Pauvre Kadaj... ah, il faut bien faire souffrir ceux qu'aime (petite blague: mon correcteur, Antidote, ne reconaît pas le mot souffrir, et en échange il me proposait soufrière... vraiment étrange) (j'ai aussi découvert que les signes de pourcent n'apparaissent pas sur ce site, j'ai fait comme j'ai pu...) J'ai adoré écrire ce chapitre, mais en même temps je suis déçue, je ne sais pas pourquoi.

Bon, je dois avouer que j'ai piqué le principe de faire bouger les membres petit à petit dans Kill Bill, mais ça ne paraît pas trop, enfin j'espère. C'est beaucoup plus développé ici... il me semble.

Bonne lecture!


Apprendre le monde 7

C'est fou ce que le monde peut nous cacher

Mais peut-on se cacher du monde?

Quand on sait ce qu'il nous réserve

Même si la souffrance n'est jamais vaine…

Cette sensation… cette horrible sensation… Le froid, la nudité… la claustration…

Non…

Pas… le tube…

-Les pulsations cardiaques augmentent, il doit être en train de se réveiller.

J'étais roulé en boule dans le fond d'un cylindre de verre. Un mètre de diamètre. Tout me semblait encore plus petit qu'il y a deux ans et demi. Évidemment, puisque j'avais grandi depuis ce temps. Mais aussi… tout était… plus froid, plus sombre. J'ouvris les yeux, mais je ne vis rien.

Je me sentais déchiré, torturé. Il y avait des intraveineuses dans mes poignets, mais elles ne me donnaient rien… elles m'enlevaient quelque chose… quelque chose qui n'était pas liquide, quelque chose qui n'était pas du sang… Je voulus les arracher, mais je pouvais à peine bouger. J'étais écrasé par mon propre poids, par celui de l'air.

-Il a ouvert les yeux, madame.

-Cela ne change rien, continuez l'extraction. Nous n'avons pas tout ce qu'il nous faut.

-Bien.

Le voile devant mes yeux sembla s'écarter, légèrement. Deux choses blanches qui s'agitaient dans le noir. Des humains en sarrau. Et des voix, il s'agissait de deux femmes. L'une avait une voix jeune, timide. L'autre était grave, sévère, sèche. La voix de la patronne. Elle s'approcha de moi, mais je ne pouvais détailler son visage.

-Alors, Kadaj? Comment on se sent, maintenant?

Ma langue était pâteuse, ma mâchoire pendait, mes muscles ne répondaient plus aux commandes directes de mon cerveau. J'étais horriblement faible. Je haïssais me sentir ainsi. Je ne pouvais pas être faible… je ne pouvais pas… je…

-Je suis désolée de devoir agir ainsi avec toi, mais je n'ai pas vraiment le choix. Tu n'es qu'un enfant et je déteste qu'on fasse du mal aux enfants. Malheureusement, il n'y a personne d'autre. Morrigan, dit-elle en se tournant vers la jeune femme, combien de temps avant saturation des réservoirs Mako?

-Ils sont pleins à 95/100, il ne reste donc que cinq minutes environ.

-Bien.

J'entendais la jeune femme, Morrigan, taper sur un clavier. C'était comme si elle tapait sur mon cerveau; j'avais une migraine atroce. L'autre femme me regardait silencieusement. Des cheveux bruns, un teint moyen. Un visage très humain, très net, très simple. Elle était jolie, mais elle dégageait quelque chose… d'irréel… de froid… de mort. Elle me souriait étrangement, gentiment, mais avec avidité.

Elle extrayait le Mako de mon corps. L'énergie. La force. J'ignorais que j'en étais aussi dépendant.

-Réservoirs pleins à 100/100.

-Bien. Nous pouvons passer à la deuxième étape. Commencez les recherches.

Une onde de choc dans tout mon corps, suivie aussitôt d'une deuxième, puis d'une troisième. Je me sentis sursauter, je ne contrôlais rien. C'était une douleur vive, intense, brève, mais répétée inlassablement. Mes oreilles tintaient, mes yeux clignaient à toute allure, et je souhaitais mourir. J'entendais la femme parler, mais je l'entendais mal, et je ne l'écoutais pas. Dans la douleur, les autres cessent d'exister. Je la maudissais de toute mon âme, mais elle était hors de ma portée, hors de mes forces.

-… enfant… Mako… Sephiroth… gènes… allons le trouver… retrouver… fils…. augmente la puissance.

Une nouvelle onde de choc, plus forte que toutes les précédentes. Mon cerveau épuisé me lâcha, et je m'évanouis.

OoOoO

-Elle essaie de le retrouver.

-Aeris…

-Elle essaie de retrouver Sephiroth.

-Aeris, pourquoi ai-je aussi mal? Pourquoi suis-je si faible?

-Elle a volé une partie du Mako dans ton corps pour s'alimenter en électricité. Tu es sa source d'énergie, et tu es aussi le seul lien vers son fils.

-Son fils… Sephiroth? La seule mère de Sephiroth, c'est… Mère…

Je n'osais la nommer par son vrai nom.

-Jenova n'est pas sa vraie mère, comme elle n'est pas la tienne. C'est Lucrecia qui lui a donné la vie. Qui lui a donné SA vie.

-Je ne comprends pas… je ne comprends rien…

Elle passa sa main sur mon front. Une douce chaleur s'en émanait. J'aurais voulu que ce contact dure éternellement.

-Sephiroth… tu dois le combattre. Lucrecia tente de le faire revenir. Il est encore dans ton corps, dans tes cellules.

-Une autre Réunion?

-Lucrecia n'aura pas besoin de Jenova. Il n'y aura pas de Réunion. Il y aura seulement Sephiroth.

-Je ne comprends pas… Aeris…

La sensation d'un sourire, d'une blancheur, d'une beauté pure.

-Tu devras combattre. Tu devras vivre.

-Je ne veux plus souffrir…

-La vie et la souffrance… souvent, les deux ne font qu'un…

OoOoO

Noir.

Blanc.

Vert – vert Mako.

J'étais toujours couché en boule dans le tube. Mes muscles étaient agités de crampes et de spasmes. Combien de chocs m'avait-on donnés durant mon inconscience? À quoi servaient ces chocs?

-Sephiroth détecté et isolé.

-Bien. Allons prendre un café. La suite promet d'être longue.

Les deux taches blanches, les deux femmes s'éloignèrent sans se rendre compte que je m'étais éveillé. La pièce était maintenant plongée dans l'obscurité, à part un faible scintillement vert émanant de mon propre tube, une lumière qui n'éclairait rien.

D'abord le petit doigt. Il était juste devant mes yeux. Faire bouger le petit doigt. Forcer le muscle à m'obéir. Reprendre le contrôle de mon corps, petit à petit.

Sephiroth… le fils de cette femme… la création de Hojo… Qui était-il? Qu'était-il?

Il bougea. Mon petit doigt bougea au bout de cinq minutes. Il avait vaincu la gravité, la pesanteur de l'air, il avait vaincu la fatigue, le manque de Mako. Maintenant l'annulaire.

Pourquoi cette femme, Lucrecia, voulait-elle le faire revenir? Elle n'était pas qu'une mère à la recherche de son fils. Elle était davantage. Elle n'était pas… humaine. Même à travers la vitre, même avec mes yeux fatigués et flous, je ressentais… autre chose à travers elle. Quelque chose qui me terrifiait.

Le majeur.

Je la détestais. Je haïssais cet endroit. J'en avais assez de souffrir. Je me sentais comme un jouet, comme une poupée. Je ne voulais pas mourir. J'avais peur de la mort, et je ne voulais surtout pas mourir pour laisser la place à Sephiroth. Pas encore.

L'index.

Qui était-elle pour ignorer ce qu'était Sephiroth? Ce qu'il représentait comme horreur pour cette planète? Qui était-elle pour vouloir le ramener? Seule Mère voulait que son fils revienne, il était celui qui accomplirait sa tâche, sa volonté. Je lui étais inutile, maintenant. Seule Mère…

Le pouce.

La vérité me frappa brutalement. Lucrecia… Mère… Lucrecia possédait des cellules de Mère en elle. Elle était comme j'avais été auparavant. Un esprit. Lucrecia était l'esprit de Jenova. Cela expliquait l'impression qu'elle me faisait, cette terreur, cette impression de malveillance.

La main.

Comment avais-je pu l'aimer? Mère de haine, Mère de souffrance, Mère de désirs, Mère de mort, Mère de destruction… Comment avais-je pu me laisser prendre à son jeu? Probablement parce que je n'avais rien d'autre. Probablement parce que le monde me semblait si effrayant. L'inconnu effraie toujours; elle m'apprit à le détester. Probablement parce que j'avais besoin de sa force. J'étais content qu'Aeris ait éliminé sa présence en moi. Je ne voulais plus rien d'elle.

Le poignet.

Me sentir obligé. Me sentir enfermé. Me sentir enragé. Me sentir impuissant. Et Mère qui se jouait de moi, qui se jouait encore de moi, à travers cette femme, à travers Lucrecia. Mère qui manipulait quelqu'un d'autre, et moi qui subissais, encore. La haine montait en moi comme une marée.

Le coude.

Alors elle allait extraire Sephiroth? Elle allait le forcer à reparaître? J'en avais le pouvoir auparavant, je le pouvais. Geostigma. Cette force incroyable que Mère me donnait sur les faibles. C'est pour cette raison que j'ai pris celle de ces enfants malades. Parce que je le pouvais. Parce que Mère me le demandait. Parce que je désirais par-dessus tout la force, la force pour la trouver, pour lui obéir encore, toujours.

L'épaule.

Je pouvais faire voir Sephiroth aux malades atteints de Geostigma. Je ne l'avais montré qu'au Shachou, mais tous les malades auraient pu le voir. Ils le ressentaient à travers mon être, à travers ma forme. J'avais… ce pouvoir. Je l'avais toujours en cette heure sombre, mais le Geostigma n'existait plus. Sephiroth se montrerait quand même, mais ce serait hors de ma volonté… Ma volonté… ma volonté plus forte que jamais…

Le cou.

Je me demandais si Lucrecia était bien consciente de ce qu'elle faisait, ou si elle était entièrement manipulée par Mère, comme je l'avais été. Lucrecia avait le parfum de la mort sur la peau. Peut-être n'existait-elle plus vraiment.

L'autre bras. Tout devenait plus facile. Une fois les premières barrières franchies, mon corps reprenait beaucoup plus de forces. Tout était difficile, mais cette difficulté n'était qu'une illusion, un autre monde. Mon corps me revenait. Je pus m'asseoir et commencer à masser mes jambes. Après une dizaine de minutes, je suis parvenu à me lever.

J'étais debout, nu, frigorifié, dans un tube de verre, et j'attendais je ne sais quoi. Le retour de Lucrecia. J'exerçai ma voix. Ma gorge était rauque, ma bouche avait aussi besoin d'exercice. Ba-be-bi-bo-bu. N'importe quoi, juste parler, juste laisser les sons d'adoucir, ma gorge se calmer. Da-de-di-do-du. Que ma mâchoire bouge, comme le reste. La-le-li-lo-lu.

Porte. Pas. Voix.

Les deux femmes revenaient. Mes yeux voyaient clair, maintenant parfaitement clair. Lorsqu'elles me virent, l'une d'elle laissa tomber sa tasse de café, et l'autre poussa un léger cri. Lucrecia s'approcha de moi au pas de course.

-Tu… ne devrais pas…

-Rien à faire de ce que je devrais ou pas, d'accord? Sors-moi de là!

Elle rit.

-Aucune chance.

Je frappai sur la vitre. Évidemment, j'avais peut-être récupéré la capacité de bouger, mais mes forces demeuraient très faibles. Je ne parvins même pas à l'ébranler. Lucrecia rit à nouveau, moqueuse.

-Tu es fort, petit ange… très fort… mais Sephiroth l'est encore plus que toi…

Elle caressa la vitre de ses ongles roses. Je frappai là où elle avait posé ses doigts. Je savais que c'était inutile, que c'était ridicule, mais je devais le faire. Elle rit encore. Alors j'étais aussi détestable lorsque je portais Mère en moi? Je riais devant la souffrance d'autrui, je riais pour mes victoires, je riais pour me croire fort… et je le devenais…

-Mon fils… je veux revoir mon fils. Rends-moi mon fils!

Tout sourire l'avait quitté d'un coup. Je reculai autant que je le pus, les bras contre mon corps, jusqu'à m'appuyer contre le verre derrière moi.

-Sale traître… rends-le-moi!

Je laissai le pouvoir de Sephiroth m'envahir, un seul instant. L'apparence, pas la réalité. Le pouvoir, mais non la volonté. Ma volonté était la plus forte. Lucrecia eut cette vision de son fils bien-aimé à ma place, un seul instant.

-Ton fils est là, dis-je faiblement après cette intrusion permise. Juste devant toi. Aveugle!

Elle était furieuse. Elle ordonna à sa technicienne de commencer le travail, et elle évita de me regarder. Elle consulta ses écrans, échangea quelques paroles à mi-voix avec Morrigan, elle appuya finalement sur un bouton, l'air triomphant.

-On verra, Kadaj. On verra qui est l'aveugle, on verra qui devra mourir.

La douleur de la mort.

Mais je résistai. J'en avais assez de souffrir, vraiment… mais je ne pouvais pas m'abandonner. Un flux apaisant me pénétra, la présence d'Aeris qui me soutint.

-Il y a encore de l'espoir.

Alors je crus.

OoOoO

Léthargie. Fatigue. Par quel miracle tenais-je encore debout? Je crois que j'étais simplement figé dans cette posture et que je ne pouvais plus rien faire. Mes mains étaient collées aux vitres, mes cheveux et ma peau étaient humides de sueurs froides.

Juste souffrir. On ne s'y fait jamais.

Mais je souffrais pour le monde. Je souffrais pour Cloud. Je souffrais pour Aeris. Je souffrais pour tout ce qui méritait d'être sauvé. Tout. Car le monde méritait d'être sauvé. Je le savais maintenant. Je ne pouvais pas détruire le monde à cause de ma seule souffrance. Je ne pouvais pas abandonner.

Mes nerfs étaient survoltés. Mes autres sens étaient fatigués. J'avais fermé les yeux, de toute façon je ne voyais plus rien. Je n'entendais plus rien, sauf mes propres hurlements, occasionnels. Il n'y avait rien d'autre. Rien d'autre depuis… des heures? Le temps n'était qu'une théorie, une chose trop longue, s'étirant à l'infini.

Sephiroth… il était devant moi… ne pas penser à lui… l'oublier enfin…

-Cloud…

Ma… voix? Ma voix… pour oublier Sephiroth… pour mon courage.

-Cloud… CLOUD! CLOUD!

Pourquoi la douleur s'arrêtait-elle soudain? Mes muscles se relâchèrent, et je tombai la tête contre la vitre, puis le reste du corps suivit. J'étais parcouru de tremblements et de spasmes à la fois bienfaisants et désagréables, mais c'était cent fois moins pire que la douleur précédente.

Pourquoi mon tube s'ouvrait-il? Je sentis une vague d'air chaud sur moi. Je respirais enfin normalement, je n'avais plus cette sensation de renfermé, mais je n'avais pas non plus la liberté que je désirais, j'étais enfermé dans mon corps, dans cette chose molle et presque morte…

-Kadaj!

-…huh?

Mes yeux papillonnaient. Ma respiration était haletante. Il me fallait revenir à un mode normal, à cette vie où tout n'est pas que douleur. Revenir. Je sentis qu'on me soulevait, qu'on m'entraînait ailleurs. Je me laissais faire, je ne pouvais pas vraiment faire autrement, mais j'aimais… tout. Pouvoir enfin m'abandonner.

Quelque chose de moelleux. Un lit, j'étais dans un lit. Des couvertures sur mon corps. Et un visage penché sur moi.

-Cloud… tu… es venu…

-Évidemment!

Je sentis ses lèvres sur mon front.

-Je suis… content… que tu sois venu.

-Chh. Garde tes forces. Tu as été très brave, Kadaj.

-Hm. Tu vas… rester avec moi… Cloud?

-Bien sûr, mon ange.

Je souris légèrement et je me laissai emporter par le sommeil.


De retour dans mon monde tout mimi, après le monde de la douleur... merci de me lire encore!

Est-ce que vous aimez (façon de parler) cette façon de voir Lucrecia? Je crois que peu de gens lui ont donné un rôle autre que celui de la "bitch", la petite salope imbécile qui laisse le beau Vincent pour ce sale Hojo... Il était temps de lui donner de l'importance, à elle, et aussi à ses cellules... Commentaires appréciés!