Un autre chapitre psychédélique...
Je n'aime pas écrire l'action, et en particulier les batailles. J'ai beaucoup de difficulté à décrire des actions qui s'enchaînent... j'espère que ce n'est pas trop mal...
DISCLAIMER: hé non, je ne suis pas si forte en japonais... les vers du dessous sont cette fois tirés de l'OP de Neon Genesis Evangelion. La traduction vient du site où j'ai pris les paroles voilà tout (ne peut pas transcrire d'URL sous peine de gros mal de tête). J'aime bien cette chanson, les refrains sont magnifiques, et celui-ci convenait bien pour ce chapitre... et le prochain...
Apprendre le monde 13
zankoku na tenshi no TE-ZE (The cruel angel's thesis.)
kanashimi ga soshite hajimaru (The sorrow then begins.)
dakishimeta inochi no katachi (You held tight to the form of life)
sono yume ni mezameta toki (when you woke up from that dream.)
dare yori mo hikari wo hanatsu (You shine brighter than anyone else.)
shounen yo shinwa ni nare (Young boy, become the legend!)
S'éveiller était facile. D'une certaine manière, mes rêves étaient tordus, étranges, mais je m'en souvenais à peine. Je me souvenais de la douleur et de la tristesse de Cloud, c'était suffisant pour me convaincre de me réveiller.
Les restes d'une queue de Phénix fondaient sur moi. Je sentais une blessure sur mon ventre, sans comprendre d'où elle pouvait bien provenir. J'avais aussi très mal à la tête, mais je savais que c'était à cause de Cloud. J'avais été bête. Je lui avais demandé de me tuer. Il m'avait simplement assommé. J'aurais bien pu mourir pour lui, mais c'était bien mieux ainsi.
La vigueur revenait en moi. Une sensation glacée envahit mon ventre, engloutit la douleur de ma blessure. Levant les yeux, je vis Vincent, concentré à y appliquer de la Potion. Vincent. Il n'avait pas l'air très en forme, mais il était là. Il me guérissait.
Je tentai de remuer mes doigts, mais je ressentis… comme un avertissement. Sephiroth. Il était encore là. Juste là. Partout dans ma chair, comme une maladie. Et s'il savait que j'avais repris conscience… mais je pouvais encore parler. Il devait simplement… ne pas m'entendre. Ne pas me voir. Ne pas me sentir.
-Vincent…
-Les autres se battent contre Sephiroth. L'AVALANCHE et les Turks.
-Et… Cloud?
-Lui aussi a failli mourir, mais il va s'en sortir facilement, ne t'inquiète pas. Il est juste là.
Je tournai lentement la tête vers Cloud. Tifa était penchée au-dessus de lui et s'apprêtait à lui prodiguer une queue de Phénix. Rassuré, je me tournai à nouveau, lentement, très lentement, vers Vincent.
-À cause de ma folie, tu as été blessé grièvement, dit-il à voix basse.
-Je t'ai déjà dit que je te pardonnais, répondis-je.
-Tout cela est ma faute, tout. J'aurais dû résister à Lucrecia. Mais…
-Elle t'a manipulé, Vincent…
-Je l'aimais.
-Alors l'amour peut aussi… nous forcer à faire… ces choses…?
-Oui. L'amour est mon plus grand péché, Lucrecia… est mon péché, parce que je l'aimais. Plus que tout autre chose. Je l'aimais et elle le savait. Elle m'a dit qu'elle voulait faire revivre son fils, et elle m'a dit que c'était aussi le mien. Elle m'a dit qu'elle voulait lui donner une seconde chance, la chance de vivre normalement, d'être autre chose que l'outil de Jenova. Elle m'a dit qu'elle pourrait faire de Sephiroth un simple humain, simplement notre fils. Mais elle m'a berné.
-Elle-même n'était que l'outil de Jenova. Et je sais comment Jenova récompense ceux qui lui servent… Elle n'a aucune reconnaissance…
-J'ai vu Lucrecia mourir. Elle avait voulu me tuer, quand j'ai compris que le Sephiroth qu'elle voulait faire revivre était non pas un simple humain, mais une créature de rêve pour Jenova… un être d'une puissance exagérée… Elle n'a pas eu le temps de m'achever. Il était revenu, et… je me suis contenté de m'enfuir.
Il cessa de parler. Il semblait écouter les sons au-dessus de nous. Le combat faisait rage, nous pouvions en suivre l'évolution même sans le voir. Les forces semblaient… égales… Sephiroth était seul contre… contre… tant de gens qui désiraient sa mort…
À côté de moi, Cloud parlait doucement avec Tifa. Sa voix et ses paroles étaient inquiètes. Je ne me tournai pas vers lui, mais je lui pris la main. Mon geste avait été lent, calculé minutieusement.
-Tout va bien se passer, lui dis-je en souriant. Moi, j'ai foi en tes amis.
Il serra mes doigts, il semblait s'y accrocher désespérément. Vincent me lança un soin curatif, je sentis la chaleur de la guérison me pénétrer, de ma blessure maintenant refermée jusqu'au creux de mes os.
-Tu peux t'asseoir, maintenant, me dit Vincent.
-Non. Je ne peux pas bouger.
Il me regarda d'un air à la fois intrigué et inquiet.
-Si je bouge, ajoutai-je, il saura que je suis réveillé, et il reprendra possession de moi.
Cloud abandonna ma main et se releva. Son chandail était déchiré et couvert de sang, mais lui-même semblait en forme. Il prit son épée, abandonnée un peu plus loin, puis il revint vers moi.
-Kadaj…
Il posa simplement ses lèvres sur les miennes, puis il m'abandonna avec Vincent et Tifa. Il allait le combattre, il était suffisamment guéri pour tenter sa chance, et ses amis étaient avec lui pour l'aider, mais… je savais qu'il était condamné à perdre. Ils étaient tous condamnés. Ce Sephiroth était… trop fort… Je le sentais dans mon esprit, dans mon corps, dans tout ce qui était à lui en moi…
En moi…
Sa présence en moi…
Non… pas encore… Il savait… Il avait vu Cloud, il en avait déduit que j'étais à nouveau… en mesure… d'être sous sa domination… Il savait… Il était là… Juste en moi… Un monde dans mes cellules… Sephiroth…
Je me relevai – Sephiroth me relevait. Vincent éloigna Tifa. Il avait compris. Souba à la main, je sautai – je flottais étrangement – au plafond, j'atteignis le deuxième étage. Je ne pus que crier, d'une voix étranglée, crier aux autres qui ne me voyaient pas encore :
-Éloignez-vous de moi!
Et déjà je m'élançais vers eux.
-Kadaj?
Sephiroth me précipitait vers les Turks. J'esquivais facilement leurs balles, leurs coups… j'entendais Sephiroth rire, à l'intérieur de ma tête, je l'entendais dans mes oreilles, je l'entendais partout…
-Je suis… désolé…
-Yo, on sait que c'est pas ta faute, le gamin, répliqua Reno en évitant de justesse d'être tranché par mon sabre, mais c'est quand même chiant!
À cause de moi, Sephiroth avait moins d'ennemis… Cloud le combattait, Cloud était fort, mais… il était encore blessé… Sephiroth était si…
-Kadaj… Qu'est-ce que tu fais?
-Aeris…
-Tu vas tout de suite arrêter ces idioties, d'accord?
Quelque chose poussait à l'intérieur de ma tête. Une volonté. Ma volonté. Celle qui pouvait combattre l'influence de Sephiroth. Juste ma volonté. Peut-être ma volonté de vivre. Peut-être un simple espoir. Quelque chose qu'Aeris avait éveillé en moi, quelque chose qui n'était qu'à moi. Je pouvais enfin comprendre les choses, je me comprenais enfin, je comprenais… le monde, oui, j'avais appris le monde, ce monde qui était en moi, ce monde qui était enfin à moi.
Je sautai vers Sephiroth, mes lames parallèles pointées vers lui. Il les bloqua avec Masamune et me prit par la gorge. Il me soulevait, d'une seule main. Les autres ne pouvaient que regarder, ils ne pouvaient me sauver.
-Même libéré de ma volonté, par je ne sais quel moyen, tu crois que tu vas t'en sortir, petit frère?
Je suffoquais. Je portai, vainement, mes mains à ma gorge, et tentai de me libérer.
-Tu es ma chair, tu es mon sang, ajouta-t-il.
Je ne sais où je trouvai suffisamment d'air en mes poumons pour répliquer.
-Non. Je suis moi. Simplement moi.
-C'est grâce à ton sang que je suis revenu à la vie, ricana Sephiroth. Parce que ton sang m'appartient, Kadaj, ton sang est le mien.
Cloud tenta une attaque pour me libérer, mais Sephiroth la para et le repoussa par la simple force de Masamune. Cependant, cette distraction m'avait permis de me libérer de la poigne de fer de Sephiroth. Aussitôt retombé, je sautai à nouveau vers lui. Il semblait… s'amuser… il para toutes mes attaques, mais il ne chercha pas à m'attaquer.
-C'est ton sang qui est le mien, Sephiroth. C'est toi qui es irréel, c'est moi qui existe. Tu ne pourras pas détruire ce monde, parce qu'il n'existe que pour ceux qui prennent la peine d'y vivre, parce qu'il n'existe que pour ceux qui l'ont appris.
-Oh, et tu as appris le monde, Kadaj? demanda-t-il d'un ton sarcastique.
Je sentais la présence de Cloud, juste à mes côtés, nous attaquions ensemble, et Sephiroth semblait enfin éprouver de la difficulté, il semblait enfin avoir du mal… Aussitôt que Cloud ou moi retombions vers le sol, nous étions relancés vers Sephiroth par nos amis, ils nous poussaient vers lui, ils savaient que nous étions peut-être… les seuls…
Les seuls à pouvoir le vaincre.
-J'en ai suffisamment appris pour savoir que tu ne dois pas le détruire.
-Mère serait si déçue de t'entendre…
Nos épées entrechoquées projetaient des jets de lumière sur les murs de pierre brute, elles résonnaient étrangement dans l'air épais, sombre, humide, l'air de Sephiroth, son monde.
-Mère n'est rien.
-Mère est tout. Elle est ma substance, et je suis la tienne.
Il me frôla le bras avec Masamune, je lui frôlai la jambe avec une des deux lames de souba. Le sang coula, le sien, le mien surtout, mais je n'avais pas le temps pour la douleur.
-Non, Sephiroth. Je suis Kadaj. Simplement Kadaj. Et tu m'appartiens.
Je me tournai, souba au bout de ma main, comme un prolongement de mon corps… et les lames entaillèrent les vêtements, entaillèrent la chair de son ventre… je vis le sang éclater, l'expression de douleur, mais surtout de surprise, sur le visage de Sephiroth…
Une aile apparut sur son dos. Il se tenait le ventre d'une main, comme s'il empêchait les entrailles d'en sortir, et de l'autre il lança Masamune vers Cloud, qui l'esquiva facilement. Nous retombions tous les deux au sol… mais Sephiroth s'élança vers nous, volant avec son aile unique, vola vers moi… Il m'arracha souba des mains et me prit simplement dans ses bras. Sa force était immense… sa force était… plus grande que la mienne, moi qui venais de le tuer… sa force était celle de quelqu'un qui refuse de mourir.
Il me tenait serré contre lui. Je sentais le sang de sa blessure couler contre mes vêtements. Son contact était comme une décharge électrique dans tout mon corps… il avait tant de puissance en lui… il était… l'ange à une seule aile… Sephiroth.
-On verra qui appartient à qui, Kadaj.
Et son aile unique nous enveloppa tous les deux.
OoOoO
Noir. Tout était si noir…
Où… où étais-je? Je me souvenais de Sephiroth, de l'horrible contact avec lui, sa peau, son sang, même ses vêtements… son aile… son aile qui nous entourait… son rire… son souffle dans mes cheveux… et puis… plus rien. Juste cette obscurité profonde, ce vide autour de moi.
-Est-ce que quelqu'un… quelqu'un pourrait m'aider? S'il vous plaît?
-Il me semblait que tu avais l'habitude d'ordonner, et non pas de demander poliment…
-Il a changé, c'est évident.
Ces voix… ces deux voix que j'avais tant aimées…
-Yazoo?… Loz? C'est vous? C'est bien vous?
Je sentis des bras puissants qui m'entouraient, les bras de mon frère Loz, et ceux de Yazoo par-dessus, comme un gage de protection. Je les sentais, mais… je ne les voyais pas. L'obscurité était totale.
-Bien sûr, qu'est-ce que tu crois? répondit Loz.
-Qui d'autre viendrait t'aider ici? ajouta Yazoo.
-Ici… où suis-je?
-Hm… c'est dur à dire, en fait, répondit la voix de Yazoo. Quelque part… c'est plutôt étrange par ici. Et la plupart du temps c'est vide.
-Je n'ai pas compris, moi. Tout ce que je sais, c'est qu'on t'attend depuis notre mort. C'était long, tu sais…
-Très long, même. Mais tu es enfin revenu. Tu es avec nous!
-Nous allons pouvoir nous amuser ensemble!
-Nous allons pouvoir rentrer à la maison ensemble.
-Nous allons peut-être rencontrer Mère…
-Oui, tu nous guideras jusqu'à elle, comme tu le faisais quand nous étions tous vivants.
Leurs voix semblaient tourbillonner dans ma tête. Je me bouchai les oreilles.
-Non, m'écriai-je, attendez! Je ne suis pas mort! Je ne veux pas voir Mère!
La présence de Loz et Yazoo sembla se crisper. Leurs bras autour de moi se resserraient en une étreinte étouffante.
-Nous sommes restés pour t'emmener, Kadaj! me dit Loz d'une voix menaçante.
-Est-ce que tu aurais trahi Mère? demanda Yazoo de sa voix grave et presque trop douce. Nous ne pourrions pas te pardonner si tu avais trahi notre très chère Mère. Nous t'avons attendu ici parce que tu es le seul qui saura nous guider jusqu'à elle.
-Je n'ai pas trahi Mère, m'exclamai-je, c'est elle qui nous a tous trahis! Mère est un monstre! Mère doit être détruite!
-Comment oses-tu traiter notre Mère ainsi?
-Sale traître!
Les bras, les présences, les entités me détruisirent, me réduisirent en miettes. Je ne souffrais pas, mais… je n'existais plus vraiment. De toute façon, tout n'était déjà que ténèbres.
OoOoO
Rouge, tout était si rouge… rouge comme le sang…
Je me relevai. Je portais un de mes kimonos de soie, le tissu était une caresse sur ma peau… je me sentais si bien… tout était parfait… je pouvais peut-être… enfin… me reposer…
-Kadaj!
-Cloud!
Je le pris dans mes bras, et il me serra contre lui, doucement. Une de ses mains passait dans mes cheveux, comme il aimait le faire. Je pouvais respirer son odeur… je l'embrassais, je passais mes mains sur son dos nu… sa peau bronzée était douce… Comme je l'aimais… oui, comme je l'aimais…
Il m'allongea par terre et se coucha juste à côté de moi. Il semblait me contempler tout en caressant mon bras.
-Kadaj… est-ce que tu vas rester avec moi pour toujours? Je ne supporterais pas l'idée de te perdre… est-ce que tu m'aimes?
-Depuis quand doutes-tu de moi, Cloud? Bien sûr que je t'aime, bien sûr que je veux rester avec toi pour toujours!
Il s'allongea sur moi, de tout son poids, et il me saisit les poignets. Il m'embrassait, il mordait ma bouche, ma langue, ma peau… Il n'avait plus cette douceur, cette douceur que j'aimais tant… il était… agressif, il me désirait, moi, ma chair, mon sang, mon corps entier, me désirait jusqu'à me faire mal… je voulus me dégager, mais il me retint plus fortement.
-Pourquoi veux-tu partir, dans ce cas, mon Kadaj? Tu es à moi, non? Tu m'aimes, non?
-Tu n'es pas toi-même, Cloud! Où sommes-nous?
-Si je ne suis pas moi-même, toi, qui es-tu?
-Il n'est qu'une illusion… il est Sephiroth.
-Lâche-moi!
-Tu dois rester ici!
Mais son poids était devenu trop grand, et je dus me laisser broyer, ma substance réduite à néant par ce Cloud illusoire… je devais… me défendre… me souvenir…
OoOoO
Blanc. Tout était d'un blanc pur.
Mes deux frères étaient devant moi, assis calmement par terre. Ils me regardaient comme s'ils attendaient une question. Ce n'étaient pas vraiment mes frères, mais plutôt des… reflets de mon esprit. Des objets n'ayant que leur forme, pas leur substance.
-Cet endroit… n'existe pas, c'est ça?
Ils hochèrent la tête.
-Est-ce que je suis mort?
-Non, répondirent-ils ensemble.
-Je le savais, mais… je voulais en être sûr. Alors, si je ne suis pas mort… je dois être en piteux état.
Ils hochèrent à nouveau la tête.
-Qu'est-ce que m'a fait Sephiroth?
Ils haussèrent les épaules. Ils ne savaient pas.
-Je crois qu'il a dit… qu'on verrait qui appartenait à qui. Alors je suis en lui?
-Non, répondirent-ils à l'unisson.
-Est-ce lui qui est en moi?
-Non.
-Alors je suis… en moi?
Ils sourirent. Je les embrassai chacun sur le front. Ils me regardaient avec tant d'amour… c'est qu'ils m'avaient tant aimé… mes deux frères… moi aussi je les avais aimés. Mais…
-Il est temps de sortir, je crois. Au revoir. Je sais que vous n'êtes pas en enfer, car vous êtes là dans mon coeur. Un jour vous ferez aussi partie de ce monde. Et moi j'y retourne. Au revoir.
