Salut salut ! Ce chapitre là est un peu plus court que les autres, mais d'un autre côté, il y avait une chance sur un milliard pour que j'arrive à le poster ce week-end, alors un mal pour un bien ? En tous cas, quantité n'est pas qualité et à défaut de la première, j'espère que vous apprécierez la seconde -)

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Chapitre 17 : Transport indésirable

James et Sirius revinrent en même temps dans le hall, tous deux bredouilles comme ils n'avaient pas trouvé Remus. Peter les rejoignit peu après, ses recherches s'étant révélées tout aussi infructueuses.

- Alors qu'est-ce qu'on fait ? demanda-t-il, soucieux.

- C'est pas la première fois qu'il disparaît comme ça, remarqua Sirius en se frottant la nuque. Allons voir le spectacle des filles et on réessaiera après. Qu'est-ce qui peut bien lui arriver de toute façon ?

James hésita un moment en regardant à l'intérieur de la Grande Salle, où Dumbledore venait de donner au ciel magique un aspect nocturne. Sirius n'avait pas tort, Remus revenait toujours après avoir disparu et il ne courait aucun risque dans Poudlard puisque Jugson se trouvait dans la Grande Salle, à surveiller les élèves.

- Aucune raison de s'inquiéter, confirma-t-il enfin, et puis je suis curieux de savoir ce que les filles nous ont concocté.

- Ça va bientôt commencer, remarqua Peter alors qu'ils entraient dans la salle et s'installaient sur trois des chaises qui avaient été mises en place devant une grande scène.

Étrangement, c'était Fiona Distort qui se trouvait sur cette scène, un peu stressée apparemment, alors qu'elle ne participait pas au concours. Elle se lança un Sonorus avant de s'adresser aux spectateurs.

- Bien… euh… Bonjour à tous, lança-t-elle avec un petit sourire crispé. Alors c'est Tara qui va être la première à passer et elle m'a demandé de l'accompagner, alors… voilà… Je vais être à la guitare et Tara va vous interpréter une chanson de sa composition, ensuite… Millea et Lily vous expliqueront ce qu'elles ont fait. Donc… bonne représentation. Ah ! Et il faut aussi que je vous dise que Tara ne va utiliser aucun sortilège pour sa partie, donc pas de Sonorus.

Elle se dépêcha ensuite de s'installer sur une chaise sur le côté de la scène et de prendre une guitare en main alors que de petits rires se faisaient entendre dans la salle, autant pour le petit speech malaisé de Distort que par anticipation à la chanson de Tara.

- On va encore bien rigoler, tiens, souffla Sirius avec un grand sourire.

James hocha la tête mais ne répondit pas comme la scène était soudain plongée dans le noir total, de sorte qu'on ne voyait rien de ce qui s'y passait.

- Wahou ! Salut la compagnie ! s'exclama soudain la voix de Tara sans qu'ils puissent pour autant la voir. Alors comme l'a dit Fiona, j'vais vous chanter un petit truc que j'ai composé à mes heures perdues et… euh… Il manque de la lumière là, non ?

Il y eut des chuchotements sur la scène alors que les élèves échangeaient des regards perplexes. La lumière revint brusquement, présentant Tara aux yeux de tous.

- Ah ! C'est beaucoup mieux pas vrai ?

Aucun écho ne lui répondit comme tous les élèves la fixaient avec des yeux écarquillés, se demandant s'il s'agissait réellement de Tara.

- Ooooh ! On dirait que vous aimez ma tenue ! Elle n'a rien à voir avec la chanson que je vais interpréter mais j'ai rarement l'occasion de la mettre, alors j'ai saisi celle-ci !

- Elle est… magnifique…

James ne savait pas très bien si Peter parlait de la robe ou de Tara elle-même, la seule chose dont il était sûr, c'est qu'en cet instant, la camarade de classe enfantine avait brusquement laissé la place à une adolescente qui s'acheminait sans aucun doute vers son état adulte.

Elle portait un costume indien, un sari léger de couleur pourpre, orange et or, auquel ne manquait que le châle. Elle s'était également maquillée pour faire ressortir ses yeux noirs et l'ensemble qu'elle portait accentuait le teint mat de sa peau. Ses cheveux courts auraient pu choquer par rapport à sa tenue mais elle avait réussi à les coiffer de telle sorte qu'ils ne jurent en rien dans l'ensemble.

- C'est un costume que ma grand-mère…, continua Tara comme si de rien n'était. Quoi ?

Elle se tourna vers l'endroit où se trouvait Fiona puis revint aux spectateurs en souriant.

- C'est vrai que vous vous en moquez ! Bon, alors on va y aller pour la chanson ! Je laisse Fiona introduire !

Les premières notes de guitare retentirent quelques secondes après et même si James n'était pas un professionnel, il jugea que Fiona jouait plutôt bien, mais comme tout le monde, son attention était portée sur Tara, que la lumière éclairait seule, et il fronça légèrement les sourcils en voyant sa physionomie changer.

Au fil de l'introduction, ses traits se faisaient un peu plus rêveurs et, paradoxalement, plus durs que d'ordinaire. Elle paraissait plus mature, et lorsqu'elle redressa la tête pour entamer sa chanson, il lui sembla réellement que la fille sur scène n'était pas la Tara Milten qu'il connaissait.

Il existe en cette ère

Des îlots si taudis

Qu'on aurait pu en faire

Des idéaux maudits,

Des rêves ensevelis

Qui ne seraient que terre

S'il n'y avait, folie !

Tous ces protestataires.

Malgré l'absence de sortilège, la voix portait loin dans la Grande Salle et elle était… captivante, envoûtante. Alliant douceur et puissance en une harmonie enchanteresse, James aurait été bien en mal de définir son type de voix, un seul adjectif lui venant à l'esprit : parfaite.

Ils sont tous héritiers

D'une gloire éternelle

De tous ces noms princiers

Qu'on prétend immortels,

Ils seront les parjures

Des plus grandes devises,

Ces enfants bien trop purs

Seront leur pire hantise.

Et il y avait ces paroles qui ne ressemblaient pas à la petite fille insouciante qu'elle était, ces paroles qui devaient trouver bien trop de destinataires dans cette salle.

A toutes ces familles

Qui ne jurent qu'au sang,

A tous ces fils et filles

Qui omettent leur rang

Hésitant par la peur

A dire ce qu'ils pensent

Et qui laissent leurs pleurs

Crier leur innocence,

James lança un bref coup d'œil vers Sirius, qui semblait figé sur sa chaise, les yeux rivés sur la chanteuse. Quel écho résonnait en son être à ces paroles ?

A tous ceux qui écoutent

Et à tous ceux qui doutent

Sachez dès à présent

Reconnaître ce chant,

Un refrain protecteur

Qu'on connaît en nos cœurs… :

On n'est pas ce qu'on naît,

Contre nos volontés

On devient leur fierté

Sous peine d'être damné,

On devient un honneur

Bâti sur la frayeur

Qu'on aimerait ruiner…

On n'est pas ce qu'on naît…

Des mots bien trop durs et violents pour une enfant qui ne cesse de sourire et apporte tant de bien-être chez ceux qu'elle croise. Peut-être est-ce pour cela que ces paroles ne choquent pas James, qu'elles ne choquent personne, pas même ceux qui sont directement visés. L'interlude musical qui suit semble vouloir aider les gens à assimiler tous ces mots qui devraient blesser et pourtant rassurent. C'est cette voix… Une voix qui n'a pas de visage, qui n'est rattachée à aucun corps, une voix qui transporte, qui donne envie de pleurer mais qui apaise, tellement libératrice…

N'aie pas peur d'être le félon

Celui qui criera rébellion

Tu seras la fin de ce nom

Le début de sa rédemption.

Sois toujours celui que tu es

Oublie tous leurs mots mensongers

C'est ta plus grande liberté

Tu n'es pas que leur héritier.

On n'est pas ce qu'on naît.

Le rythme s'est accéléré. Il emporte et il calme, il détruit et il construit, dévastateur, réparateur, avec la force d'un torrent capable de briser une digue de rocs, des flots qui se déversent dans les âmes et dans les cœurs, transporteurs de nouvelles vérités, même s'il n'y a plus vraiment de mots, même si tout n'est plus que sensations désormais, une envie de tuer, une envie d'enfanter quelque chose, n'importe quoi, de tout changer.

Toutes ces vérités

Que tu t'es inventé

Circulent dans ton sang

Encore plus puissamment

Que cet apprentissage

De tes tous premiers âges,

Tu n'étais qu'un enfant

Tu n'es plus dépendant.

Une flamme brûle dans les yeux de Sirius, la même qui paraît embraser Wanda Canaris et d'autres élèves dans la salle, un feu qui ne signifie rien, qui n'appelle rien, juste une certitude, un défi au monde et peut être, pour chacun, à quelqu'un de plus particulier. James n'est pas concerné par cette chanson mais elle résonne malgré tout avec force en lui, et toujours cette voix, cette voix qui fait oublier, réaliser, comprendre tout et rien, tout en clarté, tout en paradoxes, des mots qui n'existent plus que pour le ton qui les transporte.

On n'est pas ce qu'on naît

Ne le laisse pas faner

Cet adage illustré

Par ta propre pensée,

Si tu restes frustré

De n'avoir rien tenté

L'échec de ton destin…

Ne sera que le tien…

Ne sera que le tien…

La guitare s'était tue sur les dernières phrases, mais les spectateurs ne s'en étaient pas vraiment rendus compte, à moins qu'ils n'aient jamais réalisé, à partir du moment où la voix s'était élevée, qu'elle avait continué à jouer.

Dans le silence qui suivit, malgré tout, l'air gardait encore les résonances de ce chant et personne ne souhaitait briser ces échos donnant à cette voix une immortalité salvatrice.

Les premiers applaudissements firent l'effet d'un choc pour certains élèves, même James sentit Sirius tressaillir à ce bruit qui semblait presque obscène suite à cette étrange démonstration de puissance. Lui et Peter acclamèrent également la Gryffondor, mais Sirius resta immobile, les yeux plissés fixés sur rien de particulier, il paraissait réfléchir.

- Ravie que ça vous ait plu ! s'exclama la voix guillerette de Tara. Je vais laisser ma place à Millea maintenant ! Vos yeux ne vont pas en revenir, je peux vous l'assurer !

C'était étrange mais maintenant que l'instant magique de la chanson était passé, on le dissociait totalement de la Tara volubile qui venait de parler. James, comme tous les autres, ne se posa pas de questions sur le contraste qui avait existé entre ce qu'elle était quotidiennement et ce qu'elle était devenue en chantant, il n'y avait qu'une voix, une voix qu'on ne rattachait à rien, juste une voix.

- Eh ben ! Elle a du potentiel, la petite ! lança Sirius avec un sourire en coin.

Il était revenu à son état normal, comme tous les autres qui étaient encore troublés quelques secondes plus tôt, et l'attention générale fut entièrement portée sur Millea Stimpson lorsqu'elle apparut sur l'estrade.

- Salut tout le monde ! Lily et moi, on a décidé de faire un projet commun, ou plutôt je profite de son projet à des fins personnelles… Oui Lily, je suis une opportuniste et j'en suis fière, sourit-elle grandement en direction d'un endroit de la scène que les spectateurs ne pouvaient pas voir. Lily va vous présenter un spectacle de danse en quatre parties, quatre danses qui vont s'enchaîner sans interruption. C'est moi qui aie créé les quatre costumes qui apparaîtront au cours du spectacle ainsi que le maquillage, vous pourrez mieux voir les modèles lorsque ce sera terminé puisque je vais les exposer. Le spectacle de danse sera lié à la magie et les accompagnements musicaux sont moldus. Afin que tout le monde puisse bien voir, les professeurs ont accepté de placer un écran magique, ce sont eux qui s'en chargent, donc vous êtes assurés qu'il n'y a pas de trucage. Je pense ne rien avoir oublié, alors place au spectacle !

Une fois de plus, la scène fut plongée dans le noir, et lorsqu'une faible lueur apparut enfin, elle ne provenait d'aucune bougie mais d'une forme d'un bleu-vert pâle ondulant installée sur la scène. Une douce musique s'éleva, entraînant un mouvement de la forme qui se déplia avec une grâce et une souplesse inconcevables pour un être humain de l'avis de James.

C'était pourtant bien Lily Evans qui se tenait maintenant debout sur scène, vêtue d'une robe turquoise sans manches, présentant un col en V, dont le haut lui moulait le corps alors que la jupe, formée de plusieurs voiles légers dont la découpe faisait penser à des pétales de fleurs, partait souplement sur ses genoux. La couleur du vêtement n'était pas fixe comme des vagues le parcouraient, donnant l'illusion qu'il était fait de brume. Elle avait enfilé des sandales de couleur cuivre dont les lanières remontaient jusqu'à ses genoux.

Alors que la musique se poursuivait, la danseuse s'en imprégnait, ses moindres mouvements gracieux et délicats semblant faire partie intégrante de la partition. La danse ne naissait pas de la musique, on avait la sensation qu'au contraire la musique était engendrée par la danse. Evans faisait artistiquement jouer sa baguette dans ses mouvements, en sortant des volutes de fumée bleu pâle qui entouraient ses mouvements, semblaient doubler sa robe légère.

Les élèves étaient subjugués par cette danseuse féerique et James n'était pas en reste. Il ne pouvait croire qu'il s'agissait là de Lily Evans, miss "Moralité" qu'il adorait taquiner. Elle était tellement… belle ainsi. Pas mignonne, ni jolie, mais belle, magnifique, une déesse descendue sur Terre. Il se secoua les esprits en réalisant qu'il commençait à divaguer.

La danse s'accéléra en même temps que la musique et James sentit une différence dans le style, qui se confirma lorsque Evans fit tourner sa baguette autour d'elle dans le rythme, modifiant sa tenue alors qu'un air de jazz remplaçait le classique.

Elle portait maintenant une robe blanche et noire qui semblait constituée de deux parties. Le haut donnait l'impression qu'elle avait par-dessus un bustier une chemise à manches courtes dont l'attache se croisait sur son ventre, et le bas de sa robe, plus lourde que la précédente, était fendue des deux côtés, montrant ses jambes emprisonnées dans un fin collant noir. Quand aux chaussures, elle avait troqué ses légères sandales pour des bottines à petit talon.

Comme tout à l'heure, le rythme allait crescendo, mais cette fois-ci, c'étaient des rubans rouges et noirs qui sortaient de sa baguette pour accompagner sa danse, toujours plus rapide et enjouée alors que la danseuse, le sourire aux lèvres, semblait se perdre dans un monde qui lui était propre.

Une nouvelle transition amena la jeune fille à se retrouver vêtue d'une longue jupe à plusieurs volants orange sanguine qui volait autour d'elle et d'un haut bustier plus rouge et pailleté qui s'accordaient en un parfait accord avec le rythme effréné de la samba qui suivait.

James se demanda comment elle pouvait tenir ainsi sans se fatiguer comme le sourire de la Gryffondor pas plus que ses pas de danse ne faiblissaient jamais. Et il ne s'attendait pas non plus à ce que Evans sache aussi bien danser, lui qui l'avait prise pour une travailleuse acharnée…

Le rythme de la samba envahit la Grande Salle un certain moment alors que la scène semblait irradier de lumière dorée et de paillettes sous l'effet de la magie de la jeune fille, puis il y eut à nouveau une transition, qui passa plus inaperçue car elle dura plus longtemps, la musique passant par un style que James aurait été bien en mal de définir, mais finalement tous purent reconnaître la dernière partie du spectacle comme la lumière sur scène faiblissait.

Elle arriva à un point où on ne voyait plus qu'une ombre se mouvoir sur l'estrade, une ombre qui se modifiait alors que les vêtements se transformaient en même temps que la musique devenait un rock endiablé. La scène parut soudain éclairée par des spots rouges, jaunes et bleus, permettant à chacun de voir le dernier costume de la danseuse.

James sentit sa mâchoire se décrocher sous le choc et déglutit difficilement alors que la jeune fille se déhanchait sur la musique sans se soucier de l'émoi qu'elle venait de créer. La longue jupe était devenue un pantalon de cuir noir moulant auquel pendait une chaînette en argent et le bustier une chemise sans manche légère, également noire, nouée sur l'avant, laissant ainsi son ventre nu.

Le garçon bloqua un instant sur le nombril de la jeune fille puis se ressaisit pour se concentrer sur autre chose, mais il sentit toute pensée cohérente s'échapper de lui lorsqu'il posa son regard sur le visage de la jeune fille, dégagé de ses cheveux qui avaient été noués hormis deux mèches libres, dont les lèvres étaient peintes de noires, ainsi que le contour de ses yeux. Il oublia totalement la danse et se perdit dans la contemplation de l'adolescente jusqu'à la fin du spectacle, où il ne revint sur terre qu'en entendant les applaudissements des autres.

- Tu crois qu'elles en ont beaucoup d'autres, des talents cachés du même style ?

James tourna vers Sirius un regard pantois qui déclencha le fou rire de son meilleur ami, ce qui le convainquit de totalement se reprendre et d'ainsi éviter de subir ses railleries.

- Je comprends mieux pourquoi elles gardaient ça secret ! s'exclama Peter comme ils sortaient de la Grande Salle. C'est vraiment extraordinaire ce qu'elles ont fait ! Evans est une remarquable danseuse.

- Je crois que Cornedrue n'ira pas dire le contraire, remarqua moqueusement Sirius.

- Hein ?

- Laisse tomber, rigola son ami. Bon ! Allons trouver notre petit fugueur maintenant, il doit être dans le dortoir.

Ils montèrent à la tour en continuant à commenter le spectacle des filles mais durent se rendre à l'évidence en entrant dans le dortoir que Remus ne s'y trouvait pas.

- Ça fait plus d'une heure qu'il a disparu, nota James en consultant sa montre.

- Tu paries combien qu'il est chez Carvi ? soupira Sirius en se laissant tomber sur son lit.

- Jusqu'à quand va-t-on rester sur cette situation ? demanda faiblement Peter, soucieux de son ami mais également anxieux de voir les deux autres le rabrouer.

- Peter a raison, s'énerva James. Je veux bien qu'il ne faille pas le brusquer, mais il y a des limites ! Tu veux attendre jusqu'à quand Sirius ?

- Il est toujours aussi étrange, lui rappela simplement son ami.

- Oui, et bien en ce moment, je ne serai pas contre l'attacher à une chaise et attendre qu'il nous parle, tu vois ? Dès qu'il revient, je l'enferme jusqu'à ce qu'il se décide à parler.

- Ça ne servira à rien, soupira Sirius. Tu fais ce que tu veux mais ça ne changera rien.

James haussa les épaules et alla prendre sa roussette dans ses mains pour la caresser, geste qui avait tendance à le calmer. Peter soupira, soulagé que James décide de faire quelque chose, et se souvint soudain de la broche qu'il portait.

- Vous n'avez croisé personne qui recherchait son badge ? demanda-t-il en désignant celui qui était accroché à sa robe.

- Non, mais tu devrais aller demander dans la salle commune.

- Je vais attendre que plus de monde soit revenu du spectacle.

- Nous ne… Hé ! Arrête Falke ! Qu'est-ce qui te prend ?

La roussette qui s'était accrochée à son vêtement s'était soudain mise à donner des coups de griffe à la broche de son maître. James voulut l'arrêter mais il eut soudain l'impression qu'on le tirait violemment par le nombril et le dortoir s'effaça de son champ de vision.

o

Tara observait la danse de son amie avec un sourire fier, n'ayant pas douté une seconde de son incroyable talent. Millea et Océane se trouvaient de l'autre côté de la scène mais Fiona, debout près d'elle, avait les larmes aux yeux devant le spectacle.

Son regard se reporta sur la scène mais se perdit avant d'y arriver, un fourmillement familier envahissant sa tête. Elle ne savait pas très bien où elle se trouvait, l'environnement lui apparaissant flou, mais elle distinguait plusieurs personnes réunies en train de discuter sans qu'elle puisse rien entendre. Il y avait beaucoup de mouvement autour d'elles, mais il ne s'agissait que de silhouettes qui agissaient sans avoir l'air d'être réellement présentes, comme si plusieurs moments du temps se chevauchaient sans se rencontrer. Tara connaissait un des trois hommes discutant, le second lui était inconnu et le dernier lui tournait le dos. Ils interrompirent leur conversation et les deux premiers fixèrent quelque chose dans la même direction, Tara suivant leur regard. Elle eut un choc en reconnaissant Remus, sauf que dans sa vision, elle voyait se superposer à son image celle d'un loup. Le garçon avait un air perdu et mélancolique, l'homme inconnu s'approcha de lui et lui présenta une fiole pour qu'il la prenne. Hésitant, Remus tourna le regard vers les deux autres, ses yeux cherchant une réponse, et Tara eut un second choc en reconnaissant dans l'homme qu'elle n'avait jusqu'alors vu que de dos le professeur Carvi.

Le retour à la réalité fut plus brutal que d'ordinaire, certainement parce que cette vision la touchait plus personnellement que les autres, et elle resta un instant les mains appuyées sur les genoux, essayant de reprendre son souffle.

- Tara ? Quelque chose ne va pas ?

Elle leva son regard vers Fiona, qui la fixait avec inquiétude. Son amie connaissait son pouvoir et devait craindre une nouvelle attaque. Tara ne prit cependant pas la peine de la rassurer, elle passa brusquement devant elle pour sortir en trombe de la Grande Salle, personne ne faisant attention à elle comme ils étaient tous captivés par le spectacle.

Les images de sa vision lui martelaient l'esprit au rythme d'un glas irrémédiable. Elle l'avait pressenti depuis le départ, mais préférant ne pas se fier entièrement à son instinct, elle avait gardé des réserves sur ses impressions, et maintenant… L'homme de la vision, l'homme sans nom, était déjà apparu dans certaines de ses visions précédentes, il s'agissait d'un Mangemort, et si Carvi discutait ainsi avec lui, la raison en apparaissait dangereusement logique.

Le bureau de Carvi n'était pas loin et elle y fut rapidement. Ne prenant même pas la peine de frapper, elle ouvrit brutalement la porte sur la pièce vide. Un instant immobile sur le seuil de la porte, l'adolescente finit par avancer à grands pas dans le bureau en regardant frénétiquement autour d'elle dans l'espoir de trouver un quelconque indice sur l'endroit où il pouvait bien se trouver – et elle était assurée qu'il ne s'agissait pas de Poudlard.

Son regard tomba sur un parchemin posé sur le bureau dont elle se saisit pour l'observer, mais il n'était recouvert que d'une vingtaine de pastilles rouges et une noire sans qu'elle comprenne ce que cela signifiait. Un tiroir entrouvert d'où filtrait une faible lueur attira son attention et elle l'ouvrit pour découvrir à l'intérieur des badges de participation au concours.

- Pourquoi en a-t-il ? se demanda-t-elle d'une voix basse. Pourtant il est sensé y avoir autant de badges que de participants…

Elle ressentait au fond d'elle l'urgence de la situation, mais elle était incapable de relier les rares informations qu'elle possédait. Prenant une profonde inspiration, elle se concentra sur l'un des badges pour ressentir la magie qui l'entourait. Elle avait depuis peu appris à vraiment appeler son pouvoir à se manifester, mais l'entreprise restait difficile. Une part de son esprit pensa à Lily, qui devait avoir terminé sa représentation depuis peu, avant qu'une nouvelle vision ne lui vienne.

Son amie, vêtue de son costume pour la partie rock, se trouvait dans une pièce et observait son badge qui était en train de scintiller avec étonnement. Son image s'effaça doucement en même temps que son environnement puis elle réapparut dans un nouveau décor.

Quand Tara reprit à nouveau conscience, son hésitation ne dura que quelques secondes avant qu'elle ne s'élance sur ses pas pour retourner à la Grande Salle. Des élèves étaient déjà en train de sortir lorsqu'elle y parvint mais elle ne fit pas attention à eux et se précipita vers l'arrière de la scène, dans une petite salle où ses amies devaient se trouver.

Lily y était seule, toujours dans son dernier costume, prête à se changer.

- Tara ! Fiona est partie à ta recherche, elle… Qu'est-ce que tu fais ?

Sans répondre, elle se précipita vers elle et agrippa son badge de participation – que Lily avait gardé tout au long du spectacle – avec l'intention de le lui retirer, mais au moment où ses doigts le touchèrent, elle sut qu'elle avait moins de temps qu'elle ne l'avait cru comme elle se sentit tirée dans le vide.

La sensation désagréable du portoloin s'arrêta lorsqu'elles atterrirent brutalement sur un sol dur, entourées de pénombre. Tara ne prit même pas la peine de regarder à qui appartenaient les protestations non loin d'elles et agrippa Lily par les épaules.

- Fais attention à toi, lui chuchota-t-elle. Moi, je ne suis pas là.

Elle s'écarta ensuite d'elle et se colla contre un mur en dressant l'illusion d'une colonne devant elle pour ne pas être vue des autres personnes présentes.

- C'est quoi encore cette histoire ? grommela une voix masculine dans l'obscurité de la pièce apparemment petite où ils avaient atterri. Lumos !

Lily écarquilla puis plissa des yeux en reconnaissant James, Sirius et Peter.

- Vous ! Qu'est-ce que vous avez encore fait ? les accusa-t-elle.

- Evans ? s'étonna Sirius. Pour une fois on n'y est pour rien.

- C'est peut-être Falke qui a déréglé quelque chose dans la magie des badges, suggéra timidement Peter en désignant la roussette qui avait cessé de s'en prendre à la broche pour s'agripper fermement à la robe de James.

- C'est impossible, Peter, répliqua James. On dirait plutôt que les badges sont des portoloins… Mais pourquoi est-on là ?

- La question serait plutôt de savoir on est, Potter, remarqua Lily.

- Tu ne… euh… Tu ne t'es pas changée ?

Si la situation n'avait pas été si critique, Tara aurait ri de l'expression de James et sa façon de contempler Lily.

- Non mais te gêne pas ! s'indigna son amie en lui adressant un regard noir.

D'un coup de baguette magique, elle allongea la chemise qu'elle portait puis désigna la pièce où ils se trouvaient.

- On doit être quelque part dans Poudlard.

- J'en doute, la contredit Sirius. On connaît très bien le château, même mieux que Rusard, et je ne pense pas qu'une telle pièce s'y trouve. Ce n'est pas le style de Poudlard.

- Puisque tu sembles si doué en architecture, dis-nous un peu où nous sommes, Black.

- Pas la peine d'être aussi agressive, intervint James. On est dans la même situation que toi, je te signale.

- Mais quelle situation…

Un instant, le regard de Lily se perdit vers l'endroit où se tenait Tara. Son amie put voir qu'elle était inquiète de la tournure des événements, mais elle ne pouvait pas se montrer, les garçons ne devaient à aucun prix la savoir ici. Elle faisait confiance à Lily pour s'en sortir.

- Le seul moyen de savoir où on est, c'est de sortir d'ici, remarqua la jeune fille. Je n'ai vraiment pas l'intention de rester plus longtemps seule avec vous.

- Forcément, tu aurais préféré que ton cher et tendre soit là pour te protéger, se moqua James.

- Pour ta gouverne, Potter, je sais me défendre toute seule, et tu pourrais te tenir au courant, ça fait trois semaines que c'est fini entre Gary et moi.

- Ah ! Je savais bien que personne ne pouvait te supporter très longtemps, sourit-il victorieusement.

- Tu avais l'air très loin de ce genre de pensées quand ma chemise était plus courte, lui fit insidieusement remarquer Lily.

James ouvrit la bouche mais ne trouva rien à répondre. Il ne s'était visiblement pas attendu à une telle répartie de la part de sa camarade.

- Elle t'a grillé, commenta Sirius.

- On devrait sortir voir où on est, proposa Peter.

Lily acquiesça et s'approcha de l'unique porte, mais au moment où elle allait attraper la poignée, des voix se firent entendre derrière, dont une qu'elle connaissait.

- Oh ! C'est…

Elle allait ouvrir la porte quand elle se retrouva brusquement bâillonnée par un bras. James venait de lui plaquer la main sur les lèvres pour l'empêcher de parler et la tenait pour qu'elle ne bouge pas. Surprise, Lily ne réagit pas immédiatement et Sirius lui fit signe de se taire d'un doigt sur les lèvres, l'oreille tendue, tout comme James et Peter.

Tara non plus ne comprenait pas pourquoi ils agissaient ainsi, ayant reconnu comme Lily la voix du professeur Jugson.

- Il a avancé l'événement pour cela ? demandait une voix inconnue, encore un peu lointaine mais qui se rapprochait en même temps que des bruits de pas.

- Il ne s'attendait pas à ce que le jeune Lupin lui tombe si tôt dans les bras, ricana la voix de Jugson. Il l'a mis en retrait pour le moment, pour ce qu'il est capable de comprendre de toute façon ! Mais ça m'agace que ce soit l'autre qui se récolte tous les honneurs.

- Avoue qu'il a bien joué son rôle, le gamin ne doit toujours pas savoir que croire.

- Sans aucun doute, mais c'est moi qui l'aurait désormais en charge, une fois qu'il se sera occupé des autres. Ils ont dû arriver vu comme le seigneur nous appelle.

- Je n'arrive pas à croire…

Le reste de la conversation se perdit en même temps que les deux hommes s'éloignaient. La prise de James sur Lily se relâcha et elle se dégagea sans penser à protester, aussi pâle que les garçons.

- Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Remus… commença Peter. Il… Comment…

- Ça nous échappe totalement, là, grimaça Sirius en se frottant le visage.

- Vous savez quelque chose ! s'exclama Lily, qui commençait à s'énerver de n'avoir aucune emprise sur les événements. Qu'est-ce que Jugson fait ici et de quoi parlait-il ?

- Ce n'était pas Jugson.

- Je sais encore reconnaître une voix, Potter.

- Ce n'était pas le prof, insista le garçon, c'était son frère jumeau.

- Son… Quoi ?

- Jugson était dans la Grande Salle quand on est parti, celui qui parlait n'avait pas l'air de venir d'arriver, ce n'était pas lui. Écoute, on a mené une enquête sur Jugson et la seule base qu'on avait, c'était l'Anceps Ortus.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle, méfiante.

- Il s'agit d'une hérédité magique très rare qu'on ne trouve que chez les vrais jumeaux. C'est un lien en fait, qui fait que la magie se partage entre les jumeaux, ils n'ont pas de magie qui leur soit réellement propre, ils n'en ont qu'une qui se répartit. Anceps signifie "double face" et Ortus "commencement de la vie", ça veut aussi dire que chaque jumeau peut influencer l'action de l'autre, comme une sorte d'Imperium. En règle général, les jumeaux sont capables de repousser l'intrusion de l'autre, mais certains n'y parviennent pas. Et on a tout lieu de penser que le jumeau de Jugson est un Mangemort.

- Attends ! Tu veux dire que… Mais que veulent-ils à Remus ? s'inquiéta Lily.

- On a une vague idée…

James avait regardé Sirius en répondant, qui se contenta de grimacer puis de désigner la porte.

- En tout cas, d'après ce qu'il a dit, on n'est pas les seuls à avoir été transportés ici. Je ne sais pas ce qui s'est passé pour qu'on se retrouve dans cette pièce mais je suis certain qu'on n'aurait pas dû atterrir ici, ce qui nous laisse l'avantage de la surprise.

- Mais pour faire quoi ? demanda Peter.

- Tout d'abord, on doit retrouver Remus, ensuite essayer de voir où sont les autres, énuméra James.

- Revois tes priorités, l'arrêta Lily. La première chose à faire, c'est de trouver un moyen de prévenir Dumbledore. Tu te rends compte de ce que ça signifie si ce que vous dîtes est vrai ? Et d'après ce qu'on a entendu, il y a de fortes chances que ça le soit.

- Bien sûr. On se trouve au QG du seigneur noir, j'ai nommé Lord Voldemort, répondit nonchalamment Sirius.

Peter trembla violemment et regarda ses amis avec inquiétude.

- On… On ne peut rien contre lui. On n'est qu'en quatrième année, on n'est pas assez forts.

- On n'a pas non plus l'intention de se jeter dans la gueule du… serpent, se reprit James. Mais on ne va pas rester là sans agir.

- Pettigrow n'a pas tort, que veux-tu faire ? Et comment appeler du secours ?

- Pour ta deuxième question, Evans, regarde et admire.

James attrapa délicatement sa chauve-souris et la caressa doucement comme elle semblait assez nerveuse.

- Écoute moi bien ma toute belle, tu vas retourner à Poudlard et nous ramener du renfort, d'accord ? Dumbledore saura bien te lancer un sortilège de traçage rétrospectif. Et sois discrète surtout. Celeritas amolimentum !

Ils risquèrent un coup d'œil dehors et sortirent dans le couloir comme celui-ci était vide. James laissant Falke partir à sa guise.

- C'était quoi le sortilège que tu lui as lancé ? se renseigna Lily.

- Ça lui permet d'aller plus vite à un moindre effort. Elle va parcourir en un battement d'aile ce qu'elle parcourrait normalement en vingt. Tu viens avec nous Evans ?

Lily hésita un instant, regardant dans la salle, ses yeux croisant sans le savoir ceux de Tara, puis elle hocha la tête pour approuver. Tara poussa un soupir de soulagement, elle préférait la savoir en sécurité avec les garçons qu'avec elle, qui n'avait jamais été aussi douée que son amie en défense ou en sortilèges.

Elle attendit que les pas ne résonnent plus dans le couloir pour supprimer l'illusion et referma la porte de la pièce avant d'à son tour lancer le sortilège de lumière. Il était grand temps de faire le point sur la situation. Elle savait déjà que Carvi était un traître mais ignorait tout de l'Anceps Ortus. Les soupçons qui avaient pesé sur Jugson se montraient ainsi en partie fondés, elle se doutait cependant que le Jugson se trouvant à Poudlard devait avoir quelque chose de particulier pour que Dumbledore l'accepte malgré cela.

Et puis il y avait Remus… Comme tout le monde, elle s'était rendue compte que le garçon allait de plus en plus mal, mais elle ne comprenait pas pourquoi elle n'avait pas eu de vision le concernant avant ce soir-là. En règle générale, ses visions non contrôlées étaient relatives à des événements graves et celui-ci l'était sans aucun doute possible. Qu'avait bien pu faire Carvi à Remus pour qu'il devienne si apathique au fil de l'année ? Surtout que le garçon n'avait rien vu du stratagème de Carvi, auquel il accordait une confiance sans limite. Ça non plus ce ne serait pas facile… Dans quel état pouvait-il bien être en ce moment ? Elle n'était même pas sûre qu'il sache déjà qui était réellement Carvi.

Quelque part, elle savait qu'elle n'était pas obligée d'aller porter secours à Remus, James et les autres ne pouvaient qu'être plus doués qu'elle en la matière, mais elle se refusait à l'abandonner. Elle ignorait s'il y avait une raison précise à ses visions, mais elle n'avait jamais réellement considéré qu'elles lui assignaient une sorte de "mission". Elle aidait Dumbledore parce qu'elle l'avait décidé et non parce que tel était son devoir en tant que visionnaire. Par ailleurs, il s'agissait de Remus, un des cinq enfants de la licorne, il était une branche de leur pentacle et si elle ne pouvait combattre Voldemort, elle pouvait au moins aider ceux qui en avaient les capacités.

Prenant une profonde inspiration, elle tomba à genou sur le sol, les yeux ouverts et concentrée. Elle ouvrit son pouvoir pour sentir les fragrances de la magie, celles qui pouvaient dévoiler la suite des événements. Une seule fois elle s'était prêtée à cet exercice, sans grand succès, mais l'urgence de la situation lui donnait une motivation supplémentaire de réussir.

Elle laissa son don de visionnaire parcourir les ondes magiques traversant le lieu où elle se trouvait, jusqu'à parvenir à celles correspondant aux lignes de vie du professeur Carvi et de Remus. Une fois qu'elle les eut totalement repérée, elle canalisa son énergie dessus pour suivre les fluctuations futures, jusqu'à ce que l'image d'un couloir lui vienne à l'esprit. Elle vit Carvi marchant dans ce couloir, tournant à des intersections, franchissant des portes, et toujours elle se concentra sur des points de repères alentours. Le professeur arriva devant une porte qu'il poussa et derrière laquelle se trouvait Remus, recroquevillé sur lui-même, l'air d'un animal blessé.

Sa vision cessa à ce moment et elle s'écroula dans la petite pièce, le souffle difficile après l'énergie qu'elle avait utilisée, mais elle pouvait retrouver Remus maintenant, et elle savait ce qu'elle devait faire pour l'aider à se ressaisir.

Elle attendit un instant pour pouvoir récupérer puis sortit à son tour de la salle, utilisant sa baguette pour utiliser le sortilège d'orientation. Une légère grimace se dessina sur ses lèvres en remarquant que les autres étaient partis dans le sens opposé et espéra qu'ils s'en sortiraient jusqu'à l'arrivée de Dumbledore. D'un autre coup de baguette magique, elle se lança une illusion pour passer inaperçue au cas où elle croiserait quelqu'un et s'élança sur la trace du sortilège.

(à suivre…)

Hihihi ! A contente ! A fini chapitre avant la fin du we !