JOYEUX NOEL !

Voilà, j'avais dit que le chapitre serait là samedi ou le 25 au plus tard et nous sommes le 25, donc, c'est tout bon -) J'espère que ce chapitre vous plaira, il y a de l'action, mais à savoir si j'ai bien retranscrit… :-S

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Chapitre 18 : Une loyauté à toute épreuve

Le garçon fut conduit au travers des dédales de ce qui semblait être un vieux château jusqu'à une pièce sobrement meublée d'une armoire et d'un buffet rongés par le temps. Les deux Mangemorts qui l'avaient mené le firent pénétrer à l'intérieur sans le brusquer puis se détournèrent.

- Attends ici, tu n'auras pas longtemps à patienter.

Et ils refermèrent la porte sans pour autant la verrouiller. Remus regarda un moment cette sortie sans vraiment la voir, les yeux hagards, blessés. Il réalisa que son corps tremblait et que ses forces l'abandonnaient peu à peu et il s'accroupit au sol en se recroquevillant sur lui-même. Il ne comprenait pas. Il ne voulait pas comprendre, mais en même temps, tous les événements précédents repassaient confusément dans son esprit.

Étrangement, sans jamais l'avoir vu, Remus avait su immédiatement qui était l'homme aux yeux rouges à qui l'avait mené Carvi. Il ignorait si cela était dû à l'ambiance qui régnait autour de lui mais après que le sorcier lui eut souhaité la bienvenue, ses lèvres s'étaient ouvertes d'elles-mêmes pour souffler son nom : « Voldemort ».

La suite s'était déroulée dans le brouillard. Il n'arrivait pas à assimiler ce qui était en train de se passer. Il avait vaguement entendu Voldemort et Carvi parler d'une mission qui se déroulait parfaitement et de personnes qui devraient arriver sous peu, puis le mage noir s'était tourné vers lui et l'avait observé un moment.

« J'espère que tu n'en as pas abusé, j'ai besoin d'un esprit clair. »

« Non maître, vous savez que je m'y connais, je n'ai jamais dépassé les doses. Le remède que nous possédons devrait être totalement efficace. »

« Je l'espère pour toi. Hanton, Mulciber, conduisez-le dans la pièce, je m'occuperai de lui plus tard. »

Avant que les deux Mangemorts ne l'emmènent, le professeur Carvi avait affectueusement pressé l'épaule de Remus en lui souriant gentiment, presque avec fierté.

« Tout ira bien », lui avait-il murmuré avec douceur.

Mais malgré ces mots, malgré son esprit plus embrouillé que jamais, Remus savait que ce n'était pas vrai, que rien n'allait bien et qu'il avait été trompé.

Il n'arrivait cependant pas à accepter que Carvi l'ait trahi, il rejetait cette idée avec force, ne souhaitant pas perdre ce repère si rassurant et protecteur qu'il avait eu durant ses quatre années à Poudlard. Mais une autre part de lui, une voix insistante, voulait le forcer à voir la réalité en face, à lui montrer le jeu d'aveugle qu'il avait joué durant toute cette année.

Bien malgré lui, des petits détails et d'autres événements lui revinrent en mémoire, les conclusions logiques qu'il aurait dû avoir bien plus tôt venant à son esprit. Il y avait dans la manière d'agir de Carvi une évidente emprise qu'il n'avait pas voulu voir. Le professeur l'avait rendu dépendant de lui et, en lui apportant sécurité et écoute quand il le désirait, l'avait éloigné de toutes les autres personnes susceptibles de l'aider.

L'épisode de Jugson se rappela à son souvenir. Sur le coup, Remus n'avait pas été chercher bien loin ce que le professeur de défense contre les forces du Mal faisait dans les appartements de Carvi, mais à bien y réfléchir, on ne transportait pas avec soi des éléments susceptibles de nous inculper lorsqu'on allait fouiller chez quelqu'un. Pourquoi Jugson avait-il avec lui des badges de participation ? Pourquoi les avait-il ainsi observés tout en examinant le parchemin rempli de pastilles qui se trouvait sur le bureau ? Jugson ne les avait pas amené dans le bureau, ces objets s'y trouvaient déjà et appartenaient donc à Carvi.

« On les a tous distribués. Je pense que Donna et Proterio ont également donné tous les badges de participation à l'heure qu'il est. » Les paroles de Flitwick prononcées au début de l'année lui revinrent avec une clarté effrayante, Remus réalisant qu'il devait y avoir autant de badges que d'élèves participant au concours. Et le parchemin, à quoi correspondait-il ?

Il gémit faiblement et se prit la tête entre les mains. Ce n'était pas le moment de penser à ça, si réellement Carvi avait fait quelque chose avec les badges de participation, alors James et Sirius ainsi que tous les autres participants couraient un danger. James et Sirius…

Il avait compris depuis longtemps que quelque chose n'allait pas avec Carvi, il savait que quelque chose se préparait, mais pour préserver sa tranquillité et le bien-être qu'il ressentait en la présence du professeur, il avait oblitéré ces informations et laissé Carvi l'éloigner de ses amis. C'était tellement plus simple d'accepter une main tendue qui pouvait répondre plutôt que d'apprendre aux autres ce que représentait sa lycanthropie. Carvi avait été là pour l'écouter et le comprendre, lui expliquer certaines choses, et finalement, pour le trahir… Bien que le garçon ignorât ce qu'on attendait de lui.

Il ne valait pas mieux au fond, il était même pire que Carvi, qui semblait toujours le soutenir malgré le fait qu'il l'ait mené à Voldemort. Il avait trahi la confiance de James, Sirius et Peter en refusant de les laisser trop s'approcher, en mettant de côté toutes les attitudes suspectes de son professeur pour conserver l'illusion de cette sphère d'affection que le Mangemort avait créée autour de lui. Il n'avait pas la moindre excuse, il ne comprenait même pas comment il avait pu se laisser berner à ce point, sa propre faiblesse l'écœurait, autant que cet espoir d'un jour voir ses amis lui pardonner alors qu'il ne le méritait pas.

Un sanglot secoua son corps, puis un autre, mais les larmes ne coulaient pas de ses yeux grands ouverts sur un point invisible. Il se sentait tellement faible et insignifiant, inexistant, il n'avait même plus le courage de simplement vouloir tenter quoi que ce soit, alors il restait là, attendant quelque chose, n'importe quoi.

Le temps passa sans qu'il en ait la notion, mais au bout d'un moment, le bruit de la porte qui se refermait le fit légèrement sursauter. Il ne releva pas la tête pour autant, persuadé qu'il s'agissait des Mangemorts qui venaient le rechercher, ou même Voldemort, mais ce qui l'inquiétait le plus, c'était de découvrir Carvi s'il se décidait à lever les yeux.

Si le silence qui suivit le surprit, il n'en montra rien, persuadé que quelqu'un se trouvait maintenant dans la pièce avec lui. Il ressentait sa présence et celle-ci était étrangement rassurante.

- Pourquoi restes-tu là ?

La voix féminine et vaporeuse le décida à redresser la tête et il resta un moment interdit en découvrant la femme qui s'était agenouillée devant lui. Son visage était fin et avenant, un peu plus clair que ses cheveux noirs où se perdaient des mèches d'or. Il y avait quelque chose d'évanescent et de réconfortant chez elle qui le troubla et le réchauffa tout à la fois, calmant les sanglots de son corps.

- Il fait froid ici, souffla-t-elle de cette voix si douce, presque maternelle.

Remus songea que ce n'était pas vrai. Il avait froid, en effet, mais la pièce en elle-même ne l'était pas autant, le gel venait du fond de son être.

- Tout n'est que mensonges, murmura-t-il, sa voix jusqu'alors bloquée se libérant sous les sensations chaleureuses que lui envoyait la présence de la femme. Tout n'est que mensonges…

- Toi tu n'en es pas un.

Le garçon frissonna à cette remarque et fut repris de sanglots.

- Je… les ai trahis. Je savais et je… n'ai rien dit… Je les ai tous trahis ! JE SUIS UN TRAITRE !

Les derniers mots résonnèrent dans l'esprit de Remus, lacérant ses pensées et ses rêves. Il ne méritait pas la confiance que ses amis avaient voulu lui accorder, il ne méritait rien.

- Tu n'as rien fait, lui assura calmement l'inconnue. Tu as été dupé, comme tant d'autres, mais tu peux encore te relever… et les aider.

Mais Remus secoua la tête en signe de négation.

- C'est trop tard, dit-il d'une voix rauque. Je suis… trop faible. Je n'ai pas voulu voir ce qui se passait, j'ai fait passer mon bien-être avant tout le reste. J'aurai dû voir, j'aurai dû comprendre, mais…

- Remus. Ils sont ici.

Les yeux de l'adolescent s'élargirent de peur et d'incrédulité.

- Qui… qui ça ? demanda-t-il tout en le sachant pertinemment.

- Tu sais de qui je parle, lui sourit-elle. Maintenant, il ne tient qu'à toi de faire ton choix. Tes amis ont besoin de toi autant que tu as besoin d'eux. Tu n'es pas faible Remus, tu as juste été trompé dans un moment de doute… de doute.

Un instant, la femme sembla songeuse et même un peu inquiète, mais elle reporta vite son attention sur lui et vint doucement caresser sa joue. Ce n'était qu'un effleurement, le garçon n'était même pas certain de l'avoir sentie le toucher, mais cela lui fit du bien.

- C'est difficile mais tu ne dois pas te laisser abattre. Quel que soit le mal qui te ronge, tu dois le combattre pour eux. Tu ne les auras pas trahi tant que tu n'abandonneras pas. Si tu peux puiser ta force dans leur pensée, alors tu ne les trahiras jamais.

Remus ne répondit pas et se contenta de la regarder. Peu à peu son image s'effaça et il se retrouva seul dans la pièce. Il aurait dû s'interroger, se demander qui elle était, mais les paroles qu'elle venait de prononcer étaient bien trop présentes dans son esprit. Malgré sa certitude de les avoir déjà trahis, elle n'avait pas tort, il devait par tous les moyens retrouver ses amis s'ils étaient là, surtout qu'ils devaient ignorer la situation de Carvi.

Avec un gémissement, il se prit fortement la tête entre les mains en se massant les tempes puis se redressa difficilement, vacillant un instant sur ses jambes, ce qui lui fit penser qu'il était resté un long moment replié dans la salle. Par réflexe, son regard balaya la pièce, passant rapidement sur l'armoire, le coffre et le buffet qui la meublaient, recherchant la femme qui lui avait parlé, mais la sensation protectrice n'était plus présente et il sortit dans le couloir.

A peine la porte fut-elle refermée que le coffre qui se trouvait dans un coin disparut, laissant apparaître Tara, agenouillée, une main crispé sur sa baguette et l'autre plaquée contre sa bouche. Des larmes se mirent à courir sur ses joues sans qu'elle puisse les arrêter et elle ramena ses bras en croix pour serrer ses épaules, le corps tremblant.

- J'ai si peur… gémit-elle en se sentant plus faible que jamais. Je ne veux plus… J'en ai assez… J'ai peur !

Et les pleurs cascadaient sur son visage sans qu'elle parvienne à les contrôler, bien trop effrayée et désespérée, bien trop faible pour les dominer.

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A un angle de mur, quatre jeunes gens vérifiaient la sûreté d'un couloir avant de s'y engager. James, Sirius, Peter et Lily avançaient dans les méandres du bâtiment depuis déjà plusieurs minutes sans croiser personne et commençaient à se demander si le château n'avait pas été déserté.

- Si seulement on avait le traceur cardinal, ce serait beaucoup plus simple, remarqua James alors qu'ils marchaient à pas rapides pour traverser le long couloir dans lequel ils se trouvaient.

- On ne pourrait pas utiliser un sortilège d'attraction ? suggéra Peter.

- Je ne sais pas de quoi vous parlez, mais si ce que vous voulez se trouve à Poudlard, vous ne pourrez jamais l'attirer jusqu'à vous de cette manière, nota Lily. L'école doit se trouver à des kilomètres d'ici.

- Ça ne fait aucun doute, acquiesça Sirius, mais qui sait combien ce château est grand ? Et à ce rythme là, on ne va plus tarder à tomber sur des Mangemorts. C'est déjà assez surprenant qu'on n'en ait croisé aucun.

- Pas tant que ça, le contredit la jeune fille. D'après ce que racontaient les deux hommes qu'on a entendu, Voldemort les appelait quelque part. On n'aurait pas dû se retrouver dans cette pièce. Pour une raison ou une autre, nos portoloins se sont détraqués. Normalement, en ce moment, on devrait être avec les autres, dans un périmètre sécurisé, j'en suis persuadée.

- Je suis plutôt d'accord avec toi, mais je me demande si tous les participants ont été transportés, dit James en fronçant les sourcils. Ça ferait quand même beaucoup…

- Non, il y a eu une sélection, affirma la Gryffondor, mais je me demande de quelle sorte…

Le ton catégorique de leur camarade fit que les garçons la regardèrent avec étonnement, mais elle ne s'expliqua pas.

- Mais je ne comprends pas pourquoi Remus s'est trouvé ici avant nous, poursuivit-elle. Lui aussi avait un badge, pourquoi le faire venir avant ? Et comment ?

- Et s'il les avait rejoint ?

Sirius et James stoppèrent si brutalement leur marche que Peter leur rentra dedans. Tous deux le fixèrent un instant mais, à la grande horreur de Lily, ils ne firent rien pour le contredire, pire encore, une expression de doute s'était peinte sur leur visage.

- Vous êtes malades ! s'écria-t-elle, les faisant sursauter. Remus n'aurait jamais fait ça ! C'est votre ami, vous ne pouvez pas croire ça de lui !

- La ferme Evans ! Tu ne sais rien de ce qui se passe ! lui cria James.

Lui non plus ne pensait pas que Remus ait pu passer du côté de Voldemort, il connaissait trop son ami pour ça. Malheureusement, depuis quelques temps, Remus n'était plus le même, il avait changé et était perturbé par une chose apparemment importante, alors jusqu'à quel point cela était-il possible ? Sirius lui-même avait émis des doutes peu de temps auparavant, et il n'avait pas spécialement cherché à le détromper.

- Ne me dis pas de la fermer, Potter ! répliqua sèchement Lily en pointant sa baguette vers lui d'un air menaçant. Je comprends les choses bien mieux que tu ne le crois. Je pensais qu'à défaut d'être modeste, tu avais au moins un minimum de loyauté, mais c'était apparemment trop te demander.

Avant qu'il ait pu répondre à la jeune fille, celle-ci s'élançait déjà dans le couloir, et c'était sans doute heureux car James semblait prêt à tout pour lui faire payer l'insulte.

- Evans ! l'appela Sirius. On ne doit pas se sépa…

- Je vais chercher Remus, vous faites comme vous voulez ! le coupa-t-elle par-dessus son épaule avant de tourner à un angle.

- Non mais comment ose-t-elle me parler comme ça ? s'énerva James.

- On s'occupera de ton ego plus tard. On peut pas la laisser seule ici, ce serait suicidaire.

- Tête de mule et inconsciente, grommela son ami.

- Tu peux parler.

- Mais qu'est-ce qu'on peut faire ? demanda Peter. Cet endroit est trop grand, on ne retrouvera jamais Remus. Il vaut mieux rattraper Evans et attendre les secours.

James secoua la tête.

- On ignore ce qui se passe, chaque minute qui passe est peut-être primordiale pour Remus ou pour les autres élèves qui ont été emmenés ici.

- Mais on ne fait que tourner en rond, lui fit remarquer Peter. Foncer de la sorte ne nous mènera à rien, il faut qu'on réfléchisse à un moyen d'agir.

Tout en parlant, ils avaient continué à avancer sur les traces d'Evans, mais celle-ci demeurait introuvable.

- Où est-ce qu'elle est passée ? Et tu proposes quoi Peter ? demanda Sirius en allongeant le pas à la suite de James.

- Je n'en sais rien. On pourrait… reprendre la direction vers laquelle le jumeau de Jugson et l'autre se sont dirigés.

Une fois de plus, James et Sirius s'arrêtèrent et le regardèrent.

- On l'a déjà fait, tu veux dire revenir sur nos pas et changer d'embranchement ? Après tout le chemin qu'on a déjà fait ? ironisa Sirius.

- A défaut de trouver Remus, on aurait plus de chances de tomber sur les autres, réfléchit James. Mais il y a Evans…

Son visage s'éclaira soudain et il désigna son badge.

- L'idée du sortilège d'attraction n'est pas mauvaise, il suffit d'appeler ce qu'il faut !

- Mais les badges ne sont pas spécifiques à chaque élève, lui rappela Sirius.

- Le sortilège fonctionne sur le plan du présent, il devrait attirer le badge suivant le nom de celui qui est en train de le porter. De toute façon, c'est à tenter. Caminare badge Lily Evans ! Accio badge Lily Evans !

- Tu aurais pu lier les deux sortilèges, nota Sirius.

- Déjà qu'on n'est pas sûrs que ça va marcher…

Un court moment s'écoula puis Peter pointa soudain le bout du couloir.

- Regardez !

Le badge que venait d'appeler James se posa dans sa main, il avait laissé derrière lui une traînée lumineuse bleutée.

- Suivez le guide !

Les trois amis se mirent à courir pour suivre la trace laissée par la broche, espérant que leur camarade ne se soit pas enfuie avant qu'ils n'arrivent. Malheureusement, il n'y avait personne au bout du chemin, mais pas rien. Le couloir dans lequel ils venaient de déboucher était plus éclairé que les autres et une rumeur leur parvenait au loin.

- A défaut d'avoir trouvé Evans ou Remus, je crois qu'on est bon pour la salle de réunion, commenta Sirius.

- On ne devrait peut-être pas…

Sans l'écouter, James et Sirius reprirent leur marche et Peter les suivit avec un temps de retard, un mauvais pressentiment lui nouant l'estomac. La rumeur des voix se fit de plus en plus nette, jusqu'à ce qu'ils arrivent à un embranchement qui donnait sur un couloir court semblant directement mener à une salle. Un homme se trouvait devant, leur tournant heureusement le dos.

Ils revinrent discrètement un peu plus haut dans le premier couloir et James et Sirius creusèrent le mur silencieusement grâce à un sortilège, tombant dans une pièce qui n'avait visiblement aucune issue. Ils y entrèrent et reprirent leur incantation pour simplement pouvoir regarder ce qu'il se déroulait à l'intérieur de la pièce suivante.

La salle était immense, presque autant que la Grande Salle de Poudlard, et de nombreux Mangemorts encapuchonnés s'y trouvaient. James en dénombra une trentaine et se demanda si tous les fidèles de Voldemort étaient présents. Vers le centre se trouvait un dôme de protection rouge transparent dans lequel le Gryffondor repéra les autres élèves qui avaient été transportés dans le repaire. Evans avait raison, tous les participants ne se trouvaient pas là, il n'y en avait qu'une vingtaine.

- Là on est mal, souffla Sirius à l'oreille de James après avoir à son tour regardé à l'intérieur de la salle.

Comme son ami ne semblait pas comprendre sa réflexion, il lui céda à nouveau la place en lui indiquant de regarder vers l'avant de la salle. Il repéra alors Voldemort, debout devant une personne qui semblait avoir été jetée à ses pieds, une personne qui n'était autre que Lily Evans.

- Ceci n'est pas une excuse, gronda la voix de Voldemort, teintée de menace.

- Il y a dû y avoir un échange, nous avions prévu cela, remarqua un Mangemort près de lui d'une voix qui était familière à James sans qu'il parvienne à la replacer.

- Et comment expliques-tu qu'elle se soit retrouvée en dehors du champ ? Où se trouvent les trois derniers portoloins ? Où sont Black et Potter ?

- J'ignore ce qui a pu se passer, ils n'auraient pas dû…

- Endoloris !

Le Mangemort reçut le sort de plein fouet et se tordit au sol de douleur sous le regard impassible de son maître.

- C'était ta mission de déterminer toutes les éventualités, tu as échoué, lança-t-il d'une voix glaciale en levant le sortilège.

- Seigneur, il est des choses impossibles à prévoir. Je vous ai fait remarquer que nous devions attendre de savoir où se trouvait le badge du jeune Lupin avant de…

- Prend garde, la folie n'excuse en rien l'insolence, le coupa froidement Voldemort. Je m'occuperai de ton cas en temps voulus, mais pour le moment…

Il se tourna vers Evans. De là où il était, James ne voyait pas le visage de la jeune fille, mais il remarqua qu'elle gardait son visage levé vers lui, le corps tendu toujours à terre, aucun tremblement ne la parcourant.

- Quelle ironie qu'une Sang-de-Bourbe telle que toi se retrouve ici et soit toujours en vie, déclara le mage noir. C'est une bien regrettable erreur qui t'a menée jusqu'ici mais peut-être nous sera-t-elle utile malgré tout. Endoloris !

Lorsque le sorcier avait levé sa baguette, James avait vu sous le champ de protection un des élèves essayer d'intervenir, sans aucun succès. Il lui sembla reconnaître Franck Londubat mais il n'en était pas certain.

Les contorsions qui parcouraient la Gryffondor cessèrent rapidement mais Peter dut retenir ses deux amis de se lancer dans la salle pour faire cesser cela.

- Bien, maintenant tu vas gentiment répondre à mes questions.

Lily se releva difficilement et le regarda sans répondre.

- Où sont Black et Potter ? Et qui s'est retrouvé avec vous ?

- Je l'ignore, j'étais seule.

- Ne me mens pas petite, je sens le mensonge.

- Dommage que vous ne sentiez pas la vérité, répliqua Evans avec acidité.

Sirius vit clairement Peter écarquiller les yeux et il dût admettre que le culot de la jeune fille le surprenait. Il ne la pensait pas aussi téméraire… et stupide.

- Te rends-tu compte que tu n'es pas en position de me parler ainsi ?

- Je me rends surtout compte que vous ne voulez pas me tuer, même si j'ignore pourquoi. Vous croyez vraiment vous en tirer aussi facilement ? Le professeur Dumbledore ne laissera pas longtemps ses élèves sans protection !

- Si seulement il savait que vous vous trouvez ici, lui fit doucereusement remarquer Voldemort. Ton audace est bien de la trempe des Gryffondor mais ne te mènera nulle part. Je peux te faire souffrir à un point que tu ne peux même pas imaginer, Sang-de-Bourbe, alors je te conseille de coopérer si tu ne veux pas subir les pires tortures.

La jeune fille redressa encore plus le menton, semblant le défier, et Voldemort esquissa un sourire satisfait.

- A ta guise. Pour ma part, je préfère que les choses soient ainsi. Legil…

- DESTRUCTO !

James n'avait même pas pris la peine de consulter Sirius et Peter pour faire exploser le mur derrière lequel il se trouvait, ne voyant que la nécessité de ne pas laisser ce malade s'en prendre d'avantage à Evans. L'impact fit se retourner toutes les personnes présentes.

- Arrêtez ça ! rugit James en pointant sa baguette sur Voldemort.

- Ouh ! Sûr que tu le terrifies là…

James lança un regard de reproche en coin à Sirius et Peter les regarda comme s'ils étaient devenus fous. Ce n'était vraiment pas le moment de plaisanter !

- Voici nos manquants, ricana le mage noir, peu impressionné par leur entrée. Attr…

Il ne s'attendait certainement pas à ce que Lily Evans se reprenne assez rapidement pour profiter de la surprise du Mangemort le plus proche et lui voler sa baguette.

- Expelliarmus !

- Praevar !

Le sortilège de Voldemort dévia celui d'Evans, qui se dépêcha de s'écarter au plus de lui.

- Pauvres fous, qu'espérez-vous faire ? rugit Voldemort. Saisissez-vous d'eux !

- Et maintenant ? gémit Peter.

- Ligactio ! lancèrent James et Sirius en même temps avant de s'écarter l'un de l'autre, évitant plusieurs sortilèges qu'on venait de leur lancer.

- Expelliarmus !

Au lieu de viser les Mangemorts, ils se visèrent l'un l'autre et leurs deux rayons se rejoignirent pour former un cordon de magie qu'ils projetèrent sur plusieurs Mangemorts, en désarmant une dizaine d'un coup.

Il fallait cependant être réaliste, ils étaient à un contre dix, face à des sorciers dont le niveau de magie était sans conteste supérieur au leur, aussi doués soient-ils. Même s'ils ne pouvaient espérer les vaincre, les Gryffondor faisaient cependant preuve d'une impressionnante dextérité à éviter et détourner les sortilèges de leurs adversaires, y compris Peter qui parvenait à rester près de ses amis et à lancer certains sortilèges de protection mineurs.

- Ce ne sont que des enfants ! Allez-vous cesser ce jeu ? tonna la voix de Voldemort, visiblement mécontent de ses fidèles.

Arriva un moment où James et Peter se retrouvèrent encerclés d'un côté et Sirius et Lily de l'autre sans espoir de trouver une brèche. Les sortilèges avaient cessé de fuser et les adolescents jaugeaient avec mépris leurs adversaires aux sourires narquois.

James avait le souffle court et regardait autour de lui dans l'espoir de trouver une issue tandis que Voldemort se rapprochait, l'air à la fois furieux et satisfait.

- James, toi et Sirius, vous sauriez défaire le dôme autour des autres ? chuchota soudain Peter, qui avait le regard rivé sur un point derrière le mur de Mangemorts les entourant.

- Bien sûr, répondit James sans quitter les hommes des yeux. Mais il faudrait qu'on y parvienne.

- Si tu le peux, dis à Sirius de se tenir prêt, continua Peter à voix basse.

- Quoi ?

- Vite !

Sans plus se poser de question, James appliqua aussi discrètement que possible un mouvement à sa baguette pour prévenir son ami de se tenir prêt à toute éventualité. Il ignorait où voulait en venir Peter, mais il savait que si une opportunité s'offrait à eux, Sirius se tournerait immédiatement vers la seule aide dont ils disposaient pour le moment, à savoir les élèves prisonniers.

- Vous croyiez vraiment pouvoir combattre autant de puissants sorciers ? demanda Voldemort en se rapprochant d'eux. Vous êtes encore plus stupides que je ne l'imaginais.

Il allait arriver près du cercle entourant James et Peter lorsqu'un sortilège fusa brusquement vers lui. Le sorcier le dévia sans soucis mais l'attention fut à nouveau détournée vers la source du sort et James et Sirius n'en demandaient pas plus pour échapper à la vigilance de leurs gardiens. Avec une synchronisation quasiment parfaite, ils s'échappèrent des cercles humains qui les emprisonnaient pour se placer de part et d'autre du champ de force qui retenaient leurs camarades.

- EMITTO !

Les deux rayons percutèrent en même temps le dôme et lorsque les deux ondes se propageant à sa surface se rejoignirent, la prison magique disparut, libérant les prisonniers. Ceux-ci possédaient toujours leurs baguettes et se lancèrent immédiatement dans la bataille contre les Mangemorts.

L'effet de surprise ne dura malheureusement pas longtemps et bientôt, les sorts fusèrent des deux côtés, Peter constatant avec surprise que ses camarades résistaient vraiment bien, parvenant à retenir et même attaquer les Mangemorts. Ceux qui se trouvaient là n'avaient pas été choisis au hasard, ils comptaient parmi les meilleurs.

Le Gryffondor se fraya difficilement un chemin au travers de la salle. Comme il ne lançait pas beaucoup de sorts, les Mangemorts ne faisaient guère attention à lui, préférant se concentrer sur ceux qui présentaient réellement un danger. Il arriva ainsi assez rapidement auprès de la personne qui avait fait diversion quelques instants plus tôt.

Il avait repéré Remus lorsqu'il avait pénétré dans la salle, mais il était bien le seul et son ami l'avait bien compris. Avec discrétion, il avait réussi à ramasser la baguette d'un Mangemort que James avait envoyé valser contre un mur, le mettant hors jeu, et Peter le voyant faire avait prévenu James.

Son ami semblait cependant désormais en piteux état, adossé au mur, replié sur lui-même, l'air passablement fatigué. Peter se mit à genoux à côté de lui et se pencha avec inquiétude.

- Remus ? Ça va ?

- Je pensais pas que ça demandait autant d'énergie d'utiliser une baguette étrangère, souffla son ami, au bord de l'évanouissement.

Peter grimaça et regarda autour de lui dans l'espoir de trouver de l'aide, mais tous les élèves étaient occupés à leur propre combat et il s'estimait déjà heureux qu'aucun Mangemort ne vienne de leur côté. Il constata qu'aucun des partisans de Voldemort ne cherchaient à tuer les élèves, ils devaient être bien trop précieux à leur seigneur pour qu'il permette qu'une telle chose arrive. Son attention fut cependant rapidement déviée sur une scène qui lui coupa la respiration : James, Evans et deux autres élèves faisaient face à Voldemort lui-même, et pas seulement dans le feu de la bataille, ils étaient réellement en train de s'affronter.

Lily ne savait pas trop comment ils en étaient arrivés là. Quelques instants plus tôt, elle se défendait corps et âme contre deux Mangemorts avec l'aide d'un élève qu'elle ne connaissait pas, elle avait vu Voldemort pointer sa baguette sur un groupe de ses camarades apparemment un peu organisé et s'était aussitôt détournée de son combat pour l'empêcher d'agir. Mais elle n'avait pas été la seule à le faire et elle se retrouvait maintenant à défier Voldemort de sa baguette en compagnie de Potter, Franck Londubat et Alice Spell.

Le mage noir les observa un instant puis éclata de rire.

- Me défiez-vous, petits enfants ? Deux d'entre vous seulement sont des élus, vous n'êtes arrivées là que par accident.

Tout en parlant il avait désigné Lily et Alice.

- Qu'espérez-vous faire ?

- Sans doute ne sommes-nous pas assez puissants pour vous battre, mais nous protégerons nos amis jusqu'au bout ! le prévint Londubat, assuré sur sa position.

La jeune fille se demanda vaguement pourquoi aucun Mangemort n'en profitait pour les attaquer, mais elle oublia toutes ses interrogations lorsque le sorcier écarta les bras d'un geste moqueur.

- Qu'attendez-vous pour m'anéantir dans ce cas ? les nargua-t-il.

Il y avait un piège, cela ne pouvait être autrement, et pourtant Lily leva sa baguette en même temps que les autres, avec un seul objectif en tête : le mettre hors d'état de nuire.

Sirius fut l'un des rares à assister à l'étrange situation dans laquelle s'étaient mis son meilleur ami et trois autres de ses condisciples. Par réflexe, il amorça un mouvement vers eux, leur tournant le dos, et il fut bientôt rejoint par d'autres élèves, qui protégeaient également les quatre camarades qui faisaient maintenant face au Seigneur des Ténèbres. Deux Mangemorts se trouvaient aux côtés de leur maître, mais ils n'avaient pas bougé depuis la première intervention de James et de ses amis.

Ils ne pensaient qu'à empêcher les Mangemorts de venir en aide à leur maître mais aucun n'aurait su dire pourquoi ils laissaient les trois Gryffondor et le Poufsouffle seuls face au puissant sorcier. La confrontation apparaissait presque logique et ils n'avaient pas à s'en mêler.

- Ils prennent le dessus ! lança Carl Graster, qui s'était retrouvé près de Sirius et combattait avec acharnement.

Le sixième année avait raison, quelques uns de leurs camarades se trouvaient à terre, visiblement assommés, et si certains Mangemorts n'étaient pas dans un meilleur état, ceux-ci restaient supérieurs en nombre.

- Il faut tenir ! rugit Sirius avant de lancer un sortilège qui propulsa un Mangemort contre un pilier. Des renforts devraient arriver !

- Attention !

Sirius n'eut pas vraiment le temps de comprendre ce qu'il se passait. Alors que Carl Graster lui hurlait son avertissement, il vit un sort fuser sur lui et être brusquement dévié par un sortilège venu du bout de la pièce.

- Rendez-vous ! Vous n'avez aucune chance !

Peter regarda avec stupeur plusieurs Aurors passer avec rapidité une des entrées, lançant des sortilèges sur les Mangemorts. Il reporta rapidement son attention sur Voldemort et ses camarades mais constata que ceux-ci avaient stoppé leur mouvement à l'arrivée des Aurors. L'espace d'un court instant, les yeux rouges du mage noir se braquèrent sur lui avant qu'il ne transplane, laissant là ses Mangemorts. L'un des sorciers près de lui voulut apparemment faire de même mais Franck Londubat, qui s'était vite ressaisi, lui envoya un sortilège qui le fit s'écrouler.

Avec l'arrivée des Aurors, les forces se retournèrent bien vite contre les Mangemorts, ceux-ci n'ayant par encore remarqué que leur maître était parti. Malgré les renforts, Sirius et les autres poursuivaient le combat, aidant les forces de l'ordre à faire des prisonniers. A un moment donné, le jeune Black faisant face à un Mangemort sentit un sortilège le frôler et percuter quelqu'un derrière lui, un autre Mangemort comme il le vit rapidement.

- Toujours assurer ses arrières, lui lança l'Auror qui venait de l'aider avec un sourire.

- Alastor ! Rejoint l'équipe deux ! lui lança un de ses collègues entre deux sortilèges.

- Tu te défends bien petit, lui dit encore le dénommé Alastor avant de partir de son côté.

Sirius allait se lancer dans un groupe de combat lorsqu'il se sentit tirer vers l'arrière par une poigne robuste.

- Dégagez de là Black ! lui ordonna le professeur Achear en le poussant vers le côté. Votre place n'est pas ici !

Il le regarda avec surprise puis remarqua la présence de Jugson – son professeur et non son jumeau d'après sa tenue – et de Dumbledore. Jugson rassemblait les élèves et James, Evans et Spell avaient déjà été récupérés, en revanche Londubat semblait toujours en plein combat et, étrangement, personne ne lui disait rien. Voyant que les Aurors prenaient le dessus, il rejoignit son ami, se demandant où se trouvait Peter, dont il ne manqua pas de faire remarquer l'absence.

- Je ne sais pas où il est, dit-il d'un air inquiet en essayant d'échapper au professeur Jugson, qui tentait de les faire sortir.

- Par Merlin Potter ! Allez-vous vous mettre en sécurité ?

- Un de nos amis est encore ici ! rétorqua James.

- Vous ne pouvez…

- Oh non !

Les deux adolescents et l'homme se tournèrent vers Lily avant de suivre son regard effrayé. Prés d'une autre entrée se tenaient Peter et Remus, le dernier écroulé au sol alors que l'autre le soutenait. Ils étaient tous deux désarmés et face à un Mangemort, mais étrangement, celui-ci ne leur lançait aucun sort.

Le professeur réagit immédiatement et s'élança vers eux, baguette tendue, suivi avec un retard de ses trois élèves. Il s'apprêtait à lancer un sortilège lorsque le Mangemort – le deuxième qui était resté près de Voldemort – releva sa capuche, dévoilant un visage identique trait pour trait au professeur Jugson.

La scène se figea brusquement, James, Sirius et Lily stoppant également quelques mètres derrière eux et observant ce qui se passait avec inquiétude.

- Frater, cela faisait longtemps, lança narquoisement le jumeau du professeur.

- Qu'espères-tu faire ? répliqua son frère avec colère.

- Mais ce pour quoi j'ai été engagé. Dumbledore te fait une confiance absolue, mon cher frère, es-tu prêt à aller jusque là pour les sauver ? La fidélité qu'on peut accorder à un être se mesure à ses sacrifices.

- Qu'est-ce que cela t'apporterait ? rugit le professeur, tremblant tout à coup.

- Tu as toujours été le plus peureux d'entre nous, ricana son frère. Et cette fois, tu n'auras droit qu'à un coup. Avada…

- Avada kedavra !

Le professeur avait été plus rapide que son frère et le rayon vert percuta le Mangemort avant qu'il puisse toucher Remus ou Peter. Il poussa un hurlement sous l'impact et les adolescents virent leur professeur se tendre brusquement et tomber au sol, raide mort, alors que son frère tombait à genoux, l'air de souffrir énormément.

- J'avoue que tu m'as bien bluffé, grogna-t-il entre ses dents sous le regard éberlué de James et des autres.

Le Mangemort se redressa péniblement et sortit de sa poche un objet que James ne parvint pas à identifier.

- A une prochaine fois les gnomes, sourit-il avant de serrer l'objet et de disparaître.

- Qu'est-ce qu… qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda James, abasourdi.

- C'est pas possible, murmura Sirius. Il aurait dû…

Lily se précipita soudain sur son professeur et, la main tremblante, prit son pouls, malheureusement inexistant.

- Mais… C'était quoi ce sort ? Pourquoi il est…

Elle tourna un regard perdu et inquiet vers les garçons mais ceux-ci ne comprenaient pas plus qu'elle.

- Les enfants, vous n'avez rien ?

Ils sursautèrent et se retournèrent pour faire face au professeur Dumbledore, qui avait les yeux fixés sur le cadavre de Jugson. Ils réalisèrent à ce moment que les combats étaient finis. La plupart des Mangemorts avaient transplané mais les Aurors semblaient avoir fait quelques prisonniers malgré tout.

- P… Professeur, on ne sait pas ce qu'il s'est passé, gémit Peter. Il a lancé le… et alors son frère… Nous…

Le garçon ne trouvait pas ses mots et comme ni James, ni Sirius ne savait comment expliquer ce qu'il venait de se passer, ils préférèrent se taire.

- Le frère du professeur Jugson était ici ?

- Oui, il l'a provoqué et ensuite le Mangemort a voulu lancer un sort à Lupin et Pettigrow, mais le professeur a riposté avant et…

Evans arrêta brusquement ses explications pour se tourner vivement vers Remus, s'agenouillant devant lui.

- Remus ? Remus, ça va bien ?

- Lily ? murmura Remus, l'air épuisé. Qu'est-ce que…

- C'est fini vieux, lui annonça James en se rapprochant, étonné de la réaction d'Evans. Tout va bien, c'est fini.

Remus le regarda un instant, puis posa son regard sur Sirius et enfin sur Peter avant de baisser la tête.

- Je suis désolé, murmura-t-il.

- De qu…

- Monsieur Lupin a besoin de repos, coupa Dumbledore en s'approchant pour l'aider à se relever. Vous pouvez tenir debout ?

Remus hocha la tête et le directeur se tourna vers ses autres élèves.

- Vous allez rejoindre vos camarades et rentrer au collège avec le professeur Achear.

- Mais nous… commença James.

- Je vais m'occuper de monsieur Lupin, lui assura le directeur, et vu ce dont vous venez d'être témoins, je pense qu'il est préférable que vous soyez mis au courant de certaines choses. Je vais prévenir le professeur Achear de vous donner quelques informations.

- Monsieur, il y a aussi… commença Lily, qui s'inquiétait pour Tara.

- Je me charge de tout, miss Evans. Ne vous faites pas de soucis, tout va bien de ce côté.

L'Auror qui avait aidé Sirius tantôt s'approcha d'eux.

- Albus ? Nous avons fait un prisonnier qui devrait vous intéresser et explique bien des choses. Je l'ai confié à mon équipe. Nous avons une certaine marge avant que le ministère ne s'en rende compte. J'ai pris la liberté de faire demander du Veritaserum.

- Vous avez bien fait Alastor. Je vais m'en occuper, mais je dois d'abord aller chercher quelqu'un. Ramenez ces jeunes gens auprès de Proterio et dîtes lui de répondre à leurs questions concernant Jugson, je laisse le jeune Lupin à votre charge, je ne serai pas long.

- Frater Jugson, grimaça l'Auror en voyant le cadavre. Je préviens mes hommes.

- Merci Alastor. Quant à vous, je vous demanderai d'être patients, ajouta-t-il à l'attention de James, Sirius, Peter et Lily.

Dés qu'il se fut éloigner, les garçons voulurent protester pour rester avec leur ami affaibli mais Remus les devança.

- S'il vous plaît, faites ce qu'il a dit. Je… Je vous expliquerai tout plus tard, je vous le promets, mais là… Il faut que vous fassiez ce que Dumbledore a dit.

Il restèrent un instant interdit puis Sirius fronça les sourcils.

- Après tout si c'est toi qui le dis, je ne vois pas pourquoi on viendrait te déranger, déclara-t-il froidement.

James soupira mais ne reprit pas son ami.

- Ok, mais t'auras intérêt à parler quand on se reverra.

Peter se contenta de lui sourire tristement et ils se joignirent aux autres élèves après que Alastor ait parlé au sous-directeur. Tous les élèves furent transportés grâce à un sortilège aux grilles de Poudlard et firent le chemin jusqu'au château à pied, entourés de trois professeurs, comme Flitwick et McGonagall étaient venus à leur rencontre, et du garde-chasse Hagrid.

Plusieurs de leurs condisciples les attendaient à l'entrée de l'école et beaucoup se précipitèrent vers le groupe pour s'assurer qu'ils n'avaient rien. Ça avait dû être angoissant pour certains d'avoir vu la personne avec laquelle ils discutaient se volatiliser, songea Lily en voyant Agathe Kwartz se précipiter dans les bras d'une de ses amis.

Fiona, Océane et Millea se jetèrent également sur elle pour la serrer dans leurs bras.

- Mais où étiez-vous passés ? Les profs n'ont rien voulu nous dire ! Tara n'est pas là ? s'inquiéta Fiona.

- Elle n'était pas avec nous, assura Lily, elle doit être quelque part dans Poudlard, vous savez comment elle est. Écoutez, je vous expliquerais tout plus tard, mais là, il faut que j'aille parler avec Achear. Ne vous inquiétez pas, tout va bien.

Sans leur laisser le temps de réagir et culpabilisant de les laisser ainsi, elle emboîta le pas à son professeur de potion et aux Maraudeurs jusqu'à son bureau.

- Avant tout, j'aurai besoin que vous me disiez exactement ce à quoi vous avez assisté.

Les quatre jeunes gens s'entre-regardèrent puis James prit la parole.

- Le professeur Jugson faisait face à son frère, qui lui tenait en joue Remus et Peter, expliqua-t-il. Ils ont parlé un moment puis le frère du professeur a voulu lancer le sortilège de mort à nos amis mais le professeur a été plus rapide et son sort a bien touché sa cible… Après… Ce n'est pas possible ! Le professeur est tombé mort, comme si c'était lui qui avait été touché par le sort, alors que son frère a simplement eu l'air de se recevoir un doloris ! Professeur, personne ne peut résister à l'Avada Kedavra, personne !

Mais le sous-directeur ne semblait pas vraiment touché par la crise de nerf de James comme il se laissait tomber dans le fond de son siège.

- Quand je pense que j'ai douté de lui… murmura-t-il.

- Ça a un rapport avec l'Anceps Ortus ? demanda Sirius.

Lily le regarda avec incompréhension mais le professeur fronça les sourcils.

- Que savez-vous de l'Anceps Ortus ?

- Simplement qu'il s'agit d'un lien entre jumeaux qui partage leurs pouvoirs et peut permettre à l'un de contrôler l'autre.

- Le phénomène que vous venez de voir est effectivement lié à l'Anceps Ortus, soupira Achear. Les règles qui régissent cette hérédité sont nombreuses mais je ne vais vous énoncer que celles qui sont entrées en jeu. D'abord, il faut savoir que l'Anceps Ortus est un lien illimité pour la magie psychique mais pas pour la magie physique. Lorsque les jumeaux qui partagent l'Anceps Ortus sont trop éloignés, il n'y a pas d'incidence de l'un à l'autre s'ils reçoivent des sortilèges, mais lorsqu'ils sont géographiquement proches – suivant la puissance du lien – si on envoie un sortilège sur l'un d'eux, ce sera le jumeau qui en subira les effets, quel que soit le sortilège. Une autre règle veut que, toujours au niveau de la magie physique, le seul sortilège qu'ils peuvent retourner contre leur jumeau est celui de mort, car le lien de l'Anceps Ortus est trop puissant pour ne pas pouvoir résister à un autre sortilège que celui-là, mais lorsque cela se produit, non seulement c'est le jumeau qui a lancé le sort qui en subit les conséquences, mais il prive également sa moitié de magie pendant un certain laps de temps qui correspond à la rupture de l'Anceps Ortus et au temps nécessaire à la magie du jumeau restant pour devenir indépendante. Je suppose que maintenant vous comprenez ce qu'il s'est passé.

Il y eut un silence abasourdi avant que Lily ne prenne la parole.

- Mais pourquoi a-t-il fait ça ? Il y avait d'autres moyens !

- Non, il n'y en avait aucun. Si le frère de Frater Jugson a reçu un choc après l'Avada Kedavra, celui-ci était dû à la mort de son frère. A supposer que quelqu'un d'autre ait essayé d'envoyer un sortilège pour empêcher son frère d'agir, celui-ci se serait retourné contre Frater sans même déranger son jumeau. Le professeur Jugson savait que s'il ne lançait pas le sortilège de mort, son frère vous tuerait, monsieur Pettigrow, ainsi que monsieur Lupin.

- Il s'est… sacrifié pour eux ? demanda James, qui n'en revenait pas. Mais pourquoi ? Il… Il n'a jamais été comme ça ! Il avait l'air tellement…

Le Gryffondor ne trouvait pas ses mots et chercha de l'aide chez ses amis sans en trouver comme ils paraissaient aussi incrédules que lui.

- La fidélité qu'on peut accorder à un être se mesure à ses sacrifices.

Les adolescents sursautèrent en reconnaissant les mots exacts que le frère du professeur Jugson avait sortis.

- Que cela nous serve à tous de leçon, soupira Achear. Dumbledore ne fait pas confiance à n'importe qui et nous avons sans doute trop tendance à douter de ses capacités mentales en considération de son âge et de son excentricité.

Le sous-directeur paraissait plus parler à lui-même qu'à ses élèves et releva la tête vers eux au bout d'un moment.

- Et au sujet des badges portoloins ? tenta Lily.

- Je suis désolé, mais même si je savais de quoi il retourne, je ne vous le dirai pas. Le directeur ne m'a autorisé à vous révéler que ces informations, ce qui est déjà beaucoup. Mais je pense, messieurs, que vous en saurez bientôt autant que moi. Maintenant retournez dans votre tour, je vous prie.

Il se leva également et les Maraudeurs partirent devant, silencieux, ce qui était inhabituel chez eux. Lily resta en arrière et s'approcha d'Achear qui refermait son bureau.

- Monsieur… Au sujet de Tara… Est-ce que vous savez si elle va bien ?

- Le directeur a des moyens de s'assurer de son état, la rassura le professeur, qui savait qu'elle était au courant pour sa camarade. Votre amie n'a peut-être pas une puissance magique élevée pour la défense ou l'attaque, elle n'en reste pas moins maligne. Elle vous rejoindra plus tard, lorsque certaines choses auront été mises au point.

- Merci professeur. Désolée de vous avoir dérangé.

Elle commença à s'éloigner mais le professeur l'appela.

- Miss Evans ? Ce qui s'est passé aujourd'hui reste… une aberration que nous comptons bien résoudre. Des temps sombres nous entourent et vous serez appelée, ainsi que vos camarades, à grandir bien trop vite. Ne soyez pas trop exigeante avec vous-même et… essayez de faire comprendre à votre amie qu'elle ne doit pas l'être non plus.

Lily le regarda sans répondre, attendant qu'il poursuive.

- Savoir agir en indépendant est un atout en temps de guerre, mais on finit par devenir fou à garder trop de responsabilités sans savoir en décharger sur d'autres personnes. Il y aura un après-guerre, miss Evans, et c'est en son nom que nous nous battons. Pour qu'il puisse exister, il ne faut pas que la folie s'empare de nos corps. Vivre n'est pas survivre, même en temps de guerre, sinon nous allons à l'encontre de tout ce pour quoi nous nous battons.

Il la laissa sur ces paroles et Lily resta un long moment immobile dans le couloir avant de prendre le chemin de la tour Gryffondor. Elle allait avoir beaucoup à raconter à ses amies, mais après, elle et Fiona devraient enfin se décider à s'armer du courage de leur maison et parler sérieusement avec Tara.

Vivre n'est pas survivre… Lily aimait la vie, tout comme Tara, Fiona et les autres. Achear avait raison, ils ne devaient pas oublier cette valeur, la seule qui importait, celle qui faisait qu'on se liait à des gens, qu'on jouait, qu'on riait, celle qui rendait à la vie son sens réel. Simplement vivre pour l'amour de la vie.

(à suivre…)

NdA : Dans la prophétie de Trelawney (tome 5) on apprend que « celui qui a le pouvoir de vaincre le seigneur des ténèbres naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défiés » (la flemme d'aller chercher dans le livre, en gros c'est ça lol) et il y a une hésitation entre les Londubat et les Potter, je trouvais intéressant de mettre le premier défi commun aux deux couples, qu'en pensez-vous ? -)

Prochain chapitre : ENFIN toutes les réponses et mises au point qui s'imposent ! (et ne vous inquiétez pas, j'expliquerai la réaction de Tara après qu'elle ait parlé à Remus -) )