Chapitre 11 : Où l'on prend des notes.

Génial, je me retrouvais à nouveau dans un de ces vieux amphi' tout pourris qui menacent de s'écrouler à tout instant. Le prof débobinait son texte d'une voix monotone et tous les élèves prenaient note frénétiquement. Je crois que je devais être la seule à ne pas avoir de crampes aux mains. Normal je n'écrivais quasi rien. Les paroles du prof me passaient par-dessus la tête et je n'essayais même pas d'en saisir le sens profond. J'aurais dû pourtant, les cours avaient repris depuis trois semaines et moi je n'y étais toujours pas.

Je jetai un regard désespéré à ma feuille qui ne comptait en tout et pour tout que cinq demi lignes. En fait, par quatre reprises, j'avais essayé de noter quelque chose d'intelligent en rapport avec le cours, avais perdu mon élan ainsi que le fil de mes idées en plein milieu et avais du me résoudre a laissé mon trait de génie en suspens. La cinquième et dernière phrase que contenait mon unique feuille de note (le bloc de feuilles des autres était déjà presque vide) disait simplement : « Remus Remus Remus Remus Remus ». En fait, j'avais passé la plus grande partie du cours à calligraphier son nom. Super intéressant dans le genre. Je jetai un coup d'œil à l'armée de moines copistes qui scribouillaient à mes côtés puis en soupirant largement, je replongeai dans ma si intéressante copie. Dans un accès de rage, je transperçai quasi ma feuille en ajoutant le mot « connard » à la suite de ma cinquième demi ligne, toujours dans la même délicieuse écriture calligraphiée, puis je jetai rapidement toutes mes affaires dans mon sac et quittai la salle d'un pas un brin trop nerveux pour rassurer les autres sur ma santé mentale.

Je m'assis sur les escaliers et fermai les yeux. Cela faisait deux mois que j'étais revenue en France et rien n'allait mieux. J'aurais pu même dire que ça allait encore plus mal. Lucy m'avait écrit, des tonnes de lettres même. Mais je n'avais même pas pris la peine de lui répondre. Mais j'allais m'y mettre, demain à la première heure. En gros, elle me demandait comment j'allais et si François Dupont allait bien lui aussi. Ah oui, parce qu'il ne fallait pas oublier qu'une fois de retour ici, je lui avais quand même envoyé un petit mot pour lui expliquer les circonstances de mon départ. En gros, ce cher François-le-fictif était venu me trouver dans mon appart avec deux billets pour les Caraïbes. Je n'avais évidement pas pu refuser et nous nous étions tout les deux envolés en amoureux pour une destination aphrodisiaque aux cocotiers innombrables.

Lucy avait trouvé ça « tellement romantique » et « si merveilleux » qu'elle n'avait même pas imaginé qu'en fait, je n'avais pas écrit cette lettre sur la plage mais dans l'espèce de placard poussiéreux qui me servait de cote. J'avais par la même occasion enfin trouvé un quelconque avantage à mon petit ami imaginaire: au moins, il me permettait de brouiller les pistes.

Sirius m'avait également écrit, une seule lettre. Une seule lettre qui m'avait complètement retournée. Il me demandait comment j'allais. C'était tout. Il ne me reprochait pas de l'avoir planté là, il n'était pas jaloux de Remus et même pas en colère contre le fait que je ne lui avais rien expliqué avant de partir. Il me disait juste que ce serait chouette qu'on ne perde pas tout à fait le contact. J'avais ressenti une grande vague de culpabilité me submerger. D'autant plus que j'étais à peu près sûre d'aimer Sirius, de l'aimer vraiment. Mais Remus était toujours là, et je n'arrivais pas à l'oublier. Comment peut-on oublier son premier coup de foudre ? Non, même si j'aimais Sirius, je n'étais absolument pas prête à commencer quelque chose de sérieux avec lui. Et puis, je ne savais même pas si lui m'aimait. Tid' avait l'air de dire que oui, mais Tid' était l'un des plus grands célibataires de toute la Grande-Bretagne et de toutes façons, je ne le méritais pas. Un gars qui arrive à s'écraser comme ça alors que moi je ne fais que m'épancher sur mes problèmes de cœur avec un autre…Même s'il m'avait vraiment aimé un jour, ça devait être terminé à présent. J'avais du quitter son cœur en même temps que l'Angleterre.

En rentrant chez moi, je bazardai mes affaires dans un coin et allai jusqu'à ma chambre sans même saluer mes cocoteurs. Je m'écroulai de tout mon poids sur mon lit, ayant un bref regard pour une vieille photo de mes parents qui me souriaient de toutes leurs dents. Je crois que s'ils n'étaient pas condamnés à sourire pour l'éternité, ils auraient fait une autre tronche. Ca ne faisait peut-être que trois semaines que les cours avaient recommencé mais ce n'était jamais bon d'être larguée dès le début. Pauvre maman qui voulait que je sois un grand médecin ! Ma première année s'était super bien passée, tout le monde était enchanté et était bien sûr persuadé que je passerai ce satané « numerus clausus » sans aucun problème. Mais là…J'avais comme l'impression que ça allait merder. Sauf si je me reprenais en main, dès maintenant. Qu'est-ce qui était le plus grave pour moi : saccager mes « brillantes » études ou ne plus jamais écouter le stupide organe qui battait follement dans ma poitrine chaque fois que je repensais à cet enfoiré de Remus ?

La deuxième solution me semblait être la plus judicieuse.

Je ressortis de mon sac ma pauvre petite feuille de note et m'installai très sérieusement à mon bureau pour relire mes ébauches de phrase. Au bout d'une heure de réflexion, j'étais parvenue à noircir complètement ma page. Pas mal. Sauf peut-être le fait que je n'avais fait qu'allonger le nombre de « connard » présent à côté du nom de Remus.

D'accord, ça défoulait mais ce n'était pas vraiment ce qui allait m'aider à appliquer mes bonnes résolutions. Je suis désespérante…Enfin, promis, demain je m'y remets…et d'arrache pied s'il vous plaît.

Oui, demain est un bon jour pour oublier Remus Lupin.

UN GRAND MERCI A :