Grâce (ou à cause, au choix !) des grèves de trains j'ai pratiquement écrit la totalité de ce chapitre en attendant d'hypothétiques trains pour rentrer chez moi. J'espère donc que cela n'aura pas affecté le chapitre. Sinon, c'est marrant maintenant le temps du récit et le temps réel sont presque en symbiose ! Et je pense que ce sera encore le cas pour le prochain, et dernier chapitre (oui oui, malgré le titre ce chapitre n'est pas le dernier mais l'avant-dernier !).

Merci à tous et bonne lecture !

Chapitre 28 : Il y a une fin à tout.

Cette déclaration fut suivie d'un silence assourdissant qui éclata dans la salle comme un coup de tonnerre. Même le juge était comme foudroyé et ce n'était rien en comparaison de Drago. Il était d'une pâleur intéressante et Harry se crut revenu plus d'un an en arrière, la première fois que Drago avait revu Eridan dans le Poudlard Express. Mais compte tenu des mots qui avaient été prononcés, dit d'une voix ironique d'ailleurs, cela devait avoir tout son sens ! Quant à Eridan, elle cherchait vainement à apercevoir la personne qui venait de prendre la parole mais de là où elle était elle ne pouvait rien voir. Ce qui ne l'empêchait manifestement pas de connaître l'identité de la personne en question. Et en ce qui concernait Voldemort, il avait tourné un regard vaguement intéressé vers l'endroit d'où provenait la voix.

Le juge sembla enfin se remettre et demanda :

Et peut-on savoir qui vous êtes ?

Silane de Gand, qui d'autre ?

Cette fois-ci, ses paroles furent suivies d'un concert de cris, de questions… Etait-ce à cause de la surprise de revoir cette jeune fille vivante ? Ou parce que ses parents avaient fait partie des pires mangemorts qui soient ? Ou encore, était-ce dû à la mort abominable à laquelle elle avait échappé ? Toujours était-il que le juge manqua fracasser son bureau à force de frapper dessus avec son marteau et qu'il déclara une suspension de séance. Et il manqua de peu faire une véritable crise de nerf quand il s'aperçut que personne n'avait bougé. Il fallut l'intervention des aurors pour qu'enfin la foule se décide à sortir mais ce fut dans un mouvement torrentiel et parfaitement désordonné. Harry eut juste le temps d'agripper le poignet d'Eridan avant d'être emporté par la foule. Et aucun moyen de résister au flux d'une foule de sorciers mentalement transformés en un troupeau de bovins lancé à pleine vitesse.

Dehors, Harry et Eridan purent enfin sortir du courant et ils allèrent se réfugier dans la cour intérieure du ministère de la magie, à l'ombre des cerisiers en fleurs en ce mois de décembre. Avant même que Harry ne puisse demander quoi que ce soit à Eridan, ils furent rejoints par une jeune fille blonde avec des mèches noires et les yeux mauves. De plus, elle portait un pull vert pomme à pois violet, une mini jupe à fines rayures verticales orange et fuschia sur des collants à larges rayures horizontales mauves et vertes foncées sur des bottes turquoise. Harry ne put s'empêcher de lui jeter un regard perplexe. Si elle tenait à se faire remarquer, elle avait parfaitement réussi ! Personne ne pouvait la rater avec une telle apparence !

Tu ne me reconnais pas ? demanda-t-elle, un petit sourire ironique sur les lèvres, s'adressant à Eridan.

Je reconnaîtrais ta magie quelle que soit ton apparence, Silane !

La jeune fille sourit, d'un sourire qui fit étrangement penser Harry au chat dans Alice au pays des merveilles. Décidément, en ce moment, il avait un torrent de références qui jaillissaient dans son esprit.

C'était donc elle la jeune fille qui avait provoqué un tel trouble au procès. Intéressante, pensa-t-il alors que son esprit associait déjà l'adjectif inquiétante au premier.

Tu as l'air d'aller bien, poursuivit Eridan. Avec qui es-tu venue ?

Avec ma tante. Mes parents sont morts. Je les ai tués. Egorgés même ! Et j'y ai pris un très grand plaisir ! s'exclama la jeune fille, un air de défi transpirant de toute sa personne.

Ne dis pas ça Silane ! Je suis sûre que si tu les as tués c'était parce que tu n'avais pas le choix et je ne te le reprocherai jamais et prendrai toujours ta défense ! Mais ne dis pas que cela t'a fait plaisir ni même que ça ne t'a rien fait ! Non seulement parce que c'est faux mais aussi parce que cela leur ferait trop plaisir ! Tu n'es pas cet assassin qu'ils voulaient que tu soies ! s'exclama Eridan, presque furieuse, et dardant sur l'autre jeune fille un regard d'un vert illuminé d'éclairs.

La jeune fille baissa la tête, honteuse et abattue, se mordant les lèvres.

Ils allaient nous tuer, ma tante et moi… murmura-t-elle. Je ne savais pas quoi faire… C'est la seule solution que j'ai trouvée sur le moment… Tu comprends, c'est plus facile de penser que c'était ce que je voulais et que j'y aie pris du plaisir. Ce serait plus simple de ne pas avoir de conscience…

Eridan lui serra brièvement l'épaule dans un geste de sympathie et de réconfort. La jeune fille releva la tête, écarta une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux et sourit à Eridan.

Ah, enfin ! Je vous ai trouvé ! s'exclama une voix que Harry reconnut être celle de Drago. Je vous ai cherchés par…

Malfoy ! cracha méchamment la jeune fille.

De Gand ! répliqua aussitôt Drago.

Les deux adolescents se jetaient des éclairs et si des regards avaient pu tuer, ils seraient morts tous les deux dans d'affreuses souffrances. Et probablement aussi toutes les personnes à moins d'un kilomètre autour d'eux à cause de la déflagration !

Harry jeta un regard interrogatif à Eridan. La jeune fille secoua la tête d'un air blasé.

Il y a des choses qui changent… et il y en a d'autres qui sont éternelles, finit-elle par répondre philosophiquement.

Puis, attrapant Silane De Gand par le bras, elle la força à se retourner vers elle, coupant le contact visuel et mortel entre les deux adolescents.

Silane, je ne crois pas t'avoir présenté Harry…

La jeune fille secoua négativement la tête et elle posa un regard scrutateur sur Harry qui se força à ne pas se trémousser de mal aise.

Alors Silane, je te présente Harry. Harry, Silane.

Harry échangea une poignée de main avec la jeune fille, faisant mine de ne pas remarquer qu'elle essayait manifestement de lui broyer la main.

Harry Potter ! On peut dire que tu auras eu ton nom dans les journaux ces dernières années ! ironisa-t-elle.

Harry lui jeta un regard vaguement inquiet tout en essayant de dissimuler une grimace. Il sentait que la jeune fille n'allait pas être facile à vivre. Et c'était peu dire !

Elle s'approcha de lui, se penchant vers son oreille. Harry dut prendre sur lui pour ne pas reculer ni même avoir le moindre mouvement de recul. Il resta raide et tendu en bon petit Gryffondor trop fier qu'il était.

Si Eridan a le moindre motif de plainte à ton sujet, tu es mort !

Harry s'écarta, grimaçant, jetant un regard suspicieux à la jeune fille qui s'était redressée, souriant de toutes ses dents.

Au moins, vous avez un point commun ! maugréa-t-il.

Il se reçut deux regards outrés et furieux de la part de Drago et de Silane.

Si seulement ils n'en avaient qu'un, de point commun ! soupira Eridan.

Eh ! s'exclamèrent les deux autres dans une parfaite synchronisation, et s'en rendant compte, ils se mirent tous deux à bouder dans leur coin.

Eridan et Harry échangèrent un regard qui signifiait : qu'est-ce que je disais ! tout en essayant d'étouffer leurs rires.

Les autres les rejoignirent à ce moment-là, plus ou moins échevelés et débraillés. Tous regardaient la jeune fille plus ou moins discrètement selon le degré de finesse des observateurs en question. Il fallait reconnaître que la jeune fille était remarquable par bien des aspects, notamment son étrange chevelure ou ses étonnants yeux mauves. Quoique sa tenue avait aussi de quoi attirer l'attention, du moins celle de toute personne ayant quelques parcelles de bon goût !

Silane, laisse-moi te présenter ma famille.

La jeune fille salua tout le monde en gardant toujours un petit sourire amusé aux coins des lèvres et un regard noir destiné à Drago.

Comment as-tu réussi à survivre ? finit par demander Eridan.

Harry se tourna vers la jeune fille. Il se posait la question depuis un moment. Eridan et Drago étaient tellement persuadés que les trois autres étaient morts… Et il fallait reconnaître que Harry voyait mal comment on pouvait survivre quand on s'était fait dévorer vivant par des déchiqueteurs ! Harry s'aperçut que Drago lui aussi semblait très intéressé par la réponse même s'il feignait d'ignorer la jeune fille.

Tu te rappelles que la veille de ce jour maudit, Voldemort t'avait ordonné de lui créer un artefact magique pour empêcher toutes créatures magiques de s'approcher du porteur de l'artefact ?

Il ne fonctionnait pas. Voldemort était furieux.

Tu avais juré qu'il fonctionnait. Je t'ai cru. Si tu le disais c'était forcément qu'il marchait ! Alors je l'ai ramassé et gardé sur moi. Et les déchiqueteurs ne m'ont pas approchée…

Comment est-ce possible ? s'étonna Eridan. Voldemort l'avait fait essayer à un de ses mangemorts et il en était mort !

Et bien, il faut croire qu'inconsciemment tu avais créé une clause d'utilisation sur cet artefact et que cela empêchait tout mangemort ou Voldemort de l'utiliser ! En tout cas, les déchiqueteurs ne m'ont pas touchée. Ils tournaient autour de moi en grognant mais sans oser s'approcher. C'était assez effrayant mais rien à voir avec le fait de se faire déchiqueter et dévorer… J'ai alors pris l'apparence d'un cadavre déchiqueté par ces choses-là… C'est vraiment horrible, tu sais. C'était ma pire expérience de métamorphomage…

Tu es métamorphomage ! s'exclama Harry qui commençait à comprendre l'étrange apparence de la dénommée Silane de Gand.

Nous le savions depuis longtemps mais nous l'avons toujours caché à Voldemort et ses sbires. On n'allait quand même pas leur donner des moyens supplémentaires d'avoir du pouvoir sur nous, expliqua Eridan.

J'ai attendu que plus personne ne me prête attention et je me suis enfuie, continua Silane sans se soucier de l'interruption. Je vous croyais tous morts… Après j'ai rejoint ma tante. Malheureusement mes parents nous ont retrouvées et j'ai dû les tuer. Et ensuite, nous avons émigré aux Etats-Unis. Ma tante voulait oublier le plus possible ce qui s'était passé en Angleterre. Moi aussi je suppose… Quand j'ai appris par les journaux que Voldemort avait été arrêté, j'ai su que tu y étais pour quelque chose alors j'ai absolument voulu revenir et assister au procès. Alors me voici !

Il m'avait semblé comprendre que tu me croyais morte…

Silane haussa les épaules.

Il pouvait pas avoir réussi à te tuer, pas toi !

Eridan lui jeta un drôle de regard.

Nous restons en Angleterre, poursuivit la jeune fille d'un air ravi. Dès la fin du procès, j'irai à Poudlard, ma tante a déjà fait toutes les démarches pour…

Quoi ! hurla Drago d'un air absolument horrifié. Quelle horreur ! En plus je suis sûr que le Choixpeau va t'envoyer à Serpentard…

Pauvre, pauvre professeur Rogue, murmura Eridan. Ça va pas être la joie…

Harry hocha la tête, convaincu qu'il y aurait de l'action à la rentrée. Et à la réflexion, peut-être devait-il penser à émigrer dans un pays étranger très très loin !

Ne tuez quand même pas mon parrain ! ajouta Eridan après réflexion.

Silane lui jeta un drôle de regard.

Intéressant, ça, dit-elle d'une voix qui aurait fait frémir Harry s'il avait été à la place du professeur Rogue.

Qu'est-ce qui est intéressant ? demanda innocemment Rémus qui venait d'arriver accompagné du professeur Rogue.

Vous allez avoir une nouvelle élève à la rentrée, répondit Eridan. Je vous présente Silane de Gand…

La jeune métamorphomage observait les deux hommes d'un regard scrutateur.

Lequel de vous deux est le professeur Rogue ? demanda-t-elle.

Moi. Peut-on savoir pourquoi ?

James et Sirius durent se retenir d'éclater de rire. Ce qu'ils firent avec beaucoup de difficultés et fort peu de discrétion et d'élégance.

Il paraît que je vais me retrouver dans la maison que vous dirigez, expliqua Silane d'un air qui aurait peut-être pu paraître innocent si elle n'avait pas eu un sourire diabolique plaqué sur le visage.

Drago fit mine de prendre la poudre d'escampette pendant que tout le monde était occupé à guetter la réaction du professeur Rogue.

On peut savoir ce que tu comptes faire ? lui demanda Eridan qui l'avait manifestement entraperçu du coin de l'œil.

Aller me suicider tant que j'en ai encore le temps.

Le professeur Rogue leva vers lui un sourcil mi-étonné mi-inquiet. Et il posa un regard songeur sur Silane.

Tu n'iras nulle part, Drago Malfoy, et certainement pas te suicider !

Drago faillit faire une crise cardiaque. Manifestement, il ne l'avait pas entendue arriver.

Mais maman… Ce n'est pas ce que… C'est à cause de…

Silane de Gand ! Je vois que tu aimes toujours autant te faire remarquer, le coupa Narcissa en se retournant vers la jeune fille. J'ai rencontré ta tante sur le chemin. Je me suis donc permis de la conduire jusqu'ici.

S'ensuivirent de nouvelles présentations. Mary de Gand avait l'air beaucoup plus classique que sa nièce. Plus aimable aussi !

Le professeur Rogue jetait un regard vaguement inquiet en direction de Drago et Silane qui avaient recommencé à se poignarder du regard. Il jeta un regard chargé de supliques vers Eridan.

Je n'ai qu'un conseil à vous donner, lui répondit-elle. Ne les laissez jamais seuls dans une même pièce. Surtout s'ils ont leur baguette !

Confiscation directe des baguettes, donc…

Cela limitera toujours les dégâts, murmura la jeune fille.

Puis Eridan attrapa Drago d'une main, Silane de l'autre… et les lâcha aussitôt, grimaçant de douleur. Le professeur Rogue lui tendit immédiatement une seringue. Harry croisa le regard de Sirius. Il regardait sa fille avec compassion et sympathie tout en serrant les poings de colère et de frustration.

Qu'est-ce que tu as aux mains ? demanda Silane en voyant Eridan se planter la seringue dans chaque main.

Oh, c'est juste que Voldemort m'a brisé les mains à la magie noire.

Un grand blanc suivi les paroles d'Eridan. Puis…

Il a fait quoi ! hurla Silane dans un cri si perçant et si aigu que Harry crut que tout ce qui était en verre dans un kilomètre à la ronde allaient exploser.

Eridan et Drago tournèrent vers elle un regard amusé.

Tu peux nous la refaire ? demanda Eridan. Je n'avais encore jamais entendu quelqu'un pousser un cri aussi aigu…

Ce n'est pas drôle ! Il a vraiment osé ? C'est… c'est le pire crime qu'on puisse faire ! C'est… un sacrilège ! Une abomination !

Eridan haussa les épaules.

On s'habitue. Et ça ne m'empêche pas de faire de la magie. Une magie différente, certes mais intéressante. Très !

Silane la regardait avec ce qui paraissait être un mélange de compassion, de respect et d'admiration. Harry avait crû comprendre les relations qui unissaient Eridan et les autres enfants qui auraient dû faire partie de l'armée de Voldemort en observant Drago et elle. Mais il commençait à se dire qu'il était plutôt loin du compte.

Finalement, le procès reprit, les gens ayant eu le temps de retrouver leur calme et le juge une tension moins dangereuse pour sa santé. Et la longue série d'accusations continua.

Le quinze décembre était un jour très particulier pour la population sorcière d'Angleterre. En effet, c'était le dernier jour du procès le plus important du siècle, voire même du millénaire ! La veille, il n'y avait eu aucune séance afin que les jurés puissent délibérer. Harry se demandait bien sur quoi ils pouvaient délibérer. Il voyait mal comment qui que ce soit pourrait nier l'implication et la culpabilité de Voldemort pour tous ces crimes ! Toujours était-il que ce jour-là, le jugement devait être rendu et que tout le monde était dans un état d'excitation et de tension telles qu'on pouvait craindre l'explosion d'une émeute. C'était sans doute pour cela que les effectifs d'aurors avaient quadruplés, pour cela et en raison de la présence du gouvernement.

En tout cas, la salle était bondée et les gens manquaient de peu se marcher dessus tant ils étaient nombreux et malgré les agrandissements magiques. C'était à croire qu'il n'y avait pas un seul sorcier d'Angleterre qui ne soit présent ce jour-là !

Harry s'assit à sa place habituelle. Il observa Eridan. Son amie avait l'air un peu mal à l'aise. Avait-elle peur du verdict du procès ? Ce n'était pas comme s'il risquait d'être inattendu et comme si elle ne le connaissait pas déjà ! Harry s'aperçut avec une moue de dépit que Drago et Silane qui les avait rejoints, observaient tous deux Eridan d'un air un peu inquiet. En tout cas suffisamment inquiet pour qu'ils ne pensent pas à se massacrer, ni même à se fusiller du regard, malgré les six personnes qui les séparaient. Eridan se tourna vers Harry, lui offrant un léger sourire qui se voulait rassurant.

Ça va aller ? lui demanda-t-il.

Bien sûr. C'est juste que ça fait bizarre de voir que tout va bientôt être fini. Que toute cette histoire va définitivement appartenir au passé…

Harry hocha la tête.

J'aurai crû que Voldemort ferait plus de difficultés. Pas seulement pour le procès mais aussi quand nous l'avons privé de magie et arrêté…

Eridan détourna la tête.

Je crois qu'il savait ce que nous comptions faire. Il savait que nous étions là quand il est entré dans la bibliothèque… murmura-t-elle.

Mais pourquoi ! s'insurgea Harry, chuchotant afin de ne pas troubler le juge qui synthétisait la totalité des accusations qui avaient été portées contre Voldemort.

Eridan haussa les épaules.

Je ne sais pas… Et je ne suis pas sûre de vouloir le savoir. Non, je ne veux pas le savoir, surtout pas ! Ou peut-être que si… Je ne sais pas. Je ne sais plus…

Harry se rendit compte qu'il n'avait fait que rendre Eridan plus mal à l'aise qu'elle ne l'était déjà et il se sentit coupable. Il prit ses mains dans les siennes dans un geste d'excuse et de réconfort. Eridan se renfonça dans son siège, se forçant à sourire.

Maintenant, il ne reste plus qu'à entendre la sentence et ce sera fini. Définitivement fini !

Harry espérait qu'elle avait raison mais une partie de lui savait bien que ce ne serait pas le cas. Même si Voldemort mourrait, ils ne pourraient pas se défaire de leur passé, de leurs souvenirs. La culpabilité qui les taraudait ne s'effacerait pas d'un seul coup, il faudrait du temps. Et il en faudrait aussi pour oublier ou du moins pour pouvoir passer par-dessus tout ce qu'ils avaient vécu. Cela n'allait pas être facile de construire une nouvelle vie. Tant que Voldemort avait été un danger, ils avaient pu prendre comme prétexte le combat contre lui pour ne pas s'attarder sur leur avenir. Mais le prétexte serait bientôt obsolète et il faudrait faire face à ses démons, ses peurs, le monde… C'était sans doute difficile de devoir jouer les héros, de devoir se battre pour sauver le monde, enfin un pays, mais c'était encore plus dur de faire face à l'après-guerre, l'après-sauvetage… Parce que maintenant, il n'y avait plus rien pour les empêcher de penser et de se retourner sur eux-mêmes…

Mesdames et Messieurs les jurés, êtes-vous parvenu à un verdict ? demanda le juge.

Oui votre honneur, répondit la présidente du jury en se levant.

C'était une belle femme indienne d'une quarantaine d'années portant un sari bleu qui contrastait élégamment avec sa peau sombre.

Pour l'ensemble des accusations portées contre monsieur Tom Elvis Jedusor, nous déclarons l'accusé, coupable !

Un tonnerre de cris et d'applaudissements s'ensuivirent, couvrant tous les autres bruits. Le juge Gladius peina à ramener la calme dans la salle à coup de marteau furieux.

Accusé, levez-vous ! ordonna-t-il une fois qu'il eut ramené le silence.

Voldemort se leva élégamment et parfaitement détendu. Une attitude qu'une part de Harry ne pouvait s'empêcher d'admirer. A l'aube de sa sentence, Voldemort restait digne et calme, totalement étranger au déchaînement des passions qu'il suscitait. A tel point qu'une fois de plus, Harry se demanda si en même temps qu'ils l'avaient privé de sa magie, ils ne l'avaient pas privé de sa raison. Mais le regard que Voldemort lança en direction d'Eridan convainquit Harry du contraire.

Eridan ne faisait pas un geste, elle regardait le juge, évitant volontairement le regard de Voldemort.

Conformément à la loi et au droit, nous vous condamnons à la peine maximale, c'est à dire à la prison à perpétuité sans possibilité de remise de peine.

Des cris de protestations se firent entendre d'un peu partout de la salle. Beaucoup avait espéré que la ministre lève la mesure d'abolition de la peine de mort pour Voldemort. Mais elle avait déclaré qu'on ne pouvait pas faire d'exception sous peine de devenir une dictature et non plus un Etat de droit et de justice. Cela lui avait été éminemment reproché mais elle s'en fichait. De plus, le soutien inconditionnel des vainqueurs de Voldemort, de l'Ordre du Phénix et de Dumbledore en particuliers lui apportait davantage de légitimité et de droit que tout autre chose. Cependant, la foule était en colère, réclamant le sang et la tête du monstre. Des combats commencèrent. Les aurors se dépêchèrent d'évacuer le gouvernement et Voldemort avant que certains ne décident de le lyncher eux-mêmes. Mais Harry voyait bien que certains aurors auraient largement préféré laisser Voldemort à la vindicte populaire, voire même participer à son massacre.

Eridan se leva. Et Harry vit son regard croiser celui de Voldemort. Le grand-père et la petite fille échangèrent un regard. Regard qui fut interrompu quand Voldemort fut entraîné par les aurors parmi une foule folle de rage et de violence.

Je ne vois pas d'intérêt à rester plus longtemps, dit Eridan. Vous venez ?

Tous acquiescèrent. Harry prit le bras d'Eridan et ils ouvrirent un chemin dans la foule. Le seul regard noir d'Eridan suffisait à faire s'écarter une bonne partie de la foule furieuse. Et pour les plus atteints, Drago, Silane voire même Harry lui-même, n'hésitaient pas à jeter quelques sorts légers. Eridan avait le visage fermé et une attitude de mépris manifeste. Mais Harry la comprenait. Quel autre comportement adopter face à ces gens qui voulaient la tête de Voldemort au bout d'une pique ? Qui voulait se venger de la violence et de la douleur par la violence et la douleur ? La haine pour la haine, la mort pour la mort. Œil pour œil, dent pour dent ! Quels pathétiques exemples de bestialité primaire ! Tous ces gens dégoûtaient Harry et il fut heureux quand il fut enfin sorti de la salle du procès et loin de ces criards assassins.

Maintenant, les procès des autres mangemorts allaient pouvoir avoir lieu. Mais sans eux. Nul besoin d'y assister et de répéter des accusations qu'ils avaient déjà faîtes trop de fois ces derniers temps.

Les cours ne devaient reprendre qu'à la fin prévue des vacances de Noël. En attendant, chacun était rentré chez soi. Circé, Lily, Sirius et James avaient acheté des demeures dans la campagne anglaise. Les deux maisons, ou plutôt manoirs, étaient voisines l'un de l'autre ce qui signifiait qu'elles n'étaient séparées que par quelques centaines de mètres de terrains et qu'il n'y avait rien d'autre à plusieurs kilomètres à la ronde que des étendues gigantesques d'herbe et de forêts.

Les deux manoirs, bien qu'ayant tous deux été construits au seizième siècle par des seigneurs moldus puis ayant été réaménagés deux siècles après par des familles sorcières n'en étaient pas moins différents l'un de l'autre.

Le nouveau manoir des Black était en vieilles et grosses pierres blanches avec une profusion de fenêtres de toutes tailles et de toutes formes, de baies vitrées et le manoir possédait même une véranda et une serre, le tout présentant un mélange entre ancien et moderne, prémices au mélange des technologies sorcières et moldues qu'on pouvait trouver à l'intérieur.

Le manoir des Potter était plus classique extérieurement et possédait davantage d'ornementations sur sa façade, celle du manoir des Black étant en partie recouverte par une sorte de lierre magiquement modifié. Un couple de griffons en pierre gardaient le manoir des Potter alors que le portail des Black, en fer forgé, possédait des gardiens invisibles conjurés par les entrelacs du portail. A l'intérieur, les Potter utilisaient certes des technologies sorcières et moldues mais séparées. Tout était comme doublé ; par exemple on pouvait éclairer la maison ou avec des ampoules électriques ou avec des feux magiques, permettant d'obtenir à la demande une atmosphère moldue ou sorcière. Chez les Black, les deux technologies étaient inextricablement mêlées. Les appareils et technologies moldues fonctionnaient à l'énergie magique et les objets moldus étaient tous magiquement modifiés, les objets magiques étant eux moldument modifiés. Cela produisait une atmosphère étrange, à nulle autre pareille, même différente de celle du square Grimmaurd car elle n'avait pas ce côté sombre et obscur, secret, de l'antique maison des Black et en plus, elle bénéficiait de l'atmosphère apaisante de la campagne.

Les deux couples avaient attendu avec une certaine inquiétude l'avis de leurs enfants sur les maisons. Inquiétude qui fut rapidement rassurée mais qui rappelait à Harry la fragilité des liens qu'ils avaient tissés entre eux. Il l'avait oubliée ces dernières semaines avec le combat contre Voldemort et le procès. Ils s'étaient tous rassemblés pour faire face aux difficultés mais ce n'était que des liens de circonstance. Maintenant, il fallait reprendre la création de liens durables et c'était ce qu'il y avait de plus difficile. Mais tout le monde faisait des efforts et Eridan et lui étaient rarement seuls avec leurs parents ce qui leur permettait d'aborder les choses en douceur.

Le soir du verdict, Harry et Eridan étaient dans le parc des Black, sur une petite colline qui dominait des étendues de verdure, sous la lumière diffuse des étoiles et de la lune.

Ça va ? demanda Harry à son amie qui avait été particulièrement silencieuse toute la soirée.

Eridan ne répondit pas immédiatement. A tel point que Harry crût qu'elle ne répondrait pas.

Je ne sais pas, répondit-elle avec son étrange franchise. D'un côté, je suis contente que ce soit fini et que nous n'ayons plus à craindre de nous faire tuer ou d'apprendre que des gens que nous connaissons ont été tués. Mais d'un autre côté… Je ne comprends pas pourquoi Voldemort a fait ça !

Fait quoi ?

Tué Malfoy d'abord mais aussi nous laissés le priver de magie et l'arrêter. Et pourquoi il m'a tout légué !

Harry haussa les épaules.

Je crois que j'aimerai le savoir. J'aurai aimé pouvoir lui poser la question mais ça ne se fera jamais…

On peut peut-être réussir à organiser une entrevue…

Ils n'accepteront jamais ! Et de toute façon, même si je pouvais parler avec Voldemort, il ne me répondrait pas. Je le sais !

Il ne te reste plus qu'à choisir ce que tu veux croire.

Mais je ne sais même pas ce que je préférerais ! Si je pense que Voldemort a fait tout ça dans une tentative d'amendement, pour exprimer des regrets… je me sentirais mal de savoir que je suis responsable de son incarcération. Même s'il la mérite ! Et puis, je me sentirais vraiment naïve de croire une chose pareille. Mais si je crois que c'est son ultime moyen de nous torturer… c'est trop horrible et ça n'explique pas tout !

Eridan se laissa tomber sur le dos dans l'herbe.

Je ne sais pas quoi croire et je ne sais pas ce que je veux croire ! Je ne peux pas sortir Voldemort de ma vie comme ça ! Il est mon grand-père… Et je ne sais même plus si je dois encore plus le haïr pour cette raison ou si au contraire je devrais moins le haïr…

Harry s'allongea à côté de son amie.

Moi ce dont j'ai peur maintenant, c'est de devoir vivre en n'ayant plus à se soucier de Voldemort, de se battre. J'ai peur de ne pas être capable d'avoir une vie normale… Il va falloir vraiment vivre avec nos parents, être une famille… Et il va falloir penser au futur. C'était facile avant de ne pas penser à l'avenir. D'abord parce que je n'étais pas certain d'en avoir un, d'avenir, mais aussi parce qu'il fallait se concentrer sur le moment présent. Je n'avais pas le temps de penser à autre chose qu'à me battre contre Voldemort et à survivre…

Moi non plus je ne sais pas comment il faut faire…

Oui. Et j'ai l'impression que c'est plus difficile que de vaincre Voldemort. C'est idiot, non ?

Je ne crois pas. C'est même plutôt logique je pense…

Peut-être… D'autant plus que pour nos parents aussi ça va être difficile. Ils sont à peu près dans le même cas que nous.

C'est vrai… On n'est pas prêt de trouver la tranquillité d'esprit ?

On pourrait peut-être prendre des cours de yoga ! Non sans rire, si on veut vraiment y arriver et être heureux, on réussira ! Tu ne crois pas ?

On va essayer en tout cas. On n'est pas du genre à se laisser abattre sans combattre !

La jeune fille se retourna, s'appuyant sur ses coudes.

Qu'est-ce qu'il y a entre Drago et Silane de Gand ? demanda soudain Harry pour changer de sujet.

Eridan haussa les épaules.

Ils se détestent depuis qu'ils se connaissent. C'est en partie à cause de Voldemort. Les parents de Silane et le père de Drago se disputaient la première place auprès de Voldemort…

Et eux faisaient la même chose avec toi ?

A peu près. Mais en plus leurs parents s'arrangeaient pour développer l'animosité entre eux. Je crois qu'ils ont tous fini par craindre ce qu'ils avaient fait de nous et ils craignaient encore plus que nous soyons soudés…

Mais vous l'étiez quand même, non ?

Oui, bien sûr. C'est juste que Silane et Drago se sont cantonnés dans des rôles qui les rassurent. Et puis, ils ont tous les deux des caractères excessifs et difficiles.

Tu me pardonneras si je dis surtout Silane ?

Eridan étouffa un léger rire.

Je pense que Drago a eu davantage l'occasion de s'assagir. Mais tu verras que Silane n'est pas si terrible que ça. Elle joue un rôle, quand tu la connaîtras mieux, tu la verras telle qu'elle est vraiment et tu pourras constater par toi-même qu'elle force tous les traits de son caractère. Surtout les pires !

Vous êtes trois sacrées personnalités !

Si ce n'était pas le cas, nous n'aurions jamais survécu à Voldemort…

Harry hocha la tête.

Tu ne crois pas que ça cache quelque chose ?

Quoi ?

La haine que se vouent Silane et Drago. Tu ne crois pas que ça cache autre chose ?

Permets-moi d'en douter !

Tu sais, on dit que de la haine à l'amour il n'y a qu'un pas… Et Ron et Hermione aussi se disputaient tout le temps !

Peut-être… Mais je doute que Ron et Hermione se soient déjà jetés des impardonnables à la figure !

Parce qu'ils l'ont déjà fait !

La proximité de Voldemort et de ses mangemorts n'est pas très bonne pour apaiser les esprits…

La rentrée va être mouvementée…

J'espère qu'ils se seront calmés d'ici là ! Sinon je risque de prendre des solutions définitives à leur égard !

Harry éclata de rire. Oui, ils parviendraient peut-être à être heureux malgré tout. En tout cas, il ferait tout pour.

Le vingt décembre au soir, Arthur Weasley se présenta chez les Potter où ils étaient tous les six réunis. Il fut chaleureusement accueilli.

Comment vas-tu Arthur ? demanda Lily. Et Molly, et vos enfants ? Cela fait longtemps qu'on ne vous a vus. Il faudra emmener votre famille un de ces jours… Je crois que nous ne vous avons pas encore fait visiter…

Que nous vaut le plaisir de ta visite Arthur ? demanda Circé. Je suppose que tu n'es pas venu seul et à une heure pareille juste pour nous passer le bonsoir…

J'ai une nouvelle à vous annoncer, commença-t-il avant de se taire, embarrassé.

Il hésitait à poursuivre malgré les encouragements et les incitations des autres. Manifestement, ce qu'il avait à dire n'était pas exactement une bonne nouvelle. Mais ce n'était pas non plus une mauvaise nouvelle, il n'aurait pas paru juste embarrassé sinon.

Voldemort est mort. J'ai pensé que vous aviez le droit d'être les premiers au courant…

Le silence tomba comme un couperet de guillotine. Harry n'arrivait pas à y croire. Depuis le temps que Voldemort lui pourrissait la vie, il avait fini par le considérer comme une sorte de malheur intemporel et éternel. Et le procès et l'emprisonnement n'y avaient rien changer, c'était juste comme les titans emprisonnés par Zeus. Ils étaient toujours là, quelque part, mais enfermés. C'était un sacré choc, c'était certain…

Il ne devrait pas y avoir de problème pour que le testament en faveur d'Eridan soit valable, reprit monsieur Weasley, bredouillant devant l'absence de réactions de ses auditeurs.

Comment est-il mort ? demanda soudain Eridan.

Arthur Weasley ne répondit pas immédiatement, manifestement encore plus embarrassé qu'auparavant. Harry n'avait pas du tout pensé à cela. Pourtant, il fallait bien que quelque chose l'ait tué pour que Voldemort soit mort ! Et comme il y avait peu de chance qu'il soit mort de vieillesse ou qu'il se soit suicidé…

Il a été assassiné. Sans doute par l'un de ses gardiens ou avec la complicité de l'un d'entre eux puisqu'il était emprisonné dans l'un des quartiers de sécurité les plus sûrs de l'Angleterre magique… Mais il y a peu de chance qu'une enquête mène à l'assassin… Je suppose que vous comprenez pourquoi…

Tout le monde hocha la tête. En effet, si des aurors étaient mis sur l'affaire, il n'y avait aucune chance qu'ils arrêtent le coupable, surtout s'il était un auror ! Sans compter que personne n'accepterait de condamner ni même de juger l'assassin de Voldemort. Il apparaîtrait plutôt comme un héros. A tous les coups, l'affaire serait rapidement étouffée.

Malgré la compréhension de tous, monsieur Weasley avait l'air inquiet en regardant Eridan et Harry comprit qu'il craignait qu'elle ne veuille des précisions sur la manière dont Voldemort avait été tué. Sans doute le cadavre devait-il être dans un état affreux… Harry grimaça. Il pouvait comprendre qu'on veuille se venger d'un tel personnage mais il ne pouvait pas cautionner la violence contre un homme sans défense ! Même contre celui-ci ! Et Eridan était bien assez perturbée comme cela sans en plus lui rajouter l'image du cadavre torturé de son grand-père !

Pourra-t-on récupérer le corps ? demanda Eridan.

Harry la regarda, interdit. S'il y avait bien une chose à laquelle il n'avait pas pensé c'était à ce qu'il allait advenir du corps de Voldemort ! Pour être tout à fait honnête, il se fichait bien de ce qu'il allait devenir. Voldemort avait suffisamment gâché sa vie pour qu'il se fiche bien de ce qu'on allait faire de son corps ! Pour lui, on pouvait bien en faire de la pâtée pour chiens qu'il ne trouverait rien à y redire…

Tous s'étaient tournés vers la jeune fille et la regardaient d'un air chargé d'incompréhension. Harry voyait mal ce qu'Eridan voulait faire du corps et apparemment, les autres étaient dans le même cas. Finalement, ce fut Circé qui comprit la première.

Voldemort était mon géniteur et le grand-père d'Eridan. Ce serait normal que nous puissions récupérer son corps. Vous pensez que c'est possible ? demanda-t-elle.

Je suppose que oui… répondit monsieur Weasley sans se compromettre par une réponse positive.

L'idée semblait tout de même le troubler.

Que voulez-vous en faire ? finit-il par demander.

L'enterrer bien sûr ! Dans un cimetière moldu…

Eridan avait l'air si déterminé que personne n'osa plus poser de questions. Arthur Weasley prit congé pour retrouver sa famille au plus tôt.

Je vais faire mon possible pour le corps de Voldemort, dit-il juste avant de transplaner. Et pour le testament…

Tous restèrent silencieux quelque temps après le départ de monsieur Weasley.

Tu es vraiment sûre que c'est ce que tu veux Eridan ? demanda Circé.

Oui. C'était un être humain. Et je crois que tout être humain à le droit à une sépulture décente. Et c'est à moi de le faire ! Sinon, je ne pourrais rien accepter de l'héritage et tout sera perdu.

Très bien, dans ce cas nous prendrons des dispositions avec les pompes funèbres moldues. Tu nous aideras Lily ?

Bien sûr. Tu souhaites un cimetière particulier ?

Non. N'importe lequel. Le plus proche ce serait sans doute le plus simple… mais je ne veux pas que ça se sache. Les gens n'ont pas besoin de savoir où il a été enterré, ni même qu'il a été enterré !

Bien sûr. Et tu voudrais une cérémonie particulière ?

La plus simple possible. Juste les gens nécessaires pour descendre le cercueil, c'est tout.

Lily hocha la tête. Elle était la seule qui connaissait assez le monde moldu pour organiser les funérailles.

Vous ne croyez pas que vous allez trop vite ? demanda Harry. Je veux dire, on ne sait même pas si on va pouvoir récupérer le corps…

On le récupérera ! certifia Sirius. Ils ne pourront pas nous le refuser. Et si jamais ils essayaient…

On irait voler le corps ! continua James.

Eridan et Harry leur jetèrent un drôle de regard. Des fois, leurs parents se comportaient vraiment comme des gamins !

Harry sortit du manoir. Il était plus de deux heures du matin mais la nuit était claire et les étoiles scintillaient. Il ne tarda pas à découvrir la petite silhouette. Harry escalada la colline et se laissa tomber à côté d'elle.

J'étais sûr que tu serais là.

J'aime bien regarder les étoiles…

Tu n'arrivais pas à dormir ?

Non. Toi non plus apparemment.

Ça m'a fait un coup !

Eridan se tourna vers lui.

La mort de Voldemort, expliqua-t-il. C'est stupide mais je le voyais un peu comme une chose intemporelle. Une sorte de précipice maléfique, quelque chose comme ça… Et tout d'un coup on apprend qu'il est mort. Comme ça ! C'est perturbant… Tout change, il n'y a plus rien de stable ! C'est comme si… comme si j'avais construit une maison. C'était pas une maison très jolie ni très gaie mais c'était ma maison. Une maison bâtie sur un cimetière et habitée par des fantômes mais je savais qu'elle était là. Et même si je préférais vivre ailleurs, en cas de besoin, je pouvais toujours m'y abriter… Mais maintenant, les fondations s'enfoncent dans un sol marécageux et la maison s'effondre, morceau par morceau…

Harry se tût.

Ouh là ! Je ne devrais plus boire autant de bierraubeurre, ça ne me réussit pas ! murmura-t-il, un peu embarrassé.

C'est pour ça que je veux enterrer Voldemort, finit par répondre Eridan. Pour couler de nouvelles fondations.

Harry la regarda bizarrement. Eridan sourit.

J'aime bien ta métaphore !

Oh ! Tu crois qu'on va réussir ?

Je ne sais pas… Les gens diraient qu'après tout ce qu'on a vécu, ce devrait être du gâteau mais ils ont tort. Ils ne peuvent pas comprendre… C'est plus facile de juste survivre…

Harry ne répondit pas. Il se rendait bien compte qu'ils avaient cette conversation presque tous les soirs. Et il avait entendu ses parents et ceux d'Eridan avoir le même genre de questionnement. Ce n'était pas facile de se replonger dans le présent et d'aller vers l'avenir. Pas facile de se dire qu'on pouvait être heureux. Depuis longtemps, il s'était fixé un but mais une fois le but atteint, comment faisait-on ? Comment faisaient les gens normaux qui n'avaient pas un psychopathe à leurs basques dont il fallait se débarrasser ? Est-ce que ça s'apprenait, la vie ? Parfois, quand il était seul dans sa chambre, il se demandait même si cela valait le coup. Tout ce qui avait été stable dans sa vie ne l'était plus. Le petit orphelin avait retrouvé une famille, le Survivant avait finalement survécu et n'avait plus à craindre de se faire tuer, Voldemort était vraiment mort cette fois-ci.

Harry soupira. Cela n'avait pourtant pas été facile de se construire sur ces bases. Elles n'avaient rien d'agréables ou de faciles mais c'était ce qu'il avait toujours connu. Décidément, l'être humain était un être d'habitudes et il lui était difficile d'en changer, même s'il ne les aimait pas !

Il allait falloir avoir de véritables discussions avec les parents. Il allait falloir soigneusement ranger son passé et ses souvenirs dans un tiroir de son esprit pour laisser la place au présent et à l'avenir. Il allait falloir des tas de choses…

On y arrivera ! Il le faut !

Evidement. Il n'y a pas de raison.

Harry et Eridan se sourirent. Peut-être que pour commencer, ils pourraient essayer de passer leurs nuits dans leurs lits et à dormir !