Merci Zabou pour ta review. En ce qui concerne la famille d'Eridan, tu le sauras dans ce chapitre alors je n'en dis pas plus. Effectivement, la marque elle ne l'a pas par plaisir et c'est d'habitude sur l'avant-bras que Voldemort marque ses mangemorts. Félicitation, tu fais les mêmes remarques qu'Hermione ! Mais tu vas avoir toutes les réponses à tes questions dans ce chapitre, alors…

Bonne lecture !

Chapitre 17 : Famille.

Harry restait figé, ne pouvant détacher son regard de la marque. Eridan sembla hésiter quelques secondes puis elle s'enfuit.

Harry se retourna vers ses amis. Ron avait l'air abasourdi, Hermione avait froncé les sourcils.

V… Voldemort ne marque pas les personnes qui ne sont pas majeures. Et il les marque à l'avant-bras pas à l'épaule.

Décidément, pensa Harry, son amie avec le don de chercher la petite bête… Ou peut-être qu'elle venait de pointer quelque chose d'important. Effectivement, même si Eridan avait été mangemort, Voldemort ne l'aurait pas marquée à l'épaule ! Il fallait qu'il comprenne. Qu'il comprenne comment une adolescente qui haïssait Voldemort et le traitait d'abruti de psychopathe pouvait avoir la marque des ténèbres sur l'épaule !

Harry se dirigea d'un pas rapide vers la sortie. Il entendit Hermione et Ron lui emboîter le pas. Personne ne faisait attention à eux. Bien sûr, Lestrange avait vu la marque d'Eridan et manifestement il n'arrivait pas à s'en remettre. Harry aurait souhaité qu'il en fasse une attaque ! Il croisa le regard de Malfoy. Un étrange regard. Harry n'aurait pas su dire ce qu'il signifiait mais une chose était sûre, Malfoy n'avait, contrairement à son cousin, absolument pas l'air surpris.

Harry sortit de la Grande Salle. C'est à ce moment là qu'il se rendit compte qu'ils étaient suivis. Il se retourna. C'était Rémus et Rogue. Il y avait décidément quelque chose d'étrange, quelque chose d'anormal… Il fallait absolument qu'il parle à Eridan. Elle, elle avait les réponses, il en était sûr ! Et s'il lui en manquait, il fallait croire que les deux hommes qui les suivaient devaient en avoir aussi.

Harry donna le mot de passe au portrait et franchit la porte.

Il s'était attendu à ce qu'Eridan ait filé dans son dortoir, qu'elle soit en train de faire ses bagages ou qu'elle se soit cachée quelque part. Il ne s'attendait vraiment pas à ce qu'elle se trouve simplement assise dans l'un des fauteuils de la salle commune de Gryffondor, leur faisant face, un air particulièrement décidé sur le visage… et des yeux d'un bleu si clair…

L'attitude d'Eridan bloqua totalement Harry. Il se sentait incapable de lui poser des questions, il lui aurait semblé l'accuser. Or, comment pouvait-on accuser quelqu'un qui semblait à la fois triste et n'avoir rien à se reprocher ? Et quelqu'un qui vous fixait de ce regard brûlant qui semblait fouiller jusqu'aux tréfonds de votre esprit… D'ailleurs aucun des quatre autres n'avaient prononcé le moindre mot et Harry les sentait qui retenaient leur souffle. Décidément, cette confrontation n'avait vraiment rien d'habituelle. Mais était-ce vraiment une confrontation ? Ou est-ce que toutes les personnes de cette salle n'attendaient pas de la part des autres des réponses à leurs questions, des révélations ?

Le regard d'Eridan se détourna de Harry pour se fixer derrière lui. Harry se retourna. Elle fixait maintenant Rémus, un Rémus qui avait un drôle d'air. Il avait certes l'air mal à l'aise mais il y avait aussi autre chose. De la tristesse certainement mais aussi quoi ? Une forme de nostalgie, peut-être ? Quant au professeur Rogue, derrière le masque d'impassibilité que présentait son visage, Harry pouvait voir dans ses yeux noirs un débat intérieur entre des émotions et des sentiments contradictoires.

Vous avez connu ma mère, n'est-ce pas ? demanda calmement Eridan à Rémus.

Je l'ai bien connue lorsque nous étions à Poudlard, répondit le loup-garou d'une voix rendue sourde par l'émotion. Nous étions amis…

Et je lui ressemble ?

Rémus hésita.

Sans doute assez…

Eridan continua de le fixer tout en ayant l'air perdu dans ses pensées. C'est à ce moment là que Harry comprit que, certes, Eridan leur cachait de nombreuses choses mais que, d'une part le professeur Rogue et Rémus semblaient au courant, mais qu'en plus, ces derniers semblaient eux-mêmes cacher quelque chose à Eridan. Mais cette nuit, tout se saurait. Tous les secrets tomberaient, ce serait la nuit des révélations… Harry en avait la certitude confuse.

Eridan porta à nouveau ses regards vers les trois adolescents qui lui faisaient face. Elle fit glisser sa manche, laissant apparaître la marque. Harry en profita pour mieux l'observer. Et il s'aperçut de ce que l'émotion ne lui avait pas immédiatement fait remarquer. La marque n'était pas exactement semblable à celle qui se trouvait sur l'avant-bras des mangemorts, celle qu'il avait vue sur le bras de Rogue, celle que les partisans de Voldemort faisaient apparaître lorsqu'ils commettaient des crimes pour leur maître… Non seulement, la marque était abîmée comme si on avait voulu la faire disparaître en la brûlant, mais surtout le serpent représenté n'était pas le même que celui qu'on pouvait voir sur les mangemorts. C'était un basilique fier et royal qui dardait sur eux un regard qui à défaut d'être mortel mettait très mal à l'aise…

C'est Voldemort qui m'a fait cette marque, dit calmement Eridan, d'un ton qui n'aurait pas semblé déplacé pour parler de la pluie et du beau temps. Il y a à peu près une douzaine d'années…

Alors elle était bien liée à Voldemort… Mais comment ? Pourquoi ?

Une douzaine d'années ! s'exclama Hermione. Mais c'est impossible ! Il y a une douzaine d'années, Voldemort n'était plus rien, à peine un misérable esprit qui peinait à survivre !

Comme à son habitude, remarqua Harry, Hermione avait laissé de côté la partie affective, choquante des propos d'Eridan pour relever ce qui était anormal, ce qui n'aurait pas dû être et qui semblait pourtant si insignifiant à première vue… Mais Harry avait comme l'impression que c'était exactement ce qu'attendait Eridan. C'était Hermione qui serait l'interlocuteur de la jeune fille car c'était la seule qui maîtrisait suffisamment le langage et ses émotions pour pouvoir comprendre et traduire ce qu'Eridan s'apprêtait à leur dire…

Impossible ? C'est exactement ce que le professeur Dumbledore a dit quand je suis allée le voir juste après la soi-disant renaissance de Voldemort…

Eridan fut coupée par un bruit de verre brisée. Tout le monde se retourna. Rémus venait de briser dans ses mains le vase avec lequel il jouait depuis qu'ils étaient entrés dans la tour de Gryffondor.

Il ne peut pas avoir fait ça !

Cette fois-ci, c'était la colère, une colère sourde et qui lui donnait un côté effrayant, qui assombrissait la voix de Rémus.

Je t'avais prévenu, répliqua Rogue.

Mais sa voix était loin d'être aussi acerbe et ironique qu'à l'accoutumée. Elle semblait plutôt fatiguée…

Je ne voulais pas le croire… Ce n'était pas possible, il ne pouvait pas avoir fait ça !

Eridan attendit que l'homme reprenne son calme avant de reprendre là où elle s'en était arrêtée.

Voldemort n'a jamais été complètement anéanti par l'avada kedavra qu'il a lancé sur Harry, pour la bonne raison qu'il ne l'a jamais complètement reçu…

Harry ne comprenait pas. Et, à voir la tête que faisaient Ron et Hermione, ils ne comprenaient pas plus.

Eridan sembla peser ses mots.

Vous feriez mieux de vous asseoir, cela risque d'être long. Et pour commencer, il faut oublier tout ce que vous savez sur Voldemort et sur ce qui s'est passé dans la nuit du 31 octobre 1981…

Harry se figea à nouveau. Qu'avait voulu dire Eridan ? Comment tout ce qu'il savait sur Voldemort pouvait-il être faux ? Que lui avait-on encore caché sur ce qui s'était passé la nuit où ses parents étaient morts ?

Pour commencer, dit Eridan, il vaut mieux que je vous dise qui je suis, ça devrait vous permettre de comprendre plus facilement. Tout d'abord, Droujes est un faux nom ou plutôt une stupide anagramme trouvée par Dumbledore…

Jedusor, murmura Hermione, les sourcils froncés.

Eridan hocha la tête. Harry n'arrivait pas à comprendre. Ou peut-être ne le voulait-il pas ? Comment et pourquoi Eridan pouvait-elle porter le nom du mage noir le plus tristement célèbre d'Angleterre, le véritable nom de Voldemort…

Du moins c'est le nom de ma mère, je n'ai jamais connu mon père ni ne sais qui il est…

Harry s'aperçut que Rogue et Rémus étaient soudainement devenus très pâles. Harry fronça les sourcils. Et ce que cela voulait dire ce qu'il pensait ? Est-ce que le professeur Rogue et Rémus savaient qui était le père d'Eridan ? Manifestement la jeune fille en était arrivée aux mêmes conclusions que lui vu le regard qu'elle leur lançait. Mais Eridan secoua la tête comme pour remettre de l'ordre dans ses idées et reprit ses explications :

Circé, ma mère était la fille de Voldemort. Et d'une moldue aussi étonnant que cela puisse paraître.

Harry entendit sa mâchoire se décrocher et s'écraser sur le sol. Et il ne savait pas ce qui l'étonnait le plus. Qu'Eridan soit la petite-fille de Voldemort ou que celui-ci ait fait une enfant avec une moldue ?

Avec une moldue ? répéta Ron abasourdi.

Eridan hocha la tête.

Elle est morte peu après la naissance de ma mère. Et à ce que je sais, et même si j'ai du mal à le croire, Voldemort était très amoureux d'elle. Il a abandonné ma mère après la mort de sa femme et a commencé à préparer la mise au pas et la soi-disant purification de l'Angleterre…

Tu es donc la petite fille de Voldemort, dit le rouquin. Mais qu'est-ce que tu fais à Gryffondor ?

Harry faillit dire à Ron qu'il était un idiot. Pourquoi est-ce que le fait d'être la petite fille de Voldemort aurait dû empêcher Eridan d'être à gryffondor ? Mais Harry se rappela que Voldemort était le descendant de Salazar Serpentard et que Eridan l'était donc aussi…

La jeune fille haussa les épaules.

C'est sans doute, dit Rogue, que le Choixpeau a estimé que ce qui caractérisait Eridan était bien plus le courage que ses ancêtres.

Harry écarquilla les yeux. Est-ce que Rogue venait de faire un compliment ? Et un compliment ayant rapport avec ce que recherchait Gryffondor pour ses élèves ?

En tout cas, ça explique l'épée, dit Hermione qui avait manifestement l'air satisfait que cette énigme soit résolue.

Pauvre Serpentard ! soupira Eridan. Et dire que tout le monde est persuadé qu'il détestait les moldus…

Cette fois-ci, tout le monde même les deux adultes, la fixèrent avec des yeux ronds.

Serpentard n'a jamais crû à ces histoires de sang-pur et autres qu'on lui prête pourtant. Ce que Serpentard recherchait chez ses élèves, c'était la ruse et l'ambition pas la soi-disant pureté de sang ! Seulement, la femme qu'il aimait et qui lui avait donné un fils a été brûlée vive par des moldus. C'était une époque où les moldus étaient persuadés que toute magie venait du diable…

Mais si c'était une sorcière, elle n'aurait pas dû mourir, s'étonna Hermione.

Elle avait été privée de ses pouvoirs par des sorciers qui détestaient Serpentard. Or ces sorciers étaient des enfants de moldus. Après la mort de sa femme, Serpentard a quitté Poudlard fou de tristesse et en professant des malédictions sur les assassins de sa femme et il s'est laissé emporter à des généralités… Mais il ne les a jamais vraiment pensées… Disons que son départ n'a rien fait pour arranger les choses. Et les fondateurs avaient de très nombreux ennemis qui faisaient tous pour les séparer. Le départ de Serpentard leur a servi et ce sont eux qui ont réécrit l'histoire, profitant de la tristesse des trois autres fondateurs suite au départ de leur ami… Serpentard a toujours aimé Poudlard et comme les autres fondateurs il continue de veiller sur l'école à travers le dragon et, tu avais sans doute raison Ron, la devise doit être de lui…

Harry resta silencieux. Alors même l'histoire des fondateurs qu'il connaissait était fausse. Est-ce que tout ce qu'il savait n'était vraiment que mensonges, morts violentes et tromperies ? Ne pouvait-il pas espérer qu'un jour la vérité effacerait tous ces mensonges ? Mais ce soir, il saurait. Il saurait tout !

Qu'est devenue ta mère après que Voldemort l'a abandonnée alors qu'elle n'était qu'un bébé ? finit par demander Hermione.

C'est le professeur Dumbledore qui l'a recueillie et élevée. Il connaissait son père et le danger qu'il représentait et il a dû se dire qu'il valait mieux pouvoir garder un œil sur sa fille… Et il ne devait pas se sentir capable de la laisser mourir…

Et vous saviez qui elle était ? demanda Harry à Rémus. Tu as dit que vous étiez amis, vous le saviez ?

Rémus hocha la tête, un sourire aux lèvres.

Oh oui, nous le savions ! Tout le monde le savait. Circé n'hésitait pas à le cracher pour effrayer les gens. C'était la pire Serpentard que j'ai connue ! Surtout pour les Serpentards !

Rogue hocha la tête.

Une véritable petite teigne qui jouait au quidditch contre son équipe et qui traînait avec des Gryffondors. Et pas n'importe lesquels ! Non, il fallait qu'elle choisisse les maraudeurs ! Les pires ennemis des Serpentards !

Rogue avait dit cela comme s'il était en colère mais Harry pouvait voir qu'il n'en était rien et que Rogue était aussi nostalgique que Rémus de cette période qui était sans doute beaucoup plus simple et heureuse que leurs vies actuelles.

Je me rappelle la première fois où elle est venue manger avec nous à la table des Gryffondors, sourit Rémus. Les trois quarts de l'école ont failli tomber dans les pommes ce jour là…

Harry fronça les sourcils. Une Serpentard qui jouait au quidditch contre son équipe et qui était amie avec les maraudeurs. Cela lui disait quelque chose mais il n'arrivait pas à se souvenir. Décidément, sa mémoire était une véritable passoire ! Il ne se souvenait pas où il avait déjà entendu parlé d'une telle Serpentard, il ne se rappelait plus à qui Eridan lui faisait penser…

J'imagine, grimaça Ron, que ça serait pareil si un Serpentard venait à notre table maintenant…

Eridan sourit d'un air amusé. Harry se demanda si c'était parce qu'elle imaginait la scène ou…

Je suppose que ta mère n'appréciait guère son père, dit Hermione.

Elle le détestait et la seule fois où elle l'a rencontré, il l'a soumise à l'impérium pendant une dizaine de mois puis il l'a tuée !

Les yeux d'Eridan étaient devenus de cette couleur orage qu'ils prenaient quand elle était à la fois triste et en colère.

D'accord, murmura Hermione. Mais tout ça ne nous dis pas pourquoi tu portes la marque des ténèbres sur l'épaule…

Il faut revenir à la nuit d'Halloween 1981 pour comprendre. Je ne sais pas exactement comment il se fait que Voldemort ait à peu près dans le même temps trouvé ma mère et soit arrivé chez les Potter mais toujours est-il qu'il a estimé qu'à défaut de pouvoir faire de ma mère son héritière, l'enfant qu'elle portait conviendrait très bien. Alors il s'est dédoublé. Une de ses moitiés s'est occupée de ma mère et l'autre des Potter…

Mais bien sûr ! s'exclama Rémus. Circé devait se trouver chez James et Lily, c'est le plus logique, surtout si elle était enceinte ! C'est donc là qu'elle se trouvait, moi qui me demandait ce qu'elle était devenue…

Alors la mère d'Eridan était chez ses parents quand Voldemort était venu pour le tuer. Ils se connaissaient et ils se faisaient assez confiance pour lui révéler l'emplacement de leur demeure…

Que veux-tu dire exactement quand tu dis qu'il s'est dédoublé ? demanda Hermione.

C'est un procédé de magie noire qui permet de changer une seule personne en deux. Les pouvoirs ne sont pas divisés par deux mais plutôt par un et demi pour chaque moitié. Ce sort a permis à Voldemort de faire deux choses en même temps. L'un des Voldemort a emmené ma mère dans un de ses manoirs et l'autre a continué ce qu'il était venu faire…

Deux Voldemort, pensa Harry. Mais alors, est-ce que cela voulait dire que…

C'est pour cette raison et pour cette unique raison qu'il n'est pas mort quand l'avada kedavra qu'il avait jeté à Harry s'est retourné sur lui. En effet, l'avada n'a touché qu'une de ses moitiés or il ne peut mourir que si les deux moitiés sont touchées. Et pas parce qu'il serait assez puissant pour survivre. Pas à cause de la prophétie…

Eridan resta quelques secondes silencieuse.

La prophétie n'a jamais existé. Je ne sais même pas s'il existe vraiment de véritable prophétie. Toute la prophétie était un piège qu'un ancien mangemort avait tendu à Voldemort. Il fallait inciter Voldemort à tuer un innocent. Et l'innocence en magie est un concept un peu particulier qui fait qu'il n'y a guère que les bébés qui peuvent encore l'être… Le mangemort avait jeté un sort sur Voldemort lui-même pour que, quand il jetterait un avada kedavra à un innocent, le sort se retourne sur lui. Mais évidemment, Voldemort n'était pas assez fou pour s'attaquer sans raison à l'innocence, il savait que c'était dangereux. C'est à cela que devait servir la prophétie, à faire en sorte qu'il s'attaque à l'innocence. Trelawney n'est pas un devin mais c'est un très bon récepteur et le mangemort en question savait que quelle que soit la personne devant laquelle Trelawney ferait sa prophétie, la prophétie arriverait aux oreilles de Voldemort…

Mais dans ce cas, pourquoi tous ces détails qui correspondent à Harry ? demanda Hermione.

Prenons les détails un à un. La prophétie dit : celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche… vous pouvez d'ailleurs remarquer le nom employé pour désigner Voldemort. Le Seigneur des Ténèbres. Ce sont les mangemorts qui l'appellent ainsi… Il naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défié… Trois est un nombre magique, puissant et sacré. Cela devait inquiéter Voldemort, lui faire croire à la puissance de l'enfant et de sa famille… il sera né lorsque mourra le septième mois… Le septième mois est le mois de juillet, or naître fin juillet signifie que son signe du zodiaque est le lion. Or le lion est l'emblème de Gryffondor et tout le monde est persuadé que Gryffondor et Serpentard étaient ennemis. Donc cela mettait celui qui devait détruire l'héritier de Serpentard sous la protection de Gryffondor. Pour ce qui est de le marquer comme un égal, il suffit de se dire que si Voldemort a décidé qu'un enfant était dangereux pour lui c'est bien parce qu'il le considère comme un égal. Le pouvoir que Voldemort ignore, c'est le sort jeté sur lui et qui devait le tuer, quant à la dernière partie, c'était pour inciter Voldemort à tuer l'enfant lui-même…

Alors la prophétie ne signifiait rien, rien du tout ! Ce n'était qu'une tromperie de plus !

Et tu avais raconté tout ça à Dumbledore ? demanda Rémus, la voix rauque.

Eridan hocha la tête.

Il ne m'a pas crû… Pourtant, je croyais que j'avais assez de preuves…

Harry vit Rémus serrer les poings de colère, une colère qu'il savait dirigée vers le directeur de Poudlard…

Comment peux-tu savoir ça ? demanda Hermione. Même Voldemort ne le sait pas…

Disons que j'ai eu le temps et la possibilité de faire des recherches sur les mangemorts et que je me suis beaucoup intéressée à la mort étrange d'un mangemort…

Pourquoi la mort ? demanda Ron.

Le sort qu'il avait jeté sur Voldemort demandait un sacrifice, un sacrifice ultime. Celui qui jette ce sort meurt forcément et cette mort est assez particulière. C'est comme cela que j'ai compris le sort qu'il avait jeté et j'ai pu retrouver dans ses affaires la prophétie qu'il avait préparée. Ensuite, il m'a suffi de la mettre en relation avec le morceau que connaissait Voldemort…

Ça signifie que je ne suis pas condamné à tuer Voldemort ou à être tué par lui ? demanda Harry.

Disons qu'il n'y a aucune prophétie ni aucun destin qui t'y pousse. Mais comme Voldemort est persuadé que tu es son ennemi, ça ne change pas grand chose dans les faits. Sauf que tu as le choix ! Si tu décides de tout faire pour détruire Voldemort, ce sera ton choix et pas parce que ce serait ton destin. Et ça, c'est important !

La jeune fille resta silencieuse quelques secondes.

Je suis désolée de ne pas t'avoir dit ça plus tôt mais Dumbledore m'avait fait promettre de ne rien dire et j'ai eu la bêtise de l'écouter… J'avais tellement entendu dire qu'il était le chef de la résistance contre Voldemort que j'ai crû qu'il savait ce qu'il faisait et qu'il devait avoir raison de te mentir et de mentir à tout le monde…

Depuis la mort de Sirius et les révélations qui avaient suivi, Harry ne faisait plus confiance à Dumbledore tout en s'en voulant pour cela. Mais maintenant, il savait qu'il avait eu raison. La prophétie n'était rien et Voldemort la connaissait presque entièrement, il aurait mieux valu laisser Voldemort la prendre ! Au moins, Sirius ne serait pas mort ! Et manifestement, il y avait encore autre chose vu la colère de Rogue et de Rémus à l'égard de Dumbledore…

Harry sortit de ses pensées et s'aperçut que tout le monde fixait Eridan. Effectivement, elle n'avait pas encore tout dit, ils ne savaient toujours pas pourquoi elle avait la marque des ténèbres sur l'épaule…

La jeune fille prit une grande inspiration avant de se lancer :

Pendant qu'une des moitiés de Voldemort se faisait presque anéantir par Harry, l'autre a conduit ma mère dans l'un de ses manoirs où il l'a soumise à l'impérium et a jeté un sort pour déclencher l'accouchement. Au début, il a laissé vivre ma mère car il pensait que me sevrer trop tôt serait mauvais mais il a finit par la tuer au bout d'une dizaine de mois car il devait lancer l'impérium plusieurs fois par jour et qu'elle luttait de toutes ses forces contre lui. Je ne me souviens pas vraiment de cette période mais Voldemort prenait un grand plaisir à me rappeler qu'il n'avait pas hésité à tuer sa propre fille… C'est Voldemort qui m'a élevée, enfin si on peut appeler ça élever !

Tu ne nous avais pas menti, remarqua Harry. Quand tu parlais de ta famille…

Eridan hocha la tête.

Quand on veut être crédible, le mieux est de mentir le moins possible…

Il y a juste un truc, dit Hermione. Si j'ai bien compris, tu es censée avoir au moins un an de moins que nous…

C'est exact et si tu te demandes pourquoi je suis en sixième année, je n'en ai aucune idée. Je crois que Dumbledore a considéré que toutes les personnes qui lui posaient problème avaient le même âge… Et comme en ce qui concernait les cours il pouvait bien me mettre dans n'importe quelle année…

Mais, reprit Hermione. Si une des moitiés de Voldemort n'avait pas été touchée par le sort, pourquoi n'a-t-il pas essayé de se reconstituer ?

Voldemort n'aide personne, pas même lui ! Surtout qu'il se hait, c'est d'ailleurs pour cela qu'il est devenu ce qu'il est. Un psychiatre aurait beaucoup à dire… Et Voldemort haïssait encore plus un lui faible et presque anéanti. C'est donc le Voldemort touché par le sort qui a dû se débrouiller pour survivre et quand il a retrouvé assez de forces, il a appelé l'autre moitié de Voldemort pour se reconstituer. C'est cela qui s'est passé dans le cimetière à la fin de ta quatrième année d'Harry. La renaissance n'était qu'une illusion destinée à tromper les mangemorts. Car aucun ne devait savoir la vérité ! Il n'y avait pas plus d'une dizaine de mangemorts qui savaient ce qui s'était réellement passé et il doit à peine en rester trois ou quatre maintenant…

Eridan ferma les yeux quelques secondes puis elle reprit :

Je devais avoir trois ou quatre ans quand Voldemort m'a fait cette marque. Elle est différente de celles des autres mangemorts car Voldemort ne me considérait pas comme un autre de ses serviteurs mais comme son héritière et son arme secrète ! Et s'il l'a faite à l'épaule, c'est parce que j'étais si jeune que mon avant-bras était bien trop fin pour qu'elle y tienne…

Harry grimaça. Il savait que faire cette marque était extrêmement douloureux et il ne voulait pas imaginer ce que pouvait ressentir une petite fille de quelques années à peine.

Voldemort m'a lui-même appris la magie, blanche et noire, et ne pas réussir quelque chose signifiait être puni… Tu comprends Hermione, c'est pour ça que je disais que je n'avais pas le choix…

Etre puni. Sous ces simples mots, Harry savait très bien ce qui se cachait. Pour Voldemort, punition rimait avec doloris !

Je n'avais pas six ans que je savais jeter les impardonnables…

Pour une fois, Harry comprenait exactement ce qu'il y avait sous ces mots. Savoir jeter les impardonnables signifiait les avoir jetés et donc avoir tué… A même pas six ans !

Ma présence a très vite donné une idée à Voldemort : celle de créer une armée d'enfants mangemorts. Quatre de ses plus proches mangemorts lui ont offert leurs enfants pour que Voldemort en fasse de puissants mages noirs à son service. Il ne s'attendait pas à ce que cinq enfants dont l'aîné devait au plus avoir sept ans se rebelleraient contre lui. Il a mis très longtemps à comprendre qu'il nous fournissait lui-même les armes pour lutter contre lui… Je devais avoir huit ans quand nous avons décidé de le priver définitivement de toute magie. Nous avions trouvé un artefact qui absorbait la magie et avec la figure du pentagramme, nous savions que cela fonctionnerait… Malheureusement, un mangemort nous a surpris alors que nous vidions Voldemort de sa magie… Voldemort a tué les autres, et pas avec un avada ! Je ne sais pas pourquoi il ne m'a pas tuée. Je ne sais pas pourquoi il ne s'est pas assuré que je n'avais pas survécu… Je suis restée coincée dans l'un des manoirs de Voldemort pendant une demi-douzaine d'années, jusqu'à ce qu'il quitte le manoir pour se reconstituer. Ce jour là, j'ai pu fuir… Et après quelques jours de réflexion, je suis allée voir le professeur Dumbledore. Je savais que Voldemort en avait peur alors il me paraissait le plus à même pour entendre ce que j'avais à dire. Mais je crois qu'il ne m'a pas crûe. Pourtant, il est facile de dater ma marque ! Ou plutôt, il ne m'a pas fait confiance… Je peux comprendre pourquoi…

Les yeux d'Eridan étaient devenus encore plus clairs qu'auparavant si c'était possible. Harry avait envie de lui dire que Dumbledore était stupide et que lui, il lui faisait confiance. Que ce que Voldemort l'avait forcée à faire faisait d'elle une victime et non une criminelle ! Mais il n'osa pas troubler ses révélations.

Dumbledore m'a conseillé de quitter l'Angleterre et c'est ce que j'ai fait. D'un certain côté, cela m'arrangeait de m'éloigner de Voldemort, de pouvoir faire comme si rien de tout ça ne me concernait… Mais c'était faux ! Je ne pouvais pas oublier et je ne pouvais pas rester éloignée du combat qui allait se mener. Alors je suis revenue et j'ai fait comprendre à Dumbledore que je ne repartirais pas. C'est pour ça qu'il m'a fait venir à Poudlard. Je suppose que c'est le seul moyen qu'il ait trouvé pour me surveiller…

Le silence succéda aux révélations d'Eridan. Harry pouvait sentir le malaise qui régnait dans la pièce. Il pouvait sentir l'inquiétude d'Eridan et l'embarras de Ron et d'Hermione qui ne devaient sans doute pas savoir comment réagir. Harry comprit que c'était à lui de faire le premier pas. A lui de choisir…

Il s'avança vers Eridan sans savoir ce qu'il pourrait dire, sans savoir comment exprimer ses sentiments. Il posa une main sur son bras et planta ses yeux dans les siens.

Quelle que soit ta famille, tu es toi, et tu es mon amie. Et tu nous as sauvé la vie plusieurs fois cette année… Ce que tu as dû faire avant, ça n'a pas d'importance. Ce qui en a c'est qui tu es maintenant…

Harry ne lâcha pas Eridan du regard tant qu'il ne la vit pas esquisser un léger sourire.

Oh, et puis finalement, c'est presque rien par rapport à ce qu'avait imaginé Hermione ! s'exclama Ron.

Mais qu'est-ce que tu racontes ! Tu dis vraiment n'importe quoi ! Tais-toi donc ! s'exclama Hermione qui avait l'air en colère.

J'ai du mal à imaginer ce qui peut être pire, murmura Eridan.

Et je te conseille de ne pas chercher à l'imaginer ! s'exclama Ron. Ça vaut vraiment mieux !

Hermione manqua étrangler son cavalier et Harry se demanda ce que Hermione avait bien pu imaginer. A moins que Ron ait vraiment tout inventé. Ron ou comment dérider l'atmosphère en racontant n'importe quoi !

En tout cas, l'atmosphère s'était un peu allégée et Eridan souriait doucement. Harry pouvait sentir sur lui les regards du professeur Rogue mais pour une fois, il ne semblait ni dégoûté ni furieux ni méprisant. Cela faisait un drôle d'effet…

Mais l'atmosphère s'épaissit à nouveau alors qu'Eridan fixait Rogue et Rémus. Harry l'imita. Après tout, Eridan leur avait révélé ses secrets, il était temps que les deux hommes fassent de même.

Ils se tortillaient sous les regards de la jeune fille. Ils avaient l'air mal à l'aise et… quoi d'autre ? Coupables ? Peut-être un peu mais c'était difficile à dire.

A votre tour maintenant, dit Eridan. Je sais professeur que vous me cachez quelque chose depuis le premier jour où je vous ai parlé. Jusqu'à présent, je n'ai pas cherché à savoir, me disant que si vous ne me le disiez pas, c'était que vous aviez une bonne raison. Mais ce soir, je dois savoir, les secrets blessent toujours et ne permettent pas aux plaies de se refermer. Au moins la vérité laisse l'espoir que les blessures s'apaisent ou du moins que comprendre soulage quelque peu…

Personne ne parla. Eridan prit une grande inspiration et poursuivit :

C'est à propos de mon père. Vous le connaissez tous les deux n'est-ce pas ? Ce n'était donc pas une erreur, professeur, quand vous m'avez dit que vous ne vous entendiez pas du tout avec mes parents. Vous ne vouliez pas parler uniquement de ma mère, mais des deux…

Rogue et Rémus avaient baissé les yeux.

Il est mort n'est-ce pas ?

Rémus se mordit les lèvres et hocha lentement la tête, un air de profonde tristesse ancré sur le visage.

Et finalement, c'est plus à lui que je ressemble qu'à ma mère n'est-ce pas ?

Rémus finit par se décider à ouvrir la bouche, peinant à ne pas bredouiller.

En tout cas, je ne peux avoir aucun doute sur le fait qu'il est ton père. Peut-être plus dans les attitudes et cette élégance innée… Mais il faut dire que je n'ai de Circé que de vieux souvenirs, et plutôt des souvenirs heureux. Alors que de lui… Il avait vécu des épreuves très difficiles et…

Rémus se tût, manifestement trop ému pour continuer. Harry vit le visage d'Hermione s'éclairer de compréhension.

Ce n'est pas possible, murmura-t-elle. Pourtant, ça explique tout. Les ressemblances, l'animagus…

Pardon ? demanda Rémus.

Je suis animagus, répondit Eridan. Non déclarée bien sûr.

Un cheval noir avec une étoile sur le front, expliqua Hermione. Je savais bien que cela me faisait penser à quelque chose…

Décidément, grommela Rogue.

C'était un moyen d'échapper à Voldemort. Il ne pouvait pas avoir de prise sur moi sous cette forme…

Est-ce que tu sais qui est le père d'Eridan ? demanda Harry à Hermione.

J'en suis presque sûre…

Hermione observa Rogue et Rémus. Manifestement, leurs attitudes étaient des preuves pour elle. Elle se retourna vers Eridan.

Tu n'as vraiment rien qui pourrait te permettre de savoir qui est ton père ?

Eridan enleva la chaîne qu'elle portait autour du cou et qu'elle cachait toujours sous ses vêtements. Une médaille y était accrochée. Elle la tendit à Hermione.

Il n'y a plus aucun doute…

Explique-nous Hermione ! s'exclama Harry.

Enfin Harry, réfléchis ! Tu as dit qu'Eridan te faisait penser à quelqu'un. Effectivement ! A quelqu'un que tu as bien connu et que Rémus et le professeur Rogue ont connu, avec qui ils étaient en classe ! Réfléchis à l'attitude de Rémus, à leur colère envers le professeur Dumbledore quand il a envoyé Eridan ailleurs il y a deux ans ! Par contre, je dois dire professeur Rogue que c'est votre attitude qui m'a fait douter. Je croyais que vous le haïssiez, qu'il avait essayé de vous tuer…

Harry comprit enfin. Comment avait-il pu être si aveugle ! Il jeta un regard à Eridan. La jeune fille avait compris bien avant lui. Comment ? Peut-être parce qu'il n'avait pas arrêté de lui parler de lui toute cette année… Il jeta un coup d'œil à la médaille. Elle représentait un chien noir sous une étoile particulièrement brillante. Il n'y avait pas plus clair…

C'était à cause de Bellatrix, maugréa Rogue. Elle lui avait dit que j'avais transmis des informations sur Circé à…

Le professeur de potions s'arrêta quelques secondes pour fixer ses regards vers Eridan.

… à Voldemort.

Harry vit Eridan esquisser un léger sourire, pourtant elle avait presque les larmes aux yeux et il se rappelait qu'elle lui avait dit qu'elle ne pleurait jamais. Harry ne savait pas ce qui devait l'étonner le plus : que le professeur Rogue ait prononcé le nom de Voldemort pour faire sourire Eridan ou qu'il ait défendu Sirius pour la jeune fille ? En fait, le plus étonnant était que cet homme austère, aigri et désagréable s'était attachée à la fille de celui qu'il avait toujours considéré comme un ennemi…

Eridan se dirigea vers la fenêtre et se pencha par l'ouverture, noyant sa tristesse dans la nuit de juin.

Je ne sais pas ce qui est le plus dur. Croire que son père se fiche de vous ou apprendre qu'il est mort avant d'avoir pu le rencontrer…

C'est à ce moment que Harry comprit où il avait entendu parler d'une jeune Serpentard. Le journal de Sirius !

Je reviens tout de suite ! s'exclama-t-il en se précipitant vers son dortoir sous les regards étonnés des autres.

Harry redescendit en courant tout en se disant qu'il aurait mieux fait de faire venir le journal avec un accio comme il en avait pris l'habitude, il serait moins essoufflé !

C'est un journal qu'ont écrit les maraudeurs. Sirius y parle souvent de Circé, expliqua Harry. Seulement, il avait posé des sorts pour qu'on ne puisse ni distinguer le visage ni le nom de la jeune Serpentard.

Eridan s'approcha et jeta un sort sur le journal sans utiliser sa baguette. Aussitôt se matérialisèrent devant eux les couples du bal de septième année. Pour la première fois, Harry put distinguer le visage de la cavalière de Sirius. Effectivement, Eridan lui ressemblait. Mais auquel des deux ressemblait-elle le plus, il n'en savait rien. Par contre ce qu'il pouvait voir en revanche, c'était que les yeux de ce vert extraordinaire, elle les tenait de sa mère alors que le bleu lui venait de Sirius.

La jeune fille avait feuilleté le journal et était arrivée vers la fin. La fin que Sirius avait écrite pendant qu'il était seul square Grimmaurd. Elle trouva la lettre qui racontait la nuit du 31 octobre 1981. Harry lut par-dessus son épaule. Circé, enceinte de huit mois, était bien chez ses parents. Et quand Sirius était arrivé devant les ruines, il avait été persuadé que Voldemort avait tué Circé et l'enfant qu'elle portait…

C'est pour cela, murmura Rémus. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi il s'était jeté à la poursuite de Peter puis laissé emprisonner sans même essayer de défendre. Je suppose que perdre le même jour ses meilleurs amis, la femme qu'on aime et son enfant, tout ça à cause de la trahison d'une personne qu'on prenait pour un ami, cela fait trop pour un seul homme.

Harry baissa la tête, essayant de faire partir la grosse boule qui lui oppressait la gorge. Sirius n'avait jamais su ce qui était arrivé à la femme qu'il aimait, il n'avait jamais su qu'il avait une fille. Et tout aurait pu être différent si seulement Dumbledore…

C'était un homme bien, reprit Rémus. Il n'était pas un assassin comme le ministère a cherché à le faire croire…

Je suis bien placée pour le savoir. Cela faisait tellement rire Voldemort. Je m'étais toujours demandé s'il savait qui était mon père. Maintenant je suis sûre qu'il savait. Cela le faisait trop rire. D'une pierre trois coups ! disait-il.

Comment ça ? demanda Rémus.

Il lui a suffi de retourner Peter Pettigrow pour être débarrassé à la fois de James Potter et de Sirius Black. Une pierre, trois coups. Un traître, trois maraudeurs en moins…

Mais pourquoi le professeur Dumbledore ne t'a rien dit ? demanda Hermione.

Elle avait l'air perdu.

Je pense qu'il n'a pas compris. Après tout, pour Rémus ou pour moi, c'était facile. Pour une raison ou une autre, nous connaissions très bien Circé et Black, expliqua Rogue d'une voix fatiguée.

Je n'arrive même pas à lui en vouloir, murmura Eridan. Je comprends si bien qu'on n'ait pas confiance en moi… Et ça fait bien longtemps que je réserve toute ma haine à Voldemort.

Le professeur Rogue posa une main sur l'épaule de la jeune fille. Pour la réconforter, la soutenir. Harry n'arrivait toujours pas à se faire à l'idée d'un Rogue humain prenant soin de quelqu'un alors de la fille de Sirius ! Pourtant il n'y avait aucun doute et Harry commençait à comprendre que Rogue avait joué pour Eridan le même rôle que Rémus avait joué pour lui lors de sa troisième année.

Ça va aller ? demanda Harry.

Eridan hocha la tête.

Je voudrais juste rester seule quelques secondes.

Dans ce cas, nous allons retourner au bal, tu nous rejoindras ?

Très bien.

Je te laisse le journal.

Eridan lui sourit, un sourire triste certes mais un sourire quand même.

Harry emboîta le pas aux deux adultes et à ses amis. Il avait du mal à laisser Eridan seule, et il n'était pas le seul ! Mais la jeune fille avait demandé à rester seule quelques instants…

Soudain, il s'excusa, dit qu'il revenait de suite et courut jusqu'à la tour de Gryffondor. Il franchit le portrait toujours en courant. Eridan était à nouveau à la fenêtre, le regard tourné vers la nuit.

Au bruit qu'il fit, elle se retourna vers lui.

Je voulais juste… te demander encore quelque chose, bredouilla Harry.

Eridan l'encouragea du regard.

Pourquoi… pourquoi tu as si peur des balais ? Je sais c'est idiot comme question mais…

Ma réponse aussi va te sembler idiote. Ma peur n'a rien de rationnel, je suppose que ne pouvant me permettre d'avoir peur de Voldemort, j'ai fait un transfert sur les balais, un objet c'était beaucoup moins risqué pour moi…

Je ne comprends pas…

Je devais à peine avoir cinq ans quand Voldemort a tenu à ce que je sache transplaner. Il m'a jeté d'un balai autant de fois qu'il m'a fallu pour comprendre comment faire. Il disait qu'à force de m'écraser, je finirais bien par trouver une solution. Pour lui la douleur était partie intégrante de l'éducation… Mais cet épisode est resté dans ma mémoire. Je savais que Voldemort s'arrangeait pour que je ne puisse pas me tuer mais…

Harry grimaça douloureusement. Comment pouvait-on être aussi cruel avec sa propre petite fille ? Oui, mais il s'agissait de Voldemort et il n'avait rien d'humain !

Je suis désolé, murmura Harry. Je ne voulais pas te rappeler encore de mauvais souvenirs…

Eridan haussa les épaules.

Tu es sûre que ça va aller ?

Bien sûr, il me faut juste quelques minutes pour encaisser. Je te promets que je vous rejoindrais très vite…

Harry acquiesça et s'avança vers la sortie.

Merci de me prêter ce journal, je sais comme tu y tiens…

C'est normal. Après tout, il te concerne autant que moi si ce n'est plus…

Harry la laissa. Il savait qu'elle les rejoindrait rapidement. Elle l'avait promis. Et de toute manière, Eridan avait déjà survécu à tant d'épreuves. Elle savait ce que c'était qu'encaisser. Harry étouffa un sanglot de rage et de désespoir. Voldemort paierait. Pour ça aussi !

Alors qui avait deviné ? Pour le reste des révélations, il faudra attendre le prochain chapitre ! Et oui, je suis cruelle, que voulez-vous !