Chapitre 12 : Harry n'y comprend plus rien

Le couloir était sombre, envahi par la nuit. L'endroit où se tenaient les trois jeunes gens était uniquement éclairé par une torchère qui diffusait très peu de lumière. Ils étaient péniblement cachés derrière un pan du mur de pierres, heureusement dissimulés aux regards par la cape. Ils n'osaient plus faire un geste et Hermione enroulait nerveusement le tissu soyeux autour d'elle. « Elle ne supporterait pas d'être en prise en flagrant délit, pensa Harry. D'ailleurs, si on nous trouve en dehors des dortoirs après le couvre-feu, nous aurons de sérieux problèmes. » Ron paraissait confirmer ses peurs, car il lui lança un coup d'œil alarmé.

Les pas s'étaient arrêtés à peu de distance d'eux. Les voix avaient cessé. Harry regarda dans le couloir, mais se rejeta immédiatement en arrière, son cœur battant la chamade : Rogue ! Le professeur de potions s'était immobilisé dans le faible halo prodigué par la torche, et semblait attendre quelque chose - ou quelqu'un.

Qui ne tarda pas à arriver. Harry perçut juste un froufrou de tissu froissé et une ombre rejoignit Rogue. Elle resta en-dehors du cercle de lumière, et le jeune garçon ne put donc pas l'identifier, mais il nota qu'elle était vêtue d'une longue capeline brune, qui se terminait par une capuche relevée sur la tête. Cela lui parut suspect que quelqu'un s'habille de la sorte à Poudlard : il n'y faisait pas froid, même en hiver, grâce aux sorts de Réchauffe. Cette ombre, qui que ce fut, ne tenait pas à ce qu'on la remarque.

Rogue vérifia alentours que personne n'épiait, et fit alors un geste qui surprit énormément Harry : il serra l'inconnu dans ses bras. Le jeune sorcier n'avait jamais vu son professeur témoigner autant d'affection pour quelqu'un ; d'habitude, il se limitait à de fins sourires destinés à Malefoy ou d'autres Serpentard avantagés lorsqu'ils se moquaient de leurs pires ennemis (communs), les Gryffondor. C'était un moment historique pour Harry : un tel débordement de la part du plus froid des professeurs était digne des anales.

L'étreinte dura une longue minute, et l'inconnu ne tenta pas de s'en dégager. Puis Rogue s'éloigna un peu de l' « autre » en lui enserrant toujours les épaules dans ses mains, et le contempla un instant. Harry constata son expression émue et réprima un hoquet de stupeur en voyant les visages des deux protagonistes se rapprocher, jusqu'à ce qu'ils s'embrassent tendrement.

Rogue murmura doucement quelques mots à son interlocuteur, qui lui répondait de temps à autre, tout en caressant la joue cachée par la capuche. Alors, une main blanche sortit de la pénombre et caressa en retour le visage de Rogue.

Harry se renfonça derrière le mur, estomaqué. Qui était cette personne ? Ses amis se posaient la même question ; les yeux écarquillés, ils auraient été comiques dans d'autres circonstances.

Soudain, Harry remarqua la chatte du concierge de Poudlard, Miss Teigne. Il la désigna à ses amis et tous retinrent leur souffle, craignant d'être dévoilés aux yeux de l'espionne qui faisait son tour de garde. Heureusement, elle s'éloigna après avoir humé l'air avec insistance : droit vers Rogue et sa mystérieuse « conquête », qui se séparèrent à la hâte en apercevant le redoutable animal, après une dernière caresse.

- C'est…

- Dingue ! compléta Ron.

- Qui est-ce que c'était ? flûta Hermione, encore sous le choc du rendez-vous nocturne de Rogue.

- Tout laisse à supposer que notre cher professeur de potions entretient une relation avec quelqu'un, énonça doctement Ron.

- Mais qui voudrait de Rogue ? s'insurgea Harry. Je veux dire… Il est vieux, laid, inintéressant !

- Chacun son style, murmura Hermione. C'est sûr que ce n'est pas le mien, mais ne dit-on pas que l'amour est aveugle ?

- Il faut acheter des binocles à cette femme ! s'alarma Ron.

- Je n'aurais jamais cru que Rogue… pouvait aimer quelqu'un ! Encore moins quequelqu'un pouvait l'aimer, lui !

- Ce ne sont que des suppositions ! recommença Hermione.

Mais ils se turent en entendant à nouveau des pas dans le couloir : ces pas traînants étaient ceux de Rusard, impossible de se tromper ! Et, à part Rogue, c'était l'adulte qui les détestait le plus à Poudlard. S'il les trouvait ici à une heure aussi tardive, on pouvait être sûr qu'il ferait tout pour leur infliger la pire punition imaginable ! Harry entraîna ses camarades dans le couloir avant que le concierge n'apparaisse et ils se faufilèrent jusqu'au dortoir, sans autre incident.

Sans se concerter, chacun décida que c'était mieux de laisser la nuit leur porter conseil. Harry rangea la cape au placard et se coucha.


Il se réveilla en maugréant le lendemain : il s'était endormi très tard, ressassant les images choc de sa soirée jusqu'à une heure avancée de la nuit.

- Eh Harry ! Bon courage ! lança Dean en faisant le signe de la victoire avec ses doigts.

Ce fut seulement après ce signe d'encouragement de la part de son camarade de chambre qu'il se souvint… du match de quidditch ! Il avait été tellement absorbé par ces histoires de cours particuliers hier soir qu'il ne s'était pas du tout entraîné ! Il se prit la tête entre les mains et s'effondra à nouveau sur son lit aux couleurs rouge et or. Ron vint le secouer, habillé des mêmes couleurs de pied en cap, prêt à supporter son équipe avec acharnement.

- Ce n'est pas le moment de somnoler ! C'est le premier match de la saison… On va gagner ! On va gagner ! chantait-il à tue-tête en sortant de la pièce, sautant comme un cabri en agitant un petit drapeau qu'il avait acheté l'année précédente à la Coupe du Monde de quidditch.

Qu'est ce que Harry aurait donné à ce moment pour être Ron, simplement Ron, et pas le Survivant, ni le plus jeune attrapeur de l'Histoire de Poudlard ! Qu'est-ce qu'il aurait donné pour être ce rouquin déluré qui poserait ses fesses sur un banc pendant toute l'après-midi, avec pour toute obligation celle d'agiter son drapeau et de hurler le nom de Gryffondor ! Et qu'est-ce qu'il aurait fait pour ne rien avoir vu de la scène à laquelle il avait assisté la nuit dernière…

Il consulta sa montre, à laquelle il avait ajouté les noms des différentes salles de Poudlard : Grande Salle, salles de cours, jardin, tour d'astronomie… Hermione et Jo étaient déjà en train de déjeuner, et l'aiguille de Ron oscillait entre le dortoir et la Grande Salle, preuve qu'il allait les rejoindre dans peu de temps.

Un fort brouhaha résonnait sous la voûte du ciel magique. Les prévisions de Hermione et d'Olivier allaient se révéler justes : des nuages gris, lourds de menaces, planaient au-dessus de sa tête.

Harry s'assit à côté de Jo et se servit un plein bol de chocolat fumant. Ses trois amis s'entretenaient à voix basse avant son arrivée, s'étaient maintenant tus, remarquant son air grognon.

- Tu stresses, Harry ? demanda Hermione. C'est normal, tu sais. A l'approche d'un grand événement, c'est toujours comme ça. Je l'ai lu dans le PsychoMag de cette semaine, tu devrais aller jeter un coup d'œil à la bibliothèque, Mme Pince s'est abonnée à de très bonnes revues…

- Oui, heu… Herm m'a raconté ce qu'il s'était passé hier soir. Je ne vous ai pas vus en revenant, alors je me suis demandée ce que vous faisiez… Et…

Harry remonta ses montures sur son nez et regarda attentivement son amie.

- Et… ? la pressa-t-il.

- Je suis retournée à la salle de Défense contre les Forces du Mal, mais il n'y avait plus personne, continua Jo dans un souffle, si bien que les trois autres durent se pencher pour entendre quelque chose. Je croyais que nous vous avions enfermé, sans le faire exprès… Mais j'ai bien du me rendre à l'évidence. C'est en repartant que j'ai croisé le professeur Rogue. Je savais que je n'avais pas le droit d'être dans les couloirs à une heure comme celle-là, alors je me suis cachée en attendant qu'il passe. Il avait un air bizarre… Je ne saurais pas le définir, mais il souriait, et c'est ça qui m'a le plus étonné : depuis que je suis ici, je n'ai jamais vu ce prof sourire. Lorsque je ne l'ai plus vu, je suis sortie à pas de loup de ma cachette et j'ai pris le sens inverse du sien ; je n'aime pas jouer les espionnes, surtout quand j'ai beaucoup de chances de me faire pincer ! Je revenais au dortoir, quand j'ai remarqué quelque chose par terre… Ca !

Elle posa sa main fermée sur la cuisse de son voisin et l'ouvrit sous les yeux de celui-ci : sur sa paume blanche reposait un long ruban de feutrine jaune pâle. Harry savait qu'il l'avait déjà vu, mais où ?

Ses trois amis le considéraient, comme pour encourager sa recherche. Celle-ci ne dura qu'une demi-minute, et une image lui revint : celle d'une jeune femme, qui se paraît toujours de bijoux dorés, et qui, ce soir-là, avait lacé son corset à l'aide de rubans jaunes…

- Miss Johns ! articula-t-il tandis que ses yeux s'écarquillaient de surprise.

Hermione opina du chef. Jo referma ses doigts sur l'indice et l'enfouit au fond d'une poche de sa robe de sorcier.

- On n'a pas le temps de réfléchir à tout ça maintenant. Tout le monde commence à partir pour avoir de bonnes places, les pressa Ron en indiquant les groupes d'élèves vêtus des couleurs de leurs équipes qui refluaient vers la sortie.

Harry avala son petit déjeuner. Depuis le début de cette année, personne encore ne lui avait écrit, et il ne prêta pas attention aux hiboux voyageurs qui pénétraient par les fenêtres de la Grande Salle pour apporter le courrier à leurs destinataires. Pourtant, Hedwige se posa bientôt devant le jeune sorcier, accompagnant une chouette rousse à l'allure banale. Harry flatta les plumes d'Hedwige et détacha un petit rouleau de papier attaché à l'extrémité de la patte de la chouette étrangère, qui reprit son envol aussitôt délestée de sa tâche.

Harry,

Je me suis installé à Scottley, à une trentaine de kilomètres de Pré-au-Lard. Je ne peux malheureusement pas venir plus près de toi, mais si tu as un problème, je serais tout de suite près de Poudlard. Ecris-moi aussitôt que quelque chose ne va pas, je t'en prie.

Sniffle

« Sirius ! Mais pourquoi a-t-il changé de cachette, juste pour être plus près de moi ? Et pourquoi me supplie-t-il ? Il sait très bien que je lui envoie une lettre si je me fais du souci ! »

Bizarrement, la proximité de son oncle l'angoissait plus qu'elle ne le rassurait. Si Sirius s'approchait de son filleul, c'était pour mieux le protéger ! Mais de quoi ? Harry se jura de tenter de contacter son oncle plus tard. En attendant, il commençait à se sentir très nerveux en vue du match contre les Poufsouffle. Il sortit en hâte de la Grande Salle, suivi par ses amis, et se cogna dans Malefoy.

- Bonjour, Potter. Moi aussi je suis très content de te revoir, dit Malefoy d'une voix ironique en s'écartant de Harry.

Le jeune sorcier s'apprêtait à entendre les rires grasseyants de Crabbe et de Goyle, derrière lui, mais rien ne se produisit. En relevant la tête, il fut très surpris de ne voir aucun des deux autour de Drago. Et encore plus lorsqu'il aperçut que les joues de Jo se coloraient faiblement. Il tourna les talons sans répondre et s'engagea dans l'escalier ; il voulait mettre ses idées au point avant le match. Tout était si embrouillé ! Le comportement de Sirius le laissait perplexe, tout comme celui de Drago qui se séparait soudainement de ses deux acolytes. Mais le plus surprenant était la métamorphose de Rogue, et l'identité de l'inconnue : leur professeur de Défense contre les Forces du Mal ! Comment une si jeune et si belle femme avait-elle pu s'enticher de ce vieil acariâtre de Rogue, avec son caractère plus froid que la banquise ? Il retournait encore ces idées dans sa tête en entrant dans sa chambre ; mais toutes disparurent aussitôt de son esprit lorsqu'il constata que son placard était grand ouvert. Le placard qu'il partageait avec Ron, et dont la clé était cachée sous une pile de caleçons, dans un tiroir de la table de nuit de son ami !

Harry jeta un coup d'œil sur les étagères : c'était le fouillis total ! Harry et Ron enfermaient ici tous les objets qui leur semblaient précieux : le balai de quidditch avec ses accessoires, la carte des Maraudeurs qui indiquait la position de chaque personne, la cape d'invisibilité, des posters des équipes de quidditch préférées de Ron, des sachets entiers de bonbons, les lettres que Sirius envoyait à Harry pendant l'année scolaire, un bric à brac de choses importantes aux yeux des deux jeunes sorciers, qui leur rappelaient des souvenirs…

Harry sortit sa baguette. Il fouilla la chambre du regard, mais rien ne lui sembla suspect : la personne qui avait dévalisé leur placard devait être bien loin à présent. Ron, Hermione et Jo entrèrent à leur tour, et le rouquin se précipita pour vérifier que ses chers posters des Canons de Chudley étaient toujours à leur place. Harry fit à son tour rapidement l'inventaire de ses biens, aidé des deux filles.

- La cape, constata Hermione d'un ton morne.

Harry retint ses larmes ; il ne voulait pas pleurer devant ses amis. Surtout pour une vulgaire cape. Mais elle avait une valeur plus que symbolique pour Harry ! C'était son père qui la lui avait offert par le biais de Dumbledore, lors de sa première année à Poudlard ! Et elle lui avait considérablement servi… C'était une des seules choses qui le rattachaient à son passé, à ses parents. Qui pouvait la lui avoir volé ?

Les yeux humides, il se releva et prit son Eclair de Feu et ses gants. Il sortit la tête basse, submergé par l'inquiétude. La question qui se présentait sans cesse à son esprit était : Pourquoi ?

Hermione jeta un dernier regard à la chambre, et rejoignit Harry. Elle passa un bras apaisant autour des épaules de son ami. Ron referma le placard à double-tour, empocha la clé pour plus de sûreté et les suivit.

Quant à Jo, elle leur emboîta le pas, le regard rivé au sol. Elle ne le releva que pour fixer le dos voûté de Harry, mais croisa celui de Ron et tourna la tête précipitamment.

Ron fronça les sourcils. Cette impression fugace de remords dans les grands yeux foncés… Il chassa cette pensée et se concentra à exhorter Harry pour son match.


Voilà voilà le chapitre 12!

Sirius51: Je te remercie encore de ta review! C'est sûr que chaque commentaire me fait plaisir, en tant qu'auteur débutante, lol! Bien vu pour Rogue et Miss Johns ;) mais il reste encore beaucoup de choses à découvrir... A toi aussi Joyeux Nowel et Bonne Année! (et vive les appareils photos numériques! lol) Continue à me reviewer! Bizzzz

Bavardage toujours aussi inutile de l'auteur qui adore ça: Bon, aujourd'hui, bavardage sur les mangas. Qu'est-ce que vous aimez? Moi c'est les shôjos, en particulier j'adore Nana, Chobits, Love Hina et Fruits Basket, ainsi qu'Alice 19th : bref, les indémodables que j'ai choisi à partir de conseils d'amis et de forumiens! J'attends de pouvoir agrandir ma collection!

Note un peu plus importante (!) sur la fic: Voilà, j'ai décidé de publier un peu plus régulièrement ma fic ici pour que les lecteurs qui la suivent, même s'il y en a peu, et que je remercie, puissent savoir quand il y aura des nouveaux chapitres. Normalement, j'en posterai un tous les week-ends.

Gros bisous,

Athéna