Chapitre 15 : Draco dormiens nunquam titillandus.
Les quatre adolescents évitèrent un nouveau jet de flammes mais Harry sentit ses sourcils roussir tant il avait évité de justesse d'être brûlé vif.
Attention à la queue ! s'écria Eridan alors que le monstre faisait un brusque demi-tour.
La queue de dragon fouetta l'air, cherchant à déchiqueter les adolescents avec les nombreuses piques en os qui la recouvraient.
Les quatre adolescents s'éparpillèrent dans le couloir, se jetant sur le sol mais ne pouvant pas éviter toutes les piques, ils se retrouvèrent rapidement couverts d'écorchures.
Il n'y a rien dans la mythologie qui puisse nous dire comment vaincre ce monstre ? demanda Ron en évitant de justesse un nouveau jet de flammes.
Dans la mythologie, Bellérophon réussit à vaincre la chimère à coup de flèches avec l'aide de Pégaze, expliqua Hermione entre deux jets de flammes.
Harry jeta un coup d'œil critique sur la chimère. Sa peau semblait plus dure qu'une cuirasse et aucun des sorts qu'ils avaient jeté n'avaient ne serait-ce qu'éraflé le cuir ou les écailles du monstres.
Je ne crois pas qu'il existe des flèches capables de transpercer ça, finit-il par dire avant de se jeter à nouveau à terre.
Je vous ai dit qu'on ne pouvait pas la vaincre ! s'exclama Eridan avec colère.
Et on est censé faire quoi ! ironisa Ron. Attendre sagement qu'elle nous dévore !
Il faut fuir ! Et prier tout ce que vous voulez pour qu'on la sème dans les couloirs !
Ils ne se le firent pas dire deux fois et les quatre adolescents prirent leurs jambes à leur cou et s'enfoncèrent une fois de plus dans les souterrains de Poudlard. Harry eut le temps de voir la chimère les suivre tranquillement. Il n'aimait pas du tout le calme de la créature. Comme si elle savait déjà qu'ils ne pourraient pas lui échapper.
Harry ne savait plus depuis combien de temps ils courraient dans les souterrains, prenant un chemin ou un autre sans avoir la moindre idée de l'endroit où ils se trouvaient et encore moins de l'endroit où ils allaient. Tout ce que Harry espérait maintenant, c'était de ne pas tourner en rond et de retomber sur la chimère. Celle-ci les suivait toujours, il pouvait entendre son pas tranquille et effrayant.
Harry s'aperçut qu'ils avaient ralenti et ils finirent par s'arrêter, soufflant comme des bœufs, pliés en deux et peinant à reprendre leur souffle. Harry pouvait sentir son cœur battre trop rapidement et résonner dans ses oreilles et un point de côté l'empêchait de reprendre son souffle. Les trois autres ne semblaient pas en meilleur état et Hermione s'était même laissée tomber sur le sol.
Elle nous suit toujours, n'est-ce pas ? demanda-t-il.
Eridan hocha lentement la tête.
Elle ne s'arrêtera que quand elle nous aura tués.
Harry resta silencieux.
C'est moi qu'elle veut, finit-il par murmurer. Si on se sépare, c'est moi qu'elle devrait suivre…
Ron et Hermione lui jetèrent un regard furieux.
Si c'est pour dire des conneries, tu ferais mieux de garder ton souffle ! lui répondit Eridan.
Mais je suis sûr d'avoir raison. Et si on ne peut pas la vaincre…
On reste ensemble, c'est tout ! répondit Hermione.
Tu cherches à te débarrasser de nous, c'est ça ? demanda Ron.
Harry allait répliquer qu'ils étaient idiots, allait se mettre en colère quand il laissa tomber, ému devant la chance qu'il avait d'avoir de tels amis. Un léger sourire éclaira son visage et il se sentit tout d'un coup ragaillardi par la pensée qu'il pourrait toujours compter sur ses amis.
Repartons ! finit par dire Eridan. Mais puisque la chimère semble trouver la chasse amusante, je ne vois pas pourquoi on se donnerait la peine de courir !
Les trois autres hochèrent la tête et se mirent en marche.
La chimère s'était rapprochée. Maintenant ils entendaient distinctement ses pas, ses rugissements, sa queue heurtant les murs des souterrains… ce qui mettait leurs nerfs à rude épreuve.
Ils avançaient tous les quatre dans un couloir dont le plafond était si haut que, quand Harry levait la tête pour essayer de l'apercevoir, il avait presque le vertige. Les murs du couloir étaient en grosses pierres sur lesquels des gouttes d'eau suintaient. L'air était vicié, sentant le renfermé et le moisi et la présence de la chimère derrière eux n'arrangeait pas les choses. En effet, le monstre dégageait une odeur abominable de charogne qui aurait tout à fait convenu à l'haleine d'un tyrannosaure. Harry se demanda comment il pouvait penser à une telle chose. C'était sans doute à cause des films que Dudley passait son temps à regarder. A croire que finalement, son cousin avait plus d'influence sur lui que ce qu'il voulait bien s'avouer. Harry s'horrifia à cette idée mais surtout il se dit qu'il penserait à cela plus tard, quand il n'aurait plus une chimère affamée aux fesses ! En espérant qu'il y aurait un plus tard…
Au bout du gigantesque couloir, se trouvait ce qui, en comparaison, ressemblait à une grotte. Harry se tourna vers ses amis et leur sourit. Ron et Hermione lui rendirent le même sourire rassuré avant de s'enfoncer dans le couloir, la baguette éclairant devant eux, à la suite de Harry. La chimère ne pourrait jamais passer par un couloir aussi étroit ! Même si elle n'avait pas eu ses ailes d'aigle de plusieurs mètres de long chacune, elle n'aurait jamais pu passer. Harry en aurait dansé de joie ! Enfin, il faillit le faire après qu'ils avaient franchi un coude et qu'ils ne soient donc plus à portée d'un des puissants jets de flamme de la monstrueuse créature…
Ils marchèrent longtemps dans cet étroit couloir où ils tenaient à peine debout. Il y faisait très sombre, et malgré les lumières provenant de leurs baguettes, c'était à peine s'ils voyaient où ils mettaient les pieds. Il y avait quelque chose d'oppressant dans ce couloir. Quelque chose qui faisait sursauter Harry au moindre bruit et qui manquait de le faire suffoquer tant il retenait sa respiration. Harry ne comprenait pas pourquoi il sentait son cœur battre très rapidement et il avait l'impression qu'on aurait pu l'entendre à plusieurs mètres de lui. Il aurait dû se sentir rassuré maintenant qu'ils n'avaient plus la chimère derrière eux. Et voilà qu'au contraire, il se sentait plus inquiet qu'auparavant. C'était à n'y rien comprendre. Pourtant, il ne pouvait pas arriver quelque chose de pire ! N'est-ce pas ?
Peut-être était-ce seulement l'étroitesse du couloir, surtout en comparaison avec le précédent, qui expliquait ce sentiment d'oppression. Un peu comme s'il craignait que les murs se mettent en branle pour les écraser… Harry faillit se donner une claque. Depuis qu'il se trouvait dans les souterrains, il n'arrêtait pas d'imaginer des tas de moyens de se faire tuer, tous plus horribles les uns que les autres. Certes, il avait des raisons de craindre le pire mais quand même, c'était étrange ! Il n'avait jamais eu autant d'imagination que depuis qu'il se promenait dans les souterrains de Poudlard.
Est-ce que vous aussi vous imaginez qu'il va nous arriver quelque chose ? demanda Harry.
Quelque chose d'horrible ! approuva Ron.
Les souterrains sont piégés par une quantité incroyable de sortilèges de peur, répondit Eridan calmement.
Des… quoi ?
Les sortilèges de peur provoque une angoisse chez ceux qui passent là où ils ont été jetés en excitant l'imagination, expliqua Hermione.
Mais pourquoi quelqu'un aurait jeté de tels sortilèges dans les souterrains ? demanda Ron.
Pour que si quelqu'un y pénètre par mégarde, il en ressorte très vite, répondit Hermione. Je suppose que personne n'est censé venir ici…
Harry se sentit un peu rassuré par cette explication et en même temps il se demandait pourquoi quelqu'un, probablement les fondateurs de Poudlard, avait pris la peine de protéger autant les souterrains. De toute manière, qui aurait eu envie de s'y aventurer ! Une petite voix dans la tête de Harry susurra la réponse : les maraudeurs, les jumeaux… et sans doute beaucoup d'autres personnes. Mais ni les uns ni les autres n'étaient jamais entrés dans les souterrains. Harry en était certain ! Sinon, les maraudeurs les auraient inscrits sur leur carte ou les jumeaux les y auraient rajoutés.
Mais la perspective d'être le premier depuis très longtemps à parcourir ces sombres couloirs qui cachaient quelque chose, tout en étant poursuivi par une chimère, était loin d'enchanter Harry. Sans doute que les maraudeurs se seraient sentis fiers. Mais pas lui. Lui il espérait seulement pouvoir s'en sortir vivant, revenir à la surface et surtout que ses amis s'en sortent sans problème ! Finalement, les gens avaient tort de dire qu'il ressemblait comme deux gouttes d'eau à son père, en dehors des yeux ! Il avait peut être son physique mais la comparaison s'arrêtait là.
Après la peur, c'était l'amertume qui envahissait son esprit. L'amertume et les regrets… Mais Harry s'efforça de chasser ses sombres pensées en entendant les pas de ses amis derrière lui. Il n'avait pas le temps de s'appesantir sur ses malheurs ! Maintenant qu'ils s'étaient débarrassés de la chimère, il fallait penser à sortir de là. Et cela, ce n'était pas une mince affaire car Harry n'avait pas la moindre idée de l'endroit où ils se trouvaient. Et même s'il n'y avait pas eu la chimère, faire demi-tour n'aurait servi à rien tant ils avaient couru dans tous les sens, prenant des couloirs à la suite les uns des autres sans se soucier de prendre le moindre repère ou de suivre la moindre logique ! Harry se rappela le sort que Luna avait jeté quand ils s'étaient trouvés dans les souterrains pour Halloween. Le sort du fil d'Ariane, avait-elle dit. C'était une idée. En espérant que cela marcherait…
Soudain, après un autre coude, Harry s'aperçut qu'il faisait un peu moins sombre. Ils devaient arriver au bout du tunnel. En effet, le tunnel déboucha sur une grande salle de forme bizarre. Décidément, Poudlard était un drôle de château et ses souterrains encore plus étranges !
Les quatre adolescentes s'arrêtèrent dans la salle qui, pour une raison inconnue de quatre jeunes sorciers, étaient un peu plus lumineuses que le couloir qu'ils venaient de quitter. La salle était globalement ronde en dehors d'une partie qui semblait étrangement bombée. Une sorte de lueur semblait provenir du sol et du plafond mais elle était si faible qu'ils n'arrivaient même pas à voir leurs mains s'ils les levaient devant leurs yeux. Quant aux lumières qui provenaient de leurs baguettes, elles suffisaient à peine pour qu'ils distinguent leurs silhouettes.
Harry essayait de calmer les battements affolés de son cœur mais c'était en vain. Il ne pouvait se débarrasser de ce sentiment d'oppression, de cette sensation de danger. Il avait beau essayer de se convaincre que ce n'était dû qu'aux sortilèges de peur, cette sensation ne voulait pas le quitter…
J'ai vu une lumière.
Harry se tourna vers Ron.
Qu'est-ce que tu racontes ?
Je viens de voir une lumière mais elle a disparu.
Tu as dû rêver, répondit Hermione. Tu es le seul à avoir vu quelque chose. Et tu vois bien qu'il n'y a aucune lumière dans cette pièce en dehors de celles de nos baguettes et de cette étrange lueur…
Je vous dis que j'ai vu une lumière !
C'est sans doute la peur qui te donne des visions, ironisa Eridan. Ce sont des choses qui arrivent…
Même s'il ne distinguait pas son visage, Harry savait que Ron était vexé. Il aurait bien voulu l'aider mais là, franchement, il ne voyait aucune lum… Harry ouvrit des yeux comme des soucoupes. Une sorte de lumière ronde venait d'apparaître. Un rond de lumière orange avec un point noir en son centre.
Moi aussi je vois une lumière, murmura-t-il.
Merveilleux, maintenant ils sont deux à être devenus fous ! ironisa Eridan.
Non, ils ont raison, réussit à murmurer Hermione. Regarde cette étrange lumière…
Les quatre adolescents s'étaient tournés vers le cercle de lumière. Cette lumière était vraiment étrange et Harry n'arrivait pas à détourner son regard d'elle.
Ce n'est pas une lumière, finit par répondre Eridan.
Et c'est quoi ? demanda Harry.
Mais il avait à peine posé cette question que la réponse lui vint à l'esprit. Non, ce n'était pas possible ! Il ne le voulait pas ! Ce n'était pas possible ! Mais ça expliquerait l'odeur qui régnait dans la pièce depuis qu'ils étaient arrivés… Cette odeur si forte, si effroyable mais à laquelle il commençait à s'habituer…
C'est un œil, répondit Eridan. L'œil de la chimère.
La jeune fille avait à peine dit ces mots que la chimère commença à bouger. En fait, la pièce était totalement ronde, le monstre s'était juste tapi près d'un mur, donnant à la pièce cette étrange forme de cercle tronqué. La créature ouvrit sa gueule, présentant aux quatre adolescents une triple rangée de dents sur chacune de ses mâchoires. Elle claqua plusieurs fois des mâchoires, le son résonnant sur les murs de la pièce, pétrifiant les jeunes sorciers. La chimère ouvrit une nouvelle fois la gueule. Harry pouvait presque voir jusqu'au fond de sa gorge. Il vit une lueur inquiétante remonter son œsophage…
Elle va cracher du feu ! hurla-t-il.
Ses paroles réveillèrent les autres. Et ils prirent à nouveau la fuite. Courant le plus rapidement qu'il pouvait, sans regarder où ils allaient, n'ayant d'autres buts que d'échapper au jet de flammes de la chimère. Celle-ci poussa un rugissement de dépit en voyant qu'elle n'avait carbonisé aucun des adolescents puis elle se mit tranquillement en branle, faisant trembler le sol sous ses pas monstrueux.
Ils courraient, courraient. Harry ne savait plus à quand remontait leur dernière rencontre avec la chimère. Il savait encore moins depuis combien de temps ils se trouvaient dans les souterrains. Tout ce qu'il savait, c'était que, où qu'ils aillent, aussi vite qu'ils puissent courir, la chimère les retrouverait toujours ! L'abattement s'ajoutait à la fatigue et il sentait un poids de plus en plus lourd s'abattre sur ses épaules. Il avait l'impression que ses poumons étaient en feu, qu'ils allaient exploser…
Il s'arrêta soudainement. Il ne pouvait pas aller plus loin. Devant lui, le sol avait disparu ne laissant plus qu'une fosse qui prenait toute la longueur du couloir, qui était large d'une bonne centaine de mètres et si profonde que Harry ne pouvait pas en distinguer le fond. Cette fois-ci, c'était fini. Ils étaient bloqués. Quand la chimère les retrouverait, ils ne pourraient plus fuir et n'auraient plus qu'à choisir entre être carbonisés ou dévorés par la chimère ou se jeter dans la fosse…
Les trois autres s'étaient approchés de lui et regardaient la fosse. Harry vit Ron sortir sa baguette.
Il n'y a qu'à créer un pont, dit-il.
Harry se gifla mentalement. Comment avait-il pu oublier qu'il était sensé être un magicien ? Décidément, en ce moment, il avait tendance à tout voir en noir. Harry grimaça. Et comment aurait-il pu voir les choses autrement ? On ne pouvait pas dire que les choses s'arrangeaient…
Je ne comprends pas, disait Ron. Ça aurait dû fonctionner…
Eridan l'écarta assez brusquement du bord de la fosse.
Tu as dû te tromper quelque part, laisse-moi faire !
La jeune fille sortit sa baguette et la pointa vers la fosse abyssale. La baguette tremblait mais la jeune fille semblait ne pas s'en soucier. Elle murmurait des mots inintelligibles qu'elle répétait comme un mantra. Harry sentit une aura de magie se déverser dans le couloir mais… rien ne se passa ! Aucun pont n'apparut, aucun moyen de traverser la fosse. L'étonnement qui se peignit sur le visage de la jeune fille était en lui-même étrange.
La magie ne fonctionne pas, murmura-t-elle d'un ton véritablement surpris.
Comme dans le trou d'anti-magie ? demanda Ron.
Non. Il y a de la magie. Elle est même partout et beaucoup plus puissante, plus concentrée que n'importe où dans le château. C'est étrange… Cette magie est étrange… Elle est… brute. Et nos magies ne fonctionnent pas.
Comment est-ce possible ? demanda Harry. S'il y a de la magie, on devrait pouvoir s'en servir, non ?
Eridan haussa les épaules.
Peut-être, proposa Hermione, que cette magie brute bloque nos magies. Ou plutôt que nous ne pouvons pas utiliser une magie aussi brute, aussi concentrée…
Peut-être, approuva Eridan, mais ça ne nous dit pas comment nous allons faire.
Les quatre adolescents restèrent silencieux, se demandant si c'était véritablement la fin.
Le vif écarlate ! s'exclama soudainement Ron. Tu n'as qu'à l'utiliser pour ouvrir un passage à travers les murs !
Harry sortit précipitamment de la boite que lui avait offert Hagrid, le cadeau des jumeaux et s'approcha de l'un des murs. Mais il eut beau tourner les deux demi-sphères dans tous les sens possibles, rien n'en sortit.
Est-ce que cette magie brute peut aussi bloquer les objets magiques ? demanda-t-il.
Eridan et Hermione haussèrent les épaules.
A force de tourner les deux demi-sphères du vif écarlate, un déclic se fit, la boule s'ouvrit et un papier en jaillit. Harry fut tellement surpris qu'il laissa tomber le tout. Pendant que Harry ramassait le vif écarlate, Hermione se saisit du papier.
Temps minimum entre deux utilisations : vingt-quatre heures, lut-elle.
Ils ne pouvaient pas le dire plus tôt ! s'écria Ron. Maintenant qu'est-ce qu'on va faire !
Personne ne répondit. Le vif écarlate était inutilisable, la magie ne fonctionnait pas et ils étaient coincés entre une fosse et une chimère. Ils ne leur restaient plus qu'à choisir leur mort… Harry n'aurait jamais crû qu'il mourrait de cette façon. Depuis que Dumbledore lui avait révélé le contenu de la prophétie, il s'était persuadé qu'il mourrait dans un duel contre Voldemort où, avec un peu, beaucoup, de chance, il tuerait Voldemort avant de mourir en héros. En héros ou pas, il serait mort ! Et manifestement, il n'y aurait jamais de duel. Voldemort allait gagner grâce à sa chimère…
Les chimères ne sont pas faciles à trouver, j'imagine, dit-il.
Hermione hocha la tête.
Non seulement ce sont des créatures protégées et parquées mais en plus il en reste moins d'une centaine dans le monde entier.
Je me demande bien qui a eu les moyens de se procurer une chimère, murmura le jeune homme pour lui-même. Et qui a pu la dresser !
Il n'y a pas eu besoin de la dresser, le contredit Eridan. Il suffisait de la lâcher dans le château ! Après il était certain qu'elle se lancerait à la poursuite du premier être vivant qu'elle croiserait…
Il a bien fallu la transporter !
Il doit exister des sorts exprès. Ce qui signifie que la personne qui dirige ces attaques connaît très bien ces créatures et qu'elle a eu les moyens de les étudier. Mais ça ne nous dit toujours pas qui est cette personne !
Et vu le cours des choses, on ne le saura jamais, grimaça Harry.
Aucun des trois autres ne répondit. Apparemment, ils partageaient eux aussi ce pessimisme.
Harry poussa un soupir. C'était vraiment trop stupide ! Il y avait de la magie et ils ne pouvaient pas l'utiliser ! Et d'ailleurs pourquoi y avait-il cette fosse ? Pourquoi la magie ne fonctionnait-elle pas ? Les fondateurs avaient-ils quelque chose à cacher pour prendre autant de précautions ? Quoiqu'il en soit, ces précautions allaient être responsables de leur mort…
Les balais ! s'exclama soudainement Ron qui semblait avoir beaucoup d'idées lorsque sa vie était menacée.
Harry se gifla mentalement pour être aussi ironique. Au moins, Ron avait des idées, lui !
Tu crois que la magie ne les empêchera pas de voler ? demanda-t-il.
Ron haussa les épaules. Harry se tourna vers les deux filles. Hermione lui fit signe qu'elle n'en avait aucune idée, quant à Eridan, la jeune fille était assise au bord de la fosse et elle semblait scruter les profondeurs sans leur prêter la moindre attention.
On n'a qu'à essayer, proposa Ron.
Harry hocha la tête et sortit à nouveau la boite. Il en sortit les deux balais qui retrouvèrent immédiatement leur taille originelle. Harry tendit le sien à Ron et prit son éclair de feu. Il s'éloigna de la fosse ; si cela ne fonctionnait pas, il préférait s'écraser sur le sol que de tomber dans la fosse !
Harry enfourcha son balai. Il prit une grande inspiration. C'était leur dernière chance. Si cela ne fonctionnait pas… Harry donna un grand coup de pied dans le sol. Aussitôt, son balai s'éleva dans les airs. Harry poussa un soupir de soulagement. Certes, le balai était un peu plus difficile à maîtriser qu'à l'habitude mais il volait parfaitement. Ils allaient pouvoir s'en sortir ! Harry faillit éclater de rire à cette idée. Cela semblait si simple, ça paraissait tellement stupide de s'être inquiété maintenant…
Harry croisa les regards d'Hermione et de Ron. Ses deux amis souriaient, rassurés.
Je t'emmène de l'autre côté ? demanda Ron à Hermione.
La jeune fille hocha la tête en souriant et s'approcha de son ami. Bref, tout le monde souriait, était soulagé et persuadé qu'enfin ils allaient s'en sortir.
Eridan était toujours assise au bord de la fosse.
Eridan ? Tu viens ? demanda Harry.
La jeune fille se retourna vers eux, l'air interrogatif.
On va traverser sur les balais, expliqua Harry à la jeune fille puisqu'elle ne semblait pas avoir écouté leur conversation.
Hors de question que je monte sur une de ces choses ! répondit-elle avant de retourner à la contemplation de la fosse abyssale.
Harry, Ron et Hermione se jetèrent un regard étonné.
Je ne crois pas que tu aies vraiment le choix, finit par dire Ron. C'est ça ou la chimère…
Je préfère la chimère.
Tu n'es pas sérieuse ! s'horrifièrent les trois autres adolescents.
Le problème c'est qu'Eridan avait l'air tout ce qu'il y a de sérieux.
Ce ne sont que des balais, ils ne vont pas te tuer, au contraire de la chimère ! essaya d'argumenter Harry. Et la traversée sera rapide…
Je m'en fiche ! Je ne veux pas monter sur un balai ! répondit la jeune fille en détachant bien chaque syllabe.
Alors on va attendre que la chimère vienne nous tuer ! s'énerva Ron.
Je ne vous ai jamais demandé de rester !
Cette fois-ci, c'est toi qui dis des conneries, répondit Harry. Ou on passe tous ou on attend tous la chimère et on meurt ensemble ! En tout cas, je ne te laisse pas ici !
Nous non plus, répondirent Hermione et Ron.
Eridan se tourna vers eux. Harry n'arrivait pas vraiment à décrypter son expression, à part sa peur. Il n'arrivait pas à comprendre. Comment cette fille qui ne paniquait pas devant des hydres, des cyclopes, à peine devant une chimère… pouvait-elle paniquer à la seule idée de monter sur un balai ? En fait, elle avait aussi paniqué dans le trou d'anti-magie et au début avec les Erinnyes. Mais il n'y avait aucun rapport entre ces trois choses ! Qu'est-ce que cela pouvait bien dire ? Comment pouvait-on avoir plus peur de monter sur un balai que d'une chimère enragée ? Cela n'avait pas de sens !
Harry fut tiré de ses pensées par un bruit sourd et répétitif : le bruit des pas de la chimère.
La chimère ! s'horrifia Ron. Elle approche !
Les trois adolescents se tournèrent vers Eridan, attendant sa décision. La jeune fille semblait hésiter. Manifestement, le fait de mettre ses amis en danger semblait faire pencher la balance.
Eridan ! la pria Hermione. Moi non plus je n'aime pas voler sur un balai et j'ai le vertige…
Je n'ai pas le vertige !
D'accord, si tu veux… Mais réfléchis ! Nous n'avons aucune chance contre la chimère. Par contre, que risquons-nous sur les balais ? Et puis, Harry ne risque pas de te laisser tomber, ça je pourrais le jurer !
Hermione avait souri en disant ces derniers mots mais son sourire se figea quand ils entendirent les rugissements de la chimère. Elle était tout près…
Eridan s'il te plaît !
Les regards de la jeune fille passaient de ses amis aux balais, des balais au couloir d'où allait arriver la chimère.
Les bruits de pas se firent plus forts, les rugissements étaient de plus en plus distincts et Harry pouvait même sentir l'odeur de pourriture et de charogne que dégageait la chimère.
Eridan jeta un dernier regard à ses amis qui affichaient tous les trois une expression angoissée.
D'accord, murmura-t-elle en se mordant les lèvres.
Les trois autres poussèrent un soupir de soulagement qui s'entendit à peine à cause des rugissements de la chimère. Elle était vraiment toute proche maintenant !
Ron saisit son balai et l'enfourcha. Hermione s'installa en amazone derrière lui. Harry savait que son amie n'appréciait guère de voler sur un balai mais l'expression qu'Hermione affichait n'avait strictement rien à voir avec celle d'Eridan. Celle-ci essayait de cacher sa peur mais elle continuait de se mordre les lèvres et ses yeux étaient devenus d'un bleu clair presque gris, une couleur que Harry n'avait encore jamais vue dans les yeux de la jeune fille.
Harry enfourcha son balai et attendit. Eridan semblait encore hésiter. Harry fit signe à Ron et Hermione d'y aller ; il ne voulait pas brusquer Eridan encore plus. Encore plus que ne le faisait la chimère qui était maintenant dans la dernière ligne droite. Harry la voyait qui s'approchait d'un pas égal, sûre de sa victoire.
Eridan ! appela-t-il.
La jeune fille prit une grande inspiration. Elle jeta un regard derrière elle. La chimère n'était plus qu'à quelques mètres et elle avait pressé le pas, comme si elle pressentait que ses proies essayaient de la fuir une fois de plus.
Eridan enfourcha le balai derrière Harry. Le jeune homme pouvait la sentir trembler mais il pouvait aussi sentir le souffle putride de la chimère sur lui.
Harry donna un coup de pied dans le sol et le balai s'éleva. Eridan l'agrippait presque à lui faire mal et il sentait qu'elle avait enfoui son visage dans son dos. Craignait-elle de voir la profondeur de la fosse qu'elle avait observé pendant de longues minutes ?
Ils étaient à portée de griffes lorsqu'ils décollèrent. Aussi Harry prit immédiatement de la vitesse pour les éloigner le plus possible de la chimère qui tendait le cou pour les attraper.
Ron et Hermione étaient arrivés sans encombre de l'autre côté de la fosse. Harry les entendit soudain crier. La chimère allait cracher du feu ! Harry se pencha en avant pour que son balai prenne davantage de vitesse. Eridan était encore plus blottie contre lui. Le jeune homme s'en voulut un peu de profiter de la situation. En même temps, ce n'était pas comme s'il avait le choix…
Avant même qu'ils soient entièrement au-dessus du sol, Eridan sauta lestement au sol.
Tu vois, ce n'était pas si terrible… commença Ron.
Mais le regard que lui jeta Eridan le découragea de continuer.
Harry ne savait pas quoi dire et il craignait qu'Eridan ne soit en colère contre lui. Pourtant, les balais leur avaient sauvé la vie. Harry jeta un coup d'œil de l'autre côté de la fosse. La chimère semblait véritablement furieuse. Elle secouait la tête, claquait des dents, piétinait… et n'arrêtait pas de cracher des langues de feu qui étaient heureusement trop courtes pour les atteindre de l'autre côté de la fosse. Cependant, les flammes de la chimère réchauffaient les souterrains et Harry eut bientôt l'impression de se trouver dans un sauna. De plus, il craignait que le feu ne finisse par consommer toute l'oxygène de l'endroit où ils se trouvaient et qu'ils finissent par mourir asphyxiés. Ce serait vraiment stupide, après tout ce qu'ils avaient surmonté !
Hermione et Ron s'étaient assis sur le sol. Eridan fixait à nouveau le fond de la fosse. Harry aurait dû se sentir soulagé pourtant il ne pouvait pas se défaire d'un sentiment de danger. Pourtant il y avait maintenant une fosse entre eux et la chimère, il devrait être soulagé, même si la chimère semblait folle de rage même si elle battait furieusement des ailes… Des ailes ! Harry jeta un regard horrifié à ses amis. Ils avaient oublié que la chimère avait des ailes. La créature les déplia et s'élança dans la fosse.
Eridan leur jeta un regard furieux.
Vous m'avez fait monter sur un balai pour rien !
Personne ne lui répondit et les autres adolescents n'attendirent pas que la chimère ait posé pied sur le sol pour s'enfuir à nouveau.
Harry commençait vraiment à en avoir assez de courir dans les souterrains. En même temps, il se voyait mal affronter la chimère et encore moins lui servir de viande à barbecue. Mais cela devaient faire plusieurs heures qu'ils étaient poursuivis dans les souterrains et la fatigue commençait à se faire sentir. Même la peur ne leur donnait plus la force nécessaire pour continuer à courir et les quatre adolescents finirent par s'arrêter dans un couloir juste avant qu'il ne fasse un coude.
Harry, Ron et Hermione s'étaient laissés tomber à terre et peinaient à reprendre leur souffle. Eridan s'était appuyée au mur de telle sorte qu'elle pouvait voir ce qu'il y avait de l'autre côté du couloir.
C'est quoi déjà la devise de l'école ? demanda-t-elle.
Draco dormiens nunquam titillandus, répondit Hermione, haletante. Ce qui signifie à peu près : ne pas chatouiller le dragon qui dort…
Vous croyez que c'est à prendre au sens littéral ?
Les trois autres la regardèrent comme si elle était tombée sur la tête. C'était d'ailleurs peut-être le cas, ou plutôt la fatigue qui lui faisait dire n'importe quoi…
On peut savoir pourquoi tu tiens à savoir ça maintenant ! demanda Ron, un brin énervé.
Vous n'avez qu'à venir voir vous-mêmes !
Les trois adolescents se jetèrent un regard avant d'essayer de se lever. Harry finit par réussir à se mettre debout et tendit une main à chacun de ses amis pour les aider à se relever, manquant du même coup de retomber.
Chancelants, les trois adolescents s'approchèrent d'Eridan et regardèrent eux aussi de l'autre côté du couloir. Ils n'avaient pas jeté un coup d'œil qu'ils manquèrent retomber en arrière. Harry dut se retenir au mur d'autant plus que Ron et Hermione s'étaient rattrapés à lui. Il avait l'impression de s'être décroché la mâchoire et Ron et Hermione n'étaient pas mieux lotis. Hermione était bouche bée et Ron avaient les yeux révulsés, un peu comme le loup dans les cartoons. Harry se dit qu'il fallait vraiment qu'il fasse quelque chose pour son imagination. On allait finir par croire qu'il regardait trop la télévision !
Devant leurs yeux se trouvait le plus énorme dragon qu'ils aient jamais vu, ou dont ils aient entendu parler.
Je suis sûr que même Charlie n'a jamais vu un dragon aussi gros, murmura Ron.
Il n'y a pas que sa taille qui est différente de celle des autres. Vous remarquez, il n'a pas d'écailles mais des plumes, chuchota Hermione.
Harry remarqua que ses amis parlaient le plus doucement possible. Il les comprenait. Qui avait envie de réveiller un monstrueux dragon à plumes rouges, jaunes, bleues et vertes ?
Vous avez remarqué ? demanda Eridan. Les couleurs de ses plumes sont celles des quatre maisons de Poudlard.
Il n'y a pas que ça, murmura Hermione. Il a des plumes comme l'aigle de Serdaigle, des yeux de serpents, les couleurs de ses plumes forment exactement les mêmes rayures que celle du blaireau de Poufsouffle et il a une crinière de lion…
Vous croyez que c'est le protecteur de Poudlard ? demanda Harry.
C'est Poudlard ! rectifia Eridan. Vous ne sentez pas ? La magie, c'est de lui qu'elle provient. C'est pour ça qu'elle était si concentrée, si brute… parce qu'on s'approchait de sa source…
Personne ne répondit. Les jeunes sorciers restèrent silencieux, trop impressionnés pour parler par la majesté et la puissance que dégageait le dragon. Harry était bien content qu'il semble dormir profondément. Il n'aurait pas aimé se trouver devant un dragon de cette taille, réveillé et fou furieux. Le Magyar à pointes qu'il avait dû affronter pour le tournoi deux ans plus tôt lui avait largement suffi !
Harry était si fasciné par le dragon qu'il fallut que les rugissements de la chimère soient vraiment très proches pour le tirer de sa contemplation. Le jeune homme sursauta. Ils étaient à nouveau coincés entre deux dangers et Harry ne savait lequel était le pire. Quoique pour l'instant, le dragon dormait…
La chimère ! s'écria Ron. Je l'avais complètement oublié !
Je n'en peux vraiment plus, murmura Hermione. Je ne peux pas me remettre à courir pour l'instant.
De toute façon, à quoi cela servirait-il de courir encore ? demanda Ron. La chimère nous retrouvera toujours…
Harry comprenait le désespoir de ses amis et son impuissance le mettait en colère. Il aurait dû pouvoir sauver ses amis ! C'était lui qui les mettait en danger ! C'était à cause de lui qu'ils allaient tous mourir… Peut-être que si la chimère le tuait lui, elle épargnerait ses amis…
Harry finit par s'apercevoir qu'Eridan s'était avancée dans la salle du dragon et avait contourné la fabuleuse créature. Machinalement, il l'avait suivie et Ron et Hermione lui avaient emboîté le pas. Maintenant, le dragon se trouvait entre la chimère et eux. Harry n'était pas certain que cela empêcherait la chimère de les tuer. A moins peut-être que le dragon se réveille. S'ils engageaient un combat, ils auraient peut-être le temps de fuir. Encore. Un peu plus loin…
La chimère entra à son tour dans la salle. Elle paraissait furieuse. Elle piétinait, claquait des dents en poussant des rugissements féroces et battaient de ses grandes ailes d'aigle. Malgré tout le bruit qu'elle faisait et l'odeur pestilentielle qu'elle dégageait, le dragon n'avait pas bronché et continuait à dormir du même sommeil de plomb. Harry sentit une sueur froide couler dans son dos. Cette fois-ci, c'était vraiment la fin !
Il vit Eridan lever sa baguette.
Qu'est-ce que tu comptes faire ? chuchota-t-il furieusement.
La jeune fille lui jeta un regard amusé. Manifestement, elle avait parfaitement récupéré de sa panique avec les balais.
On va voir ce que produit le sens littéral.
Devant l'air inquiet et chargé d'incompréhension d'Harry, elle ajouta :
De toute façon, ça ne peut pas être pire, n'est-ce pas ?
Eridan pointa sa baguette vers le dragon.
Titillandus !
Le sort atteignit le dragon et Harry vit un frisson parcourir le corps de la gigantesque créature, les plumes bruissant légèrement en produisant un bruit étrange. Le frisson se changea en mouvement. Harry vit les paupières du dragon s'ouvrirent et révéler deux yeux verts et jaunes si semblables à ceux d'un serpent que Harry se sentit comme hypnotisé.
Le dragon se secoua, entrechoquant ses plumes dans ce même bruit qui avait étonné Harry. Puis, sous les regards entre effroi et émerveillement, des quatre adolescents il se mit debout. Il était encore plus impressionnant debout et Harry se sentit soudain très misérable lorsque le dragon porta ses regards sur eux.
Mais la chimère continuait de rugir et de s'approcher, attirant les regards du dragon. Il tourna lentement son énorme tête vers elle et la fixa de ses yeux ensorceleurs.
La chimère s'arrêta, manifestement perturbée.
Harry se demanda s'ils allaient assister à un combat de titans. Il n'était pas sûr d'y tenir. Bien qu'ayant des proportions gigantesques, la salle risquait d'être trop étroite pour supporter le combat des deux créatures et s'ils ne se faisaient pas écraser par l'un ou l'autre des deux monstres, la caverne risquait fort de s'écrouler sous leurs assauts.
La chimère semblait avoir pris une décision. Elle poussa un rugissement terrifiant puis cracha une gerbe de flammes sur le dragon. Le dragon sembla ne pas s'apercevoir des flammes et aucune de ses plumes n'étaient brûlées ni même seulement roussie. Par contre, il avait l'air de ne pas apprécier que la chimère rugisse. Il avait peut-être l'ouïe sensible…
Le dragon ouvrit une bouche gigantesque. Harry entendit un grondement sourd qui semblait provenir du dragon mais qui était semblable au grondement d'un tremblement de terre.
Le dragon cracha un jet de flammes si énormes qu'elles illuminèrent toute la salle comme s'ils se trouvaient en plein jour. La chimère apparut comme illuminée de partout puis, sous les regards ébahis d'Harry et de ses amis, elle tomba en cendres.
Efficace, dit Eridan.
Harry ne put que hocher la tête tant il était abasourdi.
Le dragon tourna à nouveau la tête vers eux et Harry se sentit soudain très mal.
Nous sommes des élèves de Poudlard…, bredouilla Hermione. Tu ne vas pas nous faire de mal…
Nous non plus, on n'aimait pas la chimère, continua Ron d'une voix tremblante.
Le dragon étira sa bouche dans une sorte de grimace qui avec un petit peu de bonne volonté pouvait passer pour un sourire. Il fit un clin d'œil aux jeunes sorciers puis se recoucha et retomba immédiatement dans un profond sommeil.
Après quelques minutes, les adolescents finirent par sortir de leur abasourdissement.
Comment savais-tu que chatouiller le dragon allait le réveiller et qu'il nous aiderait ? finit par demander Harry.
Eridan haussa les épaules.
C'est à cause de la devise et de l'apparence du dragon.
Mais la devise dit qu'il ne faut jamais chatouiller un dragon qui dort, rétorqua Hermione.
Si le dragon est Poudlard alors il a tout intérêt à protéger l'école. En même temps, s'il était réveillé en permanence, sa magie et sa puissance anéantiraient tout sur son passage. Vous avez vu comme il a détruit la chimère ! Or, si on voulait qu'il nous aide il fallait le réveiller mais il ne fallait pas qu'il puisse se réveiller pour un rien. Donc les fondateurs de Poudlard ont conçu ce système de sort et ils ont créé la devise pour que toutes personnes de Poudlard puisse réveiller le dragon afin de protéger le château.
C'est un peu tordu comme système, dit Hermione.
Alors je parie que c'était une idée de Serpentard, il n'y a que les Serpentards pour avoir un esprit aussi tordu ! s'exclama Ron.
Hermione jeta un regard lassé à Ron. Harry s'aperçut qu'Eridan faisait une drôle de tête mais il n'arrivait pas à savoir ce que cela signifiait.
En fait Eridan, comment as-tu fait pour jeter un sort ? demanda Hermione. Je croyais que la magie que produisait le dragon empêchait nos magies de fonctionner.
En fait, ce n'est pas la magie que produit le dragon qui empêche la notre de fonctionner. Au contraire c'est le dragon qui nous permet non seulement de pouvoir facilement faire de la magie dans Poudlard mais qui fait aussi que tout le château est magique. C'est la concentration très importante de cette magie pure qui empêchait la notre de fonctionner. Mais ici, nous sommes au cœur de cette magie. Elle est tellement concentrée que c'est comme si elle était très faible… Je ne sais pas si je me fais bien comprendre…
Aucune importance ! répondit Ron. Ce qui compte c'est que nous soyons sauvés…
Après près d'un quart d'heure de repos, les adolescents se remirent en route. Ils avaient pris au hasard le souterrain qui partait de la salle du dragon et qu'ils n'avaient pas encore emprunté. Harry n'avait aucune idée de l'endroit où ils se trouvaient et encore moins de l'endroit où ils allaient. Mais au moins maintenant, ils n'étaient plus poursuivis et ils pouvaient avancer à leur rythme.
Ils marchèrent pendant un certain temps en silence, heureux de pouvoir se reposer et de ne plus avoir à craindre pour leur vie. Mais des centaines de bruissements d'ailes les tirèrent de leur douce torpeur.
Et ils les aperçurent…
Des centaines d'Erinyes aux visages grimaçants et aux chevelures de serpents.
Harry faillit se laisser tomber sur le sol.
Pas encore, murmura-t-il, désespéré.
Certes, les Erinyes étaient des adversaires beaucoup moins redoutables que la chimère mais Harry ne se sentait plus la force de combattre.
Ah non ! s'exclama Eridan. Je commence à en avoir vraiment marre !
Elle pointa sa baguette vers les petites créatures :
Euménide !
Les Erinyes se changèrent en de petites femmes joufflues et souriantes aux ailes de libellules.
Hermione regardait maintenant Eridan d'un air bizarre.
Qu'est-ce que c'est que ce sort ? demanda-t-elle, méfiante. Je ne l'avais jamais vu nulle part !
Eridan haussa les épaules mais Harry pouvait lire une certaine gêne sur son visage.
J'ai dû le lire quelque part… Venez, je crois que les Euménides vont nous montrer le chemin pour revenir à la surface…
