Honnête Iago

Chapitre 8

Prison

Vendredi 9 avril. 05h33pm.

Quelque part en Grande-Bretagne.

« CRAC »

Le bruit retentit dans la maison, brisant un épais silence. Personne ne réagit à la soudaine apparition d'un sorcier dans le hall. Y avait-il encore quelqu'un dans cette maison ? Une ambiance sinistre flottait dans l'air et était palpable.

« James ? » Appela Peter qui venait de transplaner « Lily ? »

Personne ne répondit.

« James ? » Répéta Peter avec une vibration inquiète dans la voix.

Seul le silence lui répondit.

« Lily ? »

Un vague bruit en provenance de la cuisine résonna dans l'air.

Peter se précipita vers la source de ce bruit en prenant garde à ne pas faire tomber les paquets dont il était chargé. La porte de la cuisine était à peine entrouverte et laissait passer une fine lame de lumière grisâtre.

Peter poussa la porte avec méfiance.

Le spectacle qui s'offrit à ses yeux le pétrifia. On aurait dit qu'un ouragan était passé par l : deux chaises étaient renversées, des débris de faïence et de verre jonchaient le sol. Une armoire ouverte déversait son contenu. Un liquide ocre-brunâtre gouttait de la table. Plusieurs récipients renversés traînaient sur la table. Du sucre en poudre s'étalait en une nappe cristalline sur la bois de la table.

Assise, les coudes posés sur la table et la tête dans les mains, Lily était parfaitement immobile, les épaules tout juste remuées par le rythme de sa respiration.

 « Que… qu'est ce qui c'est passé ici ? » S'hasarda à demander Peter d'une voix tremblante.

La jeune femme ne répondit pas mais, gardant son visage dissimulé par ses cheveux décoiffés, elle baissa les mains vers la table et se mit à jouer machinalement avec un morceau de tasse brisé.

« Lily ? » Demanda Peter visiblement très inquiet.

Il y eut un bref silence.

« Comment va le monde, Peter ? » Demanda abruptement Lily d'une voix sans timbre. « Me diras-tu s'il y a matière à rire ou à pleurer ? »

Peter ne sut pas quoi répondre. Que dire ? Quelle mort annoncer en premier à quelqu'un qui n'a rien vu et rien entendu depuis près d'une semaine en dehors de ce qui ce passe entre les murs de cette maison. Comment annoncer à une femme cloîtrée que, là, dehors, le monde s'effondre petit à petit dans un bain de sang ?

« Le printemps est l !»

Il n'avait rien trouver de mieux à dire.

Lily fut secouée par un petit rire nerveux et désabusé.

« Donc tu ne me diras rien ! » Dit-elle avec froideur. « Pourquoi ce silence ? Le monde était-il à ce point à l'agonie ? Est-il déjà mort ? Sommes nous les derniers représentants d'une espèce presque éteinte ? »

Sa voix était pleine de sarcasmes et coupante comme du verre. Peter préféra garder le silence. Lily n'était pas dans son état normal.

« Ainsi… » Reprit-elle après une brève pause. « … pour gagner un bout de vie supplémentaire, nous avons plié devant le.. le Maître ! Nous nous sommes cachés, nous avons abandonner notre cause et notre lutte… déserté… fuit… Quelle honte ! »

« Honte ? » S'étonna Peter en fronçant les sourcils.

« A côté de ce …ce trou où on se cache, la mort aurait été plus honorable ! »

La voix de Lily s'animait de plus en plus pourtant elle restait quasiment immobile, le visage invisible, jouant avec son morceau de tasse.

« En quoi la mort peut-elle être meilleur à la honte ? » S'écria Peter.

Lily éclata d'un rire mauvais.

« Regarde ! » Cria-t-elle. « Regarde autour de toi, Peter ! »

Elle écarta les bras comme pour désigner le reste de la cuisine et sans doute, par là, le du reste du monde. Dans ce geste lente et cruel, son visage resta cachés devant ses cheveux.

- Cette honte est pire que la mort et cette maison pire qu'un tombeau ! Il s'agit d'une prison d'où nous ne sortirons que mort et dans laquelle nous sommes à peine plus vivant que des larves !

- Comment peux-tu dire cela alors que tous le monde se bat pour que justement votre honte vous garde en vie ! Répliqua Peter.

- Ouvre les yeux Peter ! Pourquoi nous battons-nous ? Pour nos familles ? … Elles sont soit morte, soit l'ennemi ! Pour nos amis ? … Jusqu'à ce qu'ils nous trahissent et deviennent nos ennemis ! Ouvre les yeux Peter ! Regarde autour de toi ! Où est le bien et où est le mal ? Qui sont les vainqueurs ? Qui sont les vaincus ? ILS paradent, là dehors en toute tranquillité, tuant, torturant en toute impunit ! … Et nous ?! Nous sommes enfermés ici, comme des malfaiteurs, méprisables, se cachant comme des lâches, comme de la vermine… comme des rats !

- Tu raconte n'importe quoi ! Rien n'est encore jouer ! Ils n'ont pas encore gagn ! Nous nous battons ! Nous…

Lily éclata d'un rire acide et désabusé.

- Tu es aussi bête qu'aveugle, Peter ! Répondit la jeune femme avec mépris. Nous avons déjà perdu, sinon nous n'aurions pas à nous cacher ici !

- Ce n'est pas vrai ! Ils n'ont pas gagn ! S'obstina Peter.

- Ce n'est plus qu'une question de jours et tous ceux qui s'élevait contre eux seront soit mort soit de leur côté.

La voix de Lily était froide et lointaine.

- Il n'y a plus d'espoir. Acheva-t-elle de dire.

- Il y a moi. Répliqua Peter.

- Tu n'es qu'en sursis, en acceptant ce secret tu as signé ton arrêt de mort.

Peter, pétrifié par les propos de Lily, ne répondit rien.

- Nous allons tous mourir Peter ! TOUS !

Lily eut un petit rire entre désespoir et cynisme puis un grand moment de silence tomba entre les deux jeunes sorciers. Une ambiance malsaine vibrait. L'air était comme vicié par cette semaine d'isolement total durant laquelle les esprits lâchés à eux-même avaient sombré dans une folie morbide.

- Où est James ? Demanda prudemment Peter.

- Il dort ! Répondit vivement Lily avec un étrange accent dans la voix. Entre mépris et gaieté.

Elle tenait toujours le morceau de faïence et semblait le contempler.

- Dort ? S'étonna Peter. A cette heure?

L'instinct du sorcier lui disait qu'il ni avait rien de naturel dans cette situation.

- Avec un peu d'aide, on peut dormir à n'importe quelle heure ! Lui répondit Lily avec un accent malsain dans la voix.

Elle jeta le morceau de tasse sur la table. Peter la regarda faire avec horreur. Que s'était-il donc passé pendant cette semaine d'isolement pour en arriver à ça ?

- Tu… tu n'as pas osé faire ça ! S'écria-t-il.

Lily tourna brusquement le visage vers Peter en rejetant ses cheveux en arrière.

- Il a bien osé me faire ça ! Hurla-t-elle.

Peter resta pétrifié par ce qu'il vit. Le visage de la jeune femme portait de larges marques rougeâtres et violacées. Sa lèvre inférieur était fendue. Son œil droit était tuméfié et s'ouvrait à peine. Ses joues étaient marquées de traces sombres.

James n'avait pas brisé que des tasses.

Le cri de Lily résonna dans la maison. Une voix lui répondit. Un cri d'enfant qui à peur.

Harry.

Lily ne sembla même pas réagir et ne bougea pas. Les larmes de son enfant semblaient lui être devenu complètement étranger.

Les pleures du bébé ne durèrent que quelques secondes comme s'il savait que personne ne viendrait.

Avec horreur, Peter remarqua qu'aucune trace dans cette cuisine ne laissait à penser qu'il y avait un petit garçon de 10 mois vivant dans cette maison. Ni biberon, ni assiette ou couvert à bébé, ni jouet, ni chaise haute…

Rien.

Peter frissonna. Une sorte de dégoût lui serrait le cœur. Il allait mourir pour protéger la vie de gens qui allait finir par s'entretuer, seuls, dans cette maison.

Il risquait sa vie à chaque instant pour ces gens l !

Une sensation de nausée l'envahit.

Peter, voilà pour quoi et pour qui tu te bats.

Fidèle Peter

message de Reveanne

Non, non, vous ne rêvez pas, c'était bien la 8ème partie de cette histoire.

Je suis profondément désolée d'avoir mis plus d'un mois pour vous la livrée, mais avec les concours et mon chéri, on va dire que je n'ai ni eu l'état d'esprit ni le temps de l'écrire avant.

Sinon il ne reste plus qu'une partie. La dernière, le final…

Chouette…

Mais je sais que vous n'aimerez pas la fin…

Enfin bref on verra bien.

Je vous dis donc à la prochaine (vite je pense) et n'oubliez pas de me laisser des reviews.

Reveanne.

A Niort, le 29/05/2004