Chapitre 8 : Où Chopin nous fait faire des bêtises

Trois jours après avoir installé Lucy dans mon ancienne maison, celle-ci était déjà réveillée. Hier, elle avait enfin pu se lever et faire quelques pas mais sa convalescence allait encore être longue, la magie ne pouvait apparemment pas tout réparer en un quart de seconde.

Les trois premiers jours avaient été durs, nous ne pouvions la quitter des yeux et accumulions un retard de sommeil assez considérable. D'un côté, cela m'arrangeait beaucoup, comme nous faisions des rôles de garde, Remus et moi nous voyions très peu ce qui m'évitait de nombreux rougissements et monologues intérieurs qui me donnaient des allures de folle furieuse. Peut-être d'ailleurs en étais-je une ? Comment aurais-je pu le savoir ? Les fous savent-ils qu'ils sont fous ? Et voilà, ça recommençait….

Le lendemain soir, avant de me coucher, je passai dans la chambre de Luce pour prendre de ses nouvelles. Remus était avec elle. Ils étaient tous les deux endormis. Apparemment je n'étais pas la seule à avoir souffert des trois jours de veille, le quatrième n'avait pas vraiment réussi à Remus. Sa tête reposait en équilibre précaire sur le bord de sa chaise. Il était encore plus mignon endormi, me dis-je en regardant les quelques mèches de cheveux qui retombaient sur ses yeux clos. Leurs mains étaient liées. Mon cœur se serra et une énorme boule de chagrin remonta dans ma gorge.

Je sortis précipitamment de la pièce et me giflai en traversant le couloir, ce qui me prouva que j'étais bel et bien une folle furieuse. Si je n'avais pas perdu ma nature positive dans l'aventure, j'aurais sans doute été ravie d'avoir enfin trouvé une réponse à l'une de mes nombreuses questions.

J'ouvris une porte et m'assis sur un tabouret sans prendre la peine d'allumer la lumière. Je savais exactement où j'étais et je savais aussi pourquoi, par réflexe. Je me retournai et fis face à mon piano. Il y a quelques années, chaque fois que j'étais triste ou en colère, je marchais jusqu'ici et me défoulais sur l'instrument. J'avais commencé à prendre des cours à l'âge de quatre ans et avais, d'après mes parents, un talent sûr. Peut-être…De toutes façons, tout cela était du passé. Cela devait bien faire cinq ans que je n'avais plus effleuré un clavier. Ce n'était pas vraiment un choix, plutôt une obligation. Le jour où je m'étais retrouvée sans parents, j'avais du quitter la maison. Là où j'avais été, il n'y avait pas de piano et c'est tout simplement comme ça que j'avais oublié la musique, sans vraiment y penser. Huit ans d'étude, tout ça pour rien, j'étais sûre que je n'aurais même plus su taper une seule note juste. Je n'avais même pas envie d'essayer, pas envie de me rendre compte qu'en effet, j'avais tout perdu.

Comme je possède très certainement un petit côté maso, je posai néanmoins mes doigts sur les touches. J'avais oublié que j'étais dans le noir, en chemise de nuit, que je ne savais plus jouer, que je n'avais pas de partition et que les deux amoureux dormaient seulement quelques pièces plus loin. Les deux amoureux…Nouvelle boule dans la gorge, nouvelle envie de pleurer.

D'un geste sûr, je fis retentir un premier accord et le reste suivi, tout naturellement. Je ne voyais rien, je ne savais même pas ce que mes doigts faisaient. Ils avaient décidé de vivre leur propre vie et de faire ce qui leur plaisait. Grand bien leur fasse ! Pendant ce temps-là, je pouvais laisser libre cours à mes sentiments et à mes larmes.

-C'est beau.

Mes doigts s'ôtèrent instantanément des touches tandis que je refoulai avec peine un cri de terreur.

-Désolé, je ne voulais pas te faire peur. J'ai juste entendu la musique et je suis venu voir.

-Non…C'est rien. Désolée de t'avoir réveillé, fis-je maladroitement.

A cet instant, je remerciai le ciel que Remus n'ait pas ouvert la lumière et que ma voix ne chevrote pas lamentablement, auquel cas, il aurait tout de suite compris que j'étais en train de chialer comme une madeleine.

-C'était quoi ?

-Chopin.

-Ah, ben je vais te laisser continuer alors.

Il avait l'air gêné et ne s'en allait pas. Peut-être voulait-il me demander quelque chose ? J'hésitai à lui poser la question mais m'en abstins. De toutes façons, c'était sûrement pour savoir si je voulais bien être le témoin de Lucy à leur mariage ou la marraine de leur premier enfant.

Je me décidai quand même à parler :

-J'allais arrêter de toutes façons, c'est pas une heure pour sortir Chopin.

Je m'avançai vers la porte mais ma cuisse, que me chemise de nuit laissait à moitié nue, effleura sa main. Je n'avais pas remarqué qu'il était si près que ça de moi. Je m'arrêtai, gênée. Je ne savais pas où il était exactement et j'avais peur de lui rentrer dedans à nouveau. C'est évidemment à ce moment-là qu'ilse décidaà parler.

-Julie, je peux te demander quelque chose?

C'est seulement au moment où j'entendis à nouveau sa voix que je me rendis compte qu'il était vraiment très près. J'aurais voulu répondre « non » mais j'avais quand même reçu une certaine éducation.

-Oui, vas-y.

-Pourquoi est-ce que tu me détestes autant ?

Je m'attendais à tout sauf à ça. Pourtant, il était clair que cela viendrait un jour sur le tapis. Je ne savais pas quoi répondre, si je jouais franc jeu (c'aurait bien été la première fois depuis le début), je risquais de mettre la merde partout sachant que Remus interprèterait chacun de mes mouvements comme une tentative d'approche. Je n'avais donc pour seule solution que de mentir, comme d'hab. Je décidai néanmoins de ne proférer qu'un demi mensonge :

-Je ne te déteste pas, fis-je très sérieusement.

-Ah…

Il n'avait pas l'air très convaincu, ce qui me semblait normal vu que j'avais énergiquement essayé de lui faire ingurgiter le contraire.

-Je…C'est vrai que je suis peut-être parfois un peu froide…euh glaciale même. Mais ça n'a rien à voir avec toi.

Et puis dotée d'une vague inspiration, je poursuivis mon pieu mensonge :

-Enfin, si un peu. C'est que tu ressembles beaucoup à quelqu'un que j'ai bien connu.

-Désolé, fit-il avec, je l'aurais parié, son petit sourire habituel, celui qui lui creuse une petite fossette au creux de laquelle j'ai constamment envie de déposer un baiser.

-Je sais, c'est dégueulasse de ma part…Mais quand je te vois, je le vois. Et…enfin oublie…je vais faire attention.

Qu'il ait cru ou non mon histoire de ressemblance que j'avais entièrement pompée dans un bouquin d'aubette de gare, il ne me posa plus de question.

-Ami ? Demanda-t-il en me tendant une main que je devinai plus que ne vis.

J'avançai à tâtons pour la lui serrer mais me trébuchai légèrement dans un pli du tapis, cela suffit néanmoins pour que je me retrouve dans ses bras, la deuxième fois en quatre jours seulement. Cela faisait beaucoup trop pour moi, j'avais résisté une fois mais je n'étais pas sûre que j'aurais pu, même si je l'avais voulu, renoncer à nouveau à faire ce que je rêvais de faire depuis des lustres. Si jamais on me demandait plus tard mes motivations, j'invoquerais une crise de folie passagère ce que personne n'aurait du mal à croire. D'ailleurs, lui non plus ne fit aucun geste pour me repousser ni pour m'en dissuader ce qui me convainquit définitivement.

Je tournai la tête de côté et frôlai ses lèvres des miennes. Je passai une main derrière sa nuque en approfondissant le baiser tandis qu'il refermait ses bras autour de ma taille. Bien que ça ne dura que quelques instants, je ressentis au fond de moi un sentiment nouveau, quelque chose d'indescriptible qui m'apprit en tout cas une chose : je ne pourrais plus jamais me passer de lui.

J'aurais voulu que l'on reste enlacés ainsi pour l'éternité mais il n'en fut pas ainsi. La lumière s'alluma et la silhouette de Lucy se découpa dans l'encadrement de la porte.

A SUIVRE

RAR:

Rebecca-black: Loin de moi l'idée d'arrêter! Merci pour ta review, ça fait vraiment plaisir et j'espère que t'aimeras la suite!

Vanouchka 24: et toi, tu sais que tu vas finir par me faire rougir? Allez, j'espère que la suite te plaira aussi!

La Folleuh: oui, une longue et ingénieuse review! Pas con ton idée...Pour info, la copine s'appelle Lucy. Merci pour ta review!

Ilaï: Coucou! merci, ta review m'a vraiment encouragé à metrre la suite! J'espère que tu n'as pas du trop attendre!

lilpuce: Merci pour tes deux reviews! Non, je n'ai pas "éliminée" Lucy de l'histoire parce que c'était trop facile et faisait trop, "hop elle a clamsé à nous deux mon mumus!". Enfin, c'est vrai que ça aurait arrangé les choses mais bon, Lucy n'est pas un personnage détesatble...Enfin, j'essaye qu'elle ne le soit pas.

Floooore: et oui tu es réapparue! A mon plus grand bonheur! allez gros bisous et à bientôt pour des nouvelles aventures (en bus...)

Milune: Contente que tu aies lu et aimé cette fic! Merci pour tout et bonne chance dans tes recherches de casettes d'Anglais!

Lily: alors là, ta review m'a vraiment vraiment motivée! Et je suis encore plus confuse d'être en retard! Je mettrai la suite plus vite, enfin, si mon horaire me le permet! Encore merci et j'espère à bientôt.

Touffue: bouhouhou! A non, pas ça! Lapeste, le coléra mais pas ça! Ne m'enlevez pas Touffue! Oh, tu vas me manquer toi! J'espère que tu continueras quand même à lire! Allez à plus!

N'oubliez pas de reviewer please!