Chapitre VI : La Complainte de Tôma

Auteur : Shizuka Kurai

Genre : Yaoi, lemon, darkfic

Série : Gravitation

Pairing :

- Yuki Eiri / Shindô Shûichi

- léger Seguchi Toma / Yuki Eiri

Disclaimer : Les persos appartiennent bien entendu à mon illustre sensei, Maki Murakami- sama

Commentaires : …Heu… Petit changement de programme… Vous deviez avoir un 6ème et dernier chapitre de R&J ? Hé bien voici un 6ème et AVANT-DERNIER chapitre. Je tenais absolument à faire une scène avec Tôma, et ça aurait fait un chapitre beaucoup trop long si je l'avais mis dans le 6ème, donc j'ai fait deux chapitres. Gomen nasaï ! Mais bon, vous allez être contentes, Y A UN LEMON ! OUAIIIIIS ! TOUT LE MONDE IL EST CONTENT ! C'est marrant parce qu'au départ, y en n'avait pas et puis au fil de l'histoire, ça s'est fait tout seul. Ben quand y ont envie, y ont envie, hein, et moi en général, je peux rien faire pour les arrêter. Mais de toute façon, on aime toutes ça, non ?(Hi hi hi, mode pervers ON !).

Hé, dites- moi, je sais pas si vous avez remarqué, mais mon style d'écriture et mes délires d'auteurs sont très proches du style de Murakami, vous ne trouvez pas ? Ça m'a paru hyper flagrant quand j'ai lu le 4ème volume du manga de Gravitation (que je viens d'acheter, et que je suis toute contente, et que même que je l'ai déjà lu 5 fois, et que j'ai tout pleuré les larmes de mes yeux quand Shuichi s'est fait violer et tout). En plus, j'ai remarqué que dans la vie réelle, j'ai parfois tendance à adopter le comportement de notre cher Shui-chan. Oùla, me direz-vous, à ce niveau-là, ça devient grave. Faut te faire soigner, ma Shizu ! Bon, je verrais ça plus tard. Pour l'instant, j'ai une fic à copier moi. Allez, bisous !

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Résumé du chapitre précédent : Yuki et Shuichi sont allés au parc d'attraction. La journée, bien que ponctuée de deux- trois incidents, s'est à peu près bien déroulé. Mais en fin d'après- midi, alors que les deux amants venaient de s'engueuler, l'écrivain fait un malaise…

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Un peu plus tard, infirmerie du parc d'attraction Odaiba.

« YUKIII ! YUKI ! RÉVEILLE- TOI ! YUKI, S'IL TE PLAIT, RÉVEILLE- TOI ! OUVRE LES YEUX, JE T'EN SUPPLIE ! YUKIIII ! »

Le garçon aux cheveux roses était complètement hystérique. Un agent de sécurité le retenait avec difficulté pour laisser le personnel de l'infirmerie s'occuper du jeune homme blond.

« LÂCHEZ - MOI ! JE VEUX ALLER LE VOIR ! YUKI A BESOIN DE MOI ! LAISSEZ - MOI ! YUKI ! »

« Calmez- vous, jeune homme ! essayait de le calmer l'homme qui retenait le chanteur. Ce n'est pas en vous énervant de la sorte que vous aiderez votre ami ! »

« YUKIIII ! » cria Shuichi, incapable de se maîtriser.

À ce moment-là, l'infirmière perdit patience, vint jusqu'au chanteur et le gifla violemment. La douleur cuisante irradiant sa joue surprit tellement le musicien qu'il resta un instant sans réaction, un instant qui suffit à la femme pour le remettre à sa place.

« Je vous laisserai voir votre ami dès que j'aurai fini de l'ausculter, mais surtout dès que vous vous serez calmé. Pour le moment, vous perturbez mon travail, et vous mettez peut-être sa vie en danger. Alors asseyez-vous dans un coin, et que je ne vous entende plus jusqu'à ce que je vous appelle. C'est bien clair ? »

Shuichi hocha lentement la tête en détournant les yeux, avant de se laisser tomber à genoux, en larmes, tandis que l'infirmière retournait s'occuper de Yuki et tirait un rideau devant le lit pour s'isoler avec son patient. Elle revint une dizaine de minutes plus tard, et s'adressa en souriant au chanteur qui avait fini par s'asseoir sur une chaise, sous la surveillance de l'agent de sécurité.

« Bon. Je constate que vous avez l'air plus calme. Je peux donc vous permettre de voir votre ami. Il a repris connaissance il y a quelques minutes. Il n'a rien de bien méchant, mais il devra quand même se reposer quelques jours. »

« … Ha… heu… merci… » balbutia l'artiste.

« Allez-y vite. Il vous attends… »

Shuichi ravala ses larmes, inspira un grand coup, puis il alla rejoindre son amant. Il s'arrêta devant le rideau, le cœur battant, n'osant pas franchir cette ultime barrière qui le séparait de son compagnon. Ce n'est qu'en entendant la voix de Yuki qui l'appelait que le musicien se décida à ouvrir le rideau. Le chanteur gardait la tête baissée, immobile en face du lit où se trouvait le blond. L'écrivain l'appela une nouvelle fois en lui demandant de le regarder.

Le musicien secoua la tête avec force, en signe de négation, repensant avec honte à leur dispute de tout à l'heure. Il se sentait responsable du malaise de son compagnon. Il n'aurait jamais dû insister pour monter sur le Grand 8, ni pour aller faire un tour de bateau- cygne, car la première attraction avait rendu Eiri malade, et la seconde l'avait laissé trempé des pieds à la tête, alors que l'écrivain sortait à peine d'une grave bronchite. Et pour couronner le tout, Shuichi avait fait une scène Yuki à parce que ce dernier n'avait pas voulu l'embrasser. Mais pourquoi avait-il donc accepter d'aller au parc d'attraction ce matin, quand le romancier le lui avait proposé ? Il n'aurait jamais dû consentir à cette sortie alors que Eiri avait un cancer.

« … Pardon, Eiri… » lâcha le musicien en fermant les yeux.

Des larmes suintèrent sous ses paupières closes, et il se remit à sangloter doucement, les épaules agitées de soubresauts irréguliers.

« Viens ici, » lui ordonna l'écrivain.

Le chanteur secoua encore la tête, refusant de bouger.

« Tu vas pas m'obliger à me lever quand même ? le rudoya un peu son amant. Ramène ton cul ici et plus vite que ça ! »

Shuichi obéit en pleurnichant toujours, et vint à côté du lit.

« Assis ! » fit le romancier en tapotant légèrement le matelas.

L'artiste s'assit sans dire un mot, et sans oser regarder le blond. Il remarqua que l'infirmière avait enlevé ses vêtements mouillés à Yuki, et les avait étendus sur la chaise à côté du lit pour qu'ils sèchent.

« Bon, fit le jeune homme blond. Si tu m'expliquais pourquoi tu pleures ? »

Le garçon aux cheveux roses, surpris de la question, tourna la tête vers son amant adossé à un gros oreiller. Il baissa aussitôt les yeux en croisant une paire de pupilles dorées, et balbutia :

« … C'est… c'est ma faute… si tu es malade. Je… je t'ai forcé à aller dans le Grand 8 et la promenade des cygnes, et… et… je me suis engueulé avec toi… Et j'aurais… j'aurais pas dû accepter qu'on aille au parc alors que… alors que tu étais à peine remis de ta bronchite, et que tu as un cancer, et… et… JE SUIS VRAIMENT DÉSOLÉ, EIRI ! s'exclama soudain le musicien en se jetant au cou du romancier. J'ai eu tellement peur quand je t'ai vu t'effondrer tout à l'heure ! J'ai cru que tu étais mort… Tu bougeais plus, tu étais tout pâle… Je savais plus quoi faire ! Pardon, Eiri, pardon… »

Shuichi ne pût en dire plus, et laissant soudain libre court à son chagrin, il enfouit sa tête contre l'épaule de l'écrivain en pleurant à chaudes larmes. Yuki serra tendrement le musicien contre lui et caressa ses mèches fuchsia jusqu'à ce qu'il se calme. Quand l'artiste s'arrêta enfin de pleurer, le romancier l'écarta doucement.

« Maintenant, tu vas écouter ce que je vais te dire, fit-il en obligeant Shuichi à le regarder. Ce n'est pas à cause de toi que j'ai eu ce malaise tout à l'heure… »

« Mais… »

« On se tait, le coupa l'écrivain en posant un doigt sur les lèvres du chanteur. Tu m'écoutes d'abord jusqu'au bout, sans dire un mot. »

Shuichi hocha silencieusement la tête.

« Bien. Je disais donc que ce n'était pas ta faute si j'ai fait un malaise. Tu te rappelles qu'on s'est baladé une bonne partie de l'après-midi dehors en plein soleil ? »

Nouveau hochement de tête accompagné d'une moue perplexe.

« J'ai tout simplement eu une insolation, expliqua sobrement l'écrivain à son amant. J'en suis quitte pour avoir mal au crâne et craindre les lumières vives pendant quelques jours, mais ce n'est pas plus grave que ça. Alors cesse te t'inquiéter et de te culpabiliser, d'accord ? »

Cette fois-ci, le chanteur resta sans réaction. Il se contentait de fixer le blond, sans sembler comprendre. Puis soudain il demanda fébrilement :

« C'est vrai ce que tu dis ? C'est qu'une insolation ? Tu me racontes pas de bobards pour pas que j'm'inquiète ? »

« Non, je ne te mens pas, Shuichi. C'est la vérité. Tu peux demander à l'infirmière, elle te le confirmera. »

« C'est exact ! affirma cette dernière qui arrivait fort à propos, tenant dans les mains un plateau avec des flacons de médicaments et une seringue. Maintenant, si vous voulez bien nous laisser, fit-elle ensuite au chanteur. Je dois faire une piqûre à notre charmant écrivain, » ajouta-t-elle, visiblement ravie de s'occuper du célèbre Yuki Eiri.

« Juste une minute, supplia le musicien avant d'enlacer à nouveau son amant avec un soupir de soulagement. Je suis tellement soulagé de savoir que c'est pas grave, Eiri… » fit-il ensuite à son compagnon.

« Shuichi… Je voudrais te dire quelque chose… »

« Oui, quoi ? » demanda l'artiste en s'écartant du blond.

« Je ne t'ai jamais dit pourquoi je t'avais foutu dehors quand j'ai appris que j'étais malade… »

« … Heu… »

« C'est parce que… »

« Eiri. Je… J'ai pas besoin de le savoir, tu sais… »

« Si, je veux te le dire. »

« Mais… »

« C'était parce que je ne voulais pas voir cette expression sur ton visage, » le coupa l'écrivain que le chanteur puisse protester davantage.

« Hein ? »

« Je ne voulais pas voir cette expression angoissée déformer ton visage, Shuichi, reprit Yuki. Je veux te voir sourire. J'en ai besoin… »

« Besoin… de mon sourire ? »

« … Oui… Parce que quand je te vois sourire, je me sens mieux. Ça me donne envie de guérir… Si tu n'étais pas venu la dernière fois quand j'ai été hospitalisé, je crois… je crois que je me serais laissé mourir… »

« … Eiri… »

« Alors s'il te plaît, fais-moi un beau sourire… Je ne veux plus te voir pleurer à cause de moi… »

« D'accord, Eiri… » fit le chanteur en esquissant un sourire.

Puis, sentant des larmes perler à nouveau sous ses yeux, mais de joie cette fois-ci, Shuichi tourna le dos au romancier, et chercha le mouchoir que lui avait donné la jeune femme au Grand 8. Il essuya ses yeux humides, se moucha vigoureusement, rangea le mouchoir, puis fit volte-face et se jeta encore une fois au cou du blond avec un immense sourire en criant « Yuki » joyeusement.

« C'est tellement beau c' que tu m'as dit, Yuki. Ça m'fait super plaisir ! » fit Shuichi en minaudant comme un gamin.

« Voilà, je te préfère comme ça. Même si t'as l'air plus bête, » le taquina l'écrivain.

« Mais euh… » protesta le musicien en s'écartant de Yuki.

« Dites les amoureux, les rappela à l'ordre l'infirmière. Je vous avais accordé une minute, je crois, et ça en fait déjà cinq là. J'aimerais bien faire ma piqûre. »

Shuichi rougit mais le sourire complice de la femme le rasséréna. Il se retourna vers Yuki, déposa un baiser sur ses lèvres, avant de quitter précipitamment la pièce en emportant le portable de son amant.

« Qu'est-ce que tu veux faire avec ça ? » lança l'écrivain avant que l'énergique garçon ne décampe.

« Prévenir ta sœur, ou bien Seguchi-san. Tu penses quand même pas que je vais te laisser prendre le volant pour rentrer ? »

Et le chanteur fila en claquant la porte, laissant son compagnon aux mains de l'infirmière.

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Le même jour, siège de la N.G. Productions. Salle de conférence, 17H45 P.M.

Toc Toc Toc

« Entrez ! »

« … Excusez-moi, Seguchi-san… fit timidement une secrétaire. Il y a au téléphone un jeune homme qui demande à vous parler. Il dit que c'est important… »

« Vous a-t-il donné son nom ? » demanda le président, légèrement agacé.

« Oui. Il s'agit du chanteur d'un groupe que vous produisez, Shindô Shuichi. »

« Vous lui avez dit que j'étais en réunion ? S'il a un problème, qu'il voit ça avec son manager.»

« Il a dit que c'était à propos d'un certain Eiri. Il aurait fait un malaise… »

« Un malaise…? fit Tôma d'une voix blanche en se levant d'un coup. Mon dieu, Eiri… Passez-le moi, je vais le prendre ! » s'exclama-t-il soudain.

« Bi… bien. Tout de suite, Seguchi-san… »

Quelques secondes plus tard, le président décrochait le téléphone de la salle de conférence, et la voix de Shuichi retentit à l'autre bout du fil.

« … Heu… Seguchi-san ? Je suis désolé de vous déranger en pleine réunion, mais je n'arrivais pas à joindre la sœur d'Eiri, enfin votre femme, alors… »

« Comment va-t-il ? » le coupa soudainement Tôma d'une voix angoissée.

« Bien, il va bien, s'empressa de le rassurer le musicien. Eiri s'est évanoui, mais en fait, c'était pas grave, juste une petite insolation. Mais l'infirmière du parc a dit qu'il devrait quand même se reposer quelques jours… »

« Insolation… ? Parc… ? répéta l'ex-pianiste, étonné. Mais où êtes-vous tous les deux ? »

« Ben, on est allé au parc d'attraction aujourd'hui, le Odaiba Amusement Park. Et là, on est à l'infirmerie. Et y faudrait que quelqu'un vienne vite nous chercher parce que je sens qu'Eiri va vouloir repartir avec sa voiture. Et je sais pas si c'est une bonne idée de le laisser conduire après son malaise… »

« Je viens tout de suite ! » lança Tôma.

« Mais, et votre réunion ? » fit Shuichi.

« Elle était presque terminée de toute manière. Je viens aussi vite que possible ! »

« AH ! Au fait, fit le chanteur avant que Seguchi ne raccroche. Vous pourriez amener des vêtements secs pour Eiri ? On a eu un léger incident à la promenade des cygnes, et ses habits sont tout mouillés. »

« Hein ? Très bien. Je prends ça et j'arrive. »

« Mer… Bah ! »

BIP BIP BIP…

Le président n'avait même pas laissé le temps à Shuichi de le remercier qu'il lui avait déjà raccroché au nez. Il se leva et s'excusa auprès des personnes assises autour de la table.

« Sakano-san, je vous charge du reste… » fit le président avant de quitter la pièce.

« AH ! Mais, président… Je… Très bien, je m'occupe de tout ! » fit Sakano à une porte déjà close.

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Une heure plus tard, sur la voie rapide.

« Ne t'inquiète pas pour ta voiture, Eiri-san, fit Tôma à son beau-frère allongé sur la banquette arrière de la voiture, la tête posée sur les cuisses de Shuichi. Mika nous suit avec. On la rejoindra à ton appartement après être allé à l'hôpital. On ne sait jamais… »

« Ça va, j'ai pas besoin d'aller à l'hôpital. Et puis, arrête de me materner, Tôma. J'suis plus un gosse… »grommela l'écrivain.

« Ha ha ha… Pardon, Eiri-san. Un réflexe. Tu ne peux pas savoir à quel point je me suis inquiété tout à l'heure quand Shindô-kun m'a téléphoné au bureau en disant que tu avais eu un malaise… »

« C'était juste une insolation. Pas de quoi en faire toute une histoire… »

« Je sais, je sais… Mais c'est plus fort que moi, je ne peux pas m'empêcher de me faire du souci… »

« Tu t'inquiètes toujours trop pour pas grand chose, Tôma… » répliqua le romancier.

« Il a raison, Eiri, renchérit à son tour Shuichi. Même si ce n'était qu'une insolation, il faut que tu fasses attention… »

« C'est pas vrai ! Tu vas pas t'y mettre toi aussi ? » bougonna Yuki.

« Hé ben si ! rétorqua le garçon aux cheveux roses. Parce que… je ne veux pas que tu… »

Le chanteur ne put terminer sa phrase, et une larme coula doucement sur sa joue.

« … J'ai eu si peur, Yuki… » murmura-t-il.

« … »

Yuki garda le silence et attira le visage du musicien pour l'embrasser.

« Prévenez-moi quand on arrive, fit-il en reposant sa tête sur les genoux de Shuichi. Je vais faire un somme attendant… »

Et il s'endormit aussitôt sous l'œil attentif du chanteur. Shuichi l'observa quelques minutes en silence, puis soudain il craqua, et il serra tendrement l'écrivain contre lui en sanglotant doucement.

« … Ça va, Shindô-kun ? » demanda Tôma au bout d'un moment.

« O… Oui … balbutia le musicien en se redressant avant d'essuyer discrètement ses larmes. Mais… je… je me sens tellement… impuissant… Il souffre et je peux rien faire pour le soulager… Et le pire dans tout ça, c'est qu'il ne se plaint même pas… Alors que moi, j'étais totalement paniqué tout à l'heure, quand il s'est évanoui. Et lui, il souffre en silence, et il garde tout à l'intérieur… »

« Shindô-kun… »

« Je me rappelle qu'au début de ma relation avec Yuki, vous aviez voulu que je me sépare de lui… parce vous disiez que ça lui faisait du mal… que ça faisait resurgir des souvenirs douloureux… »

« Shin… Shindô-kun, je… »

« Si seulement ça pouvait être aussi simple que ça aujourd'hui! s'écria soudain le jeune homme. Si seulement c'était à cause de moi qu'il souffre, alors, je n'aurais qu'à partir, et il irait mieux… Mais voilà, sa douleur vient d'ailleurs, et moi, je peux rien faire pour l'aider ! »

« Si, Shindô-kun, objecta Tôma. Vous pouvez faire une chose… »

Le président n'avait pas vraiment envie de prononcer ces mots, mais il devait le faire… Pour Eiri… Parce qu'aujourd'hui, Eiri avait plus que jamais besoin de Shuichi. Alors peu importait pour l'ex-pianiste de rester à l'arrière-plan…

« Vous pouvez rester avec lui et le soutenir, comme vous le faites actuellement. C'est grâce à vous qu'Eiri-san arrivera à trouver la force, et surtout la volonté de guérir. Si vous n'aviez pas été là, il se serait sans doute déjà laissé mourir depuis longtemps… »

« … Se… Seguchi-san… » balbutia le musicien en relevant la tête.

« Eiri a besoin de vous… »

« … Je… M… Merci, Seguchi-san… »

Shuichi baissa à nouveau les yeux vers son amant, et esquissa un tendre sourire en caressant les mèches blondes.

« Alors je resterai avec lui… » murmura-t-il en déposant un baiser sur le front de l'écrivain.

Les deux musiciens se turent, et le trajet s'acheva dans le silence le plus total, rythmé par les ronronnements du moteur de la voiture…

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Quelques minutes plus tard, Tôma garait le véhicule au pied de l'immeuble où habitait l'écrivain. Finalement, ils n'étaient pas allés à l'hôpital, le pianiste ayant préféré ramené son beau-frère directement chez lui. Le président vint ouvrir la porte du côté de Shuichi qui essayait de réveiller son amant. Mais celui-ci dormait profondément, et rien ne semblait pouvoir le réveiller. Le chanteur sortit alors de la voiture, et essaya de soulever son compagnon pour le ramener à son appartement. Cependant, le romancier était beaucoup plus grand, et surtout beaucoup plus lourd que lui, et le musicien ne réussit qu'à s'affaler au sol, écrasé sous le poids de son amant dont le sommeil n'avait pas été le moins du monde perturbé par cette chute. Le président s'agenouilla près de Shuichi et le dégagea en soulevant Eiri dans ses bras.

« Laissez-moi faire, Shindô-kun, je vais le porter, fit Tôma en tendant les clés du domicile de son beau-frère au musicien. Pendant ce temps, allez ouvrir, voulez-vous ? »

« Mais je voulais porter Yuki… »

« Vous avez eu tous les deux votre lot d'émotion aujourd'hui, et vous êtes épuisé, Shindô-kun, je le vois bien. Alors laissez-moi le porter et allez ouvrir. Je resterai ici cette nuit pour veiller sur lui pendant que vous dormirez… »

« Je suis pas fatigué ! protesta le chanteur. Je peux m'occuper de Yuki ! »

« J'en suis persuadé. Mais Eiri m'en voudrait si je vous laissais vous occuper seul de lui au détriment de votre santé. Vous devez garder la forme pour continuer à veiller sur lui, et le soutenir. »

« Mais… »

« Si vous vous écroulez d'épuisement, vous ne pourrez plus prendre soin de lui. Alors suivez mon conseil et reposez-vous ce soir. C'est ce que vous avez de mieux à faire, croyez-moi. Maintenant, allez ouvrir et préparez son lit pour qu'on puisse le coucher tout de suite. »

« B… bien… » obtempéra le musicien, se rangeant finalement aux paroles de Tôma. Je… je vous attends en haut alors… »

Avant de partir, Shuichi aida le président à installer l'écrivain sur son dos, puis il s'en fut ouvrir la porte. Tôma le rejoignit bientôt, et ils couchèrent Yuki qui ne réveilla pas d'un poil durant toute l'opération de son déshabillage. Ensuite, tandis que Shuichi finissait de border l'écrivain et de préparer les médicaments qu'il prendrait à son réveil, le pianiste alla jusqu'à la cuisine préparer le dîner.

Comme Eiri dormait toujours lorsque le repas fut prêt, les deux musiciens s'attablèrent sans lui. Tôma s'efforçait d'être joyeux et complaisant, mais il voyait que Shuichi était soucieux. D'ordinaire, le chanteur avait un solide appétit et mangeait comme quatre, mais là, c'était à peine s'il avait entamé son assiette.

« Vous n'aimez pas, Shindô-kun ? s'inquiéta Tôma. Vous auriez préféré que je cuisine autre chose ? »

« … »

« Shindô-kun ? »

« Ha… heu… Si, si, c'est très bon ! réagit enfin le garçon aux cheveux roses. C'est juste que j'ai pas très faim… »

« Vous êtes inquiet… »

« … Oui… Et je me sens coupable aussi… Même si Eiri m'a dit que c'était pas faute, je ne peux m'empêcher de croire que j'y suis pour quelque chose. C'est idiot, hein ? » fit Shuichi avec un petit rire amer.

« Shindô-kun… »

« Vous me préviendrez cette nuit s'il se réveille ? »

« … Heu… je… Oui, bien sûr, » acquiesça Tôma, comprenant que le chanteur avait besoin d'être rassuré.

« Hé mais ? Si y s'réveilles pas ? » s'écria soudain Shuichi.

« Alllons, Shindô-kun. Bien sûr qu'il va se réveiller ! »

« C'est pas ce que j'voulais dire, s'empressa de le détromper le musicien. Je pensais à ses médicaments. Y faut qu'il les prenne régulièrement, alors y va peut-être falloir qu'on le réveille. »

« … Heu… Oui, sans doute… »

« Je vais voir s'il est réveillé ! » lança l'artiste en sortant précipitamment de la cuisine.

« Finissez au moins de manger ! »

« j'ai plus faim, merci ! » cria le chanteur depuis le couloir.

Tôma écouta le bruit de pas qui s'éloignait, puis il se leva en poussant un soupir. Il débarrassa la table et fit la vaisselle, tout en laissant un plateau prêt à réchauffer pour Yuki s'il avait faim en se réveillant. Pendant ce temps, Shuichi était arrivé dans la chambre, et s'était assis au bord du lit. Au moment où il s'apprêtait à réveiller son compagnon, le regard du musicien s'attarda sur le visage endormi du blond. " Yuki est tellement mignon quand il dort… " pensa le chanteur, se perdant quelques minutes dans la contemplation de son amant. Puis, sortant enfin de sa rêverie, il caressa la joue de l'écrivain en l'appelant doucement. Il lui fallut plusieurs minutes pour réussir à faire ouvrir les yeux au blond, mais au moins son réveil s'était fait en douceur. Shuichi fit prendre ses pilules à Yuki et lui demanda s'il voulait manger. Mais ce dernier refusa vaguement avant de se recoucher et de se rendormir. Le musicien le borda alors tendrement, puis l'embrassa sur le front avant de quitter la chambre sur la pointe des pieds, et d'aller se coucher sur le canapé.

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Le jour pointait à l'horizon quand Shuichi se réveilla. Il avait bien dormi malgré les quelques cauchemars qui avaient agité son sommeil, et il se sentait en forme ce matin. Il bâilla un grand coup pour chasser les dernières vapeurs du sommeil, puis il se leva et alla jusqu'aux toilettes pour se soulager. En sortant, il perçut du bruit venant de la chambre d'Eiri et il s'approcha. La porte était légèrement entrouverte, et par l'entrebâillement, il vit Tôma assis au bord du lit, caressant doucement les cheveux de l'écrivain toujours assoupi. Le chanteur allait entrer quand le président se mit à parler :

« …Eiri-san… Ne meurs pas, je t'en supplie… Je ne veux pas te perdre… Je t'aime tellement, tu sais… Je ne supporterai pas de te perdre… Je sais bien que tu en aimes un autre, et Shindô-kun a beaucoup de mérite d'avoir réussi à ouvrir ton cœur. Mais sache que même si ton cœur appartient à un autre que moi, je ne cesserai jamais de t'aimer… Eiri… Te voir heureux et en bonne santé suffit à mon bonheur, alors je t'en supplie, il faut que tu guérisses… Ne me refais plus jamais de frayeurs comme hier, tu m'entends ? C'est moi qui dois mourir avant toi, parce que je suis ton aîné. Pas le contraire… Oh, Eiri-san, si je le pouvais, je donnerais ma vie pour que tu puisses guérir… Je te l'offre sans regret pourvu que tu vives… Eiri-san… Ne meurs pas… »

Ces derniers mots, Tôma les avait à peine murmuré avant de se mettre à pleurer en serrant contre son visage la main de son beau-frère. Shuichi, derrière la porte, avait écouté en silence, le monologue poignant du président, et en avait été ému jusqu'aux larmes. Il soupçonnait depuis longtemps que le président aimait Yuki, mais que celui-ci n'avait jamais osé l'avouer à son beau-frère. Cependant, le chanteur ne s'en offusquait pas. Au contraire, Shuichi comprenait très bien la détresse que devait ressentir l'ex-pianiste en ces heures sombres, car lui-même il l'éprouvait. Et dans ces moments de désespérance, il savait que l'on avait besoin de se soutenir mutuellement. Le musicien entra dans la pièce, s'approcha du lit et posa sa main sur l'épaule de Tôma en demandant :

« Seguchi-san ? Ça va aller ? »

« Ha ? Shindô-kun ? fit Tôma en essuyant ses larmes avant de relever la tête vers l'artiste. Qu… que faites-vous là ? »

« Je suis allé aux toilettes et je vous ai entendu parler. J'ai cru qu'Eiri était réveillé alors je suis venu voir… Je suis désolé, je… j'ai entendu ce que vous disiez… »

« … Heu… Shindô-kun, je… » bafouilla le président, prenant conscience de la teneur compromettante de ses propos.

« Ne vous en faites pas, je comprends parfaitement ce que vous éprouvez et ça ne me vexe pas ! »

« … »

« Vous savez, je suis là… si vous voulez en parlez… »

« Ha… merci, Shindô-kun… Ça va aller… »

« Je vous assure, vous pouvez me parler. Ce n'est pas bon de tout garder à l'intérieur… » insista le musicien.

« Vous devez avoir faim, éluda le pianiste en se levant. Je vais aller préparer le petit déjeuner… »

« Seguchi-san ! » s'exclama le chanteur en suivant Tôma dans le couloir.

« Je vous certifie que je vais bien, Shindô-kun. Ne vous inquiétez pas, » fit Tôma avec un sourire forcé.

« Seguchi-san… »

« Bon, que voulez-vous manger ? » lança le président en entrant dans la cuisine.

« Arrêtez, Seguchi-san ! Ne fuyez pas votre chagrin de cette manière… »

« Que dites-vous là ? Je ne fuis rien du tout. J'essaie simplement de me montrer fort, et de ne pas me laisser abattre, tenta de se justifier Tôma tout en cuisinant. Il est vrai que je suis inquiet à propos d'Eiri, mais de là à … AÏE !»

CLING !

Le président regarda son sang s'écouler lentement du doigt qu'il venait de s'entailler. L'assiette dans laquelle il coupait ses légumes était allée se briser sur le sol quand il avait eu un geste brusque en se coupant.

« Seguchi-san ! » s'écria le chanteur en se précipitant vers lui.

« Ce… ce n'est rien, Shindô-kun. Juste une égratignure… »

« Ne dites pas de bêtises ! Votre plaie saigne beaucoup, » fit Shuichi en appliquant une serviette propre sur la main du président. Allez vous soigner dans la salle de bain, je m'occupe du petit déjeuner. »

« Mais non, ça va aller… »

« Vous le faites exprès ou quoi ? se fâcha le musicien en regardant si le sang coulait toujours. Vous êtes bien comme lui parfois… Vous refusez de vous soigner et vous prétendez que tout va bien. Vous avez pas de lien de sang direct avec lui, mais vous agissez de la même manière. »

« De qui parlez-vous ? »

« De Yuki. Vous réagissez exactement comme lui en ce moment… »

« … »

« Qu'est-ce que j'disais ? Maintenant vous restez muet. Tout comme Eiri. »

« Shindô-kun, je… »

« Ça vous ferait du bien de vous confier à quelqu'un, vous savez. Alors n'hésitez pas. Et puis, si vous voulez pas me parler à moi, vous pouvez certainement en parler à quelqu'un d'autre. il doit bien y avoir une personne à qui vous auriez envie de parler… »

« … »

« Vos yeux sont tout humides, remarqua le musicien. Ne retenez pas vos larmes, Tôma… »

Le président regarda le chanteur, surpris de cette audacieuse mais touchante familiarité (Note de Shizu : en fait, c'est tout simplement de l'appeler par son prénom…).

« Vous avez le droit de pleurer si vous êtes triste… » le conforta le garçon aux cheveux roses.

« Shindô-kun… »

Tôma baissa soudain la tête, s'efforçant toujours de retenir ses larmes. Puis, brusquement, il se laissa tomber à genoux et se mit à pleurer à chaudes larmes. Shuichi s'agenouilla près de lui et le serra doucement dans ses bras. Le président s'agrippa alors de toutes ses forces à l'adolescent, et laissa enfin libre court à son désespoir. Il pleura et pleura, déversant en une seule fois toutes les larmes qu'il avait accumulées depuis l'annonce de la maladie de Yuki. Le chanteur le laissa pleurer tout son soûl, le consolant avec des mots qui le réconfortaient lui-même. Quand, au bout d'un long moment, le pianiste s'apaisa enfin, Shuichi l'emmena jusqu'à la salle de bain pour soigner son doigt. Puis ils revinrent tous deux à la cuisine et après avoir fini de préparer le petit déjeuner, ils s'installèrent à table tout en discutant.

« Depuis quand savez-vous que… enfin, que Eiri-san… » demanda le président sans pouvoir terminer sa phrase.

« Que vous êtes amoureux d'Eiri ? Ça fait quelques temps déjà, répondit le musicien. Mais vous savez, il y avait des signes assez évidents dans votre comportement envers lui. »

« Hein ! Co… comment ça ? » balbutia le président en rougissant.

« Ben, y avait deux- trois trucs qui montraient que vous teniez à lui beaucoup plus qu'à un simple beau-frère. Par exemple un regard un peu trop insistant, un sourire qui illuminait votre visage, une attitude surprotectrice… Certains auraient dit que vous vous comportiez comme un père protégeant son enfant, mais votre affection était beaucoup plus grande que celle d'un père, n'est-ce pas ? C'était, et c'est toujours un amour véritable que vous lui portez… »

« Ha ha ha… Tout comme vous, Shindô-kun. Après tout, vous parlez en connaissance de cause… »

« …Heu… oui… » acquiesça Shuichi en virant au rouge.

« Mais bon, vous avez sans doute raison… Ce n'est pas seulement l'amour d'un père que je lui porte… »

«… »

« Dites- moi, Shindô-kun… demanda Tôma après un silence. Croyez-vous que l'on puisse être amoureux de deux personnes à la fois ? »

« … Ben… hésita un instant l'artiste avant de comprendre. Ah ! Vous voulez parler de Mika-san ?»

« … Oui… »

« Moi je pense qu'en amour, y a rien d'impossible, affirma le chanteur. Vous aimez Eiri, mais vous aimez votre femme aussi ? Ce n'est sans doute pas le même amour, mais vous les aimez tous les deux, non ? N'écoutez ce que dicte la morale ou les conventions sociales, mais écoutez ce que vous dit votre cœur. C'est ça le plus important. Moi, je suis bien tombé amoureux d'Eiri alors que c'est un garçon. Pourtant, je suis pas spécialement homosexuel. J'aime les filles, et les mecs ne m'intéressent pas plus que ça. Il n'y a que Yuki qui compte. Ça s'est fait d'un seul coup. Je l'ai vu dans ce parc, et POUF, j'suis tombé amoureux. »

« … »

« Le plus important, ce sont vos sentiments, pas ce que les autres disent ou pensent. J'aime Yuki et c'est un garçon. Très bien, je l'assume. Vous, vous aimez Yuki et Mika, alors assumez-le. Vous n'y pouvez rien, c'est comme ça, mais n'essayez pas de le cacher… Votre femme sait l'affection que vous portez à son frère ? Est-ce qu'elle sait que vous l'aimez ? »

« Oui… Même si je n'ai jamais osé le lui dire franchement, elle a compris à quel point je tiens à lui. Mais elle sait que je l'aime, elle- aussi. Mika est vraiment une femme exceptionnelle… »

« Oui, c'est vrai, elle est formidable, approuva le chanteur. Mais après tout, il s'agit de la sœur d'Eiri… »

« Oui… »

Sur ces mots, la conversation retomba et les deux musiciens continuèrent à manger en silence. Quand Shuichi reposa son bol de riz encore à moitié plein, avec une expression à la fois triste et rêveuse sur le visage, Tôma lui demanda :

« Qu'y a-t-il, Shindô-kun ? Ça ne va pas ? »

« Si, si, ça va, le rassura le musicien. Je pensais seulement à quelque chose… »

« Me direz-vous ce que c'était ? »

« Vous savez, Tôma, ce que je vous ai dit tout à l'heure : qu'il ne faut pas écouter ce que les autres disent mais se fier à son cœur… »

« Oui, je m'en souviens… »

« Hé ben, c'est Eiri qui m'a dit tout ça hier, quand on était au parc d'attraction… Y a une espèce de connard qui s'est mis à nous insulter en nous traitant de pédés, et moi ça m'a vraiment perturbé. Mais Yuki s'est débarrassé du type, et après y m'a dit ça : que si dans mon cœur je pensais pas que c'était mal de l'aimer, alors c'est ce que je devais croire. Que quand on aime sincèrement quelqu'un, c'est forcément bien, même si cette personne est un autre garçon ou quoi, c'est bien, un point c'est tout. »

« Ha ha ha ! s'esclaffa le président. On reconnaît bien là l'écrivain de romans d'amour. »

« Vous… vous croyez que ce qu'il m'a dit, c'était juste une tirade d'un de ses bouquins ? » s'alarma le chanteur, soudain en proie au doute.

« Que vous dit votre cœur à ce sujet ? lui demanda Tôma. Vous pensez qu'Eiri a simplement dit ça pour ne pas que vous pleuriez ? Vous pensez qu'il a menti ? »

« … Ben… heu… je… NON ! Je ne crois pas qu'il ait dit ça pour de faux. Je pense qu'il était sincère. Je l'ai vu dans ses yeux à ce moment-là… il était sincère… »

« Alors c'est ce que devez croire, non ? »

« HA… O…Oui… Merci, Seguchi-san… » fit le musicien avec un sourire.

« Vous pouvez continuer à m'appeler Tôma, ça ne me dérange pas. Et puis, c'est à moi de vous remercier pour tout à l'heure. Vous aviez raison en disant que j'agissais comme Eiri-san. J'ai tout accumulé au fond de moi, mon angoisse, ma tristesse, et à force, ça commençait à me ronger. Je ne suis pas aussi fort que lui je crois… Enfin, en tout cas, merci pour tout. »

« Je… je vous en prie… C'était rien… » balbutia Shuichi, rouge de confusion.

« Finissez donc de manger maintenant, avant que ça ne refroidisse complètement. »

« Oui. »

Le chanteur reprit son bol de riz qu'il finit en deux coups de baguette, avant de se resservir. Le président sourit, attendri par le spectacle de ce jeune homme candide et innocent, mais parfois tellement adulte et responsable. Les deux musiciens mangeaient à nouveau dans un silence ponctué de bruits de vaisselle et de mastication. Le gargouillement de la chasse d'eau les tira soudain de leur mutisme. Ils se regardèrent mutuellement, puis se levèrent et quittèrent précipitamment la cuisine. Eiri sortait des toilettes quand ils contournèrent l'angle du couloir. L'écrivain les toisa d'un regard froid en voyant leurs mines inquiètes.

« Quoi ? » lança rudement Yuki.

« Ça… Ça va, Eiri-san ? » demanda Tôma d'une voix mal assurée.

« Bien sûr que ça va ! rétorqua le romancier. J'ai plus le droit d'aller pisser peut-être ? Au cas où vous ne le sauriez pas tous les deux, je suis encore chez moi ici. »

« Désolé, Eiri, s'excusa alors Shuichi. On… on a cru que tu te sentais mal, alors on est venu voir si… »

« Je vais très bien, le coupa Yuki en s'approchant des deux musiciens. Et si vous aviez l'obligeance de me laisser passer, je pourrais peut-être aller prendre mon petit déjeuner. »

« Heu… Oui ! Pardon, Eiri, » s'excusa encore Shuichi en s'écartant du chemin de l'écrivain.

« Arrête de t'excuser pour un rien, murmura le romancier en attirant le visage de son amant pour l'embrasser. Je t'ai déjà dit que ça m'agaçait… »

Eiri planta là les deux musiciens et s'en fut vers la cuisine en bâillant et en s'étirant. Le chanteur et le pianiste se regardèrent avec un sourire amusé, prenant conscience que parfois ils s'inquiétaient effectivement beaucoup trop, puis Shuichi partit au galop rejoindre son compagnon. Tôma, lui, resta un instant immobile au milieu du couloir.

« Lui, tu l'as embrassé, mais moi, tu ne m'as même pas dit « bonjour »… murmura-t-il dans un soupir. Est-ce que je n'existe donc plus à tes yeux ? Tu n'as pas eu un regard, un geste pour moi… Il n'y avait que lui… Pourtant moi aussi je m'inquiète pour toi… Moi aussi je t'aime, Eiri-san… »

Le président laissa échapper un sanglot, mais il ravala aussitôt ses larmes quand Shuichi réapparut à l'autre bout du couloir en criant :

« Vous venez, Seguchi-san ? »

« O… Oui ! répondit le pianiste. Mais je vous en prie, appelez-moi Tôma, »

« Je vais essayer, » promit le chanteur en repartant vers la cuisine.

Tôma esquissa un sourire quand il arriva dans la cuisine. "Je suis peut-être jaloux de ce garçon parce qu'il a ton amour, pensa-t-il en regardant Shuichi jouer les mères poules avec son amant visiblement agacé par ce manège. Mais je lui reconnais au moins une chose : c'est vraiment un garçon adorable…" . Le président vint alors s'asseoir à table, et le petit déjeuner se poursuivit tant bien que mal, dans une ambiance largement détendu par les pitreries de Shuichi…

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Durant les semaines qui suivirent, le nouveau traitement de Yuki sembla faire effet. L'écrivain allait mieux et s'était même remis à écrire. Il avait perdu pas mal de poids à cause de ses médicaments qui l'empêchaient parfois de garder la nourriture qu'il avalait, mais dans l'ensemble, son état s'améliorait. Le mois de septembre arriva ainsi, puis octobre et enfin novembre. Les derniers examens d'Eiri montraient une régression très nette de la maladie, et les taches sur ses poumons avaient fortement diminué. Le médecin qui suivait Yuki avait du mal à croire à une rémission si effective et rapide après seulement trois mois de traitement, mais les résultats étaient pourtant là. Le soir du jour de ses examens, quand les deux amants rentrèrent de l'hôpital, Yuki attira son compagnon à lui après avoir fermé la porte et l'embrassa fougueusement.

« J'ai très faim ce soir… » susurra-t-il avec un sourire gourmand quand il s'écarta enfin du musicien.

« … Ah ? fit Shuichi après quelques secondes d'absence. Je… je vais aller préparer le dîner alors. Qu'est-ce que tu veux manger ? »

« … Toi… » murmura Yuki à l'oreille du chanteur, le faisant frissonner.

Sur ce, le romancier l'embrassa de nouveau avant de l'entraîner en direction de la chambre, tout en le déshabillant progressivement. Le blond se dévêtit également, aidé par son compagnon visiblement tout aussi impatient que lui. Quand ils furent tous les deux nus, ils se glissèrent sous les couvertures glacées d'un lit qui ne tarderait pas à se réchauffer. Shuichi était complètement hypnotisé par le regard de l'écrivain, si différent d'avant. Aujourd'hui, les yeux de Yuki n'exprimaient plus seulement le désir et la provocation, mais plutôt une tendresse sensuelle, une passion débordante, un amour infini…

Chacun des deux amants retrouvait les gestes de l'autre et en découvrait de nouveaux. Eiri était beaucoup plus tendre et sensuel, jouant à faire frémir chaque parcelle de peau du chanteur qui en riait de plaisir. De plus, l'écrivain fit durer les préliminaires près d'une heure, alors qu'avant il y prenait à peine quelques minutes. Shuichi était tellement excité qu'il avait déjà joui deux fois et se sentait aussi épuisé que si le blond l'avait pris plusieurs fois de suite. Cependant, il se sentait aussi frustré, et à la fin, n'y tenant plus, il repoussa l'écrivain et l'obligea à s'allonger sur le dos après s'être débarrassé des couvertures qui le gênaient.

Avec des gestes de plus en plus entreprenants, le musicien se mit à caresser le corps du romancier, avant de s'empaler sur sa virilité. Prenant une petite revanche sur la séance de torture que venait de lui infliger son amant, Shuichui s'enfonçait sur le sexe de son compagnon avec un peu de brutalité, pas trop mais juste assez pour tirer des gémissements au blond. Mais quand l'artiste commença à faiblir, l'écrivain se redressa brusquement et le renversa sur le dos sans se retirer(Note de Shizu : Putain il est fort notre Yuki !), puis soulevant les jambes du chanteur, il reprit le mouvement de va et vient. Cette fois-ci, ce fut au tour de Shuichi de gémir de plaisir. Les mouvements de Yuki ne la faisaient pas souffrir, mais l'excitaient au plus haut point et peu après, il jouissait en criant un « YUKIII » passionné. L'écrivain se retira et s'allongea sur son compagnon haletant.

« Encore ? » souffla-t-il d'une voix suave en regardant Shuichi dans les yeux.

« … Encore… » ronronna doucement le musicien avec un sourire, avant d'attirer le blond pour l'embrasser.

Le romancier se mit alors à embrasser le chanteur sur tout le corps, laissant glisser ses lèvres sur la peau soyeuse entre chaque baiser. Eiri continua jusqu'à ce que son compagnon ait reprit son souffle, puis il le fit se relever et se mettre à quatre pattes devant lui. L'écrivain vint alors se lover derrière Shuichi, et l'enlaça tendrement, en lui mordillant l'oreille. Le chanteur laissa échapper un petit cri quand il sentit les doigts de Yuki glisser vers son entrejambe.

« … Yuki… Arrête de me torturer… » gémit le musicien quand le romancier à le masturber tout en le chatouillant avec l'autre main.

« OK, » fit le blond en arrêtant ses caresses taquines pour agripper son amant un peu plus fort.

Eiri commença alors à pénétrer l'artiste par derrière avec autant de douceur qu'il le pût, cherchant à faire durer le plaisir le plus longtemps possible avant l'extase finale. Shuichi frissonnait à chaque fois que l'écrivain déposait un baiser brûlant sur sa nuque ou le lobe de son oreille en murmurant son prénom.

« … Yuki, je t'aime… » murmura Shuichi quand il ressentit les premiers signes de la jouissance.

« … Moi aussi, Shuichi… »

Ce fut à ce moment-là que l'écrivain donna un dernier coup de rein avant de se libérer avec un râle étouffé. Le musicien poussa un cri d'extase en s'agrippant au drap avec force, manquant même le déchirer, et se laissa tomber sur le lit quand Yuki se retira. Allongé sur le ventre, Shuichi reprenait lentement son souffle, les yeux mi-clos. Le romancier vint s'allonger à côté de lui et passa sa main dans les mèches fuchsia. Le chanteur sourit, se redressa et se pencha vers son amant pour l'embrasser.

« On fait une pause… fit Yuki quand l'artiste libéra ses lèvres. Je suis un peu fatigué… »

« D'accord, Eiri… » acquiesça le musicien en posant sa tête sur le torse du blond.

L'écrivain tira la couverture sur eux, et emprisonna Shuichi dans ses bras avant de fermer les yeux. Les deux amants se reposèrent un long moment avant de faire à nouveau l'amour. Ils se donnèrent l'un à l'autre encore plusieurs fois cette nuit-là, passionnément, enfin débarrassé du spectre de la mort qui les menaçait depuis quelques mois. Bien sûr, Eiri était encore loin d'être rétabli, et il lui faudrait encore de longs mois de traitements avant d'être complètement guéri. Mais l'inquiétude et l'angoisse avaient désormais fait place à un soulagement évident. Shuichi allait enfin pouvoir vivre avec Yuki cette relation qu'il avait eu tant de mal à lui faire accepter. Ils allaient enfin vivre heureux, ensemble.

Le point du jour les trouva tous les deux profondément endormis, savourant encore dans leurs rêves le plaisir de leurs récents ébats…

À SUIVRE …

AU PROCHAIN EPISODE : Akkai no Yuki

Commentaires de fin : WAAAH ! J'SUIS CONTENTE ! Y A UN LEMON ! Et puis j'ai beaucoup aimé la scène avec Tôma, pas vous ? Eiri vous avait fait peur, hein, à la fin du précédent chapitre ? Mais bon, il va mieux maintenant, et il a pu s'amuser avec Shuichi, pour notre plus grand plaisir ... Enfin, voilà, u autre chapitre de R&J terminé ! Et le prochain chapitre, ce sera vraiment le dernier. J'ai fini de l'écrire hier à 1H du mat'. Mais je ne l'envoie pas encore parce que j'ai pas fini de le recopier. Alors y faudra patienter encore un peu, mais, ne vous inquiétez pas, vous l'aurez bientôt… A + bisous de Shizu !