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Chapitre 27 : La justice est aveugle… mais pas totalement sourde !
Harry était désespéré par leur situation. Est-ce que tout ce qu'il entreprenait devait toujours mal finir ? Il observa ses amis. Ginny, Luna et Neville étaient plus ou moins blessés mais tous conscients et leurs blessures n'étaient pas mortelles. Pour ce que cela allait changer ! Ron et Hermione avaient entremêlé leurs doigts, présentant une image touchante d'une union jusqu'à la mort. Drago, lui, n'était que fureur. Fureur dirigée contre son père et contre lui-même pour être tombé dans le piège. Harry avait l'impression qu'il n'avait jamais autant haï son père que ce jour-ci où, pour la première fois, il respectait ses propres préceptes : un Malfoy ne se soumet à personne ! Et c'était de leur faute si Lucius Malfoy avait décidé de se débarrasser puis de remplacer Voldemort. Sans eux, il se serait sans doute contenter d'être un bon bras droit, un petit mangemort bien obéissant et soumis à son maître vénéré ! Etait-ce pour cette raison qu'Eridan ne cessait de fixer Voldemort ? Quitte à choisir, il aurait été normal qu'elle préfère la tyrannie de son grand-père à celle de Lucius Malfoy ! Pour lui, les deux se valaient. On ne choisit pas entre la peste et le choléra ! Quoique, Voldemort avait au moins le prétexte d'avoir été abandonné par son moldu de père, d'avoir été un sang-mêlé dans un orphelinat moldu puis à Serpentard. Alors que Malfoy avait probablement eu tout ce qu'il voulait pendant son enfance, une vie peut-être sans amour mais en tout cas facile.
Harry se gifla mentalement. Voilà qu'il défendait Voldemort ! Contre Lucius Malfoy certes… Il fallait vraiment qu'il soit désespéré ! Et il ne lui restait plus qu'à souhaiter que Malfoy soit plus facile à battre que ne l'avait été Voldemort. Quoi qu'il en soit, cela ne le concernait plus. Il allait mourir…
Malfoy, toujours souriant, pointa sa baguette vers eux. Les mangemorts l'imitèrent. Les huit adolescents se resserrèrent les uns contre les autres et Voldemort était toujours impassible.
Malfoy ouvrit la bouche. Harry serra les dents.
Avad…
Et le monde explosa autour d'eux…
En fait, Harry le comprit un peu plus tard, ce n'était pas le monde dans sa totalité qui avait explosé mais juste la porte de la bibliothèque et la fenêtre cachée derrière des rideaux. Mais la situation était si désespérée et ce qui était arrivé si imprévu que le flou perdura pendant de longues minutes et que ce ne fut que bien plus tard que Harry comprit réellement l'enchaînement des événements. Sur le coup, il était à peu près resté immobile et hébété, son cerveau affichant un petit écriteau où était inscrit hors service.
La porte et la fenêtre avaient explosé sous l'action de nombreux sorciers dont la plupart portait des costumes d'aurors et que Harry connaissait en majorité. Il y avait son père, Sirius, Rémus, les professeurs Dumbledore et Rogue, Maugrey, Tonks, Arthur Weasley, Kingsley Sacklebolt et une dizaine d'autres aurors qu'il ne connaissait pas. Sous la surprise, les mangemorts ne réagirent pas assez vite et rapidement, ils furent encerclés.
Lâchez vos baguettes et rendez-vous ! ordonna Maugrey.
Les mangemorts hésitaient, ne sachant manifestement pas quoi faire, encerclés par une vingtaine de sorciers qui pointaient leurs baguettes sur eux. Quant à Voldemort, il n'avait pas fait le moindre mouvement mais sa présence, au milieu d'eux, avait perturbé plus d'un sorcier de l'équipe de secours, leurs parents les premiers. Sans compter que le cadavre de Bellatrix Lestrange, traînant dans un coin de la pièce, rajoutait encore un peu plus à l'étrangeté locale.
Mais si les mangemorts étaient trop perturbés par les derniers événements, et stupides, pour savoir quoi faire, Lucius Malfoy lui n'avait pas dit son dernier mot. Il attrapa et tira à lui l'adolescent le plus proche de lui ; il s'agissait d'Eridan.
Un seul geste de votre part et je la tue ! cria-t-il, tourné plus particulièrement vers Sirius.
Harry eut à peine le temps de se dire que prendre Eridan, qui n'avait pas besoin de baguette pour faire de la magie, comme otage, même affaiblie, n'était pas une très bonne idée avant que les événements ne se précipitent encore une fois, prenant un tournant non seulement totalement imprévu mais en plus, perturbant.
Avant que quiconque n'ait pu faire un geste, Voldemort s'était jeté sur Malfoy et, sortant un poignard dont ne savait où, il avait pourfendu son ancien mangemort de bas en haut. Malfoy était mort avec, sur le visage, une expression très proche de celle qu'avait affichée Bellatrix Lestrange, sa belle-sœur, quand il l'avait tuée. Puis Voldemort avait lâché le poignard et était retourné à son immobilité.
Harry n'arrivait pas à comprendre d'où Voldemort avait tiré un poignard et pourquoi il ne s'en était pas servi plus tôt, mais surtout il ne comprenait pas son geste. Ce devait être pour se venger de son mangemort qui l'avait trahi, supplanté et insulté. Et certainement pas pour sauver sa petite-fille. N'est-ce pas ?
En tout cas, son geste avait plus que perturbé la totalité des personnes présentes dans la pièce et les mangemorts s'étaient dépêchés de jeter leurs baguettes à terre et de lever les mains.
Une fois que chacun, ou presque, eut à peu près repris ses esprits, les aurors menottèrent les mangemorts. Mais, trop impressionnés par Voldemort pour s'occuper de lui, ils laissèrent ce soin à Maugrey, ancien auror retraité et paranoïaque notoire, qui menotta un Voldemort impassible et peu intéressé par ce qui lui arrivait, avec une grande joie et une certaine fierté.
Harry reçut une grande claque dans le dos de la part de Kingsley Sacklebolt : Bien joué, fiston ! qui manqua de peu l'envoyer embrasser le parquet sous les regards goguenard de Ginny, Neville et Drago. Ron et Hermione étaient dans les bras l'un de l'autre avec, manifestement, l'intention de ne plus jamais se séparer d'un pouce et Luna observait les entrailles toutes fraîches que Lucius Malfoy répandait sur le sol. Harry crût même l'entendre demander s'il allait être autopsié et si c'était le cas si elle pouvait y assister. Mais Harry préféra porter ses yeux loin de ce spectacle peu ragoûtant et se tourna vers Eridan qui s'était laissée prendre dans les bras par Sirius. Sirius qui jetait à Voldemort moins des regards haineux qu'affirmant à celui qui était finalement son beau-père, qu'Eridan était sa fille à lui et que Voldemort n'aurait plus jamais d'influence sur elle. Un Voldemort qui observait par ailleurs le couple formé par le père et la fille d'un air que Harry ne parvenait pas à déterminer ou plutôt qu'il ne voulait surtout pas comprendre !
Nous allons emmener ceux-là, finit par dire Maugrey en pointant du doigt les mangemorts et Voldemort. J'ai l'impression que vous avez besoin d'un peu de temps pour vous remettre…
Où allez-vous les emmener ? demanda Hermione qui s'était finalement décollée de Ron. Vous n'avez plus de prison…
Il y a quelques geôles dans les quartiers des aurors au ministère, t'inquiète pas fillette !
Et sur ces derniers mots, Maugrey tenant Voldemort, les aurors tenant les mangemorts, disparurent. Il ne resta bientôt plus dans la bibliothèque d'Azkaban que les huit adolescents, James, Sirius, Rémus, Arthur Weasley, Rogue et Dumbledore.
Quelqu'un est-il blessé ? finit par demander le professeur Rogue.
Ginny, Luna et Neville s'avancèrent et profitèrent des soins du professeur de potion, d'Arthur Weasley et du professeur Dumbledore. Pendant ce temps, les trois autres adultes s'assurèrent que les autres adolescents ne souffraient de rien d'autre que d'une grosse fatigue due à la dépense d'énergie et d'un certain malaise dû aux derniers événements.
Comment nous avez-vous retrouvé ? demanda Harry.
Quand nous avons constaté votre absence au petit déjeuner, nous vous avons cherché partout, expliqua Rémus. Nous avions bien entendu prévenu vos parents respectifs… Et à force de fouiller, nous avons fini par tomber sur des cartes d'Azkaban inachevées.
Ce n'était pas difficile d'en déduire où vous étiez allés, continua James.
Harry hocha la tête.
Mais comment avez-vous fait pour arriver jusqu'ici ?
Nous sommes tombés sur Pettigrow, répondit assez brutalement Sirius qui tenait toujours Eridan dans ses bras.
Harry et Eridan échangèrent un regard.
Il est vivant ? bégaya Harry.
Oui, il est enfermé à Poudlard, répondit Rémus. Nous l'avons interrogé sous véritasérum et il nous a révélé comment entrer à Azkaban. Ensuite, il a juste fallu le temps de prévenir quelques aurors. La suite vous la connaissez !
Les huit adolescents hochèrent la tête.
Par contre, les interrompit soudain le professeur Dumbledore, nous ne savons pas ce que vous êtes venus faire ici et comment vous en êtes arrivés à cette situation. Avec Voldemort au milieu de vous et Malfoy et les autres mangemorts qui s'apprêtaient à vous tuer, Voldemort compris, et le cadavre de Bellatrix Lestrange dans un coin.
Le regard de Harry se porta machinalement vers l'endroit où avait reposé le corps de Bellatrix. Mais heureusement, les aurors avaient aussi emmené les deux corps en partant.
C'est une longue histoire, soupira Harry.
Je vais vous expliquer, dit Hermione au grand soulagement de Harry qui n'avait pas vraiment envie de se lancer dans de longues explications.
La jeune fille leur raconta donc l'artefact, comment ils avaient réussi à priver Voldemort de sa magie et le piège de Lucius Malfoy. Drago expliqua plus clairement d'où venait l'artefact et l'idée de l'utiliser, Neville et Ginny la relayèrent pour raconter leur propre combat contre les mangemorts avec juste une porte entre eux, et Harry et Eridan apportèrent quelques ultimes précisions.
Les adultes les regardaient d'un air qui cachait mal, voire pas du tout, leur admiration et leur fierté.
J'espère que vous vous rendez compte du danger et de la difficulté des sorts, potions et magies que vous avez mis en œuvre pour arriver à priver Voldemort de sa magie ! s'exclama Dumbledore.
Le père de Ron et Ginny paraissaient un peu ébahi et il portait sur ses enfants un regard à la fois inquiet et fier et même le professeur Rogue paraissait, un peu, impressionné. Par contre, Harry n'aimait pas l'attitude d'Eridan.
Qui y a-t-il ? lui chuchota-t-il alors que Hermione et Drago précisaient au professeur Rogue certaines des étapes de la potion qu'ils avaient dû fabriquer pour préparer la méditation magique.
Voldemort ne s'est pas beaucoup défendu, lui répondit la jeune fille en murmurant elle aussi pour ne pas être entendue par les autres.
Tu crains que ce ne soit un piège ! s'inquiéta Harry.
Non ! Enfin, pas le genre de piège auquel tu penses…
Harry avait une vague idée de ce à quoi pensait Eridan et il était à peu près sûr qu'il ne voulait pas savoir et qu'Eridan ferait beaucoup mieux de ne pas s'en soucier.
Que vont devenir tous ces livres ? demanda soudain Hermione qui déambulaient parmi les étagères débordantes.
Harry savait que son amie espérait qu'ils pourraient être apportés à Poudlard ou dans tout autre endroit où elle pourrait les consulter mais personne n'avait la moindre idée de comment se réglerait l'héritage de Voldemort.
Ce ne devrait pas être ta mère qui héritera ? demanda Ginny à Eridan. C'est sa fille après tout…
Voldemort n'a jamais vraiment reconnu Circé comme sa fille, répondit Sirius.
Cela n'a aucune importance, dit soudain le professeur Rogue qui s'était approché du bureau de Voldemort.
Il tenait dans les mains un morceau de papier et il avait l'air un peu perturbé. Il jeta un regard à Eridan et Harry vit son amie blêmir.
Qu'est-ce que c'est ? demanda Rémus.
Entre temps, Sirius et James s'étaient approchés pour lire par-dessus son épaule.
C'est le testament de Voldemort, répondit Rogue d'une drôle de voix. Il lègue tout à Eridan sans la moindre demande en échange.
C'est assez logique, non ? demanda Hermione. Il a longtemps considéré Eridan comme son héritière…
Peut-être, mais il n'aurait plus dû me considérer ainsi, murmura Eridan en prenant le papier.
Hermione l'interrogea du regard.
Le testament a été rédigé hier, il y a la date bien en vue, précisa Eridan d'une voix qui laissait entendre un léger tremblement.
Le silence seul lui répondit. Harry essaya de ne pas y penser mais il ne le pouvait pas. Est-ce que Voldemort avait su, comme Malfoy, ce qu'ils avaient prévu de faire ? Mais dans ce cas, pourquoi n'avait-il pas essayé de les en empêcher et surtout pourquoi avait-il fait d'Eridan sa légataire ? Pour la culpabiliser ? Parce que quitte à choisir, il préférait que ses biens restent dans la famille, même si c'était la responsable de sa défaite qui en héritait ? Pourquoi avait-il rédigé son testament seulement la veille ? Et comment se faisait-il qu'il l'avait ainsi laissé en vue ? Est-ce que cela avait un rapport avec l'impression que Harry avait eu que Voldemort savait qu'il y avait quelque chose d'anormal quand il était entré dans la bibliothèque ? Est-ce que cela avait un rapport avec le fait qu'il avait tué Malfoy qui avait pris Eridan en otage ? Tout cela n'avait aucun sens ! Voldemort ne s'était quand même pas jeté délibérément dans un piège !
En tout cas, Harry comprenait qu'Eridan puisse se sentir mal. Voldemort pouvait être fier, il avait parfaitement réussi à les perturber alors même qu'ils l'avaient vaincu ! Enfin, si c'était vraiment son but… Et finalement, Harry préférait penser que c'était là le but de toutes ces manœuvres perturbantes, que Voldemort se sachant condamner ait voulu leur pourrir la vie une dernière fois… Malheureusement, Harry n'était pas très convaincu lui-même alors il voyait mal comment il pourrait convaincre Eridan.
Je crois qu'il est temps de rentrer, dit Dumbledore. Je pense que les prochains jours vont être un peu chamboulés, mais je pense que revenir à Poudlard est une bonne idée.
Les autres hochèrent la tête et le directeur de Poudlard tendit à chacun une chaussette dont les motifs, différents pour chaque chaussette, laissaient planer un doute sur le bon goût de leur ancien propriétaire.
Les portoloins les amenèrent dans une grande salle de Poudlard que Harry ne connaissait pas et dans laquelle se trouvaient deux femmes qui semblaient attendre quelque chose devant un feu qui ne réchauffait pas leur inquiétude manifeste.
Molly Weasley, puisque c'était l'une des femmes, poussa un cri avant de se jeter sur ses enfants qu'elle manqua de peu étouffer dans son embrassade. L'autre femme, plus âgée, se précipita vers Neville. Harry finit par la reconnaître ; c'était la grand-mère du jeune homme.
La porte s'ouvrit bientôt pour laisser passer un couple et un homme. Harry reconnut le couple même s'il ne les avait pas souvent vus, c'était les parents d'Hermione. L'autre homme, à la façon dont réagit Luna, devait être son père. Cette opinion fut prouvée lorsque l'homme, qui tenait sa fille embrassée, lança à la cantonade : Faudra m'accorder une interview !
Harry avait du mal à reprendre pied dans la réalité et ces scènes, certes touchantes, ne l'y aidaient pas beaucoup.
Allez, vos mères vous attendent. Elles doivent avoir tout régenté dans Poudlard pendant notre absence ! s'exclama James.
Laissant là les familles réunies, Harry, Eridan et Drago qui avait été invité à les suivre, sortirent de la pièce, précédés par les quatre derniers adultes : James, Sirius, Rémus et le professeur Rogue, le professeur Dumbledore ayant disparu à peine arrivé dans Poudlard.
Circé, Lily et Narcissa ont aidé le professeur McGonagall pour palier à l'absence de deux professeurs et du directeur de Poudlard, expliqua Sirius alors qu'ils marchaient dans les couloirs de Poudlard. Je ne suis pas sûr que les élèves y aient gagné au change !
Harry ne se repéra que lorsqu'ils furent aux portes de la Grande Salle où tous les élèves étaient réunis pour le déjeuner. Harry ne s'était pas rendu compte que le temps était passé si rapidement. Rémus passa la tête par la porte et quelques secondes plus tard, trois femmes franchirent le seuil, un air inquiet sur le visage qu'elles dissimulaient plus ou moins, une blonde, une brune et une rousse. Harry pensa immédiatement aux drôles de dames avant de se gifler mentalement. Seize ans à passer au moins les vacances d'été chez les Dursley, cela avait quand même une influence !
Que s'est-il passé ? demanda Lily.
Voldemort et ses mangemorts ont été emmenés par les aurors, répondit James.
Mes condoléances, Narcissa, ajouta Sirius. Mes doubles condoléances…
Narcissa haussa un sourcil interrogatif.
Lucius et Bellatrix sont morts…
Bon débarras ! répondit la femme en serrant un peu plus son bras autour des épaules de son fils. Que s'est-il exactement passé ?
Ça risque d'être long, murmura Harry qui commençait vraiment à être fatigué.
Il fallait reconnaître qu'ils venaient de faire une nuit blanche et que la matinée avait été plus que bien remplie !
Les jours qui suivirent trouvèrent Harry dans un état second et seul lui demeura un souvenir flou, même après son repos de douze heures grâce à une potion de sommeil sans rêve. Souvenir flou de l'arrivée de la Gazette relatant la capture de Voldemort et de ses mangemorts à l'exception de Lucius Malfoy et Bellatrix Lestrange qui avaient été tués. Souvenir flou encore la narration de ce qui s'était réellement passé dans le Chicaneur, les huit amis ayant pris un certain plaisir à offrir l'exclusivité de leurs interviews au journal du père de Luna. Souvenir flou toujours la déclaration de la ministre indiquant que tous les mangemorts et Voldemort seraient traduits en procès. Du flou encore pour la fermeture de Poudlard pendant toute la durée du procès. Du flou pour finir sur tous les journalistes, les demandes d'interviews, les questions des aurors…
Une fois encore, tout le monde avait réoccupé le Square Grimmaurd afin d'être près de la salle du procès, au ministère. Il s'y trouvait Harry, Eridan et leurs parents, Rémus, le professeur Rogue et la famille Weasley au grand complet. Hermione restait chez ses parents puisqu'ils vivaient à Londres et qu'ils étaient donc déjà près du ministère et surtout parce que ses parents se sentaient toujours un peu mal à l'aise dans une maison sorcière.
En ce jour du onze novembre, le procès contre le plus grand mage noir que l'Angleterre ait connu depuis longtemps, s'ouvrait. Il allait probablement durer plusieurs semaines, les chefs d'accusations étant presque innombrables. Mais quels que soient les crimes reconnus, la pire peine à laquelle pourrait être condamné Voldemort serait la prison à perpétuité, l'un des premiers actes d'Amélia Bones en tant que ministre de la magie ayant été d'abolir la peine de mort. Harry ne le regrettait pas. Il y avait eu assez de mort comme cela pour qu'en plus s'ajoute une hécatombe due à une justice expéditive et aveugle. Et rien ne justifiait légalement la peine de mort…
Après avoir récupéré Hermione à l'entrée moldue du ministère, tous les habitants du Square Grimmaurd, à l'exception de monsieur Weasley, se retrouvèrent devant les portes de la salle où se déroulerait le procès. Derrière eux, la foule était tellement dense que Harry se demandait s'il y avait un seul sorcier anglais en dehors du ministère.
Ils furent bientôt rejoints par Drago et sa mère, Luna et son père et Neville et sa grand-mère. L'air particulièrement froid et décidé du jeune Malfoy leur avait manifestement permis d'ouvrir un chemin dans la foule. Embrassades et poignées de mains suivirent.
Harry ne savait pas trop ce qu'il espérait de ce procès. Il voyait mal ce que cela allait changer. En même temps il comprenait que c'était nécessaire pour atténuer le désir de vengeance de bon nombre de sorciers. Et puis, il fallait bien faire quelque chose des mangemorts et toute autre action que légale les aurait désignés comme aussi mauvais que les gens qu'ils avaient arrêtés.
Harry avait discuté du procès avec Eridan. La jeune fille lui accordait une grande importance, elle disait qu'ainsi tout serait fini et qu'ils pourraient recommencer une nouvelle vie. Mais malgré l'importance qu'elle y accordait, Eridan avait absolument refusé de témoigner ou de porter plainte. Elle disait qu'une plainte de plus ne changerait pas grand chose, ce en quoi dans ce cas précis elle avait probablement raison, et que dorénavant, elle ne voulait plus qu'oublier. En aucun cas elle ne voulait exposer ce qui lui avait tenu lieu d'enfance devant la quasi-totalité de l'Angleterre sorcière ; elle ne voulait plus s'exposer. Bien sûr, Sirius et Circé n'avaient pas cherché à la convaincre, encore moins à l'obliger. Et personne d'autre ne s'y était risqué. Il aurait au moins fallu pour cela être sûr que c'était important et franchement cela, personne n'en savait rien !
A certains moments, Harry pensait comme elle et regrettait d'avoir accepté de témoigner. Il aurait préféré se contenter d'écouter, comme s'il n'était pas concerné, comme s'il n'était pas en partie responsable de la tenue de ce procès, comme s'il avait toujours eu une vie normale, promesse d'une future vie normale. Mais à d'autres moments, il se disait qu'il avait fait ce qu'il fallait. Que témoigner à ce procès était la suite logique de tout ce qu'il avait fait jusqu'à présent. Que c'était le meilleur moyen de mettre une fin à tout cela et de tirer un trait sur le passé… Mais le plus souvent, il se contentait de penser que c'était plus simple d'accepter que de devoir supporter les regards chargés d'incompréhension de tous ceux qu'il croisait et que, de toute manière, cela ne lui coûtait pas grand chose. En même temps, lui n'était pas le petit-fils et héritier de Voldemort ayant passé presque ses quinze premières années avec lui !
Il était exactement neuf heures du matin quand les portes de la salle du procès s'ouvrirent. Les sorciers s'engouffrèrent dans l'immense salle dans un certain désordre et un bruit assourdissant. Ça criait de tous les côtés et les gens se battaient presque pour avoir une place.
Harry et les autres s'installèrent aux deuxième et troisième rangs, juste en face de la tribune où siégeaient jurés et juges. Et personne ne leur disputa leurs places ! Ils auraient probablement pu avoir une place au premier rang, leur action dans la guerre et dans l'arrestation de Voldemort étant clairement reconnue, mais Eridan n'y tenait pas. Elle préférait, pour une fois, se fondre dans la masse et Harry était tout à fait d'accord avec cette idée. Sauf qu'il savait que dans le cas de son amie, ce n'était pas pour essayer de devenir une personne normale, comme les autres, mais pour tenter d'oublier, pour faire comme si elle n'était pas concernée…
Le brouhaha et les disputes continuaient lorsque les treize jurés entrèrent, escortés par quatre aurors qui se postèrent autour de leurs places. Harry savait que pour trouver des sorciers qui ne soient pas concernés par les crimes de Voldemort, le gouvernement avait dû aller chercher des citoyens anglais vivant à l'étranger depuis plusieurs générations et ayant coupé tous les ponts avec la mère patrie. Et il avait été très difficile de trouver les treize jurés nécessaires ! Parmi les sept femmes et les six hommes, âgés de vingt-trois à quatre-vingt-quatorze ans, trois venaient des Etats-Unis, deux d'Australie, un d'Afrique du Sud, un de Nouvelle Zélande, deux d'Indes, trois du Canada et un d'Egypte. Pendant les jours précédents, des photographies et toutes sortes d'informations sur les jurés avaient circulé au mieux dans les journaux, sinon par des rumeurs plus ou moins fondées. De telle sorte que pour tous les sorciers anglais présents, les treize jurés faisaient figure de proches connaissances.
Après l'arrivée des jurés vint celle des membres du gouvernement, protégés par une dizaine d'aurors d'élites. Bien sûr, ils n'assisteraient tous qu'à cette première journée d'ouverture. Il fallait bien que certains travaillent pour permettre à l'Angleterre sorcière de survivre. Mais comme pour tous les sorciers présents, le premier jour du procès, et probablement aussi le dernier, était incontournable.
La présence des membres du gouvernement ni celle des aurors ne calma une population déchaînée par le procès. Et les aurors s'apprêtaient à intervenir pour ramener un peu de calme quand il apparut. Aussitôt, tous se turent et s'assirent calmement.
Il, s'était le juge en charge du procès et Harry comprenait fort bien qu'il inspire tant de crainte et de respect. Il n'avait jamais vu aucune image de lui mais la presse, qui d'ailleurs restait, elle aussi, sagement dans son coin au lieu de mitrailler tout un chacun comme précédemment, avait plus que largement parler de lui. Attilius Regulus Gladius avait cessé d'exercer depuis une cinquantaine d'années déjà mais il était resté une légende vivante. Il avait instruit les procès des plus grands mages noirs qui avaient précédé Grindenwald, jugeant toujours avec une incroyable froideur, une extrême sévérité et une stricte observance des lois. La loi, et l'austérité, avaient d'ailleurs toujours guidé le moindre moment de sa vie à tel point que bien des années plus tôt, il avait condamné ses deux fils aînés à recevoir le baiser du détraqueur pour avoir utilisé un impardonnable sur l'homme qui avait violé et conduit au suicide l'une de leur sœur. Apparemment, le gouvernement sorcier avait dû estimer qu'il était l'homme le plus à même de conduire ce procès avec le calme et la légalité nécessaire.
Mais Harry faillit tomber de sa chaise quand il vit enfin l'homme. Il avait au moins trois cents ans ! Bon, peut-être pas mais en tout cas, il était plus âgé que Dumbledore ! Il était plus ridé qu'un vieux nem mais se tenait plus raide et plus droit que la plupart des jeunes gens de l'assemblée. Ces yeux d'un gris acier dardaient la foule derrière ces horribles lunettes carrées et pour compléter cela, il portait, impeccablement bien sûr, une longue perruque blanche et une robe noire.
Autant dire que la réputation et l'apparence du vieillard ne rassuraient pas Harry sur le déroulement du procès. Certes, il pensait que la sévérité était une bonne chose à l'égard de Voldemort et de ses mangemorts. Par contre, il connaissait de nombreuses personnes qui, bien qu'ayant pu commettre des crimes, méritaient toute leur clémence, leur compréhension et leur compassion ! Et en plus, le juge lui rappelait, par biens des aspects, Croupton senior !
Ce n'est pas dangereux d'avoir choisi un tel homme comme juge ? finit-il par demander. S'il est aussi intransigeant, il pourrait risquer de profiter de ce procès pour condamner d'autres personnes qui ne le méritent pas… s'inquiéta Harry en jetant des regards, assez peu discrets, à sa voisine, Eridan.
Cela fait bien longtemps que le juge Gladius a changé. La dernière fois que j'ai entendu parler de lui, il s'était lancé dans un grand programme d'œuvres caritatives et avait fondé un mouvement pour le pardon, la réhabilitation et la réintégration des anciens prisonniers et pour le retrait des détraqueurs d'Azkaban. Le dernier procès qu'il a dirigé était celui à l'égard de ses fils, il y a presque cinquante ans, et il ne s'en est jamais remis, expliqua Rémus. Il s'est cloîtré chez lui pendant une dizaine d'année après ces événements où il avait perdu non seulement ses deux fils mais aussi sa fille et sa femme, morte de chagrin. Je pense qu'il était rongé par la culpabilité. Depuis, il est devenu bien plus clément…
On raconte surtout qu'il n'a plus toute sa tête et que c'est pour cela qu'ils ont mis en place quatre juges secondaires pour ce procès, continua Sirius.
C'est surtout un symbole, expliqua Lily. Comme la balance chez les moldus.
Le professeur Dumbledore est un des juges secondaires, précisa James. Ce qui nous assure un jugement équitable et sans dégâts collatéraux.
D'autant plus que les deux femmes qui l'accompagnent sont connues pour leur grande droiture et leur action importante dans des œuvres caritatives de toutes sortes.
Et quant au dernier, il était avec moi à Poudlard, dit Bill Weasley, se joignant à la conversation. Il était à Serdaigle et c'était un type très brillant et sympathique…
Te voilà rassuré ? se moqua gentiment James.
Tout se passera bien, ajouta Lily.
Harry leur sourit. Le procès allait commencer.
Le représentant du gouvernement se leva et déclara :
La nation sorcière anglaise contre Tom Elvis Jedusor, alias Lord Voldemort. Le procès est ouvert !
Harry vit la grande majorité des gens frémir au nom de Voldemort et il fronça les sourcils. Quand donc les gens cesseraient-ils d'avoir peur d'un simple nom ! Parfois, il désespérait vraiment du genre humain…
Voldemort fut amené, menotté, entre une demi-douzaine d'aurors, commandé par Maugrey qui aurait dû être à la retraite. Voldemort ne paraissait ni inquiet ni joyeux. En fait, il semblait indifférent à la folie qui se déchaînait autour de lui et Harry devait reconnaître qu'il gardait une prestance et une dignité dans la chute peu communes.
Il avait été longuement question que le procès se déroule sans la présence de Voldemort afin de ne pas influencer les jurés ni de déclencher d'émeutes. Mais la ministre de la magie avait insisté pour que le procès se déroule de la manière la plus normale possible afin que tout soit parfaitement juste et légal. Un avocat avait été proposé à Voldemort mais il avait refusé. Et Harry pensait que c'était ce qu'il y avait de plus simple. Il voyait mal comment quiconque aurait pu le défendre. Enfin, se faire l'avocat du diable était une expression connue, elle aurait pu trouver là une application concrète.
Evidement, l'arrivée de Voldemort avait déclenché un tollé général. Les gens s'étaient levés, remis à crier et à se battre entre les partisans de la présence de Voldemort au procès et ceux qui voulaient qu'il parte. On ne s'entendait plus ni ne voyait quoi que ce soit. Les adultes qui accompagnaient Harry et ses amis s'étaient levés pour essayer de ramener un peu d'ordre mais ils peinaient à se faire entendre de leurs voisins les plus immédiats.
Soudain, retentirent de grands coups. Les gens se figèrent, le silence se fit.
Silence ou je fais évacuer la salle ! répétait, en criant et en frappant du maillet sur sa table, le juge Gladius.
Les gens finirent de se calmer et se rassirent pour éviter la colère du juge qui menaçait d'éclater, le vieillard ayant pris une couleur écarlate probablement dangereuse pour sa santé.
Le calme revenu, le juge se rassit, retrouvant ses couleurs d'origine et en un instant, il était redevenu aussi impassible que peu auparavant.
Harry donna un coup de coude à Drago qui se trouvait à sa gauche.
T'as encore du boulot pour arriver à une telle maîtrise de tes émotions ! se moqua-t-il.
Drago fit mine de l'ignorer et lui écrasa violemment le pied. Harry ne put empêcher un léger cri de s'échapper et il se reçut une grande claque derrière la tête de la part d'Eridan.
Fermez-là un peu ! s'exclama Ginny, se retournant, elle était assise au rang devant le leur, pour envoyer une tape à chacun des garçons.
Vous ne pouvez pas vous tenir tranquille et vous comportez comme des adultes pour une fois ! les réprimanda Hermione.
Harry s'aperçut que les Eh ! exprimés par Ginny, Drago et lui ne faisaient guère preuve de maturité et il se renfrogna.
Décidément, Voldemort est vraiment tombé bien bas pour que pendant son procès, certains soient occupés à se chamailler pour des broutilles, dit Eridan d'un air sérieux.
Sans trop savoir pourquoi, Harry se sentit gêné et il retourna son attention vers le procès.
La salle redevenue silencieuse, le juge Gladius fit un geste en direction du jeune homme assis près de lui et dont Bill Weasley avait fait l'éloge. Le jeune homme se leva et se plaça face à Voldemort et au public.
Vous êtes bien Tom Elvis Jedusor, alias Voldemort ? demanda-t-il.
Oui.
Voldemort avait répondu laconiquement, sans trembler et avec l'air de celui qui n'est pas concerné.
Vous êtes accusé dans ce procès. Nous vous avons déjà proposé un avocat que vous avez refusé. Voulez-vous revenir sur votre décision ?
Non.
Dans ce cas, qu'on fasse venir le premier plaignant !
Ainsi s'ouvrit le procès du siècle. S'ensuivit une longue, très longue, interminable série d'interrogatoires et de témoignages. Chaque personne qui voulait accuser Voldemort d'un crime particuliers venait exposer son cas et déposer plainte devant la cour et ensuite, une série de personnes étaient citées pour témoigner de la culpabilité de Voldemort pour ce crime. Enfin, le juge s'adressait à toutes les personnes présentes dans la salle en demandant si quelqu'un avait quelque chose à ajouter, ce qui n'arrivait jamais étant donné que tout ceux qui avaient quelque chose à dire étaient cités comme témoins ou presque. Et on passait à une autre affaire. Le jugement serait global. Après tout, en ce qui concernait la peine, Voldemort n'était pas à un crime près ! Seul le silence obstiné de Voldemort troublait quelque peu le déroulement du procès.
Les heures devinrent des jours et les jours des semaines. Bien sûr, au fur et à mesure, il y avait de moins en moins de monde au procès. Mais Harry et ses compagnons, en dehors de monsieur Weasley et de ses trois aînés, n'avaient pas raté une seule journée. Et pas seulement parce qu'ils étaient tous, en dehors d'Eridan, régulièrement cités à comparaître et qu'ils étaient libres. En effet, Poudlard étant fermée durant toute la durée du procès, élèves et professeurs étaient libres de leurs journées. Fred et Georges avaient fermé leur boutique et les autres adultes ne travaillaient pas. Du moins à ce que Harry en savait !
Qu'est-ce que vous faisiez comme travail avant ? demanda Harry, un soir, square Grimmaurd.
Nous n'avions que vingt et un ans, tu sais, alors on faisait encore nos études, répondit Lily. Je faisais des études en médicomagie, il ne me restait plus qu'une année pour commencer à travailler à Sainte-Mangouste. Sirius finissait ses études pour être auror, ton père après deux années comme poursuiveur dans une équipe de quidditch essayait de rattraper Sirius dans ses études, Rémus étudiait à la faculté de magie d'Oxford tout en travaillant à la bibliothèque de l'université et Circé étudiait là-bas, elle aussi, et elle écrivait des romans qui avaient pas mal de succès.
Des romans sorciers ? Est-ce que par hasard vous écriviez sous le pseudonyme de Hécate ? demanda Hermione qui passait exceptionnellement la soirée square Grimmaurd.
C'est exact, répondit Circé. Mes romans sont donc devenus si célèbres ?
Il n'y a pas un adolescent issu d'une famille sorcière qui ne les connaisse pas ! s'exclama Ginny. Ce sont l'un des piliers de la fiction sorcière !
Ce qui n'est pas très difficile étant donné le peu de littérature écrite par des sorciers ! ironisa Circé.
C'est tout de même une drôle de coïncidence, réfléchit Ginny.
Ce n'est plus une coïncidence ! rétorqua Hermione.
On peut savoir de quoi vous parlez ? demanda Lily.
On parlait justement de ces romans à Halloween dernier, et surtout de leur héroïne, expliqua Hermione.
Les deux femmes leur jetèrent des regards interrogatifs.
Le professeur Dumbledore avait lancé le sort de Travesto pour animer un peu la fête, expliqua Hermione.
Et qui s'est retrouvée déguisée en Enya Noctae ? demanda Circé.
Ginny et Hermione se tournèrent vers Eridan.
Oh, je vois… murmura Circé. Tu les as lus ?
Oui. J'avais demandé au professeur Rogue d'aller me les chercher à Noël puisque je ne pouvais pas quitter Poudlard. J'ai beaucoup aimé…
J'aurai bien aimé voir ça ! s'exclama Harry. Je veux dire, voir le professeur Rogue acheter des romans pour adolescents !
Ron et lui ricanèrent à cette idée.
Harry ! lui reprocha Lily. Je croyais que tu étais plus mûr que ton père sur ce sujet…
Eh ! s'exclamèrent en même temps Harry et James avant de se renfrogner.
Il cherche juste à se venger parce que le professeur Rogue lui a dit qu'il était une catastrophe en potion, expliqua Eridan. Et sur ce point, Harry, je ne peux qu'être d'accord avec lui. Tu es un véritable désastre en potion !
J'ai quand même eu mes BUSEs ! se défendit Harry en se demandant tout de même comment il avait réussi.
Les miracles, ça existe ! se moqua Ginny.
Un miracle qui s'appelle Hermione et qui a dû se tuer à la tâche à essayer de vous faire apprendre quelque chose, se moqua Eridan.
Les trois adolescentes et les deux femmes éclatèrent de rire.
Elles sont toutes contre moi ! s'exclama Harry dans un élan de tragédienne.
On est avec toi ! s'exclamèrent en même temps Ron et James.
Tous se tournèrent vers Sirius qui n'avait encore rien dit.
J'ai toujours été doué en potions, répondit-il comme sur un ton d'excuses.
Faux frère ! s'exclama James reprenant le ton et l'air dramatiques de son fils.
Tous éclatèrent à nouveau de rire. Sur ces entrefaites, Rémus et le professeur Rogue entrèrent dans le salon.
On peut savoir la cause de votre hilarité ? demanda Rémus, un sourire aux lèvres.
Nous nous étonnions juste que Harry ait réussi à obtenir ses BUSEs de potions, répondit Lily, un sourire sarcastique aux lèvres.
Le professeur Rogue fit mine de dire quelque chose mais il s'abstint, les lèvres pincées.
Allez Rémus ! Viens rejoindre les empotés du chaudron ! s'exclama James. Nous sommes en infériorité numérique et Sirius nous a lâchés !
Ce qui signifie que je dois vous rejoindre mesdames ? demanda Rogue d'un ton presque précieux.
Je ne crois pas être une femme ! s'offusqua Sirius en bombant le torse.
Rogue pinça davantage les lèvres sous les rires d'à peu près toute l'assistance.
Harry aimait ces moments simples, plein de joie et de souvenirs heureux. Parfois, un brin de nostalgie le prenait en pensant à ce qu'aurait pu être sa vie s'il n'y avait pas eu cette fameuse nuit d'Halloween mais Harry la chassait rapidement en se concentrant sur le présent et l'avenir plutôt que le passé et en se disant que sans cette nuit, il serait quelqu'un d'autre. Et cela, il n'était pas sûr de le vouloir. Il était plutôt fier de lui, de ce qu'il était devenu malgré toutes ses épreuves… Enfin, on ne pouvait jamais savoir !
En ce six décembre, le procès commençait à toucher à sa fin. La liste des plaignants se raccourcissait de plus en plus et Harry ne pouvait s'empêcher d'espérer la fin. Presque un mois de procès avec des séances tous les jours, sauf les dimanches, de neuf heures à midi et de quatorze heures à parfois plus de dix-neuf heures, c'était vraiment trop ! Entendre interminablement les mêmes horreurs, le manque de réaction de Voldemort, devoir aller témoigner… Tout cela commençait à le rendre malade et il avait hâte qu'enfin la sentence tombe et les libère définitivement de Voldemort.
Harry alla s'asseoir à sa place, la même depuis le début du procès, à croire qu'elle avait fini par lui être attribuée, entouré des mêmes personnes… A l'exception de Drago. Harry s'étonna, Narcissa était pourtant bien présente. Où donc avait bien pu passer son fils ? Mais Harry finit par se désintéresser de la question, puisque personne ne semblait s'en inquiéter, et bien qu'Eridan ne savait pas où il était, pas plus que Ron ou Hermione.
Le procès commença…
Le cinquième plaignant de la matinée venait de sortir.
Plaignant numéro 1275, monsieur Drago Malfoy !
Harry se tourna vers Eridan.
Tu étais au courant qu'il comptait porter plainte lui-même ? demanda-t-il.
Non, il ne m'avait rien dit.
Tu sais pourquoi…
Mais Harry fut coupé par la question du juge :
Quel est l'objet de votre plainte, monsieur Malfoy ?
Drago se redressa et, se tournant à demi vers le public, pointant Voldemort de la main, il lança :
J'accuse Voldemort ici présent…
Tremblements, frissons et hoquets dans le public.
… d'avoir torturé pendant quatre longues années cinq enfants âgés de cinq à six ans et demi au début puis de les avoir torturés à mort parvenant à en tuer trois !
Un grand silence horrifié suivit les paroles de Drago.
Harry se tourna à nouveau vers Eridan, inquiet de sa réaction. Mais la jeune fille souriait doucement.
Cela ne t'embête pas qu'il ait porté plainte ? lui chuchota-t-il.
Non, je ne voulais pas le faire, c'est tout. C'est bien si ça peut l'aider…
Quelle genre de torture utilisait-il ? demanda le juge.
Harry crut voir Drago se raidir mais le jeune homme répondit sans hésitation ni tremblement.
Toutes sortes de tortures votre honneur. Le doloris bien sûr mais aussi des sorts qu'il inventait tout exprès, des potions et même des coups et d'autres méthodes moldues. Et il n'y avait pas que des tortures physiques mais aussi de nombreuses tortures morales… Quant à ceux qu'il a tués, après les avoir torturés plus forts que jamais pendant des heures, il les a fait attacher à des poteaux et, alors qu'ils étaient encore conscients, il a lâché sur eux des déchiqueteurs qui les ont massacrés et dévorés vivants…
Des hurlements horrifiés et des cris d'indignation suivirent ses paroles mais Drago restait apparemment impassible. Cependant, Harry pouvait voir les regards de haine qu'ils décochaient à Voldemort.
De leur côté, tous fixaient Eridan avec une expression oscillant entre l'horreur et la compassion. Et son amie semblait soudain trouver un très grand intérêt à ses chaussures. Harry prit sa main dans les siennes. La jeune fille se retourna vers lui, réussissant malgré tout à lui sourire, mais elle fuyait les regards des autres et plus particulièrement ceux de ses parents.
Quels étaient les noms de ces cinq enfants ? demanda le juge, ramenant l'intérêt de chacun sur lui.
Maximilien d'Anamer, Timothée Lancastrian, Silane de Gand furent tués et les survivants sont Eridan Black et moi-même Drago Malfoy…
Les cris se déchaînèrent à nouveau. Tout le monde savait que les trois premiers noms étaient ceux de mangemorts notoires qui avaient trouvé la mort entre les deux guerres. Mais cela n'empêchait pas l'indignation des sorciers. Personne ne pouvait être indifférent à un tel crime sur des enfants.
Et comment Voldemort a-t-il été en contact avec ces enfants ? demanda le juge.
Les parents de Maximilien, de Thimothée, de Silane et mon père étaient des mangemorts qui ont offert leurs enfants à Voldemort pour qu'il en fasse ce qu'il voulait et Voldemort s'était débarrassé des parents d'Eridan et la gardait à ses côtés en tant que son grand-père.
Il y eut encore plus de cris. Des parents avaient laissé leurs propres enfants se faire torturer et même pire, ils les avaient offerts à un monstre ! Harry était sûr que si les mangemorts en question avaient été encore vivants, il y aurait eu du lynchage sauvage dans l'air !
Le juge Gladius eut beaucoup de mal à ramener le calme et il dut menacer maintes fois de faire évacuer la salle avant d'être obéi et que le silence se réinstalle.
Quelqu'un dans cette salle a-t-il quelque chose à ajouter ou à retrancher ? Qu'il le fasse maintenant ou se taise à jamais !
Harry entendit quelqu'un se lever au fond de la salle. Il s'étonna et ne put empêcher un mouvement d'humeur de lui faire serrer les poings. Si quelqu'un avait le culot de dire que ce n'était que des mensonges ou inventions d'adolescent, il se ferait un plaisir de lui montrer sa façon de penser !
Je suis tout à fait d'accord avec Malfoy, je dirais même que c'était encore pire que le peu qu'il a raconté. Je voudrais juste rajouter qu'il me semblait être toujours en vie…
Je crois que vous allez encore vouloir me tuer !
