Chapitre VII : Hakkai no Yuki
(Neige écarlate)
Auteur : Shizuka Kurai
Genre : shônen ai, darkfic
Série : Gravitation
Pairing : Yuki Eiri / Shindô Shûichi
Persos :
- Nakano Hiroshi
- Seguchi Tôma + Mika
- Mister K
- Sakano-san
- Uesugi Tatsuha
- Ayaka
- le père de Yuki et Tatsuha
Disclaimer : Persos de Maki Murakami
Commentaires : ENFIN ! Après plusieurs mois de péripéties et de dur labeur, voici pour vous en exclusivité aujourd'hui, le dernier chapitre de R&J ! OUIIIII ! On est content, on est content ! Bien que moi-même je sois un peu triste…Vous vous rendez compte ? " R&J , c'est fini ! Et dire que c'était la fic de mon premier amouour ! R&J ,c'est fini ! Je ne crois que je la reprendrais un jour ! "(chanté sur l'air de " Capri, c'est fini"). J'ai un petit pincement au cœur. Vous comprenez, ça faisait plusieurs mois que je travaillais dessus, et j'avais commencé à m'habituer à sa présence, à toujours l'avoir sous la main pour rajouter quelques mots, à dormir avec elle sur ma table de chevet où cas j'ai une idée en plein milieu de la nuit ( ben oui, en fait je dors souvent mal la nuit. Enfin, j'ai plutôt du mal à me coucher, en général c'est vers 1H du mat', et après je me lève quand même à 8H fraîche et dispose. Et comme en général ,c'est entre 11H du soir et 1H du matin que j'ai mes meilleurs moments d'inspiration, ben voilà quoi). Cette histoire va me manquer… Snif…
M'enfin, vous en avez certainement rien à faire de mes commentaires, et vous avez plutôt envie de commencer à lire, non ? Allez, je vous laisse à votre lecture. Bonne lecture ! Bisous !
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Résumé du chapitre précédent : Finalement, le malaise de Yuki n'était rien de grave. Après s'être réconcilié avec son amant à l'infirmerie du parc, Shuichi a appelé Tôma qui est venu cherché les deux compagnons pour les ramener chez eux. Le pauvre président dévoile enfin son amour pour son beau-frère et laisse enfin se manifester tout ce qu'il avait sur le cœur. Par la suite, Eiri semble aller mieux grâce à son nouveau traitement, et Shuichi et lui ont fait passionnément l'amour…
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Le mois de décembre approchait ainsi que les fêtes de fin d'années. Bien que Noël ne soit pas une fête japonaise, Shuichi tenait absolument à le passer avec Yuki, et il voulait demander à son amant s'ils pourraient se faire un petit dîner tous les deux la veille de Noël. Cependant, avec le bouclage imminent de son prochain album, le chanteur n'avait pas eu une seconde à lui. Et entre ses enregistrements au studio et les séances de chimio de l'écrivain dont ce dernier ressortait généralement épuisé et nauséeux, Shuichi n'avait pas encore eu l'occasion de lui poser la question. Alors aujourd'hui qu'il n'était pas sorti à des heures impossibles de ses répétitions, il s'était promis d'interroger son compagnon dès son retour à la maison.
Cependant, quand Shuichi rentra ce soir-là, il sut tout de suite que quelque chose n'allait pas. L'appartement semblait désert. Tout était noir et silencieux. Dominant le pressentiment étrange qui l'assaillait, le chanteur alluma dans le couloir et alla voir jusqu'à la chambre si Yuki s'était couché ? mais le grand lit était vide. Personne non plus dans les toilettes ni dans le bureau. Intrigué par la porte entrouverte de la salle de bain, le musicien pénétra dans la pièce d'eau en allumant la lumière. Un flacon de pilules et son contenu gisaient éparpillés sur le sol. L'armoire à pharmacie était grande ouverte et en désordre. Dans le lavabo, Shuichi remarqua des mèches de cheveux blonds, et en s'approchant, il vit aussi d'étranges gouttes rouges…
- « … Non… se gourmanda l'artiste à mi-voix. Ce n'est pas… Eiri a simplement dû se couper… »
Pourtant, l'adolescent ne pouvait se départir de son angoisse grandissante. Essayant toujours de se rassurer, le garçon aux cheveux roses se dit que Eiri avait tout simplement dû s'endormir sur le canapé. Il se précipita alors vers le salon et alluma la lumière en regardant directement le sofa. Rien ! La banquette était vide ! Aussi vide que le reste de l'appartement. Shuichi se retourna pour aller voir dans la cuisine. C'est là qu'il vit Yuki.
L'écrivain était étendu sur le sol, au pied des trois marches du salon, apparemment sans connaissance, une main crispée sur sa chemise, l'autre près de son visage et colorée d'un rouge vif et luisant. Un filet de sang s'échappant de la bouche du romancier avait formé une minuscule flaque sur le sol, se détachant du plancher clair avec une netteté sinistre. Shuichi resta immobile, ne pouvant détourner son regard de cet horrible spectacle, incapable de la moindre réaction devant le corps inerte de son amant. Un gémissement plaintif tira le musicien de sa torpeur. Yuki avait bougé !
- « EIRI ! » s'écria Shuichi en accourant vers son compagnon.
Il se jeta à genoux aux côtés du romancier et posa sa main sur la joue livide et glacée du jeune homme blond.
- « Eiri… Réponds-moi… Eiri… »
Le chanteur avait du mal à retenir ses larmes, mais il s'efforçait de ne pas paniquer comme l'autre fois au parc d'attraction. Il essayait de rassembler ses esprits et de réfléchir à ce qu'il devait faire.
- « Eiri ? Dis-moi quelque chose, Eiri ! »
- « … Sh… Shuichi… » balbutia Yuki en entrouvrant les paupières.
- « Eiri ! s'écria le musicien, soulagé d'entendre la voix de son amant. Bon sang, tu m'as fait peur ! »
- « … J'ai… mal… » gémit l'écrivain en refermant les yeux en une grimace douloureuse.
- « T'inquiète pas, Eiri ! Je vais m'occuper de toi ! » lança le musicien en filant chercher une couverture dont il vint recouvrir délicatement son amant.
Tandis que l'artiste posait la couverture sur le romancier, celui-ci se mit soudain à tousser. Shuichi regarda, horrifié, le sang s'écouler entre les doigts anémiques de son compagnon, sans savoir que faire. Le téléphone ! Il fallait appeler du secours ! Le chanteur allait se lever pour prendre le combiné sans fil, quand il le vit sur le sol à un mètre environ de l'écrivain. Le chanteur attrapa l'appareil et s'apprêta à l'utiliser quand il remarqua qu'un numéro avait était composé. Et ce numéro, c'était celui de son portable ! L'engin indiquait également que l'appel avait été passé il y avait environ deux heures. À moment-là, Shuichi était en pleine répétition et avait éteint son portable.
Le musicien se maudit à mi-voix de ne pas avoir laissé son portable allumé. Yuki avait dû essayer de l'appeler quand il avait commencé à se sentir mal, mais personne n'avait répondu ! Et l'écrivain s'était probablement effondré avant de pouvoir appeler quelqu'un d'autre ! Shuichi était anéanti. Eiri allait peut-être mourir parce que son portable était éteint !Le chanteur, toujours à genoux, se retourna vers son amant. Ce dernier avait arrêté de tousser pour sombrer à nouveau dans l'inconscience.
Deux heures ! Cela faisait deux heures que Yuki gisait ainsi sur le parquet glacial. Deux heures pendant lesquelles il aurait pu mille fois fois mourir mais avait pourtant survécu !Deux heures pendant lesquelles l'artiste chantait dans l'insouciance la plus totale. Shuichi était sur le point de s'effondrer, en larmes, quand son téléphone portable se mit à vibrer dans sa poche. Le musicien le sortit précipitamment, lut le nom indiqué avant de décrocher vivement.
- « Ah, Shuichi, fit la voix de Hiro à l'autre bout du fil. J'ai oublié de te demander un truc tout à l' … »
- « HIRO ! AIDE-MOI ! » l'interrompit le chanteur en un cri de désespoir.
- « Hé, du calme ! Ne hurle pas comme ça. »
- « C'EST YUKI ! IL… QUAND JE SUIS ARRIVÉ, IL ÉTAIT ÉTENDU PAR TERRE ! Y A DU SANG PARTOUT, HIROSHI ! QU'EST-CE QUE JE DOIS FAIRE ? AIDE-MOI, JE T'EN SUPPLIE ! »
- « SHUICHI ! CALME-TOI UN PEU ! s'écria le guitariste dans le combiné. Garde ton calme surtout. Respire un bon coup et raconte-moi tout calmement, » fit Hiro plus doucement.
L'adolescent prit une grande inspiration, ravala ses larmes et essaya de se calmer.
- « … C'est… C'est Yuki… Il a fait un malaise… Je l'ai trouvé étendu par terre, et… et… y crache du sang, Hiroshi ! gémit le chanteur dans un sanglot. Je lui ai mis une couverture… Mais il perdu connaissance. J'ose pas le bouger… »
- « C'est très bien, Shuichi. Maintenant, il faut appeler une ambulance, et surtout tu ne déplaces pas Yuki jusqu'à l'arrivée de l'ambulance, c'est compris ? »
- « … Snif snif… »
- « Shuichi, insista le bassiste dans le téléphone. Tu as compris ? »
- « O… Oui, Hiroshi… Je le touche pas… »
- « Bon, écoute. J'appelle l'ambulance et j'arrive, fit Hiro, comprenant que son camarade était trop déboussolé pour faire quoi que ce soit d'autre que s'occuper de son amant. Et si Yuki se réveille, essaie de le maintenir un minimum conscient jusqu'à ce que les secours arrivent, OK ? Parle-lui, essaie de le maintenir éveillé. »
- « Oui… Oui, Hiroshi… Hiroshi… Dépêche-toi, s'il te plaît… »
- « Je fais aussi vite que possible, Shui-chan. Ne t'en fais pas, tout ira bien, fit la bassiste d'un ton rassurant. À tout de suite. »
Hiroshi raccrocha un peu à regret, culpabilisant de laisser son camarade seul dans sa détresse. Il composa aussitôt le numéro des urgences, prit un blouson, son casque et ses clefs, avant de sortir de son appartement et d'enfourcher sa moto. Quand il arriva devant chez l'écrivain, l'ambulance était déjà là. Shuichi était debout au pied de l'immeuble, et regardait les ambulanciers emmener son amant allongé sur une civière, un masque à oxygène sur le visage. Le bassiste gara sa moto et vint rejoindre le chanteur.
- « Shuichi ? Alors, comment va-t… »
- « HIROSHI ! s'écria le garçon aux cheveux roses en se jetant dans les bras de son ami quand il le vit.
- « Là, du calme, Shui-chan… » fit le guitariste en serrant contre lui le chanteur en larmes.
Shuichi pleurait toujours quand un des ambulanciers vint vers eux.
- « Excusez-moi, fit l'homme. Vous êtes de la famille du malade ? »
- « Non, répondit Hiroshi à la place du chanteur. Nous sommes des amis. »
- « Pourriez-vous prévenir ses proches alors ? Nous allons emmener Uesugi-san au plus vite à l'hôpital. »
- « Très bien, on va s'en occuper, » acquiesça le guitariste.
- « L'un de vous veut-il l'accompagner ? »
Shuichi avait relevé la tête vers l'homme, les yeux brillants de larmes. Puis il regarda Hiroshi un instant, quêtant son assentiment.
- « Vas-y, Shui-chan, fit Hiroshi d'une voix douce. Je m'occupe du reste. »
Le chanteur se détacha des bras de bassiste, et suivit l'ambulancier en essuyant ses larmes d'un revers de manches.
- « Shuichi ! lança le bassiste avant que son camarade ne monte dans le véhicule. Attrape ! »
Le chanteur se retrouva la tête enfouie sous le blouson qu'Hiroshi venait de lui envoyer. Shuichi l'enleva de sa tête, regarda Hiro avec un sourire timide mais reconnaissant, puis il enfila le manteau trop grand pour lui avant de monter dans l'ambulance. Le guitariste suivit un instant l'ambulance du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse au coin de la rue. Quand il se retrouva seul, il frissonna un instant sous le vent glacial qui s'était levé, et monta ensuite à l'appartement de l'écrivain. Il prévint Tôma, prit une veste pour Shuichi, puis sortit en verrouillant la porte et fila rejoindre son camarade à l'hôpital…
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Le lendemain après-midi. Hôpital central de Tokyo, chambre 527.
Par delà la porte ouverte de la chambre où reposait l'écrivain, Hiroshi observait Shuichi assis au chevet de son amant. Le guitariste se retourna quand il entendit Tôma discuter avec le médecin derrière lui.
- « Nous avons les résultats des examens, Seguchi-san… »
- « Alors ? Dites-nous ce qui se passe, le coupa le président. Eiri allait très bien il y a peine deux jours.»
- « Vous savez, reprit le médecin avec une expression ennuyée, il arrive à certains patients d'avoir une période de rémission, avant de faire une brutale rechute…»
- « Non… souffla Tôma. Est-ce que… il va… ?»
- « À vrai dire, nous ne pouvons vraiment encore nous prononcer. Tout se jouera dans les prochains jours. En premier lieu, nous allons réadapter son traitement et le garder ici quelques temps. Mais je vous préviens tout de suite, son état est très critique et nous avons peu d'espoir…»
- « …Non…!» gémit le président dont les jambes se dérobèrent brusquement.
Hiroshi le retint avant qu'il ne s'effondre, et l'aida à s'asseoir sur un siège près d'ici. Mika, qui était présente elle-aussi, s'assit aux côtés de son mari, et le serra contre lui, les larmes aux yeux.
- « … Pourquoi…? Se lamenta Tôma. Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Il est si jeune… Et il venait enfin de trouver le bonheur… Il avait enfin repris goût à la vie… Alors pourquoi ça doit lui arriver, à lui ?»
- « Tôma… fit Mika d'une voix entrecoupée de sanglots. Le médecin a dit que tout n'était pas encore joué… Il faut… il faut garder espoir, mon espoir… Même si Eiri doit… Il faut…»
- « … Mika… Mika, je… j'ai peur…» lâcha le pianiste en enfouissant son visage dans les cheveux d'ébène de son épouse.
- « … Moi aussi, Tôma… souffla la jeune femme. Moi aussi…»
- « Moi en tout cas, je garde espoir, fit soudain Hiroshi, debout à côté d'eux, le regard tourné vers la chambre. Même si ça doit mal se terminer, même si Yuki doit mourir, je continuerai de croire jusqu'au bout à sa guérison. Je pense qu'on doit le faire pour eux, continua-t-il. En ce moment, ils ont besoin de notre soutien, pas de nos larmes. C'est notre soutien qui les aidera à traverser cette épreuve. Et puis, même si le pire devait arriver, il faut au moins que nous fassions tout pour que les derniers instants qu'ils vont peut-être passer ensemble soient les plus agréables possibles. C'est pour ca que je continuerai à garder espoir, et à me montrer optimiste et joyeux…»
- « Nakano-san… fit Tôma d'une voix émue, en se relevant pour faire face au guitariste. Merci… Merci du fond du cœur… Vos paroles sont d'un grand réconfort… Shindô-kun a beaucoup de chance de vous avoir pour ami…»
- « C'est tout ce que je peux faire pour lui…» lâcha Hiro à mi-voix, cédant un court instant à sa tristesse.
Tôma posa une main réconfortante sur l'épaule du bassiste avant de lui donner une franche accolade. Les deux hommes échangèrent un regard déterminé, puis le tournèrent vers la chambre où Shuichi veillait son amant inconscient…
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L'écrivain ne reprit connaissance que deux jours plus tard, mais il ne resta éveillé que quelques heures seulement. Les jours suivants, Yuki les passa en séances intensives de chimiothérapie, ou allongé sur son lit d'hôpital, parfois trop malade ou fatigué pour supporter la présence même silencieuse de Shuichi. Le musicien se pliait avec patience à la mauvaise humeur de son compagnon, et essayait au maximum de masquer son inquiétude en se montrant aussi souriant et enjoué que possible. Il avait à peine écouté les explications de Tôma et Hiroshi sur l'état de Yuki, et s'obstinait à clamer que l'écrivain se portait mieux de jours en jours, refusant complètement d'envisager un dénouement fatal…
Les premiers jours, Shuichi avait tenu à toutes forces à rester auprès de son amant, si bien que les infirmières lui avaient installé un lit de camp dans la chambre de Yuki pour qu'il puisse se reposer. Mais comme le chanteur passait ses nuits debout à veiller son compagnon, s'endormant parfois à son chevet, Hiroshi, au bout d'une semaine de ce régime, avait ramené de force l'adolescent avec lui, pour qu'il dorme un peu. Puis le bassiste décida que son camarade viendrait dormir chez lui tous les soirs, et il ordonna à Shuichi de venir emménager dans son appartement durant le séjour de Yuki à l'hôpital, en lui certifiant que cette solution ne serait que temporaire.
Hiroshi aurait aimé que son camarade reprenne les répétitions pour s'occuper un peu l'esprit pendant que le romancier suivait ses séances de chimio, mais dès qu'il se réveillait le matin, le chanteur prenait une douche rapide et filait à l'hôpital où il passait ensuite toutes ses journées. Le guitariste était obligé d'aller le chercher le soir, sinon il ne serait jamais rentré se coucher.
Un mois s'écoula ainsi durant lequel l'état de Yuki ne semblait pas s'améliorer. Mais pourtant Shuichi se raccrochait toujours à l'espoir que l'écrivain allait guérir. Puis, quelques jours avant Noël, le romancier commença à se sentir un peu mieux. À ce moment-là, il se rappela d'une chose et demanda à une infirmière si l'on n'avait rien trouvé sur lui quand on l'avait amené ici. La jeune femme répondit qu'effectivement, c'était justement elle qui avait trouvé un petite boîte dans la poche de son pantalon, et qu'elle l'avait mise dans le tiroir de la table de chevet. Le blond lui réclama cette fameuse boîte que l'infirmière s »empressa de lui donner avec un sourire entendu. Le romancier tenait encore l'objet dans ses mains quand Shuichi arriva ce jour-là.
- « Yuki ! s'écria ce dernier d'un ton un peu trop joyeux. Tu es réveillé ? Tu as l'air d'aller bien aujourd'hui, tu es moins pâle que d'habitude. Franchement, ces docteurs, avec leurs grands mots, y nous font plus peur qu'autre chose. Moi, je te dis que tu guérir bientôt. Surtout que je suis là pour te soigner, alors…»
- « Ferme-là !» l'interrompit brusquement Yuki, agacé par ce babillage ininterrompu.
- « … Ha… heu… Pardon, Eiri… Je parle trop comme d'habitude… Mais aujourd'hui, je t'ai ramené un truc du tonnerre et…»
- « Oui, effectivement, tu parles trop, lui confirma l'écrivain. Et tu t'inquiètes beaucoup trop aussi…»
- « Hein ! s'étonna le musicien, un peu confus. Mais non, je… je m'inquiète pas du tout…» essaya-t-il de démentir
- « Si, tu t'inquiètes. Je te connais bien, maintenant, Shuichi. Et je sais que quand tu te mets à parler sans pouvoir t'arrêter, c'est que tu te fais du souci.»
- « … »
- « Allez, fais-moi un beau sourire et viens là, » ajouta le romancier en ouvrant les bras à son amant.
Shuichi esquissa un sourire d'abord timide, puis plus franc, avant de venir se blottir dans les bras de son compagnon.
- « Pardon, Eiri…. fit-il ensuite en s'asseyant sur la chaise à côté du lit. Je voulais pas te fâcher…»
- « Je ne suis pas fâché, Shui-chan…» répondit le blond d'un ton étrangement doux.
Le chanteur le regarda, étonné. Yuki venait de l'appeler Shui-chan ! Et d'une voix tellement tendre ! Shuichi était heureux, certes, mais aussi vaguement inquiet. Si l'écrivain était si doux tout d'un coup, c'était peut-être qu'il allait lui annoncer…
- « Hééé ! Pas de blagues, hein ? lança soudain le musicien. Tu vas pas me dire des conneries genre « je vais mourir bientôt, Shuichi », hein ? Je t'interdis de baisser les bras. Je suis persuadé que tu vas guérir, alors c'est ce que tu vas faire, tu m'entends ? Parce que sinon, c'est moi qui te tuerait avant.»
- « Hein ? Mais qu'est-ce que tu délires encore ?» fit l'écrivain, surpris par la véhémence de son compagnon.
- « Pourquoi tu es si gentil aujourd'hui ? demanda Shuichi, commençant à comprendre qu'il avait peut-être mal interprété le comportement d'Eiri. Depuis que tu es à l'hôpital, c'est limite si tu m'envoie pas chier à chaque fois que je viens te voir. Alors je me demandais si ta gentillesse d'aujourd'hui ne cachait pas quelque chose…»
- « Effectivement, tu as raison. Ma « gentillesse » est liée à une chose que je voudrais te dire… » répondit Yuki d'un ton à la fois énigmatique et tendre.
- « JE L'SAVAIS ! s'écria le musicien en commençant à pleurnicher. Eiri, tu peux pas… je veux pas que tu…»
- « Calme-toi donc, abruti congénital ! J'ai pas encore dit que j'allais mourir ! Seulement, si tu me laissais finir avant de piquer une crise, je pourrais peut-être te faire ma demande !»
- « Ta… demande ? s'étonna l'adolescent. Mais… c'est pas grave alors ? C'est pas une mauvaise nouvelle ?» demanda-t-il en s'essuyant les yeux.
- « Non, le rassura le blond. Je dirais même que c'est plutôt une bonne nouvelle…»
- « TU VAS SORTIR DE L'HÔPITAL ?» s'exclama brusquement Shuichi.
- « Non, c'est pas ça. Je vais rester ici encore un moment…» commença Eiri.
- « Ben c'est quoi alors ?» le coupa le chanteur.
- « MAIS PUTAIN DE BORDEL DE MERDE ! s'emporta l'écrivain, agacé d'être sans cesse interrompu. SI TU TE TAISAIS DEUX SECONDES, JE POURRAIS PEUT-ÊTRE TE LE DIRE ! »
- « … Ha… pardon… heu… je me tais… pardon…» s'excusa l'adolescent en bredouillant, l'air penaud.
- « … T'es vraiment impossible quand tu t'y mets…» soupira Yuki.
- « … »
- « … »
- « … Heu… Eiri ? Tu veux plus me dire ce que tu avais à me dire ? Je dirais plus rien, j'te promets…»
- « … C'est pas un truc facile à dire…» marmonna l'écrivain.
- « Pourtant tu m'as dit que c'était une bonne nouvelle…»
- « Oui, c'est vrai… En fait, j'ai eu envie de te faire un cadeau un peu spécial pour Noël…»
- « Un cadeau ?»
- « Je suis allé l'acheter le jour où j'ai eu mon malaise, quand tu m'as trouvé évanoui à la maison… J'ai eu de la chance sur ce coup. Il était resté dans la poche de mon pantalon, et les infirmières l'ont trouvé quand elles m'ont déshabillés. Et donc je l'ai ici. Je pensais te l'offrir le jour de Noël, mais comme j'ai été hospitalisé, et que je sais pas si je serai en mesure de te le donner ce jour-là…»
- « Hein ? s'alarma le musicien. Mais…Pourquoi tu dis ça ? s'exclama-t-il d'une voix angoissée. Tu m'offriras mon cadeau le jour de Noël, je peux parfaitement attendre, c'est pas un problème ! Tu vas guérir, j'en suis sûr, alors y faut pas que tu dises ça !»
- « Ce que je voulais dire, c'est qu'avec mes traitements, je ne sais pas si je serais en forme ce jour-là. T'as bien vu comment j'étais les derniers jours, non ? Je serais peut-être trop fatigué ou malade pour te l'offrir, alors je voudrais profiter d'aujourd'hui où je suis à peu près bien pour te le donner, parce que je tiens à y mettre les formes… »
- « Y mettre les formes ? s'étonna Shuichi. Mais qu'est-ce que tu racontes ?»
- « Ouvre ça, » lui ordonna l'écrivain en lui tendant la boîte qu'il tenait dans les mains.
Le chanteur observa l'objet que son amant venait de lui donner. Il s'agissait apparemment d'un écrin. Perplexe, l'artiste jeta un regard intrigué vers le romancier puis reporta ses yeux sur la boîte avant de l'ouvrir. À l'intérieur, il découvrit deux anneaux d'apparence identiques.
- « Lis les inscriptions dessus,» continua Yuki.
Shuichi obéit. Sur la face extérieure des bagues, il remarqua le kanji désignant la neige sur l'une, et celui désignant l'automne sur l'autre (Note de Shizu : en japonais, le kanji de l'automne, " aki", peut se lire " shû", c'est-à-dire la première syllabe du nom de Shûichi, que moi je l'écris sans accent sur le" u" parce que je trouve ça plus joli sans). Sur la face intérieure était gravé deux phrases en anglais :
« But passions lends them power, time means, to meet,
Tempering extremities with extreme sweet. »
- « " Mais l'amour les soutient, le temps est leur complice, ils modèrent leurs maux d'immodérés délices." , traduisit Yuki. Il s'agit de deux vers extraits de la pièce « Roméo et Juliette » de William Shakespeare (Note de Shizu : Acte II, Prologue). Je trouvais qu'ils nous correspondaient bien. Ta patience et ton amour ont eu raison de mon mauvais caractère, et grâce à toi, j'ai pu à nouveau ouvrir mon cœur… »
- « Mais… Yu… Yuki… Ce… Ce sont… des alliances, non ?» balbutia le musicien, de plus en plus décontenancé.
- « Oui, c'est ça.»
- « Yu… Yuki… Je… C'est… Qu'est-ce que… qu'est-ce que ça veut dire ?»
- « Donne-moi ta main. Et la boîte aussi, fit l'écrivain. Non, pas celle-là. L'autre main. La gauche, abruti !»
Le chanteur obéit, plongé dans une incompréhension totale. Eiri prit la main de son amant, puis l'anneau gravé "automne", " aki".
- « Je sais bien que ça ne se fait pas entre hommes, et que notre union ne sera pas reconnu pas la loi ou la religion, peut-être même par nos proches, mais je me contrefiche de leur avis. Alors Shuichi, je te le demande : veux-tu m'épouser ? »
- « … »
Le musicien resta muet de stupéfaction.
- « Shuichi ?»
- « … Heu… je…»
- « Tu ne veux pas ? » minauda un peu hypocritement Yuki en imitant tant bien que mal les mimiques de Shuichi quand il faisait un caprice.
- « … Eiri, c'est… Je…»
- « Ça ne te fait pas plaisir ?» continua l'écrivain d'une petite voix triste à la Shuichi.
- « SI, SI ! JE SUIS SUPER PLUS QUE MEGA HEUREUX ! Ce… C'est le plus beau jour de ma vie, Eiri…»
- « Alors, t'as qu'à me répondre " oui", imbécile, fi le blond, légèrement moqueur. Ce sera notre secret à tous les deux...»
- « O… Oui… Oui, Eiri… répondit le musicien d'une voix étouffée par l'émotion. Oui, je veux bien t'épouser…»
Des larmes de joie se mirent à ruisseler sur le visage de l'adolescent. Yuki s'assit dans le lit, et attira le visage de son amant. Il essuya les gouttes d'eau salées avec ses lèvres avant d'échanger un long et langoureux baiser avec " la jeune mariée". Ce jour-là, Shuichi passa tout son temps avec son "époux " tout en babillant joyeusement, élaborant des projets d'avenir parfois complètement dingues. Ce fut donc un chanteur radieux que Hiroshi retrouva le soir en arrivant à l'hôpital. Shuichi laissa un instant son amant qui venait de s'endormir, et sortit de la chambre avec son ami.
- « Tu es bien, ce soir, Shui-chan, fit le guitariste, légèrement ironique. Ça s'est bien passé avec Yuki aujourd'hui ?»
- « Ouiiii, répondit l'artiste avec un sourire jusqu'aux oreilles. Regarde… » fit-il en agitant sa main gauche devant Hiro.
- « Ben quoi ? Qu'est-ce qu'elle a, ta main ?»
- « BEN REGARDE, ABRUTI ! Là, à mon doigt !» s'énerva le chanteur en désignant son annulaire.
- « Une… bague ?» s'étonna le bassiste.
- « Pas une bague, imbécile ! Une alliance ! C'est une alliance !»
- « Une alliance ? fit Hiroshi, médusé. Mais d'où tu sors ça, d'abord ?»
- « C'est Eiri… répondit le musicien en regardant amoureusement le bijou. Il… il m'a demandé en mariage… Tu te rends compte, Hiroshi ? Il m'a demandé de l'épouser !»
- « C… C'est une bonne nouvelle, Shui-chan… Je suis content pour toi…»
- « Oui, je sais c'que tu te dis, lança le chanteur devant l'air perplexe de son camarade. On ne se marie pas entre mecs, mais c'est juste pour la forme. On en a rien à foutre que notre mariage ne soit pas reconnut. Ce sera juste pour nous deux… Et puis, y m'a dit qu'en Angleterre, y a une loi qui autorise et reconnaît le mariage gay, alors y m'a promis de m'emmener là-bas quand il sera guéri, et comme ça on pourra avoir une petite cérémonie et tout (Note de Shizu : je fais ici référence à la loi instauré récemment en Angleterre, en décembre 2005 et plus précisément quelques jours avant Noël, et où on a pu notamment apprendre le mariage entre Elton John et son compagnon). Et après aussi, on partira en lune de miel. Ça sera génial ! Je m'y vois déjà… fit l'artiste en rougissant. Et… »
- « Shuichi…» commença Hiro, troublé par cette nouvelle.
- « Quoi ?» fit l'intéressé avec un visage innocent.
- « Non, rien… C'est vraiment super pour toi… Tu m'enverras des photos de la lune de miel, j'espère ?»
- « Bien sûr ! s'écria Shuichi, enthousiaste. Tu penses bien que mon meilleur ami sera le premier à les recevoir !»
Les deux musiciens continuèrent encore à discuter ainsi pendant une heure, Shuichi exposant ses projets futurs (et ils étaient fort nombreux), essayant de concilier vie maritale et professionnelle. Hiroshi tentait de partager la joie de son ami, mais intérieurement, il n'y parvenait pas, même s'il affichait un air enjoué devant Shuichi. Il doutait que le chanteur puisse jamais réaliser ses projets à cause de la maladie de Yuki. Mais le musicien semblait tellement heureux que e bassiste n'avait pas voulu gâcher son bonheur, et il n'avait rien dit.
Finalement, ce fut seul que le guitariste rentra chez lui, Shuichi ayant décidé de rester à l'hôpital cette nuit pour profiter de sa " nuit de noces". Enfin, " profiter" était un bien grand mot. L'écrivain n'était pas en état pour remplir son rôle de mari pour le moment, et puis ils ne pouvaient faire " ça" à l'hôpital. Mais le chanteur voulait au moins rester avec son compagnon pour la nuit. Yuki était réveillé quand le musicien revint dans la chambre. Shuichi vint l'embrasser et annonça qu'il restait dormir ici. Le romancier l'obligea alors à se glisser avec lui sous les couvertures, refusant tout net que son amant dorme sur le lit de camp.
Eiri mit un peu de temps à s'endormir. Il avait voulu profiter de cette journée avec Shuichi, pressentant qu'il s'agissait peut-être d'une des dernières qu'ils pourraient passer ensemble. Le chanteur avait beau l'encourager et lui assurer qu'il allait guérir, l'écrivain sentait la maladie le ronger à petit feu, et il ne savait pas combien de temps encore il pourrait résister à la douleur et l'épuisement qui devenaient chaque jour plus aigus. Il voulait rester avec Shuichi, désespérément, mais il savait désormais que le temps lui était compté. Avec un soupir, le jeune homme blond serra contre lui l'adolescent assoupi, réchauffant contre celui-ci son corps déjà glacé par l'ombre de l'au-delà…
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Trois jours plus tard, l'état de l'écrivain empira brusquement. Les radios montraient des images fort préoccupantes. Les poumons d'Eiri étaient complètement envahi par le cancer, et le jeune homme ne pouvait désormais plus respirer sans masque à oxygène. Son visage était la plupart du temps crispé par la souffrance, et il lui arrivait parfois de cracher du sang. Le soir du 25 décembre, le romancier sombra dans le coma. Le médecin qui venait de l'examiner, affirmait qu'il ne passerait sans doute pas La nuit. Tous étaient présents lors de cette annonce, Tôma et Mika, Tatsuha, Hiroshi, Mister K, Sakano-san, le père de Yuki et Ayaka également, et tous affichaient des visages accablés.
Seul Shuichi n'était pas avec eux dans le couloir, refusant de quitter le chevet de son amant. Par-delà la porte entrouverte, Hiro regardait le chanteur qui semblait parler à Yuki. Le guitariste ne savait pas ce qu'il pouvait lui dire, mais cela le bouleversait de voit son ami se raccrocher désespérément à l'espoir que le blond allait guérir alors même qu'il était condamné. Hiroshi souffrait de voir Shuichi refuser de voir la réalité en face, mais au comble du désespoir, il ne pouvait malheureusement rien faire pour l'aider...
Le chanteur resta toute la nuit auprès de son compagnon, s'écartant parfois pour laisser le personnel médical s'occuper du malade. Le jour se leva, gris, sombre, nuageux, comme si les éléments eux-mêmes partageaient l'affliction qui s'était abattu sur cette sinistre chambre où le jeune homme blond se mourait. Shuichi, lui, persistait dans son aveuglement. Il refusait toujours d'admettre que c'était la fin. En début de matinée, le sort voulut que l'écrivain sorte du coma.
- « YUKI ! Yuki ! J'le savais que t'allais te réveiller ! s'écria le garçon aux cheveux roses avant de murmurer : Eiri…»
Le romancier avait de la peine à voir son amant, le regard voilé. Il tourna lentement la tête vers le chanteur, et essaya de soulever sa main pour prendre celle de Shuichi mais il n'y parvint pas. Le musicien s'assit au bord du lit et s'empressa de saisir la main de son compagnon.
- « Eiri, je suis là… Ne t'inquiète pas, on va te soigner…» affirma Shuichi en souriant timidement.
- « … Shu… Shuichi… » articula avec difficulté le blond.
- « Chuuut… Ne parle pas, Eiri… Tu dois te reposer…»
- « … Je… je vais mourir, Shuichi…»
- « NON ! Ne dis pas ça, Eiri… Tu vas guérir, au contraire…»
- « Je… je ne veux pas… que tu sois triste…» murmura Yuki avec un maigre sourire.
- « Eiri…» lâcha le musicien en étouffant un sanglot.
- « … Shuichi… continua l'écrivain en respirant de plus en plus difficilement. Tu as été… la chose la plus… merveilleuse… qui soit arrivé dans ma vie… Tu m'as fait découvrir… un amour… pur et sincère… et tellement immense… Tu as été mon… soleil…»
- « … Yuki… Je ne veux pas que tu t'en ailles… Reste avec moi…» supplia l'artiste d'une voix désespérée, ne pouvant plus retenir ses larmes.
- « … Shuichi… murmura encore le romancier, des larmes coulant également de ses yeux. Shuichi… Je t'aime…»
- « Ho… Yuki… Je t'aime… Je t'aime aussi… balbutia le musicien entre deux sanglots, ému de ces mots. Alors reste avec moi… s'il te plaît…»
- « … Embrasse-moi… une dernière… fois… s'il te plaît…»
- « … Oui… Oui, Eiri…» acquiesça l'artiste d'une voix étranglée.
Shuichi embrassa tendrement son époux. Quand il s'écarta, Yuki lui sourit avec amour puis lentement, l'écrivain ferma les yeux. Sa main devint flasque et sa tête retomba doucement sur le côté. Le moniteur à côté de lui se mit à indiquer un tracé plat.
- « Eiri ? fit Shuichi en respirant plus fort. Eiri… Réponds-moi… EIRI !» s'écria-t-il soudain.
- « Écartez-vous, s'il vous plaît, fit le médecin qui venait d'arriver en écartant le chanteur. Nous allons tenter de le réanimer.»
Ce fut Hiroshi qui éloigna l'adolescent en l'entraînant à quelques mètres du lit. En voyant qu'il se passait quelque chose de grave, le guitariste ainsi que Tôma, Mika et Tatsuha, étaient entré dans la chambre et se tenaient à l'écart. Shuichi regardait, horrifié, complètement amorphe, les médecins essayer de réanimer Yuki avec des piqûres et un défibrillateur. Le corps du romancier tressautait sous les décharges électriques, mais le tracé cardiaque restait plat. Après plusieurs minutes de vaines tentatives, le médecin stoppa la réanimation.
- « C'est fini… lâcha le médecin, désemparé. Il n'y a plus rien à faire… Heure du décès : 8 H 17, le 26 décembre. »
Shuichi ne bougeait pas. Il regardait tour à tour le lit puis le personnel médical. Quand il comprit que le médecin ne s'occupait plus de l'écrivain, il demanda à Hiroshi d'une voix blanche :
- « Hiroshi… Il… il va le soigner, hein ?»
- « Shuichi… Yuki est… Il est… Il est mort, Shuichi…» fit le guitariste, bouleversé.
- « Yuki va se réveiller ?» continua le chanteur, n'entendant plus ce qu'on lui disait.
Le chanteur se dégagea soudain des bras du guitariste et se précipita vers le lit.
- « Eiri ? appela-t-il. Eiri, réveille-toi, s'il te plaît…»
- « Tu ne comprends pas ce que j'te dis, Shuichi? s'écria Hiroshi, les yeux humides d'émotion. Il est mort ! »
- « Pourquoi tu dors encore, Eiri ? fit le chanteur en ignorant totalement le bassiste. Tu dors trop, tu sais. Tu vas finir par te transformer en marmotte… Allez, réveille-toi maintenant… Réveille-toi et dis-moi… dis-moi encore que tu m'aimes…»
- « BON SANG, SHUICHI ! JE TE DIS QU'IL EST MORT !» cria le guitariste en tirant Shuichi par le bras.
- « LÂCHE-MOI ! hurla le chanteur en giflant violemment son ami du revers de la main. Yuki dort. Il va se réveiller bientôt… »
- « Il est mort, Shuichi ! »insista Hiro.
- « NON ! IL N'EST PAS MORT ! Il ne peut pas être mort… Il fait seulement un somme… Il ne peut pas être mort… On venait de se marier… et il m'a dit qu'il m'aimait… Tu l'as entendu, Hiroshi ? Il m'a dit qu'il m'aimait…» fit Shuichi en se retournant vers le bassiste.
Le regard d'Hiroshi croisa celui éperdu de douleur de Shuichi.
- « Il est mort …» répéta le guitariste à voix basse.
- « Non, c'est pas possible, Hiroshi… souffla Shuichi d'une voix à peine audible en se retournant vers son amant. Il a enfin dit qu'il m'aimait. Il ne peut pas mourir, pas maintenant… Il me l'avait enfin dit…»
- « Shuichi… »
- « Tu n'es pas mort, hein, mon Yuki ? Dis-moi encore que tu m'aimes…» demanda le chanteur en secouant doucement le corps sans vie de l'écrivain.
- « Arrête ça, Shuichi…» fit Hiro en essayant une nouvelle fois d'emmener Shuichi.
- « Tu n'es pas mort, Yuki, hein? TU N'ES PAS MORT ! JE TE L'INTERDIS ! » cria le chanteur en secouant de plus bel le cadavre.
- « SHUICHI !»
- « DIS-MOI ENCORE QUE TU M'AIMES, YUKI ! ENGEULE-MOI, FRAPPE-MOI, TRAITE-MOI D'IMBECILE, MAIS DIS-MOI QUE TU M'AIMES ! DIS-MOI QUE TU N'ES PAS MORT !» hurla Shuichi, ne pouvant plus se contrôler.
- « IL EST MORT, SHUICHI !» cria à son tour Hiroshi en réussissant à faire lâcher prise à l'adolescent.
- « NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !»
Shuichi s'arracha des bras du guitariste en le repoussant avec force, avant de s'enfuir dans les couloirs de l'hôpital.
- «Shuichi ! » s'écria Hiroshi en s'élançant à sa poursuite.
Le chanteur était déjà loin, mais le bassiste le vit qui s'engageait par la porte des escaliers. Le guitariste poursuivit ainsi son camarade jusque sur le toit de l'hôpital. Quand il arriva sur place, il chercha un instant Shuichi des yeux, et le vit soudain, debout sur le muret du rebord du toit. Le garçon n'avait pas entendu le bassiste arriver, et fixait intensément le ciel, les bras levés vers les nuages d'où s'échappaient de gros flocons de neige vaporeux.
- « Shuichi…» appela doucement Hiroshi, commençant à craindre le pire.
- « Tu as vu, Hiroshi ? fit le chanteur d'une voix étrangement apaisée. Il neige…»
- « Shuichi… Tu me fais peur là. Redescends de ce muret et viens avec moi…»
- « Je ne peux pas, Hiroshi… souffla le garçon aux cheveux roses en se retournant vers son ami. Je ne peux pas imaginer ma vie sans lui… »
- « Shuichi, je t'en supplie, ne fais pas de bêtises…»
- « Il est trop tard, Hiro-chan… continua le chanteur d'une voix douce. Yuki m'appelle…»
- « Shuichi, ne fais pas ça. Je t'en prie, ne fais… »
Hiroshi se tût quand ses yeux croisèrent le regard de Shuichi. La flamme qui brillait autrefois dans ses yeux s'était éteinte, et le guitariste ne lisait plus qu'accablement et désespoir. Avant qu'il puisse seulement réagir, l'adolescent se retourna vers le ciel et le vide et s'écria :
- « J'arrive, Yuki !»
- « SHUICHI ! NOOON !»
Puis le chanteur se jeta dans le vide. Hiroshi s'était précipité pour le rattraper , mais il n'avait pu l'en empêcher. Quand Tôma arriva quelques secondes plus tard, accompagné de Tatsuha, Mister K et Sakano-san, ils trouvèrent le guitariste prostré au pied du muret, là où Shuichi venait de l'élancer. Tôma s'agenouilla près de lui, en larmes, avant de le serre dans ses bras, tandis que Mister K et Sakano regardaient par-dessus le parapet.
- « …Il a sauté… Je n'ai rien pu faire… » murmura Hiroshi en éclatant en sanglots.
En bas, tout en bas, gisait le corps disloqué du chanteur des Bad Luck. Malgré la violence du choc qui l'avait jeté à terre, son visage paraissait étrangement serein. Les yeux clos, un sourire aux lèvres, le musicien semblait presque dormir paisiblement. Cependant, une seule démentait cette hypothèse. Sous les mèches fuchsia s'écoulait lentement un liquide vermeil qui maculait peu à peu le sol enneigé d'un rouge écarlate…
« C'est une paix bien morne que ce matin nous apporte.
Le soleil, de douleur, ne se montre pas.
…
Ah, jamais il n'y eut d'histoires plus douloureuse
Que celle de Juliette et de son Roméo. »
(Roméo et Juliette, Acte V scène 3)
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Last end
Commentaires de fin : … Snif snif… OUINNNNNNNNNNNN ! C'est… c'est trop triste… snif… comme histoire… OUINNNN ! J'écrirais plus jamais d'histoires… snif… qui se treminent aussi mal… snif… Promis… Même moi, j'ai eu du mal à la terminer parce que je pleurais aussi rien qu'en l'écrivant… snif snif… Je suis trop émotive… (et sadique aussi… hé hé hé…). Mais bon, j'avais envie de faire juste une fois une histoire qui se termine comme ça. NON ! Pitié, tapez pas !
Pitite explication sur le titre : Hakkai rouge en japonais. Donc de fil en aiguille, si vous avez suivi la fic jusqu'à la fin, Hakkai no Yuki (Neige écarlate) fait référence au suicide de Shuichi, mais on peut également y voir les images de Shuichi avec le rouge (par dérivation ça devient du rose), et celle deYuki. E t voilà.
J'espère que malgré tout, cette fic vous aura plu. Ne m'incendiez pas trop, s'iou plaît…
