Merci pour vos reviews ! Cette fic' ne se laisse pas facilement écrire, croyez moi ! Je regrette de n'être que juriste, des études de psychologie m'aideraient pas mal sur ce coup là … Enfin, voilà la suite …
oO Pour odt et Bayas qui me réclament cette suite depuis un bon moment ! Oo
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11 – Carson observait les deux hommes qui se trouvaient dans une des pièces consacrées à l'infirmerie.
Depuis leur arrivée sur Atlantis, Carson avait aménagé une petite dizaine de salles, les distinguant selon leur finalité, comme dans n'importe quel hôpital : salle de traumatologie, d'examen, de réveil, d'opération. Il avait aussi pensé à trois pièces qui accueillaient des convalescents, au calme : les infirmeries sont rarement des endroits calmes. Et sur Atlantis, moins encore qu'ailleurs.
C'était là qu'il avait installé Rodney. Et c'était là que se trouvait le Colonel.
Rodney dormait. Carson lui avait administré un léger sédatif, à son insu, mais il voulait que le scientifique se repose. Son état physique était alarmant et il avait besoin de récupérer de …
Carson soupira.
Comment avaient ils tous pu être aussi aveugles ? Aussi bornés ? Au point de ne pas voir que Rodney, que leur ami, souffrait ? Et il était lui aussi à blâmer. Après la mort du jeune Collins, Carson avait été furieux de voir que Rodney s'entêtait, malgré les réserves de Zelenka. Et il avait décidé comme les autres de laisser Rodney seul dans son coin, histoire de lui donner une petite leçon d'humilité après que son incroyable orgueil ait causé la destruction des trois-quarts d'un système solaire. Carson pouvait toujours se croire « non coupable », parce qu'il était sur le Continent pendant que … c'était arrivé, mais, en vérité, il savait qu'il était, comme les autres, Elisabeth et Sheppard, coupables.
Coupables d'avoir tout simplement ostraciser le scientifique pour lui faire comprendre que ses actions avaient des conséquences, que tout avait un prix. Pour qu'il paye ni plus ni moins pour ses erreurs, pour sa prétention à être le meilleur, pour son ego démesuré qui avaient coûté la vie d'un homme et aurait fort bien pu aussi lui coûter la sienne et celle du Colonel.
Et Rodney avait payé.
Un prix exorbitant.
Carson soupira.
Ils avaient ramené Rodney sur une civière quelques heures plus tôt. Il s'était réveillé lorsque le Colonel et lui l'avaient sorti de l'eau. Il était resté conscient jusqu'à son arrivée à l'infirmerie. Mais silencieux. Terriblement silencieux. C'était tellement … non-McKayen.
Ce silence, c'était ce qu'il y avait de pire.
C'était comme une accusation, pire que tous les cris, hurlements ou insultes qu'il aurait pu leur jeter au visage. C'était la preuve ultime de ce dont ils étaient responsables.
La destruction de Rodney McKay.
Carson avait eu du mal à terminer l'examen clinique de Rodney. Pas à cause de la nature de cet examen, mais en raison du silence qui avait régné pendant tout le temps qu'il avait duré. Rodney n'avait pratiquement rien dit, répondant par « oui » ou par « non » aux questions qu'il lui avait posées, les yeux fixés sur le plafond de l'infirmerie. Et le pire, c'était que ce comportement avait fini par porter sur les nerfs de Carson.
Il lui avait demandé le nom du responsable, le nom de celui qui l'avait violé. Rodney avait juste répondu : « Pourquoi ? ».
Pourquoi ! Il lui avait demandé pourquoi il voulait connaître le nom de ce … de ce monstre ? Et là, Carson avait craqué. La colère avait déferlé sur lui aussi sûrement qu'un tsunami. Il lui avait crié dessus en lui disant notamment qu'ils avaient le droit de savoir qui avait fait ça.
Rodney n'avait pas répondu avec l'incroyable répartie qui le caractérisait. Il avait juste, pendant quelques minutes, lâché son examen du plafond pour planter ses yeux dans ceux de Carson, comme s'il avait cherché à y voir quelque chose qui n'y était pas auparavant, puis il avait reposé sa tête sur la table d'examen et avait murmuré « non ».
Un simple non.
Un non qui avait dévasté Carson. C'était clair : Rodney ne considérait pas qu'ils étaient légitimes à savoir ce qui s'était passé. Même Carson. Il acceptait d'être soigné par lui, il n'avait pas vraiment le choix, mais Carson était sûr qu'ils ne tireraient rien de lui.
Ils avaient perdu sa confiance.
Quelle ironie, non ? C'était exactement ce qu'ils lui avaient laissé croire – pire, c'était ce que le Colonel lui avait dit – qu'ils avaient perdu confiance en lui.
Aujourd'hui, c'était Rodney qui n'avait plus confiance en eux.
Et il avait toutes les raisons du monde pour ça.
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John était assis juste devant le lit de McKay sur un de ces hauts tabourets que semblait affectionner Carson. Le Daedalus en avait ramené une bonne douzaine que l'écossais avait éparpillée un peu partout dans son infirmerie. C'était super inconfortable.
Il soupira et se passa la main dans les cheveux puis regarda sa montre.
Ils étaient remontés de cette foutue digue depuis maintenant six heures. Il avait l'impression qu'il était sur ce tabouret depuis une éternité. A regarder Rodney dormir. Plusieurs fois, il s'était même penché sur lui, juste pour vérifier qu'il respirait. Il était tellement … immobile.
Rodney McKay n'était jamais immobile, même lorsqu'il dormait. John le savait pour l'avoir vécu. C'était toujours lui qui avait la chance de partager sa tente avec McKay lorsqu'ils étaient en exploration. Et le sac de couchage de McKay restait rarement à sa place. Pendant la nuit, McKay tournait, s'agitait, pas dans le sac de couchage mais avec lui. John s'était plus d'une fois réveillé avec le scientifique pratiquement collé contre lui, voir sur lui.
Mais c'était avant.
Avant Dorandan. Avant que John ne commette la plus belle boulette de sa vie.
Rodney poussa un gémissement dans son sommeil et John fut sur ses pieds immédiatement, prononçant la même litanie de mots rassurants et sans grand sens que sur la digue. Rodney se calma, ses traits se détendirent à nouveau.
Jusqu'au prochain cauchemar.
Mais John avait le temps. Il avait tout le temps du monde.
Pour le temps que ça prendrait, ce tabouret, ce lit et la personne qui l'occupait allait être son seul univers.
Ils allaient être sa rédemption.
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Elisabeth était assise dans son bureau, les yeux fixés sur son l'écran de son ordinateur. Carson venait juste de lui apporter le rapport médical concernant Rodney. Il lui avait exposé, en des termes médicaux, concis et froids, ce qu'il en était.
Tout ce qu'il en était.
Carson était retourné dans son bureau ou à l'infirmerie. Ou ailleurs. Elle n'avait pas très bien écouté ce qu'il lui avait dit. Elle avait entendu sa voix prononcer des phrases, avait vu sa bouche bouger mais tout semblait bloquer sur les mêmes mots.
Des mots terribles.
Pénétration forcée. Déchirures. Points de suture.
Ils étaient pires que le mot « viol ». Parce quecliniques,inhumains.
Et ces mots étaient les seuls qu'elle entendait. Ils résonnaient encore et encore dans sa tête.
Elle avait répondu à Carson, avait presque réussi à lui sourire alors que les mots continuaient leur farandole. Et lorsqu'il était sorti, elle s'était effondrée sur sa chaise et avait mis ses mains sur ses oreilles, comme pour ne plus les entendre seulement, c'était peine perdue.
Pénétrationforcéedéchirurespointsdesuture.
Ils la tourmentaient, inlassablement, lui montraient ce qu'elle avait fait, ce dont elle était responsable.
Ce avec quoi, elle allait devoir apprendre à vivre.
TBC (Bon, je crois que tous ces gens avaient besoin d'un petit électrochoc, vous ne croyez pas ? Pour le prochain chapitre, Rodney va une dernière fois affronter son tortionnaire … et ce sera aussi je l'espère la fin de cette fic' !)
