Toutes les cartes en main

Le match fut rapide mais intense. Harry, au lieu de se montrer abattu et perdant d'avance comme l'avaient redouté Hermione et Ron, chassa toutes ses préoccupations pour se concentrer uniquement sur le Vif d'Or : faire perdre la coupe des Quatre Maisons à son équipe était ce qui pouvait lui arriver de pire, à présent, et pas question de donner ce contentement à qui que ce fut.

Surtout… Harry fut pris d'un doute en plein milieu du match, alors que l'attrapeur de Poufsouffle fondait sur la minuscule boule volante. Instinctivement, il descendit en piqué pour suivre celui-ci, et réussit in extremis à l'écarter de l'objet de ses convoitises. Il remonta en chandelle à la poursuite du Vif d'Or, mais il s'était déjà trop éloigné, et un Cognard lancé avec force par un batteur de l'équipe adverse lui barra la route.

Il reprit le fil de ses pensées tout en focalisant son attention sur le moindre scintillement dans l'air qui pourrait indiquer la présence du Vif.

Qui pouvait lui avoir volé ce à quoi il tenait le plus à part un de ses pires ennemis, la personne qui l'aimait le moins ?

Le portrait craché de cette personne était Drago Malefoy, et plus Harry réfléchissait, plus il se disait qu'il avait suivi un bon raisonnement : Malefoy était le suspect numéro un.

C'est alors qu'il faillit tomber de son balai : là-bas, dans les gradins de Gryffondor, il avait aperçu… « Malefoy ! Quand on parle du loup, il montre sa queue… songea le jeune garçon. Qu'est-ce qu'il fait dans nos tribunes ? Ma parole ! Ce n'est pas vrai ! »

Il lança un Optico Augmento sur ses lunettes pour améliorer sa vue, mais cela ne fit que confirmer ce qu'il avait cru voir… Malefoy s'asseyait à côté de Jo ! Le sang de Harry ne fit qu'un tour et il voulut aussitôt s'élancer sur le Serpentard, mais la voix de Dean qui commentait le match le ramena à la réalité : les Poufsouffle menaient cent-vingt à quatre-vingt ! Comment ses coéquipiers s'étaient-ils laissé distancer, il n'en savait rien, mais en croisant le regard suppliant de Katie Bell, il sut que tous comptaient sur lui plus que jamais.

Le sort qu'il avait lancé sur ses lunettes lui permit de localiser le Vif qui voletait de-ci de-là à basse altitude. Il s'agrippa au manche de son balai, fondit sur lui, comme un aigle sur sa proie, rapide et silencieux, et l'attrapa triomphalement tandis que les tribunes de Gryffondor explosaient de joie. Harry porta ses regards sur ses amis : Ron, en tant que fidèle supporter, sautait sur place, et Hermione lui sourit lorsqu'il la regarda, et elle leva son pouce, ce qui signifiait « Chapeau ! » ou plutôt « Je te tire ma révérence ! » d'après le langage de la jeune sorcière.

Mais ce qui attrista Harry au plus haut point, ce fut de ne pas voir Jo à leurs côtés. Elle qui l'avait toujours supporté dans ses folies de gamin ne se trouvait pas là pour assister à sa victoire. Il ne voulut pas croire qu'elle était partie avec Malefoy, lorsqu'il constata que la place de celui-ci était également vide.

Il polissait rageusement le bois de son balai lorsque Hermione et Ron le rejoignirent, encore stupéfaits de sa « victoire-éclair ».

- On a gagné, on a gagné ! chanta Ron en s'écroulant sur le banc.

- On dirait qu'être simple spectateur te fatigue encore plus que d'être un joueur de quidditch, remarqua Hermione.

En effet, Ron était en nage, épuisé et respirait bruyamment ; quant à Harry, il avait gardé son calme et, malgré son souffle court, on voyait qu'il était en bonne forme.

Hermione suivit le mouvement sec des mains du jeune sorcier sur son balai. Elle comprit rien qu'à cela l'état de son ami.

- Où est Jo ? s'enquit-il d'un ton détaché, voyant que son amie avait deviné la cause de son souci.

Ron arrêta aussitôt ses inspirations de sauvé de la noyade et échangea un regard lourd de sens avec Hermione qui ne lui échappa pas.

- Dites-le moi. Je voudrais juste être au courant de ce que fait ma meilleure amie, demanda Harry. Enfin, une de mes meilleures amies, ajouta-t-il précipitamment en apercevant le visage peiné d'Hermione.

Ce mot avait franchi ses lèvres sous l'effet de la colère, mais il ne voyait que peu de ce qu'avait ressenti Hermione. Elle qui se croyait depuis toujours LA meilleure amie de Harry et espérait tellement devenir plus avait reçu un dur coup, qu'elle cacha au fond d'elle-même.

- Je ne sais pas ce qui lui a pris, commença-t-elle. Ni à Malefoy, d'ailleurs : s'asseoir dans les rangs des Gryffondor, cela ne le tente pas tellement, d'habitude.

- Ni parler à une Gryffondor, et il ne s'est pas gêné pourtant. Il n'a pas arrêté de chuchoter à l'oreille de Jo. A la fin, elle nous a dit qu'elle avait un truc important à régler, et elle a suivi Malefoy avant qu'on ai pu l'en empêcher, dit Ron.

- A mon avis, il y a une affaire pas claire la-dessous, argumenta Hermione. Elle sait bien que c'est notre pire ennemi ! Et elle était toute pâle quand elle est partie.

- Malefoy ! Jo n'aurait pas…

Mais Harry se tut au milieu de sa phrase : il ne l'avait pas rêvé, cette rougeur subite qui était montée aux joues de son amie dans le hall, lorsqu'ils avaient croisé Malefoy seul, juste avant le « cambriolage » de son placard. Cela le fit repenser aux étincelles surgissant des paumes des deux jeunes sorciers…

Tout devenait de plus en plus obscur. Harry ressentit le besoin impérieux de parler à son parrain, peut-être saurait-il démêler quelque chose de ce fouillis qui embrouillait les sens de son neveu ?

Un froid glacial régnait dans la grande bâtisse. Les tentures aux tons verts passés claquaient dans le vent qui s'engouffrait par la porte ouverte. Une odeur de renfermé, une odeur de choses qui n'avaient pas senti l'air frais depuis longtemps, s'accrochait aux capes noires des cinq ou six sorciers réunis dans la salle principale.

Aucun feu n'y brûlait, comme pour accentuer le froid polaire, et seule la lumière pâle du dehors éclairait la scène. L'homme qui se tenait devant eux, debout sur une marche de pierre, semblait abîmé dans la contemplation du mur nu qui lui faisait face ; mais, en réalité, il était perdu dans ses pensées.

Un sorcier, assis comme ses confrères sur une simple chaise de bois, se permit de l'interrompre :

- Quels sont vos plans, Maître ?

L'homme se retourna pour leur faire face, leur dévoilant le pire visage que la terre ait jamais porté, trop horrible et irréel pour être décrit. Les deux fentes rougeoyantes qui lui tenaient lieu d'yeux s'ouvrirent et se posèrent sur celui qui avait parlé.

- La curiosité est un vilain défaut, Lucius. Mais je vais vous satisfaire quand même ! siffla-t-il de sa voix rauque. Venez donc que je vous le dise…

Le Mangemort se leva avec peine. Malgré sa forte carrure et la faiblesse apparente de l'être en face de lui, il avait l'air d'avoir peur de son Maître. Il resta prudemment sur la marche en dessous de lui, la capuche toujours rabattue sur son visage.

- Je veux que tout fonctionne à la perfection, cette fois, Lucius ! Je veux que ce satané petit sorcier me soit livré avant la fin de l'année, sans faute ! Je ne veux plus qu'il m'échappe… J'en ai assez, entends-tu, assez que Potter me barre la route. Tu dois l'éliminer ! grinça Voldemort en attrapant son serviteur par le col. Cette fois, j'ai toutes les cartes en main… Et je compte bien m'en servir !

Le dénommé Lucius, nerveux, acquiesça.

- Rien ne pourra vous arrêter, Maître.

- Tu sauras me seconder comme je l'espère, n'est-ce pas ? Tu seras mon bras droit, et si tu me désobéis… Si tu me mens… Tu sais ce qu'il t'arrivera.

- Ou…Oui, Maître. Je le sais et je vous jure de me montrer digne de la confiance que vous me portez.

- Bien, bien, Lucius. Tu as bien retenu tout ce que je t'ai enseigné. Il te faudra commencer par faire souffrir celui qui m'a trahi… Mais je sais que cela, tu t'en acquittera volontiers. Tu sais toujours ce qu'il faut faire pour rendre la vie impossible à tes ennemis…

Le Mangemort inclina la tête. Il n'aurait pas de mal à se renseigner au sujet du déserteur, puisqu'il le connaissait déjà. Et si bien ! Le traître allait payer le prix fort pour son revers, dès qu'il aurait trouvé le moyen de s'en débarrasser.

Voldemort congédia les autres Mangemorts d'un geste de main : il voulait rester seul avec Lucius. Pour assurer la totale réussite de son plan, il ne fallait que peu en dire, et seulement à ceux en qui il plaçait son estime.

- Que m'a-t-on appris, récemment, déjà ? s'enquit naïvement Voldemort. A propos du demi-frère de ton épouse…

Lucius sursauta violemment. Comment était-ce arrivé aux oreilles de son Maître ?

- Ah oui, continua le sinistre personnage. Qu'il a trouvé plus puissant que lui dans le domaine de la magie noire… Est-ce vrai ?

- C'est vrai, Maître, répondit Lucius. Mais…

- Et, sans me le demander, il a transféré ses pouvoirs, c'est cela ? Réponds, Mangemort. Est-ce la vérité ? demanda-t-il durement, en voyant son interlocuteur pâlir.

- C'… C'est exact, souffla celui-ci d'une voix cassée.

- J'ai du l'apprendre par l'extérieur pour être au courant, dit Voldemort, doucereux. Tu ne me l'aurais pas dit, toi ? Passons. Il doit être puni, tu le sais. Je te charge de cela.

Le visage de Lucius prit une teinte terreuse sous son capuchon, mais les yeux de braises dardés sur lui lui interdirent de flancher. Il ne pouvait pas reculer. Il devait tuer un membre de la famille de sa femme…

- Tu sais ce que je veux, après cela.

- Que je m'informe au sujet de cette personne à qui il a légué ses dons, Maître.

- Pas tout à fait. Je sais déjà de qui il s'agit. Mais, viens plus près, que je te dise ce que tu dois faire… Une occasion comme celle-là est à ne pas manquer, Lucius. A ne surtout pas manquer, finit-il, un sourire affreux étirant ses lèvres minces…

-----------------------------------------------------------------------------------------------------

°actualisation!°

J'espère que ça fait plaisir à certains! Je sais, je suis une bad, bad, bad auteur qui a laissé tomber tout le monde comme ça, mais pardonnez-moi!

J'en profite pour vous souhaiter une BONNE ANNEE 2006, plein de bonheur et de joies et tout ce que vous voulez!

A bientot,

Athéna