Désaveu de propriété (on se refait pas): hormis les moldus psychiatres et la dénommée Ava, aucun personnage ne m'appartient (sinon je serais sur une île des caraïbes en train de me la couler douce.)
Chapitre 2: Inconnue dont la peine est insoutenable
Rachel Grant tapota nerveusement ses ongles parfaitement manucurés sur le caoutchouc de son volant alors qu'elle patientait dans les habituels embouteillages de Londres. On l'avait appelé une demi-heure plus tôt en urgence pour une patiente et elle avait dû renoncer à sa soirée en amoureux avec son fiancé. Elle fulmina contre le taxi qui refusait d'avancer devant elle alors que le feu était passé au vert. Quand, enfin, il daigna démarrer, la signalisation était à nouveau passée au rouge, exaspérant la jeune femme qui se défoula en tapant un grand coup sur son volant.
Finalement, elle mit une heure et demie pour arriver à son lieu de travail qui ne se trouvait pourtant qu'à 5 kilomètres de sa petite maison de banlieue. Elle se gara en trombe sur sa place réservée et sortit de sa berline en replaçant son tailleur gris et en se saisissant de sa mallette. Damian, son confrère, l'attendait devant les portes de verre sécurisées de l'immense bâtiment.
"Enfin, te voilà, l'accueillit-il.
"Oui. Ai-je déjà dit combien j'aimais la capitale avec ses embouteillages si typiques?
"A chaque fois que tu arrives ici. Vas-y entre."
Il lui céda le passage, en lui ouvrant galamment la porte, et ils pénètrent à l'intérieur de l'immeuble moderne dont le nom apparaissait en lettres dorées sur la façade:
"Hôpital psychiatrique Sainte Anne."
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"Fais moi le topo. proposa la jeune psychiatre aux cheveux de jais.
"Jeune femme, retrouvée hagarde dans les rues de Londres, ensanglantée, pratiquement nue.
"Tu as dû apprécier de la voir arriver, commenta Rachel.
"Non, elle a d'abord été amené aux urgences où ils lui ont donné des vêtements à mon grand désespoir."
La jeune femme s'arrêta en plein milieu du couloir en posant une main en l'air pour suspendre leur marche.
"Attends, si elle a été conduit aux urgences pourquoi on l'a récupéré?
"Bah, peut être parce qu'elle a agressé une infirmière et a envoyé au tapis trois aides-soignants.
"Et, maintenant?
"Il a fallu cinq personnes pour la mater mais on lui a refilé assez de calmants pour qu'elle nous joue le remake de 'la belle au bois dormant'.
"Où est elle?
"B-43."
Ils se dirigèrent vers la porte d'acier et observèrent la patiente à travers l'épais carreau grillagée.
"Qu'est ce qu'on sait d'elle? demanda la jeune femme en jetant un coup d'œil au dossier qui était accroché au mur adjacent.
"Pratiquement rien. Elle a dit s'appeler Ava aux ambulanciers et, apparemment, elle aurait subi pas mal de sales trucs.
"Je vois çà: malnutrition, coups, peur des hommes. Elle a été...?
"J'en ai bien l'impression: elle refuse qu'un homme l'approche. C'est pourquoi on t'a appelé.
"Je vais voir ce que je peux faire." répondit la psychiatre en ouvrant avec précaution la lourde porte.
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La jeune fille eut un sursaut en entendant quelqu'un pénétrer dans la pièce et partit se réfugier dans un coin sombre de la pièce matelassée de toute part, enfin autant que la lui permettait la camisole de force qu'ils lui avaient imposé.
Rachel s'approcha d'elle en douceur en présentant ses mains pour lui montrer qu'elle n'avait rien à craindre d'elle. Arrivée à quelques centimètres de la jeune égarée, elle s'accroupit et pris la parole d'une voix qu'elle se voulut la plus tendre possible.
"Bonjour, Ava. Je suis Rachel."
La jeune fille leva ses yeux sur elle et se décrispa un peu en voyant qu'elle n'allait rien lui faire. La psychiatre eut alors tout le loisir d'observer sa patiente: elle avait de magnifiques yeux bleus lui rappelant le ciel de Grèce et des cheveux tels les plages de sable fin. Sa peau était légèrement ambrée malgré les coups et égratignures qui la parsemaient. Même si la jeune fille semblait une biche apeurée en l'instant même, Rachel sentit une aura de force incroyable émaner de cette inconnue, force qui semblait avoir été élimée par des mois, voire des années, de souffrances intenses.
"Je suis là pour t'aider. Tu sais que tu peux tout me dire. Que t'ait il arrivé? Qui t'as fait ça?"
La dénommée Ava fut prise d'un instant de panique et se recroquevilla à nouveau sur elle même, tremblante de peur, se penchant d'avant en arrière avec frénésie et en murmurant sans cesse son nom, comme un rempart contre le monde extérieur.
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Rachel sortit de la salle en secouant la tête d'un air désolé et résigné.
"On ne peut rien faire, en tout cas pour le moment.
"Oui, il faut peut être attendre, qu'elle se familiarise, qu'elle reprenne des repères.
"Exact mais il faut surtout qu'elle comprenne bien qu'on ne lui veut aucun mal.
"Ne t'inquiète pas: on va la chouchouter comme la reine de Saba.
"D'accord mais en moins lascif, Damian. N'oublie pas c'est une patiente.
"A vos ordre chef!
"Je reviendrai demain la voir.
"Bonne soirée avec John et ne fais pas ce que je ne ferais pas.
"Ca me laisse une marge. Merci, bonne soirée à toi aussi.
"Je ne décrirai pas une garde de nuit à l'asile comme une charmante soirée mais merci tout de même."
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Rachel soupira de découragement et se passa les mains sur le visage devant la scène qu'elle avait sous les yeux. Ava s'était encore refermée dans son cocon quand elle lui avait demandé d'où elle venait.
Pourtant, tout avait plutôt bien commencé: la psychiatre avait réussi à la convaincre de la rejoindre sur le lit où elle s'était assise en jouant avec une de ses longues mèches blondes. Elle avait même perçu un sourire quand elle lui avait raconté une blague pour détendre l'atmosphère, pâle certes mais un sourire tout de même.
Elle se leva et ferma les yeux un instant: cela faisait trois mois qu'elle travaillait sur ce cas et trois mois qu'elle n'aboutissait à rien. Cependant, les gémissements de sa patiente s'étaient peu à peu éteints et un son sortit de ses lèvres gercées:
"Lun..."
Rachel rouvrit les yeux précipitamment pour découvrir la jeune fille accrochée à la mince lucarne, observant la pleine lune se lever. La jeune femme se dirigea avec rapidité à ses côtés en lui demandant:
"Ava, que veux tu dire? Oui c'est la lune. Cela a à voir avec ce qu'il t'est arrivé? Celui qui t'a fait ça s'appelait Lune quelque chose? Dis moi, si tu veux que je t'aide."
La jeune aliénée secoua négativement la tête et des larmes perlèrent à ses paupières avant qu'elle ne s'évanouisse dans les bras de Rachel.
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Hôpital de Sainte Mangouste,
Une jeune femme aux longs cheveux châtains emmêlés est assise sur une chaise, endormie, la tête reposant sur un lit tandis qu'elle tient avec fermeté la main inerte d'un jeune homme roux semblant assoupi. La porte s'ouvre pour laisser entrer un individu au crâne rasé portant une blouse blanche et se promenant avec une poche de liquide vert voltigeant dans les airs à qui il est relié par un mince tuyau. D'un bond, il se jette sur son lit et allume le poste de télévision, beuglant de la musique rock.
La jeune fille sursaute par ce réveil si brutal et se retourne d'un air rageur vers l'individu.
"Snails!
"Quoi?
"Baisse tout de suite ce poste!
"Non, je suis dans ma chambre, je fais ce qu'il me plaît, réplique l'individu en zappant.
"Ce n'est pas ta chambre, c'est aussi la sienne!
"Quoi, tu crois que ma télé va le réveiller peut être?"
La jeune fille l'observa avec rancœur tandis que des larmes venaient inonder ses beaux yeux chatoyants. D'un mouvement, elle se leva et traversa la salle avec colère, faisant claquer la porte derrière elle.
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Rachel sortit, une fois de plus déçue de sa consultation. Elle n'arriverait décidément à rien avec cette jeune inconnue qui semblait avoir tant, trop souffert. Damian l'attendait, le dossier dans les mains.
"Ne t'implique pas autant. lui conseilla-t-il.
"Facile de dire ça pour toi. Elle est si...si forte et faible à la fois. Je n'arrive pas à la cerner. Je ne suis même pas sûre que Ava soit son véritable nom.
"Tu sais qu'elle a dépassé le délai...
"Oui, Damian, je sais. Je connais la politique rétrograde de l'établissement. Nous avons trois mois pour les remettre dans le droit chemin. Au-delà, on doit les avoir guéris ou avoir retrouvé sa famille. Mais on ne sait pas qui elle est, ni d'où elle vient...
"Peut être est elle étrangère.
"Ca expliquerai pourquoi personne ne l'ai réclamé.
"Rachel, je crois qu'il faudrait contacter Heather.
"Oui. Je pense que c'est mieux ainsi. Je l'appellerai.
"Non, je vais le faire. Toi, repose toi et surtout détache toi d'elle. Tu as d'autres patients qui ont besoin de toi.
"D'accord, merci."
Le jeune homme lui fit un signe de tête et s'éloigna tandis que la psychiatre observait sa patiente, toujours prostrée sur son lit.
"Pauvre Ava. Qu'ont-ils bien pu te faire?"
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"Hermione!"
La jeune femme en larmes releva la tête et observa la jeune fille aux yeux immenses et semblant perdus dans le vague s'approcher d'elle.
"Luna, comment vas-tu?
"Bien. Et toi? On m'a dit que tu restais jour et nuit à son chevet.
"Oui, je veux être là quand il se réveillera.
"Si il se réveille un jour, pensa tout haut la jeune fille.
"Luna, si tu es venue pour me casser le moral...
"Non, se reprit-elle. Je t'apporte des nouvelles de Harry: il va mieux et te passe le bonjour. McGonengall te fait dire que le poste de Métamorphose est toujours libre depuis qu'elle a remplacé Dumbledore à la tête de Poudlard.
"Merci mais je crois que je ne pourrais pas l'assurer...
"Elle s'en doutait.
"Comment vont les autres?
"Harry se remet lentement des Endoloris qu'il a reçu et est devenu professeur de Défense Contre les Forces du Mal, même si on n'en voit guère l'utilité aujourd'hui...
"Il y aura toujours un autre sorcier fou et fanatique...
"Comme Drago Malefoy.
"Sauf qu'il croupit toujours à Azkaban.
"Et pour longtemps, j'espère! Il faut que je te laisse, je dois préparer les cours de divination.
"Bonne reprise! Ca m'a fait plaisir de te revoir." déclara Hermione en la serrant dans ses bras.
Elle soupira en rentrant dans la chambre d'hôpital en constatant que Snails continuait à zapper frénétiquement et se réinstalla à la place qu'elle occupait depuis désormais neuf mois, depuis que Voldemort avait été vaincu une fois de plus par le Survivant.
La télévision finit par s'arrêter sur une chaîne moldue d'information en continue, au grand soulagement de la jeune femme, que Snails regardait comme hypnotisé par la jeune présentatrice en tailleur bordeaux répondant aux doux nom d'Heather Ormond.
"Les prévisions météo annoncent des températures hivernales en ce mois de mars."
Hermione soupira en observant la poitrine de son amour de toujours se soulever et descendre: seule signe de la vie qui continuait à courir dans ce corps chéri.
"Une nouvelle attaque terroriste a visé le métro de Berlin faisant 8 morts et 23 blessés."
Dire que pendant toute leur scolarité, ils n'avaient cessé de se disputer, refusant de se parler pendant des jours mais ils auraient donné leur vie l'un pour l'autre.
"Manchester United a écrasé l'équipe de Chelsea en cette 20e journée de championnat."
Donner sa vie pour Ron: c'est ce qu'elle aurait tant aimé faire mais ce fut lui qui se sacrifia pour la protéger. Est-ce que l'amour pouvait supporter ces épreuves? Existait-il un véritable amour en ce monde?
"Une dépêche de dernière minute nous est parvenue..."
Etait ce qu'elle ressentait pour lui?
"...il concernerait une jeune femme retrouvée hagarde dans les rues de Londres..."
Pouvait-on passer de la haine viscérale à l'amour le plus pur?
"...on ignore tout d'elle et on souhaiterait que sa famille vienne la récupérer. Elle répondrait au nom de..."
Et cet amour pouvait-il survivre à la mort?
"...Ava Da Kedavra."
Snails et Hermione sursautèrent au nom prononcé par la journaliste et observèrent la photographie de la jeune amnésique aux longs cheveux cendrés et aux yeux effrayés.
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Rémus Lupin ouvrit difficilement les yeux dans son appartement miteux de l'East End londonien. La veille, la pleine lune avait épuisé toute les forces vitales qui lui étaient restées à l'issue du combat final face à Voldemort et ses sbires. Il s'étira longuement avant de se frotter les yeux pendant au moins cinq minutes puis finalement se leva pour se diriger dans la cuisine: il avait une faim de loup!
Machinalement, il alluma ce vieux poste de télévision où il ne captait que les émissions moldues et mit en marche la machine à café. Il ouvrit le réfrigédaire d'où il sortit un plat en verre qui contenait des lasagnes cuisinés par sa voisine, une vieille moldue affectionnant particulièrement ses chats.
"...elle répondrait au nom de Ava Da Kedavra."
Le jeune homme fit un brusque mouvement pour se retourner en entendant ce mot si familier et désagréable aux sorciers comme lui. Lorsqu'il distingua l'image de la jeune femme, il se figea en observant ses longs cheveux cendrés, ses magnifiques yeux outremers, sa peau délicieusement dorée. Sans un bruit, l'assiette qu'il tenait glissa peu à peu de ses mains pour venir se briser au sol, répandant de la viande et de la sauce sur la blancheur immaculée du carrelage. Il ne s'en rendit pas compte et, ses yeux accrochés au visage de cette inconnue qui le ramenait dans un passé lointain, il murmura à son insu:
"Artémis."