Chapitre III : Hôpital

Auteur : Shizuka Kurai

Genre : shonen aï, darkfic

Série : Gravitation

Pairing : Shindô Shuichi / Yuki Eiri

Persos : Seguchi Tôma

Seguchi Mika

Disclaimer : Qu'est-ce qui faut qu'je dise déjà ? Ah oui ! Les persos ne sont toujours et forever jamais à moi ! OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN ! Shizu est triste ! Snif !

Spoiler : Oui, léger spoiler. Dans la série, Yuki est malade à un moment. Mais moi, c'est pas la même maladie, et l'histoire est différente de la série.

Commentaires : Que dire, que dire ? Voyons voir… Kuso ! J'me rappelle maintenant ! Y faut que je réécrive légèrement ce chapitre parce que y a des choses qui vont pas. Y faut que je revois certains passages pour que ça colle mieux avec ma fic « Nightmare ». Et puis, en plus je vais peut-être rajouter un passage avec Tôma, parce je trouve que j'ai pas assez montré sa réaction face à la maladie de son beau-frère qu'il aime à la folie (son beau-frère, pas la maladie. Ou alors il serait maso).

Ah ! Petite question : les notes et commentaires sont intégrés ici directement dans le texte. Vous préférez comme ça, ou plutôt avec des renvois en fin de texte ? Merci de me répondre !

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Résumé du chapitre précédent : Les examens de Yuki à l'hôpital ont révélé un cancer quasiment en phase terminale. Voulant protéger Shuichi et éviter de le voir souffrir en le regardant agoniser, l'écrivain repousse son amant et le chasse de son appartement. Pourtant Eiri regrette d'avoir fait ça, et le vit difficilement. Shuichi, quant à lui, se casse le bras en essayant de s'introduire chez son amant par le balcon, et s'inquiète de plus en plus pour lui…

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Appartement de Yuki Eiri, 9 H 54 A.M.

« Eiri ? Tu es là ?» appela le président de N.G. d'une voix inquiète.

Quand Tôma était entré, tout était étrangement sombre et silencieux. Sentant l'inquiétude le gagner au point de devenir une véritable angoisse, le musicien alluma la lumière dans le couloir. Retenu à Kyoto pour un voyage d'affaires, le président n'avait pas pu venir voir son beau-frère depuis presque une semaine, et cela le faisait terriblement culpabiliser. N'entendant apparemment aucun bruit dans le reste de l'appartement, il se dirigea directement vers la chambre à coucher. Dans la pénombre, il distingua un corps allongé dans le lit. Tôma entrouvrit légèrement une persienne pour avoir un peu de lumière, puis il s'approcha du lit où reposait son beau-frère. Yuki était d'une pâleur presque cadavérique, et il respirait à peine, les lèvres légèrement entrouvertes. L'ex-pianiste s'assit sur le bord du matelas, et mit sa main sur le front de l'écrivain. Celui-ci était glacé malgré la chaleur qui régnait dehors en cette fin de mois de juin.

Tôma remarqua avec tristesse que son beau-frère avait beaucoup maigri, trop même en l'espace de seulement trois semaines. Les médicaments que prenaient Yuki lui ôtaient le peu d'appétit qu'il pouvait avoir après l'annonce de sa maladie, mais surtout le président de N.G. avait remarqué que l'absence de Shuichi semblait peser à l'écrivain. Se languissant de son amant, le romancier n'avait plus goût à rien et se nourrissait à peine. À chaque fois que Tôma était venu voir Yuki, celui-ci demandait vaguement des nouvelles du musicien en faisant semblant de rien. L'écrivain passait ensuite ses journées seul dans son appartement et, n'écrivant plus, il regardait la télé à longueur de temps, l'esprit visiblement ailleurs. Il paraissait avoir perdu toute sa vitalité, toute son énergie de vivre. Tôma avait l'impression que ce n'était pas tant sa maladie et les médicaments qui terrassaient son beau-frère, mais plutôt le désespoir qui le submergeait... Sortant finalement de ses pensées, le musicien appela doucement le malade en tapotant légèrement sa main hâve (Note de Shizu : hâve :« d'une pâleur et d'une maigreur maladive »).

« Eiri ? Tu m'entends ? Réponds-moi, je t'en prie... »

Le romancier s'agita légèrement en gémissant. Il tourna lentement la tête et entrouvrit les paupières. Son regard était vitreux, et semblait regarder dans le vide.

« ... Shuichi...? murmura l'écrivain sans reconnaître son beau-frère. C'est toi ...? Tu es revenu... ? continua-t-il en esquissant un faible sourire. Pardonne-moi... J'ai fait ça pour te protéger... Mais... je me suis rendu compte... que je ne voulais pas que tu partes... Je... je sais que je n'ai pas le droit ... de te demander ça... mais je ne veux plus jamais... que tu partes... »

La douleur crispa un instant le visage du romancier.

« Shuichi... murmura-t-il encore en fermant les yeux. Shui... chi... »

« Eiri ! s'écria l'ex-pianiste. Eiri, reprends-toi! N'abandonne pas maintenant, tu m'entends ? N'ABANDONNE PAS MAINTENANT ! »

Yuki sombra de nouveau dans l'inconscience, mais cette fois, Tôma ne parvint pas à l'en tirer. Le président prit son portable et appela aussitôt une ambulance...

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2 jours plus tard, Hôpital Central de Tokyo.

Le jeune homme blond ouvrit lentement les yeux. Où était-il ? Il ne reconnaissait pas ce plafond blanc qui le surplombait. Il finit par s'apercevoir qu'un masque à oxygène couvrait la partie inférieure de son visage, l'aidant à mieux respirer. Vivant ? Il était donc vivant... ? L'écrivain poussa un soupir d'épuisement. Il se sentait encore faible, mais la douleur avait disparu. Pour le moment... Il savait que ça ne durerait pas et ne ferait même qu'empirer... Sentant le désespoir monter en lui, Yuki balaya ces pensées négatives et essaya de concentrer son esprit sur d'autres pensées. Sa maladie l'affaiblissait déjà physiquement, il ne fallait pas non plus qu'elle le détruise moralement. Il se rappelait difficilement les derniers jours. Il se souvenait seulement qu'il était trop faible pour pouvoir se lever. Puis quelqu'un était venu. Mais qui ? Il lui semblait qu'il s'agissait de Shuichi, mais il n'en était pas certain.

Shuichi... Il fallait qu'il revoit Shuichi... qu'il s'excuse auprès de lui... Il voulait tellement le revoir... L'écrivain ne comprenait pourquoi il ressentait cette envie, ce besoin si pressant. Mais ce désir était là, si présent qu'il occupait toutes ses pensées... Cependant, peut-être était-il trop tard maintenant... Après le froideur et la méchanceté dont Yuki avait fait preuve, le chanteur refuserait certainement de le voir. Mais finalement, n'était-ce pas mieux ainsi ? N'était-ce pas ce qui se serait passé de toute manière ? Shuichi aurait fini par le quitter, et Yuki se serait retrouver seul à nouveau...

L'écrivain ferma les yeux et une larme roula sur sa joue. Il ne supportait pas la seule pensée que Shuichi le quitte pour de bon. Pourtant, c'était lui qui avait essayer de se séparer du chanteur, en niant les sentiments qu'il éprouvait au fond de lui. Mais, et cela même s'il avait du mal à l'admettre, leur séparation lui était insupportable. Cela faisait si longtemps que le romancier n'avait plus éprouvé de tels sentiments pour quelqu'un qu'il en était effrayé. Même sa complicité avec Tôma n'égalait pas ce qu'il avait ressenti à l'époque pour Kitazawa Yuki, ni ce qu'il éprouvait aujourd'hui pour Shuichi. Il avait peur, mais pourtant, à ce moment-même, il n'avait envie que d'une chose, c'était d'être avec Shuichi. Complètement absorbé par ses démons intérieurs, Yuki n'entendit pas la porte s'ouvrir. Il ouvrit les yeux quand une voix douce et inquiète l'appela :

« Yuki... ? Tu es réveillé ? Tu as mal ? »

L'écrivain tourna la tête et vit deux perles bleu océan qui l'observaient tendrement. Il était venu ! Après tout ce que Yuki lui avait fait, Shuichi était quand même venu. Pris d'une impulsion soudaine, Yuki ôta son masque à oxygène, attira le chanteur et le serra très fort contre lui.

« Pardon, Shuichi, murmura le romancier d'une voix tremblante. Pardon... »

Shuichi avait été surpris de la réaction de son compagnon. Il s'attendait plutôt à ce que Yuki l'envoie balader avec des paroles acides, mais il s'était passé tout le contraire. Le chanteur était heureux. D'habitude, l'écrivain se montrait toujours froid et maître de ses émotions, mais là, il avait agi si spontanément. Ainsi, ce que Seguchi Tôma lui avait dit était vrai : Yuki avait besoin de lui. Shuichi s'abandonna totalement à cette étreinte inespérée.

« Je n'ai rien à te pardonner, Yuki. Je n'ai jamais été en colère contre toi, fit le chanteur à mi-voix. J'étais seulement triste que tu ne veuilles pas me dire ce que tu avais... »

À ces mots, l'écrivain s'écarta brusquement de son amant, et le regarda droit dans les yeux.

« Tôma t'as dit quelque chose ? » demanda subitement Yuki d'un ton légèrement agressif.

« ... N... non... balbutia Shuichi, perplexe. Il m'a juste dit que tu étais souffrant et que tu m'avais réclamé... Il ne m'a rien dit d'autre... Il voulait, mais je lui ai demandé de ne rien me dire si toi tu ne voulais pas... ajouta-t-il en souriant. Je ne veux rien savoir, à moins que ce ne soit toi qui me le dise. »

« ... »

« Tu sais, reprit le musicien devant le silence de son amant. Je ne veux que ton bonheur. Je ferais tout ce que tu me demanderas... »

« ... Tsss... Foutaises... lança sèchement l'écrivain, ayant retrouvé son masque de dureté. Tu feras plutôt comme "lui"(Note :Kitazawa Yuki, mais vous aviez tous compris, non ?), tu m'abandonneras après m'avoir fait croire que le bonheur existait... »

« Yuki ! C'est faux ! fit Shuichi, attristé. Je... je suis sincère quand je te dis ça, balbutia-t-il, la voix tremblotante. Je ne veux pas te faire souffrir. Et si pour cela, je devais partir, alors... alors je partirai... Je voudrais rester pour toujours avec toi, mais si tu ne veux pas, je... » Le chanteur hésita un instant, baissa la tête, puis la releva, les larmes aux yeux. « Je partirai si tu me le demandes... Je ferai tout pour toi, Yuki, parce que... parce que je t'aime... »

Shuichi retenait ses larmes en souriant tristement. Il observait l'écrivain de ses grands yeux brillants de larmes, quêtant un signe, une réponse. Yuki baissa les yeux pour échapper à ce regard insistant. C'est là qu'il vit le plâtre au bras gauche du chanteur.

« ...Ton bras... » fit l'écrivain.

« ... Ah ça ? répondit le musicien en regardant son bras. Bah, c'est pas grave. Ils m'enlèveront mon plâtre dans deux ou trois semaines de toute façon... »

« ... Si c'est grave... le coupa Yuki à mi-voix. C'est à cause de moi que tu t'es fait ça... »

« Hein ? Ah non ! C'est pas ta faute ! C'est à force de faire l'imbécile que je me suis fait ça... Tu n'y es pour rien !»

« ... »

Yuki détourna soudain la tête, retenant des larmes dont il n'arrivait pas à s'expliquer la venue. Non, il ne voulait pas de ces sentiments qui font souffrir au plus profond de l'être. Il les rejetait car il redoutait plus que tout d'être trahi à nouveau. Et cela, il ne le supporterait pas une seconde fois. L'écrivain porta une main à son front, et de l'autre, il étreignait le drap qui le recouvrait. Il ne devait pas pleurer. Cela faisait si longtemps qu'il ne l'avait pas fait, il ne devait pas se laisser aller à ses larmes maintenant. Il se rappelait son viol il y a 6 ans, et aussi la fois où il avait violenté Shuichi (voir ma fic « Nightmare »), et il ne voulait plus de ces larmes amères...

« Ça ne va pas, Yuki ? entendit-il soudain prononcer la voix de Shuichi. Tu as mal ? Je vais aller chercher quelqu'un... »

« ... Non... Shuichi... l'arrêta le romancier. Reste... fit-il en tournant la tête vers son amant. Il... il faut que je te parle... »

Yuki se tut et, tendant la main vers le chanteur, attendit que celui-ci revienne s'asseoir auprès de lui. Shuichi prit tendrement la main du blond dans les siennes, et y déposa un baiser.

« … Shuichi… Ce que je vais te dire, je ne l'ai confié à personne depuis 6 ans… depuis que c'est arrivé… parce que je ne m'en souvenais pas… parce que ça faisait trop mal de me souvenir… Alors promets-moi… promets-moi que tu n'en parleras à personne…»

« Oui, Yuki… acquiesça aussitôt le musicien. Je te le promets… »

Eiri entama alors le récit de cet événement qui l'avait profondément marqué dans sa jeunesse et lui avait laissé des blessures indélébiles. Il lui parla de son enfance au Japon où il était sans cesse brimé par ses camarades à cause de ses cheveux blonds et de ses yeux dorés fort peu asiatiques. Il lui parla de Tôma qui l'avait emmené vivre aux Etats-Unis pour échapper à tout ça. Il lui raconta sa rencontre avec Kitazawa Yuki, son professeur, avec qui il avait partagé des moments exceptionnels. Cet homme que le garçon qu'il était alors avait admiré plus que de raison, au point même de parler… d'amour. Oui, Eiri avait aimé Kitazawa. Et c'est pourquoi ce que le professeur lui avait fait l'avait complètement brisé.

Car Kitazawa avait seulement cherché à gagner sa confiance, avant de se servir de lui comme d'un moyen facile de gagner de l'argent. Il n'était finalement qu'un proxénète pédophile qui avait livré Eiri à des hommes sans scrupules contre un peu d'argent. Le romancier ne se rappelait pas vraiment de l'acte lui-même, du viol qu'il avait subi. Mais depuis quelques temps, il avait des flashs, des souvenirs qui revenaient d'un coup, et le laissaient terrifié et anéanti. Des souvenirs qui devenaient de plus en plus précis, de plus en plus violents, et l'avaient conduit il y peu à violer Shuichi en le prenant pour Kitazawa. Eiri s'en voulait profondément de ce qu'il avait fait au chanteur. Finalement sa "vengeance" n'avait été que le même crime ignoble dont il avait été lui-même victime, et le pire dans tout ça, c'était qu'il n'en n'avait ressenti aucun soulagement, aucune satisfaction. Il se sentait au contraire méprisable et honteux…

« Après cela, je me suis renfermé sur moi-même, reprit l'écrivain après un silence. J'ai rejeté toute forme d'affection, je me suis débarrassé de ces sentiments idiots qui ne servent qu'à nous faire souffrir inutilement. J'ai laissé mon cœur durcir et se geler, parce que ce que m'avait fait Yuki m'avait fait trop mal. Je ne voulais plus m'attacher à quelqu'un comme je m'étais attaché à lui… Je croyais, à force, que j'étais arrivé à ne plus rien éprouver… Et pourtant, depuis que je t'ai rencontré, j'ai… j'ai l'impression que la glace autour de mon cœur est en train de fondre… J'ai l'impression que je réapprends les sentiments… »

Eiri étouffa un sanglot, puis ferma les yeux en serrent plus fort la main de son compagnon. Il retenait ses larmes avec difficulté. Shuichi observait son amant avec inquiétude, et embrassa de nouveau sa main. L'écrivain rouvrit les yeux et les plongea un instant dans les pupilles couleur d'azur.

« Et est-ce que tu aimes ça, les sentiments ? » demanda doucement Shuichi.

« Je… je ne sais pas… hésita le jeune homme blond. C'est… étrange… Tout se bouscule dans ma tête. Je ne sais plus où j'en suis… »

L'écrivain détourna brusquement la tête et posa son autre main sur ses yeux pour empêcher ses larmes de couler. Shuichi déposa un autre baiser sur la main de Yuki et commença à caresser délicatement ses mèches blondes.

« Tu sais, il ne faut pas trop réfléchir avec les sentiments, dit doucement le chanteur. Il faut juste… suivre son instinct… »

« Je… je ne sais pas si je pourrais faire ça… fit Eiri. Ce flot d'émotions qui m'envahit me… ça me terrifie, Shuichi… murmura l'écrivain en tournant la tête vers son amant… Et puis ça me rappelle… ce qu'il m'est arrivé… Mais je veux pas… je ne veux pas de ces souvenirs qui me font souffrir… Je… »

L'écrivain commença à pleurer doucement en tremblant de tout son corps. À cet instant, Yuki semblait être redevenu un enfant fragile et sans défense. Visiblement, il ne s'était jamais remis de son viol, et il avait tout enfoui au fond de lui, sa peur, sa colère, son désespoir. Cependant, malgré les efforts du romancier pour masquer son traumatisme, tout cela aurait forcément fini par revenir au grand jour. Mais il valait mieux que ce soit maintenant, car désormais il avait quelqu'un à ses côtés, il avait Shuichi.

Le chanteur observait son amant avec anxiété. Il avait déjà vu deux fois Eiri se mettre à pleurer comme ça, mais cette fois-ci il semblait complètement effondré. D'habitude, c'était Shuichi qui se faisait consoler par Yuki quand il déprimait. Enfin, consoler était un bien grand mot. La plupart du temps, le musicien se serrait contre son amant qui se contentait de l'étreindre sans un mot. Pourtant cette étreinte était tendre et protectrice, et cela rassurait le musicien.

Mais aujourd'hui, c'était Yuki qui avait besoin de se sentir protéger, d'avoir une épaule amicale contre laquelle déverser toutes les larmes qu'il retenait depuis tant d'années. C'était Yuki aujourd'hui, qui avait besoin de bras protecteurs pour le soutenir. Shuichi était à la fois triste de voir son amant son amant dans cet état, mais en même temps heureux car c'était la première fois que Yuki acceptait de se confier à lui de la sorte. Le chanteur vint s'asseoir au bord du lit, et posa délicatement sa tête sur le torse de son compagnon en le serrant doucement contre lui.

« Tu n'as rien à craindre, Yuki, fit Shuichi à mi-voix. Je suis là… Je te protégerai… Alors n'aie pas peur… Et puis il ne faut pas que tu aie peur de tes sentiments… Après tout, c'est humain d'en avoir… Ce n'est pas une marque de faiblesse, tu sais… Tu as le droit d'être fatigué ou déprimé de temps en temps… Et moi dans ces moments là, je veux être là, auprès de toi… Tu pourras toujours compter sur moi… »

« …Menteur… Tu m'abandonneras… comme "lui"… » larmoya l'écrivain en enfouissant son visage dans ses mains.

« Yuki… Regarde-moi, fit le chanteur en écartant doucement les mains de son amant. Tu crois vraiment que je serais capable de t'abandonner ? lui demanda-t-il. Ne t'ai-je donc pas assez montré à quel point je tiens à toi ? Mais qu'est-ce que je dois encore faire pour te le prouver, bon sang ? s'exclama-t-il soudain, les larmes aux yeux. Je t'aime, Yuki… Ne doute pas de ça… » finit le chanteur dans un murmure en embrassant tendrement le blond.

Les deux amants restèrent un long moment ainsi enlacés, s'embrassant et pleurant doucement. Ils se séparèrent enfin après quelques minutes et s'observèrent un instant en reprenant leur souffle.

« Je ne t'abandonnerai pas, Yuki…murmura Shuichi. Je ne pourrais jamais le faire… Je ne supporterais pas de te quitter… Mais toi, ne me repousse pas… Je voudrais rester pour toujours avec toi… Alors s'il te plaît, ne me repousse pas… »

« … »

Yuki resta muet et détourna seulement le regard.

« Je sais que c'est difficile pour toi d'exprimer tes sentiments… Je sais que ça te fait peur aussi… Tu as peur de souffrir, et aussi tu as peur que les autres te croient faible … Mais moi, je sais que tu n'es pas faible.. Tu es fort… Tu es tellement plus fort que moi… Et tu sais, même les gens forts sont fatigués quelquefois. Ce n'est pas interdit… »

« … »

« Yuki, insista le chanteur, cherchant à arracher quelques mots à l'écrivain. Je sais que ça te gêne de montrer tes émotions en public. Mais tu peux le faire quand tu es avec moi… Moi, je ne te jugerai pas. Moi je suis là rien que pour toi. Tu seras toujours mon Yuki. Alors il ne faut pas que tu sois gêné… »

« … »

« Réponds-moi, Yuki, supplia Shuichi. Dis-moi quelque chose… »

« … »

« «Yuki, fit le musicien d'une petite voix toute triste, ça te gêne tant que ça de pleurer devant moi que tu veux même plus me parler ?

« … »

« Yukiii ! »

L'écrivain restait désespérément silencieux, et Shuichi en éprouvait de la peine. Il ne savait plus que faire ou dire mettre en confiance son amant. Résigné, le chanteur se leva et s'apprêtait à partir, quand une main le retint par le bras. Le musicien se retourna et regarda le blond d'un air perplexe.

« … Shui… Shuichi… balbutia Yuki. Je… je voudrais… »

« Oui, quoi ? » le pressa le chanteur en se rasseyant aussitôt.

« Je… je ne veux pas que tu partes… Je voudrais que tu restes avec moi… Mais je vais… je vais… »

« Chuuuut, Yuki… le coupa doucement Shuichi en posant un doigt sur les lèvres du blond. Ne prononce pas ces mots. Je vais m'occuper de toi, et tu verras, tu guériras… »

Shuichi savait pertinemment quels étaient les mots que son amant allait dire. Mais, tout comme Yuki n'arrivait pas à les dire, lui ne voulait pas les entendre. Même si le chanteur avait refusé que Tôma lui parle de la maladie du romancier, le musicien avait compris que c'était très grave, et il se doutait bien de son issue… Pourtant, il refusait cette possibilité, il voulait croire qu'il y avait encore une chance de sauver Yuki…

Le chanteur souriait tendrement à son amant pour le rassurer. Quand il commença à caresser les mèches blondes de son compagnon, celui-ci céda enfin et se mit à pleurer. Shuichi le serra alors contre lui en lui murmurant des paroles apaisantes. Yuki pleura longtemps, blotti contre l'épaule de son amant, jusqu'à ce que ses larmes se tarissent enfin.

« Je t'aime, Yuki… » murmura Shuichi à l'oreille de l'écrivain quand il fut calmé.

« … Eiri… »

« Quoi ? » fit le chanteur en se redressant légèrement.

« Pourquoi tu ne m'appelles plus Eiri ? demanda le romancier à mi-voix. Je préfère quand tu m'appelle Eiri… »

« … O… Oui… » balbutia le musicien, ému. Eiri… »

« Shuichi ? s'inquiéta soudain en voyant des larmes couler sur les joues du chanteur. Tu pleures ? »

« Ah ! C'est rien, Yu… heu, non… Eiri, s'excusa le garçon aux cheveux roses en essuyant ses yeux humides. Je suis si content. »

« De quoi ? » fit l'écrivain, intrigué.

« Je suis tellement heureux que tu me permettes de t'appeler Eiri… répondit Shuichi en souriant. J'en avais envie, mais j'osais pas à cause de l'autre jour quand on s'est disputé, parce que j'avais peur que tu te fâches… Merci… » finit-il dans un murmure.

Yuki se contenta de sourire, et attira le chanteur pour l'embrasser. Puis s'abandonnant enfin à ce désespoir qu'il avait si longtemps dissimulé, il se blottit contre Shuichi en le serrant très fort. L'écrivain se sentait si bien dans les bras de son amant, apaisé et rassuré. Il supplia ensuite le chanteur de s'allonger auprès de lui et, tous deux enlacés, ils finirent par s'endormir. Quand Tôma entra dans la chambre une heure plus tard, il trouva les deux jeunes gens profondément endormis dans les bras l'un de l'autre. Le président de N.G. les laissa sommeiller, et sortit discrètement en murmurant :

« Tu as trouvé là quelqu'un qui semble sincèrement tenir à toi. J'en suis heureux, même si ce garçon t'a volé à moi… »

Le pianiste s'adossa à la porte de la chambre quand il l'eut fermée. Il ferma les yeux en baissant la tête, et des larmes amères se mirent à ruisseler sur ses joues.

« Eiri… murmura-t-il en serrant les poings de rage devant son impuissance. Eiri… Pardonne-moi. Je n'étais encore pas là quand tu avais besoin de moi… Mais pourquoi suis-je parti pour ce stupide voyage d'affaires ? Quel imbécile ! Si j'avais été là… Si je ne t'avais pas laissé seul…tu ne serais pas ici… Tu aurais même pu… Eiri… Je n'ai pas pu te protéger… encore une fois… Pardon… Eiri… »

Tôma était incapable d'arrêter ses larmes, et il les laissait couler sans retenue, indifférent au personnel médical qui s'affairait autour de lui dans le couloir. Il releva la tête quand il sentit des bras l'enlacer doucement. C'était Mika. Le président regarda sa femme dans les yeux, et perçut dans son regard la même lueur de désespoir qu'il ressentait au fond de lui. Malgré la promesse qu'il avait faite à son beau-frère, Tôma n'avait pu s'empêcher d'annoncer à son épouse la maladie de l'écrivain. La jeune femme avait accueilli la nouvelle avec beaucoup de courage, et avait continué à agir avec son frère comme si de rien n'était. Le musicien admirait la force de caractère, et le sang-froid de sa femme devant l'adversité.

Lui, par contre, n'arrivait plus à contenir son chagrin. Il tenait à Yuki tout autant qu'il tenait à Mika, peut-être même plus encore. Il s'en voulait d'avoir encore une fois failli à protéger le jeune Eiri. Se laissant aller à ses larmes, Tôma enfouit sa tête au creux de l'épaule de son épouse, qui le berça tendrement jusqu'à ce qu'il se calme. Puis, finalement, les deux époux s'éloignèrent à pas lents, laissant sommeiller derrière eux dans cette austère chambre d'hôpital ceux que le Destin avait réunis et devait éprouver…

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A SUIVRE …

AU PROCHAIN EPISODE : Home, sweet home

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Lexique : Toujours pas de lexique ! Mais c'est pas facile de ne pas partir dans un de mes délires habituels, et de tout écrire en japonais (enfin, presque tout).

Commentaires de fin : J'aime beaucoup le dernier passage avec Tôma. On est presque un peu frustré d'ailleurs qu'il n'y en ai pas plus. Faut voir ! Peut-être que je ferais un passage dans le dernier chapitre. Mais bon, j'y suis pas encore ! Alors y faut vite que je me remette au travail.

Oui, je sais, Yuki est encore un peu trop larmoyant dans cette fic. Mais il faut comprendre que là, Yuki est malade donc affaibli physiquement, il souffre beaucoup et cela agit sur son moral. De plus, les médicaments qu'il prend ont plus ou moins des effets secondaires (en effet, il existe des médicaments qui vont soigner une maladie, mais qui peuvent provoquer un état dépressif sur le patient). Pour compléter le tableau, l'écrivain est encore et de plus en plus hanté par ses cauchemars, et il a du mal à admettre et à se laisser aller à l'amour qu'il porte à Shuichi. Le pauvre, quand même. Il a vraiment pas de chance. Mais pour une fois que c'est pas Shuichi qui en prend plein la tête, on va pas s'priver. Hi hi hi… Heu… Je suis reparti dans un délire sadique, là. Il faudrait parfois que je songe à me calmer. Mais bon, promis, dans ma prochaine fic, il sera un peu plus fidèle à ce qu'il est normalement. Bon, Mata ne, chers lecteurs, et à bientôt pour le prochain chapitre !