sait pas ce que c'est parce que l'auteur n'a jamais terminé le dernier tome. Enya se promène dans le monde sorcier pour résoudre des énigmes et punir les criminels lorsque la justice ne s'en charge pas, expliqua Ginny. C'est une sorte de Némesis qui agit toujours dans l'ombre et qui est accompagnée à partir du deuxième tome d'une drôle de créature qui peut prendre n'importe quelle forme animale ou mythique. En même temps, elle est en permanence pourchassée par des créatures et des méchants sorciers qui veulent la tuer et qui doivent avoir un rapport avec son passé. Si vous voulez, je pourrais vous prêter les livres, du moins si j'arrive à les retrouver.
Ce qui est amusant, dit Neville, déguisé en Zorro, qui venait de s'approcher avec Luna en fée maladroite, c'est que le personnage d'Enya Noctae ressemble physiquement à Eridan.
Comment s'appelle l'auteur ? demanda Eridan, un sourire mélancolique sur le visage.
En fait, elle utilisait un pseudonyme, Hécate et elle a disparu il y a à peu près quinze ans.
Les yeux d'Eridan virèrent au bleu et elle avait l'air de réfléchir mais elle laissa tomber et tous s'installèrent pour le dîner. Harry, Eridan, Ron, Hermione, Neville et Luna était à une table, celle d'à côté était occupée par Ginny, Dean, Seamus et d'autres élèves appartenant à l'AD, comme pour les autres tables proches. Les tables les plus éloignées étaient occupées par les Serpentards au grand soulagement des élèves des autres maisons.
Quand le repas apparut sur les tables, il y eut d'abord des cris horrifiés. Il fallait dire que l'aspect était assez proche de celui des aliments de l'anniversaire de mort de Nick-Quasi-Sans-Tête. Mais les élèves s'aperçurent vite que ce n'était qu'une farce de Dumbledore pour se mettre un peu plus dans l'ambiance d'Halloween.
Tout le monde mangeait avec appétit et discutait bruyamment quand un cri effrayant jaillit. Tout le monde se figea. Un bruit sourd ébranla les murs, comme si une chose énorme se déplaçait dans Poudlard. La porte de la Grande Salle trembla puis il y eut un craquement inquiétant. Harry voulut plonger la main dans sa poche pour prendre sa baguette quand il se rappela qu'il ne portait plus sa robe de sorcier. Il finit par trouver sa baguette à côté de son épée de mousquetaire et la brandit devant lui. Il s'aperçut que la plupart des membres de l'AD l'avait imité.
Soudain, la porte explosa dans un fracas épouvantable et en jaillit une bête monstrueuse. Son cou et sa tête ressemblaient à une vipère. Une vipère de trois mètres de long et plus grosse qu'une tête humaine. Le reste du corps semblait plutôt appartenir à un énorme dinosaure avec une longue queue qui se terminait par trois pointes qui paraissaient être en ivoire. Le monstre ouvrait sa gueule de serpent, révélant ainsi une langue fourchue et des dents très acérées, pour pousser ses hurlements effrayants.
Les élèves qui étaient d'abord restés tétanisés à la vision de la créature se mirent à hurler et essayèrent de prendre la fuite, se bousculant, s'écrasant, renversant chaises et tables...
Dites-moi que c'est une farce de Dumbledore, suppliait Neville.
Mais un simple coup d'œil aux professeurs leur permit de s'apercevoir que Dumbledore était aussi surpris que les autres et aussi inquiets.
Faites sortir les élèves ! hurla Dumbledore au préfet et à la préfète en chef.
Ces derniers semblèrent reprendre leur esprit et commencèrent à organiser la fuite des élèves, aidés par Madame Bibine et le professeur Chourave. Pendant ce temps, les professeurs Dumbledore, Flitwick, McGonagall et Rogue s'étaient dressés devant le monstre et lui jetaient des sortilèges pendant qu'Hagrid lui balançait à la tête tout ce qui était à sa portée. Ils furent bientôt rejoint par le professeur Androji, sans doute alertée par le bruit, qui brandit son épée. Les coups et les sortilèges que recevait le monstre finirent par lui couper la tête.
Tous les élèves encore présents chantèrent victoire mais la tête avait à peine touché le sol qu'il en repoussa trois nouvelles à la place. Et plus les têtes tombaient, plus il en repoussait.
Une hydre ! C'est une hydre ! hurla Hermione.
Comme l'hydre de Lerne d'Hercule ? demanda Eridan. Dans ce cas, on devrait rapidement sortir d'ici !
Eridan avait à peine fini sa phrase que l'hydre ouvrit ses multiples gueules et cracha du feu.
Il ne restait pas plus d'une quinzaine d'élèves dans la salle, tous membres de l'AD en dehors d'Eridan. Mais quand ils virent l'hydre cracher du feu, ils préférèrent écouter les ordres de leurs professeurs et prendre la fuite. Ils réussirent à sortir de la Grande Salle, l'hydre étant occupée par les professeurs, et coururent dans les couloirs. Aucun d'entre eux ne savait vraiment où il fallait aller mais ils décidèrent de se suivre.
A un moment, Neville appela à l'aide. Luna venait de trébucher. Harry, Ron, Hermione et Eridan ralentirent et vinrent l'aider à relever la jeune fille. Quand ils se furent assurés qu'elle allait bien, ils reprirent la route mais les autres avaient déjà disparu.
Les six amis s'engagèrent dans l'escalier qui menaient à la tour de Gryffondor. Mais ils n'étaient pas tous les six sur les marches que l'escalier commença à bouger. Et au lieu de bouger lentement comme ils en avaient l'habitude, l'escalier se mit à tourner sur lui-même de plus en plus vite. Les six adolescents étaient agrippés à la rambarde pour ne pas tomber. Mais quand les marches devinrent lisses, il fut certain qu'ils n'allaient pas tenir.
Les premiers à glisser furent Neville et Luna qui disparurent dans une sorte de trou noir. Leurs quatre amis regardèrent effarés le trou dans lequel leurs camarades venaient de s'évanouir. Aucun d'eux n'avait fait un mouvement, trop choqués pour réagir et ayant peur que le moindre geste les entraîne dans l'abîme. Pendant de longues minutes, les cris de Neville et de Luna raisonnèrent aux oreilles des quatre autres adolescents.
Puis Hermione lâcha à son tour. Dans un geste qu'Harry aurait qualifié d'héroïque s'il n'avait pas eu d'autres choses à penser à ce moment-là, Ron lâcha une main pour rattraper leur amie. Mais Harry, tout comme les autres savaient bien que Ron ne tiendrait pas longtemps. Harry essaya pourtant de se déplacer le long de la rambarde pour se rapprocher de ses amis. Sa main était à quelques centimètres de celle de Ron quand le jeune homme lâcha sous le regard horrifié d'Harry qui ne put rien faire pour le rattraper. Harry se retourna vers Eridan qui peinait à le rejoindre.
Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Harry qui ne pouvait pas, ne voulait pas croire que ses amis étaient morts.
Au point où on en est...
Et dans un synchronisme parfait, les deux adolescents se lâchèrent. Contrairement à ce qu'il avait crû, Harry ne tomba pas dans le vide mais il glissa sur une sorte de toboggan très raide. Plus il descendait plus l'obscurité s'épaississait. Au bout d'un temps qui lui sembla durer une éternité, il atterrit sur quelque chose de dur.
Qui est là ? entendit-il.
Harry fut soulagé de reconnaître la voix, certes un peu tremblante, de Ron. Harry n'eut pas le temps de répondre, que quelqu'un lui tomba presque dessus. Aussitôt, il entendit un murmure et une lumière jaillit dans l'obscurité. Manifestement Eridan venait de faire apparaître une boule lumineuse. Harry put ainsi constater avec soulagement qu'ils avaient tous atterri au même endroit.
Tout le monde va bien ? demanda-t-il avant de murmurer lumos, bientôt imiter par les autres.
Personne ne semblait avoir été blessé. Harry poussa un soupir de soulagement.
Où va-t-on maintenant ? demanda-t-il.
Ce n'est pas comme si nous avions le choix ! répliqua Eridan.
Peut être qu'avec un sortilège de lévitation... proposa Hermione.
Impossible, répondit Eridan. Le trou s'est refermé derrière nous.
Dans ce cas, en avant ! lança Harry. Finalement, nous avons de la chance, personne n'est blessé, nous avons échappé à la bête et nous allons visiter des endroits de Poudlard que nous n'avions jamais vu !
Mais sa tentative pour essayer de dérider ses amis tomba à plat. Il fallait avouer qu'il était lui-même assez peu convaincu par ses paroles.
Les six adolescents se mirent donc en route à travers d'étroits et sombres boyaux à peine assez grands pour leur permettre de tenir debout.
Après de longues et silencieuses minutes de marche, ils arrivèrent dans une très grande salle à colonnes de pierre et dans laquelle ruisselait l'eau d'une fontaine. Les six amis s'y précipitèrent avant de se laisser tomber à même le sol. Harry observa ses compagnons à la lumière des baguettes magiques. Ils étaient sales, leurs déguisements étaient déchirés et ils avaient l'air hagard et fatigué. Hermione et Ron étaient assis l'un à côté de l'autre, Neville tournait sa baguette dans sa main et Luna avait l'air encore plus dans la lune qu'à l'habitude. Eridan était la seule à être restée debout et elle explorait la salle. Soudain, Harry la vit se figer. Il essaya de percer les ténèbres mais il ne distingua rien. Puis il entendit un sifflement dangereusement familier. Il ne dit rien pour ne pas inquiéter ses amis et surtout parce qu'il refusait de croire à ce qu'il venait d'entendre. Mais le sifflement se fit plus fort et Eridan se précipita vers eux.
Debout ! cria-t-elle. Dépêchez-vous !
Pourquoi ne nous laisses-tu pas nous reposer ? lui reprocha Ron.
Pour ça ! s'écria la jeune fille en pointant son doigt derrière elle.
Harry suivit sa main et aperçut une masse sombre se profiler par l'une des quatre portes de la salle. La chose s'approcha et fut bientôt suffisamment proche pour qu'ils puissent la distinguer à la lueur de leurs baguettes. Mais de toute façon, ils savaient déjà ce que c'était aux bruits qu'elle faisait. Une hydre !
Mais comment a-t-elle fait pour nous retrouver ? demanda Neville.
Elle n'a qu'une tête, murmura Luna.
Tous se tournèrent vers la jeune fille.
Ce n'est pas la même ! comprit Hermione. Il y en a plusieurs !
Les six adolescents restèrent pétrifiés à cette nouvelle. Plusieurs hydres avaient investi le château et l'une d'elle avait décidé qu'ils faisaient des proies très convenables. Mais quand la créature cracha un jet de flammes vers eux, ils reprirent leurs esprits et se précipitèrent vers l'une des deux portes qui restaient.
Ils courraient droit devant eux dans un large couloir, ne se souciant que d'une seule chose, que l'hydre ne les rattrape pas !
Ce couloir est trop large, elle peut passer facilement ! paniqua Hermione.
Je suis tout à fait prête à prendre un autre couloir mais il n'y en pas ! répondit Eridan, sarcastique.
Courez ! hurla Neville qui venait d'apercevoir le monstre qui se dirigeait vers eux.
Les six adolescents reprirent leur course folle à travers les souterrains de Poudlard. A un embranchement, Harry prit à droite, entraînant ses amis à sa suite. Ils arrivèrent dans une petite salle où ils se laissèrent tomber.
Je n'en peux plus, murmura Neville.
Où est Hermione ? s'écria Ron. Elle n'est plus avec nous !
A ce moment, ils entendirent un cri. Harry, Ron et Eridan se précipitèrent. Hermione était à terre, à quelques mètres à peine de la monstrueuse tête de l'hydre. Elle avait dû tomber de fatigue. Harry se sentit coupable, la jeune fille devait avoir gardé des séquelles du sort qu'elle avait reçu au ministère.
Ron se jeta devant Hermione avant qu'aucun des deux autres ne puisse réagir.
Il est complètement cinglé, murmura Eridan.
Il est amoureux !
C'est bien ce que je disais !
L'hydre approchait sa tête de serpent des deux adolescents.
S'il lui jette un sort maintenant, elle va cracher des flammes et c'en sera fini...
Harry se tourna, horrifié vers Eridan.
Eh ! Espèce de sale bête ! se mit à hurler la jeune fille en faisant de grand geste. Par ici !
Le monstre tourna sa tête vers elle mais il semblait hésiter à abandonner deux proies faciles pour une qui avait l'air encore assez vive. Harry comprenant la manœuvre de diversion jeta un sort qui était sensé provoquer une légère brûlure. Le sort ricocha sur la peau écailleuse de l'hydre mais il eut au moins le mérite de détourner définitivement la bête de Ron et Hermione. La jeune fille en profita pour se relever. Mais maintenant la bête se dirigeait vers Harry qui recula jusqu'à ce que son dos heurte le mur.
Ne lui coupe surtout pas la tête ! hurla Hermione.
Harry était parfaitement d'accord avec elle mais il voyait mal ce qu'il pouvait faire. La bête fit claquer ses dents. Elle avait l'air ravi d'avoir quelque chose à se mettre sous la dent. Son haleine était abominable et Harry était hypnotisé par les yeux jaunes du monstre. Il n'entendait même plus les hurlements de ses amis.
Stupéfix ! hurla quelqu'un.
Le sort ricocha sur le dos de l'hydre mais permit à Harry de reprendre ses esprits.
Protego ! cria-t-il en brandissant sa baguette.
La tête de l'hydre heurta le bouclier magique dans un bruit sourd. Harry n'attendit pas de voir combien de temps son bouclier tiendrait, il se faufila sous la tête du monstre.
Merci Neville, dit-il au garçon qui venait de lancer le sortilège du Stupéfix.
L'hydre se tourna vers eux. Maintenant, elle avait l'air furieux. Elle fit claquer ses mâchoires à quelques centimètres de l'oreille de Luna qui avait suivi Neville. Aussitôt, Harry, Ron, Neville et Hermione lui jetèrent chacun un sortilège. La tête tomba.
Oh non ! murmura Hermione. Maintenant ça va être encore pire...
Les six adolescents ne bougèrent pas, les yeux fixés sur le poitrail de la bête d'où repoussaient trois têtes au bout de longs cous. Les trois têtes se dirigèrent vers les adolescents. Maintenant, la bête pouvait en attaquer trois à la fois.
Si les six adolescents avaient jusqu'ici réussi à garder un semblant de calme, là ce fut la panique et cinq d'entre eux brandirent leur baguette et lancèrent sort sur sort. Les têtes tombaient, repoussant toujours plus nombreuses.
Harry jeta un coup d'œil à Eridan qui n'avait même pas sorti sa baguette. Il ne parvenait pas à déchiffrer l'expression de son visage.
Si on lui lançait tous un Stupéfix en même temps, proposa Ron.
Hermione parut dubitative. Harry se rappela que pour stupifixer un dragon, il fallait une douzaine de sorciers confirmés et l'hydre semblait encore plus dangereuse qu'un dragon. Harry regarda le monstre. Les têtes grouillaient, trop nombreuses pour un seul corps. C'était terrifiant.
Essayons ! A trois !
Tous les six lancèrent un Stupéfix. La bête sembla vaciller quelques secondes puis toutes les têtes tombèrent d'un seul coup.
Vous croyez que nous l'avons eu cette fois ? demanda Neville, la voix tremblante.
Mais avant que quelqu'un puisse lui répondre, toutes les têtes repoussèrent et une autre hydre, unicéphale celle-ci, apparut.
Quand il n'y a plus de tête, cela crée une autre hydre ! s'écria Hermione. C'est comme ça qu'il y en a eu une deuxième ! Ne leur coupez surtout plus la tête !
Les six adolescents étaient dos au mur, devant les deux bêtes affamées.
Courez ! hurla Harry.
Il dut passer sous des têtes, par-dessus d'autres, sautant, zigzaguant pour ne pas se faire attraper. Il regretta de ne pas avoir son balai, cela aurait été plus facile et plus rapide.
Ils se retrouvèrent dans la petite salle.
Ne vous arrêtez surtout pas de courir !
Ils suivirent des couloirs et des couloirs, courant toujours, à bout de souffle et paniqués, entendant derrière eux les hurlements et les pas des hydres. Tout d'un coup, Harry qui fermait la marche vit ses compagnons s'arrêter brusquement. Ils les rejoignit rapidement.
Qu'est-ce qu'il y a ?
Nous sommes revenus dans la salle aux colonnes.
Harry se tourna vers la personne qui venait de prononcer ces mots. Eridan semblait en meilleur état que les autres, elle avait à peine quelques égratignures sur le visage et le reste de son corps était couvert par ses vêtements.
Que fait-on maintenant ? demanda-t-elle. Nous ne tiendrons jamais la distance contre les hydres.
Harry se tourna vers Hermione. Habituellement, elle savait toujours ce qu'il fallait faire.
Comment Hercule a-t-il vaincu l'hydre de Lerne ? lui demanda Eridan qui semblait avoir gardé la tête froide.
A chaque fois qu'il coupait une tête, son compagnon brûlait la blessure pour empêcher qu'elle ne repousse puis il a enterré la tête immortelle, finit par répondre la jeune fille.
On n'arrivera jamais à faire ça ! se lamenta Ron.
Peut être que tout n'est pas nécessaire, murmura Eridan plus pour elle-même que pour les autres.
Le feu, dit Luna.
Je doute qu'un simple incendio fasse l'affaire, répondit Hermione tout en réfléchissant.
Les trois garçons les regardaient sans comprendre.
Il faut brûler les hydres, leur expliqua Hermione. C'est la seule chose qui puisse les tuer.
Et comment on met le feu à un truc comme ça ? demanda Ron d'un air peu convaincu.
Il faut qu'on additionne nos magies, dit Luna comme si c'était évident.
Vous savez comment fonctionne les cercles magiques ? demanda soudain Eridan.
Il faudrait immobiliser les hydres un certain temps, dit Hermione.
Quand on leur coupe la tête, elle reste immobile le temps qu'il leur en repousse de nouvelles, fit remarquer Neville.
On peut se permettre d'essayer sur celle qui n'a qu'une tête...
Hermione et Eridan entamèrent d'expliquer ce qu'il fallait faire. Elles avaient à peine terminé leurs explications que l'hydre unicéphale jaillit dans la salle. Avant que qui que ce soit ait fait un seul geste, Eridan enchanta l'épée qu'elle portait en déguisement et la projeta sur le cou de la bête qui fut tranché d'un seul coup. Les six adolescents firent immédiatement cercle autour du corps décapité, la baguette levée et murmurant l'étrange litanie qu'Hermione et Eridan leur avaient apprise : Fluxio magio circul, efluxit magit circul, fluxio magio...
Harry sentit la magie circuler dans son tout corps puis il la vit, elle irradiait de chacun d'entre eux sous une forme lumineuse. Rapidement, un cercle lumineux se forma. Harry pouvait sentit la magie le traverser, une magie qui ne lui appartenait pas, qui ne lui appartenait plus. Il était devenu l'une des composantes du cercle, ils formaient un tout.
Maintenant ! cria Hermione.
Aussitôt, six baguettes se levèrent et six bouches lancèrent exactement en même temps : Incendio. La bête qui avait maintenant trois têtes se figea puis des flammes jaillirent de son corps et la recouvrirent.
Harry était aveuglé par la lumière du feu mais il entendait les cris de l'hydre qui se consumait. Quand le monstre ne fut plus qu'un tas de cendres, il sentit toute magie le quitter et il s'effondra.
Ne t'inquiète pas, c'est tout à fait normal de ressentir une très grande fatigue quand le cercle se brise, lui dit Eridan en l'aidant à se relever il ne savait pas combien de temps après être tombé.
Harry put s'apercevoir que tous ses amis se relevaient les uns après les autres. Ils avaient l'air fatigué mais vivant !
On l'a eu ! On l'a eu ! chantonnait Ron.
Tous les six trébuchèrent jusqu'à une colonne derrière laquelle ils se laissèrent tomber. Tout le monde parlait en même temps, se félicitant, se rappelant les moments les plus effrayants...
On a bien failli y passer !
Quand on racontera ça aux autres, ils ne voudront jamais nous croire...
Soudain une gueule pleine de dents s'ouvrit devant leurs yeux. Des mâchoires claquèrent tout autour d'eux. Ils hurlèrent.
On a oublié la deuxième hydre !
Courez ! Courez !
Et la fuite recommença. Ils prirent un couloir sans savoir si c'était un qu'ils avaient déjà pris ou un nouveau, l'hydre à leurs trousses.
Harry se retournait toutes les trente secondes, pour voir si l'hydre les rattrapait. Il entendait derrière lui les pas du monstre qui ébranlaient le couloir du sol au plafond. Il courrait sans regarder devant lui aussi si Ron ne l'avait pas rattrapé par le bras, il serait tombé tout droit dans la gigantesque tranchée qui leur barrait la route.
C'est un cul de sac ! paniqua Hermione. Cette fois, nous allons tous mourir...
Sauf si l'hydre tombe là-dedans, répondit Eridan penchée sur le trou.
Harry s'approcha. C'était tellement profond qu'il ne parvenait pas à distinguer le fond.
Comment ?
On se met tous devant le trou et au dernier moment, on se jette sur le côté et l'hydre tombe. Tout simplement !
Harry hésita. Certes, cela pouvait marcher mais ceux qui seraient le plus au centre risquaient de ne pas avoir le temps de s'enfuir. Mais il n'avait pas vraiment le choix. Harry regarda ses amis. Il allait devoir les placer. Et s'il s'était autodésigné pour se trouver au centre, il lui fallait désigner une autre personne.
Hermione, tu te mets tout à droite, Luna tout à gauche...
Harry se tut, il fallait qu'il prenne une décision.
C'est mon idée, j'irai au centre, dit Eridan d'un ton qui n'admettait aucune réplique.
Il en fut donc décidé ainsi. Ils avaient à peine terminé de s'installer que la bête apparut.
Sale bête ! Viens par ici ! Jetez-lui des sorts pour l'énerver !
Les cris et les sorts rendirent l'hydre folle furieuse. Elle allongea le pas pour attraper les adolescents qui se tenaient sans bouger à quelques mètres d'elle.
Harry fut soudain prit d'un horrible doute. Pourquoi la bête ne les croquerait pas tout simplement au lieu de se jeter dans le trou ? Mais avant que l'une des têtes n'atteignent l'un d'entre eux, Eridan lança un sort qui dut rendre le sol glissant car l'hydre fut soudainement déséquilibrée. Elle dut s'aider de ces multiples têtes pour reprendre son équilibre. Elle dut penser qu'il était plus simple de s'approcher de ses proies que de manquer d'être déséquilibrée en tendant le cou pour saisir un adolescent.
Harry se tourna vers ses amis. Ils avaient l'air inquiet mais il s'aperçut qu'ils s'inquiétaient plus pour lui que pour eux. Harry grimaça, il ne savait toujours pas comment il allait s'en sortir. La seule chose qu'il savait c'est qu'il ne pouvait pas laisser un de ses amis prendre sa place. Il se tourna vers Eridan. La jeune fille paraissait calme, son visage n'exprimait aucune inquiétude mais son regard restait fixé sur l'hydre.
La bête était à moins de cinq mètres d'eux. Trois mètres. Deux...
Ecartez-vous ! hurla Eridan.
A ce moment, Harry oublia tout le reste. Il ne pensa plus qu'à sortir du guêpier où il s'était fourré. Il se rendit compte qu'il n'avait aucune chance de pouvoir s'échapper par le côté, il n'aurait jamais le temps ! Il regarda la bête, ses têtes, ses pattes. Il pouvait le faire ! Il plongea, évitant les têtes, roulant sous le corps, il se retrouva derrière. Il aperçut trop tard la queue de la bête. Il parvint juste à éviter les pointes avant de sentir quelque chose heurter brutalement sa tête.
Harry, ça va ?
Harry se redressa, se massant ses tempes douloureuses.
Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-il.
En tombant, l'hydre t'a assommé avec sa queue, expliqua Hermione.
Elle est morte ?
En tout cas, elle est tombée dans le trou et on ne l'entend plus, répondit Ron.
Harry trouvait que les voix de ses amis étaient étranges, comme forcée.
Est-ce que tout le monde va bien ? demanda-t-il en ouvrant les yeux. Où est Eridan ?
Un horrible silence lui répondit. Les autres avaient baissé la tête. Harry se précipita vers le trou. Ce n'était pas possible ! Pas ça !
Une main agrippa le sol puis une deuxième. Personne ne réagit.
Halloween ! souffla Eridan en se hissant à côté d'eux. La fête des morts ! On m'y reprendra, tiens ! Pourquoi ces têtes d'enterrement ? Il suffisait de se coller à la paroi !
Harry poussa un soupir de soulagement. Elle était vivante ! Et de très mauvaise humeur...
J'espère que l'un d'entre vous sait comment remonter parce que maintenant, je commence vraiment à en avoir marre de traîner dans ces souterrains !
Les cinq autres se regardèrent.
Je connais juste le sortilège Pointe au Nord mais ça m'étonnerait que ça puisse nous servir, dit Harry.
Il y a le sort du Fil d'Ariane, dit Luna comme si elle parlait de la pluie et du beau temps.
Les cinq autres la regardèrent en essayant de savoir si c'était encore une des choses imaginaires auxquelles la jeune fille croyait ou si c'était un vrai sort.
Desdalé Ariana, dit la jeune fille.
Une petite lumière apparut au bout de sa baguette puis elle commença à se déplacer. Ils la suivirent. Elle les ramena d'abord dans la salle aux colonnes puis juste sous la trappe par laquelle ils étaient tombés dans les souterrains.
Et maintenant ? ironisa Eridan. On joue les passe-murailles volants ?
Mais elle avait à peine terminer sa phrase que la trappe s'ouvrit et que quelque chose en jaillit.
Fumseck ! s'écria Harry en attrapant le phœnix.
Prenez-vous tous par la main, il va nous tirer dehors, dit-il en attrapant lui-même la queue de l'oiseau fabuleux.
Harry se sentit devenir léger et il s'aperçut que ses pieds avaient quitté le sol. Quand ils sortirent enfin des souterrains, ils se retrouvèrent devant le professeur Dumbledore, McGonagall et Rogue. Ils avaient l'air particulièrement soulagé.
