CHAPITRE 1

Le soleil se couchait sur Port Royal. Les marins étaient rentrés au port, leurs bateaux mouillaient dans la baie. Ils se dépêchaient de vider leurs cales pour pouvoir rentrer chez eux. L'Intrépide flottait fièrement sur l'eau calme. Un autre bateau avait remplacé l'Interceptor. Il s'appelait l'Invincible. Il rentrait de 6 mois en mer et était en mauvais état.

Derrière les murailles, Elzire Ayarai vendait ses poissons. Son mari, Wilfred, l'aidait. Quelques rues plus loin, Oweyn McDorey se préparait à aller se coucher. Son voisin, Valentin Massoni discutait avec son ami Joseph Le Moigne. Le tisserand, Robert Silehad, fermait sa boutique, content de sa journée. Sur la Grand Place, Diarmund Sargent rentrait ses étalages de fruits. Thomas O'Reily traversa la place avec sa femme à son bras. Amiel Berangere apparut au détour d'une rue. A une centaine de mètre, Gaumardas Gaubil aidait des marins à rentrer la livraison de rhum qu'il avait demandé quelques jours plus tôt.

Le capitaine de l'Invincible, Christofor de Alencar, était à la taverne avec ses hommes et racontait à qui voulait l'écouter, c'est-à-dire la plupart des habitués, ses aventures et ses exploits, s'en vantant allègrement.

« La ville était occupé par des pirates, qui martyrisaient les habitants et volaient leurs biens. Je n'ai pas risqué une attaque par la mer, ils nous auraient pulvérisé avec les canons du fort. Bien sûr, l'Invincible est robuste et nous aurions eu le temps de débarquer, mais le bateau aurait fini par couler, alors plus de moyen de repartir. Sans compter la tête du gouverneur si il apprenait que son bateau avait été coulé ! Alors j'ai réquisitionné des navires marchands que j'ai envoyé faire une diversion dans le port pendant que moi et mes hommes prenions la ville par la terre. Les pirates furent pris au dépourvus et nous gagnâmes sans peine. Les habitants nous offrîmes de l'or et de la nourriture pour nous remercier mais je refusai. Ces pauvres gens avaient déjà bien assez souffert. Je dédommageai les marchands à qui j'avais emprunté les navires et les pirates survivants furent pendus. »

Son public applaudi et il continua ses récits pour le bonheur de son auditoire passionnés, ou qui faisait semblant de l'être. Le rhum coulait à flot et tous furent rapidement soûls. La serveuse, une jeune fille de 15 ans, les cheveux noirs, les yeux bruns, la peau halé et le corps maigre, allait et venait dans cette agitation, subissant mains au fesses et demandes inconvenantes de la part des nombreux marins, qui n'avaient pratiquement pas vu de femmes pendant 6 mois. Christofor de Alencar la regardait malicieusement depuis le début de la soirée. Alors qu'elle passait près de lui, il l'attrapa par la taille et la mit sur ses genoux.

Christofor : Salut ma jolie. Tu boiras bien un verre avec nous ?

La jeune fille ne répondit pas et se dégagea de son étreinte. Il la rattrapa et la remit sur ses genoux.

Christofor : Fais pas ta timide, ma belle. Quelques godets de rhum et tu te sentiras mieux.

Tya : Je vais surtout sentir très fort.

Christofor : Allons, allons ! Pas de ça entre nous !

Tya : On étudiera la question quand il y aura quelque chose entre nous.

Christofor : Tu veux que l'on y remédie ? Pas de problème pour moi.

Il se leva, tenant toujours fermement Tya.

Christofor : On va aller chez moi, tu vas voir, j'ai un très bon lit...

La jeune fille se dégagea soudainement de son étreinte. Il essaya de la rattraper, mais elle lui décocha un coup de pied bien placé qui le fit tordre en deux. Alors, elle lui asséna un coup sur la nuque et il tomba sur le sol, évanouie. L'assemblée regarda Tya, qui leur jetait des regards de défi. Et avant qu'ils n'eussent le temps de faire un geste, elle était sortie de la taverne.

Tya erra dans les rues, énervée. Les hommes qui ne s'intéressait à elle juste parce qu'ils espéraient qu'elle finirait dans leur lit, elle en avait plus que marre. Il ne lui était déjà pas facile de trouver du travail avec sa condition de fille, mais en plus, elle le perdait toujours rapidement à cause de clients mal attentionnés. Maintenant, elle traînait derrière elle une sale réputation, et beaucoup l'évitait, ou était aimable avec elle par crainte. Pourtant, si on lui montrait plus de respect, elle ne se comporterait pas comme ça. Elle devait se méfier de tout désormais. Et ce n'est pas une vie agréable pour une fille de son âge.

Orpheline, élevée par une vielle femme aigrie, qu'elle appelait sa tante mais avec qui elle n'avait aucun lien de parenté comme on lui répétait souvent, morte il y a 5 ans lors de l'attaque de Port Royal, Tya se débrouillait seule depuis, mangeant peu, volant, et dormant dans des abris, à la portée de n'importe quel inconnu. Elle gardait l'argent qu'elle gagnait en travaillant pour pouvoir partir d'ici un jour. Elle avait maintenant une belle somme, car elle y avait ajouté l'argent gagné par la vente des meubles et de la maison de sa tante. Elle attendait le bon moment pour partir. Mais elle ne savait pas quand il viendrait, et elle en avait marre de l'attendre. Et surtout, elle voulait savoir. Elle voulait découvrir qui étaient ses parents. Bien sûr, c'est une tâche compliquée, mais en se renseignant bien, elle pourrait y arriver. Mais pour cela, elle ne pouvait pas rester à Port Royal. Il fallait qu'elle fasse sa vie ailleurs que dans cette ville où tout le monde l'évitait.

Plus elle y réfléchissait, plus cette idée devenait tentante. Elle avait deux amis à Port Royal. Cela allait être dur de les quitter, mais sa décision était prise. Le lendemain matin, elle se faufilerait clandestinement dans un bateau pour destination : loin de cette ville.

Elle prit la direction de chez Diarmund, son ami. Alors qu'elle marchait dans une rue sombre, elle aperçut quelqu'un au bout de la rue. La silhouette se dirigeait vers elle. Elle se cacha dans l'encadrure d'une porte. La silhouette passa devant elle. C'était une personne habillée d'un long manteau noir et d'un chapeau cachant son visage. Puis elle disparut au bout de la rue. Tya sortit de sa cachette et alla toquer à la porte de chez Diarmund.

Diarmund : Tya ! Qu'est ce qui t'amène ? Je croyais que tu travaillais ce soir.

Tya : J'ai pris ma pause.

Diarmund : Entre ! Amiel est là, on vient de finir de manger. T'as faim ?

Tya accepta l'offre et pénétra dans la demeure. Son ami l'emmena dans une salle derrière où se trouvait Amiel.

Diarmund et Amiel étaient amis depuis toujours. Le premier vendait des fruits et légumes, le deuxième était marin. Tous deux âgés de 20 ans, ils étaient les seuls amis de la jeune fille, les seuls à qui elle faisait confiance.

La soirée passa. Les deux jeunes hommes étaient tellement joyeux que Tya n'osa pas leur annoncer la nouvelle de son départ. Finalement, elle s'endormit sur un fauteuil.

Quand elle se réveilla, il faisait jour. Les deux garçons n'étaient plus là. Elle se leva, et aperçut sur la table une assiette avec une tranche de pain et une pomme. Un petit mot était posé à côté : « Tya, on est au marché, rejoins-nous ! ». Même si sa tante n'avait jamais été particulièrement gentille avec elle, elle avait au moins appris à lire à la jeune fille, qui l'en remerciait aujourd'hui.

Elle prit le temps de petit-déjeuner, puis elle alla rejoindre ses amis.

Sur la Grand Place régnait un capharnaüm dut au marché qui avait lieu toutes les semaines. Tout le monde criait, les enfants couraient partout, les commerçants appelaient le client, qui lui se plaignait à la moindre occasion. Tya commença à déambuler à travers la foule pour trouver le stand de ses amis. Quand enfin elle les vit, ceux ci lui firent un signe de main. Elle s'approcha quand un cri se fit entendre plus fort que les autres :

Garde : C'est elle ! C'est elle qui a agressé le capitaine ! Attrapez-la ! !

Tya, comprenant immédiatement la situation, contrairement à ses deux amis qui la regardaient ahuris, se mit à courir à travers la foule pour échapper à ses poursuivants. Elle quitta la place pour s'aventurer dans les petites rues où il était plus facile pour elle de semer les gardes. Alors qu'elle arrivait à un croisement, elle sentit quelqu'un l'attraper par le bras. Elle se retourna, prête à se défendre, et elle découvrit la personne au manteau d'hier soir. Celle-ci entraîna la jeune fille dans une ruelle sombre, la plaqua contre le mur et lui mit la main sur la bouche pour l'empêcher de protester. Des soldats passèrent au bout de la rue sans les voir. Mais Tya, elle, voyait. Elle voyait le visage de l'inconnu.

Bon, voilà mon premier chapitre, ca donne ce que ca donne. C'est juste pour lancer l'histoire, j'ai d'idées pour la suite. J'attends vos reviews, et je remercie ce qui m'en ont envoyé ! !