Honnête Iago
Chapitre 7
~ sombre~
Vendredi 2 avril. 11h23pm.
Quelque part près de Portsmouth, Grande-Bretagne.
La silhouette élancée et sombre de Sirius Black se découpait dans le clair de lune.
La lumière de l'astre de la nuit baignait la rue et les maisons alentours dans une lueur bleutée qui annonçait la pleine lune toute proche L'astre était si brillant qu'il en éclipsait tous les autres. Le ciel était noir, vidée de ses étoiles, celle-ci ayant comme été chassé par l'omniprésence de la lune.
Un paquet sous le bras, le jeune Black remontait la rue principale du petit port de pêche de Sandgarden. A cette heure tardive, la rue était déserte et aucune lueur ne brillait aux fenêtres. Personne ne pouvait voir le jeune sorcier avancer d'un pas rapide sur les pavés de la rue, l'esprit ailleurs.
Adhara.
Les yeux de Sirius étaient perdus dans la contemplation d'un point très loin de lui. Il avançait comme prisonnier d'un cauchemar sans fin. Il respirait. Son cœur battait. Ses pieds se posaient l'un devant l'autre.
James.
Sirius s'immobilisa quand le bruit de ses propres pas ne résonna plus contre les murs des maisons. Il était sorti du village. Machinalement, le jeune sorcier quitta la rue transformée à présent en route et se dirigea vers un chemin qui conduisait vers les dunes et la mer.
Un vent chargé d'une odeur iodée se prit dans les cheveux de Sirius. Les rayons du clair de lune se découpèrent en multiple faisceaux bleutés, lacérés par les branches des arbres de la forêt maritime, jouant à dessiner des formes fantasmagoriques et cauchemardesques sur le sol.
Le jeune Black avança lentement sur le chemin qui peu à peu se transformait en sentier envahi par le sable. Au loin, le ressac des vagues murmurait une mélodie triste et monotone. La forêt devint légèrement plus dense avant de s'éclaircir. A présent il n'y avait plus de sentier. Entre les arbres, on apercevait les crêtes herbeuses d'une haute et vaste dune.
Un nuage passa. Le monde fut plongé dans l'obscurité.
Sirius ne continua pas vers la dune et la mer. Il se fraya un passage dans un buisson de chênes verts qui se trouvait sur sa gauche et continua à travers bois. Il avança droit devant lui, jusqu'à ce qu'une lueur apparaisse entre les arbres. Sirius s'immobilisa, marqua une hésitation et accéléra le pas vers la lumière.
La silhouette d'un antique manoir de pierre se profila alors que la forêt se clair-semait de plus en plus. Le bruit de la mer s'était étouffé. La lune avait réapparu.
Sirius s'immobilisa totalement en lisière d'une vaste étendue herbeuse qui entourait le manoir. Il fixa les fenêtres encore illuminées en cette heure tardive. Un instant il hésita. Il posa son paquet sur le sol et se transforma en gros chien noir. Comme une ombre de la nuit, le jeune Black traversa la distance qui le séparait du manoir et se dirigea vers une porte-fenêtre qui donnait dans un grand salon fortement illuminé.
Dans la pièce, il y avait plusieurs personnes. Tout d'abord , il y avait le maître des lieux : Aldalus Parkinson, le patriarche de la famille Parkinson. Ensuite il y avait l'aîné de ses fils : Jeffery. L'homme d'une trentaine d'année déambulait d'un côté à l'autre du salon d'un pas agacé en faisant de grands gestes des bras. Puis venait la fille d'Aldalus : Oriana. La jeune femme regardait son père dans une posture strict. Au fond, adossé à la cheminée, il y avait Lucius Malfoy qui échangeait des propos animés avec Jeffery.
Belle brochette de Manges-Morts.
Jeffery s'immobilisa soudainement. Lucius se tut et défia le jeune Parkinson du regard. Jeffery eut un mouvement brusque en direction de l'héritier de la famille Malfoy. Une main de femme apparut de derrière un fauteuil et se posa sur le bras du jeune Parkinson.
Jeffery sembla se calmer. Il posa sa propre main sur la main de la femme. Il la serra, la porta à ses lèvres et y déposa un baiser. Malfoy éclata d'un rire supérieur.
La main de la femme quitta celle de ce qui devait être son amant et pointa un doigt menaçant vers Lucius. Le visage du sorcier se contracta. La main de la femme se posa sur l'accoudoir de son fauteuil. La femme se leva.
Sirius, qui avait assisté à la scène sans entendre les propos échangés, grogna. Un grognement de tristesse et de colère. La rumeur était donc vrai.
Adhara O-Tailer se tourna vivement vers la porte-fenêtre, alertée par le bruit. Oriana, alertée aussi, saisit sa baguette et s'approcha rapidement de la fenêtre. Les hommes, par réflexe, s'armèrent eux aussi.
Comprenant qu'il avait fait une erreur, Sirius, toujours en animagus, traversa une nouvelle fois l'étendue herbeuse et récupéra son paquet.
Jeffery et Oriana étaient à présent sur la terrasse devant la porte fenêtre. Plus que menaçant.
Adhara sortit et pointa du doigt la forêt là où venait de disparaître Sirius.
« CRAC »
Sirius Black atterrit lourdement sur le sol pavé d'une ruelle de Belfast. Il se releva lentement en tenant fermement son paquet contre lui. Il épousseta machinalement ses vêtements.
Le jeune sorcier leva les yeux vers le ciel et croisa du regard le clair de lune. Un tremblement nerveux fit frémir la moindre parcelle de son corps.
Un long cri de rage, de douleur et de dépit brisa le silence de la nuit. Sirius donna un coup de poing dans le mur le plus proche. Sa voix résonna de plus en plus faiblement, il donna un second coup dans le mur et y laissa des marques sanglantes.
La voix du jeune sorcier s'éteignit.
Brisé, il se laissa glisser et tomba à genou. Il posa le front sur les pierres durs, froides et ensanglantées du mur.
Adhara.
L'esprit perdu dans un cauchemar sans fin, le poing en sang, Sirius sentit son cœur se mettre à battre de plus en plus vite et sa respiration se saccader. Une sueur glacée lui courut le long de la colonne vertébrale.
Les yeux fermés, incapable de penser, il glissa ses doigts le long de son avant-bras. Il frotta nerveusement l'intérieur de son coude. Il déglutit péniblement. Il avait besoin de sa dose…
Vite.
Sirius se releva en chancelant légèrement. Son paquet lui échappa et tomba sur le sol dans un bruit sec.
Le jeune Black sursauta. Il ouvrit les yeux et les baissa vers le paquet. Une lueur de lucidité traversa ses yeux.
Il avait besoin d'oublier, mais pas tout de suite, il avait autre chose à faire avant de rejoindre son paradis artificiel.
Sirius ramassa son paquet péniblement. Son corps entier était en manque et frissonnait couvert d'une sueur glacée. Le jeune sorcier inspira profondément l'air glacé de cette nuit d'Avril d'Irlande du Nord. Il essaya de se ressaisir.
D'un pas mal-assuré, Sirius sortit de la ruelle et se dirigea vers le sud. A quelques pâtés de maisons, il se faufila dans une allée sordide. Il entra dans un Pub qui se trouvait au sous-sol d'un immeuble délabré.
« The Ulster's Glow »
L'endroit était sombre, crasseux, et visiblement malfamé. Quelques clients à l'air de clochards ou de criminels cuvaient leur bière rance et tiède. Au comptoir, une femme trop vieille et trop maquillée dormait le visage appuyé sur ses bras. Au fond de la salle, un type obèse portant un tablier sale ramassait les débris d'une chope et les jetait dans une poubelle.
Un nuage de fumée acre flottait mollement dans l'air.
Sirius s'avança et s'assit au comptoir. Il posa le paquet devant lui.
L'homme obèse se faufila gauchement derrière son comptoir et fit face à son nouveau client.
- C'sera quoi pour l'j'ne 'mme ? Demanda-t-il d'un ton gras et avec un fort accent Irlandais.
- Un Irish-Mary ! Répondit Sirius d'une voix rauque.
L'homme servit dans à verre à la propreté douteuse un liquide jaune-orangé aux reflets verts. Le jeune Black prit le verre et le but d'une traite. Son visage se crispa. D'un geste nerveux, Sirius reposa le verre à l'envers sur le comptoir.
« Un autre ! » Demanda-t-il.
L'homme sortit un autre verre, le remplit et le posa à côté du verre renversé. Le tenancier s'éloigna sans rien dire, laissant Sirius face à ses verres.. L'espace d'une seconde un nombre et un mot apparurent sur le culot du verre inversé.
Abandonnant la boisson sur le comptoir, Sirius paya, se leva, prit son paquet et sortit du Pub. Il s'enfonça un peu plus dans l'allée en comptant ses pas. Quand il arriva au nombre qu'avait indiqué le verre, le jeune sorcier s'immobilisa. Il vérifia autour de lui. Il y avait une porte et plusieurs boite aux lettres avec divers nom dessus. Sirius repéra celle qui portait un graffiti qui répétait le mot qui était apparut sur le verre.
Le jeune Black posa les doigts sur le mot.
L'inscription s'effaça et Sirius disparut.
James Potter était assis dans un fauteuil sentant le moisi. L'appartement où il se trouvait était sinistre, délabré, froid et humide mais leur avait permis, à lui, Lily et Harry, de profiter de presque 24h de tranquillité. Pourtant James sentait, savait, que cette tranquillité ne serait que de courte durée. Ils ne pouvaient pas rester longtemps dans un endroit aussi insalubre avec un bébé, et puis, inlassablement, on finirait par les retrouver…. On les retrouvait à chaque fois…
Au début, James n'avait pas voulu fuir… il avait voulu se battre et affronter l'ennemi pour défendre ce qu'il avait de plus cher… défendre Harry… Mais cette tâche s'était révélée suicidaire. L'ennemi avait rassemblé et concentré toutes ses forces dans un seul et unique projet : la chasse au Harry Potter.
Fuir…
Fuir encore…
Fuir toujours avait été la seule échappatoire. Une fuite où tous ceux qui vous venait en aide mourraient ou vous trahissaient pour sauver leur vie.
James sentit la présence de Sirius avant même qu'il n'entre dans la pièce.
« Alors vieux frère, qui est mort aujourd'hui ? » Demanda James d'une voix las.
Sirius ne répondit pas immédiatement. Il s'approcha et entra dans le halo de la lampe qui se trouvait à côté de James. Il tendit le paquet à son ami.
James le prit et le posa sur le sol sans l'ouvrir.
« Le monde a été calme aujourd'hui ! » Parvint à articuler péniblement Sirius « Il semblerait que même le diable ait besoin de repos et de reprendre son souffle ! »
Il y eut un vague silence.
« Lily dort avec Harry dans la pièce voisine. » Informa James. « Elle est épuisée et Harry est de plus en plus malade. »
James tourna son regard vers son ami.
« Ca ne peut plus durer comme ça… on ne peut ni lutter ni fuir… Nous avons décidé de suivre le conseil de Dumbledore. »
Sirius se passa la main dans les cheveux. Le conseil de Dumbledore… le sort de Fidélitas… C'était pire que le défaite… c'était accepter le supériorité de l'ennemi et se cacher, prisonnier chez soi, pour toujours, alors que celui-dont-on-ne-doit-pas-pronnoncer-le-nom serait libre à l'extérieur.
Il y eut un silence.
« Qui sera le gardien du secret ? » Demanda Sirius tout en sachant ce qu'allait répondre son ami.
« Toi ! » Répondit James.
Sirius baissa les yeux et contint difficilement un frisson. Son cœur lui faisait mal beaucoup de chose tournait dans sa tête. Machinalement sa main étreignît l'intérieur de son coude meurtri et avide. Les effets du manqué étaient de plus en plus violent.
« Non ! »
James se redressa et fixa son ami sans comprendre.
- Quoi ? S'étonna-t-il.
- Je refuse.
La voix de Sirius était pénible et sans timbre.
- Tu…
- Je refuse ! Répéta le jeune Black.
- Mais !? Sirius… Commença à s'énerver James.
- Ce ne serait vraiment pas une bonne idée.
- Pourquoi ? S'offusqua James.
Il y eut un bref silence.
- Pourquoi est ce que tu refuse ! S'énerva le jeune Potter.
- Ce ne serait pas un bonne idée… tu accepte le fidélitas pour que ta femme se repose. Crois-tu qu'elle trouvera la tranquillité d'esprit alors qu'elle est persuadée que je suis un traître !
- Mais tu n'es pas un traître.
- James ! Regard un peu les choses en face, elle me hait, elle n'acceptera jamais que je sois votre gardien du secret! Être dépendante de moi va la rendre folle ! Ais un peu de respect pour elle.
- Lily fera ce que je lui dirais de faire ! Cracha James.
Sirius dévisagea James surprit par sa véhémence de la réplique de ce dernier.
- Et puis, reprit prudemment le jeune Black, ta femme n'est pas la seule à voir en moi un traître… De plus cela est tellement évident que sera moi, que même si je ne trahis pas, le secret ne sera pas en sécurit !
- Bien sûr que c'est évident que je te confierais un tel secret, tous le monde sait que je te confierais ma vie et celle de Harry.
- Les évidences peuvent être dangereuse. Répliqua vivement Sirius.
Il y eut un silence. La conversation semblait s'enliser. Ni James ni Sirius ne se rendrait aux arguments de l'autre.
- Confie le secret à quelqu'un d'autre, reprit Sirius, et laisse croire que c'est moi si tu veux, c'est sans doute la meilleurs façon de protéger le fidélitas et que ta femme ne devienne pas folle.
- Ah oui ! Répliqua agressivement James. Et a qui confier un tel secret ? Ma vie et celle de mon fils ? Qui est suffisamment fidèle, honnête, et suicidaire pour supporter une telle charge ?
- Confie le secret à Peter ! Il est obéissant et dévoué jusqu'à la bêtise. Répondit Sirius sur un ton méprisant. Jamais Wormtail ne te trahirait, il te vénère plus qu'un dieu. Lily a confiance en lui. Et qui.. QUI ?… irait penser ou croirait que Peter Pettigrow, ce moins que rien, puisse être le gardien d'un tel secret ? …
Sirius marqua une légère pause.
-… James ! Confie le secret au Fidèle Peter ! Ordonna le jeune Black.
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~message de Reveanne~
Voilà enfin le chapitre 7. Dsl ça a été long mais on va dire que j'avais pas du tout la tête à ça. (concours le 12 mai, Grande Réunion de l'Assemblée du Saule-Cogneur la semaine dernière, mon nouveau boyfriend… plein de choses importantes quoi..)
Sinon pour celles et ceux qui m'ont explicitement demandé de mettre une peu de « tendresse » dans ce monde de brutes, n'y comptez pas ! Il n'y avait que deux scènes de « tendresse » dans cette hist et elle sont toutes les deux passées (cf. chap 4 et 6). Cette hist est très très sombre et dure, au point où je suis rendu de l'intrigue il n'y a plus de place pour les bons sentiments.
Aller, plus que 2 parties et cette ff sera finie. (mais oui, mais oui, la fin est proche !)
:-)
~Reveanne~
A St-Pompain, le 28 avril 2004
