Merci a Opalina pour sa review.

Bonne lecture à tous !

Chapitre 14 : Mythologie déchaînée.

Les semaines avaient passé. L'article sur Sirius avait paru, non sans déclencher une belle pagaille au sein même de l'école. Aussi, Harry s'était-il demandé s'il n'avait pas provoqué une quasi-révolution à l'extérieur de murs de Poudlard mais il n'avait pu aller vérifier, toute sortie étant interdite depuis la dernière attaque à Pré-au-Lard. Pendant plusieurs jours, Harry avait dû répondre à la quasi-totalité des élèves de l'école qui lui demandaient si tout ce qui était écrit dans le journal était vrai, il avait reçu des hiboux de Rémus, Tonks et les Weasley, les professeurs de Poudlard les avaient félicités pour cette initiative qui avait forcé le ministère à rouvrir une enquête… Par contre, l'attitude du professeur Rogue avait plus qu'étonné Harry et ses amis. En effet, Harry s'était attendu à ce qu'il soit furieux et encore plus désagréable avec lui qu'auparavant si c'était possible, encore que cette année il s'était étrangement beaucoup calmé, étant donné ses relations plutôt explosives avec Sirius. Mais, et défiant toute logique, le professeur Rogue n'avait jamais été aussi aimable, surtout avec Eridan cela va sans dire, et Hermione avait même trouvé que quand il regardait la jeune fille, il avait l'air ému. Evidement, Ron avait dit qu'elle n'était pas nette, que Rogue ému c'était aussi probable que Drago Malfoy devenu fréquentable, et cela avait dégénéré sur une autre des éternelles disputes entre eux d'eux qui n'avait cessé que lorsque Harry, à bout de nerf, avait menacé d'aller se livrer à Voldemort. Ron et Hermione avaient alors repris des relations plus paisibles et la dispute avait enfin été enterrée avec toutes les autres…

Trois jours avant les vacances de Pâques, Harry et Ron discutaient de Quidditch pendant le dîner. Gryffondor avait facilement remporté son match contre Poufsouffle mais Serpentard avait de l'avance en ayant écrasé à plates coutures les équipes de Serdaigle et Poufsouffle. Même si Harry ne l'aurait jamais avoué, Malfoy avait réussi à rendre son équipe véritablement performante et il avait pris garde, durant les deux matchs, à ne pas attraper le vif d'or avant que ses partenaires n'aient atteint un nombre de points qui au résultat, inquiétaient les Gryffondors. En effet, et même s'ils gagnaient le dernier match contre les Serdaigles, ils n'étaient pas sûrs de remporter la coupe. La victoire finale se jouerait au nombre de points aussi Harry et Ron discutaient-ils stratégie. Hermione poussait des soupirs de plus en plus forts et Harry la sentit bouillir quand Ginny prit part à la conversation. Eridan semblait totalement ailleurs depuis le début du repas et n'avait pas encore dit un seul mot.

Il n'y a vraiment que le Quidditch qui compte pour vous ? finit par s'énerver Hermione, faisant relever la tête des trois joueurs.

Tu as quelque chose à nous dire ? demanda Ginny.

Ce que j'ai à vous dire ! Je vous rappelle qu'il y a un traître à Poudlard, que nous risquons de nouvelles attaques et aucun d'entre vous ne m'a demandé des nouvelles de la potion pour découvrir d'où provenait l'hydre qui nous a attaqués lors d'Halloween !

Elle est prête ? demanda Harry pour la calmer.

Encore onze jours sept heures et dix-huit minutes exactement. Mais ça ne vous inquiète pas qu'un suppôt de Voldemort se ballade dans Poudlard ?

Au nom de Voldemort, la plupart des élèves qui les entouraient sursautèrent, voire même manquèrent s'étouffer. Harry soupira. Quand donc les gens allaient-ils cesser d'avoir peur d'un nom !

En même temps, ce n'est pas comme si c'était la première fois, dit Ron. Et les professeurs n'ont pas l'air de s'en inquiéter particulièrement.

Hermione poussa un soupir exaspéré.

Si au moins vous vous intéressiez à vos examens de fin d'année !

A ce moment, Eridan fit tomber sa fourchette.

C'est si immangeable que ça ? demanda Ron.

Eridan grimaça et partit en courant sous les regards abasourdis des autres élèves. Harry aperçut le professeur Rogue quitter sa place mais ce ne fut que bien plus tard qu'il commença à se demander s'il n'y avait pas une relation.

J'ai dit quelque chose qui l'a vexée ? demanda Ron, embarrassé.

Harry fit non de la tête et les deux garçons se tournèrent vers Hermione.

Je ne vois pas ce qui aurait pu la vexer, répondit-elle en fronçant les sourcils.

Après quelques instants de silence, Hermione sortit un livre de son sac et le posa sur la table, faisant des gestes à Ron, Harry et Ginny pour qu'ils se penchent vers elle.

Puisqu'elle est partie, profitons-en. J'ai appris par l'un des élèves du cours de combat magique qu'Eridan faisait apparaître une épée vert émeraude ornée de serpents…

Hermione jeta un regard à Harry. Celui-ci se sentit rougir mais il ne tenait pas à expliquer à ses amis pourquoi il ne leur avait rien dit. Hermione lui jeta un dernier regard, comme si elle quêtait son approbation puis, n'obtenant pas de réactions contraires, elle continua :

J'ai donc fait quelques recherches et regardez ce que j'ai trouvé !

Elle ouvrit le livre à une double page qui représentait deux sorciers face à face. Les deux images semblaient s'insulter silencieusement et se menaçaient de leurs épées. Le premier sorcier était blond, les yeux bleus, vêtu d'une robe rouge et un lion couché à ses pieds. L'épée qu'il brandissait était en argent étincelante et la poignée était ornée de rubis qui semblaient énormes. Harry était persuadé qu'il avait déjà vu cette épée quelque part. Il mit un certain temps à comprendre que c'était l'épée qu'il avait tirée du Choixpeau magique en deuxième année lorsqu'il avait dû combattre le basilic. L'épée de Godric Gryffondor. Le sorcier qui la tenait était donc l'un des quatre fondateurs de Poudlard, celui qui avait donné son nom à la maison dans laquelle il se trouvait.

Harry comprit, avant même de lire la légende, qui était le deuxième sorcier. Et il comprit qu'il n'allait pas aimer, mais alors pas du tout, ce qu'il allait découvrir.

Il finit par se tourner vers l'autre sorcier. Il était plus mince que Gryffondor, les cheveux plus longs et très noirs, les yeux d'un vert étincelant et une tenue qui mêlait exclusivement le vert et l'argent. A ses bras étaient enroulés des serpents argentés… Harry se décida enfin à observer son épée. Contrairement à celle de Gryffondor, elle ne semblait pas matérielle, sans doute faîte de magie pure. Elle était de ce même vert émeraude que celle que faisait apparaître Eridan et la poignée était ornée des mêmes serpents…

Harry finit par s'apercevoir que ses amis l'observaient depuis quelques minutes. Il finit par relever la tête.

C'est bien la même épée ? demanda Hermione.

Harry hocha la tête, incapable de prononcer le moindre mot. En même temps, il s'étonna. Pourquoi Hermione, qui jusque là avait accepté qu'il ne veuille pas qu'elle fasse des recherches sur Eridan, avait-elle soudain décidé de lancer une enquête sur la jeune fille ?

C'est tout de même étrange qu'une Gryffondor puisse faire apparaître la même épée que celle de Salazar Serpentard, fit remarquer Ginny. Vous croyez qu'il est possible de manipuler le Choixpeau pour qu'il nous envoie dans la maison que l'on veut ?

Harry resta silencieux. Il se souvenait que le Choixpeau avait d'abord voulu l'envoyer à Serpentard et que c'était uniquement parce qu'il l'avait presque supplié qu'il avait fini à Gryffondor. En était-il de même pour Eridan ? Dumbledore disait que c'était nos choix qui montraient qui on était vraiment. Si Eridan avait décidé d'aller à Gryffondor, est-ce que cela signifiait qu'ils pouvaient lui faire confiance ? En même temps, il y avait au moins déjà eu un mangemort parmi les Gryffondors. Un mangemort et un traître !

Qu'est-ce qui t'a décidé à faire des recherches sur Eridan ? demanda soudain Harry d'un ton plus fâché qu'il n'aurait voulu.

Hermione ne sembla pas se formaliser de son ton.

Il y a un traître à Poudlard, il faut bien que quelqu'un se décide à faire des recherches !

Eridan n'est pas une traître ! Sinon, pourquoi nous aurait-elle plusieurs fois sauvé la vie ? Pourquoi t'aurait-elle apporté la formule pour découvrir l'empreinte magique de l'hydre ? Pourquoi…

Harry tu ne comprends pas ! s'exclama Hermione. Eridan n'utilise pas la même magie que nous ! Et il est impossible, tu m'entends ! impossible de refermer un trou d'anti-magie en utilisant la magie que nous connaissons…

Ça ne fait pas d'elle une traître pour autant !

Ce n'est pas le problème ! Elle est capable de choses étonnantes et elle a forcément un rapport avec Salazar Serpentard ! Si tu avais lu ce livre tu saurais que Serpentard était le seul à pouvoir faire cette épée. Le seul ! Alors maintenant, il est impératif de savoir ce que nous cache Eridan et j'aimerais mieux que tu nous aides plutôt que tu t'y opposes…

Harry resta silencieux. Que pouvait-il répondre ? Que devait-il faire ? S'il faisait des recherches sur Eridan, est-ce qu'il la trahissait ?

Harry, reprit Hermione, si Eridan est bien contre Voldemort alors elle court un grand danger ! Voldemort pourrait trouver très intéressant tout ce dont elle est capable…

Harry sursauta. Il n'avait jamais vu les choses de cette façon. Il pensait que la seule raison pour laquelle Eridan pouvait être en danger, c'était parce qu'elle était une de ses amies. Pourtant, elle lui avait dit…

Elle m'a dit une fois qu'elle n'avait pas besoin de moi pour avoir des problèmes avec Voldemort…

Alors elle sait parfaitement ce qu'elle risque… réfléchit Hermione.

Vous croyez que Dumbledore l'a fait venir à Poudlard pour la protéger ? demanda Ron.

Dumbledore ne semble pas lui faire confiance, murmura Harry à contre cœur.

Et toi tu ne fais plus confiance à Dumbledore, remarqua Hermione. Harry, y a-t-il d'autres choses que tu ne nous as pas dites à propos d'Eridan.

Harry hésita. Mais ils étaient ses meilleurs amis, ils l'avaient toujours soutenu, il leur faisait entièrement confiance…

C'est une animagus. Elle se transforme en un cheval noir.

Entièrement noir ? demanda Hermione sous les regards chargés d'incompréhension des trois autres adolescents.

Avec une étoile blanche sur la tête, pourquoi ?

Hermione ne répondit pas. Elle semblait réfléchir, concentrée sur quelque chose que les autres ne voyaient pas.

Tu vas bien, Hermione ? demanda Ron.

La jeune fille soupira.

Tu viens de me faire perdre le fil ! De nombreux éléments se mettaient en place mais tu m'as déconcentrée et maintenant, j'ai tout perdu ! Enfin, je retrouverai peut être ça plus tard. Bon, si vous avez terminé de manger, je vous propose d'essayer de trouver Eridan, j'ai des questions à lui poser.

Ils retrouvèrent Eridan dans la salle commune de Gryffondor, lisant encore l'un de ses énormes et très anciens grimoires, Pattenrond sur ses genoux. Les quatre adolescents approchèrent des fauteuils de la jeune fille et s'installèrent. Eridan leva les yeux de son livre et leur jeta un regard interrogateur. Hermione posa, par-dessus le grimoire que lisait Eridan, son livre ouvert à la page représentant les deux fondateurs.

Nous voudrions te parler des cours de combats magiques… commença Hermione.

Eridan jeta un coup d'œil au livre et eut un sourire amusé.

Plutôt de ça, non ? dit-elle en pointant du doigt l'épée de Serpentard. J'ai emprunté ce livre en début d'année et quand le professeur Androji nous a demandé de visualiser une arme, l'épée de magie pure de Serpentard m'a immédiatement sauté à l'esprit. Peut être parce que c'est la seule arme non matérielle dont j'ai une image…

Il est écrit que seul Serpentard pouvait faire apparaître cette épée…

De son vivant ! Serpentard ne tenait pas à ce qu'on puisse le copier et il avait jeté un sort pour empêcher quiconque de faire apparaître la même épée. Mais il est mort depuis des centaines d'années ! Le sort ne fonctionne plus.

Harry voyait bien qu'Hermione n'était absolument pas convaincue par les explications d'Eridan mais elle ne semblait pas savoir sur quoi elle pouvait l'interroger davantage.

J'espère que vous avez commencé vos révisions pour les examens, finit par dire Hermione.

Ron soupira et Ginny fit celle qui n'avait rien entendu. Harry ne dit rien. Il ne savait pas s'il devait se sentir coupable de n'avoir pas encore commencé à réviser ou s'il devait penser qu'il avait décidément d'autres priorités que de passer ses examens.

Ginny ! s'écria Hermione. Je te rappelle que tu as tes Buses à la fin de l'année ! Je vais encore être obligée de vous préparer un planning de révisions pour les vacances !

Eridan eut véritablement l'air amusé. La jeune fille ne se sentait probablement pas concernée par les révisions. Elle, elle avait assurément d'autres priorités. Lesquelles, là était la question ! Et puis, ce n'était pas comme si elle avait le moindre risque de rater ses examens…

Heureusement, les vacances arrivent bientôt, continua Hermione. Si vous suivez correctement l'emploi du temps que je vais vous préparer, vous devriez rattraper vos retards.

Je ne sais pas pourquoi, mais quand quelqu'un parle d'Emploi du temps en Angleterre et alors que des mythes gréco-romains nous agressent, ça me rend toujours mal à l'aise… murmura Eridan en regardant Hermione d'un air ironique.

Harry vit Hermione froncer les sourcils. Elle devait chercher à comprendre ce qu'Eridan avait voulu dire. Quant à lui, il n'avait absolument rien compris. Au bout de quelques secondes, le visage d'Hermione s'éclaira.

Butor ? demanda-t-elle.

Eridan hocha la tête sous les regards chargés d'incompréhension de Ron, Ginny et Harry.

Vous pourriez nous expliquer ? demanda Ron avec humeur.

Vous n'avez qu'à être moins incultes ! Maintenant laissez-moi réfléchir à vos plannings…

La jeune fille s'assit devant une table et commença à écrire.

Harry demanda d'un regard une explication à Eridan mais la jeune fille se contenta de lui sourire avant de se replonger dans son livre. Harry était un peu vexé mais il préféra ne pas le montrer en voyant l'air idiot des deux Weasley.

Le jour des vacances, tout le monde quitta le château à l'exception de Harry, Hermione, Ron, et Eridan. En effet, Ginny avait annoncé la veille des vacances que l'une de ses amies de Serdaigle l'avait invitée à passer les vacances chez elle. Bien évidement, Ron était furieux mais ses parents ayant donné leur accord, il ne pouvait rien faire…

Neville quitta ses amis en leur annonçant, dans un grand sourire qu'il avait invité Louna à venir passer quelques jours chez sa grand-mère et qu'elle avait accepté. Ron et Harry n'avaient évidement pas pu s'empêcher de faire quelques remarques légèrement déplacées du genre : T'as raison, vieux, je te souhaite beaucoup de plaisir ; après tout, ce n'est jamais trop tôt pour la présenter à ta grand-mère ; prends garde à ne pas trop la changer… Ils se seraient sans doute engagés plus loin si, Hermione en ayant eu assez de faire les gros yeux, ne leur avait pas donné une tape sur la tête à chacun avant de souhaiter de bonnes vacances à Neville.

Les quatre adolescents restèrent un moment sur le perron du château, bien après que toutes les diligences tirées par les sombrals avaient disparu. Harry se rendit compte qu'ils allaient avoir le château pour eux tous seuls. Et comme pour les vacances de Noël, très peu de professeurs restaient à Poudlard… Il y avait Rogue bien sûr, à croire qu'il n'avait vraiment nulle part où aller ! A mois que Poudlard soit le seul endroit où il était à l'abri de ses anciens amis… Il y avait aussi Hagrid et le professeur Androji. Quant à Dumbledore, il passait son temps à disparaître du château et à revenir.

Je ne comprends pas qu'ils l'aient laissée partir ! s'exclama soudain Ron.

Harry et Hermione tournèrent des regards surpris vers lui.

Ginny ! Elle aurait dû rester au château !

Enfin, Ron, lui reprocha Hermione, Ginny a le droit de s'amuser… même si j'espère qu'elle n'oubliera pas ses révisions !

Ce n'est pas ça ! Mais… c'est dangereux, murmura le jeune homme d'un air un peu piteux.

Hermione lui sourit.

Ne t'inquiète pas ! La famille de l'amie de Ginny est une vieille famille de sorciers. Ils connaissent parfaitement les moyens de protection contre Voldemort…

Et ce n'est pas comme si Poudlard était inviolable et n'avait jamais subi la moindre attaque, remarqua Eridan.

Surtout qu'à Poudlard, j'y suis ! dit Harry d'un ton cynique. Et comme je suis la cible préférée de Voldemort…

Harry ! s'exclama Hermione. Ne dis pas ça…

Ce n'est pas vrai peut être ?

Tant que tu n'es pas son cadavre préféré, répondit Eridan, attirant ainsi les regards horrifiés des trois autres adolescents.

La jeune fille sourit d'un air ironique.

Et bien quoi ? Voldemort ne souhaite-t-il pas tuer Harry ? Qu'est-ce que vous aviez compris, que Voldemort était nécrophile ?

Hermione lui jeta un regard désapprobateur alors que Ron et Harry étaient partagés entre l'envie de rire et celle de vomir. Avec peut être un penchant plus prononcé pour l'idée de rendre en une seule fois tous les repas qu'ils avaient pris depuis leur naissance.

Harry préféra chasser cette idée désagréable de son esprit et se concentrer sur ses cours de métamorphoses, cours qu'ils devaient réviser ce jour là d'après le programme d'Hermione.

Une semaine était passée. Une semaine qu'ils avaient entièrement consacrée aux révisions. Hermione ne leur laissait pas un instant de répit. C'était à peine si elle les laissait manger et dormir. Harry et Ron en étaient venus à imaginer tout un tas de formules ou potions pour immobiliser, ligoter, bâillonner Hermione. D'autant plus qu'Eridan avait passé la semaine à leur jeter des regards chargés de moqueries, à dire qu'il faisait un temps magnifique et que c'était vraiment agréable de se promener dans le parc…

Je vais me promener dans la forêt interdite, dit Eridan ce matin-là en passant devant les deux garçons et leur dragon professeur.

Harry manqua s'étrangler.

Tu es devenue folle ? Tu cherches à te faire tuer ?

Je doute qu'il y ait encore des cyclopes…

Il y a des araignées ! D'énormes araignées ! Des centaures, un géant et je suis sûr et certain qu'il y a plein d'autres monstres assoiffés de sang dans cette forêt. Ce n'est pas pour rien qu'elle est interdite…

Eridan éclata de rire.

Génial ! s'exclama la jeune fille. Ils doivent avoir plein de choses très intéressantes à raconter !

Comprenant qu'il ne parviendrait pas à convaincre la jeune fille de changer ses projets, Harry changea de méthode.

Dans ce cas, je viens avec toi, dit-il en commençant à se lever.

Certainement pas Harry ! s'exclama Hermione. Je te rappelle qu'il faut que tu révises tes cours de potions…

Rien à faire des potions ! s'exclama Harry dans une nette idée de rébellion. Il faut que j'aille m'aérer sinon je vais exploser…

Je te rappelle que si tu veux un jour récupérer ton éclair de feu…

Harry se rassit immédiatement sur sa chaise en lançant un regard furieux à Ron. En effet, devant le peu d'enthousiasme que les deux garçons montraient à leurs révisions, Hermione avait demandé leurs balais à Ron et celui-ci n'avait rien trouvé de mieux à faire que de les lui donner !

Bon, ce n'est pas tout ça, mais je vais vous laisser, dit Eridan. La forêt interdite m'attend…

Harry sentit une rage folle s'insinuer dans son esprit. Il se leva à demi et jeta un regard de haine pure vers Hermione.

Harry s'aperçut que ses trois amis s'étaient figés et le regardaient avec une certaine crainte. Il se rendit compte de l'attitude menaçante qu'il avait adoptée et se laissa retomber sur sa chaise. Il n'avait aucune idée de ce qui lui avait pris, mais il avait l'impression que pendant quelques secondes, il n'était plus lui !

Ce n'était qu'une blague, murmura Eridan, l'air soucieux.

Je suis désolé, murmura-t-il. Je ne sais pas ce qui m'a pris… La fatigue sans doute…

Eridan s'assit à côté de lui et posa sa main sur son front, exactement sur sa cicatrice. Son visage se ferma quelques instants, ses yeux fixaient le vide puis elle retira sa main souriante.

Il fait vraiment un temps superbe aujourd'hui et je crois que vous avez besoin d'une petite pause. Qu'est-ce que tu penses de les laisser faire un petit tour de balais, Hermione ? demanda la jeune fille.

Hermione hocha la tête. Elle avait toujours l'air inquiet. Harry s'en voulut. Et il s'en voulut d'autant plus que pendant quelques secondes, il avait eu l'impression qu'il allait tuer Hermione et cette impression l'horrifiait et le terrifiait.

Mais alors qu'ils se dirigeaient tous les quatre vers le terrain de Quidditch, ce souvenir devint de plus en plus diffus. Les visages de ses amis parurent de plus en plus sereins… et quand Harry enfourcha son balai, il n'arrivait plus à se souvenir pourquoi il éprouvait un certain malaise. Peut-être était-ce la culpabilité d'être en train de voler plutôt que d'étudier ses cours de potion ?

Harry laissait ses pensées vagabonder alors qu'il enchaînait vrilles, tonneaux et autres figures toutes plus acrobatiques les unes que les autres. Il jeta un regard vers les gradins où se trouvaient les deux filles. Hermione les regardaient, Ron et lui, évoluer dans les airs avec une certaine inquiétude qui s'expliquait sans doute par le fait que, depuis près d'un quart d'heure ils enchaînaient des figures qui risquaient à tout moment de les envoyer s'écraser une cinquantaine de mètres plus bas… Eridan, elle, était plongée dans un livre et Harry se traita mentalement d'idiot. Inconsciemment, il avait cherché à l'impressionner par ses prouesses au Quidditch. C'était vraiment la chose la plus stupide qu'il ait pu imaginer. En effet, si Hermione n'aimait guère ce sport et avait peur rien qu'à l'idée de monter sur un balai, Eridan haïssait le Quidditch. Elle supportait à peine la vue du moindre balai et il n'arrivait pas à comprendre pour quelles raisons elle avait proposé qu'ils fassent un tour sur leurs balais pour se détendre… Décidément, il y avait quelque chose de bizarre, quelque chose qui lui manquait… comme un trou de mémoire. Harry chassa cette pensée et se concentra sur les sensations qu'il éprouvait à voler, à sentir l'air fouetter sa peau, à voir le paysage défiler sous lui… Il s'occuperait une autre fois de ce trou de mémoire et de l'aversion d'Eridan pour tout ce qui avait trait aux balais…

Quand il reprit pied sur terre, Harry se sentait exceptionnellement bien. Enfourcher un balai et s'élancer à l'assaut des airs étaient décidément le meilleur exutoire qu'il connaissait.

Son balai sur l'épaule, suivi par Ron, il rejoignit les deux filles qui les attendaient au bas des gradins.

Alors qu'ils étaient dans l'un des couloirs de Poudlard, Ron s'arrêta brusquement et se figea. Les trois autres se retournèrent, étonnés.

Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Hermione.

Vous n'entendez rien ? demanda-t-il.

Harry tendit l'oreille. Tout d'abord, il n'entendit rien. Puis, peu à peu, une sorte de sifflement, ou plutôt de bruissement commença à se faire entendre. Le son était de plus en plus fort, comme si c'était le bruit que faisaient des milliers d'énormes moustiques.

Quand les choses apparurent, il crût d'ailleurs que c'était cela. Une nuée de moustiques de la taille du point. Puis il crût, en partie à cause des sifflements, en partie à cause de l'aspect, que c'était des chauves-souris. Les créatures avaient bien des ailes de chauves-souris mais ça n'en était résolument pas ! Les dizaines de créatures ressemblaient à de minuscules petites femmes avec des ailes de chauves-souris dans le dos, sans jambe mais avec des bras terminés par de véritables mains griffues qui se tendaient vers eux d'un air menaçant, des yeux où brillaient une froide colère et sur la tête… une chevelure de serpents !

Harry qui jusque là était resté figé commença à reculer. Il vit les autres faire de même alors que le nuage de créatures s'approchaient toujours plus d'eux. Harry vit l'une des petites femmes ailées ouvrir la bouche et il aperçut sa langue. Une langue de serpent, et ce n'était pas une image ! Il eut l'impression d'entendre une sorte de voix dans sa tête mais c'était comme si la voix était encore très loin et il ne l'entendait que de manière diffuse, hachée.

Eridan poussa un cri étranglé.

Des Erinnyes ! dit-elle d'un ton où commençait à poindre la panique. Culpabilité. Vengeance.

La jeune fille se changea en cheval et s'enfuit avant que les créatures ne l'atteignent. Harry se figea. Qu'était-il arrivé à Eridan ? Les Erinnyes profitèrent de son immobilité pour fondre sur lui et il fut bientôt entouré par une véritable nuée de petites femmes qui le griffaient, lui tiraient les cheveux, essayaient de lui arracher ses lunettes… mais surtout, ils entendaient des voix dans sa tête :

Ta faute si je suis mort ! criait une des voix. Toujours à jouer les héros…

C'était la voix de Sirius. Sa voix qui ne cessait de lui répéter que tout était de sa faute. Qu'il l'avait tué…

Tu es maudit ! s'exclama une autre voix. C'est à cause de toi qu'il est venu nous tuer. C'était toi qu'il voulait tuer…

Je me suis sacrifiée pour toi ! Tout est de ta faute…

Maintenant c'était ses parents qui lui renvoyaient sa culpabilité dans la figure.

Puis il entendit un concert de voix qui lui criait toutes que c'était de sa faute s'ils étaient morts, s'ils avaient failli mourir, s'ils allaient mourir… De sa faute, tout était de sa faute !

Harry se laissa tomber sur les genoux. Il se recroquevilla sur le sol :

Non ! Non… Je suis désolé, je ne voulais pas…

Tout d'un coup, les voix se turent. Harry se redressa. Ron venait d'envoyer l'une des Erinnyes s'écraser sur le mur avec son balai.

Ça va Harry ? demanda Hermione.

Il hocha la tête. C'était les Erinnyes qui lui avaient susurré ces horreurs, pas Sirius, pas ses parents… Harry se releva et imita Ron. Les Erinnyes s'écrasaient sur les murs en poussant des hurlements de rage.

Baissez-vous ! entendit-il.

Harry attrapa Ron et Hermione, chacun par une main et les força à se jeter par terre. Il vit une lumière bleue frapper les Erinnyes. Les petites créatures se figèrent en plein vol avant de s'écraser au sol où elles se brisèrent comme des bibelots de verre de mauvais goût.

Vous allez bien ? demanda Eridan. Je suis désolée, mais je ne pouvais pas réfléchir à une solution avec ces furies autour de moi…

La jeune fille resta silencieuse quelques instants puis elle ajouta :

Tout ce que vous avez entendu, ce n'est que l'expression de votre culpabilité, pas la vérité ! Ne l'oubliez pas ! Ces choses seraient capables de conduire au suicide quelqu'un uniquement parce qu'il aurait eu envie de donner un coup de pied dans un arbre !

Les trois adolescents se relevèrent.

Que leur as-tu fait ? demanda Hermione.

Je les ai gelées. Il ne faut pas rester ici, il doit sûrement y en avoir d'autres.

Mais comment sont-elles arrivées ici ? demanda Hermione. Et pourquoi ?

Pourquoi ? Parce que c'est une nouvelle attaque. Comment ? Je n'en ai aucune idée et je ne pense pas que ce soit le moment de s'occuper de ça !

Les trois autres hochèrent la tête et pressèrent le pas en direction de la tour de Gryffondor après avoir réduit les deux balais et les avoir rangés dans la boite qu'Hagrid avait offerte à Harry pour son anniversaire. Là, ils seraient sans doute en sécurité, protégés par le mot de passe…

Soudain Harry empêcha ses compagnons d'avancer alors qu'ils s'apprêtaient à prendre un nouveau couloir.

Qu'est-ce qu'il y a encore ? chuchota Ron.

Regarde de l'autre côté !

Ron, Hermione et Eridan passèrent précautionneusement la tête de l'autre côté du mur. Harry vit Hermione et Ron ouvrirent la bouche et la refermer sans exprimer le moindre son. De l'autre côté du mur se trouvait un monstre ailé à corps de lion et à tête de femme. Une tête de femme grimaçante.

Une sphinge, murmura Hermione.

Ron et Harry la regardèrent, un air d'incompréhension sur la figure.

Un sphinx grec, si vous préférez.

La sphinge leva la tête et huma l'air. Puis elle poussa un rugissement.

Je crois qu'elle nous a repérés, bredouilla Ron.

D'autres rugissements lui répondirent et trois autres sphinges apparurent aux côtés de la première.

Bon, allez, avouez, ironisa Eridan. Lequel d'entre vous a insulté les dieux de l'Olympe ?

Les trois autres adolescents lui avaient jeté un regard abasourdi avant de commencer à reculer.

Les sphinges approchaient lentement d'eux, sûres de coincer leurs victimes, faisant crisser leurs griffes sur le parquet méticuleusement ciré par les elfes de maison.

Les quatre adolescents reculaient lentement, se demandant comment ils allaient s'en sortir.

Harry, une fois remis de l'étonnement qui l'avait saisi en entendant la désinvolture d'Eridan, se dit que la jeune fille avait effectivement relevé le problème. Depuis, le début de l'année, tous les monstres, exception faite des mangemorts, qui les avaient attaqués venaient de la mythologie gréco-latine. Cela voulait forcément dire quelque chose ! Mais quoi ? Harry n'en avait pas la moindre idée et il n'aurait pas mis sa main au feu que d'être chassé par des sphinges était le meilleur moyen de faire fonctionner son cerveau.

Au bout d'une dizaine de minutes de cette chasse si lente, qui avait mis les nerfs des quatre adolescents à rude épreuve, les sphinges semblèrent en avoir marre car elles accélérèrent brusquement l'allure. Les quatre adolescents partirent en courant à travers les couloirs sans se soucier du chemin qu'ils empruntaient, uniquement préoccupés par le fait de mettre le plus de distance entre eux et les sphinges qui, heureusement pour eux, ne pouvaient déplier leurs ailes à cause de l'étroitesse des couloirs de cette partie du château. Harry eut une pensée pour les concepteurs de l'école qui s'évanouit bien vite lorsqu'ils arrivèrent devant des escaliers… qui étaient manifestement partis faire un tour, les laissant coincés sur une plate forme, à la merci des sphinges.

Et maintenant ? demanda Eridan. Quelqu'un sait voler ou on demande aux sphinges de nous donner un coup de main ?

Harry n'était pas sûr d'apprécier l'ironie et le cynisme de la jeune fille. En même temps, c'était peut être une façon comme une autre d'essayer de chasser ses peurs…

Il faut descendre ! décida Hermione.

Eridan a raison, nous ne savons pas voler ! cria presque Ron.

Hermione poussa un soupir puis elle leva sa baguette sur l'un des tapis qui couvraient la plate-forme.

Wingardium Leviosa !

Le tapis s'éleva doucement. Les trois autres adolescents se tournèrent vers Hermione, un air à la fois impressionné et dubitatif sur le visage. On entendit un grognement dans le couloir derrière eux. Eridan haussa les épaules et se hissa tant bien que mal sur le tapis. Harry, Ron et Hermione la suivirent.

Harry avait l'impression de se retrouver dans Les Milles et une nuits ; jamais il ne s'était imaginé se déplaçant en tapis volant dans Poudlard et pourchassé par quatre sphinges qui avaient pris leur envol. Et qui se rapprochaient de plus en plus !

Ron, Hermione ! s'écria Harry, occupez-vous de diriger ce tapis ! Eridan et moi allons essayer de retenir ses monstres !

Les deux adolescents se saisirent chacun d'un coin du tapis pendant que Harry et Eridan se dirigeaient de l'autre côté, leurs baguettes à la main.

Incendio ! cria Harry alors qu'une sphinge se rapprochait dangereusement du tapis.

La créature évita facilement le sort mais le changement de direction lui fit perdre un peu de temps. Harry et Eridan se mirent donc à lancer des sorts dans un jet continu. Les sphinges virevoltaient pour éviter les sorts dans un ballet aérien qui ne manquait pas de grâce, un ballet tout en lumières et en sons : grognements, cris de douleurs, sorts…

On change de direction ! cria tout d'un coup Ron.

Le tapis amorça un virage vers la droite, se retournant presque. Harry et Eridan durent s'accrocher au tapis pour ne pas tomber mais Harry pouvait sentir ses mains glissées sur les poils soyeux du tapis.

Quand le tapis fut à peu près stabilisé dans une position assez proche de l'horizontal, Harry se tourna vers Eridan pour s'assurer qu'elle allait bien. Il n'en fut pas certain sur le moment, mais il lui sembla qu'elle n'avait pas sa baguette. Pourtant, quand il se retourna pour éloigner d'un sort une sphinge qui s'approchait un peu trop, il entendit clairement la jeune fille jeter un sort qui lui était parfaitement inconnu.

Le tapis fit une embardée, puis changea à nouveau de direction… propulsant les deux adolescents à plat ventre. Harry se demanda si ses amis avaient perdu le contrôle ou si Poudlard avait décidément plus d'obstacles qu'il ne se le rappelait. A ce moment, ils frôlèrent une armure qui s'écroula derrière eux dans un effroyable vacarme métallique et Harry vit un mur se précipiter à leur rencontre quand il se retourna vers Ron et Hermione. Le jeune homme ferma les yeux et s'accrocha de toutes ses forces au tapis. Il eut soudain l'impression de se retrouver la tête en bas et, quand il ouvrit à nouveau les yeux, ils avaient fait demi-tour. Mais maintenant, les sphinges n'étaient pas seulement derrière eux mais aussi devant, dessous, au-dessus et sur les côtés. Et elles n'étaient plus seulement quatre mais ne bonne douzaine !

Le tapis se fraya un chemin à travers les sphinges, les murs et les statues qui encombraient les couloirs. Il ne restait jamais plus de quelques secondes dans la même position et Harry était allongé, accroché au tapis d'une main et jetait des sorts de l'autre. C'était un véritable cauchemar… On se serait crû dans Stars War !

Bien évidemment, la course poursuite ne pouvait pas durer longtemps. Ron et Hermione ratèrent un virage, à moins que ce soit l'une des sphinges qui les ait heurtés… quoiqu'il en soit, les quatre adolescents furent propulsés contre un mur…

Harry eut l'impression que tous ses os avaient été broyés mais il s'aperçut rapidement qu'il n'en était rien et qu'il en était probablement quitte pour des égratignures, des bleus, des bosses et de monstrueuses courbatures !

Le jeune homme se retourna vers ses amis. Les trois adolescents se relevaient tant bien que mal. Aucun ne semblait véritablement blessé mais leur chute avait laissé aux sphinges le temps de se poser.

Elles avaient formé un arc de cercle autour d'eux et les regardaient en se léchant les lèvres. Les quatre adolescents reculèrent jusqu'à se trouver dos au mur. Ils étaient coincés. Ils étaient condamnés…

Pourquoi n'a-t-on jamais appris à jeter des Avada Kedavra, se plaignit Harry. Cela aurait pu nous être utile !

Il y a de nombreux autres sorts qui provoquent la mort, répondit Eridan.

Harry se tourna vers elle.

On dit que l'Avada Kedavra est le sortilège de mort car il ne fait qu'entraîner la mort. Les gens ne souffrent pas, ils ne se rendent compte de rien. Ils sont vivants, ils reçoivent le sort, ils sont morts. C'est tout. Il n'y a rien entre le moment où ils reçoivent le sort et le moment où ils ne sont plus que des cadavres… Alors que tu peux tuer quelqu'un avec des sorts aussi variés que les moldus ont des moyens différents pour tuer. Tu peux faire exploser quelqu'un, bloquer sa respiration, le faire mourir de peur…

Vous ne pouvez pas parler d'autre chose ! cria Hermione d'une voix presque hystérique. Je vous rappelle que nous allons mourir, au cas où ça vous intéresserait…

Harry vit Ron saisir la main d'Hermione. Il allait vraiment falloir qu'ils se décident à s'avouer leur amour sinon ils allaient le rendre fou ! Harry se gifla mentalement pour penser à cela à ce moment. Comme si les affaires de cœur de ses amis avaient une quelconque importance alors qu'ils allaient se faire dévorer par un troupeau de sphinges !

Hermione, murmura Ron d'une voix qu'il essayait de garder ferme, dans la mythologie, comment on pouvait vaincre les sphinges ? Il doit bien y avoir un mythe, non ?

La jeune fille tremblait de tout son corps mais elle semblait réfléchir.

Dans le mythe, Œdipe a donné la bonne réponse de l'énigme de la sphinge alors elle s'est suicidée…

Harry jeta un regard vers les sphinges. Elles n'avaient pas l'air d'avoir envie de se suicider et elles semblaient ne rien avoir d'autre dans la tête que la composition de leur prochain, très prochain repas. Elles ne paraissaient pas avoir en tête la moindre énigme…

Mais Eridan s'avança vers les bêtes mi-lions, mi-femmes, mi-oiseaux.

Quelle est votre énigme ? demanda la jeune fille.

Manifestement, elle prenait les souvenirs mythologiques d'Hermione pour argent comptant. Certes, Harry aurait été prêt à parier qu'Hermione se souvenait parfaitement de ses livres de mythologie gréco-romaine. Ce qu'il espérait, c'était que les sphinges les avaient lus aussi !

Les sphinges s'avancèrent vers la jeune fille en poussant des grognements. Mais, apparemment, il en fallait plus pour effrayer Eridan !

C'est la tradition, vous devez la respecter !

Les sphinges grognèrent de plus belles.

Elle a raison, finit par dire une grosse sphinge aux yeux dorés.

Mais non, de toute façon, ils ne sauront pas répondre à la question, pourquoi s'embêter ? s'écria une autre en grondant.

C'est la tradition ! Nous devons respecter la tradition…

Il en a toujours été ainsi, il n'y a pas de raison que ça change…

Nous ne sommes plus dans l'antiquité, il faut vivre avec son temps !

Où va-t-on si on ne respecte plus la tradition !

Ces jeunes… ça ne respecte plus rien !

Vous les vieux, on vous a rien demandé !

Un peu de respect pour tes aînés !

Tu sais ce que j'en fais de mes aînés !

Je vais t'apprendre la politesse, moi…

Ah ouais ? J'aimerai bien voir ça…

Ouais ! Vas-y, montre-lui à la vieille !

Le ton monta de plus en plus. Bientôt, les sphinges en vinrent à grogner et à se lancer des coups de griffes. Puis très vite, il n'y eut plus qu'une gigantesque mêlée de plumes, de poils et de peau humaine…

Ça veut dire qu'on ne va pas manger tout de suite, pleurnicha une sphinge avant de se lancer dans la mêlée…

Harry, Ron et Hermione regardaient la scène sans pouvoir prononcer un mot.

Le plus grand danger pour ces créatures, expliqua Eridan, c'est leur part humaine. Il ne faut jamais se fier à l'humain, il n'y a pas plus traître.

Aucun des trois autres ne répondit.

Puisqu'elles ont l'air occupé, je ne vois pas pourquoi on s'attarderait plus longtemps ici…

Les quatre adolescents passèrent donc à côté des monstres sans que ceux-ci ne fassent le moindre mouvement pour les en empêcher, trop occupés à s'entre-tuer…

Dès qu'ils ne furent plus en vue des monstres, ils se mirent à courir pour mettre le plus de distance possible entre eux et les sphinges, au cas où certaines ressortiraient vivantes et affamées de leur combat…

Au bout d'une dizaine de minutes de course, les quatre adolescents s'arrêtèrent, essoufflés.

On les a semés, n'est-ce pas ? demanda Ron, plié en deux.

En tout cas, elles ne nous ont pas suivis, répondit Harry qui peinait lui aussi à reprendre son souffle.

Eridan, comment savais-tu qu'elles réagiraient comme ça ? demanda Hermione qui s'était glissée à terre et paraissait avoir fait un concours d'apnée.

Je n'en savais rien.

Les trois autres se tournèrent vers elle, la bouche grande ouverte.

Tu veux dire que…

J'espérais qu'elles diraient une énigme et qu'on pourrait trouver la bonne réponse. Finalement, on a eu de la chance…

Harry grimaça à ce mot. Est-ce qu'on pouvait vraiment considérer comme ayant de la chance des personnes qui passaient leur temps à se faire poursuivre par toutes sortes de créatures toutes plus dangereuses les unes que les autres ? Evidement, si on s'intéressait au fait que, pour le moment, ils s'en étaient toujours sortis…

Et maintenant, qu'est-ce qui va nous tomber dessus ? demanda Ron.

Harry sursauta. Comment avait-il pu croire ne serait-ce qu'un instant que l'attaque était terminée ? Comment avait-il pu croire qu'ils allaient enfin pouvoir être en sécurité ? Ils ne seraient jamais en sécurité ! Jamais tant que Voldemort vivrait ! Ou qu'ils ne soient tous morts, murmura une mauvaise petite voix dans sa tête.

Tu as d'autres souvenirs mythologiques ? demanda Eridan à Hermione. On pourrait peut être se préparer à ce qui va encore nous tomber dessus…

Hermione haussa les épaules.

Il y en a tellement, soupira-t-elle.

Il vaut mieux ne pas traîner ici, finit par dire Harry.

Les trois autres hochèrent la tête et tous les quatre reprirent leur route à travers les couloirs de Poudlard. Harry s'arrêta soudainement.

L'un d'entre vous sait-il où nous sommes ? demanda-t-il.

Ron et Hermione secouèrent la tête.

Ils ne pourraient pas mettre des panneaux ! pesta Eridan. Ils tiennent donc tant à ce que leurs élèves se perdent…

Harry eut soudain une illumination. La carte du maraudeur ! Il s'empressa de la sortir de sa boîte mordeuse et l'étala sur le sol. Il repéra son nom et celui de Ron et Hermione rapidement, dans un coin de la carte qu'il n'avait jamais utilisé jusqu'à ce jour. Quant au nom d'Eridan, Harry eut l'impression qu'il était flou. Mais cette impression ne dura guère que quelques secondes avant qu'il puisse lire clairement Eridan Droujes et Harry fut détourné de cette bizarrerie par une dizaine d'étiquettes qui s'approchaient d'eux à grande vitesse.

Empuses, lut-il.

Il vit Hermione et Eridan échanger un regard puis les deux jeunes filles les attrapèrent, lui et Ron et les entraînèrent dans la direction opposée d'où arrivaient les empuses.

On va aller par-là, dit Hermione d'un ton qui n'admettait aucune réplique.

Mais, bredouilla Ron.

Qu'est-ce… essaya Harry.

Mais Eridan le coupa en lui ordonnant d'accélérer le pas. Harry et Ron ne comprenaient pas ce qui se passaient, au contraire des deux filles manifestement qui les entraînaient le plus rapidement possible. Les deux garçons préférèrent les suivre sans rien dire. C'était quelque chose de devoir affronter des monstres de toutes sortes, c'en était une autre de vouloir s'opposer à deux jeunes filles qui avaient l'air sûr d'elles !

Ils prirent un nouveau couloir et…

… tombèrent nez à nez avec trois magnifiques jeunes filles, fort peu vêtues et à l'attitude aguicheuse.

Salut, bredouilla Ron en souriant bêtement.

Harry n'arrivait pas à détacher son regard des trois jeunes filles qui l'appelaient. Il voulut s'avancer vers elles mais Eridan le retint fermement. Hermione força Ron à reculer puis elle fit un pas en avant. Et elle commença à leur jeter une flopée telle d'injures que Harry aurait parié que les jumeaux Weasley n'en connaissaient pas certaines… Les trois jeunes filles poussèrent des hurlements et leur apparence changea peu à peu. Bientôt, elles ne furent plus que des sortes de spectres avec une patte d'âne, l'autre jambe en bronze et des dents très pointues. Elles reculaient sous les injures d'Hermione en poussant toujours leurs petits cris horripilants.

Par Hécate, ne nous approchez plus ! lança Eridan lors d'une pause d'Hermione.

Les trois créatures poussèrent un dernier hurlement avant de prendre la fuite.

Harry et Ron se tournèrent vers Hermione, totalement ébahis. Hermione leur lança un regard sévère avant de réciter :

Comment chasser Empouse en ses élans maudits,

La sorcière d'Hécate aux étreintes impures ?

Il fallait l'abreuver de bruyantes injures.

Elle fuyait alors en poussant de grands cris.

Ron et Harry ouvrirent des yeux encore plus grands.

C'était des empuses, finit par expliquer Eridan. Elles séduisent les hommes et les vident de leur sang pendant qu'elles s'unissent à eux…

Les deux garçons passèrent du rouge vif au cachet d'aspirine puis à nouveau au rouge brique…

Merci, bredouillèrent-ils.

Même pas capables de résister à des filles en bikinis, pesta Hermione.

Eridan haussa les épaules :

Ce n'est pas de leur faute. Elles agissent sur leurs hormones. C'est physiologique.

Hermione n'avait pas l'air convaincu et elle leur jeta un regard furieux avant de reprendre la route, les entraînant dans les couloirs de Poudlard sans qu'aucun ne sache vraiment ni où ils se trouvaient ni où ils allaient.

Ron se tourna vers Harry :

Cette fois-ci, je crois que c'est fini, murmura-t-il d'un air désespéré. Elle ne voudra jamais m'écouter…

Harry poussa un soupir. Comment faisait-il pour se fourrer dans toujours plus d'ennuis ?

Ecoute Ron, répondit Harry, si nous nous en sortons, je te jure que je t'écouterai me raconter tes déboires amoureux. Mais pour le moment, la seule chose qui m'intéresse c'est qu'on s'en sorte tous les quatre vivants et…

… entiers, ajouta Harry en voyant la chose qui se dressait devant eux.

C'était un monstre à dix têtes munies de trois rangées de dents, de douze jambes et dont la taille était entourée de têtes de chiens à l'air féroce. Le tout paraissait en partie minéral et s'il n'avait pas vu les lueurs dans les vingt yeux des têtes presque humaines et dans ceux des têtes de chiens, il aurait crû que c'était une statue. Ou plutôt, il aurait prié pour que ce soit une statue ! Harry vit l'une des têtes de chien se passer la langue sur les babines. Le jeune homme frémit. C'était le seul mouvement qu'avait fait le… monstre et cette immobilité le glaçait d'effroi.

Harry se retourna vers ses amis. Ils s'étaient arrêtés en même temps que lui et fixaient la chose d'un air à la fois abasourdi et horrifié. Du moins, c'était le cas pour Ron et Hermione. Eridan, elle, avait plus l'air lassé qu'autre chose mais Harry commençait à se demander si l'ironie mordante et l'exaspération que montrait la jeune fille n'étaient pas l'expression de sa peur qu'elle essayerait de cacher. En même temps, Harry devait reconnaître que les deux seules fois où il avait eu l'impression qu'elle paniquait vraiment, c'est à dire lorsqu'elle était dans le trou d'anti-magie et lorsque les Erinnyes les avaient attaqués, la jeune fille n'avait pas essayé de faire la moindre preuve d'ironie. Alors, paniquait-elle ou pas ? Et si elle ne paniquait pas, Harry aurait bien voulu savoir comment elle faisait. Il ne devait quant même pas croire qu'elle avait pu rencontrer bien pire ? Est-ce qu'il y avait quelque chose de pire ? La petite voix dans son esprit lui susurra un nom. Voldemort. Oui, Voldemort était pire, pire parce qu'il était censé être humain, du moins à l'origine… Ce qui n'était pas le cas du monstre qui leur bloquait la route. N'est-ce pas ?

Je crois qu'on a raté Charybde, dit Eridan d'un air sérieux.

Ron et Harry se tournèrent vers elle.

C'est Scylla, réussit à murmurer Hermione.

Charybde, Scylla… ces mots rappelaient vaguement quelque chose à Harry. Parfois, cela avait du bon d'avoir une mémoire comme celle d'Hermione, pensa-t-il.

C'est pas censé être des rochers ? demanda Harry.

Dans le mythe, ils finissent par se transformer en rocher, enfin en ce qui concerne Scylla… expliqua Hermione. C'est surtout une expression : tomber de Charybde à Scylla, c'est comme aller de mal en pis.

Doit-on comprendre que le commanditaire de l'attaque à un grand sens de l'humour ? ironisa Harry.

Ou alors, c'est juste un passionné de mythologie gréco-latine, dit Eridan.

Un cinglé ! répliqua Ron. Il n'y a que des cinglés de toute façon pour s'intéresser à ce genre de choses…

Hermione et Eridan lui jetèrent un regard noir. Harry se prit la tête dans les mains. Comment pouvait-on être aussi peu subtile ?

Ron, murmura-t-il en essayant d'écarter son ami des deux filles, je crois qu'il faut qu'on parle tous les deux…

Elle ne devrait pas se jeter sur nous ? remarqua finalement le jeune homme.

Je suppose que Charybde se trouve derrière nous, répondit Eridan. Nous n'avons pas le choix, il faut choisir l'un ou l'autre…

Harry jeta un regard derrière lui… et détourna rapidement la tête. Il avait eu l'impression d'une énorme bouche, pleine de dents, plus sombre qu'un gouffre sans fond, plus dangereuse que… beaucoup de choses, presque aussi effrayante que des détraqueurs !

Que dit le mythe ? demanda Harry en se disant qu'il faudrait peut être qu'il s'intéresse lui aussi à la mythologie. En effet, il semblait que ce n'était pas seulement de vieilles histoires sans intérêt…

Et bien, on en parle dans l'Odyssée. Ulysse choisit Scylla mais plusieurs de ses compagnons se font tuer… expliqua Hermione.

Et ensuite, il manque se faire dévorer par Charybde, il me semble, ajouta Eridan.

Vous ne nous aidez pas beaucoup…

Les quatre adolescents observaient les deux monstres l'un après l'autre, essayant de savoir lequel était le moins dangereux. Non seulement ils n'étaient pas d'accord les uns avec les autres, mais ils devaient l'avouer, ils n'étaient souvent même pas d'accord avec eux-mêmes !

Le vif écarlate ! s'exclama soudainement Ron. Tu l'as bien mis dans la boite ?

Harry hocha la tête. Ils étaient sauvés ! Enfin, si les jumeaux ne s'étaient pas trompés, il n'avait encore jamais testé leur cadeau…

Harry sortit la petite balle rouge, fit tourner les deux parties, déposant une sorte de glue sur l'un des murs. Il dessina une sorte de porte. Soudain, la trace gluante se mit à briller d'une lueur à la fois fantomatique et aveuglante. Puis le mur commença à s'effacer.

Les deux monstres durent sentir que leurs proies allaient leur échapper car ils se mirent en branle, faisant trembler le sol et les murs sous leur poids.

Dépêche-toi ! s'écria Hermione.

Les quatre adolescents franchirent un mur qui aurait dû avoir près de cinquante centimètres de large au moment même où les deux monstres arrivaient à la porte. Une sorte de main apparut… ce devait être Scylla.

Referme ça tout de suite ! hurla Hermione qui devenait de plus en plus hystérique.

Harry eut du mal à faire fonctionner le mécanisme du vif tant à cause de ses tremblements qu'à cause de ses amis qui le tiraient vers l'arrière pour éviter qu'il ne perde un morceau dans l'estomac de l'un de ces deux monstres graniteux. Enfin, s'ils avaient un estomac…

Il parvint enfin à refermer la porte dans un horrible bruit d'os, ou de pierre, brisé, laissant les quatre adolescents dans le noir le plus complet. Mais avant que quiconque ne puisse sortir sa baguette pour éclairer, Harry entendit Ron crier puis il se sentit agrippé et entraîné dans une longue chute le long d'une sorte de toboggan en pierre… Tout ce qu'espérait Harry maintenant, c'était que ce n'était pas la langue d'un autre monstre !

Les quatre adolescents, qui s'étaient entraînés les uns les autres dans la chute, s'écrasèrent brutalement contre un mur. Harry fut heureux de constater qu'il avait trop d'imagination ou alors il devenait paranoïaque ! Ce n'était pas une langue, juste une autre étrangeté inventée par les fondateurs de l'école pour… Pour quoi en fait ? Cela c'était une bonne question et la seule raison qu'Harry imaginait c'était pour perdre les élèves et il avait des doutes quant à l'intérêt d'une telle chose… Même les fondateurs devaient avoir mieux à faire, non ?

Les quatre adolescents firent de la lumière. Ils se trouvaient à l'entrée d'un large couloir, au plafond voûté, qui s'enfonçait dans le noir. Harry jeta un regard sur l'endroit d'où ils venaient. La pente était trop raide, ils ne pourraient jamais remonter par là. Ils n'avaient donc pas d'autre choix que d'avancer dans le sombre tunnel.

Et bien, je crois que nous sommes condamnés à visiter les souterrains de Poudlard, dit Harry du ton le plus joyeux qu'il put trouver.

Mais il se trouva lui-même peu convaincant.

La carte montre-t-elle par où nous pourrions remonter ? demanda Hermione.

Harry sortit la carte mais il eut beau chercher, ils n'y apparaissaient nulle part. De toute manière, les souterrains n'étaient pas représentés.

Ils ne devaient jamais avoir découvert les souterrains, finit par dire Harry. Au moins, on pourra dire que nous connaissons mieux Poudlard qu'eux…

Si on s'en sort vivants, fit remarquer Eridan.

Harry lui jeta un regard étonné. C'était la première fois que la jeune fille faisait preuve de défaitisme. Certes, c'était compréhensible quand on reconnaissait qu'avec tout ce qui leur était déjà tombé dessus, ils pouvaient s'attendre au pire, mais ce n'était pas vraiment dans l'habitude d'Eridan. Sauf si on considérait que c'était du réalisme. Et puis, elle ne semblait pas véritablement affectée par ses propres paroles... Harry se dit qu'il fallait vraiment qu'il arrête de réfléchir au comportement de sa mystérieuse amie lorsqu'ils étaient en danger de mort. Il avait mieux à faire !

Mais où sont donc les professeurs ! s'exclama soudain Ron.

Probablement en train d'essayer de ne pas se faire déchiqueter par quelques créatures monstrueuses de la mythologie…

Un lourd silence angoissé suivit les paroles d'Eridan.

Que faisons-nous maintenant ? finit par demander Hermione.

Ce n'est pas comme si nous avions le choix, fit remarquer Harry.

Et sur ces bonnes paroles, ils s'enfoncèrent dans les profondeurs du tunnel…

Ils avaient l'impression de parcourir une crypte et Harry s'attendait à tout moment à voir surgir des vampires assoiffés de sang. Lorsqu'il en fit la remarque, Hermione lui répliqua que les vampires n'appartenaient pas à la mythologie gréco-latine et que, jusqu'à présent, celui ou celle qui lançait les attaques n'avaient fait preuve d'aucune originalité et se contentait de suivre les mythes.

Que doit-on en déduire ? demanda Ron. Que le commanditaire de l'attaque est un malade ? Je crois qu'on le savait déjà.

Ce n'est pas très facile de se procurer ce genre de monstres, fit remarquer Eridan. On ne les trouve que dans des réserves ultra protégées de Grèce ou d'Italie…

Qu'est-ce que tu sous-entends ? demanda Hermione.

Que le commanditaire a choisi d'utiliser les monstres mythologiques non pas par folie mais parce que ce sont les monstres qu'il connaît le mieux et qui sont les plus faciles à se procurer pour lui…

Donc, on en revient à ma première idée avec l'hydre, il faut savoir d'où viennent ces monstres.

Eridan hocha la tête.

Où en est la potion ?

Elle est quasiment prête mais…

Hermione ne termina pas sa phrase. Tout le monde savait ce qu'elle avait voulu dire. La potion ne servirait à rien s'ils restaient coincés dans les souterrains ou s'ils mouraient. Pour le moment, le plus important, c'était de sortir de là !

Les quatre adolescents continuèrent leur chemin dans les couloirs sombres, à peine éclairés par les lueurs produites par leurs baguettes. Bientôt, des formes sombres jaillirent des murs. Après s'être remis de leur frayeur, les adolescents s'approchèrent et constatèrent que les fameux monstres étaient en fait des gargouilles.

Peu rassurés, ils avancèrent jusqu'à une grande salle, très haute de plafond, ornée de nombreuses gargouilles et de tables de pierre entourées de rigole. La pièce était particulièrement sombre et froide et le seul bruit qui venait troubler le silence était le bruit de gouttes d'eau tombant sur le sol de pierre dans un ploc, ploc, ploc assez angoissant.

Mais à quoi pouvait bien servir une telle pièce ? demanda Harry.

Ron et Hermione firent signe qu'ils n'en avaient aucune idée. Harry se tourna vers Eridan qui avait un drôle d'air.

Tu as une idée ? lui demanda-t-il.

La jeune fille sembla hésiter puis, dans un haussement d'épaules, elle répondit :

On dirait une salle de sacrifices… Humains, les sacrifices. Ou de tortures magiques…

Les trois autres lui jetèrent des regards horrifiés mais Eridan ne parut pas s'en rendre compte. Elle observait la pièce, les yeux de ce bleu clair qu'ils prenaient lorsque la jeune fille parlait de son passé. Harry préféra ne pas se demander ce que cela signifiait. Parfois, il valait mieux ne rien savoir. Surtout lorsqu'on était en danger de mort…

Mais qui a bien pu construire une salle pareille ? s'étonna Hermione. Je ne vois pas pourquoi les fondateurs auraient fait ça ! Même Serpentard…

Eridan faillit répondre quelque chose mais elle se retint à la dernière minute. Harry s'interrogea une nouvelle fois. Décidément, il y avait quelque chose de bizarre chez elle. Harry rectifia. En fait, il n'y avait rien qu'on pouvait qualifier de normal dans sa propre vie alors…

Repartons, proposa-t-il. Je n'aime pas cette salle…

Alors qu'ils allaient reprendre leur route, un rugissement se fit entendre. Un rugissement effrayant, à glacer le sang dans les veines.

Les quatre adolescents se figèrent.

Et le monstre apparut…

C'était un monstre énorme à tête de lion, à corps de chèvres, queue de dragon et avec des ailes d'aigle. Le monstre rugit devant eux en battant des ailes et de la queue. Il ouvrit une nouvelle fois la bouche et manqua faire une brochette d'élèves de Poudlard.

Les quatre adolescents eurent à peine le temps de se jeter sur le sol pour éviter le jet de flammes.

Mais qu'est-ce que c'est encore ? gémit Ron.

Une chimère, répondit Eridan. Et à ce que j'en sais, il n'y a absolument aucun moyen de la vaincre.

La jeune fille avait répondu d'un ton très calme mais Harry pouvait voir dans son regard qu'ils avaient vraiment très peu de chances de s'en sortir…

L'Emploi du temps est un roman de Michel Butor, écrivain français. Jacques Revel, un jeune français, se rend pendant un an à Bleston, une ville anglaise à l'atmosphère oppressante. Dans ce roman, on trouve une certaine réactualisation des mythes de Persée et d'Œdipe, notamment à travers l'épisode des tapisseries. Bon, je n'ai pas pu m'en empêcher, ça doit être à cause de la prépa mais sinon, c'est un livre assez intéressant. Bizarre (vraiment très bizarre !) mais intéressant. Sait-on jamais, cela incitera peut-être certains à le lire…

Et oui, je suis cruelle de couper là ! Mais bon, tout le monde sait que ça permet d'accrocher les lecteurs… A la prochaine !