merci à tous mes reviewers. désolée, je n'ai pas le temps de répondre à vos reviews pour l'instant car je poste juste un chapitre avant de partir en vacances.

bonne lecture!

Chapitre 21 : La dernière des Black.

Eridan lui fit signe de la suivre. Harry la suivit jusqu'à sa chambre dans laquelle se trouvaient un grand nombre de cartons débordant de choses en tout genre.

J'ai trouvé tout ça dans le grenier. C'était les affaires de mon père… Elles ont été apportées là quand il a été emprisonné. C'est étonnant que mes grands-parents les aient gardées. A ce que j'en sais, j'aurai parié qu'ils les auraient jetées…

Oui, c'est bizarre. Tu as pu faire connaissance avec ta grand-mère ? Je n'ai pas vu son portrait.

Eridan grimaça.

Elle m'a paru une femme ignoble. J'ai fait un concours de sarcasmes avec elle, la perdante devait disparaître de la maison. C'était Séverus Rogue qui comptait les points.

Je suppose que tu as gagné…

Eridan hocha la tête.

Je ne te savais pas aussi sarcastique…

Je n'ai jamais eu besoin de l'être avec toi… Et le professeur Rogue m'a donné des cours express…

Harry jeta un regard mi-figue mi-raisin à la jeune fille. Parfois, il ne parvenait pas à savoir si elle était sérieuse ou si elle se moquait de lui. Probable que c'était un peu de deux.

En parlant de Rogue, j'aurai crû qu'il serait en colère et qu'il me reprocherait mon inconscience d'être parti sans protection alors que Voldemort me cherche…

Il le fera demain matin. Ou plutôt il laissera ça à Rémus.

Harry grimaça. Cela allait être sa fête !

Tu ne sais pas ce que je pourrais faire pour les mettre de bonne humeur ?

Eridan haussa les épaules alors qu'elle semblait chercher quelque chose dans le fouillis des cartons. Elle finit par en tirer un paquet ficelé de rouge et or.

Joyeux anniversaire Harry !

Harry saisit le paquet un peu embarrassé.

Je suis désolée de ne pas avoir fait de gâteau mais je n'ai jamais fait la cuisine et avec mes mains… Et Rémus et Séverus ne me laissent pas faire la moindre tâche, j'ai parfois l'impression d'être une gamine gâtée…

Ça doit te changer alors, dit Harry qui peinait à ouvrir le paquet sous les regards amusés d'Eridan.

Harry finit par réussir à retirer toutes les ficelles. Il découvrit d'abord une boite, une sorte d'écrin qu'il ouvrit. Il contenait une sorte de médaillon octogonal en or blanc. Le médaillon était très simple bien qu'orné de runes gravées directement dans le métal. Curieux, Harry l'ouvrit révélant une étrange surface qui ressemblait un peu à celle d'une pensine. Harry releva des yeux interrogatifs vers la jeune fille.

Quand tu regarderas dedans, tu pourras voir n'importe quelle personne de tes souvenirs. C'est un médaillon à souvenirs.

Harry essaya. Il pensa d'abord à Eridan et aperçut la jeune fille qui lui souriait doucement dans le médaillon. Puis il pensa à ses parents. L'image se troubla et ses parents apparurent, lui faisant signe de la main. Harry sentit ses yeux le piquer mais il s'efforça de ne pas laisser couler des larmes.

Merci. Merci beaucoup, murmura-t-il d'une voix émue.

Harry s'extirpa des images que lui montrait le médaillon et il fit passer la chaîne à son cou.

Et si nous allions préparer quelque chose à manger pour que ça ressemble davantage à un jour de fête, proposa Harry pour changer l'atmosphère de la pièce.

Tu sais cuisiner ?

Harry hocha la tête.

A cette heure-là ? s'étonna Eridan.

Pourquoi, il est quelle heure ?

Presque quatre heures du matin.

Et bien, disons qu'on va faire un super petit déjeuner d'anniversaire ! Et qui sait, comme ça on arrivera peut-être à éviter que Rogue et Rémus ne me tuent !

Eridan laissa échapper un petit rire et le suivit jusqu'à la cuisine qui avait changé du tout au tout. Pourtant, aucun meuble n'avait été remplacé. Mais il y avait plus de lumière : la totalité de l'un des murs avaient été remplacée par une façade vitrée, les serpents sculptés qui ornaient les meubles en bois noir avaient une forte tendance à faire des clins d'œil de leurs yeux en éclat de miroir et sur l'un des plans de travail se trouvait… une machine à expresso électrique !

Tu peux m'expliquer comment tu fais fonctionner cette machine ? demanda Harry. Je croyais que la magie rendait inopérantes les machines électriques…

Elle fonctionne à l'énergie magique. Ce n'était pas très difficile à modifier, je me suis inspirée des machines volantes de mon père…

Des machines volantes ?

Oui, tu sais qu'il avait une moto volante, n'est-ce pas ?

Harry hocha la tête.

Et bien, avant de réussir à faire voler une moto, il s'est entraîné sur de nombreuses machines et ainsi, il a fait des recherches sur les moyens de mêler magie et machine moldue.

Sur quel genre de machine a-t-il travaillé ?

Et bien j'ai trouvé les plans d'un mixer volant et d'un vélo. Pour le reste, les plans représentaient des machines tellement hybrides que je n'ai pas réussi à comprendre quelles étaient leurs fonctions originelles !

Et pourquoi une machine à expresso ?

J'adore le café à la française ou à l'italienne. C'est d'ailleurs la seule chose que je sache faire en cuisine !

Harry se mit au fourneau. Il prenait plaisir à cuisiner en utilisant la magie. Le garde-manger était très bien pourvu et Harry pouvait se laisser aller à sa créativité culinaire sous les regards souriants d'Eridan.

Alors tu ne t'es pas ennuyée ici ? demanda Harry.

Bien sûr que non ! Entre les souvenirs de Rémus et de Séverus, les fouilles des cartons de mon père, la décoration de la maison… et nos rendez-vous à travers les carnets, je ne risquais pas de m'ennuyer !

Harry nota qu'elle avait, pour la seconde fois, utilisé le prénom de leur professeur de potion. Bien sûr, il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'ils se soient encore rapprochés mais cela lui faisait étrange qu'une adolescente appelle leur terrible professeur par son prénom, surtout qu'il était persuadé qu'elle devait faire de même en sa présence. Harry se demanda, un sourire aux lèvres, ce qui se passeraient s'il appelait son professeur par son prénom. Harry chassa cette idée de sa tête quand il se rappela ce qui l'attendait quand il serait une heure décente.

La porte de la cuisine s'ouvrit avec fracas sur un Rémus en colère suivi d'un professeur Rogue qui paraissait ravi de la tournure des événements au vu du petit sourire en coin qu'il affichait.

Harry faillit lâcher la poêle mais réussit tout de même à retrouver son calme et rattraper le vingt-quatrième pancakes de la matinée.

Harry ! s'écria Rémus. Es-tu devenu fou ! Qu'est-ce qui t'a pris de partir comme ça sans prévenir personne ! Tu te rends compte que tu aurais pu être capturé par des mangemorts sans que personne ne soit au courant ! Tu es devenu inconscient ou quoi ! Tu veux nous faire mourir d'inquié…

Tu veux une part de gâteau ? demanda Eridan qui sirotait une tasse de café bien serré.

Du gâteau ? répéta Rémus dont les sens de loup-garou devaient commencer à s'affoler à cause des effluves de café, de gâteaux, de pancakes…

Au chocolat, précisa Eridan.

Ah si c'est du gâteau au chocolat…

Et Rémus s'assit devant la grosse part de gâteau au chocolat que venait de lui couper Eridan sans plus se soucier des reproches qu'il avait à faire à Harry. Rogue renifla de mépris mais s'assit lui aussi et prit la tasse de café que lui tendait Eridan. Harry déposa sur la table la montagne de pancakes et une bouteille de sirop d'érable et s'assit à son tour.

Moi j'étais au courant, dit soudain Eridan.

Pardon ? demanda Rémus en faisant passer une énorme bouchée de gâteau avec une gorgée de jus d'orange.

Je disais que j'étais au courant que Harry venait ici…

Ah bon ! ne put s'empêcher de s'exclamer Harry.

Rogue haussa un sourcil mais ne dit rien, occupé à goûter de manière précautionneuse un morceau de pancake généreusement recouvert de sirop d'érable.

C'était facile à deviner d'après ce que tu écrivais…

Harry jeta un regard étonné vers Rémus et Rogue. Manifestement, ils savaient qu'ils pouvaient communiquer entre eux et ils ne paraissaient pas y trouver quoi que ce soit à y redire.

Cela n'empêche pas que tu aurais pu te faire attaquer par des mangemorts, reprit Rémus entre deux bouchées.

Ils étaient occupés ailleurs, répondit Eridan.

Où ? demandèrent les trois autres d'une même voix, ce que voyant Rogue il se retourna vers ses pancakes.

Ils étaient occupés à subir la punition de Voldemort après ce qui s'était passé dans le Londres moldu.

Comment ça ? demanda Harry, le seul qui n'avait pas la bouche pleine. Il me semble que l'attaque de l'immeuble était une réussite…

Ils se sont trompés d'immeuble. Juste à côté de l'immeuble que les détraqueurs ont attaqué, il y a un très grand hôtel dans lequel se tenait une conférence internationale à laquelle participaient des chefs d'état moldu de plusieurs pays. Voldemort voulait frapper un grand coup et au lieu de ça, il est responsable de la mort étrange de moldus comme les autres…

Tu savais qu'il y avait une conférence internationale juste à côté de l'immeuble attaqué ? s'étonna Harry.

C'est Hermione qui me l'a dit. Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi ils avaient choisi cet immeuble particulier pour leur première attaque. Elle trouvait que ce n'était pas très judicieux…

Il n'y a pas de raison non plus pour qu'ils aient attaqué la famille Perks ! rappela Harry.

Leur père, alors que d'ascendance moldue, était le plus haut responsable du département des mystères…

Vraiment ? Je ne le savais pas… Je devrais peut-être m'intéresser à la politique sorcière de temps en temps…

Tant qu'Hermione le fait pour toi !

Eridan affichait un petit sourire narquois qui n'était pas sans rappeler celui que le professeur Rogue affichait lui aussi, mais dans son cas presque en permanence, ce qui ne manquait pas d'inquiéter Harry.

Tout de même Harry, tu ne pouvais pas savoir que tu ne risquais rien et tu as failli nous faire mourir d'inquiétude ! continua Rémus.

Je suis désolé, je crois que je n'ai pas vraiment réfléchi sur le coup, j'ai juste pensé que les transports moldus étaient préférables…

Rogue grogna quelque chose comme : comme si cela arrivait qu'il réfléchisse, comme son satané père… mais Eridan fit glisser vers lui un énième pancake et Rogue reprit son activité de mastication au lieu de grognements sarcastiques.

Mais il n'y aurait pas dû avoir quelqu'un pour surveiller la maison de mon oncle et ma tante ? s'étonna soudainement Harry.

Tout le monde sauf Séverus était occupé avec ce qui venait de se passer chez les moldus, expliqua Rémus en entamant sa troisième part de gâteau au chocolat sous les regards vaguement dégoûté de Harry.

Harry ne répondit rien.

Peut-être devrions-nous aller installer ta chambre, proposa Eridan.

Rémus et Rogue levèrent les yeux de leur copieux petit déjeuner pour leur jeter le même regard interrogatif.

Harry a passé la nuit à cuisiner, expliqua simplement Eridan.

Rémus et Rogue replongèrent dans leurs assiettes et Harry et Eridan sortirent de la cuisine.

En passant dans le salon, Harry ne put s'empêcher de s'approcher de la tapisserie représentant l'arbre généalogique des Black. Il put facilement remarquer les modifications. Tout d'abord, les noms qui avaient été effacés avaient retrouvé leur place sur l'arbre et même si les autres noms n'avaient pas disparu, ils étaient beaucoup moins visibles que les nouveaux. Harry put ainsi repérer la famille Weasley dans un coin, Alphard Black, Androméda Black et sa famille, mais aussi Narcissa et son fils alors que le nom de son mari apparaissait à peine. Harry suivit surtout des yeux la branche principale, presque effacée jusqu'au nom lumineux de Sirius. Un trait le reliait à Circé Jedusor et d'eux partait un autre trait au bout duquel se trouvait le prénom d'Eridan.

J'ai quelque peu compléter et modifier l'arbre, dit la jeune fille.

Tu as bien fait, il est beaucoup mieux ainsi !

Oui. Il faudra que je demande à Narcissa qu'elle me raconte l'histoire de la famille Black…

Narcissa Malfoy. Narcissa Black d'abord. En voilà une autre qui était étonnante. Elle avait manifestement épousé un homme qu'elle détestait, elle avait cherché à protéger son fils et les autres enfants de l'armée de Voldemort. Et ensuite, elle avait dû vivre dans la crainte que Voldemort ou son mari ne finisse par tuer son fils tout en désespérant que son fils se comporte comme son père. Sa vie n'avait, de toute évidence, pas été facile. Mais Harry n'était pas certain de connaître des gens dont la vie avait été facile…

Eridan accompagna Harry jusqu'à la chambre qu'elle lui avait préparée. Une chambre toute simple, aux murs blancs et qui paraissaient nettement moins sombre et hantée que le reste de la maison, qui le paraissait déjà moins depuis qu'Eridan y vivait. Sur l'une des étagères, Harry remarqua une chaîne stéréo. Décidément, Eridan aimait mêler les objets moldus et la magie !

J'imagine la tête que feraient tes grands-parents s'ils voyaient des machines moldues dans leur maison ! s'exclama Harry. Ils en feraient probablement un infarctus !

Ras-le-bol des grands-parents ! s'exclama Eridan.

Ça, on ne peut pas dire que tu sois gâtée, question grands-parents !

Je suppose que ma grand-mère maternelle était plus sympathique, enfin je l'espère… Heureusement que je n'ai pas eu à connaître ceux-là… Enfin, même si je ne les rencontrerai jamais, je pense pouvoir dire que mes parents, eux, étaient des gens biens…

Harry et Eridan restèrent silencieux quelques minutes.

Bon, je vais te laisser t'installer, il faut que j'aille me doucher, finit par dire Eridan. Ah, au fait, si jamais tu as quelques problèmes avec ta douche, ne t'inquiète pas ! J'essaie d'installer le chauffage central mais il y a encore des interférences avec la magie…

Harry la regarda partir avec un sourire aux lèvres. Triple rupture d'anévrisme, madame Black, pensa-t-il.

Harry rendit leur taille normale à ses affaires et les rangea soigneusement. Il hésita devant la cage d'Hedwige, se demandant si Eridan avait installé une volière. Il faudrait qu'il le lui demande… Harry décida lui aussi de prendre une douche. Manifestement, les installations mixtes d'Eridan fonctionnaient plutôt bien car il ne manqua pas d'eau chaude.

Alors que l'eau coulait sur son corps, Harry se sentait bien. Pour la première fois de sa vie, il se sentait chez lui. Ce n'était pas comme pour Poudlard, car s'il adorait le château et le considérait comme sa seconde maison, il n'avait jusqu'alors pas eu de première maison ! Mais dorénavant, il savait qu'il pouvait considérer la maison des Black comme sa maison. La maison d'Eridan se reprit-il mentalement, la dernière des Black.

Harry finit par sortir de sa chambre pour retrouver Eridan, Hedwige sur l'épaule. Il la trouva dans le salon, en train d'installer de petites ampoules électriques reliées par des barres métalliques.

Harry lui jeta un regard interrogatif.

J'ai installé l'électricité, ou plutôt j'ai réussi à faire fonctionner des ampoules électriques avec de l'énergie magique. Cela n'a pas été sans mal, j'ai même failli électrocuter Séverus, une chance qu'il ne soit pas rancunier…

Avec toi seulement !

Eridan sourit.

J'essaie de moderniser un peu cette maison. J'en ai marre de vivre comme au Moyen Age, ça a son charme bien sûr mais je trouve la modernité plus confortable…

Et comme ça, au cas où le portrait de ta grand-mère maternelle déciderait de réapparaître, elle fera directement une crise cardiaque !

Les deux adolescents échangèrent un rire.

Dis-moi, y a-t-il une volière ici ? finit par demander Harry.

Oui, j'en ai installé une. Je finis ça et je t'y emmène !

Harry observa la jeune fille fixer magiquement les ampoules puis s'émerveilla quand elles s'éclairèrent. Il y avait véritablement quelque chose de fascinant dans ce mélange de magie et d'appareils moldus !

Harry fronça soudain les sourcils :

Ce n'est pas sensé être interdit de modifier magiquement des objets moldus ? demanda-t-il, inquiet.

La loi a quelque peu changé depuis le changement de ministre. Ce n'est plus interdit si ces objets magiquement modifiés ne sont utilisés que par des sorciers et à des fins strictement pacifiques et légales.

Rassuré, Harry emboîta le pas à la jeune fille. Il n'avait aucune idée de l'endroit où elle l'entraînait, d'une part car il n'avait jamais vraiment exploré la maison, d'autre part car Harry était prêt à parier que certaines des modifications apportées par Eridan étaient bien plus conséquentes que de la décoration !

Ils finirent par aboutir dans une pièce octogonale dont les murs et le plafond étaient en Plexiglas transparent et qui possédaient plusieurs ouvertures vers le plafond. Le sol était recouvert de paille et des murs et du sol jaillissaient de véritables branches d'arbres feuillues qui servaient de perchoirs. Trois oiseaux s'y trouvaient. Deux chouettes et… un faucon. Harry, bien que peu connaisseur en ornithologie, aurait parié que c'était le même faucon qui lui avait apporté la photo à Noël.

C'était toi ! s'exclama-t-il. La photo représentant Pettigrow et Voldemort ?

Eridan hocha la tête.

Tu semblais tellement vouloir le réhabiliter, je me suis dit que cette photo pourrait t'être utile…

Elle l'a été mais je dois avouer qu'au début j'ai été trop choqué pour comprendre à quoi elle pourrait servir. Heureusement qu'Hermione a tout de suite compris son utilité…

Je pensais bien qu'elle au moins trouverait un moyen de l'utiliser…

Harry et Eridan restèrent quelques instants silencieux alors qu'Edwige rejoignait les autres chouettes sur les branchages.

Comment te l'es-tu procurée ? finit par demander Harry.

Je suis allée la faire pendant les vacances…

Comment ça !

J'ai profité d'un moment où j'étais seule pour me transporter discrètement dans l'un des manoirs de Voldemort. J'ai attendu que lui et Pettigrow soient assez près et j'ai pris la photo.

C'était très dangereux ! Il aurait pu s'apercevoir de ta présence !

Il y a peu de chance, à cette époque il pensait que j'étais morte depuis plusieurs années.

Mais comment savais-tu où il était ?

J'ai vécu avec lui pendant de nombreuses années, Harry ! Je connais tous ses manoirs ! Et comme c'est moi qui aie la clé de tous sauf deux… Ce n'était pas très difficile de trouver où il était !

Donc tu sais où Voldemort se cache…

Il n'est pas question que je le dise à quiconque ! C'est trop dangereux ! Je connais ces manoirs, leurs pièges... et mon sang me permet d'y entrer sans être automatiquement désintégrée…

Comment ça ?

Pour éviter que des aurors puissent trouver ses caches, Voldemort a fait une protection de sang. Toutes les personnes qui sont autorisées à y entrer ont dû donner de leur sang… Tu remarqueras que la plupart des sortilèges de magie noire nécessitent du sang humain…

Je suppose qu'il a dû annuler ta possibilité d'entrer maintenant…

C'est impossible ! C'est irrémédiable… C'est pour cela que Voldemort tient tant à éliminer les traîtres.

Dans ce cas, Rogue sait où le trouver !

Non car Voldemort a changé toutes ses caches après la nuit d'Halloween et le professeur Rogue n'a pas revu Voldemort depuis…

Harry hocha la tête. Il était tout de même très intéressant de savoir qu'on pouvait trouver Voldemort. Par contre, Harry n'aimait pas que seule Eridan le puisse !

Les jours s'écoulaient calmement square Grimmaurd. Il était plutôt rare que Rémus et Rogue soient là tous les deux en même temps et quand c'était Rogue qui était chargé de faire la baby-sitter, il cherchait le plus souvent à éviter Harry ce qui convenait parfaitement à l'adolescent. Ils ne se voyaient qu'au repas, qu'il préparait généralement bien que Rogue se soit révélé être un bon cuisinier. Sans doute que les potions et la cuisine devaient avoir des points communs !

Harry et Eridan passaient les journée à éplucher les journaux sorciers et moldus, à communiquer avec Ron et Hermione, à arranger la maison et trier les affaires de Sirius en discutant de sujets très variés et à écouter les souvenirs de Rémus. Souvent, ils se retrouvaient la nuit, ne pouvant dormir, et ils avaient ainsi terminé le journal des maraudeurs. Ils avaient lu toutes les lettres de Sirius qu'il avait écrites l'année qu'il avait passée coincé square Grimmaurd. Des lettres qui racontaient la nuit du 31 octobre 1981, la trahison de Peter, les douze années d'emprisonnement, l'année passée dans la maison des Black… Bien sûr, il y avait aussi des souvenirs heureux mais Eridan et Harry étaient plus sensibles à ceux tristes et mélancoliques. Peut-être parce que leur vie était, par bien des côtés, triste et mélancolique. Combien de fois s'étaient-ils retrouvés dans la chambre de l'un ou de l'autre, à se demander ce qu'ils avaient fait pour en arriver là et surtout comment s'en sortir. Comment éviter de nouveaux morts, de nouvelles souffrances, et comment oublier… Comment oublier les malheurs des autres et les leurs !

Harry et Eridan avaient conclu un accord. A tour de rôle, ils racontaient un de leurs pires souvenirs, afin de se libérer, de se pardonner et d'oublier. Une sorte de thérapie en fait. Bien sûr, en ce qui concernait Harry, il avait déjà raconté bon nombre d'entre eux à Eridan, mais ce n'était pas grave, c'était le jeu ! Et Harry était toujours curieux de ce qui avait trait à son amie.

Cette nuit là, c'était au tour d'Eridan. Harry regardait la jeune fille penchée à la fenêtre. Il était assis sur son lit, dos au mur. Il savait que ce qu'allait raconter Eridan était horrible. C'était toujours horrible. Comment aurait-il pu en être autrement alors qu'elle avait vécu auprès de Voldemort ? Bien sûr, il y avait aussi de meilleurs souvenirs, ceux qui avaient trait à l'amitié et la solidarité entre les cinq enfants… Harry commençait à comprendre les liens qui unissaient Eridan et Malfoy et en les comprenant, il n'en était plus jaloux…

Harry attendait que la jeune fille se décide. Manifestement, ce souvenir-là avait du mal à passer. Mais Harry avait du mal à imaginer qu'il put être pire que le dernier qu'Eridan avait raconté. Le souvenir de la fois où les cinq enfants avaient essayé de priver définitivement Voldemort de ses pouvoirs. Et quand Lucius Malfoy les avait surpris… Et la punition de Voldemort, à coup de doloris et d'autres sorts… Et quand il les avait attachés à des poteaux dans une sorte d'arène et qu'il avait lâché sur eux des déchiqueteurs, ces monstres bleus que Harry avait vu quand Malfoy avait dû affronter les épouvantards, au début de l'année… Et quand il avait brisé les poignets d'Eridan à la magie noire alors qu'elle était à peine consciente. A peine mais encore trop pour ne pas voir ce qui était arrivé aux autres, pour ne pas être anéanti par la douleur, pour ne pas comprendre ce que signifiait avoir les poignets brisés…

Eridan finit par se mettre à parler de cette voix douce mais rendue plus rauque par l'émotion et la culpabilité :

Je devais avoir six ans ce jour là. J'avais encore une fois crié à Voldemort que je le détestais, que je ne ferais rien de ce qu'il voulait et surtout pas tuer. Et encore une fois, il m'avait puni… J'étais affalée sur le sol, à quelques mètres de lui à peine et je pouvais l'entendre parler avec ses mangemorts. Il racontait ses plus belles victoires, ses plus beaux assassinats ! Il s'amusait à dire que tous les gens qu'il avait tué étaient des faibles et des lâches, qu'ils n'étaient rien, des petites choses insignifiantes et méprisables. J'ai commencé à sentir la haine grandir en moi et prendre la place de la douleur. Une haine folle qui me brûlait et me faisait bien davantage souffrir que ses doloris. Et il a commencé à parler de ma mère…

Eridan fit une pause. Bien qu'elle était de dos, Harry savait qu'elle avait fermé les yeux et serré les poings. Il l'entendit prendre une profonde respiration et elle reprit :

A ce moment, la haine m'a submergée. Je me suis redressée sur mes bras et j'ai jeté sur eux un regard de pure haine. Ils ne s'en sont pas rendu compte… Et c'est à ce moment-là que deux d'entre eux ont éclaté de rire… Je me suis tournée vers eux… Et ils ont implosé. Je les ai fait imploser !

Harry ferma les yeux, se mordant les lèvres pour ne pas crier.

Le pire, c'était le rire de Voldemort. Il était ravi ! Ravi parce que j'avais tué… Ravi parce que malgré tout ce que je faisais, je ne pouvais pas éviter d'être ce qu'il voulait que je sois…

Eridan se retourna vers Harry, avec cette lueur d'inquiétude dans les yeux qui signifiait que la jeune fille attendait son jugement.

Harry tendit la main vers la jeune fille et l'attira vers lui. Blottis l'un contre l'autre, dans le silence le plus complet, Harry savait qu'ils partageaient bien plus que des paroles mais aussi des souvenirs, des impressions, des peurs et du réconfort. Dans ces moments là, il avait souvent l'impression qu'ils étaient seuls au monde et que rien d'autre en dehors d'eux n'existait… Mais la réalité finissait toujours par les rattraper par les ululements d'un hibou, l'appel de Rémus ou de Rogue, l'une des machines moldues qui se détraquaient, ce qui arrivait de plus en plus rarement.

Ce matin là, quand ils descendirent, Harry et Eridan aperçurent Rémus et Rogue. C'était étonnant, ils n'étaient tous les deux présents que très rarement. Et la tête qu'ils faisaient était plutôt inquiétante. Pas qu'ils aient l'air particulièrement catastrophé ou énervé mais… Disons que Harry ne parvenait pas à comprendre ce que leur tête affichait.

Ils se tournèrent vers eux d'un même mouvement, affichant le même air coupable. Avant que Harry ait pu poser la moindre question, Rémus tendit une lettre à Eridan. A voir le regard que jetait le dernier maraudeur à Harry, la lettre le concernait lui aussi.

Harry observa Eridan pendant qu'elle lisait. Il vit ses yeux devenir bleus mais son visage ne laissait rien transparaître d'autre. Elle finit par tendre la lettre à Harry et prit la tasse de café que lui tendait le professeur Rogue.

Harry saisit la lettre avec une certaine anxiété. Il reconnut l'aspect officiel des lettres du ministère. Il posa directement les yeux sur la signature : Amélia Susan Bones, ministre de la magie. Un peu interloqué, Harry commença sa lecture. La lettre annonçait que le ministère souhaitait réparer une erreur vieille de seize ans. Sirius Black devait être réhabilité et recevoir l'Ordre de Merlin première classe à titre posthume. Il était donc demandé à ses héritiers, sa fille Eridan Black et son filleul Harry Potter de venir assister à la cérémonie qui avait lieu l'après-midi même.

Harry se laissa tomber plus qu'il ne s'assit sur une chaise. Il aurait dû être content, c'était ce qu'il voulait depuis longtemps. Mais le verbe devoir montrait bien tout le problème. Harry n'était pas certain d'être satisfait. Certes, il était temps que son parrain soit réhabilité mais l'Ordre de Merlin ! Bien sûr que Sirius le méritait mais Harry avait tendance à penser que, là où il était, Sirius n'en avait rien à faire des honneurs posthumes ! En même temps, il ne pouvait pas reprocher au ministère d'avoir tardé, ce n'était plus le même ministre ! D'ailleurs, Harry aurait mis sa main au feu que si Fudge était resté ministre, jamais Sirius n'aurait pu être réhabilité… Un mot de la lettre lui revint à l'esprit.

Il y a inscrit Eridan Black ! s'exclama-t-il. Cela veut dire que tu es reconnue comme sa fille !

C'est exact, répondit Rémus. L'officialisation doit se faire cette après-midi en même temps… C'est une idée de Dumbledore…

C'est une bonne idée, mais j'aurai préféré que le professeur Dumbledore me prévienne. Je ne suis pas sûre d'aimer les surprises… Vous n'étiez pas au courant ? demanda la jeune fille aux deux hommes.

Non, répondit le professeur. Nous te l'aurions dit sinon…

Eridan hocha la tête.

Il y a aussi écrit que nous sommes les héritiers de Sirius, ajouta Harry. Je croyais que vous n'aviez pas retrouvé le testament de Sirius.

C'était Dumbledore qui l'avait, répondit Rémus d'un air triste. Sirius parlait de Circé et de l'enfant qu'elle portait dans son testament. Il me l'a avoué quand je suis venu à Poudlard. Afin qu'Eridan puisse hériter sans problème, nous avons détruit le testament. Et en tant que filleul, d'autant plus que nous avons fait en sorte qu'il soit considéré que Sirius avait tenté de subvenir à tes besoins dans la mesure de ses possibilités, tu es aussi considéré comme son héritier.

Le silence s'installa. Harry comprit que les deux hommes attendaient quelque chose. Eridan échangea un regard avec Harry. Il hocha la tête.

Bien, je pense que nous devrions nous préparer pour cette après-midi, je suppose qu'il serait préférable que nous fassions bonne impression.

Harry se leva derrière elle.

Rémus et le professeur Rogue les avaient accompagnés au ministère. Ils se rendirent dans une salle bien différente de celle où avait eu lieu son procès. Cette salle était bien plus éclairée et plus accueillante. En son centre, se trouvait une estrade sur laquelle se tenait la ministre de la magie, divers officiels dont le père de Ron, et le professeur Dumbledore. Autour, dans les gradins, Harry aperçut, entre autres personnes, Malfoy et sa mère, Tonks et une femme qui avait un air de ressemblance à la fois avec la mère de Malfoy et avec Sirius. Harry se demanda ce que ces personnes faisaient là mais il n'eut guère le temps de s'appesantir sur la question car Eridan et lui furent appelés. Ils montèrent sur l'estrade et commença une longue cérémonie dans laquelle le ministère s'excusait de son erreur envers Sirius Black et réhabilitait sa mémoire. Il fut expliqué que les journalistes, que remarqua Harry dans les gradins, publieraient le lendemain un article relatant la réhabilitation officielle et officialiserait l'histoire que Harry et ses amis avaient fait passer dans le Chicaneur. D'autre part les textes officiels signaleraient l'erreur du ministère et préciseraient la vérité. Ensuite, la cérémonie passa à la reconnaissance d'Eridan comme la fille de Sirius Black. Manifestement, la grande majorité des choses nécessaires avaient été faite mais il en restait une, et c'était pour cela que la mère de Malfoy et celle de Tonks, Harry avait appris que la femme qui accompagnait la jeune auror était Androméda Black, la troisième cousine de Sirius, étaient présentes.

Madame Androméda Black Tonks et madame Narcissa Black Tonks, en tant que derniers membres de la famille Black, reconnaissez-vous cette jeune fille comme la fille de votre cousin, feu Sirius Black.

Les deux femmes hochèrent la tête.

Parfait, à partir de ce jour, vous êtes reconnue comme la fille de Sirius Black, vous pouvez porter son nom et prétendre à tout ce que cela implique. Cependant, mademoiselle Eridan Black étant mineure, il s'agit de lui désigner un ou plusieurs tuteurs pour subvenir à ses besoins et administrer ses biens. La loi désignerait normalement ses plus proches parents mais au vu des conditions actuelles, nous avons pris en compte la requête de messieurs Severus Rogue et Rémus Lupin d'être les tuteurs de mademoiselle Black. En tant que ses plus proches parentes par le sang, cela vous convient-il ? demanda madame Bones aux deux cousines de Sirius.

Androméda hocha simplement la tête.

Si c'est ce qu'Eridan souhaite, dit Narcissa, je n'ai aucune raison de m'y opposer.

Eridan assura que c'était ce qu'elle souhaitait en envoyant un sourire à Narcissa Black Malfoy. Harry remarqua que la femme n'avait plus cet air pincé et le nez froncé qu'il lui avait vu lors de la coupe du monde de Quidditch. Manifestement, c'était la présence de son mari qui provoquait ces réactions chez elle !

Ensuite vint la cérémonie de la remise de l'Ordre de Merlin première classe. Harry et Eridan reçurent la médaille pour Sirius. Harry n'arrivait pas vraiment à savoir ce qu'il ressentait. Sirius avait été réhabilité, ce qu'il avait toujours voulu, mais en même temps ces cérémonies donnaient à sa mort une allure officielle, un caractère définitif. Il ne pouvait plus nier sa mort maintenant. Harry s'aperçut qu'une part de lui avait encore espéré qu'il pourrait revoir son parrain. Mais dorénavant, même cette part s'était tût et Harry s'efforça de ne pas laisser voir sa tristesse. Il s'accrocha au léger sourire que lui destinait Eridan et essaya d'éviter de penser.

Alors qu'un toast était porté en l'honneur de Sirius, un homme s'approcha d'Eridan et de Harry. Il se présenta comme Richard Parwick, avocat magique, et leur expliqua que le ministère ne pouvait pas s'en sortir simplement en reconnaissant la monumentale erreur qu'il avait faite. Mais ils pouvaient demander de l'argent en réparation… L'homme ne finit pas sa phrase en voyant le regard que lui lançait Eridan et Harry lui conseilla de ne plus jamais les approcher. L'homme ne se le fit pas dire deux fois et décampa alors qu'Eridan entraînait Harry vers les Malfoy. Eridan salua la mère et le fils, Harry se contenta d'un hochement de tête vers Drago et d'une poignée de main vers sa mère.

Je suis contente de vous voir, madame Malfoy, dit Eridan.

Appelle-moi Narcissa. De plus je redeviendrais bientôt madame Black. J'ai demandé le divorce.

Harry se demanda si Drago allait garder le nom de son père mais il préféra éviter de poser la question.

Je suis contente de te savoir en vie Eridan, j'ai vraiment crû qu'il t'avait tuée, continua la mère de Drago.

Il faut croire qu'il n'a pas réussi. Vous êtes parvenue à empêcher votre mari de s'approcher de chez vous ?

Ne t'inquiète pas pour nous, nous avons des ressources qu'il ne connaît pas. En tout cas, je suis contente que le professeur Rogue et monsieur Lupin te conviennent comme tuteurs mais tu sais que tu peux venir à la maison tant que tu veux…

Eridan hocha la tête.

J'ai été ravie de te revoir, et de vous rencontrer monsieur Potter, maintenant je crois que je vais essayer d'aller me réconcilier avec ma sœur et rencontrer mon autre nièce…

Harry et Eridan les regardèrent partir, elle et Drago, vers la famille Tonks. Finalement, Eridan se retrouvait avec une famille, une de sang et une par choix qui se rajoutait à celle que s'était créé Harry. Ils n'étaient plus tous deux de pauvres orphelins seuls au monde et, en réalité, ils ne l'avaient jamais été. Ils avaient toujours pu compter sur une part de leur famille qui, de manière directe ou indirecte, visible ou cachée, veillait sur eux.

L'atmosphère était détendue. Harry et Eridan avaient été présentés à la mère de Tonks, ravie de rencontrer le filleul de son cousin préféré, dont lui avait beaucoup parlé sa fille, et la fille dudit cousin. C'était de toute évidence une femme très sympathique et qui n'avait pas tardé à pardonner à sa sœur dès qu'elle avait su toute l'histoire.

Harry avait commencé à entamer une conversation civilisée avec Malfoy quand les premiers cris se firent entendre. Tout le monde se tourna vers la porte. Un homme en jaillit et cria, paniqué :

Les mangemorts attaquent !

Aussitôt, des dizaines d'aurors apparurent pour protéger la ministre et les différents officiels. Harry vit Tonks se charger de sa mère, de sa tante et de son cousin alors que le professeur Rogue, les entraînaient, Eridan et lui, vers un coin de la pièce.

Les premiers mangemorts apparurent, la capuche noire couvrant leur visage. Mais Harry savait parfaitement qui était à leur tête. Il la reconnaissait à son rire effrayant. Bellatrix ! Une petite voix cynique chuchota à Harry que cela devait faire longtemps que les trois sœurs Black n'avaient pas été réunies mais il fut coupé par le professeur Rogue qui leur mit dans les mains un plateau de petits fours. Harry se sentit tiré par le nombril et avant qu'il ne comprit vraiment ce qui lui arrivait, il atterrit dans la cuisine du square Grimmaurd aux côtés d'Eridan, un plateau de petits fours dans les mains.

Harry mit quelques minutes à reprendre ses esprits, et pour poser le plateau sur la table, puis la colère le saisit.

Il fallait même qu'il gâche cet instant ! hurla-t-il.

C'est une provocation, répondit Eridan d'une voix lasse.

Et bien à force de me chercher, il va finir par me trouver ! Je veux aller me battre !

Eridan ne répondit rien. Harry finit par se sentir un peu stupide à s'énerver ainsi devant la seule personne qui pouvait le comprendre.

Je suis désolé, murmura-t-il, honteux. Mais je n'en peux plus d'attendre sans rien faire alors qu'il attaque des gens, des gens que je connais, que j'aime ! Je ne veux plus voir le nom de nouvelles victimes dans la Gazette. Je n'en peux plus de ne rien faire !

On ne peut rien faire ! Rémus et Séverus ne nous laisserons pas aller nous battre…

Ils ne sont pas là pour le moment, ils sont occupés par les mangemorts mais je serais prêt à parier que Voldemort n'est pas au ministère.

Probablement pas. Qu'as-tu en tête ?

Tu sais où il se cache…

Je t'ai déjà dit que tu ne pourrais pas entrer, il y a une protection de sang !

A la fin de ma quatrième année, lors de la soi-disant renaissance de Voldemort, il m'a pris du sang pour se reconstituer, ça ne suffirait pas ?

S'il a joint ton sang au sien, il a forcément dû changer la protection de sang de ses manoirs pour pouvoir y entrer… Oui, je suppose que cela pourrait fonctionner…

A moins qu'il ait changé de cache depuis qu'il sait que tu n'es pas morte. Et il a bien dû comprendre maintenant comment on s'était procuré la photo…

Non, il n'aura pas changé d'endroit. Il me connaît assez pour savoir que je n'aurai jamais révélé sa cache à personne afin de ne pas envoyer quelqu'un à la mort. Et comme je te l'ai dit, c'est une provocation. Il nous attend !

Les deux adolescents restèrent silencieux.

Je n'aime pas me sentir manipulée ! s'exclama soudain Eridan.

Bienvenue au club ! Même si je sais que c'était pour mon bien et pour celui du monde magique, je ne peux pas m'empêcher de penser que Dumbledore m'a manipulé.

Eridan poussa un soupir.

Que faisons-nous ? demanda Harry.

La jeune fille parut prendre une décision.

Ce n'est pas comme si nous avions vraiment le choix. Il fera tout pour nous attirer à lui et je préfère qu'il n'ait pas le temps de tuer d'autres personnes.

Harry hocha la tête.

Nous devrions laisser un mot à Rémus et Séverus.

Eridan fit apparaître un parchemin et une plume. Elle hésita un instant puis inscrivit simplement : Nous partons affronter Voldemort. Il nous attend. Prenez soin de vous.

Elle signa, Harry l'imita. Maintenant, ils ne pouvaient plus faire demi-tour ! La jeune fille lui tendit la main.

Ne pense à rien et fait moi confiance.

Harry prit la main tendue et s'efforça de vider son esprit, comme pour un cours d'occlumencie. Sans trop savoir pourquoi, il ferma les yeux.

Quand il les rouvrit, ils n'étaient plus dans la cuisine du square Grimmaurd. Mais sur une lande déserte où poussait une herbe sèche et jaunâtre. De temps en temps, quelques arbres tordus rompaient la monotonie du paysage. Un peu plus loin, se dressait un énorme manoir noir. En fait, le bâtiment ressemblait davantage à une forteresse du Moyen âge avec ses tours et ses créneaux. Nul bruit ne se faisait entendre, pas le plus petit pépiement d'oiseaux, pas le moindre souffle de vent, et Harry n'apercevait aucune trace d'être vivant en dehors des rares végétaux. Le paysage n'était pas exactement lugubre, pas avec ce soleil brûlant, mais l'atmosphère était pleine de désolation.

Harry finit par se tourner vers Eridan. Elle regardait le manoir en se mordant les lèvres. Elle finit par s'apercevoir qu'il l'observait et elle tenta un sourire. Elle sembla hésiter puis, avant qu'il ne put faire le moindre mouvement, elle l'embrassa. C'était un simple baiser mais qui sonnait comme un adieu. Harry tourna une dernière fois son visage vers le soleil brûlant puis sortit sa baguette. L'air décidé et exempt de toutes peurs, les deux adolescents fixèrent leurs regards sur le manoir.

Ne faisons pas attendre son altesse ! dit la jeune fille.

Et, main dans la main, ils se mirent en marche vers la forteresse d'un même pas.