Auteur : Choupette

Titre: Pour toujours

Disclaimer : G-Boys pas à moi, les mioches si.

Avertissement : Rien de spécial. Pitié ne m'envoyez pas de menaces...

Et oui voilà déjà le premier chapitre ! Vu la taille du prologue je me suis dit que ce n'était pas juste de ne pas mettre la suite. J'ai trop envie d'avoir vos avis sur cette histoire...

Bonne lecture. Gros bisous à tous.


Chapitre 1

Les notes du violon s'égrenaient dans la chaleur de l'été, emportées par un vent léger. Chaque son amplifiait la mélancolie qui régnait dans la maison, emplissant chaque pièce. Au bord de la mer, la maison était isolée, à des kilomètres de la première ville venue, seule la musique la rendait véritablement vivante.

Dans le salon, un violon calé sous le menton, le jeune homme vivait sa musique. L'archet glissait sans à-coups sur les cordes, son corps bougeait suivant le rythme particulier. Le soleil faisait tomber sa lumière sur le bois ambré de l'instrument et les cheveux blonds. Une aura dorée entourait le musicien. Les yeux fermés, son visage trahissait la même tristesse que la mélodie. Il était seul à ce moment-là, dans cette grande maison. Il était seul à pouvoir briser le silence avec les vagues qui s'échouaient sur le sable.

Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus ressenti cette solitude. Entre sa famille, son amour du violon, les concerts… Ses amis lui manquaient de plus en plus, depuis combien de temps déjà s'étaient-ils éloignés de lui pour vivre leur propre vie. Les dernières nouvelles ne remontaient qu'à une semaine à peine pourtant : une lettre en provenance d'Écosse. Il en recevait une à deux par semaine depuis des années maintenant. Parfois, il venait lui rendre visite, prendre de ses nouvelles, savoir si tout le monde allait bien : sa femme, son fils et sa fille. Jamais il n'appelait, les appels longue distance qu'il recevait chez lui en Californie venaient plutôt de Chine ou de Russie.

Il pensait à eux, alors que le rythme s'accélérait, à lui surtout, qu'il n'avait pas revu depuis cette douloureuse journée, il y a plus de 10 ans maintenant. Il avait disparu après cela et tous les réseaux d'espionnage n'avaient pas réussi à le retrouver. Perdu dans ses pensées, prisonnier de la musique, il n'entendait pas les coups frappés à la porte, il ne voyait pas cet homme vêtu de noir qui cherchait une porte ouverte pour entrer.

Lorsqu'une main se posa sur son épaule, il n'écouta que son instinct. Il agrippa la main de l'homme et le fit basculer par dessus son épaule. L'homme tomba sur le dos avant de sentir une chaussure sur sa gorge.

« Qui êtes vous ?

- Adrian Harris, avocat. Vous êtes bien M. Winner ? »

Quatre l'aida aussitôt à se relever et l'aida à épousseter son costume. Sa journée commençait bien : il « agressait » un avocat, s'il ne se retrouvait pas avec un procès sur le dos dans les 10 minutes qui venaient, il aurait de la chance. En général, dès que les gens connaissaient son identité, ils ne se gênaient pas pour faire tout ce qui était possible pour gagner un peu d'argent. De plus, il avait fait tomber son violon et l'une des cordes s'était cassée sous le choc, heureusement l'instrument n'avait aucune égratignure.

« Je suis vraiment désolé. Pourquoi n'avez-vous pas frappé ?

- Je l'ai fait.

- Oh. Que puis-je pour vous ? Enfin… quelle est la raison de votre venue ? »

M. Harris paru gêné par la question, mais il ne pouvait pas se taire et repartir comme il était venu, il devait leur dire, il le devait pour lui et surtout pour eux.

« J'ai un message à l'attention de Messieurs Yuy, Chang, Winner et Barton de… de la part de M. David Maccarty.

- Je ne comprends pas, je ne connais pas cette personne. Son nom m'est familier, mais je n'arrive pas à me souvenir où je l'ai entendu.

- C'est normal, il s'agit d'une identité d'emprunt. En réalité, il s'agit de M. Duo Maxwell, dont je suis le représentant. »

Quatre mit quelques minutes avant d'être sûr d'avoir parfaitement entendu ce qu'il venait de dire. Il bondit presque sur l'avocat en agrippant le col de sa veste.

« Où est-il ? Comment va-t-il ? Il va revenir ?

- … Vous…

- Répondez !

- … m'étouffez.

- Quoi ? Oh, excusez-moi ! Je suis vraiment désolé ! »

Quatre était rouge de honte en relâchant sa prise. Deux fois, en l'espace de cinq minutes, il avait failli faire de la purée d'avocat1. Ce n'était vraiment pas son jour.

« Je ne peux rien vous dire pour le moment. J'ai reçu des ordres clairs et ne doit parler qu'une fois que vous serez tous réunis.

- Quoi ! Non, mais vous rêvez ! Vous croyez vraiment que je vais attendre patiemment que Trowa revienne de Russie, Heero d'Écosse et Wufeï de Chine ! Ils ne vont pas tout lâcher d'un seul coup, pour venir ici !

- Dans ce cas-là, il me semble que la confiance que vous prêtait M. Maxwell n'était que trop exagérée et inutile. Si j'étais vous je les appellerai tout de suite et éviterais de perdre du temps. »

Quatre détailla le visage sévère de l'homme qui se tenait devant lui. Un peu plus petit, Harris devait faire dans les 1m75, les cheveux poivre et sel, la cinquantaine. Il ne semblait absolument pas impressionné par ce jeune homme de 26 ans. Quatre pensa intérieurement que s'il travaillait pour Duo, il avait du en voir des vertes et des pas mûres et ce n'était donc pas quelques éclats de voix qui allaient le faire trembler. Harris lui tendit une carte avec le numéro de téléphone de sa chambre d'hôtel.

« Appelez-moi lorsqu'ils seront là.

- D'accord. Au revoir. »

Harris tourna les talons, Quatre ne le raccompagna pas à la porte, il se laissa tomber sur le fauteuil le plus proche, complètement abasourdi par cette visite. Un message de Duo ? Pourquoi n'était-il pas venu lui-même ? Pourquoi envoyer un avocat ? Pourquoi aujourd'hui ? Les questions se bousculaient dans sa tête. Il ne savait pas trop quoi penser. Duo refaisait surface après tout ce temps et n'avait même pas le courage de venir les voir lui-même. Quatre sentit la colère le gagner, juste durant un instant, il ne pouvait pas en vouloir à son ami, il n'avait jamais pu. Après tout, peut-être avait-il des problèmes, une raison valable pour les avoir fui. Il se leva et se dirigea vers le téléphone, composa quelques numéros. Il devait mettre les autres au courant le plus vite possible, pour savoir ce que Harris avait à leur dire. Il fallut une dizaine de sonneries avant que l'on décroche. Une voix s'adressa à lui en Chinois.

« Dojo Chang, que puis-je pour vous ?

- Allô Sally, c'est Quatre.

- Quatre ! Comment vas-tu ? Il y a longtemps que l'on n'avait pas de nouvelles !

- Ça va, je voulais…

- Attends une seconde s'il te plaît ! »

Il entendit que l'on posait le combiné, suivit de pas précipités et des cris de Sally. Cela amusait toujours Quatre de téléphoner chez Wufeï tant cela paraissait épique de vivre là-bas entre les élèves, Sally et leur fille.

« Mei, non ! Pose le sabre de papa ! Tu vas te faire mal !

- Nan, je veux pas. Je veux me battre comme papa ! Je veux être courageuse comme lui et rétablir la paix !

- C'est déjà fait, enfin presque. Ma chérie, donne-moi ce sabre et va dire à papa que tonton Quatre est au téléphone.

- Pff, c'est de l'injustice pure ! On ne peut pas empêcher une Chang d'accomplir son destin.

- Pour le moment, ton destin est d'obéir à ta mère. »

Sally reprit le combiné.

« Elle va ma rendre folle, à 7 ans elle a décidée de devenir samouraï. Elle a décapité toutes mes plantes et les discours de Wufeï sur la morale et la justice l'inspirent beaucoup trop à mon goût. Et toi ? Comment vont Hilde, Juan et Isabelle ?

- Très bien, ils sont partis rendre visite à la famille de Hilde. Je m'inquiète un peu avec tout ce qui se passe en ce moment dans les colonies. J'aurai préféré aller avec elle, mais je n'ai pas pu la suivre sur L2 à cause d'un concert que je devais donner.

- Il est vrai que notre petit virtuose est très célèbre maintenant !

- Pas tant que ça.

- Ne fais pas ton modeste, tu es connu dans le monde entier.

- Mais…

- Ah ! Voilà mon cher et tendre, je te laisse. Bisous !

- Embrasse ma nièce ! »

Sally n'entendit pas Quatre, trop préoccupée par ses nouveaux pétunias, dangereusement menacés par Meï.

« Allô, Quatre ?

- Salut Wufeï.

- Comment va…

- On parlera de ça plus tard. Wufeï, un avocat est passé me voir aujourd'hui… avec un message de Duo.

- Quoi ! Comment va-t-il ? Où est-il ?

- Doucement, Wufeï. Je ne sais pas. M. Harris, son avocat, m'a dit qu'il parlerait uniquement si nous sommes tous réunis.

- Attends que je l'ai entre les mains ! Je te jure qu'il parlera !

- Quand peux-tu venir ?

- Tout de suite ! En tout cas, il a intérêt à avoir une bonne excuse cet espèce de shazi ! Ça ne va pas se passer comme ça !

- Wufeï…

- Je te jure que cette fois, je vais lui faire avaler mon katana !

- Wufeï, calme….

- Je lui ferais subir les pires supplices pour nous avoir inquiété ainsi !

- Wufeï !

- Oui ?

- Est-ce que tu peux passer prendre Trowa et Heero ? Trowa est injoignable et le temps d'envoyer une lettre à Heero… Mieux vaut que tu y ailles et que vous veniez ensuite à la maison.

- Pas de problème. Je les ramènerais par la peau des fesses s'il le faut.

- Je ne pense pas que de telles extrémités soient à envisager. Et pour Sally et Meï ?

- Sally ne peut pas quitter la Chine. Le bébé est pour bientôt, il est hors de question qu'elle prenne l'avion. Et Meï… Elle est très bien avec sa mère... Quatre ?

- Oui.

- J'ai hâte qu'on soit de nouveau ensemble.

- Moi aussi, cela fait si longtemps.

- Trop longtemps. Quatre… tu crois qu'il aura changé ?

- Je ne sais pas, sûrement. En dix ans, il peut s'être passé tellement de choses et puis nous n'avons jamais su pourquoi il était parti, surtout à un moment pareil…

- Il a toujours su choisir les bons moments pour faire ses coups d'éclats.

- C'est vrai… Je te laisse, je dois appeler Hilde. Au revoir.

- Au revoir Quatre. »

La voix de Wufeï était à peine audible, il retenait péniblement sa joie et ses larmes. C'était si inespéré. Il y avait si longtemps que le Chinois pensait que tout était perdu, que si Duo devait revenir ce ne serait pas grâce eux, mais par sa seule volonté et il semblait enfin s'être décidé. Il se retourna vers Sally, la prit dans ses bras et posa sa tête sur son épaule. Elle caressait tendrement les cheveux d'ébène, ne comprenant pas la réaction de son mari. Trop occupée à essayer de sauver ses derniers pétunias, elle n'avait pas entendu la bonne nouvelle.

« Wufeï, ça va aller ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Je dois partir chez Quatre, tout de suite.

- Pourquoi ? Il y a un problème ? C'est Heero ? Trowa ?

- Non… On l'a retrouvé…

- Duo ?

- Il a enfin décidé de se montrer.

- Je suis heureuse, je…

- Qui ça ? C'est qui, c'est qui papa ? »

Meï tirait sur un pan de la tunique rouge de Wufeï, les sourcils froncés, boudant parce qu'on la laissait de côté. Il renifla, ravalant ses larmes et s'agenouilla. Il regarda un instant sa fille, qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eux, les mêmes cheveux, les mêmes yeux et cet air si fier. Elle était adorablement têtue.

« Tu sais Meï, les amis de papa…

- Trowa, Quatre et Heero.

- Oui, c'est ça, mais tu en as oublié un. Tu sais celui que je t'ai montré sur les photos.

- Celui qui sourit tout le temps ?

- Tu devrais bientôt le voir. »

-/-

Quatre regardait toujours le combiné du téléphone. Il n'avait pas le courage d'appeler Hilde. Il faudrait aussi qu'il prévienne Zechs. Duo, Heero et lui étaient devenus de très bons amis après la guerre, surtout après l'accident de voiture de ce dernier. Heero était resté près de lui durant toute sa convalescence, puisque Réléna n'avait pu le faire. Les médecins avaient alors diagnostiqué à la jeune princesse un cancer généralisé peu après la guerre, cancer auquel elle avait succombé, il y a si longtemps maintenant. Quatre savait aussi que Zechs avait mis tous les moyens disponibles pour le chercher et qu'il continuait encore aujourd'hui, malgré ses responsabilités et les guerres civiles qui faisaient rage dans les colonies.

Il se prit la tête entre ses mains, massant ses tempes, prenant conscience de ce que la visite de Harris signifiait vraiment. Ils allaient le revoir. Après dix ans d'attente, il allait pouvoir serrer son ami dans ses bras, revoir ce sourire qui lui avait tant manqué, supporter son babillage incessant, apprécier cette joie si communicative.

Mais les paroles de Wufeï l'inquiétaient aussi. Duo était-il toujours cet ami qu'ils avaient eu ? Etait-il toujours ce jeune homme joyeux, que rien ne pouvait abattre. Avait-il encore ce sourire auquel personne ne résistait ? Ses cheveux étaient-ils toujours aussi longs ? Ce qui importait le plus, au final, était ces petits détails qui faisaient autrefois sa personne, qui faisaient qu'il était Duo, leur ami, leur frère. Sa joie se transforma en anxiété. Après tout, pourquoi aujourd'hui, pourquoi maintenant ? Ils ne savaient rien de sa vie, il n'avait pas essayé de rétablir un contact avec eux depuis toutes ces années et un avocat venait lui rendre visite, prétextant avoir un message de la part de Duo.

Pourquoi n'était-il pas venu lui-même ? Un avocat… Avait-il des problèmes. Quatre avait peur que Duo ne revienne uniquement pour leur demander de l'aide, qu'après cela il disparaisse à nouveau dans la nature. Il n'avait pas réfléchi à cela. Un avocat… Pas un ami, un parent, une femme, un ou une petite amie. Non, un avocat… Au fur et à mesure que les minutes passaient, il commençait à redouter une deuxième rencontre avec M. Harris. Duo était peut-être en prison pour un crime quelconque, cela expliquerait pourquoi il avait fui.

Quatre secoua la tête, c'était ridicule, tellement contraire à l'attitude de Duo. Il préférerait se débrouiller tout seul plutôt que de les impliquer dans ses problèmes. Quatre réfléchissait, élaborant les hypothèses les plus absurdes qui lui passaient par la tête. Quatre voyait Duo heureux, avec sa famille retrouvée sur L2, il pouvait être espion pour une puissance quelconque et fait prisonnier à cause des guerres civiles qui faisaient rage, ou alors il avait fait un enfant à la princesse de Finlande, qui disait-on fricotait avec tout le monde et le gouvernement finlandais voulait le forcer à épouser le princesse Gertrude. 2Quatre se leva et faillit se mettre une claque. C'était ridicule !

Non, Duo avait envoyé M. Harris pour tâter le terrain et voir si sa présence était toujours souhaitable parmi eux. S'ils réagissaient bien, il apparaîtrait alors dans l'encadrement de la porte, le sourire aux lèvres et ils se retrouveraient, raconteraient leur vie. Il leur ferait des excuses et ils les accepteraient. Ils n'auraient plus alors ce poids sur le cœur qui les empêchait d'être pleinement heureux depuis qu'il avait disparu.

-/-

Les trois ex-pilotes étaient arrivés le lendemain matin. Après les accolades et plaisanteries d'usage cherchant à rendre l'atmosphère plus légère, Quatre appela M. Harris pour qu'il vienne aussitôt. Chacun s'installa et attendit. Trowa s'était accoudé au mur, près de la fenêtre. À 28 ans, il n'avait pas spécialement changé. Il atteignait les 1m90, son éternelle mèche recouvrait toujours une partie de son visage et il avait une musculature de rêve. Heero et Wufeï avaient réussis à atteindre le 1m75 et hormis les éternelles rides d'expressions qui naissaient juste aux coins de leurs yeux et lèvres, ils avaient tout des mannequins en vogue, finement musclés, du type à être coursés par la gent féminine dans son intégralité. Ils squattaient le canapé alors que Quatre avait monopolisé un fauteuil. Il n'y avait pas un bruit dans la pièce, pourtant, ils ne s'étaient pas vus depuis des mois. Ils se faisaient face à face sans oser se regarder. Le silence était pesant, trop pour Quatre qui ne l'avait jamais supporté lorsqu'ils vivaient ensemble tant il était alors synonyme de mort.

« Alors comment ça va ? Trowa ?

- … Bien.

- Il ne fait pas trop froid en Russie ?

- La base de l'armée est chauffée.

- Ah… Tant mieux… Enfin… C'est normal. Et toi Heero ? Il ne pleut pas trop en Ecosse ?

- Hn.

- Je vois. Ça marche les affaires ? Tu tiens toujours l'ébénisterie ?

- Hn.

- Tant mieux, tant mieux… Wufeï ? »

Le Chinois voyait bien ce que Quatre cherchait à faire, mais il n'avait rien à dire non plus. Il était bien trop nerveux pour lancer un sujet de conversation. Et puis, faire parler Trowa et Heero relevait de toute façon de l'impossible dans ce genre de situation. Ils s'étaient bien améliorés, depuis la guerre, dans le domaine des relations, mais il ne fallait pas trop en demander. Trowa arrivait à faire des phrases entières avec plus de 7 mots et Heero pouvait écrire des lettres faisant des dizaines de pages, mais ils restaient les deux muets du groupe. Wufeï se creusa la tête, espérant trouver un sujet de conversation qui les sortirait de leur mutisme.

« Euh… Ben… Meï a décapité les pétunias de Sally.

- Ah. Intéressant, je… »

Dring, dring.

Les ex-pilotes sursautèrent lorsque l'on sonna à la porte, au grand soulagement de Quatre, qui ne savait quoi ajouter après cette triste nouvelle : l'ouragan Meï a détruit la flore Sallyenne.

C'étaient la première fois qu'ils étaient aussi nerveux. Ils ne savaient pas du tout ce qu'allait leur annoncer cet avocat, ni si Duo n'allait pas entrer comme ça en criant surprise. Il en était bien capable. Quatre se leva et alla ouvrir. Il inspira un grand coup avant de tourner la poignée de la porte, mais fut vite déçu lorsqu'il vit cet homme d'une cinquantaine d'année, au complet noir.

« Bonjour M. Harris. Veuillez entrer je vous en prie.

- Bonjour M. Winner. »

Quatre introduisit Harris dans le salon, les pilotes le fixaient d'un air mauvais, capable de faire fuir n'importe qui. Personne ne le salua, ils attendaient juste qu'il leur donne des nouvelles de leur ami.

« Comme vous le voyez nous sommes tous là. Je vous présente Wufeï Chang, Trowa Barton et Heero Yuy.

- Enchanté.

- …

- …

- …

- Je crois que vous feriez mieux de nous donner le message de Duo.

- En effet. Tout d'abord, je suis désolé d'avoir du vous imposer cette attente, mais c'est une promesse qui me liait à M. Mac… à M. Maxwell et…

- Abrégez !

- Oui, M. Chang. »

Le visage déjà très fermé et sévère de Harris se décomposa. Il fouilla dans sa mallette sans vraiment y prêter attention, comme s'il faisait un geste machinal, quelque chose de professionnel. Il cherchait… Il ne savait même pas ce qu'il cherchait. Il devint extrêmement pâle, se rendant compte du ridicule de sa situation. Il reposa sa mallette, les regarda, il dut se racler plusieurs fois la gorge avant de pouvoir parler.

« Il y a 9 ans, M. Maxwell m'a chargé de protéger ses intérêts et tout ce qui se rapprochait à lui et à sa famille.

- Sa famille ?

- Oui, M. Yuy. Je suis donc devenu son avocat, mais aussi son notaire. Il m'a confié tout ce qui a fait sa vie, tous ses secrets et donc les vôtres. Il m'a demandé que vous soyez tous réunis pour répondre à sa requête. Si je suis ici aujourd'hui… C'est… »

Harris s'étrangla à moitié et Quatre du lui apporter un verre d'eau, pour qu'il puisse continuer. Les pilotes étaient de plus en plus inquiets, l'attitude de cet homme était vraiment étrange.

« Merci M. Winner. Si je suis ici aujourd'hui, c'est pour vous faire part… de son décès3.

- Quoi !

- Qu'est-ce que vous racontez ! »

Harris leur fit comprendre d'un regard, qu'à son grand regret, il ne s'agissait pas d'une plaisanterie. Il connaissait les pilotes à travers Duo qui lui avait presque tout raconté sur eux. Il s'attendait à voir des soldats impassibles, des hommes qui avaient vu tellement de malheurs que plus rien ne pouvait les faire chanceler. Des hommes comme Duo. Mais leur réaction fut bien différente. S'ils ne pouvaient montrer leurs sentiments devant un étranger, ils ne pouvaient s'empêcher de réagir.

Trowa avait tourné le dos pour regarder l'horizon à travers la fenêtre, il ne fallait pas qu'on le voit, lui qui était si impassible en temps normal. Quatre pleurait silencieusement, trop abasourdi par la nouvelle. Wufeï s'était pris la tête entre les mains, tout en parlant en chinois et cela n'avait rien des insultes qu'il lançait ordinairement. Heero était devenu blanc, ses yeux étaient vides. Il semblait mort et Harris se retint de l'approcher de peur que ça ne soit vrai. Puis les yeux cobalts se fixèrent sur lui, aussi froid que la glace. Il n'avait presque plus rien d'humain. L'avocat fit un pas en arrière, il avait déjà vu Duo dans cet état et ne voulait pas réveiller la fureur qui semblait s'installer dans le cœur du Japonais.

« Je peux repasser plus tard pour vous faire part de ses dernières volontés.

- Non ! … S'il vous plaît, M. Harris restez, on a besoin de savoir… »

Quatre et Wufeï pleuraient sans aucune honte, laissant s'échapper leur peine. Heero était ailleurs même s'il écoutait encore les paroles de M. Harris. Quatre se leva pour faire du thé, il ne savait pas pourquoi, mais il fallait qu'il se lève et aille faire du thé, c'était plus fort que lui. M. Harris s'assit et attendit que la nouvelle fasse son chemin dans leurs esprits, qu'ils soient prêts pour la suite. Il fallu deux heures de silence et 23 tasses de thé à la menthe pour qu'ils retournent lentement à la réalité.

Ils avaient enfin leur réponse, ils n'avaient plus à le chercher, le manque qu'ils ressentaient depuis des années avait une réelle raison d'être. Il était mort et rien ne pourrait le ramener. Il était mort loin d'eux, sans leur donner une nouvelle. Tout ce qui restait de lui semblait être cet homme en costard noir, ressemblant vaguement à un majordome coincé.

« M. Harris… Pourquoi est-il parti ?

- Je n'en sais malheureusement rien, M. Winner.

- … Et… Co… Comment est-il mort ?

- M. Maxwell devait revenir d'un voyage d'affaire, mais le bateau sur lequel il se trouvait a eu un accident. Nous pensons qu'il s'est noyé.

- Noyé !

- Il y a eu des survivants ?

- Non, aucuns, M. Chang.

- Alors comment en êtes vous si sûrs ? Personne ne peut dire s'il s'est vraiment noyé !

- A-t-on… Son corps… A-t-il été retrouvé ?

- Non… Mais il y a peu de chance qu'il ait pu en réchapper. »

Le silence retomba. Ils ne voulaient pas y croire, mais cet homme semblait si sûr de la mort de Duo, que leurs espoirs en prenaient un sal coup. Seuls Quatre et Wufeï arrivaient à se focaliser sur les paroles de Harris. Essayant de trouver une faille, n'importe quoi pouvant réfuter cette nouvelle.

« Pourquoi ? Vous avez dit… Que D… Que Duo avait quelque chose à nous demander.

- C'est exact. M. Maxwell…

- Arrêtez de l'appeler comme ça ! Ce n'est pas qu'un client, un nom sur une liste qui vous rapporte du fric !

- M. Chang, M. Maxwell est… était un ami depuis des années, il n'est pas qu'un nom dans une liste. Je vous interdis de penser une telle chose. Il était mon seul et unique patron. Je travaille avec lui chaque jour depuis dix ans. Il était un ami cher. »

Ses yeux brillaient de larmes sans pour autant qu'elles se mettent à couler. La tristesse qu'il éprouvait était aussi palpable que celle des pilotes et Wufeï regretta amèrement ses paroles. D'un certain côté, cela l'énervait de savoir que depuis dix ans, c'était sur cet homme que Duo comptait et non sur eux.

« Excusez-moi, veuillez continuer.

- M. Maxwell a changé d'identité il y a 10 ans pour se faire appeler David Maccarty, il a fondé une entreprise de transport de marchandises, en général du matériel hospitalier, des médicaments… Puis, il a diversifié son activité. La L.A Corporation vaut aujourd'hui 3 milliards de dollars et a des intérêts dans presque tous les pays du monde et dans les colonies.

- Je comprends mieux pourquoi le nom de David Maccarty m'était familier.

- Duo a fait ça tout seul ! En seulement 10 ans !

- Oui, grâce à ses relations sur L2 et au royaume de Sank, il a su monter cette entreprise, seul. Et il vous l'a légué.

- Quoi !

- Les parts de la L.A ont été divisées en quatre, à parts égales.

- Mais…

- On ne pourra jamais s'en occuper !

- Ne vous inquiétez pas pour ça, M. Winner, M. Maxwell a fait en sorte de… Comment dire ça… De fédéraliser son entreprise. Il prend les décisions primordiales en terme de gestion et de politique, puis délègue à des hommes de confiance. Il ne vous sera pas difficile de reprendre son affaire et puis vous avez le temps.

- Pourquoi nous ? On ne s'est pas vus depuis si longtemps.

- Vous êtes les seules personnes en qui il a pleinement confiance. En dix ans, il ne s'est pas passé une journée sans qu'il ne parle de vous. Vous ne vous rendez pas compte à quel point vous étiez importants pour lui. Je n'avais jamais vu un homme capable de ressentir autant de respect et d'amitié pour quiconque. Peu de personnes jouissent de sa confiance et de son respect, à vrai dire je n'en connais que deux ou trois en dehors de vous. Il vous considérait comme ses frères… Et c'est pour cela qu'il vous confie aussi sa famille.

- …

- …

- C'est quoi encore cette histoire ?

- Vous êtes les tuteurs légaux de ses deux enfants. »


1 Oh ! Le jeu de mot le plus pourri de toute l'histoire du jeu de mot. Fustigez-moi pour cet horreur, je le mérite.

2 Désolée, dérapage incontrôlé de l'auteur.

3Ne tapez pas l'auteur, s'il vous plaît. Et puis, je n'ai pas l'habitude de tuer notre Dudulle chéri, non ? Remarquez les habitudes ça se changent très vite et puis de toute façon si c'est pas lui, ce sera un autre qui prendra à sa place… Sur qui ça va tomber ? Auteur en intense réflexion.

Je sais pas pourquoi, mais je sens qu'il y en a qui vont râler. Mais pourquoi Dudu ? C'est toujours lui qui prend ! Et patati et patata... C'est lui c'est comme ça. J'espère que vous avez aimé ce chapitre. Pitié, envoyez plein de reviews.

Bisous