JOYEUX NOEL ET BONNE ANNEE !

Merci à tous mes reviewers, Ange.Lou, Opalina et and. Voilà la suite ! Bonne lecture!

Chapitre 12 : interdite… et y a de bonnes raisons !

Harry, Ron et Hermione se tournèrent vers Eridan. Harry n'arrivait pas à comprendre comment elle arrivait à être aussi ironique alors qu'ils avaient toutes les chances d'être très prochainement écrasés par la massue du cyclope. Surtout qu'il y avait encore peu de temps, elle était quasiment paniquée ! C'était étrange d'ailleurs. Prisonnière du trou d'anti-magie, les deux filles ne craignaient que d'attraper une pneumonie, alors que là, ils allaient tous se faire tuer ! Eridan avait décidément des réactions totalement inverses de celles auxquelles on pouvait s'attendre.

On pourrait peut être se réfugier dans le trou d'anti-magie, proposa Ron.

Le cyclope pourra nous suivre. Il ne pourra pas en sortir, comme nous, c'est tout ! le contredit Eridan. Et encore, apparemment il en est déjà sorti une première fois…

Justement, il n'aura peut être pas envie d'y retourner, proposa Hermione avant de pousser un hurlement.

Le cyclope avait lancé sa massue vers elle.

Wingardium Leviosa ! hurlèrent Ron et Harry en même temps.

La massue s'échappa de la main du cyclope et commença à s'élever. Le cyclope grogna et rattrapa son arme, brisant le sort du même coup sous les regards abasourdis de deux garçons.

Ce n'est pas un troll, commença à expliquer Hermione qui tentait de calmer les battements de son cœur.

Les cyclopes sont capables d'une certaine forme de magie, continua Eridan. Notamment d'empêcher leur arme de s'éloigner d'eux de plus d'un mètre.

Alors il devrait avoir encore moins envie de se retrouver dans le trou d'anti-magie, reprit Ron.

Et comment en sortirons-nous ?

Nous trouverons ! s'exclama Harry qui ne voyait aucune autre solution pour éviter de se faire écraser comme des snorks.

Je préfère finir écraser que retourner là-dedans, répondit Eridan d'un ton qui ne laissait absolument pas douter de son sérieux.

Les trois autres la regardèrent encore plus étonnés qu'auparavant. Décidément, Harry ne la comprenait plus. Comment pouvait-on préférer la mort ?

Le cyclope avait décidé de s'intéresser à Ron qui reculait dangereusement vers le trou tout en lançant des stupéfix parfaitement inefficaces. Harry et Hermione l'imitèrent sans d'autre effet que de manquer de peu se faire écraser par la massue du cyclope. Et de plus, ils étaient dorénavant tous les trois au bord du trou, coincés par le cyclope qui poussait ce qui ressemblaient à des cris de joie. Et quels que soient les sorts que les trois adolescents lui jetaient, cela ne faisait que l'énerver davantage.

Eh ! Imbécile ! Prends-toi toujours ça ! s'exclama soudain Eridan en jetant sur le cyclope une sorte de boule bleue qui crépitait, comme de l'électricité.

Le cyclope poussa un grognement de rage et, se désintéressant des trois adolescents, il chargea Eridan, faisant trembler le sol sous ses pas. La jeune fille semblait étrangement calme mais Harry remarqua qu'elle n'avait pas sa baguette magique dans les mains. Il s'inquiéta, si elle l'avait perdue, elle ne pourrait pas se défendre ! Encore que les sorts qu'ils jetaient ne semblaient pas avoir le moindre impact sur le cyclope...

Harry se précipita vers Eridan, suivi par Ron et Hermione. Ils ne pouvaient plus voir la jeune fille, cachée par l'une des énormes jambes arquées du géant borgne. Ils le virent lever sa massue…

Briséis ! entendirent-ils.

Le temps sembla se figer quelques secondes. La massue sembla se fissurer de toutes parts sous les regards hébétés du cyclope. Puis tout d'un coup, elle explosa en mille copeaux de bois minuscules qui se répandirent partout comme des flocons de neige.

Le cyclope poussa un hurlement de rage et il se retourna pour arracher l'arbre le plus proche de lui. Harry, Ron et Hermione en profitèrent pour rejoindre Eridan.

Je savais bien qu'il ne fallait pas faire ça, disait-elle en secouant la tête d'un air mécontent. Maintenant, il est encore plus en colère…

Le cyclope n'eut aucun mal à arracher l'arbre et il le jeta dans leur direction. Ils s'éparpillèrent en hurlant.

Harry se jeta sous les branchages pour éviter le tronc meurtrier. Les branches lui griffèrent les bras qu'il avait levé pour protéger son visage. Il se roula en boule pour essayer d'amortir sa chute mais il ne put retenir un cri de douleur.

Il tentait de s'extraire des branchages quand un énorme pied essaya de l'écraser, le manquant d'à peine un mètre. Le mouvement du cyclope le fit tomber la tête la première dans les branches. Harry sentit du sang couler sur son visage.

Bien qu'étourdi par sa chute, il se força à se relever. Il fallait qu'il sache ce qui était arrivé aux autres.

Ron était un peu plus loin, serrant son bras contre son corps. Il était très pâle, la sueur ruisselait sur son front et il grimaçait sous la douleur. Hermione et Eridan étaient plus loin. Elles avaient réussi à s'extirper de l'arbre mais Hermione était affalée sur le sol, une jambe repliée sous elle. Elle semblait incapable de se déplacer mais tenait toujours sa baguette dans sa main. Eridan était agenouillée près d'elle. Elle n'avait pas l'air blessé mais le cyclope s'avançait vers les deux filles.

Harry rejoignit Ron et les deux garçons virent un sort fusé de la baguette d'Hermione. Il toucha le monstre mais il sembla à peine s'en apercevoir.

Hermione laissa tomber sa baguette.

Les deux garçons étaient incapables de faire le moindre mouvement, figés d'horreur par ce qui allait se produire.

Le cyclope avança son énorme main vers les deux filles…

Soudain, une barrière de feu jaillit du sol, coupant le cyclope d'Hermione et Eridan.

Le cyclope poussa un hurlement de terreur et retira sa main. Harry et Ron en profitèrent pour se précipiter vers leurs amies.

Vous allez bien ? demanda Harry.

Je crois qu'Hermione a la jambe cassée.

Tu peux te lever ? demanda Ron.

Hermione essaya mais dès qu'elle posa le pied sur le sol, elle poussa un cri et retomba.

Qu'allons-nous faire ? s'horrifia Ron qui semblait avoir oublié sa propre douleur en voyant l'état dans lequel se trouvait Hermione.

Pour l'instant le feu a l'air de le tenir éloigné, dit Harry d'un ton beaucoup plus assuré qu'il ne l'était vraiment.

J'espère seulement que toute la forêt ne va pas s'embraser, murmura Eridan.

Harry tourna ses regards inquiets vers elle. Il n'avait pas du tout pensé à cette éventualité. Si le cyclope avait peur du feu, ils avaient autant à craindre que lui de se retrouver piéger par les flammes.

Mais la neige était très épaisse et le feu commençait à faiblir. Déjà, les flammes avaient perdu de la hauteur et elles s'éteignaient peu à peu en grésillant.

Le cyclope semblait avoir compris que les flammes ne dureraient pas car il attendait, juste assez loin pour ne pas risquer de se faire brûler. Un sourire effrayant défigurait son visage monstrueux quand il regardait les quatre adolescents.

Harry le vit passer sa langue sur ses dents et il manqua s'évanouir. Eridan suivit son regard.

Pour les cyclopes, la chair humaine est le plus délicieux des mets, lui murmura-t-elle.

Harry sentait la panique s'emparer de lui. Il s'efforça de la chasser mais c'était d'autant plus difficile que les flammes faiblissaient de plus en plus.

U…lys…se, murmurait Hermione.

Que dit-elle ? demanda Harry.

Je crois qu'elle délire, elle n'arrête pas de répéter une lis ou quelque chose de ce genre, lui répondit Ron qui paraissait de plus en plus inquiet.

Harry se pencha lui aussi vers Hermione, préoccupé par l'état de son amie.

Ulysse ! Mais bien sûr ! s'exclama soudain Eridan. Ulysse et le cyclope, c'est l'un des épisodes de l'Odyssée !

Harry et Ron la regardèrent comme si elle avait perdu l'esprit mais Hermione hochait la tête. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais elle n'y parvient pas.

Comment est-ce qu'Ulysse arrive à vaincre le cyclope ? demanda Eridan. Mais oui, bien sûr, il faut lui crever l'œil ! C'est tout à fait logique…

Et comment tu comptes faire ? se moqua Ron.

Eridan ne répondit rien. Harry n'avait pas la moindre idée de comment ils allaient pouvoir se sortir de cet enfer. La seule fois où ils s'étaient retrouvés autant en danger avec certains gravement blessés, c'était au département des mystères. Et ils ne s'en étaient sortis que parce que les membres de l'Ordre du phénix étaient arrivés. Et Sirius était mort…

Quand Harry sortit de ses pensées, il s'aperçut qu'Hermione palissait à vue d'œil. Il se tourna vers Ron d'un air inquiet. Ce dernier sembla prendre une décision. Il s'agenouilla près d'Hermione et d'un grand geste, déchira un morceau du pantalon que la jeune fille portait sous sa robe de sorcier. Ce faisant, il grimaça, étouffant un cri de douleur.

Sers-toi de la magie ! s'exclama Eridan d'un ton qui n'admettait aucune réplique.

Ron ne répondit rien. Il fallait dire qu'il y avait de quoi perdre la parole en voyant l'état dans lequel se trouvait la jambe d'Hermione. Ron et Harry avaient maintenant un teint qui variait entre diaphane et vert. Hermione essaya de se redresser pour comprendre leur réaction mais avant qu'elle n'ait pu voir sa jambe, Eridan s'était interposée entre sa vue et sa blessure.

Reste tranquille ! lui ordonna-t-elle.

Eridan jeta un regard vers ce que faisait Ron. D'une main tremblante, il utilisait sa baguette pour enlever des échardes de bois de la grosseur d'un pouce de la jambe d'Hermione. Ensuite, il s'efforça de retirer les tissus blessés tout en épongeant le sang. Il était de plus en plus translucide et Harry, qui essayait de l'aider, aurait parié qu'il n'était pas plus fier.

Finalement, c'était une bonne idée de prendre premiers secours comme option, murmura-t-il.

Il va vraiment falloir s'occuper du cyclope.

Harry se tourna vers Eridan puis vers le géant à l'œil unique. Les flammes ne tarderaient pas à disparaître et il aurait tôt fait de les avaler. Or Ron avait encore besoin de temps pour faire en sorte qu'Hermione puisse un jour remarcher et de toute manière, la jeune fille ne pourrait pas marcher avant un long moment. Harry se redressa.

Tu as une idée ?

Il faut lui crever l'œil, c'est la seule solution. Mais d'abord, il faut détourner son attention d'eux, murmura Eridan en désignant les deux blessés. Ils sont des proies trop faciles.

Harry hocha la tête et, la baguette pointée vers le cyclope, il vint se placer aux côtés d'Eridan, juste devant ce qui restait des flammes.

On doit pouvoir réussir à l'attirer de l'autre côté en lui jetant des sorts, proposa-t-il.

Eridan hocha la tête. Sans mot dire, ils se précipitèrent vers le cyclope, lui jetant des sorts. Le borgne fut d'abord surpris par la rapidité et l'inattendue de l'action. Mais il se rattrapa très vite et vif comme l'éclair, il avança sa main vers Eridan. Harry le vit la reculer précipitamment après qu'une lumière bleue l'ait touché. Mais il dut détourner les yeux de la jeune fille. En effet, le cyclope avait décidé de changer de victime et il approchait son énorme main de lui. Harry eut juste le temps de se jeter entre les jambes du géant borgne et de rouler dans la neige, quelques secondes à peine avant qu'il ne referme sa main sur lui pour lui broyer les os. Cette fois-ci, ils avaient réussi à le mettre très en colère. Le cyclope poussait des cris de rage continus qui résonnaient dans la forêt, faisant frémir les branches des arbres. Il déracina à nouveau un arbre et l'utilisa pour essayer de les écraser.

Harry et Eridan se rejoignirent entre deux coups de troncs qui faisaient trembler le sol, manquant les faire tomber.

Et maintenant ?

Il faut lui percer l'œil avec un pieu, répondit simplement Eridan.

Harry lui jeta un regard interrogatif.

Un tronc d'arbre taillé en pointe fera parfaitement l'affaire.

Tu as une tronçonneuse ?

Eridan lui jeta un regard où l'étonnement se mêlait à l'exaspération.

Tu es un sorcier.

Peut être, mais je ne sais rien des sorciers bûcherons !

Eridan haussa les épaules. Elle sembla réfléchir pendant quelques secondes puis, sa décision prise, Harry la vit pointer sa baguette tremblante vers l'un des arbres.

Tumber branche !

Aussitôt une branche de plus de deux mètres de long tomba à leur pied. A l'aide de sorts, Harry entreprit d'élaguer la branche. Il avait oublié le cyclope mais celui-ci ne l'avait pas oublié ! Et Harry se serait fait écraser par le tronc que venait de lui lancer le géant borgne si Eridan ne l'avait pas tiré de sa trajectoire.

Laisse-moi finir ça, dit-elle. Essaie de détourner son attention pendant ce temps…

Détourner son attention. Harry voulait bien mais tant qu'à faire, il préférait que ce ne soit pas en lui servant d'en-cas. Il se dirigea donc d'abord vers le cyclope en lui jetant des sorts jusqu'à ce qu'il oublie les trois autres adolescents. Même si les sorts ne l'arrêtaient pas, le cyclope ne semblait pas les apprécier. Et il avait perdu son calme depuis longtemps… Harry regretta une nouvelle fois de ne pas avoir son Eclair de feu alors qu'il se jetait sur le côté pour éviter le tronc dont le cyclope se servait comme d'un pilon.

Tout en courant, sautant, évitant les coups, Harry s'étonnait encore de la présence du cyclope dans la forêt et de l'éventualité d'une autre attaque sur Poudlard. Pourtant, Dumbledore avait toujours dit que l'école de sorcellerie était le lieu le plus sûr de Grande-Bretagne… Il devait effectivement y avoir un traître. Mais qui ? Harry se souvint qu'Eridan devait demander au professeur Rogue la formule de la potion pour trouver l'empreinte magique de l'hydre. Il faudrait qu'il le lui rappelle. Quand ils sortiraient de ce pétrin ! S'ils y arrivaient…

Eridan finit par l'appeler. Au lieu de la grosse branche, elle se tenait maintenant devant une sorte de gigantesque javelot dont la pointe était particulièrement acérée.

Maintenant, il faut que tu crèves l'œil du cyclope.

Harry la regarda, écarquillant les yeux.

J'ai jeté un sort pour que tu ne sentes pas le poids réel de cette lance…

Je ne peux pas faire ça !

Si tu ne le fais pas, Hermione et Ron mourront. Ils sont blessés, incapables de se déplacer et le cyclope comprendra bientôt qu'ils font des proies bien plus intéressantes que nous !

Harry jeta un regard vers ses deux amis. Ron était toujours penché vers Hermione et aucun des deux ne semblaient prêter la moindre attention au cyclope.

Eridan avait raison, ils seraient les premières proies. Harry ne pouvait pas laisser faire cela ! Il attrapa le javelot. Il était étonnamment léger mais cela ne changeait rien à sa mauvaise maniabilité.

Je vais l'attirer vers nous. Profites-en pour lui crever l'œil. Vise bien !

Et avant que Harry n'ait pu dire le moindre mot, elle se plaça devant le géant, faisant de grands gestes et jetant des sorts pour l'attirer. Le cyclope laissa tomber le tronc d'arbre qu'il tenait encore et avança la main vers la jeune fille, sûr de sa victoire. Il se pencha vers elle…

Harry attendit qu'il fut à portée de sa lance puis il la leva brutalement, la dirigeant le mieux qu'il pouvait vers l'unique, énorme et rond œil…

Le cyclope poussa un hurlement de douleur quand le bois entra en contact avec son œil. Il se mit à faire de grands gestes pour essayer de se débarrasser du javelot. Mais Harry tint bon, enfonçant le plus possible la lance. Le géant finit par la briser d'un coup de poing puis il arracha ce qui restait. Harry aurait préféré qu'il s'abstienne. De l'œil percé jaillit un flot de sang noir qui arrosait tout sur son passage.

Méfie-toi ! lui hurla Eridan pour couvrir les cris du cyclope. Le sang des cyclopes est corrosif…

Harry vit avec horreur un trou apparaître sur sa manche là où quelques secondes auparavant, une goutte de sang était tombée. Il arracha sa manche alors que sa peau commençait déjà à le brûler et, entraînant Eridan, il courut se réfugier un peu plus loin.

Et maintenant ? demanda-t-il.

Eridan ne répondit rien. Elle ne quittait pas le cyclope des yeux. Celui-ci était maintenant dans un état de rage indescriptible. Il poussait des hurlements, de rage et de douleur, balançait ses bras, faisant ainsi tomber tous les arbres qu'il touchait. Il faisait trembler le sol sous ses pieds et Harry s'aperçut avec horreur qu'il se dirigeait vers Ron et Hermione. Aussitôt, il se précipita vers le cyclope.

Stupéfix ! hurla-t-il en pointant sa baguette vers le géant aveugle.

Le sort n'eut aucun effet mais le cyclope parut comprendre que la personne qui venait de le lui lancer était la même que celle qui lui avait crevé l'œil. Il poussa un hurlement qui paralysa Harry. Il voulait se venger, Harry pouvait le ressentir dans le moindre souffle de vent, le moindre bruissement de branche, le moindre craquement dans la neige. Harry pouvait sentir une haine qui avait quelque chose de commun avec la haine qu'il avait éprouvé pour Bellatrix Lestrange, en juin, quand elle avait tué Sirius. Cette sorte d'émotion incontrôlable qui ne semblait pouvoir s'apaiser que dans le sang, dépourvue de la moindre réflexion, entièrement instinctive. Tu m'as fait souffrir je te ferais souffrir au centuple…

Mais cette fois-ci, c'était contre lui qu'était dirigée cette haine, ce désir de vengeance… Harry frissonna. Tous ces sens étaient exacerbés, le moindre flocon tombant sur le sol résonnait dans sa tête comme des coups de cymbales. Le temps parut se ralentir, s'arrêter même. Et Harry vit très clairement le cyclope arracher encore un autre arbre. Il le vit le jeter dans sa direction. Il vit l'arbre se rapprocher de plus en plus de lui. Il pouvait distinguer les dernières feuilles, les dessins de l'écorce… Il ne bougea pas, incapable de lutter contre cette rage aveugle tournée vers lui. Le tronc occulta toute lumière… puis Harry ne vit ni ne sentit plus rien.

La première sensation que ressentit Harry fut la douleur. Et la peur. Il était coincé sous un amas de branches et ses côtes le faisaient horriblement souffrir. Il avait dû au moins s'en fêler une. Peut être s'était-il même transpercé un poumon ! Harry se calma en constatant que, quand il s'appliquait à respirer tranquillement, l'air entrait et sortait de ses poumons de manière tout à fait normal. Il aperçut des mains au-dessus de sa tête qui dégageaient les branches.

Harry, tu vas bien ?

La pointe d'inquiétude qui perçait dans la voix d'Eridan fit oublier à Harry toute douleur. Pour un peu, il aurait presque été prêt à se reprendre un arbre sur la tête juste pour entendre Eridan s'inquiéter à son sujet.

Eridan et Ron finirent de le dégager et Harry sortit de son amas de branches sous les regards soulagés de ses trois amis.

Autour de lui ne régnait plus que le silence. Les hurlements du cyclope, ses pas tremblements de terre, ses coups de tronc… avaient disparu.

Que s'est-il passé ? finit-il par demander.

Le cyclope s'est fracassé la tête en tombant dans le trou d'anti-magie, répondit Eridan.

Harry voulut se lever. Il fallait qu'il s'assure qu'il était bien mort. Il dut s'appuyer sur Eridan pour arriver devant le trou d'anti-magie. Pendant ce temps, Ron rassuré sur l'état de son ami, retournait auprès d'Hermione.

Le cyclope reposait au fond du trou, sa tête disparaissant sous le sang… Harry détourna les yeux.

Alors c'est fini, murmura-t-il en retournant vers Ron et Hermione.

Il se laissa tomber à côté d'eux, à la fois soulagé et choqué.

La forêt est silencieuse, dit tout d'un coup Eridan.

Les trois autres la regardèrent sans comprendre.

Trop silenc…

Eridan fut coupée par un hurlement qui provenait d'un coin où les arbres étaient si hauts et si serrés qu'ils ne pouvaient pas voir ce qui se trouvait derrière. Mais deux arbres furent écartés d'un simple geste et s'écrasèrent sur le sol. Un autre cyclope apparut, l'œil injecté de sang, humant l'air. Il devait probablement sentir l'odeur du sang de son congénère et cela semblait le mettre dans une rage folle. Il se précipita vers les quatre adolescents et avant qu'aucun d'eux n'ait pu faire un geste, il les balaya d'un revers de la main.

Harry se sentit projeté dans les airs et il fut douloureusement arrêté dans son vol plané par un tronc. Sonné, il ouvrit les yeux pour voir ce qui était arrivé aux autres. Hermione était allongée un peu plus loin dans la neige et elle lui fit un petit geste de la main. Mais son regard fut soudain attiré par la chevelure rousse de Ron. Une flaque de sang tâchait la neige autour de sa tête. Il étouffa un cri pour ne pas attirer l'attention d'Hermione et, oubliant sa douleur, il se précipita vers son ami. Hermione le suivit des yeux et poussa un cri.

Il est vivant. Rassure-toi, il est vivant ! lui dit-il quand il se fut approché de Ron.

Celui-ci ouvrit les yeux.

J'ai l'impression d'avoir la gueule de bois, réussit-il à murmurer en tachant vainement de se redresser.

Il finit par laisser tomber et resta allongé.

J'ai la tête qui tourne…

Il fut coupé par un cri d'Hermione.

Le cyclope !

Harry se redressa, la baguette pointée vers le géant borgne qui s'approchait à nouveau d'eux. Cette fois-ci la situation était véritablement désespérée, Harry pouvait le sentir dans l'air, le voir dans l'œil du cyclope…

Eridan jaillit devant le cyclope sans que Harry ne comprenne vraiment d'où elle venait. A son grand soulagement, et étonnement aussi, elle n'avait pas l'air blessé, à peine quelques éraflures apparaissaient sur son visage.

Eh toi ! Viens donc te mesurer à moi ! lança la jeune fille.

A ce moment, Harry croisa son regard. Ses yeux brillaient d'une inquiétante lueur de rage contenue qui le fit frissonner. Apparemment, le cyclope fut aussi impressionné car il se figea dans son mouvement, sa massue levée au-dessus de la tête et un pied en avant. Mais il se reprit rapidement et se jeta à la poursuite de la jeune fille. Harry comprit qu'elle voulait les détourner d'eux. Oubliant encore la douleur qui lui ceignait les côtes et le dos, il courut vers elle.

Que comptes-tu faire ? demanda-t-il. Lui crever l'œil ?

Pas le temps ! Il faut l'attirer vers le trou d'anti-magie !

Ils n'eurent pas besoin de dépenser beaucoup d'énergie pour attirer le cyclope. Il s'était lancé à leurs trousses et n'envisageait manifestement pas de changer de projet avant de les avoir écrasés et dévorés.

Eridan empêcha Harry de tomber dans le trou en le retenant par le poignet. Ils étaient maintenant coincés entre le cyclope et le trou. Mais le géant ne sut pas en profiter. Au lieu de s'arrêter pour se délecter de ce qu'il allait pouvoir faire aux deux adolescents, il continua sa course. Harry comprit l'idée d'Eridan. Le cyclope, emporté par sa masse et son élan allait s'écraser dans le trou. Le seul problème c'était qu'il risquait fort de les entraîner dans sa chute. Harry attrapa la main d'Eridan et la poussa sur le côté juste avant que la main du cyclope ne l'attrape. Affalés sur le sol, ils sentirent la terre trembler sous la chute du géant dans un bruit effroyable.

On en est débarrassé cette fois-ci ? demanda Harry en relevant la tête.

Eridan se dégagea de sa main et se releva.

On dirait…

Hermione et Ron s'approchaient à petits pas, s'appuyant l'un sur l'autre. Ils finirent par se laisser tomber à côté d'Harry. Tous les trois étaient en assez mauvais état et Harry ne savait pas comment ils allaient pouvoir retourner à Poudlard.

Soudain, une énorme main ensanglantée agrippa le bord du trou. Les quatre adolescents poussèrent un cri d'horreur. Le cyclope n'était pas mort et il se servait du corps de son congénère comme escabeau pour sortir du trou.

Eridan était toujours debout devant le trou. Elle avait les yeux fixés sur la fosse et la main tendue.

La terre se mit à trembler. Et sous les yeux effarés de Harry, Ron et Hermione, le trou commença à se refermer peu à peu. Le cyclope sembla s'en rendre compte lui aussi car il se mit à pousser des petits cris et essaya d'accélérer son escalade. Mais le trou se refermait inexorablement. Quand les deux bords touchèrent le corps du cyclope, celui-ci poussa un hurlement mais rien n'arrêtait la fermeture du trou d'anti-magie. Il y eut un effroyable bruit d'os brisés puis plus aucun son. Plus qu'une fissure. Puis plus rien. Le sol était à nouveau lisse et plat. Plus rien n'indiquait qu'il y avait encore un trou quelques secondes plus tôt.

Eridan se laissa tomber sur le sol, apparemment épuisée.

Comment as-tu fait ça ?! hurla Hermione.

Ron et Harry la regardèrent sans comprendre.

Il est très difficile de créer des zones d'anti-magie mais il est carrément impossible de les refermer, continua l'adolescente. Les sorts ne peuvent pas fonctionner sur l'anti-magie puisque, par essence, cela nie la magie !

Harry finit par comprendre. C'était Eridan qui avait refermé le trou d'anti-magie. Et à ce que disait Hermione c'était totalement impossible.

Eridan avait l'air un peu hagard et particulièrement secoué. Elle gardait les yeux baissés sur ses mains, respirant difficilement. Harry ne savait pas si c'était le choc de ce qui venait de se passer ou l'énergie qu'elle avait dû dépenser pour refermer le trou qui la mettait dans cet état mais il trouvait son état inquiétant.

Je ne sais pas comment j'ai fait, murmura-t-elle.

Hermione s'apprêtait à lui poser une autre question mais elle fut interrompue par la chute d'un arbre. Eridan releva la tête, l'air épuisé et désespéré.

Pas encore, murmura-t-elle d'un ton presque suppliant.

Un autre cyclope apparut. Il se dirigea directement vers eux. Cette fois-ci, c'était vraiment la fin, pensa Harry. Aucun d'eux n'était capable de se défendre et Harry en vint à souhaiter mourir rapidement.

La terre se mit à trembler et des arbres tombèrent derrière le cyclope. Il se retourna.

Si c'est un autre cyclope… commença Ron.

Mais si la créature qui jaillit des arbres avait la même taille et une apparence assez proche de celle des cyclopes, elle avait deux yeux !

PAS FAIRE MAL HERMY ! beugla Graup.

Et il se jeta sur le cyclope.

Décidément, il t'adore ! s'exclama Eridan.

Harry observa le géant et le cyclope. Leur bataille était une assez bonne imitation des luttes de sumos, le sang et les blessures en plus.

On ferait mieux d'en profiter pour partir d'ici, dit Eridan qui semblait à nouveau parfaitement calme.

Et Graup… s'inquiéta Hermione.

Il a l'air de très bien s'en sortir tout seul, répondit Harry qui venait de voir le géant utiliser la massue du cyclope pour lui en assener un violent coup sur la tête.

Eridan aida Hermione à se relever puis à marcher. Derrière les deux filles, Harry et Ron essayaient de suivre tant bien que mal. Maintenant que la tension s'était évaporée, Harry avait l'impression d'avoir été broyé, écrasé, haché… Et le moindre mouvement le mettait au supplice. Et à voir la tête de Ron, il devait en être de même pour lui.

Harry ne comprit pas comment ils avaient réussi à sortir de la forêt. Ils n'avaient aucune idée de l'endroit de la bataille, encore moins des chemins qu'ils avaient empruntés au retour. Ron et lui avaient suivi les deux filles en s'efforçant de ne pas se vider de leur sang ni de s'écrouler. Ils n'avaient guère fait attention à autre chose que leur douleur et leurs blessures et quand enfin, la forêt fut derrière eux et le château devant, Harry put remarquer qu'Hermione était au bord de l'évanouissement. Devait-il croire que c'était Eridan, qui n'était à Poudlard que depuis six mois, qui avait réussi à les sortir de cet enfer vert ? Enfin, plutôt blanc et noir puisque toutes les feuilles étaient depuis longtemps tombées et que la neige avait tout recouvert de son blanc et glacé manteau !

Ils ne rencontrèrent personne dans le parc ni à l'entrée du château. Mais ils avaient à peine pris le premier couloir en direction de l'infirmerie qu'ils entendirent un cri.

Qu'est-ce qu'il vous est arrivé ! cria le professeur McGonagall.

Avant que quiconque puisse répondre ou faire le moindre geste, Eridan avait murmuré un vague excusez-moi et elle était partie en courant dans le sens inverse sous les regards abasourdis des trois adolescents et des trois professeurs, McGonagall, Rogue et Androji.

Trou d'anti-magie, commença Hermione.

Cyclopes, continua Ron.

Sauvé par Graup, termina Harry.

Les trois professeurs mirent presque tout le trajet jusqu'à l'infirmerie pour comprendre ce qui s'était passé. Le professeur Androji les regardait d'un drôle d'air et Harry se demanda si elle était impressionnée qu'ils aient échappé à trois cyclopes ou si elle ne les croyait pas. Mais il fut tiré de ses pensées par le professeur Rogue. Celui-ci, après avoir répété : dans le trou d'anti-magie ! d'un air horrifié, avait tourné les talons et prit un couloir précipitamment sous les yeux écarquillés du professeur McGonagall qui ne semblait pas plus comprendre le comportement de son collègue que ses élèves.

Madame Pomfresh poussa un hurlement en les voyant entrer puis elle se précipita vers eux pour les forcer à s'allonger et commencer les soins.

Harry entendit McGonagall demander au professeur de défense d'aller chercher le professeur Dumbledore puis il sombra dans le sommeil et l'inconscience.

Harry fut réveillée par les cris de l'infirmière.

Mais laissez-moi vous soigner voyons !

Ce n'est pas nécessaire ! Je vais très bien…

Harry ouvrit les yeux. Il vit Eridan reculer précipitamment quand madame Pomfresh s'approcha d'elle. Harry avait l'impression de se retrouver quelques mois en arrière quand ils étaient à l'infirmerie après l'attaque des hydres. Il se demandait comment tout cela allait se terminer quand la porte de l'infirmerie s'ouvrit.

Voilà les potions que vous m'avez demandées, dit le professeur Rogue en tendant une douzaine de fioles aux contenus multicolores. Mais que se passe-t-il ici ?

Professeur, aidez-moi à convaincre cette jeune fille de me laisser l'examiner !

Pourquoi faire si elle vous dit qu'elle va bien ? N'avez-vous pas suffisamment à faire avec les trois autres ?

L'infirmière resta quelques instants sans voix puis elle recommença à crier :

Mais vous n'y pensez ! Le sang de cyclope est très dangereux…

Pompom, puisque cette jeune fille vous dit qu'elle n'a pas besoin de soin…

Harry reconnut Dumbledore. Et il vit surtout le regard noir que lui lançait le professeur Rogue. Pourtant, il semblait à Harry que Rogue venait de dire exactement la même chose.

Vous feriez mieux de vous occuper de vos patients, je crois d'ailleurs qu'ils sont déjà réveillés… continua le directeur de Poudlard.

Eridan jeta un drôle de regard à Dumbledore, elle murmura un : je reviendrai, puis sortit de l'infirmerie suivie, quelques instants plus tard, par le professeur Rogue qui affichait toujours un air furieux.

Quand pourrons-nous sortir ? demanda Ron dont le lit se trouvait à côté de celui d'Harry.

Pas avant que vous soyez guéris ! s'écria l'infirmière.

J'en suis désolé, cela risque de durer un certain temps, dit le professeur Dumbledore.

Vous ne pouvez pas nous autoriser à sortir ? demanda Ron.

Vous n'y pensez pas ?! Déjà que je ne sais pas comment je vais pouvoir expliquer à Molly ce qui vous est arrivé sans qu'elle ne m'étrangle… Alors si en plus, elle apprend que vous n'êtes pas sagement dans vos lits…

Dumbledore leur sourit une dernière fois avant de repartir en fermant la porte derrière lui.

Ma mère va m'envoyer une beuglante…

Ce serait vraiment très injuste ! s'insurgea Hermione. Ce n'est pas de ta faute si des cyclopes nous ont attaqués…

Oui mais je n'aurai pas dû être dans la forêt interdite !

Vous êtes venus parce que vous vous inquiétiez pour nous…

Ben je doute qu'elle accepte l'excuse !

De toute façon, si comme le dit Eridan, les cyclopes étaient là pour une nouvelle attaque sur Poudlard, nous aurions forcément fini par les rencontrer, finit par dire Harry après avoir longtemps hésité à les couper dans leur dialogue.

Encore une attaque…

Il va vraiment falloir qu'on trouve qui est le traître, dit tout d'un coup Hermione.

Harry ne répondit rien. Cette histoire de traître le mettait mal à l'aise. Traître le faisait immédiatement penser à Pettigrow, à l'ami de son père, de Sirius et de Rémus. Un traître, c'est quelqu'un de proche, dont la trahison fait presque plus mal que les conséquences… mais un traître, c'est aussi quelqu'un au-dessus de tout soupçon. Et cette dernière remarque ne correspondait pas à Eridan. La jeune fille ne faisait rien pour leur inspirer une entière confiance, elle ne cachait guère les mystères qui l'entouraient… ce n'était pas l'attitude d'une traître !

Tu m'as l'air bien songeur, Harry, remarqua Hermione. Que se passe-t-il ? Et en fait, pourquoi êtes-vous venus dans la forêt interdite.

Nous sommes venus vous chercher, répondit Ron. Il était plus de midi et vous n'étiez pas rentrées… Nous nous inquiétions !

Harry ?

Ron avait vu Eridan discuter avec Malfoy et même lui demander de faire quelque chose…

Faire quelque chose ? Mais quoi ?

Je ne sais pas, je n'ai pas pu m'approcher assez près pour entendre ce qu'ils disaient…

Dans ce cas, comment sais-tu qu'elle lui demandait quelque chose ? s'étonna Hermione.

C'est difficile à dire. Quelque chose dans leur attitude…

Hermione allait dire quelque chose quand l'infirmerie fut remplie de cris et d'élèves.

Vous allez bien ?

C'est vrai que vous vous êtes fait attaquer par des cyclopes ?

J'ai entendu parler d'un trou d'anti-magie, qu'est-ce que c'est ?

C'était Ginny à la tête de leurs camarades de Gryffondor et de bon nombre d'autres membres de l'AD. Ils parlaient tous en même temps, leur demandant des détails, racontant ce qui se disait dans les couloirs…

Les trois amis peinaient à leur répondre. Harry pouvait ressentir leur inquiétude, leur peur de ces attaques à répétition. Peur de la guerre qui avait déjà commencé mais d'une manière diffuse, latente… peu propice à l'exaltation du combat mais plus à la panique sourde qui montait en chacun. Dans les futilités que racontaient ses camarades, Harry pouvait ressentir leurs angoisses, leur désir de rester cacher et de ne rien savoir et en même temps celui de vouloir être rassurés, d'avoir des informations pour ne pas être pris au dépourvu… Mais surtout, ils voulaient des héros pour les protéger. Et il faisait partie de ces héros, malgré lui, en dépit de ses propres craintes…

Harry en était là de ses pensées quand madame Pomfresh apparut et se mit à hurler en voyant la foule autour de ses trois patients. Les autres élèves furent renvoyés manu militari dans leurs quartiers et Harry, Ron et Hermione durent subir les multiples soins que, d'après l'infirmière, nécessitaient leurs états de santé.

Le lendemain, dans l'après-midi, Harry vit la porte de l'infirmerie s'ouvrir précautionneusement.

L'infirmière est-elle là ? demanda la tête d'Eridan, seule partie de son corps qui apparaissait.

Non, elle est partie, répondit Harry en souriant.

Eridan entra donc et referma la porte derrière elle.

Comment allez-vous ?

Harry haussa les épaules ce qui le fit grimacer. Pomfresh leur avait dit que leurs blessures étaient trop graves pour être soignées en quelques jours et cela sans compter le sang de cyclope et la présence d'un trou d'anti-magie qui influait encore leur métabolisme au point que les soins magiques qu'elle leur procurait s'en trouvaient atténués.

Pendant ces explications, Eridan s'était assise sur le lit d'Hermione.

Et toi, tu vas bien ? demanda Harry.

Je suis en parfaite santé…

Comment as-tu fait ? demanda soudain Ron. Je veux dire pour ne pas être blessée, nous avons tous les trois vu que le cyclope t'avait touchée toi aussi !

Je sais me servir de la magie…

Cette phrase fit immédiatement penser Harry à celles que la jeune fille avait prononcées lorsqu'elle était prisonnière du trou d'anti-magie. Elle avait dit qu'elle ne pouvait rien faire sans magie. Qu'elle ne pouvait pas vivre sans !

Ron m'a dit qu'il t'avait vu parler avec Malfoy, il ne te menaçait pas tout de même ? demanda Hermione.

Harry sourit. Décidément, son amie était douée, dit ainsi cela ne ressemblait absolument pas à une accusation. Hermione avait véritablement du tact ce qui était plutôt nécessaire compte tenu que Ron, lui, devait à peine connaître la signification de ce mot.

Bien sûr que non. Mais nous avons un travail à faire en commun pour le cours de magie ancestrale. Et comme Callista et Malfoy refusent de s'adresser la parole, ils passent tous les deux par moi pour la moindre chose. C'est d'un pratique ! Et dire qu'ils sont dans la même maison…

Cette réponse ne satisfaisait pas complètement Harry. Pourtant, il ne pouvait pas nier que les deux Serpentards semblaient véritablement se détester et capables de ne pas s'adresser la parole. Mais il y avait quelque chose qui sonnait faux, Harry n'aurait pas su dire quoi, et pourtant il n'avait pas assisté à la scène en personne ! Ce dernier fait lui fit admettre qu'il devait commencer à devenir paranoïaque ou que c'était Ron qui l'était et qui lui transmettait ses craintes. Après tout, il n'avait aucune raison de douter des paroles d'Eridan. Sans elle, ils seraient très probablement morts, tués, écrasés, dévorés par l'un ou l'autre des cyclopes !

Au fait, le professeur Rogue m'a confié le carnet où se trouve la potion que tu cherches, Hermione, dit Eridan en tendant un épais cahier à couverture de cuir à la jeune fille.

Celle-ci se précipita sur le carnet et commença à le feuilleter. Au fur et à mesure de sa lecture, son visage s'éclairait.

C'est fantastique ! Je n'aurai jamais crû que le professeur Rogue avait mené tant de recherches et sur des sujets aussi variés ! s'exclama-t-elle.

Et encore, tu n'as qu'un seul carnet, il en a plusieurs dizaines dans son bureau même s'il ne les ouvre plus guère…

Quel dommage qu'il n'ait pas continué ses recherches, il aurait pu devenir un grand chercheur…

Peut être pourra-t-il les reprendre, quand la guerre finira et que le monde sera débarrassé de ce psychopathe de Voldemort…

Tu es donc persuadée que nous allons gagner ? s'étonna Harry.

On ne va quand même pas le laisser remporter la victoire ! Et puis, dans le cas contraire, je serais morte alors, quelle importance…

Les trois autres adolescents la regardèrent fixement.

Ne me faites pas croire que vous pensez pouvoir vivre s'il gagne ! Personnellement, j'ai choisi depuis longtemps, plutôt mourir que de me soumettre ! Vous n'êtes pas de cet avis ?

Harry hocha la tête, c'était l'évidence !

La porte s'ouvrit à nouveau, les faisant tous sursauter. C'était Malfoy accompagné de son groupe de fidèles Serpentards. Lestrange paraissait avoir reçu l'équivalent d'une porte en béton armé sur le nez ce qui n'arrangeait rien à son apparence déjà assez effrayante mais au moins, il était obligé de se taire, les mains sur le nez, essayant d'empêcher le sang de couler.

L'infirmière n'est pas là ? demanda le blond de son habituel petit air méprisant.

Qu'est-ce que tu lui veux ? répondit brusquement Ron.

L'inviter au bal. Tu es stupide ou quoi ?! Ça ne se voit pas ?

Malfoy parut s'apercevoir de la présence d'Eridan.

C'est vrai ce qu'on dit, tu as refermé un trou d'anti-magie ? lui demanda-t-il.

Qu'est-ce que ça peut te faire, Malfoy ? cracha Harry.

Quelle violence Potter ! Si tu n'étais pas coincé dans ce lit, j'aurai presque peur que tu me mordes… et qui sait toutes les bactéries que tu pourrais me transmettre !

Avant qu'Harry ne puisse lui jeter autre chose à la figure, Eridan répondit à Malfoy que pour une fois, les rumeurs étaient effectivement fondées. Malfoy parut quelque peu ébranlé puis, après un moment de silence, il se tourna vers ses compagnons :

Et bien, que faites-vous encore là, vous voyez bien que l'infirmière n'est pas là !

Et sans un seul regard vers les trois adolescents blessés, il repartit, refermant la porte derrière lui.

Qu'est-il arrivé à Lestrange? demanda Hermione après quelque instant de silence.

Il s'est pris une porte en pleine tête !

Les trois adolescents lui jetèrent des regards interrogatifs.

Je ne sais pas exactement comment ça a commencé mais il y a un peu moins d'une demi heure, j'ai croisé Ginny et d'autres élèves de Gryffondor qui avaient entamé une bataille avec Lestrange et compagnie. Les sorts commençaient à être vraiment mauvais alors, comme chaque groupe était dans une pièce différente, j'ai voulu refermer la porte entre eux… Ce n'est quand même pas de ma faute si Lestrange était sur le pas de la porte à ce moment là !

Mais pourquoi ne l'ont-ils pas conduit immédiatement à l'infirmerie ? s'étonna Hermione.

Je suppose qu'ils ont eu du mal à le sortir de sous la porte. Oui, parce que, bien évidemment, elle lui est tombée dessus, je crois que j'avais mal dosé mon sortilège… Et quand je suis partie, Malfoy ne semblait pas vouloir lever le petit doigt pour sortir son cousin de sous la porte alors je suppose que les autres ont du mettre un certain temps…

Tu vas avoir des problèmes, grimaça Harry.

J'en doute. L'avantage avec ce Lestrange c'est qu'il est beaucoup trop prétentieux et fier pour aller se plaindre à un professeur…

Il va chercher à se venger, répliqua Ron.

Eridan haussa les épaules.

Cela ne semble pas t'inquiéter, remarqua Hermione.

Pourquoi ? Je devrais ? Ce n'est qu'un élève qui croit connaître la magie noire… Je doute qu'il soit plus dangereux que des cyclopes ! Par contre, je ferais mieux de partir avant que l'infirmière ne revienne…

Tu pourras me rapporter les devoirs ? demanda Hermione alors qu'Eridan s'apprêtait à refermer la porte de l'infirmerie.

Bien sûr. Au fait, si cela vous intéresse, Graup va bien et il a réduit le dernier cyclope en charpie !

Harry la regarda refermer la porte puis se retourna vers ses amis.

Je sais ce que vous allez dire, commença-t-il.

Vraiment ? s'étonna Hermione. J'allais juste dire que j'étais bien contente que Graup aille bien…

Et moi que j'aurai voulu voir Lestrange se prendre la porte dans la tête et être coincé dessous !

Harry sourit. Eridan était étrange et mystérieuse, c'était certain mais il avait décidé de lui faire confiance et Ron et Hermione prenaient cela pour argent comptant.

Cela faisait quatre jours que les trois amis se trouvaient à l'infirmerie et madame Pomfresh avait à la fois rassuré Ron et détruit ses espoirs en leur annonçant qu'ils ne pourraient pas sortir avant au moins une bonne semaine ce qui signifiait qu'ils ne pourraient pas assister au bal de la saint Valentin. Harry ne savait pas s'il devait plaindre Ron ou remercier le sort d'éviter que Ron ne fasse ou dise encore quelque chose qui le fâcherait avec Hermione. Il n'avait aucune envie de devoir passer le reste de l'année à essayer de les réconcilier !

Au moment du dîner, comme elle le faisait tous les jours, profitant de l'absence de l'infirmière, Eridan entra. Elle apportait une pile de parchemins et de livres qu'elle déposa sur le lit d'Hermione. La jeune fille se précipita sur les cours.

Après l'avoir observé quelques secondes d'un air d'incompréhension, Eridan finit par lui dire :

Bien que cela me coûte de le dire, Lestrange a au moins raison sur une chose, être la meilleure en cours ne fera pas de toi une sorcière Hermione…

Harry, Ron et Hermione levèrent les yeux vers elle, à la fois abasourdis et en colère :

Tu ES une sorcière ! Tu devrais profiter de cette convalescence forcée pour prendre du repos. Je n'irai pas jusqu'à te conseiller d'imiter Harry et Ron…

Il y a un examen à la fin de l'année…

Et tu l'obtiendras haut la main comme pour tes buses…

Tu peux parler, tu as eu des meilleures notes que moi à tes buses !

Eridan détourna la tête mais Harry eut le temps d'apercevoir ses yeux, ils étaient devenus bleus.

Là où j'étais avant, je n'avais pas le choix… murmura-t-elle.

Les trois autres adolescents restèrent silencieux, essayant de comprendre comment on pouvait ne pas avoir le choix ou du moins ce qu'Eridan voulait dire par là.

Qu'avez-vous fait en combat magique ? demanda Harry pour changer de sujet.

Puisque maintenant tout le monde maîtrise l'apparition d'une épée de magie pure et que nous connaissons un certain nombre de coups, nous avons fait des duels. C'est ce qui explique qu'un grand nombre d'élèves soit passé à l'infirmerie aujourd'hui.

Harry hocha la tête. Décidément, les professeurs de défense avaient une étonnante tendance à vouloir tuer une partie de leurs élèves. Il était étrange que Dumbledore n'ait rien fait pour en empêcher le professeur Androji. Peut être pensait-il qu'avec ce qui les attendait dehors, il valait mieux qu'ils soient bien préparés, qu'il valait mieux être blessé à Poudlard et avoir plus de chance de survivre quand ils sortiraient.

Tu vas aller au bal samedi ? demanda tout d'un coup Ron à Eridan.

Harry se tourna vers Eridan, assez inquiet de la réponse. La jeune fille regarda Ron comme s'il avait dit une chose parfaitement absurde.

Pourquoi faire ?

La question était tellement inattendue que Ron ne trouva rien à redire mais Harry fut bien obligé de s'avouer qu'il se sentait tout d'un coup le cœur beaucoup plus léger.

En général les gens prennent plaisir à aller au bal, dit Hermione.

Eridan haussa les épaules.

De toute façon, je ne sais pas danser et j'ai d'autres choses à faire. En fait, Luna vous a dit qu'elle avait transmis la photo et l'article que tu as écrit à son père ? Il devrait être publié prochainement…

Harry resta silencieux. La photo représentant Pettigrow embrassant la robe de Voldemort. L'article dans lequel Hermione racontait la vérité sur Sirius, ses propres confirmations… Il fut soudain envahit par une profonde mélancolie. Harry aurait voulu être seul, il ne tenait pas à ce que les autres le voient dans cet état, encore moins pleurer…

Il vaut mieux que j'y aille maintenant. L'infirmière ne va pas tarder…

Eridan !

La jeune fille se retourna alors qu'elle venait d'atteindre la porte.

Demain, pourras-tu m'apporter le carnet qui se trouve sous mon matelas ? demanda Harry, peinant à cacher sa tristesse.

Le carnet de Sirius lui semblait être la seule chose qui pouvait le faire sortir de la mélancolie dans laquelle l'avait jeté le souvenir de Sirius.

Eridan lui sourit et Harry se sentit déjà mieux, même si Ron et Hermione le regardaient maintenant d'un air moqueur.

Harry avait fini par sortir de sa mélancolie quand, le lendemain, personne n'était venu les voir de la journée alors, que les jours précédents, c'était à peine s'ils restaient seuls deux heures consécutives par jour. A croire que tous les élèves de Gryffondor et les membres de l'AD avaient décidé de se relayer pour leur tenir compagnie, et ce malgré les cris de madame Pomfresh. Mais ce jour là, personne n'était venu de toute la journée. L'infirmière avait été absente tout du long et il régnait dans Poudlard, un étrange et inquiétant silence. Quelque chose n'allait pas. Quelque chose c'était passé et ce n'était pas bon signe ! Mais quoi ? Et Ron et Hermione, s'ils s'étaient aussi aperçus qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, n'avaient aucune idée sur ce que c'était. Pour être tout à fait exact, ils s'étaient tous les deux disputés le matin et ne se parlaient plus depuis. Harry avait préféré ne pas s'en mêler mais il espérait que cela ne durerait pas trop longtemps. Après tout, c'était déjà assez pénible comme cela de devoir rester à l'infirmerie alors si en plus ses amis avaient décidé de bouder chacun dans son coin ! Aussi, Harry attendait-il avec encore plus d'impatience que d'habitude la venue d'Eridan. Du moins, il espérait qu'elle viendrait…

La porte de l'infirmerie finit par s'ouvrir et Eridan apparut. Elle tenait dans la main le carnet de Sirius et un journal. Harry s'étonna. Le Chicaneur ne pouvait pas être déjà paru !

La jeune fille se laissa tomber au pied de son lit et Harry put enfin apercevoir ses yeux quand elle lui tendit le carnet. Ils étaient bleus.

Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta-t-il.

Eridan ne lui répondit rien mais elle lui tendit le journal. A son cri, Ron et Hermione étaient sortis de leur bouderie et ils regardaient maintenant vers lui avec inquiétude.

Harry prit le journal. C'était la Gazette du sorcier. En posant les yeux sur la Une, il comprit pourquoi personne n'était venu les voir, pourquoi un silence inquiétant planait sur Poudlard, pourquoi les yeux d'Eridan étaient bleus…

Il y avait eu une nouvelle attaque de mangemorts. Sur le Chemin de Traverse. Sept morts…

Harry lut l'article à haute voix :

Hier, en plein après-midi, une douzaine de mangemorts ont transplané sur le Chemin de Traverse. Ils ont immédiatement tué les deux aurors de garde Faustus Elpénor et Tatiana Gérana, puis ils se sont attaqués aux passants. Huit d'entre eux s'en sont pris à la famille Smith, le père, la mère et leur fillette de dix ans car les deux parents étaient tous deux d'ascendance moldue, le célèbre glacier Florian Fortarôme est mort en héros en voulant défendre la famille Smith. Pendant ce temps, les quatre autres s'en sont pris à Marc Goblins, fils d'un sorcier et d'une moldue, époux d'une moldue et père de deux enfants dont l'aîné est en deuxième année à Poudlard…

Harry se tut.

Edouard Goblins est à Poufsouffle, murmura Hermione. Il y a une semaine, il était venu me demander s'il pouvait intégrer l'AD…

La voix de la jeune fille se brisa.

Harry gardait les yeux baissés sur le journal. Sept morts. Sept personnes qui n'iraient plus jamais faire leurs courses… Deux aurors qui ne craindraient plus jamais de voir apparaître des mangemorts… Une fillette qui n'irait jamais à Poudlard et ses parents qui ne sauraient jamais s'ils auraient eu des petits-enfants… Un père de famille qui ne saurait jamais si son fils aîné deviendrait préfet, dans quelle maison serait son cadet… Florian Fortarôme à qui il n'achèterait plus jamais de glaces…

Les souvenirs affluaient à l'esprit d'Harry, mêlant les photos de l'article à la mort de son parrain et à celles de ses parents. La tristesse et la colère menaçaient de l'engloutir…

Quand il releva la tête, il croisa le regard d'Eridan. Ses yeux étaient d'un bleu particulièrement délavé et il pouvait voir qu'elle était bouleversée. Mais il y avait aussi une sourde colère qui brûlait dans ses yeux. Cela ne dura qu'un instant avant que ses yeux ne redeviennent bleu clair. Laissant la Gazette du sorcier et le journal de Sirius, la jeune fille se leva et se dirigea vers la porte.

Le bal de la Saint Valentin a été annulé en raison de la journée de deuil national. L'infirmière a dit que vous pourriez y assister si vous passez le week-end à l'infirmerie.

Une journée de deuil national, murmura Ron alors qu'Eridan refermait la porte derrière elle. Combien y en aura-t-il ?