Honnête Iago
Avertissement :
Âme pure, chaste et sensible s'abstenir… et même plus… comment dire… C'est destiné à un public averti.
Chapitre 5
~ la fumée du Kelpy's~
Dimanche 23 Octobre, 11h02pm.
Londres, Quartier magique du Chemin de Traverse, Impasse des Mauvais-Rêves.
La brume était tombée sur la ville en même temps que le nuit. Il ne se détachait plus, dans cet épais voile sombre et cotonneux, que les halos informes des lampadaires jaunâtres.
L'impasse des Mauvais-Rêve était particulièrement sombre, il n'y a avait en tout et pour tout que deux malheureuses lueurs fantomatiques, comme des phares plantés là pour sauver les passants dont les pas se seraient égarés dans ce lieu de perdition. Pour les autres, ceux venus en quête d'un moment d'oubli dans les bras des hétaïres d'un paradis artificiel, une lumière rouge leur indiquait le chemin de ce qu'ils étaient venu chercher.
Des pas résonnaient sur les pavés humides. Mais la nuit cachaient ceux qui étaient là. Combien étaient-ils ? Qui étaient-ils ? Arrivaient-ils ou partaient-ils ? Peter ne savait pas et, quelque part, il n'avait pas envie de le savoir. Ces gens étaient là, c'est tout.
Il resserra sa cape autour de lui. L'humidité le glaçait jusqu'aux os. Il avança sur les pavés glissant vers la lueur rouge.
Qu'était-il venu faire ici ? Dans ce lieu où le bonheur s'achètaient et se vendaient ? Bonheur éphémère pour qui pouvait aligner les Gallions.
Autour de lui, de temps à autres, des silhouettes passaient, informes et anonymes, dans la brume.
Peter avança encore.
Il était venu chercher quelqu'un.
Peter s'approcha peu à peu de la lueur rouge. Il s'immobilisa devant une porte de bois sombre. La lampe était accrochée au-dessus.
Une plaque de cuivre gravé était fixée sobrement sur le battant.
« Kelpy's »
La porte s'ouvrit devant Peter sans même qu'il est à faire un geste. Comme si on l'attendait.
Il se faufila à l'intérieur rapidement. Fuir la brume. Fuir la nuit. Fuir le monde pour un instant.
Peter fut accueilli par une femme d'un certain âge qui avait dû être belle dans sa jeunesse. Elle lui sourit sans lui dire un mot. Elle se trouvait dernière une sorte de comptoir en bois sombre et brillant, dans une pièce octogonale à l'ambiance feutrée d'où partaient huit portes.
Peter posa plusieurs pièces sur le comptoir en les gardant dissimulé sous sa main. La femme posa sa main sur la sienne et prit les pièces sans qu'elle ne soit jamais découverte. Peter se pencha vers cette femme et lui murmura quelque chose.
Elle plissa les yeux. Elle disparut par une porte qui se trouvait derrière elle. Elle réapparut une poignée de secondes plus tard. Son visage ne portait aucune expression. Elle se pencha vers Peter et lui murmura quelque chose en lui indiquant une porte un peu plus loin.
Peter se détourna du comptoir. Une jeune femme de type asiatique vint à sa rencontre et le débarrassa de sa cape. Elle lui donna une sorte de bague en échange et disparut.
Peter se dirigea vers la porte qui lui avait été indiquée. De l'autre côté se trouvait un long couloir faiblement éclairé et, au bout de ce couloir, il y avait un escalier descendant. Il émanait de l'étage inférieur une lueur rougeâtre dansante comme les feus de l'enfer. Une musique ressemblant à un battement de cœur vibrait lentement. Une odeur de parfum et d'encens diffusait dans l'air.
Peter sentit son pouls battre dans ses tempes. Il ferma lentement les yeux et les réouvrit. Il s'avança vers l'escalier. Il n'était encore jamais venu dans cette partie du Kelpy's.
Il descendit les marches.
La lumière rouge devint orange puis dorée. La musique devint plus présente, lancinante, presque oppressante dans son rythme lent et régulier. L'odeur d'encens était entêtante.
L'escalier aboutit sur un palier qui donnait sur une pièce dissimulé derrière un rideau de mousseline.
Un rond brillant incrusté dans le sol attira l'attention de Peter. Une plaque ronde et dorée.
Un Gallion.
Il ne savait pas encore ce que contenait la pièce où il allait entrer mais les faveurs qu'il y trouverait lui coûteraient un Gallion juste pour qu'elles s'assoient à sa table.
Peter poussa le rideau et entra.
La pièce était large et ronde, décoré de manière orientale et faiblement éclairée par des lampes disséminé çà et là qui diffusaient une lumière mordorée. Des alcôves, avec des banquettes en velours sombre avec des coussins assortis et des tables, faisait le tour de la pièce. Trois arcades donnaient sur d'autres salle où se trouvaient d'autres alcôves qui se dissimulaient, celle-ci, derrière des rideaux pour les groupes qui désiraient s'isoler.
Au centre de la pièce, des coussins et des fauteuils avait été installés. Des femmes y étaient installées, lascive ou animée, semblant attendre quelque chose. Toutes, magnifiques, étaient vêtue de manière à dévoiler leurs charmes sans, pour autant, rien montrer, le plus professionnellement du monde.
Elles portaient toutes une écharpe de mousselines rouge sang autour du cou et dont les pans retombaient dans leur dos.
Peter scruta cette population. Il eut un frisson. Elles… et ils. Peter croisa le regard d'un homme qui portait l'écharpe des prostituées en guise de brassard.
L'homme sourit.
Peter détourna vivement le regard. Il ferma les yeux et essaya de maîtriser sa respiration.
Il réouvrit les yeux et balaya la salle du regard. Il était venu chercher quelqu'un.
Son regard se fixa sur une alcôve près de l'une des arcades, à droite. Sans prêter vraiment attention aux gens qui se trouvaient dans la pièce, Peter se dirigea rapidement vers cette table où se trouvait une personne seule. Il s'assit de manière à lui faire face.
Sirius Black ne réagit pas tout de suite au fait que Peter venait de s'asseoir à sa table. Il semblait dormir les yeux ouverts. Perdu dans une torpeur artificiel.
Peter jeta un coup d'œil à ce qui était posé sur la table.
Au centre, il y avait une plaque noire autour de laquelle il y avait sept minuscules bougies qui éclairaient à peine. Une coupelle contenait un cône d'encens d'où s'élevait un filet de fumée parfumée. Un cendrier contenait un morceau de papier froissé, une fine tige argentée et des cendres grises. Une longue et fine pipe en bois et en nacre était posée à côté, quelques poussières de tabac traînaient. Un verre d'un liquide trouble était posé devant Sirius. Il semblait y avoir à peine touché.
« Bonjour Wormtail. »
La voix de Sirius était atone, comme s'il sortait d'un long sommeil. Il avait du mal à parler.
« Bonsoir Padfoot. » Répondit Peter
Il dévisagea son ami.
Sirius avait les traits tirés, les cheveux en bataille, ses vêtements étaient froissés, ses joues s'ombraient d'une barbe naissante. Depuis combien de temps était-il ici, assis dans ce salon ? Dans cet endroit qui ne fermait jamais ses portes ?
« Bonsoir ? » S'étonna mollement Sirius.
Peter croisa le regard de Sirius. Les yeux de son ami était injecté de sang, ses pupilles très dilaté.
Sirius n'était pas dans son état normal… ce n'était pas dû à l'alcool car il n'en buvait que peu (D'ailleurs il avait à peine touché à son verre.) car ça diminuait ses performances, comme il disait.
Les yeux de Peter tombèrent sur la fine pipe et les miettes qui traînaient sur la table. Il n'y avait pas là, en fin de compte, que du tabac. Les yeux de Peter glissèrent sur le cendrier. Sirius avait beaucoup fumé.
« Que fais-tu là, Wormtail ? » Articula péniblement Sirius.
« J'ai appris pour Regulus. » Répondit brièvement Peter.
Sirius se mit à rire. Un rire nerveux, sec et artificiel.
« Bien sûr que tu dois avoir appris pour mon frère… pour la fierté de la famille Black... »
Sirius fut repris d'un rire sec et nerveux.
« …Pour l'enfant prodige… »
Peter jeta un regard inquiet à son ami.
« … Pour ce Mangemort d'à peine quinze ans. »
Sirius s'animait.
« … Pour mon petit frère et pour sa mort… »
Sirius ne riait plus. Il fixait un point sur la table.
«… pour sa mort. »
La voix de Sirius tremblait. La fumée narcotique faisait divaguer son esprit.
Silence. La musique de fond sembla résonner plus fort.
- Que fais-tu là, Peter ? Re-demanda Sirius.
- Je… On s'inquiétait.
- 'On' qui ? S'inquiétait de quoi ?
Peter ne répondit pas tout de suite, quelque chose chez son ami le troublait et lui faisait peur.
- Qui ? Pourquoi ? Je ne sais même pas comment il est mort ! Reprit Sirius de plus en plus énervé. C'était le seul membre de ma famille avec qui j'avais encore des relations, il est passé à l'ennemi et ça l'a tu !
- Sirius…
- Hein ? De quoi vous inquiétez-vous ? Du fait que c'est peut-être l'un d'entre vous qui l'a tu ? De ce que je pourrais faire ? Que je pourrais rejoindre ma famille ? Les liens du sang ne sont-ils pas les plus fort ?
Silence. La fumée de l'encens engourdissait les esprits.
« Parfois je me demande... » Reprit Sirius d'une voix blanche. « …contre quoi nous nous battons…. »
Peter parut choqué par cette phrase.
« …Nous tuons nos propres frères. Quand nous les blessons, c'est nos propres familles que l'on blesse. Parfois je me demande où est le bien et où est le mal… Ils tuent, et nous tuons. Ils nous espionnent, et nous les espionnons. Ils nous trahissent, et nous les trahissons. Sommes-nous meilleur qu'eux ? »
« Sirius ! » S'écria Peter que les paroles de son ami horrifiaient. « Tu divague complètement ! Ce sont nos ennemis, des monstres sanguinaires ! »
« C'était mon frère… mon seul et unique frère !… »
Silence.
« …Ouvre les yeux Peter ! Pour quoi nous nous battons ? Pour nos familles ? Nous les assassinons aussi bien qu'ils les assassinent »
« Tais-toi ! » Cria Peter. « Tu deviens complètement fou, ils sont le mal ! »
« Le mal change selon le côté où on se trouve. le mal, c'est toujours les autres… Ceux qui perdent à la fin… »
Sirius prit son verre dans un geste maladroit et le leva.
« Gloire aux vainqueurs… Gloire aux vaincus… et malheur pour tous ! »
La voix de Sirius était armer comme le fiel. Il reposa son verre. Son geste, mal contrôlé, renversa un peu du contenu du verre sur la table.
Silence. Musique. Fumée.
Peter regardait fixement Sirius. Son ami ne semblait ne plus se rendre compte de ce qu'il disait et ne se souviendrait sans doute même pas l'avoir dit. Il était dans une sorte de transe… Dans un état qui n'avait rien à voir avec de l'alcool ou les effets de ce qu'il avait pu fumer
Silence lugubre.
Peter jeta un regard dans la salle où des gens allaient et venaient, mollement, lentement, comme dans rêve lugubre. Il n'osait pas se lever et partir, mais avait peur de rester.
Le silence s'éternisa.
Un couple se leva à une table proche, passa devant leur table et disparurent dans la pièce de l'autre côté de l'arcade la plus proche. En passant, ils dérangèrent le rideau de l'une des alcôve.
Peter les avait suivis des yeux. Il remarqua le fin espace qui s'était formé entre le rideau et le mur. Il détourna les yeux.
Devant lui, Sirius regardait le vide.
Silence. Autour d'eux le monde continuait sa marche.
« Wormtail ? »
Peter sursauta.
« Il n'y a ni bien, ni mal… seulement la mort ! »
La voix de Sirius était atone.
Nouveau silence.
Peter ne savait pas comment réagire. Il s'était inquiété et il avait eu raison. Cette nuit Sirius semblait avoir sombré dans la folie. Mais il ne savait pas comment réagir, ni quoi faire.
Le silence s'installa.
Comme attiré par un aimant et sans qu'il s'en rende vraiment compte, Peter s'était mis à regarder le rideau déplacé de l'alcôve un peu plus loin.
Il y avait de la lumière… Il y avait quelqu'un… Peter ne pouvait pas le voir directement il apercevait son reflet dans un miroir… le reflet de son visage, de ses épaules, de son torse.
C'était un homme qu'il ne connaissait pas. Entre deux âges. Vêtu d'une robe de sorcier de couleur ocre. Il semblait être assis, adossé à un mur. Il avait les yeux fermés. Immobile. Il avait l'air de dormir.
Peter, perplexe, ramena son regard à Sirius. Ce dernier avait posé la nuque sur le dossier de son siège, les yeux fermés, et ne disait rien. Pourtant de petits mouvements nerveux de ses doigts indiquaient qu'il ne dormait pas. En fait il semblait être en train de reprendre doucement conscience.
les effets de la drogue s'estompaient de plus en plus.
Peter décida de rester et d'attendre que son ami ait les idées plus claires pour pouvoir recommencer la conversation de manière plus saine.
Il sortit une plusieurs pièce de sa poche et les posa sur la plaque noir qui se trouvait au centre de la table.
L'argent se volatilisa et un verre apparut devant Peter.
Seul face à son verre, Peter ne put s'empêcher de laisser une nouvelle fois ses yeux glisser vers le rideau et le miroir.
L'homme était toujours là. Assis, dos au mur. Il avait entrouvert les lèvres. Il tremblait. Il fit un geste du bras… de la main… Un morceau de mousseline rouge sang se refléta brièvement avant de retomber vers le sol. La prostituée devait se trouver devant l'homme… à genoux…
Peter détourna vivement les yeux en comprenant ce qu'il était en train d'épier.
Il fixa son attention sur son verre. Devant lui Sirius n'avait pas beaucoup bouger. Il avait ouvert les yeux et regardait le vide.
L'odeur de l'encens devenait de plus en plus prégnante. Le battement lent et régulier de la musique était hypnotique. La lumière enveloppante. La chaleur de l'alcool lui faisait battre le sang dans les tempes. Peter sentait son corps se détendre de plus en plus et son esprit perdre un peu pied. Avec une curiosité malsaine, il ne put s'empêcher de jeter des coups d'œil au rideau et au miroir.
Peu à peu ses coups d'œil se firent plus nombreux, plus longs, plus insistants. Finalement il ne put plus détacher ses yeux de ce qu'il voyait.
La lumière, l'encens, la musique, l'alcool, voir ce qu'il n'aurait pas du voir l'excitait… l'excitait terriblement. Il n'arrivait plus à penser normalement. Mais on ne venait pas dans les salons du Kelpy's pour penser normalement. Où était le mal ? … et … où était le bien ?
L'homme dans le miroir se cambra et se raidit sous l'effet de la jouissance.
Peter frissonna violemment.
Il ferma les yeux, le cœur battant, les muscles raides, pour essayer de se calmer un peu. Quand il les réouvrit, il les tourna immédiatement vers le miroir. Il désirait… voulait… voir avec qui était l'homme. Besoin de savoir… connaître ses lèvre … envie de sa bouche…
Impatient.
Avec qui ?
Fébrile.
Qui ?
Il y eut du mouvement dans l'alcôve. Une silhouette avec une écharpe de mousseline rouge apparut entre l'homme et le miroir. Peter eut un saisissement. C'était un homme. L'espace d'une seconde le reflet fut plus précis.
Peter eut un très violent haut-le-cœur. Il se détourna précipitamment, une main sur la bouche pour s'empêcher de vomir.
« Remus travail ici ce soir ! » Murmura Sirius qui, bien qu'encore légèrement anesthésié par la drogue, avait observé les agissements et le violente réaction de Peter.
Peter, plié en deux par le dégoût, peinait à reprendre son souffle. Avait du mal à se ressaisire.
Sirius continua à le regarder sans rien dire. Son visage était inexpressif.
Le temps s'écoula rythmé par la musique, embrumé par la fumée de l'encens, dans une lumière mordorée.
Sirius sembla sortir de son apathie. Il se redressa lentement dans son siège. Ses gestes étaient lourds et maladroits. Il sortit de l'une de ses poches un étuis en cuir. Il l'ouvrit et en sortit une pincé de tabac et un bâtonnet sombre. D'un geste il passa l'extrémité du bâton dans la flamme de l'une des bougies.
Les mouvements de Sirius permirent à Peter de fixer son attention sur quelque chose et de se ressaisir complètement, ou presque.
Sirius effrita la partie du bâtonnet qu'il avait passé dans la flamme au creux de sa main. Il mélangea ces scories de résine sombre avec le tabac. Il referma les doigts autour du mélange. De son autre main, il rangea le bâtonnet de résine dans l'étuis et remit celui-ci dans sa poche. Ensuite, il prit la fine pipe de bois et de nacre qui était sur la table. Il y déposa le mélange de tabac et de résine. Il prit sa baguette magique dans un plis de ses vêtements et s'en servit pour embraser le tabac.
Il y eut un petit crépitement et une odeur douce et acre se répandit.
Sirius aspira profondément la fumée narcotique. Il bloqua sa respiration et ferma les yeux.
La musique de font était lancinante.
Il réouvrit les yeux et souffla lentement la fumée.
Devant lui, Peter le fixait avec un regard désapprobateur.
Sirius reprit une bouffée de fumée. D'une geste lent, il remonta ses manches.
Peter tressaillit et fixa le bras gauche de son ami. Son visage avait pris une expression de dégoût et de colère lorsqu'il attrapa le poignet de Sirius pour le forcer à allonger le bras pour revoir ce qu'il avait tout juste eut le temps d'apercevoir.
Sirius se débattit mais Peter parvint à lui faire allonger suffisamment le bras pour confirmer ce qu'il avait vu.
Peter lâcha le bras de Sirius avec dégoût.
Machinalement, Sirius massa l'intérieur de son coude gauche. Il avait une ecchymose avec une infime écorchure au centre, comme s'il s'était enfoncé quelque chose dans le bras.
« Tu t'es complètement défonc ! » S'écria Peter, haineux. « Ta fumée ne te suffisait pas ?! Il fallait absolument que tu te flanque cette saloperie dans les veines ? »
Cette saloperie… une technique d'origine moldue associé à un produit sorcier aux effets dévastateurs… l'un des stupéfiants les plus fort et dangereux en circulation dans le monde sorcier.
Sirius jeta un regard noir à son ami.
- Tu parle comme Evans ! Siffla Sirius entre ses dents.
- Je me fiche de parler comme Lily ! Répliqua Peter, cassant. Tu es en train de te détruire.
- Et si ça me plait, de me détruire ! Que ce soit ça ou autre chose qui me tue, de toute façon je vais mourir ! je n'y peux rien. Répondit Sirius avec cynisme et fatalisme.
- Où est le Griffondor qui était en toi ? S'énerva Peter.
- Dans une tombe avec mon frère ! Répondit violemment Sirius. Dans le berceau de ma fille que je n'ai pas le droit de voir ! Dans la maison de ma famille abhorr ! Dans un nom que je déteste ! Dans cette guerre sanglante et fratricide qui nous entoure !
-Et tu crois que la drogue va résoudre tes problèmes ?
- Mes problèmes ? Répéta Sirius, glacial. Qu'est ce que tu en sais de mes problèmes ? Toi Peter Pettigrow ?!…
Sirius dévisagea Peter des pieds à la tête.
- … Qu'est ce que tu peux savoir de ce que je vis, de ce que je ressens ? Reprit Sirius avec mépris et supériorité. Ta famille n'est rien et n'intéresse personne. Tu es insignifiant. Sans moi, James ou Remus tu n'aurais pas plus d'intérêt qu'une plante verte…
Peter s'était pétrifié.
-… Hein ? Qu'est ce que tu peux savoir de mes problèmes ? Toi, Honnête Peter ?! Toi que le doute ne traverse jamais, toi qui obéit servilement aux ordres de Dumbledore ou de James. Toi le valet d'Evans… Toi, dont la vie privée se résume à choisir, le soir, avec quelle main tu vas te branler !
- BLACK ! Rugit Peter en se levant d'un bond.. Me voilà bien récompensé de m'être inquiété pour ton auguste personne ! Défonce toi autant que tu peux et crèves-en puisque c'est ce que tu veux ! Crève, c'est tout ce que tu mérite !
Peter quitta la table brusquement. Dans son mouvement, il entraperçut le miroir de l'alcôve où se reflétait une épaule masculine dénudée. Il eut un haut-le-cœur.
Fuir ces gens, ses amis qui, ce soir, lui donnaient envi de vomir.
Fuir cet endroit de perdition.
Fuir.
Sirius regarda Peter traversé le salon et disparaître derrière le rideau de l'entrée.
Crève…
Ses idées se bousculaient dans sa tête à lui faire mal. Toutes les plaies que la drogue avait anesthésié s'étaient réouvertes.
Il avait mal…
… si mal.
Il avala un bouffé de fumée narcotique mais cela n'eut aucun effet. Il avait besoin de quelque chose de plus fort. Il avait besoin d'oublier.
Sirius sortit une pièce d'un Gallion qu'il posa sur le rebord de la table, côté pile vers le haut, de manière à ce qu'elle soit visible du centre du salon. Il scruta, du regard, la foule des prostituées.
Peu de temps après, une jeune femme noire en robe ocre et rouge s'approcha de lui. Elle s'assit contre lui, féline. Elle posa l'index sur le Gallion et celui-ci se volatilisa.
La jeune femme murmura quelque chose à l'oreille de Sirius. Elle posa une main fine et gracile sur la cuisse de Sirius et, dans une infinie lenteur, elle la fit glisser.
Sirius prit cette main dans la sienne et stoppa la caresse. Il posa la tête au creux de l'épaule de la jeune femme et lui murmura quelques mots en lui mettant plusieurs pièce dorée dans la main.
La femme se dégagea doucement. Elle posa l'une des pièces sur la table, plaqué par son index. La pièce ce volatilisa. Elle glissa les autres pièces dans un repli de sa robe. Elle sortit un étui en cuir blanc. Elle l'ouvrit et sortit un flacon qu'elle posa sur la table.
Un liquide bleuté.
Elle sortit de l'étui une fine seringue de verre ainsi qu'une boite qui contenait de petits sachets, fins et allongés, en papier. Elle en prit un et rangea la boite. Elle déchira l'extrémité du sachet pour faire apparaître le bout d'une aiguille métallique qu'elle fixa à la seringue. Elle posa cela sur la table en laissant momentanément le papier sur l'aiguille.
La jeune femme retira son écharpe de mousseline rouge sang et la noua sur le bras de Sirius, serrée, juste au-dessus du coude. Elle posa ce bras sur ses genoux.
Elle prit alors le flacon, le déboucha et le reposa sur la table. Elle prit la seringue, retira le papier qu'elle froissa et jeta dans le cendrier. Elle passa l'aiguille dans la flamme de l'une des bougies. Elle reprit le flacon, plongea l'aiguille dans le liquide bleuté et remplit la seringue. Elle reposa le flacon et élimina les bulles d'air qui auraient pu se trouver dans la seringue. Elle examina le bras de Sirius. Les veines n'étaient pas très apparentes. Sans trembler, elle enfonça l'aiguille dans la chaire.
Sirius frémit.
La jeune femme releva les yeux et planta son regard dans celui de Sirius. Elle appuya sur le piston de la seringue. Le liquide bleuté disparut dans la veine.
Elle retira la seringue en appuyant fortement sur l'infime plaie faite par l'aiguille pour éviter que cela saigne. Elle posa la seringue sur la table et défit le foulard.
Sirius plia son bras en le gardant contre lui.
La femme détacha l'aiguille et la jeta dans le cendrier. Elle reboucha le flacon. Elle rangea seringue et flacon dans l'étuis qu'elle dissimula à nouveau dans un plis de sa robe. Elle remit son écharpe autour de son cou.
Elle se pencha vers Sirius. Elle lui caressa doucement la joue. Elle posa ses lèvres sur le lobe de son oreille.
« Fais de beau rêve » Murmura-t-elle.
Elle se redressa, se leva et s'éloigna. Elle ne pouvait rien faire de plus pour lui.
Sirius, les yeux entrouverts, les pupilles fortement dilatées, sentait la brûlure douloureuse de la drogue qui lui courait sous la peau. Son cerveau s'embruma peu à peu. Devant lui, sur la table, le verre de Peter lui faisait comme un reproche.
Sirius ferma les yeux.
« Peter… fidèle Peter… Tu ne pourras jamais comprendre. »
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