Ça a été un peu plus long, mais ça valait la peine, je vous le garantis. C'est un chapitre un peu lourd, il se passe beaucoup de choses très importantes, je croyais qu'il serait plus long, mais... (soupire) finalement c'est un chapitre normal.
Pour la séquence du mal de coeur... c'est que moi-même je souffre du mal des transports, et je voulais vraiment que Kadaj ait cette discussion avec Yuffie... résultat...
Gomen, gomen nasai (désolée) à tous les fans de Vincent que j'ai pu choquer, j'essaie de me rattraper un peu ici. Malgré les quelques menaces de mort, je suis toujours contente de recevoir vos commentaires, vous êtes supers! J'espère que ce que j'écris ici vous plaira toujours...
Apprendre le monde 11
Si on venait au monde en sachant ce qu'est le monde
Nous ne pourrions plus bouger et nous souhaiterions mourir
C'est ainsi qu'il faut apprendre le monde, apprendre
Sans jamais savoir vraiment. Sans jamais le vouloir.
-Tu veux venir avec nous? Mais… tu es fou?
-Non. Je vais bien, Cloud.
Je tentai de me relever, mais Cloud s'appuya sur mes épaules, m'empêchant de quitter le lit. Je voulais vraiment venir avec lui, je voulais vraiment l'accompagner… je voulais vraiment arrêter Lucrecia, le faire… moi-même…
-Tu ne vas pas bien du tout, Kadaj.
Je le repoussai et tentai à nouveau de me relever. La tête me tournait un peu, je voyais quelques étincelles, mes jambes étaient molles, mais dans l'ensemble tout était en ordre. Je récupérais vite, il y avait encore beaucoup d'énergie Mako en moi. Cloud semblait effaré.
-Tu crois que je vais te laisser sortir d'ici? s'exclama-t-il.
-Tu vas même me laisser combattre à tes côtés, répliquai-je en souriant.
Je saisis mon souba qui était déposé sur ma table de chevet et je le sortis de son fourreau. Cloud écarquilla les yeux. Je m'avançai vers lui en me tenant contre le mur d'une main. Les deux lames luisaient sous l'éclairage des néons… ma force passait entre ces deux lames, ces deux bouts de métal qui servent à trancher, non, à tuer…
-Kadaj…?
-J'ai l'air d'un combattant, pas vrai? Tu sais que si j'existe, ce n'est que pour ça… Hojo m'a créé pour ça, Cloud, je ne suis qu'un esprit combattant.
-Tu as l'air de te battre contre toi-même…
Je lui souris à nouveau, et je fis jouer mes cheveux devant mon visage. Je m'approchais toujours de lui, à présent il reculait. Avait-il vraiment… peur de moi? Aussi peur que son visage le laissait paraître? Peur d'un gamin en chemise d'hôpital qui doit s'appuyer sur le mur pour avancer? Même si ce n'était pas une vraie peur… c'était peut-être ça qui me faisait le plus sourire…
-Mais non, là c'est contre toi que je me bats, répondis-je.
Je voulus faire un dernier pas vers lui, mais mes pieds m'abandonnèrent. Je trébuchai et tombai droit sur Cloud. Il me rattrapa facilement en évitant de justesse d'être embroché par mon souba et me porta, me poussa plutôt, jusqu'à mon lit. Il m'arracha mon souba des mains et le jeta par terre.
-Tu vois pourquoi tu ne peux pas venir?
-Oh, Cloud, je t'en prie…
Il posa sa tête sur mon épaule, comme un signe de fatigue de sa part. Je mis ma main dans ses cheveux éternellement décoiffés, et il soupira.
-Tu ne comprends pas que je veux te protéger?
Je pris sa tête et je la déposai franchement sur ma poitrine. Il me prit par la taille et s'appuya complètement sur moi, comme si par son poids, par son corps, par sa taille, par sa présence, il pouvait vraiment me protéger… me protéger…
-Mais Cloud? Qui te protégera, toi? Qui prendra soin de toi? Je veux venir, Cloud. Je dois le faire, tu comprends?
-Vincent sera là…
Je lui pris à nouveau la tête, je l'emmenai juste en face de mes yeux. Il me regardait d'un air sérieux qui effaça les dernières traces de sourire sur mon visage.
-Je n'ai rien à craindre de Vincent, lui soufflai-je.
Il voulut reculer, mais je le retins de force.
-Vincent a failli te tuer, Kadaj, est-ce que tu t'en rends seulement compte?
-Oui, justement. Il a failli me tuer. Il l'aurait facilement pu s'il l'avait voulu. Mais il ne l'a pas fait. Il m'a laissé en vie, ce n'était pas une erreur de sa part. Qu'il ait eu pitié de moi ou qu'il l'ait fait par nécessité, il n'a pas voulu me tuer.
Il sembla me regarder attentivement, comme pour lire la vérité au fond de mes yeux verts. J'avais médité sur le comportement de Vincent, et même si je n'en connaissais pas la cause, je savais, oui, je savais… qu'il m'avait épargné, pour une raison ou pour une autre. Je n'aimais pas Vincent, surtout après ce qu'il m'avait fait, mais je savais que je devais l'épargner… je sentais… que tout cela était bien au-dessus de lui.
-Tu crois vraiment que…
J'acquiesçai.
-C'est quand même dangereux, dit-il en inclinant la tête. J'aimerais mieux que tu restes ici.
-Et comment vais-je te convaincre, hm?
Je l'embrassai doucement sur les lèvres, puis je passai ma langue le long de son cou. Il gémit et grimpa franchement sur le lit, juste à côté de moi, contre moi, pratiquement sur moi… je léchai le lobe de son oreille, sa gorge, et je revins à sa bouche. Il se pressa littéralement contre moi, il gémissait fortement, je ressentais sa chaleur, j'aimais sa main qui me caressait… qui me caressait, là, sous ma chemise d'hôpital… J'étais… étourdi… je ne comprenais pas vraiment ce que je faisais, ce qu'il me faisait ; tout ce que je savais, c'était que j'aimais ça. Pour une fois en mon monde, il y avait quelque chose qui ne ressemblait pas à la souffrance, à la mort, à la cruauté… Juste de l'amour… l'amour de Cloud.
OoOoO
La Sierra... la vitesse... le ciel, le monde qui filait...
MAL AU COEUR. Peut-être parce que je me sentais encore faible, le voyage dans la Sierra était un cauchemar. Cid, qui en avait assez de me voir me tenir le ventre dans la cabine de pilotage, m'ordonna d'aller sur la passerelle extérieure.
-Si t'es malade, fais ça par-dessus bord, pas envie de nettoyer, moi.
Cloud, à moitié hilare, m'aida à rejoindre cette passerelle. Yuffie s'y trouvait, encore plus malade que moi. Il me déposa en face d'elle et retourna à l'intérieur en disant qu'il avait des choses à préparer, des parachutes, quelque chose comme ça, me laissant seul avec cette ninja.
Un long moment passa. Nous n'étions pas vraiment en état de parler – j'avais l'impression que si j'osais ouvrir la bouche, j'allais perdre mes tripes. Ça devait être la même chose pour elle. Soudain, il y eut quelques soubresauts, et… j'ai finalement été malade (par-dessus bord, comme me l'avait gentiment demandé Cid), et je l'entendais faire la même chose de son côté. Je m'appuyai ensuite contre la rampe, honteux de ma condition. Je détestais me sentir aussi faible, mais être malade c'était le comble. Je me sentais un peu mieux, mais…
Je sentis une main sur mon épaule. C'était Yuffie, qui me tendait une bouteille d'eau.
-Je crois que toi aussi tu en as besoin, me dit-elle en souriant légèrement.
-Ouais… merci.
Je me rinçai la bouche et je crachai par-dessus bord, puis je m'assis juste à côté d'elle. J'appuyai mes bras sur mes jambes et j'essayai de respirer calmement. Rien à faire, la nausée perdurait.
-Alors, dit-elle soudainement, me faisant sursauter, ça se passe bien avec ton copain?
Je ne comprenais pas le sens de sa question, et cela devait paraître sur mon visage, car elle ajouta :
-Avec Cloud! Tu sais, vous êtes vraiment mignons, tous les deux…
-Mignons?
Je rougis. De quoi parlait-elle donc?
-Hé ho! Tu sais que Cloud t'aime vraiment beaucoup? Et toi, tu l'aimes?
Aimer… aimer. C'était facile à dire pour elle. Moi je n'avais pas encore appris le monde, appris tous les sentiments humains. Aimer… Je savais que je tenais à lui, à lui plus que tout autre chose… Je savais que lorsque je le voyais, je voulais que ces instants soient éternels… Je savais ma confiance et la sienne qui m'honorait… Je savais cette chaleur qui m'envahissait en sa présence, à son contact… Je savais qu'il m'aimait et cela m'emplissait de tant de bonheur…
L'amour… je n'avais aimé que Mère avant. Et son amour était très différent, c'était le faux amour d'une traîtresse. Mais Cloud… aimer Cloud…
La certitude m'envahit. Oui, bien sûr que je l'aimais! Et tout s'expliquait, et je devenais plus heureux, et je comprenais enfin… et je souriais à Yuffie, qui ricana, comme si elle savait tout ce qui s'était passé dans ma tête. Elle déposa un baiser sur ma joue, une gentille marque d'amitié, puis elle mit sa main sur sa bouche et eut un haut le coeur. Je m'éloignai un peu alors qu'elle était à nouveau malade, puis, sans un mot, je lui tendis la bouteille d'eau.
J'avais vraiment hâte d'arriver là-bas.
OoOoO
L'air me fouettait le visage. Un profond sentiment de liberté m'envahissait, le sentiment de chute infinie, une vague idée d'immortalité. Je pouvais sentir la vie qui courait en moi, le monde vu d'aussi haut me paraissait bien plus beau.
Nous avions sauté de la Sierra en parachute, car il n'était pas possible d'atterrir parmi les pics déchiquetés qui entouraient le lac, et la berge n'était pas assez large pour l'imposant appareil. Je me laissais bercer par l'air vif qui claquait sur mes vêtements de cuir, mes vêtements de combat que j'avais demandés et que Cloud n'avait pu me refuser. Il ne pouvait plus rien me refuser, maintenant… Je retardais le moment où je devrais ouvrir le parachute, mais j'entendis un cri de Tifa qui me ramena à la réalité.
-Maintenant!
Je tirai à contrecoeur sur cette corde, et j'entendis les voiles du parachute s'ouvrir derrière moi. Quelques instants plus tard, je me sentais bien plus lourd, et tiré par la force des cordes dans mon dos, du vent. Je m'attardai à contempler le monde à mes pieds : un très grand lac, parfaitement rond, entouré de hauts pics brunâtres. Il y avait une haute chute qui alimentait les eaux du lac, et pratiquement en face, il y avait une rivière qui en découlait, une rivière qui rejoignait probablement la mer. Le pur soleil faisait miroiter les eaux du lac, m'aveuglant presque. J'aurais presque voulu plonger dans ce lac, dans ce miroir de lumière, mais j'ai dû suivre les autres, et j'ai atterri sur la berge, près de la haute cascade.
Cloud m'aida à enlever mon parachute, et il confia à Tifa le soin du matériel. Elle ne viendrait pas avec nous. Cid était resté dans la Sierra. Nous n'étions donc que quatre : moi, Cloud, Red XIII et Yuffie.
OoOoO
La cascade était glacée. Je sentis l'eau se glisser entre mon cou et ma veste de cuir, et je frissonnai. Heureusement, à l'endroit choisi par Cloud pour traverser, ce n'était qu'un filet d'eau. La vision de Red XIII se secouant pour se sécher aurait été hilarante si la situation n'avait pas été aussi grave. Nous étions dans le repère de Lucrecia, maintenant, nous ne savions pas à quoi nous attendre. Vincent y était certainement. Au souvenir de ses yeux rouges, de son contact, de ses crocs, j'eus un sursaut de dégoût. Cloud, trempé, posa son bras sur mes épaules et me serra contre lui.
-Te sens-tu réellement capable d'y aller?
-Je vais bien, Cloud. Je veux y aller. Et puis… il est trop tard pour reculer, non?
J'embrassai son cou, et il me lâcha, avec regret semblait-il.
-Je ne sais pas, je sens… que tu pourrais disparaître…
Je lui souris.
-Ce ne sont que tes peurs. Rien d'autre que tes peurs. C'est dans ta tête, ça, lui dis-je en passant ma main gantée dans ses cheveux mouillés.
-Hé, les tourtereaux, vous venez? s'exclama Red XIII, déjà loin en avant, accompagné par Yuffie qui rigolait.
Il prit ma main et nous nous sommes avancés le long du tunnel obscur. Soudain, nous entendîmes un cri horrible, un cri de souffrance. Un cri grave. Nous avons couru et rejoint Yuffie et Red XIII, qui s'étaient arrêtés. Ils semblaient… désemparés.
Vincent reposait, par terre, dans son propre sang. Une véritable mare de sang. Il respirait par à-coups, bruyamment, comme si chaque inspiration était un grand effort. J'avais… pitié de lui. De sa souffrance. Comment haïr celui qui souffre?
-Vincent!
Il entrouvrit les yeux et nous regarda, l'air vague.
-Ah… c'est vous… je suis… désolé… pour tout.
-Vincent! s'exclama Yuffie en se précipitant vers lui. Qu'est-ce qui s'est passé?
Elle s'agenouilla devant lui, prit sa tête ensanglantée et la posa sur ses genoux. Elle le regardait en pleurant.
-J'ai commis… de nouveaux péchés. Kadaj… je suis désolé. Maintenant, je… je dois payer.
-Ne dis pas ça! s'écria la jeune ninja en se penchant sur lui. Nous allons te guérir.
-Pour Lucrecia… j'ai péché pour l'amour de Lucrecia… et c'est Lucrecia qui m'a… maintenant il est peut-être trop tard… Kadaj… je suis désolé… je mérite de mourir…
Je m'approchai et je posai ma main sur son front. Il était brûlant, même à travers mes gants de cuir je sentais cette chaleur.
-Je te pardonne. Tu as été manipulé, ce n'est pas ta faute. Je te pardonne. Ne te laisse pas mourir, tu n'as pas à mourir pour moi, ni pour Lucrecia. Je te pardonne.
Il me regarda durant un long moment, sans rien dire, puis il hocha légèrement la tête. Je glissai mes doigts le long de son front, sa tempe, sa joue, et je l'abandonnai aux soins de Yuffie et de Red XIII. Je ressentais une certaine sérénité quant à son sort. Ils l'emmèneraient dehors, il serait sauvé, et tout… tout irait bien.
Cloud et moi étions seuls, avançant le long du tunnel sombre.
-C'était très généreux de ta part, me dit-il soudain.
-C'était ce qu'il fallait faire, non?
La lumière devenait de plus en plus forte, nous approchions de la fin du tunnel, enfin…
Une grande salle remplie de cristaux qui irradiaient une vive lumière blanche… mais il n'y avait personne. Il n'y avait pas d'autre issue non plus. Cloud et moi avons fouillé la pièce, mais il n'y avait rien… je ne voyais rien…
-Le plafond.
Cloud pointa dans les airs. Il y avait bel et bien une trappe, mais elle était plutôt haute. À défaut de prendre le temps de trouver une échelle, il décida de sauter. Il poussa la trappe, je le vis grimper… j'entendis ses premiers pas… et soudain…
Il tomba. Durement. Je vis une longue trace sanglante sur sa poitrine, son chandail avait été… tranché. Ainsi que sa chair. Il gémissait de douleur. Je levai les yeux et vis… le visage… son visage… Il riait. J'étais paralysé par la peur.
-C'est mon cadeau, petit frère. Qu'en dis-tu?
-Sephiroth!
Il fit un geste de la main, et je me sentis soulevé du sol. Je ne savais même pas comment résister. Il m'emmenait à lui par la seule force de sa volonté, par sa simple pensée. Je voyais ses cheveux blanchâtres se balancer de chaque côté de sa figure, sa pâle figure. Je le haïssais, je haïssais son sourire moqueur, ses yeux de chat, sa voix grave, sa longue épée…
-Je ne crois pas qu'il s'attendait à ça. Tant pis pour lui.
J'avais passé à -travers le trou de la trappe, j'étais maintenant face à lui, toujours flottant en l'air, sans aucun contrôle sur mes membres. Je le voyais, lui, je voyais aussi le laboratoire derrière lui, le tube de verre fracassé, les machines brisées, et… deux cadavres. Lucrecia et son assistante.
Sephiroth suivit mon regard et se mit à rire.
-Ça te surprend? Pourtant, tu devais bien t'y attendre, non? Elle m'a bien servi. Maintenant, je n'ai plus besoin de sa science.
-C'était… ta mère!
-Ma mère? Non, ma seule mère est juste là, dit-il en pointant sa tête. Le reste n'a aucune importance.
Il posa sa main sur mon bras. À-travers le cuir de ma veste, je sentais son énergie, comme des décharges électriques qui me piquaient. Il était d'une puissance… il était… bien trop fort… et pourtant… je savais qu'il n'était pas invincible. Cloud l'avait déjà vaincu. Mais… moi je n'étais pas de taille, et Cloud reposait en bas, gravement blessé.
-Tu vois, petit frère, notre mère est très insatisfaite de toi. Elle me dit que tu l'as reniée. Elle me dit que tu l'as remplacée pour cette jeune Cetra rebelle. Elle me dit que je devrais te tuer, mais…
Il me tira par le bras. Je n'étais qu'à quelques centimètres de lui. Je voulus tirer mon souba de son fourreau, mais j'étais encore paralysé… par la seule force de sa volonté, il me pétrifiait totalement. Il se plaqua contre moi et passa le fil de sa Masamune sur ma joue, juste assez pour l'entailler légèrement.
-Tu sais que je pouvais voir à travers tes yeux, Kadaj?
Il lécha le sang sur ma joue. Je voulus tourner la tête, mais j'en étais incapable…
-Et je t'ai vu, j'ai vu Cloud, j'ai vu tout ce que vous avez fait ensemble… cet idiot de Cloud… Il n'est rien, tu le sais? C'est mon clone, un projet raté. Il n'existe pas. Mais moi je suis réel.
-Qu'est-ce que tu fais… Sephiroth?
-Tu arrives encore à parler? C'est que tu dois vraiment être fort… C'est là que tu peux m'être utile.
-Je ne te servirai jamais, tu le sais.
-Oh… dommage. Dommage que tu ne veuilles pas. Tant pis. J'utiliserai la méthode forte, dans ce cas.
Il me poussa d'une seule main, je tombai dans le trou de la trappe, je tombais… au ralenti… il me contrôlait toujours… il me contrôlait… totalement.
