Chapitre deux : Où tout va très bien !
Le lendemain, j'ouvris doucement mes yeux, lourds d'avoir tant pleurer. Il ne me fallut que peu de temps avant de m'en rappeler la raison. Je revis tout d'abord son sourire, je pense que je suis d'abord tombée amoureuse de son sourire…Puis de ses yeux, juste après…Puis de…Je sortis brusquement de mon lit, ça ne servait à rien de ressasser sans cesse les mêmes choses.
Je m'approchai du miroir de la salle de bain et entreprit de me rendre présentable. Il fallait absolument que j'arrête de penser à lui mais cela m'était particulièrement difficile vu que je ne pensais qu'à lui. L'image que me renvoyait le miroir était des plus pitoyables. C'était toujours comme ça le matin, j'avais des cernes mauves sous les yeux, les plis des draps imprimés sur mes joues et mes cheveux châtains qui se dressaient horriblement sur mon crâne. J'essayai une minute de me concentrer sur mon pathétique reflet mais je ne pouvais m'empêcher de l'imaginer, lui, passant sa tête par l'entrebâillement, une tasse de café à la main et me soufflant que j'étais très jolie, un petit sourire ironique aux lèvres.
Je me frappai le front de la main en espérant que cela me remettrait les idées en place et partis dans la cuisine me faire une tasse de chocolat chaud. Je la bus d'un trait, bouillante, atomisant ainsi un grand nombre de mes papilles gustatives. Mon regard se posa sur la chaise en face de moi. La chaise qui restait toujours vide, la chaise maudite par tous les célibataires. Cette chaise devait avoir quelque chose de particulièrement émouvant car c'est en la regardant que je fus saisie par une autre crise de larmes. Une encore plus violente et plus inattendue que la précédente. J'attendis que cela passe puis me levai pour préparer une autre tasse de chocolat, boisson qui avait été renommée « Le remède contre tous les bobos » par les soins de ma mère.
En allant chercher la bouteille de lait, j'aperçus mon reflet à travers l'inox de la porte du frigo. Une épave, j'étais une épave. Qu'est-ce qui m'arrivait ? Qu'est-ce qui me prenait de pleurer tout le temps ? J'étais tout simplement ridicule, oui, ridicule et cela ne me ressemblait pas, je ne parle bien sûr pas du fait d'être ridicule mas de celui de pleurer. Une fois que les pleurs n'avaient plus été mon seul moyen de communication, j'avais pleuré en tout et pour tout deux fois dans ma vie : une fois quand ma meilleure amie était partie étudier la sorcellerie à l'autre bout du pays et l'autre fois, c'était pour la mort de mes parents.
Je revins d'un pas énergique dans ma chambre, enfilai un débardeur et un jogging, empoignai mon sac de sport et partis de mon appartement en claquant la porte derrière moi. J'étais une épave et contre ça, je n'avais qu'une seule solution : la boxe !
Je poussai la porte du gymnase que je n'avais plus fréquenté depuis près d'un an. Et entrai dans la salle n° 21, la salle de M.Tidwel, communément appelé Tid'
Une fantastique odeur de pin m'emplit les narines et je me demandai comment j'avais fait pour me passer de cette odeur si longtemps. Je laissai tombé mon sac par terre et penchai la tête en arrière pour mieux profiter des effluves de résine. Je devais avoir l'air passablement ridicule mais je m'en foutais royalement. Cette odeur m'aidait à me sentir mieux et c'était tout ce qui comptait.
>Julie Timmers ! S'écria une voix bien connue et qui, elle aussi, m'avait horriblement manquée.
Je relevai brusquement la tête et sautai au cou de l'homme qui avait été presque un père pour moi depuis le jour où j'étais devenue « Julie l'orpheline ».
>Bon Sang ! Ca fait plaisir de te revoir !
>Et comment, ça fait presque un an !
>Qu'est-ce que tu deviens ? Ca marche les études ? Demanda-t-il.
>Très bien
>Dommage. J'aurais tellement aimé que tu restes ici!
>Je sais, mais maman tenait beaucoup à ce que j'étudie en France.
>Tout va bien sinon ?
>Ouais, ça va.
>Comment ça « ça va » ?
>Non t'inquiète, je vais très bien.
Mais au moment où je disais ça, le fameux sourire niais, que j'essayais vainement d'afficher, chavira et je baissai rapidement la tête pour ne pas croiser son regard. Je n'ai jamais su mentir à Tid'.
>On ne me l'a fait pas à moi jeune fille, tu veux en parler ?
Il n'attendit même pas ma réponse et nous nous assîmes sur une pile de tatamis. Je disais toujours tout à Tid'.
>Allez, crache le morceau.
>Je…Je suis amoureuse.
>Et c'est si grave ?
>Oh oui…
>Et pourquoi ça ?
>C'est…C'est le fiancé de Luce.
Tid' poussa un soupir de compassion et demanda:
>Et lui, il t'aime ?
>Non, je ne crois pas, j'ai fait semblant de le détester pour ne pas enfin…Pour ne pas foutre leur couple en l'air.
>Ca fait mal, hein ?
>Très.
>Viens, il n'y a qu'une seule solution à ton problème!
>Laquelle ?
>Puchingball !
Je commençai à asséner de violents coup de pied dans le pauvre sac de farine. J'étais un peu rouillée au début, mais la boxe, ça ne s'oublie pas. J'enchaînai ensuite avec un enchaînement compliqué de coup de pied sous l'œil attentif de Tid'. Plus je défonçais le sac, plus mon moral remontait. Au bout d'un moment, je tombai par terre, épuisée mais heureuse.
Après avoir dit au revoir à Tid' et lui avoir fait promettre de revenir le lendemain, je repris le chemin de mon petit studio et au moment où j'arrivais devant la porte, le téléphone se mit à sonner. Je retournai mon sac sur le sol pour trouver mes clefs et me précipitai à l'intérieur. Je décrochai le combiné aux environs de la quinzième sonnerie ce qui ne pouvait signifier que deux choses : soit c'était une mauvaise nouvelle car les gens n'attendent jamais aussi longtemps pour en annoncer une bonne, soit c'était Luce, la seule qui était assez patiente et qui savait qu'il me fallait un certain temps avant de dénicher mon téléphone qui a la manie ridicule d'aller s'égarer un peu partout.
>Allo ?
>Allo, Ju ! C'est Luce.
Deuxième hypothèse confirmée.
>Hé ! Ca va ?
>Oui, et toi ?
>Très bien.
L'échange banal des civilités enfin terminé, elle allait en venir au fait et apparemment, cela ne l'enchantait guère.
>Qu'est-ce qu'il y a ? Fis-je pour l'aider.
>Ben, je voulais savoir comment tu as trouvé Remus ?
>Euh….Très bien. Il a l'air très sympa !
>Ecoute, je…j'ai bien vu que tu ne l'aimais pas et je…
Aïe, je n'avais pas pensé à ça. Lucy s'en remettait toujours à mon avis. Si je trouvais que quelque chose n'était pas bien, elle s'en méfiait. Attention, n'allez pas vous imaginer que Luce est une fille superficielle et sans personnalité, c'est juste qu'elle aime connaître mon opinion.
>Mais non, ce n'est pas ça du tout…
>Julie, arrête de me mentir s'il-te-plaît et dis-moi la vérité.
>Luce, tu sais bien que si je pensais que c'était quelqu'un de méprisable, je te l'aurais dit tout de suite !
>Oui, mais qu'est-ce qui t'as pris alors ?
>Ben, je sais pas, je n'arrivais pas à lui parler
>Ah…
>Mais c'est quelqu'un de bien, je te l'assure, j'ai du flair pour ça, tu le sais bien…En plus…Il a l'air de beaucoup t'aimer.
Je ne m'étais pas rendue compte à quel point cette simple phrase allait me déchirer le cœur.
>Ah, j'aime mieux ça.
>Oui, surtout ne t'inquiète pas, je vais faire un effort mais, c'est juste un…un manque d'affinités.
>Tant mieux ! Comme ça, tu ne me le voleras pas !
Luce commença à rire et je me forçai à la suivre. Mais pour moi, cette réflexion n'avait rien de drôle.
>Dis, il ne…Enfin, il n'a pas mal pris mon « manque de conversation » ?
>Non, il n'en a pas reparlé.
>Tant mieux.
>Bon, je vais te laisser, on doit passer au centre commercial.
>O.K.
>Dis, Julie, avant que j'oublie...
>Oui ?
>Rémus invite trois amis à lui demain et je me demandai…
>...Si je ne pouvais pas venir te protéger de ces mâles en surnombre ?
>Oui c'est ça, tu veux bien ?
>Euh…Bien sûr.
>Ben alors, viens demain à 19h.
>O.K. Bye.
>Salut.
Je raccrochai le combiné et une énorme vague de bonheur me submergea le cœur. J'allais le revoir ! Mais je me reprisbien vite,c'était tout sauf une bonne nouvelle !
Merci beaucoup à mes trois reviewers !
Alicesadventures
Touffue
Halexia Black
Vos reviews m'ont fait très plaisir!
A bientôt pour la suite et s'il-vous-plaît: DES REVIEWS!
